Chapitre 5
Sinb se laissa trainer derrière Eunha, quelques-uns de ses pas étaient peu stables, montrant bien tout l'alcool qui coulait dans ses veines. Il était temps qu'elle aille se coucher, ou du moins, qu'elle s'éloigne le plus possible de cette odieuse soirée.
Eunha glissa son bras sur sa taille pour la tenir contre elle, ses talons n'étant pas assez stables. La jeune fille en blanc ne supportait pas de voir Sinb marcher si difficilement, mais encore moins de la voir se morfondre sur son cas désespéré. Cette dernière s'accrocha au cou de son ainée et fit ressortir sa lèvre inférieure.
« Mais je voulais la voir quand elle comprendrait qu'elle n'aurait pas sa pièce montée, bouda-t-elle en se jetant à moitié sur Eunha. Parce que je l'ai... annulée ! s'écria-t-elle avant de rire. Mais sht ! c'est un secret.
̶ On se demande qui tient le moins l'alcool entre toi et moi, Sin' », soupira-t-elle en traversant le couloir de l'aile Est.
La brune était partie pendant près de vingt minutes, c'était largement suffisant pour que la cadette s'enfile une bouteille de rouge en plus. Puis après tout ce qu'elle avait bu depuis son arrivée au château, il était sûr que la jeune femme tomberait à un moment où à un autre, de l'autre côté de sa conscience. Sinb n'était pas encore mal au point de ne plus pouvoir se tenir mais tout à coup, la pression était redescendu puisqu'elle n'était plus qu'avec Eunha.
« Allons dormir, ordonna cette dernière.
̶ On va juste dormir ? murmura sensuellement la plus jeune en se collant à sa proie.
̶ Tu vas surtout décuver », railla la brune en montant les escaliers, les dents serrées parce que la rouquine mettait tout son poids sur l'ainée.
La porte de la chambre claqua et Eunha jeta à moitié Sinb sur le lit. Son corps fit un rebond sur le matelas et elle écarta les bras pour prendre toute la place. Celle en blanc posa sa paume dans le bas de son dos et elle se pencha en arrière pour étirer ses muscles endoloris. Elle soupira et repoussa celle en noir en la faisant rouler. Sinb ferma les yeux quelques secondes avant d'écraser à moitié la brune en se retournant. Un bras et une jambe en travers du corps de l'ainée, quand elle daigna la regarder, ses joues s'empourprèrent en voyant les lèvres rosés de la plus petite, si proche des siennes.
Elle était mal à l'aise tout à coup, surtout que ses pupilles ne la quittaient pas des yeux, comme si Eunha la menaçait très clairement. Il était sûr qu'elle n'allait pas tenter de l'embrasser pour le coup, sa salive glissa bruyamment dans son œsophage et la plus vieille étouffa son rire. Puis ses lèvres se posèrent contre la joue de la rouquine, comme un jeu bon enfant.
« Tu aurais dû ramener de l'alcool, il est trop tôt pour que ce soit la fin de la soirée, rétorqua Sinb qui ne savait pas comment changer de sujet.
̶ J'ai une idée, s'amusa la brune. Lève-toi et enlève tes chaussures. »
Cette dernière s'exécuta, soupirant en sentant la plante de ses pieds meurtries, reprendre goût à la planitude naturelle du parquet. Eunha ouvrit la porte avec délicatesse, passant la tête par l'ouverture pour vérifier que personne n'était dans le couloir. Elle en sortie en marchant des plus silencieusement, ses pas se faisant comme une plume s'échouant sur la surface d'une flaque d'eau.
D'un geste de la main, elle montra à Sinb que la voie était libre et elles se dépêchèrent de descendre les escaliers, priant pour éviter tous les invités qui pouvaient traîner près de la salle. La brune continuait de se retourner, les sourcils froncés, son index sur ses lèvres pour lui dire de ne plus faire autant de bruit.
