chapitre six.

-SKY-

— Expelliarmus !

Neville soupire. Depuis les nombreuses semaines que nous sommes ici, à travailler, il n'arrive toujours pas à faire quoi que ce soit.

— Ce n'est pas grave, Neville. Insiste un peu plus sur le mouvement de ta baguette !

— Je devrais peut-être juste laisser tomber, Sky...

Et nous y revoilà.

La boucle est bouclée et c'est reparti pour un tour.

Neville a toujours eu plus de mal que les autres en matière de sortilèges. Il se laisse plus facilement démoraliser. J'aime bien Neville. Vraiment. Mais je n'ai pas tellement envie de prendre trop de retard parce qu'il passe son temps à vouloir abandonner.

C'est à ce moment que Harry décide de terminer sa ronde et de s'approcher, s'occupant lui-même de Neville.

Moi, je m'éloigne un peu. Parce que je dois m'entraîner, moi aussi, évidemment. Alors que je tourne la tête vers Hermione, pour lui demander de l'aide avec le sortilège du patronus, mon regard tombe sur le teint chocolaté de Mawell.

Ses doigts triturent nerveusement sa baguette, et heureusement qu'elle est flexible... Elle aurait déjà explosé en morceaux depuis un moment, sinon.

Avec une hésitation que je lui ai rarement connue, il désigne Neville du menton, occupé avec Harry.

— C'est cool ce que tu fais avec Neville.

Je détourne le regard, sans un mot. Encore une fois, c'est lui qui fait un premier pas vers moi. Comme toujours.

Pourtant, il n'insiste pas. Il baisse les yeux, fixant désormais le sol gris.

Alors je soupire, et prends place à ses côtés, prête à lancer un sortilège.

— Alors, le patronus ? Comment ça marche ?

Mawell relève la tête, et les étincelles que je vois dans son regard quand ses yeux croisent mon sourire me chatouillent le ventre.

Il s'approche de moi, prend la pose à son tour.

— Tu dois penser à des souvenirs heureux. Tu sais, comme les Détraqueurs...

Il s'arrête aussitôt de parler, et je me tourne vers lui, sourcil arqué.

— Quoi ? je l'interroge.

Il secoue la tête.

— Rien, tu le sais déjà.

Et là, ça me frappe à m'en couper le souffle. Si Mawell me parle de si peu de choses techniques, c'est parce qu'il pense que je sais déjà tout. Nos conversations ne faisaient que tourner autour de ce que l'autre semblait ne pas savoir.

Je secoue la tête.

— Et alors ? Dis moi.

Mawell hausse les sourcils, et un petit sourire se dessine sur ses lèvres.

— Ils s'abreuvent de ta peur. Quand un Détraqueur t'approche, tu es incapable d'être heureuse. Tout est sombre, tout est froid, tout est glauque.

Pendant un instant, je me demande s'il n'a pas déjà subi l'attaque d'un Détraqueur. Mais c'est impossible, ils ne s'éloignent jamais d'Azkaban.

— Ta seule arme face à un Détraqueur, c'est ton optimiste. Et toi Sky, t'es la personne la plus optimiste que je connaisse.

Je ne peux m'empêcher de sourire, et même de rire.

Alors c'est de cette façon que Mawell me voit ? Il semble deviner que je m'apprête à le contredire, car il ne me laisse pas le temps de parler.

— Je plaisante pas, Sky, me lance alors mon ami avant d'effectuer un élégant mouvement du poignet. Expecto Patronum !

A peine la formule a-t-elle franchi la barrière de ses lèvres qu'un énorme chien bleu et translucide s'échappe dans sa baguette. Imposant et majestueux, il force le respect et l'intimidation, et mon cerveau me renvoie l'image timide de Mawell quand on ne le connaît pas. Est-ce que son patronus peut devenir doux et taquin une fois à l'aise ?

L'animal marche gracieusement au-dessus de nos têtes, avant de venir s'asseoir à mes pieds. Il est tellement grand que même les fesses par terre, sa truffe m'arrive au ventre. Je souris et tends la main vers lui, mais à peine l'ai-je frôlé qu'il disparaît dans une poussière d'étoiles.

— A ton tour, m'agresse mon meilleur ami.

Bancalement, je tends ma baguette face à moi. Bon. Ça ne peut pas être si compliqué, après tout.

— Expecto Patronum !

...

Rien.

Pas même une petite étincelle.

Je secoue légèrement ma baguette, fronçant les sourcils, et recommence. Nouvel échec. Bon sang !

A côté de moi, Mawell se mord les joues pour ne pas rire. Petit insolent.

