11. Interrogatoire brutal.

Si l'ennui pouvait tuer, je serais déjà raide mort sur cette putain de chaise.

Les mains menottées derrière le dos, ça fait quatre heures que j'attends et mon calme légendaire commence à se faire la malle. Mon cerveau tourne dans tous les sens pour essayer de trouver une putain de solution !

Ayant des fourmis dans les jambes, je me lève et tourne comme un lion en cage.

Mais c'est quoi cette histoire ? Moi, on m'accuse de meurtre ? D'accord, j'ai descendu pas mal de types au cours de ma vie, mais jamais Ryder. Même s'il m'a chauffé plus d'une fois, l'envie de lui éclater la gueule me démangeait souvent, mais jamais je ne lui aurais fait une chose pareille ! Ryder était de la famille, il était mon frère malgré nos embrouilles. Je le connais depuis que j'ai huit ans, ce connard à la gueule d'enculé. Mais lui ôter la vie ? Non, même pour lui, j'avais mes limites.

Et les autres... Putain, ils ne croient pas une seconde à cette merde qu'Eddy raconte, mais je peux pas m'empêcher de revoir le visage de Daya, blême de peur avant qu'elle se transforme en lionne pour me défendre. Je sais qu'elle me soutient mais la voir flancher, même une seconde, ça me fout les boules.

Je dois rester solide, pour eux, pour elle.

Mais cette attente va me faire péter les plombs, entre ces murs gris crasseux, ce carellage jaune pisse et cette conasse d'horloge qui me nargue toute les secondes. Je crains de ne plus avoir assez de souffle pour leurs questions.

Le grincement de la pornenete me sort de mes pensées et un flic avance vers moi, une pochette à la main. Ce con croit me faire peur avec sa carrure de colosse et son regard noir mais il en faut plus pour me faire frissonner. Là, il me donne juste envie de me foutre de sa gueule.

- Assis-toi, m'ordonne-t-il en tournant sa chaise pour l'enjamber, ses avants-bras sur le dossier de cette dernière.

Je rêve où il vient de me donner un ordre ?

Dos au mur, je place au pied contre celui-ci pour me stabiliser, le regardant avec un air moqueur en l'analysant. Je plisse les yeux pour mieux voir son nom sur l'insigne : Lewis.

Mon regard se pose sur ses boutons de manchette, brillants, mais usés sur les bords-un cadeau de promotion ou peut-être un vieux souvenir qu'il chérit trop pour s'en séparer. Chaussures bien ciré, trop pour un flic de terrain, son visage marqué par les premières rides, ses cernes de ses nuits blanches et son haleine caféiné.

Ça crie la routine : une femme qui l'attend à la maison, peut-être même des gosses qu'il ne voit pas assez. Mais ce gars-là, il doit sûrement passer ses soirées à boire des bières tièdes en essayant de noyer la merde qu'il voit tous les jours.

Sa cravate est nouée avec soin, un petit luxe quotidien pour quelqu'un qui cherche encore à garder un peu de contrôle dans sa vie. Mais il l'a resserrée juste avant d'entrer, signe qu'il n'est pas aussi sûr de lui qu'il voudrait me le faire croire. Ce genre de détails, ça ne trompe pas. Alors qu'il s'assoit, je capte ce tic nerveux : il tripote l'alliance à son doigt, sans même s'en rendre compte. Un gars tiraillé entre son boulot et une maison qu'il essaye de protéger en restant dans les clous.

En résumé, Lewis est un flic qui fait semblant d'être plus dur qu'il ne l'est vraiment, coincé dans un système qui l'a déjà grignoté. Il se raccroche aux apparences, au contrôle, mais tout ça, c'est juste une belle peinture sur des fissures profondes.

Et moi, je suis là pour enfoncer le clou.

NDA : Minimaze - Tech N9ne.

Un rictus carnassier prend place sur mes lèvres quand il comprend que je ne lui obéirait pas. Il ouvre le document et se racle la gorge.

- Bon, voyons voir à qui on a affaire, chantonne-t-il en lisant. Membre du gang The KillerBlood... âgé de vingt-neuf ans... Zayn Keats...

Ce nom, je l'ai laissé pourrir dans un coin de ma tête, et je m'en fous royalement qu'il l'ait déterré. Il appartenait à ce petit garçon qui n'était rien d'autre qu'un faible.

Il continue de lire, ses yeux s'écarquillent à mesure qu'il avance tandis que je profite du spectacle.

