Day 4 Ombre/Lumière

Wrathion tapotait ses avant bras de ses doigts avec une certains impatience.  Le chien de sa majesté comme il aimait appeler Genn Grisetête ainsi, l'avait convoqué,  ou plutôt exigé,  qu'il revienne au Donjon le plus rapidement possible. Cela concernait Anduin. Mais il n'en sut pas plus.

C'est donc dans urgence qu'il avait laissé tombé sa mission en cours pour venir aussi vite qu'il put. Surement pour pas grand chose, ou du moins c'est ce qu'il croyait.

Les pas exacerbés du worgen venant derrière lui, donnèrent immédiatement le ton.

- Vous êtes déjà là ?  S'étonna Genn

- Quand il s'agit de mon roi,  bien sur !

- Tant mieux, j'avoue être désemparé face au comportement du roi.

Wrathion fronça ses sourcils.  C'était bien la première fois que Genn parlait d'Anduin de cette manière.

- Expliquez moi, dit Wrathion allant à l'essentiel

Le vieux commença à se déplacer en direction des appartements royaux. En marchant il décrivit la situation :

- Voici trois jours qu'il s'est enfermé dans sa chambre, suppliant que personne ne rentre. Même Valeera n'a pas pu entrer.

Wrathion entrouvrit sa bouche de surprise.  Ainsi ce chien était au courant que l'elfe gladiateur était au service d'Anduin.

- Il refuse d'ouvrir à quiconque , rejette toute nourriture apporté,  je... Je m'inquiète pour lui.

- Pourquoi ne pas pas avoir défoncer la porte de sa chambre ?

- Nous respectons son choix,  mais là c'est trop, nous voulons que quelqu'un intervienne,  quelqu'un en qui il a une confiance absolu, ça me fait mal de le dire, mais je sais qu'Anduin vous... apprécie énormément, et contrairement à moi, il vous fait confiance.

Wrathion sourit de victoire. Ainsi le chien de sa majesté admettait enfin qu'il faisait parti intégrante de la vie d'Anduin.

Il se redressa correctement et lança un regard de satisfaction.

- Enfin, vous êtes le premier à être arriver... (rajouta Genn en Grognant), j'aurai préféré que se soit le Prophète...

Wrathion répondit avec un sourire forcé, mais de toute manière, cela ne l'importait peu. Le chien avait pensé à lui, c'était déjà un grand pas.

Ils arrivèrent devant la porte des appartements d'Anduin, et un silence à en glacer plus d'un y régner. Wrathion perçut immédiatement que quelque chose n'allait pas. Il pressa ses pas pour aller toquer à la porte.

- Anduin! C'est votre dragon préféré, ouvrez moi! Dit'il sur le ton d'une plaisanterie qui n'avait pas sa place à ce moment là.

Le silence se prolongea, puis un cliquetis se fit entendre. La porte était déverrouillée mais elle ne s'ouvrit pas pour autant.

Genn jeta un regard inquiet vers Wrathion, qui lui même n'était pas très rassuré. Il n'aimait pas du tout l'atmosphère environnante, comme si... comme si il connaissait déjà cela. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, et il revit des images de cauchemars comme il en avait toutes les nuits.

Il tourna la poignée de la porte et l'ouvrit avec mille précautions. Il se faufila dans la pièce et referma la porte aussitôt derrière lui. Un grognement s'éleva de l'autre coté :

- Prince Noir! laissez moi entrer! Rouspéta Genn

- Non... Il faut d'abord que j'inspecte et si le roi me donne son autorisation, alors j'irais vous ouvrir.

Il barra la porte et se retourna vers le centre de l'appartement. Il fronça les sourcils. Personne autour de lui, donc qui avait pu enlever le verrou?

Il fit un pas, et observa la pièce.

Rien ne semblait être en désordre. Le bureau était couvert de cartes diverses et de livres ouverts pour des recherches . Il y avait même un pichet d'eau et un verre à moitié entamé. Tout ce qui aurait pu être normal pour un roi.

Mais ce qui mit le doute à Wrathion, c'était cette obscurité environnante.

Anduin avait pour habitude d'être toujours entouré par de douces et rassurantes lueurs provenant de bougies éparpillées dans l'appartement. Mais ici, ce n'était pas le cas.

- Mon roi? murmura Wrathion avec une certaine appréhension

Seul le silence lui répondit.

Wrathion prit le temps de calmer son pouls. Il n'avait pas pour habitude d'avoir peur ainsi, mais il y avait quelque chose dans cette appartement qui le mettait mal à l'aise.

