Chapitre 4
La jeune femme en robe blanche s'approcha, glissant ses bras autour du cou de Sinb pour prendre légèrement appuie contre son dos. Ses lèvres collées contre l'oreille de la rouquine, elle lui demanda dans un murmure si elle était vraiment sérieuse.
« Mh... Tu veux être aussi horrible que ça ? »
Eunha était bien amusée tout de même, prenant les deux passeports des mains de Sinb.
« Sans ça, ils n'auront pas de voyage de noces, susurra-t-elle avant de rire, une forte chaleur s'échappant de ses joues.
̶ On va juste les cacher quelque part dans le château, rassura la femme aux cheveux ondulés. Allons-y maintenant, ils vont remarquer notre absence à la soirée sinon. »
Cette dernière prit la main de la belle invitée qui semblait vouloir passer toute la soirée avec elle. Sinb referma la porte et elles traversèrent le couloir avant de retourner au premier étage. Il y avait du bruit, la fête semblait battre son plein mais la meilleure cachette devait encore être trouvée. La commode qui trônait dans le couloir semblait bien être la cachette la plus nulle et Eunha n'était pas d'accord sur ce choix simplet de Sinb.
« C'est trop simple.
̶ Justement, plus l'endroit est idiot, plus difficile est la cachette. Fais-moi confiance.
̶ Eh bien, c'est ton idée à la base alors tu fais ce que tu veux, répondit Eunha qui au fond, s'en fichait bien de tout ça.
̶ Tu es déçue ? De toute façon ce qui compte c'est que je te séduise, non ? s'amusa-t-elle en glissant sa main dans le bas du dos de la brune. Puis ils auront au moins une grosse frayeur. »
Sinb referma le tiroir avec les livrets à l'intérieur avant de retourner dans la salle où se passait le diner. Elle entraina Eunha sur la piste de danse pour l'attraper par les hanches. Cette dernière, qui lui avait donné le pari de la séduire, s'accrocha à son cou et suivit timidement les pas de la rouquine.
« Je ne sais pas très bien danser, bafouilla-t-elle timidement.
̶ Bien sûr que si, tu te débrouilles même mieux que moi », la rassura Sinb dans un murmure.
Une bonne partie de la salle les regardait, ne pouvant quitter des yeux les deux belles femmes collées l'une contre l'autre. Les invités étaient intrigués et pourtant aucun d'eux ne pouvait imaginer la conversation qu'elles partageaient. Certains devaient sûrement se dire que ce n'était que deux amies partageant quelques pas de danses parce qu'elles n'avaient pas de cavalier ou alors parce que l'alcool avait un peu trop coulé à flots.
Le marié chuchota quelque chose à sa femme qui secoua ensuite la tête avec incompréhension. Jamais ils n'avaient imaginé que ces dernières se connaissaient ou se lieraient d'amitié lors de cette soirée. Personne ne semblait avoir un problème là-dessus, ou du moins, pas encore à cet instant. Puis de toute manière, c'était leur vie et elles faisaient ce qu'elles voulaient.
« Comment vas-tu me séduire ? demanda Eunha curieuse. Le temps passe vite tu sais...
̶ Je n'avais pas vraiment l'intention de le faire ce soir, je ne veux pas juste te séduire pour une nuit, je veux te faire tomber amoureuse de moi. Pourquoi on ne continuerait pas à se voir régulièrement ? Demain, la semaine prochaine et les suivantes, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'on se connaisse mieux ? »
Eunha glissa sa main dans les longs cheveux de Sinb, la trouvant beaucoup trop ambitieuse mais vraiment mignonne à avouer si sincèrement son envie. Cette dernière perdit son petit sourire narquois, comme si finalement elle n'était plus sûre du tout de son charme.
« Tu ne veux plus finalement ? Tu ne perds rien à me fréquenter quelque temps... lui répondit Sinb légèrement déstabilisée.
̶ Si bien sûr, je n'aurais pas accepté notre baiser tout à l'heure sinon ?
̶ Baiser ? », reprit la rouquine.
Une main sur sa joue, cette dernière glissa jusque dans son carré court. Ses pupilles descendirent sur ses lèvres rosées, avant de replonger dans ses yeux quelques secondes. Elle s'approcha de son visage dans un excès de folie.
« C'est ça, un vrai baiser Eunha », susurra Sinb sans trop savoir pourquoi elle tremblait avec son cœur battant autant la chamade.
La rouquine embrassa la petite brunette, avec un peu de force au point de se coller contre sa probable future petite-amie. Elle glissa sa langue entre les lèvres d'Eunha, la faisant soupirer, lui faisant oublier de continuer sa danse et même l'endroit où elles étaient.
Il n'y avait plus qu'une bulle dans laquelle elles étaient le centre. Sinb caressa son bras, ouvrant doucement les paupières et apercevant du coin de l'œil, la mère de la marié, rouge de rage. Ô que ça l'amusait mais ses yeux se fermèrent et elle continua son baiser, voulant profiter de cet acte dont elle n'avait pas eu droit depuis bien longtemps.
Puis elle se sépara d'Eunha, un peu à contre cœur. La rouquine ne pouvait pas quitter des yeux la demoiselle, même lorsqu'un invité les siffla.
« Tout le monde nous regarde...
̶ Non, tout le monde te regarde toi, parce que tu es même plus belle que la mariée.
̶ Ce n'est pas ce genre de phrase de dragueur qui me fera tomber amoureuse de toi, Sinb, s'amusa la brune.
̶ Je sais. »
Sa main dans la sienne, Sinb ramena Eunha jusqu'à sa place, toutes les deux la tête baissée, intimidé, les joues rougies mais semblant bien sur un petit nuage. Elles ne quittèrent plus des yeux leur plat principal, jusqu'à ce que la pression redescende et que la rouquine ne lève les yeux et croise furtivement le regard de sa brunette.