Cependant la jeune femme en noir s'amusait beaucoup trop et ne pouvait s'empêcher de jouer dans un moment pareil. Puis elles se retrouvèrent à côté des cuisines et Eunha frappa violemment le bras de sa cadette pour qu'elle reste silencieuse. Sinb pinça son pouce et son index et les fit glisser sur ses lèvres pour lui dire qu'enfin elle allait être sérieuse. Sa nouvelle acolyte avait souvent des idées ingénieuses, peut-être même plus que la rousse.
Les deux jeunes femmes étaient accroupies, réfléchissant à comment elle allait faire pour se faufiler à l'intérieur sans se faire prendre. Heureusement Sinb était observatrice et avant le début de la soirée, elle avait vu que derrière les paravents cachant le fond de la salle, il y avait le DJ ainsi que l'ascenseur pour les plats. Ainsi la tâche se compliquait, personne ne passait par les portes battantes, les assiettes étaient confectionnées dans les cuisines et envoyées directement à l'étage du dessus sans passer par les couloirs.
Eunha fit quelques signes à l'aide de ses mains pour essayer de faire comprendre à sa cadette son idée et cette dernière fronça les sourcils, ne comprenant vraiment pas tout ce qu'on lui expliquait avec de grands gestes. Sa paume frappa son front et elle pesta faiblement.
« Mais fais un effort ! Je fais diversion si ça tourne mal, on retourne directement dans la chambre une fois le butin récupéré.
̶ Attends, chuchota Sinb en retenant son ainée. Toi tu chopes à manger et moi des bouteilles, j'ai beaucoup trop faim. »
Eunha hocha la tête et se redressa avant d'ouvrir la porte battante et de s'engouffrer à l'intérieur pendant que la rouquine s'amusait à ramper presque par terre. Il semblait y avoir un gros problème car tous ceux présent dans la cuisine courait partout. L'absence de dessert en était surement la cause. Sinb s'en amusait bien, c'était la meilleure idée qu'elle avait eue depuis bien longtemps.
Si bonne actrice que le pâtissier résilia la commande en entendant l'invitée pleurer l'annulation du mariage comme si c'était elle, la victime de toute cette affaire. Tous s'occupaient donc de rattraper le tir en essayant de faire une pièce montée digne de ce nom. Sinb trouva facilement des bouteilles de là où elle était et Eunha se baissa d'un seul coup quand l'un des cuisiniers allait se retourner pour récupérer sa casserole qui semblait être un caramel un peu trop cuit.
La rouquine souffla pour que son ainée se retourne et elle souleva ses deux jéroboams de champagne. La jeune fille en blanc fit les gros yeux, une bouteille suffisait assez pour deux mais puisque c'était un jour si important, elle se releva et s'approcha avec confiance d'un des frigidaires.
Eunha attrapa un plateau entier de mignardises fraichement préparé et quand la porte se referma, une voix rauque l'interpela. Elle n'était pas si invisible qu'il n'y paraissait mais elle avait du culot, beaucoup même.
« Eh vous ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous ne pouvez pas entrer dans les cuisines sans permission. »
La demoiselle en blanc prit peur mais Sinb avait anticipé et son pied bloquait déjà la porte battante avec son pied. Eunha se mit à courir avec son plateau sans perdre de temps, elle monta en trombe les escaliers avec sa cadette qui la suivait de près. Ses pieds se prenaient presque dans sa robe trop longue mais c'était si stressant et amusant à la fois, que la rouquine s'en fichait de trébucher. Une bouteille dans chaque main, cette dernière se retenait de faire résonner son rire dans tout le château.
Elles se jetèrent presque dans la chambre et s'enfermèrent à clé, l'oreille collée contre le mur pour tenter de savoir si quelqu'un les avait coursé pour récupérer leur dû. Sinb soupira, assise par terre en reprenant sa respiration, il y avait bien longtemps que la cadette n'avait pas fait de sport. Un fou rire s'empara d'elle et d'Eunha, le pire mariage de leur vie était devenu le plus amusant qu'elle n'avait jamais vécu.