Il monta sa main jusqu'à son visage, récita un sort et du bout des doigts, il fit apparaitre une petite flamme flottante. Celle ci se maintint en l'air, alors que Wrathion commença à avancer vers la chambre. Elle le suivit comme un animal bien apprivoisé.

Chacun de ses pas fit craquer un peu plus le parquet. Si Wrathion voulait se faire discret, c'était raté, mais il n'était en chasse contre un quelconque voleur. Il voulait juste retrouver Anduin dans cette obscurité. Quand il arriva au seuil de la porte de chambre, il manqua de s'étouffer avec sa propre salive.

- Anduin!

L'obscurité était telle, qu'il dut augmenté la portée de la flamme accompagnante.

Assis par terre, le jeune roi était recroquevillé, la tête dans ses genoux. Mais ce qui avait effrayé Wrathion, ce n'était pas la position d'Anduin, mais les Ombres flottantes autour de lui.  La flamme avança avant lui, pour découvrir que la pièce était complétement envahit par le vide.

Wrathion déglutit, et fit un premier pas. Quand le pied fut posé sur le sol, des volutes d'Ombres s'écartèrent à son passage. Il regarda vers le roi, et comprit alors. Ce n'était pas le vide qui s'était insinué dans la chambre, mais Anduin qui le produisait.

Wrathion avança prudemment, et quand il arriva enfin devant son roi, les ombres environnantes se mirent à bouger et à tourner autour de lui.

Il les observa attentivement, puis retint sa respiration. Elles étaient aux nombres de trois, et toutes les trois étaient à l'effigie du roi, de son roi.

- Anduin?

L'une entre elle lui barra le passage.

- Oui???

Wrathion la fixa avec autant de détermination qu'il le put.

- Laisse moi passer Ombre

- Je suis Anduin

- Non, tu n'es qu'une manifestation du Vide, je dois parler à ton maitre.

- Tu crois cela? Il t'écoute pourtant...

La main sombre se posa délicatement sur la poitrine de Wrathion et remonta doucement vers son menton, puis caressa sa lèvre inférieure. La voix d'outre tombe de la manifestation obscure retentit :

- J'aimerai tellement gouter à ces lèvres si... désirables.

Le prince se braqua.

- Elles n'appartiennent qu'à mon roi.

- Mais je suis le roi, répondit grondante l'Ombre

Les deux autres manifestations se colmatèrent contre celle qui parlait, et elles fusionnèrent pour ne faire qu'une, de telle sorte que tous les moindres détails d'Anduin en ressortirent.

- Regarde moi Wrathion.... Je suis Anduin, je suis ton bien aimé, répliqua l'Ombre avec une voix envoutante à souhait.

Le prince baissa son regard sur son roi, toujours recroquevillé près de son lit. Il voulut alors s'abaisser, mais l'Ombre maintenait toujours son menton d'une main ferme . Elle se mouva plus rapidement et posa un baiser froid et avide de prendre possession du dragon.

Wrathion tenta de freiner cette tentative de baiser intrusif, mais le peu qu'il écarta ses lèvres pour parler, l'Ombre s'insinua dedans.

Le vide entra dans la bouche du dragon, et Wrathion hurla. De tout ses cauchemars les plus horribles, aucun ne faisait pas face à cette sensation de désespoir, et de chute perpétuelle  qu'il était en train de vivre.

Il tendit un bras en direction d'Anduin, et des larmes coulèrent sur ses joues. Il réussit à articuler ces quelques mots :

- Anduin, Je vous en prie, revenez vers nous!  ANDUIN!!! Réveillez vous!!!

Soudain, deux billes bleus apparurent, et les yeux gonflés par tant de pleurs se découvrirent. Sa bouche se tordit en voyant Wrathion. Et des sanglots éclatèrent.

- Je... je n'y arrive pas , j'ai perdu le contrôle Wrathion! répondit Anduin l'air hagard.

Wrathion réussit à se débarrasser quelques instants de l'Ombre envahissante.

- Non! Vous n'avez pas perdu le contrôle! Vous devez accepter ce vide! Il fait parti de vous! Anduin! cria désespérément Wrathion

Le roi se rétracta encore plus contre le lit, comme si il avait peur.

- Anduin! Écoutez moi! il est normal que vous ayez cette manifestation, La Lumière appelle les Ombres et les Ombres appellent la Lumière! Cela fait parti intégrante de vous! Ils forment un tout, un équilibre qu'il faut maintenir à tout prix!

Les yeux écarquillés, Anduin releva son regard vers Wrathion

- L'ombre appelle la lumière?

- Et votre Lumière est éblouissante, alors il est normal que votre Ombre soit immense!

