4. Le sbire de la faucheuse.
"Il n'y a pas de remords chez les tueurs.
Juste des souvenirs douloureux."
Jo Nesbø.
Clyde
NDA : Zombie - Bad Wolves.
La vie, cette triste réalité dont chaque âme veut profiter mais oublie que la mort les attend au bout du chemin. À moins qu'ils ne soient déjà morts.
Comme moi.
La violence fait battre mon cœur, l'odeur cuivrée du sang me donne l'énergie de me lever le matin, et la souffrance des autres me galvanise.
Je suis devenu le sbire de la faucheuse en personne depuis que mon âme m'a été arraché pour en faire un monstre sans pitié et dénué d'émotions.
Celle que j'ai perdu depuis mes six ans.
Clope au bec, je regarde le spectacle sanglant avec un visage impassible.
Au sol, un homme d'une vingtaine gît dans son sang, le corps recroquevillé sur lui-même, cherchant à se protéger des coups d'Undead et de Devil qui veulent sous soutirer des informations, depuis maintenant plus d'une heure.
Chaque coup provoque un craquement qui brise le silence de la ruelle, chaque gémissement sonne comme une mélodie à mes oreilles.
Je pose mon pied contre le mur derrière moi et tire une taffe. La nicotine envahit mes poumons pour ressortir en une fumée opaque et blanche qui rejoint celle qui s'échappe des flammes de notre entrepôt.
Notre principal dépôt d'armes vient de voler en éclats, ne laissant derrière lui qu'un amas de flammes qui bientôt finiront en cendres.
L'odeur âcre de l'acier brûlé et du bois carbonisé remplissent l'air et une autre explosion vient taire les grognements de douleurs de notre victime. Le fracas des structures brûlantes s'harmonise avec la chaleur qui réchauffe les alentours malgré le froid mordu de la ville. La lueur rougeoyante que renvoie ce spectacle pyrotechnique se reflètent dans mes iris vairons qui suivent chaque mouvement des flammes, comme si j'assistais à une œuvre d'art macabre. La pluie essaye d'éteindre le feu sans y parvenir.
Après tout, qui pourrait avoir assez de force pour éteindre les monstres qui hantent les ténèbres de l'enfer ?
Les supplications de notre homme me sortent de mes pensées, répétant inlassablement qu'il ne sait pas de quoi il parle. Malgré tous les coups qu'il se prend, aucun mot de plus ne sort de cette bouche de pute.
Me faisant chier, j'arrête les mecs dans leurs tortures horrifiques qui semblent leur plaire au vu de leur sourires démoniaques et de leur poings repeint de sang.
Restant d'un calme olympien, je m'accroupis face à cette brute abîmée de toutes parts et retire ma clope, la tenant entre mes deux doigts. J'incline la tête en observant l'état dans lequel il est. Sa lèvre inférieure est fendue, ses mains sont craquelées et je reconnais sans peine la spécialité de Devil à verser des produits chimiques sur la peau de ses victimes pour la réduire à une texture de cuir, provoquant une dégradation progressive des tissus cutanés.
Quant à Undead, lui, préfère la perforation, armé de ces petits clous qu'il emportent partout avec lui. Et il n'a pas lésiné sur ce coup là, je vois ces bouts de métal sur toute sa jambe droite et Undead a même commencé sur le bras.
Je les aurais bien laissé continuer mais on a pas le temps.
Je garde mes lèvres scellées alors qu'il me scrute pour savoir quelles souffrances il va endurer si c'est moi qui me salit les mains.
La peur fait souvent faire des choses stupides qui sont regrettées par la suite, mais ce larbin ne ressent pas cette émotion. Il a été formé pour être une machine à exécuter les ordres et rien d'autre. Toutes les émotions, comme l'amour, la tristesse ou la colère ne figurent pas dans son ADN.
Ses yeux analysent les environs, essayant de trouver une issue pour se sortir de ce merdier alors que le lui adresse un sourire en coin sur ma gueule de connard.