Sinb interpela finalement le serveur qui était passé devant leur table, elle lui demanda un verre de vin rouge, pour elle et la demoiselle ayant récupéré sa place initiale. Ce dernier acquiesça, versant un fond dans celui de la rouquine pour qu'elle y goutte. Sinb y trempa ses lèvres, laissant un fin filet glisser dans sa boucle.
Elle le laissa infuser contre son palais avant qu'elle ne l'avale et confirme qu'elle voulait qu'on lui serve un demi-verre à elle ainsi qu'à son acolyte. Le jeune homme fit le tour de la table et Eunha le remercia poliment avant de le boire comme si c'était de l'eau. La rouquine l'observait d'ailleurs d'un œil perplexe, n'étant pas totalement sûre qu'un vin de cette qualité, pouvait être bue si facilement sans vraiment prêter attention à son millésime.
Dès le début, Sinb avait parié que la jeune femme ne tenait pas l'alcool mais la voir agir de cette façon semblait la rendre encore plus amusante que prévue. Alors elle aussi, goutta pleinement à son verre, continuant à regarder la brune d'un air malicieux. Elle haussa d'ailleurs un sourcil quand Eunha eut, à nouveau, le courage de la regarder dans les yeux.
« Tu ne tiens pas l'alcool, n'est-ce pas ? », demanda Sinb à travers la table.
Ses joues toutes rouges, la demoiselle se leva et tourna les talons avant de sortir de la grande pièce. La rousse resta assise à sa place, elle n'avait pas envie de courir après Eunha puisqu'elle allait rapidement revenir. Oui, cette dernière ne s'enfuyait pas, elle avait juste besoin d'aller aux toilettes pour reprendre ses esprits devant son reflet.
Elle posa ses mains sur le bord du lavabo, se penchant en avant pour mieux voir l'état dans lequel Sinb et l'alcool l'avaient mise. Le dos de ses mains pressèrent ses joues rebondies, s'étonnant de la chaleur qui ressortait de sa peau. Si brûlante qu'elle eût envie de s'asperger d'eau mais malheureusement, il n'était pas le moins du monde, question de ruiner son maquillage qui lui avait pris beaucoup trop de temps.
Sa main droite glissa dans ses cheveux, elle pinça ensuite quelques-unes des mèches de sa frange pour la remettre parfaitement en place et elle soupira. Rien ne pouvait la sortir de cet état, ses mains moites et son regard beaucoup trop tremblant, rien n'allait du tout ce soir-là.
Bien sûr qu'elle avait trop bu, mais que pouvait donc-t-elle y faire, c'était bien trop tard et puis Sinb la rendait si mal à l'aise avec simplement quelques mots, quelques gestes. Pourtant son baiser avait éliminé tout l'alcool de son sang tant il était doux et légèrement sucré. Malheureusement, quand Eunha était revenue à elle, il était déjà bien trop tard, son souffle étant déjà partagé avec la belle rouquine alors qu'elle la serrait de toute sa frêle force contre elle.
Il y avait bien des années qu'elle n'avait pas eu un trou de mémoire à cause de l'alcool mais cette fois-ci, il semblait bien lui manquer quelques dizaines de minutes de sa soirée. Eunha commença bien sûr à se maudire, pas parce que cela était arrivé mais parce qu'il était bien trop tôt pour qu'elle offre ses lèvres à l'ex-petite-amie de la mariée.
Bien qu'elle en eût plus qu'envie dès la seconde où elles avaient commencé à discuter.
Elle se reprit finalement en main, soit, après plusieurs mini saute d'humeur devant son reflet. Une fois tout n'était que désespoir complet, une seconde fois n'était que honte d'avoir affiché un tel baiser devant une salle entière, une troisième fois n'était que haine envers sa propre personne qu'être si facile en étant bourrée, et rebelotte. La jeune femme fit même les cent pas avant de retourner dans la salle commune, n'ayant pas non plus envie de disparaître de toute la fin de soirée sans donner suite à ces moments passés avec Sinb.
Cette dernière prit une grande décision, voulant annuler le deuxième sabotage qu'elle avait préparé le jour où son invitation était arrivée dans sa boîte aux lettres. Il était temps qu'elle laisse tomber, puis il y avait Eunha qui avait disparu aux toilettes qui lui plaisait, autant qu'elle s'amuse avec une jeune fille en valant la peine plutôt que de rester dans le passé.
Malheureusement il était trop tard, le DJ avait déjà baissé les lumières et le projecteur s'était allumé, dévoilant une photo sur un pan de mur entier. Commencer par une photo de sa propre personne embrassant la mariée n'était peut-être pas meilleure idée, l'embarrassant plus qu'autre chose. Toute la salle se retourna bien sûr vers elle, la faisant se lever si vite que sa chaise tomba derrière elle.
La jeune femme en robe blanche entra au même moment, traversant la pièce en courant, même sur ses hauts talons. Cette dernière se jeta sur la télécommande pour éteindre le vidéoprojecteur, avant de trottiner jusqu'à Sinb. Cette fois-ci, c'était elle qui prit sa main dans la sienne pour l'emmener loin de tout ce bonheur où jamais elle n'aurait une place pour elle.
« C'était une erreur de ma part, avoua Eunha, lançant un regard à la mariée. Je n'aurais pas dû venir ce soir. »
Et ainsi, elle prit le blâme de cette vengeance devant toute la salle, à la place de la jeune femme en noir.
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J'écoutais du kaaris (ptdr c'est même pas une blague) quand j'ai capté que j'avais oublié d'update... oups ?
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