- Anarchy... murmure-t-il presque pour lui-même, la peur trahie par un léger tremblement dans sa voix. Douze ans... dix hommes... à mains nues...

Il lève la tête et je me réjouis de la terreur pure qui se fraye un chemin dans son esprit.

C'est ce surnom qui commence à le faire flipper, et il a raison. Anarchy, c'est pas juste un surnom. C'est ce que je suis quand tout bascule. Le chaos incarné, une tempête humaine qui laisse des cadavres dans son sillage.

Je ne bouge toujours pas, mes lèvres sont scellées dans un mutisme qui le rendra complètement fou. Le mec n'avait aucune idée de ce qui l'attendait en venant ici. Maintenant, il le sait, et ça le bouffe de l'intérieur.

Il se reprend et déglutit avant de tasser les feuilles.

- Et puis y'a Clyde, lance-il d'une voix qu'il tente de rendre assurée, mais qui trahit son angoisse. Le braqueur, le rebelle... Celui que tu as choisi d'être.

Ses yeux cherchent une réaction, mais je reste impassible. Ce nom-là, je l'ai choisi parce que j'en avais besoin. Parce qu'il représentait la transition, le changement. Mais ce que Lewis commence à capter, c'est que, même sous le nom de Clyde, je reste dangereux.

Mortellement dangereux.

Je vois ses mains trembler légèrement, ses pupilles se dilater. Ce mec n'était pas prêt pour ça. Il pensait avoir un petit délinquant sous la main, pas un putain de cauchemar ambulant. Il referme le dossier d'un coup sec, comme s'il espérait que ça renfermerait aussi la boîte de Pandore qu'il vient d'ouvrir.

Trop tard.

Je décide de pousser au plus loin ses retranchements en m'avançant jusqu'à cette table en fer. Pris de peur, il se redresse à la hâte, la main sur son flingue accroché à la ceinture.

- Maintenant que tu sais qui je suis, t'as deux options qui s'offrent à toi, Lewis.

Mon regard planté dans le sien, je lui promets mille et une souffrances pour être celui qui a séquestré le hors-la-loi de New-York.

- Soit tu continues à lire ce dossier et t'assures de comprendre que chaque putain de mot que t'as sous les yeux, c'est ton passeport pour l'enfer. Soit tu te lèves, tu sors, et tu laisses tomber avant de finir par pisser dans ton froc. Parce que je te le dis, mon gars, t'es pas prêt pour ce qui pourrait suivre.

Je recule et reprends ma position, le laissant digérer ma menace. j'observe sa gorge se serrer alors qu'il tente de paraître sérieux avec un semblant de contrôle.

Mais le message est passé.

Lewis sait maintenant qu'il est face à quelque chose de bien plus dangereux que ce qu'il imaginait. Et moi, je me régale de cette peur qui s'installe dans ses veines.

D'un coup, la porte s'ouvre et je découvre le visage d'Eddy et son costume de flic corrompu. Il dégage Lewis d'un geste de la main et j'en profite pour lui lancer un dernier sourire démant qui le fera faire des cauchemars cette nuit.

Sachant que les choses sérieuses vont commencer, je m'assois sur la vieille chaise, mon torse touchant la surface de la table.

Eddy place ses mains de part et d'autre de la table en soufflant.

- T'es dans la merde Clyde, commente-t-il en fronçant ses sourcils épais. J'ai voulu faire un exam' de plus mais les preuves s'accumulent de plus en plus.

Il se frotte les paupières avant de s'asseoir.

- J'aimerais que tu m'expliques ce que faisait la nuit où Ryder est mort. Raconte moi ta version des faits et je pourrais dire à mes supérieurs que tu es innocent.

J'aimerais bien, mais cette putain de mémoire n'en fait qu'à sa tête. Je le fixe, laissant un silence pesant s'installer. Ce connard veut jouer au gentil flic, celui qui feint la compréhension. Mais je vois bien à travers son masque de merde. Il n'attend qu'une seule chose : que je m'embrouille, que je fasse un faux pas pour me foutre au trou à vie.

Je connais bien Eddy, il nous a couvert certaines affaires quand cela concernait des meurtres mais il ne sait jamais occupé de notre trafic.

Et ce n'est pas parce que Ryder est mort qu'il va se sortir les doigts du cuk pour foutre la merde où il y en a déjà assez.

La seule explication possible c'est qu'on l'a forcé à m'arrêter.