Trop tard petite chose, t'es tombé dans les filets du plus monstrueux des hors-la-loi et tu ne vas plus jamais en ressortir.
Ma présence doit le déstabiliser car il déglutit avant d'ouvrir la bouche.
— Je te jure que je sais rien Anarchy ! s'écrit-il en essayant de reculer malgré le mur qui le bloque.
Je sourit intérieurement face à ce surnom et sors mon canif orné de mes initiales : ACZ.
Depuis que je suis né, j'ai eu le droit à trois identités différentes.
Anarchy, celui qui fait partie de mon côté sombre. Un surnom qui m'a été attribué quand j'ai tué une dizaine d'hommes à mains nues dans un bar près du Bronx âgé seulement de douze ans.
Les gens ont trouvé que j'étais la représentation même du chaos.
Clyde, l'homme que je suis devenue et que j'ai voulu être malgré les épreuves. Il paraissait idéal pour commencer une autre vie. Celui qui a bercé mon enfance par ces braquages de banques audacieux et son esprit rebelle.
Et enfin, mon prénom de naissance qui appartient à au petit garçon brisé que j'ai enfermé à double tour dans mon âme pour me sauver de cette ancienne vie.
— Qui t'envoie ? claqué-je de ma voix grave remplie de menaces.
Je n'ai pas le temps pour ces enfantillages.
Ses lèvres tremblent et la sueur perle son front quand il se met à bégayer.
— Anarchy, je t'en supplie... Il va me tuer !
D'un geste vif, je saisit sa mâchoire et la serre entre mes gants en cuir sans doigts pour laisser la brutalité de ma prise s'exprimer pleinement.
Un gémissement de terreur pure sort de sa bouche.
— Regarde autour de toi, personne ne va te sortir de là. Mais si tu me dis tout ce que tu sais, tu seras libéré et plus personne ne pourra sans prendre à toi, compris ?
Il hésite un instant, abordant une moue dubitative, une pointe d'espoir au fond du regard.
— Il se fait appeler Death et je ne sais rien d'autre. Il nous confie les missions par téléphone prépayé ou par un messager différent à chaque fois dans des endroits lambdas et publics. C'est tout ce que je sais Anarchy, je te le jure...
Je hoche la tête et lui ébouriffe les cheveux avant de me redresser, le surplombant de toute ma hauteur. D'un geste du menton, j'indique à Undead et Devil de m'attendre vers les motos puis, je me tourne vers notre informateur.
— Ton nom. ordonné-je d'une voix calme.
— Bill... Bill Cornell...
— C'est bien Bill, comme promis, tu es libre.
D'un coup rapide et précis, je lance mon couteau. La lame file à travers l'air et se plante directement dans sa carotide, entraînant une hémorragie massive et sa mort définitive en quelques secondes.
Je récupère mon canif et l'essuie avec un bout de son t-shirt boueux avant de le ranger dans la poche latérale de mon pantalon cargo.
Puis, sans aucun remords, je rejoins les gars. Mes pas résonnent dans cette ruelle où, encore une fois, j'ai retiré une âme à la vie pour l'offrir à la mort.
Comme lorsque les feuilles d'érable sur ma peau sont une nouvelle couche à la toile sombre de mon existence.
Une nouvelle page remplie d'encre dans le livre d'horreur de mon passé.
***
Le QG est en effervescence quand je passe le pas de la salle de réunion. Artémis essaye de faire régner l'ordre en menaçant de tuer le prochain qui parle sauf que cela ne fonctionne pas. Harley propose plusieurs façons de tuer les Shadows, Edward, le cousin de Daya, est contre toute tentative de meurtre et préfère avoir des preuves avant d'attaquer alors que Crow est déjà sur son ordinateur à planifier les plans pour tuer le plus de monde possible.
La salle est plutôt grande rivalisant avec celles des autres gangs, nous sommes les plus nombreux, signifiant que la loyauté est notre principale qualité.
