Chapitre 2 - Un accueil mitigé
8h00
J'entre dans l'école après une hésitation, abandonnant mon idée de sécher au moins la première heure. Je soupire, et gravis finalement les 115 marches qui me permettent d'accéder à l'étage de ma division. Lorsque j'entre dans le couloir, je croise un groupe de filles qui, en m'apercevant, lancent avec un grand sourire ironique :
« Salut Fathalia ! Dis, on se demandait... L'obésité, c'est héréditaire dans ta famille, où c'est juste toi ? »
Sans attendre de réponse, elles s'éloignent en gloussant, tandis que je serre les poings, ne sachant s'il vaudrait mieux hurler ou pleurer. De l'autre côté du couloir, plaqué contre son casier pour laisser passer les gens, Axel Rahalle me sourit timidement. Lui et moi, on est les victimes préférées des gens "populaires", et surtout des filles faisant partie de ce groupe. Il le traitent comme une fille, à cause de son prénom, et m'appellent Fathalia. Oui, ce n'est pas le meilleur jeu de mots, mais bon... Après tout, ils ont raison ! 56kg pour ma taille, c'est énorme... (Je mesure 1m60)
Je souris en retour à mon compagnon d'infortune, puis entre dans ma classe. Je vais silencieusement m'asseoir à ma place, consciente que bien des regards me suivent, sûrement accompagnés d'un sourire moqueur. Je les ignore et sort mes affaires de mon sac, tentant d'oublier les murmures qui m'entourent. Alors que je retiens une fois de plus mes larmes, le premier prof de la journée entre dans la salle, et je le remercie silencieusement,, car les voix se taisent, les élèves préférant arrêter leurs conversations ô combien importantes plutôt que de provoquer le courroux du terrible M.Baros, qui ne perd jamais une occasion de nous sanctionner. Sans attendre, ce dernier commence à nous parler de réactions chimiques et d'atomes, tandis que je sens déjà mon esprit commencer à s'éloigner de la classe, des gens et de la vraie vie...
12h30
À l'instant où le prof nous autorise à ranger nos affaires, je bondis sur mes pieds, jette mes affaires dans mon cartable et sors à toute vitesse de la classe, pressée de quitter cette atmosphère qui m'étouffe. Je déboule hors de la classe, et me retrouve nez à nez avec Ève Marpant et Sixtine Birufle. Ève et moi... On a été inséparables pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'elle décide que, peut-être, les gens avaient raison à mon sujet, et qu'elle commence à traîner avec des gens comme Alice Sugèdre. Depuis, elle fait partie des personnes qui mettent le plus d'énergie à m'appeler Fathalia. C'est surtout à cause d'elle que j'ai commencé à déprimer, car sa trahison m'a détruite... Mais quand j'étais au fond du trou, j'ai eu la chance d'être repérée par Sixtine et Marc, que j'appelais jusqu'alors "le duo des blonds" - c'était sous ce nom que je les connaissais - , et qui sont depuis mes meilleurs - et seuls - amis.
Je fusille Ève du regard et étreint Sixtine, que je n'ai pas vue depuis une semaine - elle était en voyage en Angleterre. Je n'ai effectivement pas eu l'occasion de la voir ce matin, car M.Baros, après nos deux heures de physique, a décidé comme souvent de dépasser amplement sur la récréation pour terminer son propos.
Avec un grand sourire, Sixtine m'entraîne dans le couloir, attrape Marc au passage (et quand je dis attrape, elle l'a littéralement empoigné par le bras en hurlant "Beluvet !! Déjeuner de groupe") et sort en courant de l'étage.
Au bout de quelques minutes d'attente (par quelques, je veux dire 20), nous entrons finalement dans la cantine, où Sixtine et Marc se jettent sur les burgers qui nous sont proposés, tandis que je me contente de prendre des radis et un peu de carottes, présentées dans le bar à entrées. Nous allons nous asseoir sans un mot, trop occupés à chercher des places. Une fois installés, mes amis constatent ce que contient mon plateau, et relèvent vers moi deux paires d'yeux bleus mécontents.
Je leur adresse un regard contrit, ce qui ne les déride pas. Ils échangent un regard, et c'est finalement Sixtine qui prend la parole, m'attrapant la main par-dessus la table :
« Thalia, tu ne peux pas juste arrêter de manger... J'ai bien compris que ce qu'ils disent te blesse, mais tu sais bien que ce n'est pas vrai... Tu. N'es. Pas. Grosse. D'accord ? »
Je lâche un rire sans joie, puis reprend, les yeux sombres :
« Oh, Sixtine... Je sais bien que tu veux me protéger, mais ce n'est pas en me mentant que tu vas y arriver !»