- Tu veux la version des faits ? Imagine un accident de moto où tu te réveilles dans une putain mare de sang avec assez de force pour appeler le 911 sans aucun souvenir de ce qu'il s'est passé.

Je me cale dans le fond de ma chaise, le fusillant du regard.

- Ouais, ça craint. J'ai peut-être un mug shot qui ferait peur à tes pédales de collègues mais j'ai pas buter Ryder. Ce connard faisait partie de ma famille.

Bizarrement, cet enculeur sourit en penchant la tête sur le côté.

- Arrête Clyde... On a retrouvé ton putain de canif planter dans sa clavicule... se marre-t-il en ayant un air assuré en me donnant des clichés du meurtre de Ryder.

Ce fils de pute n'a aucun remords à m'exposer le cadavre d'un membre de ma famille.

Mauvaise pioche pour toi, je suis virtuose du détail. et ton air supérieur ne m'impressionne pas le moins du monde. Justement, il confirme mon hypothèse.

- Peut-être parce que je l'ai perdu ? ironisé-je avec un sourire en coin.

- Te fous pas de ma gueule Clyde ! s'écrit-il en tapant sur la table. C'est ton mode opératoire ! Combien de victime j'ai retrouvé avec un couteau dans le cou avec une mare de sang !

- Et j'ai toujours assumé ! tonné-je en me redressant. J'ai jamais nié mes crimes, je ne suis pas un pauvre lâche qui se planque quand ça part en couilles. Mais je ne peux pas plaider coupable pour un meurtre que je n'ai pas commis.

Mes nerfs commencent à lâcher prise, signe que je vais lui éclater la gueule sur cette putain de table dans pas longtemps.

- Comment est-ce que tu peux en être aussi sûr avec ta mémoire défaillante ?

- Ma mémoire n'est peut-être pas parfaite mais je me souviens de chacun de mes crimes, rétorqué-je en jetant un œil sur les photos.

Une personne veut que je reste dans cette cage et la raison est aussi floue que la vitre qui nous sépare de leur putain de salle.

- Ne me force pas à utiliser la manière forte !

- Parce que tu crois jouer le rôle du mauvais flic, là ?

Il croise les bras, jouant les gros durs en exposant ses muscles.

Sauf qu'il ne sait pas que j'en ai plus que lui.

- Non, mais je suis sûr que Daya pourra m'éclairer sur ce point, après tout, c'est elle qui t'as envoyé en mission, non ?

Je lâche un rire sarcastique en voyant son air perplexe.

- Tu veux enfermer Daya Marshall dans cette putain de poubelle à merde ? Mais tu tiens pas à tes couilles mon vieux ! T'as pas encore compris que c'est pas une petite princesse en détresse, mais une guerrière qui te mettrait à genoux sans même sourciller.

- Ta menace ne me fait pas peur Clyde, si je veux inculper Daya, je le ferai, réplique-t-il en tapant du poing sur la table, son visage près du mien.

Sans prévenir, je lui fout un coup de tête, frappant son nez avec une force étonnante. Le choc fait saigner son visage et le fait reculer. Malgré mes menottes, je me lève et le frappe d'un pied latéral en plein plexus coeliaque qui le fait tomber lourdement au sol, sa respiration coupée. La douleur sur son visage en sang me fait rire.

Et ça jouer les gangsters y'a même pas deux minutes.

Mon pied sur son torse, je m'accroupis à sa hauteur, le regardant avec un sourire satisfait, savourant le contraste entre son arrogance initiale et sa position actuelle.

- Touche à un seul cheveu de Daya et c'est plus de preuves que t'auras besoin mais d'un putain de cercueil. Tu m'as bien compris ?

Il hoche la tête en se tenant le nez.

- Quoi, j'entends pas ? continué-je en appuyant plus fort sur son sternum.

- Oui... j'ai compris... balbutie-t-il en tremblant.

- Oui qui ?

Je m'amuse et alors ? Ça vous est jamais arrivé de voir un mec qui essaye de jouer au dur avec des menottes mais qui se retrouve à moitié écrasé sous la semelle de quelqu'un ? Parce que je peux te dire que c'est un sacré spectacle !

- Oui... Clyde...

Je me rapproche plus de lui et souffle :

- Crois-moi, c'est pas Clyde que t'auras sur tes côtes si tu m'obéis pas mais Anarchy.

La porte claque contre le mur en s'ouvrant et dix mecs armés entrent dans la pièce et m'encerclent alors qu'une femme entre à leur suite.