Je traverse la pièce, passant derrière les dossiers de chaque membres avant de m'arrêter à ma place, à droite de Daya, faisant face à la chaise vide, consacrée à Ezra. Il ne fait plus partie du gang mais Daya refuse qu'un autre cul le remplace.
Je me tourne vers cette dernière qui adopte une allure nonchalante. Sucette en bouche, bras croisés et pieds sur la table, elle semble s'en foutre royalement du vacarme que cause les autres.
Ses cheveux blonds sont coiffés en une queue de cheval parfaite, habillée d'un jean noir troué, d'un crop-top blanc laissant son ventre à la vue de tous et une chemise à carreaux rouges et noirs qu'elle a attachés à sa taille, Daya Marshall n'a pas l'air d'une cheffe mais plutôt d'une jeune femme profitant de sa pause avant de reprendre son boulot de caissière.
Pourtant, de tous les chefs de gang, elle est la plus dangereuse et la plus puissante. Et même si je la hais de tout mon être, je ne peux qu'approuver.
Je me penche vers elle pour lui expliquer notre passage à tabac de Bill et l'explosion de l'entrepôt avant de m'allumer une clope et de me caler dans ma chaise.
Daya reste immobile quelques instants, intégrant sûrement les infos que je viens de lui parvenir. Puis, elle retire sa sucette et se lève, un air déterminé sur le visage.
— Silence.
Ce simple mot prononcé avec une autorité aussi glaciale que son regard fait taire la salle, les yeux posés sur sa personne, ils sont tous attentifs à leur cheffe.
— Aujourd'hui, on va aborder plusieurs points. Numéro un et le plus important : je veux retrouver les fils de pute qui ont brûlé notre entrepôt. Crow, tu me trouves tout ce que tu peux sur un dénommé Death, il serait la tête pensante des Shadows.
Ce dernier hoche la tête et commence à tapoter sur son clavier.
— Les jumeaux, je veux que vous alliez vérifier les environs de l'entrepôt, je ne veux pas qu'Eddy fourre son nez là-dedans. Numéro deux : Harley et Undead, vous réglez la dernière livraison et négociez pour avoir un délai. Avec la perte majeure de nos armes, on va devoir annuler certaines commandes.
— Comme si c'était fait boss, répond Undead en lui lançant un clin d'œil.
— Dernier point, reprend Daya. La réunion avec les autres gang à lieu dans trois jours, je veux que tout soit organisé, protections rapprochées, issues de secours, armés chargés. Faites le nécessaire pour qu'on ne rencontre pas de problèmes. Je refuse qu'il y est un accrochage alors que nous allons nous serrer les coudes contre un ennemi commun, termine-t-elle en regardant Devil.
— Je peux savoir pourquoi je suis visé ? s'offusque-t-il en mordillant son cure-dent.
— Peut-être parce que Lilith sera présente et que la dernière fois, t'as failli la buter, rétorque Apollon en faisant un check à sa jumelle.
— Je sais me contrôler.
— Devil, franchement, la dernière fois t'as presque montré à Lilith ce que c'est qu'une crise de rage à cause d'un fantasme non assouvi, se marre Harley en faisant éclater sa bulle de chewing-gum.
Je mets mon poing devant ma bouche pour étouffer un rire mais je ne tiens pas quand mon regard croise celui de Spades qui a littéralement explosé de rire.
La tablée rigole alors que Devil quitte la pièce en claquant la porte derrière lui, redoublant l'hilarité du groupe. Même Daya esquisse un sourire en coin.
Nous reprenons notre calme après une dizaine de minutes, exposant un plan pour trouver des solutions aux livraisons manquantes.
On a beau avoir d'autres dépôts d'armes, l'entrepôt restait le principal, contenant la majeure partie de nos ressources.
Soudain, la porte s'ouvre sur Ryder, la deuxième personne que je hais après Daya, et sa femme Angel, enfin rentré de lune de miel.