C'est cette fois-ci Marc qui hausse la voix, tandis que Sixtine me regarde avec de grands yeux surpris, blessée :
« Ça suffit Thalia. Je ne te laisserai pas te faire de mal, compris ? Donc tu manges tes radis et tes carottes si tu veux, mais tu va te chercher autre chose. Ah, et ce n'est pas une proposition. »
Comme toujours quand il me parle ainsi, je sens mon cœur se serrer. Oh Marc... Si tu savais comme je t'aime ! C'est pour toi que je fais ça... Pour me rendre belle à tes yeux, pour que tu me remarques enfin ! Je serre les poings une seconde, la gorge serrée, puis lâche un "très bien" sec et me relève, consciente que leurs regards me suivent. J'attrape une assiette, et m'installe dans la queue, qui finit par présenter à moi un choix très simple : burger-frites ou omelette-riz. Je me sers une petite portion, puis retourne vers ma table.
Un peu avant d'y arriver, je croise Axel, qui balaie des yeux la cantine en cherchant une figure amicale. Je le salue, puis lui propose de venir s'asseoir avec nous. Ses yeux se mettent à briller, et un sourire étincelant vient remplacer sa mine inquiète, alors qu'il me suit avec une nouvelle énergie. Il pose son plateau à côté du mien, puis se relève pour aller se servir. De mon côté, j'affronte le regard de mes deux meilleurs amis :
« Je vous préviens, je ne mangerai pas tout. »
Marc pousse un profond soupir, puis prend une partie de mon riz pour l'amener dans son assiette. Sixtine fait de même avec environ un tiers de l'omelette, puis ils me font signe de commencer à manger, au moment où Axel revient s'asseoir, une assiette débordante entre les mains, me faisant étouffer un haut le cœur.
Comme à mon habitude, j'ajoute une bonne quantité de poivre, sous le regard surpris d'Axel, qui n'a pas encore l'habitude de mes traditions alimentaires. Je hausse les épaules à son attention, marmonnant que c'est ainsi que j'ai été élevée. Je mange du bout des doigts, dégoûtée tant par l'idée du nombre de calories que j'ingère que par la désagréable sensation de la nourriture qui s'amasse dans mon estomac.
Cela ne m'empêche pas de participer à la conversation, et je présente plus amplement Axel à mes amis, qui l'adoptent aussitôt.
On finit par ressortir de la cantine un peu avant la sonnerie, repoussant comme d'habitude le moment de nous lever, profitant du moment de calme entre amis qui nous est octroyé. On rejoint notre étage sans passer par la cour, râlant à l'idée de retourner en classe. J'entre dans la salle de bio, où je suis comme d'habitude dévisagée par tout le monde. Je les ignore tant bien que mal, et me laisse de nouveau aller, à rêver d'une autre vie.
15h00
Cette heure était définitivement la pire... Franchement, je déteste la svt ! D'accord, c'est important d'avoir au moins les bases pour pouvoir comprendre ce dont on nous parlera plus tard, mais est-ce qu'on est vraiment obligés de passer autant de temps sur la géologie ? Je préférerais passer plus rapidement aux sujets à plus intéressants, comme l'immunologie...
Je sors de la classe en traînant des pieds, sachant que Marc et Sixtine terminent tous deux à 16h... Donc je vais devoir rentrer seule, encore une fois ! Je descend les escaliers aussi vite que possible, pressée de quitter l'école. J'en profite pour sortir mon portable et mes écouteurs, prête à m'enfermer dans ma bulle aussitôt le seuil franchi.
Lorsque j'arrive sur le parvis de l'école, je me retrouve devant Alice Sugèdre, la magnifique blonde avec qui Ève a pour habitude de se pavaner. Plus grande que moi de quelques centimètres, elle ne me ressemble en rien : fine et élancée, elle ne porte que des hauts dévoilant son ventre plat et des jeans taille haute qui moulent ses formes et font ressortir l'espace entre ses cuisses. Ses yeux d'un vert perçant ont l'art de captiver quiconque les croise, et elle s'en sert sans vergogne pour manipuler ses proies.
Elle ne m'a pas remarquée, trop occupée à laisser courir un doigt fin terminé par un ongle parfaitement verni le long de la mâchoire de son petit ami, Thibault Charonne, dont les yeux gris brillent d'un éclat sans pareil alors qu'il affiche un demi-sourire séducteur, se mordant la lèvre.
Je lance ma musique, et m'éloigne doucement, regardant toujours, d'un oeil, le tentant spectacle que le couple offre. Encore une fois, ma gorge se serre, et je me répète à nouveau que jamais Marc ne me rendre mon amour si je n'arrive pas à ressembler à Alice.
Voilà donc comme pour les chapitres suivants, les personnages sont inspirés de gens que je connais dans la vraie vie :
• Ève était ma meilleure amie en primaire, et a complètement arrêté de me parler à l'entrée au collège
• Sixtine était ma meilleure amie en cinquième, mais elle a déménagé
• Marc était l'un de mes seuls potes "mecs" au collège, et toutes mes amies disaient que j'avais un crush sur lui
• Alice était effectivement la "reine" de mon collège
• Thibault était quant à lui le "roi"
(Je préciserai l'inspiration des niveaux personnages en fin de chapitre)
Voilà c'est tout pour aujourd'hui, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez !
Diana
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