— A quoi tu penses, quand tu lances le sort ? m'interroge-t-il sans abandonner ce petit sourire amusé.

Je fronce les sourcils -si c'était encore possible, et Mawell se moque une nouvelle fois de moi.

— La grande Skyler Laurel, étrangère au sortilège du Patronus...

— Oh, tais toi un peu...

Son sourire s'élargit, et ça a le mérite de me mettre du baume au cœur.

Par la barbe de Merlin, cet idiot m'a tellement manqué...

— Je te l'ai dit. Tu dois penser à des souvenirs heureux.

— Je pense à des souvenirs heureux, je rétorque.

Il secoue la tête.

— Ah ouais ? Du style ?

Je cligne plusieurs fois des yeux, avant de lui dire.

— Bah... Quand le Choixpeau m'a sortie à Poufsouffle...

Je n'ai pas le temps d'enchaîner que Mawell m'interrompt.

— Pas très heureux, quand on sait que tu voulais aller à Serdaigle.

— Quand on s'est rencontré, dans le train, je reprends en levant les yeux au ciel.

— Tu m'en vois flatté, mais c'est pas vraiment heureux...

Son sourire en coin me donne envie de l'encastrer dans un mur. Et si la Salle sur Demande coopérait et rétrécissait ce coin de la pièce ?

— Ferme les yeux et fais le vide. Cherche un truc. Un truc vraiment heureux.

Après un long soupir, j'obéis.

La nuit tombe alors devant mes yeux, et je tente d'ignorer les conversations diverses dans la salle, tout comme le regard lourd de Mawell sur moi.

Expecto Patronum !

Quand je rouvre les yeux, c'est pour voir s'échapper une petite loutre bleue et légère de la pointe de ma baguette.

Une loutre ? Non. C'est un vison.

Ma mâchoire s'en décroche, et je n'ai plus qu'une question en tête.

Pourquoi un vison ? Une si petite créature, aux griffes acérées, chassée par les Moldus pour leur fourrure si douce...

La voix de Mawell me sort de mes pensées.

— Je comprends vraiment pas ce que tu fous à Poufsouffle.

Mon regard abandonne mon patronus pour retrouver ses yeux noirs. Il sourit doucement quand il me voit l'interroger en silence.

— Tu avais ce regard quand tu réfléchis. Quand tu te poses des questions. J't'en prie, je l'ai vu un trillion de fois en cinq ans ! rétorque-t-il quand je m'apprête à me défendre.

Au lieu de ça, je souris. Parce que j'entends d'ici ma mère rire pendant qu'elle me caresserait la joue, et me dire en plaisantant presque que je suis comme mon père, toujours à chercher des petits détails. Et pour la première fois, je n'ai pas envie de pleurer quand je réalise qu'elle ne me le dira plus jamais.

Harry tape des mains, et nous tournons tous la tête vers lui, nous rapprochant même.

— Bon, et bien... Bon travail tout le monde. Vous progressez, c'est remarquable, et...

Il cherche ses mots un instant, ne sachant décidément toujours pas prendre son rôle de professeur au sérieux. Son regard parcourt la petite assemblée, et quand il croise le mien, je lui souris dans une petite tentative d'encouragement.

Il me sourit en retour.

— Ils vous restent tant à apprendre. Mais vous êtes géniaux, vous y arriverez. On se retrouve la semaine prochaine, faites bien attention à ne pas être suivis !

Tout le monde hoche la tête, approuve, et la salle commence doucement à se vider.

Lorsque l'on arrive dans le couloir, je tourne la tête vers Mawell. Nous sommes les premiers à sortir, alors je m'oriente aussitôt vers les autres, prêts à suivre. Je pose mon index contre mes lèvres. Les yeux sur moi s'écarquillent, et ils approchent plus doucement.

Fred et Georges passent devant, et attendent que je leur indique le couloir original, que je leur désigne en silence.

La porte de la Salle sur Demande n'était pas dans ce couloir quand nous sommes venus. C'est ma mission de le repérer.

La Salle nous aide depuis le début, et ne compte pas s'arrêter là. Elle déplace la porte pour nous permettre de sortir sans problème. Et ici, le problème, c'est Ombrage. Ou plutôt Rusard et la brigade inquisitoriale.

La brigade inquisitoriale... Autant dire les lèches bottes d'Ombrage. Et une nouvelle raison de haïr nos Serpentards favoris.

Autant dire qu'Ombrage n'arrête pas sa propagande. Au contraire. Elle convoque les élèves tour à tour et les interroge dans son bureau au rose maladif, avec une foutue petite tasse de thé.

