Chapitre 3 - Un calme bienvenu

15h30

Je sors du métro, fredonnant une musique de Shawn Mendes que mes écouteurs font résonner jusque dans les tréfonds de mon crâne.
🎶You're perfectly wrong for me...🎶
Oh oui... Ou plutôt, je ne suis pas faite pour lui
🎶And that's why it's so hard to leave🎶
Yup ! Can't leave, won't leave... Et ça me détruit.
Je tourne au coin de ma rue, le pas soudain plus hésitant : et si je devais le quitter pour que tout s'arrange ? Et si le fait de ne plus le voir me permettait de m'accepter ?... Non, ce n'est pas possible...

Arrivée devant chez moi, je tape rapidement le code et entre dans le hall de l'immeuble. Je monte quatre à quatre les marches qui mènent à mon appartement, tentant de me sortir ces idées déprimantes de la tête. Une fois à la porte, je sors mes clés - retenues par un porte-clés licorne, non je n'ai pas honte - et entre finalement.

Je bois un grand verre d'eau (voire sept), puis monte dans ma chambre. Je m'étale sur mon lit avec un grognement sourd, ressassant déjà ma journée. Un cours de bio ennuyeux à mourir, un devoir d'allemand catastrophique, compensé par une rédaction plutôt bien réussie en français et une bonne note en physique - 16 -.

Je m'empare de mon portable pour regarder mes messages, et constate que, comme d'habitude, c'est mon compte Wattpad qui a été la plus spammé, suivi de près par le groupe de classe (sérieusement, comment on peut envoyer 110 messages pendant une journée de cours ??). Je pousse un soupir, puis commence à regarder la cause de tous ces messages. Entre réponse à certains de mes commentaires et updates de mes lectures, ou questions quant aux devoirs, la chose me prend une petite demi-heure.

Lorsque je relève la tête, il est quatre heures - quatre heures trois, mais vous avez compris l'idée. Un regard à mon bureau, et je me redresse à contrecœur. J'ouvre mon sac, en sort mon agenda (noir comme mon âme) et parcourt la liste de devoirs à faire. J'expédie rapidement l'anglais et le français, puis m'attaque aux maths, qui sont d'une facilité déconcertante. Au bout d'une vingtaine de minutes, je met le point final au dernier exercice de grec ancien (mais qu'est-ce qui m'a pris de choisir cette option ??) et me relève en m'étirant. Comme toujours, j'ai mis moins de temps que la moyenne, mais pour une fois, cela ne me dérange pas : grâce à cette efficacité "hors normes", je suis dans les temps pour mon cours de krav maga.

Je commence à préparer mon sac, vérifiant dix fois, comme toujours, que j'ai bien toutes mes affaires : t-shirt et legging, protège-poitrine, protège-dents, protège-tibias, coquille, petits et gros gants (oui, on a beaucoup de protections), déo, bouteille... Tout y est ! Je relève la tête pour regarder mon réveil : 16h37.
J'enfile mes baskets et redescend les escaliers, sac sur l'épaule et portable à la main. Je fais vaguement signe à mon frère qui, comme d'habitude, est vautré dans le canapé, son portable dans les mains et la télé jouant en fond de scène (plus geek que lui, on ne peut pas).

Je sors d'un pas vif, revigorée par l'idée que je m'apprête à brûler environ 900 calories. Gauche... Encore gauche... Droite... La musique continue à jouer dans mes oreilles, alternant entre Shawn Mendes, Green Day et Five Finger Death Punch. Je ne tarde pas à arriver devant le club, où je retrouve avec joie Myriam, mon binôme de travail que je passe une heure toutes les semaines à frapper joyeusement (d'où la coquille et les autres protections). Les cheveux aux épaules, un visage aussi joufflu que souriant, elle me serre dans ses bras en riant, incapable, comme toujours, de contenir son énergie. Nous descendons nous changer ensemble, avant de commencer à courir en attendant les autres sur une injonction de Rémi, la machine de guerre qui nous sert de prof.