Celle en noir coinça une bouteille entre ses frêles genoux, arracha la coiffe, dévissa la collerette du muselet qu'elle jeta plus loin puis de sa poigne, serra le bouchon mis à nu. De toute sa force, elle le tourna pour que la pression le fasse quitter son nid, les bouteilles avaient été un peu trop secoué pendant leur escapade alors un cri de surprise quittèrent les lèvres de la plus vieille quand la mousse s'échappa du jéroboam.
Avec galanterie, Sinb la tendit à Eunha qui but directement au goulot. Puisqu'il semblait qu'elles allaient être tranquilles, l'ainée invita Sinb à s'asseoir sur le lit et l'une en face de l'autre, elles goutèrent les mignardises qu'elles avaient volées.
« On était à l'église avant, j'aurai dû demander au bon Dieu s'il pouvait me pardonner pour ce vol, plaisanta la brunette avant de boire une gorgée de plus.
̶ L'alcool c'est puni aussi par lui, rajouta Sinb la bouche pleine. Ça aussi, s'amusa-t-elle en pressant ses lèvres contre celle de son ainée. Je prendrai le blâme seule pour celui-là.
̶ Et celui de tout à l'heure ? C'est injuste !
̶ C'est pas toi qui en voulait plus ?
̶ N'importe quoi ! », s'écria-t-elle avant de boire plusieurs gorgées.
Elle s'essuya la bouche du revers de la main, énervée avant d'enfouir un mini éclair à la vanille dans sa bouche.
« Tu ne sais même pas manger proprement, rit la rouquine en regardant la crème sur les lèvres de son ainée. T'es vraiment mignonne, tu sais ? chuchota-t-elle en l'embrassant chastement.
̶ N'importe quoi ! », répéta-t-elle en bougonnant, gonflant les joues.
Elles s'amusaient bien, jouaient, se taquinaient puis fatiguées et avec un peu trop d'alcool dans le sang, quittèrent leurs robes trop serrées pour se mettre à l'aise. Sinb emprunta un t-shirt qui était dans les affaires de rechanges de son ainée et se glissa sous la couette avec Eunha.
Cette dernière posa ses mains sur sa poitrine, respirant calmement en regardant le plafond. Le sommeil ne voulait pas l'emmener dans de beaux songes et pourtant elle était complètement épuisée. Sinb soupira, se tournant sur le côté pour regarder son ainée.
« Eunbi.
̶ Mh ? Quoi ?
̶ Sinb est mon surnom, je m'appelle Eunbi. »
Eunha entrouvrit la bouche, ne sachant quoi répondre à ce qui semblait être une blague.
« Alors c'est pour ça qu'ils ont utilisés nos surnoms... Parce que nous nous appelons toutes les deux Eunbi, souffla la brunette en tournant la tête vers son interlocutrice.
̶ Tu crois que c'est un signe ?
̶ Qui sait ? Le temps nous le dira, dors maintenant. »
Sinb s'exécuta, fermant les yeux alors qu'une main glissait doucement sur sa joue. Puis Eunha lui offrit un rassurant baiser sur le front.
Deux ex-petites-amies, au même prénom, le destin faisait bien les choses visiblement.
Et dans tout ça, sa vengeance ne s'était pas encore terminée.
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Deux mois après, je vous annonce bien sûr que je l'ai eu mon bts, même que c'était haut la main avec aucune note en dessous de la moyenne.
C'était pas gagné avec l'oral d'anglais mdr. Mon cerveau il s'est déconnecté, il y a un moment où j'essayais de réfléchir et vous savez ce que j'ai pensé dans ma tête ? "Comment on fait pour réfléchir en anglais en fait?" Le stress ptdrrrrrr je me saoule vraiment.
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