Elle nous achète.

Ou du moins, elle essaye.

Si elle a eu vent du club fondé pour s'exercer à la magie, elle ignore qui l'a créé, qui le dirige et qui en fait partie. Elle semble espérer que quelqu'un parle. Mais pourquoi le ferions-nous ?

Plus tôt, j'avais prévenu les jumeaux Weasley que Rusard surveillait la zone dans laquelle nous étions sortis... Et ils avaient fait en sorte qu'il soit hors d'état de nous nuire. Quelques chocolats signés Ombrage, et il s'était endormi comme un bébé occamy qui venait d'ingérer son petit cafard. Si adorable.

Hermione m'avait sourit, de ce sourire auquel on ne peut jamais rien refuser. Un merci silencieux. Je crois que c'est plutôt pour ça que je viens à ces cours. Pour être utile. L'apprentissage n'est qu'un supplément.

... Ou peut-être pas.

Peut-être pas vraiment. J'ai besoin de me sentir utile, certes. Mais j'ai aussi besoin de ne plus penser. Et m'entraîner semble être une bonne solution.

Du moins, ça l'était jusqu'à ce que je doive trouver des 'souvenirs heureux' pour un sortilège. Je ne m'étais jamais sentie si triste alors que tout me semblait alors parfait, plongée dans ces moments paradisiaques.

Désormais, Mawell et moi marchons dans les couloirs silencieux, dénués des ronflements des portraits.

L'ai-je déjà dit ? Poudlard n'a jamais été aussi triste.

Trois coups rapides, deux longs et deux autres courts sur un tonneau plus tard, nous pénétrons la salle commune de Poufsouffle. Il est encore tôt, mais la pièce est vide. Tous les élèves sont déjà partis dans leurs chambres, même s'ils ne dorment probablement pas tous.

Alors que je m'apprête à monter vers ma chambre, Mawell attrape mon poignet et me tire vers lui.

Surprise, je hausse les sourcils, me retrouvant face à lui. Mais ce qui me surprend le plus, c'est son visage. Il a l'air à la fois triste, honteux, et pressé. Trop d'émotions passent à travers ses yeux.

Incapable de prononcer un mot, je l'interroge du regard. Il se mord la lèvre inférieure, avant de prendre une profonde inspiration.

— Écoute... Je suis désolé. Pour tout.

Je détourne le regard. Encore une fois, c'est Mawell qui fait le premier pas pour nous.

— Non... C'est à moi de m'excuser.

Il rit doucement.

— T'excuser de quoi ? C'est moi qui ne te dit rien et qui te cache des trucs. Je t'ai sous-estimée, Sky. J'ai cru que tu avais trop à encaisser... Et que tu ne pourrais pas gérer mes problèmes en plus.

Et ça, c'est du Mawell tout craché. S'il vous parle de quelque chose, il vous offre toutes les responsabilités qui vont avec. Je le sais depuis déjà longtemps. Depuis la fois où il avait décidé que c'était de ma faute s'il avait foiré un devoir de potions alors que je lui avais simplement proposé une sortie à Pré-au-Lard. Il aurait pu décliner mais avait sauté sur l'occasion alors qu'il n'avait pas fini ses devoirs.

— Le truc, c'est que... Tu vois, j'ai commencé à parler avec cette fille... Elisa. Elle m'a appris des trucs sur moi. Comme... Ne pas remettre toute la faute sur les autres.

— Donc tu prends toute la faute sur toi ?

Il sourit, amusé, avant de répondre.

— Pour le coup, oui. C'est normal que t'aies explosé d'un coup. On en a parlé, elle et moi.

Il s'arrête, et je hoche la tête. Il semble que cette Elisa a joué le rôle de meilleure amie que je n'ai pas su endosser correctement.

— J'ai raté des trucs...

Mawell pouffe, avant d'approuver.

— Ouais.

Un silence s'installe entre nous. Il ouvre la bouche pour parler, mais non. Pas cette fois. Il est hors de question qu'il fasse toujours et encore les premiers pas. Moi aussi, je dois bouger.

— Je suis désolée de t'avoir ignoré comme ça. C'était stupide et immature. Pardonne moi d'avoir agi comme ça et je te pardonnerai peut-être de m'avoir mis sur le côté comme tu l'as fait.

Ce n'est pas cool. Mais c'est sarcastique. Et il le sait, puisqu'il se met encore à sourire, retenant un rire -après tout, il ne faut pas réveiller les autres.

— Y a rien à pardonner, Sky.

— En effet. Tout est toujours vite pardonné entre nous, Mawell.