La bouche d'Anduin s'ouvrit, puis il rassembla toute sa force pour se lever. Prenant appuie contre son lit, il se hissa, et réussit à se mettre debout. Il s'avança jusqu'à Wrathion, se superposant sur l'Ombre menaçante, et l'épousa parfaitement. Les lèvres caressant celle du dragon. Puis il prit une grande inspiration et ferma les yeux.

Wrathion l'entoura de ses bras protecteurs, et l'encouragea.

- Oui, voilà, acceptez ce don...

La tête blonde de l'humain, bascula sur le coté, et se posa sur l'épaule du Prince. Anduin se mit alors à haleter. Wrathion pouvait sentir que cela prenait une énergie dévorante. Après être passer trois jours dans cette état, cela allait être difficile. 

Chaque inspiration que faisait Anduin, absorbait un peu plus l'Ombre qui régnait dans sa chambre. Wrathion, de ses mots rassurants, encouragea son roi. Il resserrait un peu plus son étreinte quand il sentait que celui ci faiblissait. Ses doigts parcoururent la longue chevelure doré par de tendres caresses.

Petit à petit l'Ombre disparut de la pièce, pour ne laisser que sa manifestation sombre. Wrathion la fixa d'un air mauvais.

- Tu es encore là!

- Il ne veut pas m'absorber, répondit l'ombre d'un sourire narquois.

Wrathion tourna la tête vers son roi. Il murmura :

- Courage mon bien aimé, vous y être presque.

- Non... Je... dois lui parler...

S'appuyant sur les épaules de Wrathion, Anduin se retourna  pour faire face à sa manifestation obscure.

- Pourquoi? Pourquoi vous vous êtes manifestées. Je sers la Lumière!

Wrathion sentit le corps de son roi se tendre comme jamais. Il chercha de sa main, celle d'Anduin, et quand il la trouva, leurs doigts s'entremêlèrent. Mais Anduin mettait tant de hargne contre celle ci, que Wrathion dut s'en dégager rapidement.

L'Ombre se planta  devant lui, plus menaçante qu'auparavant.

- Ton ami a raison, l'ombre appelle la lumière et la lumière appelle l'ombre. Il en est ainsi. Soit tu nous acceptes, soit tu nous renies, mais sache que dans ce cas là, je ne donnerai pas cher de ton esprit...

- Anduin... murmura Wrathion

- Je...

Il releva la tête, puis toucha l'Ombre

- Soit, si je dois accepter l'Ombre, alors je vais l'accepter.

Une Lumière jaillissante du corps d'Anduin, éclaira soudainement la pièce. Tellement éblouissante que Wrathion ferma ses yeux, de peur d'être bruler. Puis une douce chaleur s'installa.

Wrathion resta les yeux fermés. Il inspira profondément, et retrouva l'Aura d'Anduin. Une main vint effleurer son visage. Quand il ouvrit ses yeux, ils rencontrèrent les iris bleus de son roi. Une certaine tristesse s'y reflétait.

- Je... je suis désolé mon bon ami. Je n'aurai jamais cru que vous verriez cette partie de moi.

Wrathion recula de quelques pas, puis remit en place sa panoplie.

- Ne vous excusez pas. Cela fait parti de vous, alors...

- Comment avez vous pu m'aider ainsi, je...

- Je combats tous les jours de ma vie, cette partie obscure en moi, (révéla Wrathion). Alors je ne peux que vous comprendre.

Anduin balaya ses yeux, incrédules.

- Vous?

- Je ne suis pas dangereux, j'ai juste l'habitude, murmura Wrathion dont les paroles se perdirent dans la chambre.

Anduin baissa la tête, et lâcha :

- Je vois...

Wrathion fit de même, gêné d'avoir eut à confier d'une telle chose. Le silence prit possession de la pièce, les mettant mal à l'aise tout les deux.

- Merci,

Wrathion releva la tête, puis aperçut un sourire, Anduin avait de nouveau ce visage rayonnant.

- Merci de m'avoir aider, Wrathion

- Mais de rien votre majesté!

Il se mit à le saluer comme si il était un de ses serviteurs. Une parade grotesque à ses yeux, mais qui eut le mérite de faire sortir un rire bref de la part d'Anduin.

- Je n'ai fait que mon devoir,

Alors qu'il ne s'attendait pas à cela. Le corps d'Anduin s'entrechoqua contre le sien. La chaleur émanant maintenant de lui, rassura Wrathion. Ses bras l'entourèrent, heureux de savourer un geste si intime avec son roi, et venant de lui, c'était un beau cadeau. Il posa sa main gantée sur la tête blonde, et il murmura :

- Qui que vous soyez mon roi, je vous aimerai tel que vous êtes.

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