Cette dernière me prend dans ses bras et me demande comment je vais. Angel a toujours été considérée comme la dernière de la fratrie que nous formons : chouchouter avec des avantages.
Je l'apprécie, elle et son côté silencieux. Elle sait quand il ne faut pas dépasser les bornes, avoir des oreilles à l'écoute pour nos soucis et elle fait des lasagnes qui pourraient tuer Garfield tant elles sont à tomber par terre.
Elle pourrait être parfaite si elle n'avait pas choisi un connard comme mari. D'ailleurs je me demande ce qu'elle lui trouve même si elle m'a déjà répondu, je cite : en amour, ce qui compte c'est l'âme de la personne.
C'est le genre de discours rempli de tendresse qui me donne envie de vomir. Je n'ai jamais entendu une connerie aussi bien pourrie. Mais aujourd'hui, j'ai compris que je suis sauvé de ce bordel qu'on appelle l'amour, parce que je n'ai pas d'âme à vendre.
Je m'écarte d'elle en sentant le regard de Ryder sur ma nuque, comme si son regard avait le moindre pouvoir sur ma personne. Mais il peut aller se faire foutre avec ses airs de mec supérieur, je n'ai pas le temps pour ses conneries.
— Je te conseille de ne pas t'approcher trop près d'Angel, Clyde. Tu vois, les gens comme toi ont tendance à finir sous terre quand ils ne respectent pas les limites.
Je le fixe, incertain qu'il parle vraiment à moi. Ce type qui respire la merde vient de me menacer ou je rêve ?
Je m'approche de lui en prenant la main d'Angel pour le narguer et j'affiche mon plus beau sourire, sortant directement des enfers.
— Tu penses vraiment que tes menaces me touchent ? J'ai survécu à pire que ça. Si tu veux me mettre à l'épreuve, je suis prêt. Sinon, ferme-la et arrête de jouer la tapette virile.
Il s'apprête à répondre mais Daya l'en empêche en nous fusillant du regard. Elle nous ordonne de nous asseoir et Ryder en profite pour prendre sa femme sur ses genoux, ne me lâhcant pas du regard.
S'il crois que je vais lui prendre sa femme juste avec un calin, c'est qu'il a une couille dans son couple.
Je m'assois et sourit, lui lance un regard vaniteux. Les places sont attribuées en fonction de la place qu'on a au sein du gang. Étant la cheffe, Daya se place au bout, moi, son bras-droit, sur la droite et les autres se suivent, avec Ryder à l'avant-dernière place.
Il a beau être le meilleur ami de Daya depuis leur naissance, elle ne mélange jamais boulot et vie privée.
Plusieurs membres de The KillerBlood ont essuyé un refus catégorique. Mais je ne sais toujours pas si c'est Daya qui n'est pas intéressé, ou si la loi interdisant une relation avec les héritiers du gang la bloque.
Je continue d'écouter Daya qui explique brièvement la situation aux nouveaux arrivants.
Mon sourire se fait plus cruel alors que je m'installe confortablement dans la vérité glaciale : personne ne peut rivaliser avec moi dans ce jeu de survie où chaque victoire est une ode à la brutalité.
***
Hey my weakness ! Comment allez-vous ?
1er pov de Clyde, on en pense quoi ?
Moi, perso j'ai kiffé, même si j'ai galérer à écrire le début !
On en apprends plus sur notre Clyde et sur ses pensées.
Entrepôt brûlé, livraison annulée et provocation avec Ryder ! Y'a des choses à dire, non ? À votre avis, quel est le passé de notre Clyde ? Et cette loi ?
La relation entre Daya et Clyde est vraiment en mode "ennemis" quand est-ce que les festivités commenceront ?
Bientôt, vous inquiétiez pas !
Sur ce, prenez soin de vous et n'oubliez pas que vous êtes des pépites !
À dimanche prochain !
Kiss !
Naëlle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top