Je souris intérieurement, la suite promet d'être intéressante.

Un air de directrice d'école sur le visage, elle avance jusqu'à moi, ses cheveux blancs se balançant au gré de ses mouvements. Habillée toute en blanc elle me toise à travers ses lunettes.

- Je suis Hazel Lonely, Inspectrice du NYPD.

J'incline la tête en esquissant un sourire en coin. Le contraste entre l'ironie de son surnom et la gravité de la situation ne m'échappe pas.

- Hazel Lonely, hein ? Je dois dire, ça sonne comme le nom d'une héroïne de série B, mais bon, je suppose que ça fait le job, je réplique avec un clin d'œil.

Elle lève les yeux au ciel et m'ordonne de la suivre, ce que je fais avec plaisir en emportant les clichés de Ryder.

Ses talons frappent le carrelage, son bras resserré autour d'un porte-document et le dos droit me tire un sourire.

- Qu'on retire les menottes à Monsieur Keats, s'il vous plaît, demande-t-elle à un flic qui ne sait plus quoi faire.

Eddy sort de la pièce en se tenant un mouchoir sur son nez et se poste devant l'inspectrice.

- Monsieur Zayn Keats est mon prisonnier, pourquoi l'inspectrice du NYPD interviendrait dans cette histoire ?

Son regard aussi tranchant que le couteau d'un boucher, elle pointe un doigt sur le torse d'Eddy.

- Monsieur Bradford, je comprends que vous soyez en train de vous la jouer dans cette petite mise en scène de supériorité, mais laissez-moi vous éclairer sur un point crucial. Zayn Keats est sous ma juridiction maintenant. En d'autres termes, vous pouvez dire adieu à votre fantasme de le garder en taule sans raison valable.

Elle fait une pause, le sourire acéré, son piercing à la lèvre, brillant sous les leds du commissariat.

- Vous voyez, dans le système que vous prétendez servir, les détentions arbitraires et les menaces sur des individus innocents sont non seulement inacceptables, mais elles risquent également de vous mettre en mauvaise posture. Vous avez l'air d'être un bon petit soldat, mais vous ne voudriez pas voir la machine judiciaire s'abattre sur vous, n'est-ce pas ?

Elle le regarda de haut en bas, le ton glacial mais autoritaire.

- Alors, si vous tenez à éviter des complications qui pourraient finir par ruiner votre carrière, je vous suggère de vous retirer poliment et de laisser Zayn sortir d'ici.

Eddy réfléchit un instant, sous mon sourire de connard qu'il rêve de me faire bouffer, avant de faire un signe de tête à son collègue.

Une fois libéré, je masse mes poignets et grimaçant alors que l'inspectrice se dirige vers la sortie pour monter directement dans une berline noire.

- À la prochaine ! lancé-je avant de m'asseoir à ses côtés.

La voiture démarre et on roule dans la circulation de New-York.

J'attends que nous soyons vers le Queens avant de me tourner vers elle.

- Bien joué, petite feuille, je ne savais pas que tu jouais si bien l'actrice.

Son masque de flic se craque et elle me sourit en retour en me prenant dans ses bras. Je la serre et lui embrasse le haut du front avant de lui ébouriffer les cheveux alors que la vitre de devant s'ouvre en laissant apparaître Ezra qui conduit, capuche sur la tête.

Il me fait un clin d'œil dans le rétroviseur et je le remercie en hochant la tête.

Depuis la mort de Ryder, Ezra se fait discret. À mon avis, il devrait rejoindre sa femme à Paris, loin de toute cette merde. Daya a payé pour qu'il sorte de cette vie, c'est pas pour qu'il y retourne.

- Tu comptes me dire pourquoi j'ai du te sauver la peau alors en me déguisant en femme d'affaire ? questionne Hazel Lonely alias Neya Hartley, celle que je considère comme ma petite soeur.

***

Hello mes weakness ! J'espère que ce chapitre vous a plu car j'ai une mauvaise nouvelle.

Avec le travail de l'édition de Heaven, ma vie perso et mon énorme page blanche qui veut pas partir. J'ai pas eu le temps d'écrire la suite et je pense que vous l'aurez pas avant que je réecrive Weakness.

Encore désolée à mes lecteurs et lectrices.

Je vous aime.

Sur ce, n'oubliez pas que vous êtes des pépites !

Kiss.

Naëlle.

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