19h50

Épuisée, je ressors des vestiaires, mon sac sur l'épaule, parlant toujours avec Myriam, qui n'a pas encore fini de se changer. Nous finissons par arrêter notre conversation, et je ferme la porte derrière moi. Je m'engage, seule, dans le couloir aux murs de pierre inégaux qui sert d'accès à la salle. Je m'arrête un instant, tenant toujours mes écouteurs dans ma main, et tend l'oreille. J'esquisse un sourire en entendant, comme toujours, les cris que poussent les élèves du cours suivant, qui résonnent toutes les semaines. Étrangement, ces cris m'apaisent et je me dis que, peut-être, je serai un jour capable de sortir de cette salle sans avoir l'impression que mon corps entier est en train de fondre.

Je vois alors Éléonore sortir du vestiaire, et presse le pas, peu désireuse de lui adresser la parole : la brune, que l'on appelle "l'Asperge" en raison de sa silhouette (gentiment hein, c'est même elle qui a proposé ce nom), a passé le cours à se plaindre que Luc, son crush qui lui sert aussi de binôme de travail, n'est pas venu. Bon, je sais, j'ai fait la même chose à propos de Marc la semaine dernière (Éléonore, Myriam et Luc sont les seuls à être au courant de mes sentiments pour lui), mais bon... Après deux heures, j'en ai plus qu'assez ! Éléonore me rattrape finalement et, à ma grande surprise, commence à parler des nouveaux enchaînements (au menu, matraques et étranglements !)... L'Asperge qui parle d'autre chose que de Luc ?? Wow, ce jour est à marquer d'une pierre blanche...

« C'est dingue le temps que le Hamster met pour se changer ! »

J'éclate de rire en réponse, tout en poussant la porte du club. Le Hamster c'est Myriam, à cause de ses joues, et moi, je suis le Loup - violente malgré mon air adorable, d'après les filles. Quant à Luc, on l'appelle généralement le Cheval, depuis qu'on a réalisé le temps qu'il passe à faire des allusions salaces. Le surnom vient du jour où on devait se mettre au dessus d'un bouclier et taper dessus de toutes nos forces, et que Luc avait murmuré, de manière à ce que nous trois seules l'entendons, qu'il voulait bien qu'on lui monte dessus comme ça... D'où le cheval.

Je réponds à Élé d'un haussement d'épaules, et nous continuons notre route dans un silence complice. Arrivées à un croisement, Éléonore se tourne vers moi, balançant ses cheveux dans son dos. Elle me fait la bise, me salue et s'en va de son côté, tandis que je démêle mes écouteurs. Je m'éloigne d'un pas plus léger, comme toujours à la sortie des séances. La team (c'est comme ça qu'on s'appelle entre nous) me fait toujours cet effet, et il n'est pas rare que l'un de nous ai besoin d'une séance avec "les psys", auquel cas on organise un appel vidéo et on passe une bonne heure à parler de nos problèmes.

En effet, Luc se scarifie, Éléonore est bipolaire et Myriam, comme moi, est harcelée, tant à cause de son apparence - chose que je ne comprends pas, elle est magnifique - que de son esprit, aussi bizarrement formé que le mien. La première fois que nous nous sommes rencontrés, l'année dernière, nous avons compris en un regard que nous étions fait pour nous entendre, et il n'est plus rare que nous organisions des sorties tous les quatre. Marc et Sixtine ne les ont jamais rencontrés, mais je n'y tiens pas vraiment : ce qui nous relie, ce sont nos problèmes, et les blonds ne pourraient pas le comprendre. Ils savent juste que, une fois de temps en temps, je refuse leurs propositions de sortie car j'ai "déjà quelque chose de prévu".

Je lance ma musique, et c'est Black Widow, de Iggy Azalea, qui démarre, faisant s'élargir mon sourire. Je fredonne les paroles, calquant mon pas sur la mélodie. Je détache mes cheveux, ramenés, comme à chaque cours, en une queue de cheval haute, et rentre chez moi, l'esprit plus clair et l'espoir au cœur.

Voilaaa c'est tout pour aujourd'hui !
Place aux persos :

• Myriam : Amie du krav
• Éléonore : Amie de l'école, qui fait du taekwondo
• Luc : Ami d'Éléonore au taekwondo
• Rémi : Inspiré de mon prof de krav

Comme les autres fois, le prochain chapitre arrive dans deux jours !
Restez accrochés, ce sera le dernier de la première partie ^^

A plusss !! ❤

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