Ses lèvres s'étirent à nouveau, et je me rends compte que de toutes ces fois où je l'observais de loin, je ne le voyais pas sourire autant. Lorsque j'ouvre mes bras et les lui tends, une étincelle brille dans son regard. Il s'approche, glissant ses bras autour de ma taille pendant que les miens s'enroulent autour de son cou, et je soupire d'aise.

— Tu m'as manqué, souffle-t-il au creux de mon cou.

J'aurai voulu le garder près de moi encore longtemps, mais ce ne serait pas raisonnable. Alors je le relâche, et il fait de même.

— Toi aussi, tu m'as manqué.

Je me dirige vers les escaliers menant à ma chambre, lui vers la sienne.

— Bonne nuit Sky !

Je pouffe face à son enthousiasme, avant de lui souhaiter une bonne nuit à mon tour.

Mawell est une créature du jour. Le soleil et le sommeil lui vont si bien que j'en suis jalouse.

Moi, je ne dors plus. Les insomnies sont toujours présentes. Dès que je ferme les yeux, je revois chaque visage qui m'a quittée. Alors je ne les ferme plus, jusqu'à ce que la fatigue soit réellement insoutenable. Mais là encore, je me réveille plusieurs fois, jusqu'au lendemain.

Je me glisse dans mon lit, et ferme les yeux.

Pour fuir mes fantômes, je repense aux cours de Harry. À Neville et ses progrès, même s'il ne s'en rend pas compte. À Mawell qui est venu m'aider. À mon patronus et ses souvenirs.

Je repense à ces séances à la bibliothèque avec Mattheo, en première année. En deuxième année. En troisième. On s'y retrouvait toujours, et on lisait. Puis on partageait nos lectures. Il avait cette façon unique de me regarder quand je lui racontais l'histoire que je venais de lire, emportée par mon enthousiasme.

Je repense aux éclats de rire partagés avec Mawell à Pré-au-Lard. Dans les couloirs. Dans la salle commune. Dans les jardins. Près du lac. Partout.

Je repense aux étés à la maison et aux entraînements de Quidditch avec Cédric. Ces fois où il m'accompagnait pour que je lui montre quelques créatures magiques. Cédric avait été le premier à s'intéresser à ces choses qui m'obsédaient. En fait, il avait été bien plus que ça. Mon premier meilleur ami. Mon frère.

Je repense à ma mère, qui essayait de faire la cuisine mais échouait toujours, avant qu'on ne déménage et rencontre les Diggory. Elle était et reste mon héroïne. La force dont elle a toujours fait preuve me coupe encore le souffle. Jamais je ne l'ai vu pleurer mon père... Mais je me souviens de ses sanglots discrets, trois fois par an. Lors de mon anniversaire, celui de mon père, et le sien. Quand revenait la date fatidique à laquelle il nous avait quitté, elle ne pleurait pas. Elle restait silencieuse, comme elle ne l'était jamais. Et je lui accordais son jour de solitude.

Un long soupir, presque silencieux, passe la barrière de mes lèvres. Je sens cette larme perler au coin de mon œil, et je l'ignore. Je garde les yeux fermés, mon souffle reste régulier, et je sombre lentement dans le sommeil.

Une série de cris secs et irréguliers me réveille.

J'ouvre difficilement les yeux, le soleil se glissant par les fenêtres ayant décidé de m'agresser.

Quand ma vision s'adapte finalement à mon environnement, je perçois un léger poids sur ma poitrine, comme deux petits bouts de bois qui reposeraient en parfait équilibre sur moi...

Je me redresse, et un autre cri me fait hausser les sourcils.

— Qu'est-ce que tu fais ici toi ?

Squishy se débat sur mon pyjama et me tire la langue, continuant à crier. Quel gueulard celui-là.

— Il te réveille, abrutie.

Je relève la tête pour trouver Mawell adossé contre le chambranle de la chambre. Mon regard ayant déjà parcouru la pièce, je me rends compte que je suis la dernière levée. Chose rare.

— T'as de la chance que ce soit le seul jour de repos qu'Ombrage nous accorde. Tu dormais si bien que personne n'a voulu te réveiller. Sauf Squishy.

Un sourire se dessine sur mes lèvres, et un rire m'échappe.

— Merci. Ça faisait un moment que j'avais pas si bien dormi.

Mawell hoche la tête.

— Je sais. J't'ai gardé des beignets. T'as raté le p'tit dej.

Il fait un premier pas dans la pièce et vient s'asseoir à côté de moi. Il me tend la nourriture qu'il m'a gardée, et je commence à manger.

— Alors, cette Elisa... Comment elle est ?

Malgré la couleur de son teint, je peux l'apercevoir rougir.

— Elle est... Mignonne.

— C'est tout ?

Mawell me pousse d'un simple coup de coude, nous faisant glousser tous les deux.

— C'est une Serdaigle. Tout l'inverse de toi... Elle aurait voulu aller à Poufsouffle. Elle en a tous les attributs, tu sais. Et elle est vraiment douée en enchantements, pour son âge.

— Son âge ?

— C'est une troisième année. Elle déteste Ombrage pour la simple raison qu'elle a renvoyé Hagrid et supprimé les soins aux créatures magiques...

Cette remarque m'envoie dans un fou rire à elle seule.

— Sérieusement ? Elle a compris ce qui était important au moins.

Mawell secoue la tête.

— Plus sérieusement, le Poudlard qu'elle a découvert en première année lui manque. Comme à nous tous.

J'approuve d'un signe de tête, puis soupire.

— Et toi, avec Mattheo ? Vous aviez l'air proches, pendant un moment...

J'en arrête de respirer.

— Ne me parle pas de cet imbécile, je siffle, les lèvres pincées.

Mon ami semble comprendre, puisqu'il ne relève rien d'autre que son arrière train du lit, avant de me tendre une main que je saisis.

Le Botruc jusque là installé sur mes jambes hurle à nouveau et s'accroche à mes vêtements, provoquant l'hilarité de Mawell.

— Habille toi. Il faut que je te la présente.

J'approuve, et il me quitte, me laissant me changer.

Lorsque je sors de ma chambre, c'est en ajustant ma cravate et coiffant vaguement mes cheveux trop blonds. Mawell m'attend, et nous rejoignons les couloirs.

Parlant de tout et de rien, c'est un gloussement qui me fait tourner la tête alors que nous traversons la cour. Ce rire me prend les tripes chaque fois que je l'entends, et j'ai soudain envie de partir très loin d'ici, un sentiment qui empire alors que mon regard tombe sur eux.

Pansy Parkinson. Blaise Zabini. Draco Malfoy. Theodore Nott. Une pouffe dont j'ignore le nom. Et lui.

Mattheo Riddle.

Lorsque son regard croise le mien, il se met à ignorer la fille qui réclame son attention, ayant ses bras autour de son cou. Il ne lui en accorde pas une miette, trop occupé à me fixer.

Alors je suis la première à regarder ailleurs. Et déjà, Mawell attrape mon poignet pour m'emmener plus loin.

— Sky !

Je regarde à nouveau vers le groupe pour voir Pansy courir vers moi, visiblement ennuyée.

— Je viens avec vous. Où que vous alliez.

Je sens la prise de Mawell sur mon poignet se resserrer : il n'apprécie pas la présence de Pansy autant que moi. Pourtant, je souris à mon amie.

— Bien sûr !

Mawell bloque ses iris si noirs dans les miens si gris, interloqué. Je tente de le rassurer d'un petit sourire. Malheureusement, il paraît encore plus crispé.

Mais avant que nous fassions un pas pour partir, un cri nous arrache à notre objectif, dirigeant une fois de plus notre attention vers les rois de Serpentard. Et là, le spectacle est presque jouissif.

Je n'aurai jamais cru dire ça un jour, mais je remercie Ombrage et ses manies sur les couples qui perturberaient l'apprentissage.

La petite femme en rose se tient là, face à nos garçons préférés. Ses petites mains tiennent chaque bout de sa baguette, qui a probablement servi dans les dernières secondes.

Oui, je vous le confirme, elle s'en est servie. Il s'agissait certainement d'un genre de Repulso, car la fille qui pendait un instant plus tôt à cou de Mattheo se trouve désormais au sol, une quinzaine de mètres plus loin.

Ce qui m'intrigue, c'est que lui, ayant également fini par terre, ne s'inquiète pas du tout pour la demoiselle en détresse.

Non, son attention est plantée sur moi. Son regard dans le mien.

C'est à cet instant exact que mon sourire s'efface et que le sien apparaît.

Son sourire.

Ce sourire qui me donne envie d'agripper sa cravate, de l'attirer à moi et de lui hurler d'arrêter ça.

Ça quoi ? À vrai dire, je n'en sais rien. Mais qu'il arrête.

De me faire ressentir toutes ces choses contradictoires, probablement.

Cette envie de l'avoir près de moi. Cette envie de ne plus jamais le regarder. Ce besoin de le chercher, peu importe où je puisse être. Ce besoin de toujours savoir ce à quoi il pense.

Bon sang, il me rend folle, et il ne s'en rend même pas compte.

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