chapitre quatre.

- Pour la énième fois, non ! Pansy, arrête.

Matthéo soupira. Bon sang, qu'est-ce qu'elle était lourde, quand elle s'y mettait...

Cela faisait une semaine que Laurel et Riddle s'étaient réconciliés. Une semaine que Parkinson était persuadée qu'ils sortaient ensemble. Après tout, elle avait toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de spécial dans le regard de Matthéo, quand il la regardait. Il savait tout sur elle. Du moins, il s'intéressait beaucoup à elle. C'était assez étrange, en fait. Mattheo Riddle, s'intéresser à quelqu'un ? Trop bizarre.

Et pourtant...

Pansy ne voyait que cette vérité.

Matthéo aimait Skyler. Il était dingue d'elle.

Et elle n'avait peut-être pas tort.

Il avait passé trois semaines de cette nouvelle année à se lamenter -selon Dame Parkinson- parce que la bonde refusait de lui adresser le moindre regard. Mais voilà. Ils se parlaient à nouveau, se revoyaient à la bibliothèque.

Il la soutenait. Parce que les choses étaient dures pour elle. Elle avait toujours des moments d'absence, où elle pensait à Cédric -il en était persuadé.

Et la récente dispute avec Mawell ne l'aidait pas.

Après « Laurel et Riddle : l'ignorance », Poudlard découvrait « Laurel et Hudson : l'inexistence ».

C'était comme si l'un n'existait plus aux yeux de l'autre. Pourtant, c'était sûr, évident même : Skyler avait besoin de Mawell, et Mawell avait besoin de Skyler. Mais leur réconciliation ne tarderait pas. Au pire, Matthéo leur flanquerait son pied aux fesses.

Puis il y avait cette fille. Elisa. Elle et Mawell s'étaient rapprochés, cette dernière semaine, et ça rendait Skyler folle. L'idée d'être remplacée la rendait folle. Et cette soudaine jalousie ne faisait qu'énerver le brun.

Il avait déjà trop perdu l'année précédente. Une lettre de sa mère l'avait retenu alors qu'il comptait demander à Skyler de l'accompagner au bal de Noël. Résultat, un autre avait tenu son bras à la première danse.

La première danse. Oui. Seulement la première danse. Parce que l'autre cervelle de semoule avait fini par la délaissée. Décidément, Matthéo ne comprendrait jamais les Dumstrang. Il n'en connaissait pas un seul d'intelligent. Grâce à Merlin, son cousin n'avait pas été envoyé là-bas : Imaginez Draco Malfoy, mais complètement crétin ?

En la voyant seule, assise à une table, il avait sauté sur l'occasion. Les mains dans les poches, il avait marché vers elle, et s'était moqué d'elle.

"Alors Laurel, notre cavalier nous a abandonnée ?"

Elle avait soupiré, et détourné le regard. Les yeux bruns du Serpentard avaient suivi le chemin de ses prunelles bleutés, pour tomber sur Diggory. Elle devait espérer que celui-ci laisse sa demoiselle pour faire danser sa supposée sœur. Matthéo avait froncé les sourcils avant de lui prendre la main pour la faire se relever.

"Qu'est-ce que tu fais ?!"

Elle n'avait cependant opposé aucune résistance. Elle avait même souri.

"Tu comptes pourrir ici toute la soirée ? Le prince de Serpentard t'offre une danse ou deux, tu devrais accepter."

Ses lèvres s'étaient soulevées en un sourire narquois, et Skyler avait secoué la tête en gloussant.

"T'es bête. C'est Malfoy, le prince de Serpentard... Toi, t'es qu'un de ses subordonnés," avait-elle rétorqué.

Il aurait pu se vexer. Mais le sourire de la jeune fille qu'il avait su refaire surgir valait toutes les excuses du monde après s'être moquer de son altesse Riddle le magnifiquement narcissique.

"Arrête tes conneries."

Son sourire à lui non plus n'avait pas disparu. Il l'avait entraînée sur la piste de danse et l'avait faite tournoyer toute la nuit. Le rire de Skyler était une mélodie dont jamais il ne se serait lassé. Un remède pour ses coups au moral. Un remède tout court.

Elle lui avait marché sur les pieds trente-cinq fois, dont sept sans le faire exprès. Matthéo ne se souvenait pas avoir autant rit. La main sur sa taille, frôlant le tissu pourpre de la robe de Skyler, il l'éloignait et la ramenait à lui. Il y avait eu plusieurs slows. Et au dernier, elle avait posé sa tête sur son épaule. A cette époque, il était à peine plus grand qu'elle... Elle ne cessait de se moquer de lui. Sauf ce soir-là. Elle avait autre chose en tête. Se changeait les idées, peut-être. Danser avec son ami.

Son ami. C'était comme ça qu'elle le voyait, aux dernières nouvelles. Enfin, jusqu'à cet instant.

Vint un moment où il se moqua d'elle, toute rouge. Elle était épuisée et avait chaud. Il n'hésita pas. Sa main dans la sienne, il la tira hors de la salle. Il se mit à courir, et elle s'efforça de la suivre.

" Matthéo ! Ralentis, j'ai une robe, moi..."

La pauvre peinait à le suivre, dans sa longue robe de bal certes jolie, mais guère pratique. Elle ne regardait pas devant elle, occupée à éviter de marcher sur les pants de dentelles.

"Démerde toi, Laurel."

Elle avait fait la moue, sans répliquer. A quoi bon ? Il essayait certainement de la distraire pour qu'elle tombe, et lui sortir une connerie du genre 'Alors Laurel, on est tombé sous mon charme ?'.

Il était sorti. L'enceinte du château était loin derrière, et ils ne cessaient de croiser des couples qui se bécotaient un peu partout. Décidemment, les joies de la Coupe de Feu...

Il s'était arrêté d'un seul coup. Et Skyler, trop occupée à surveiller ses pas, lui rentra dedans. Elle avait écarté les lèvres pour s'excuser, mais était restée bouche-bée face au spectacle. Ils étaient face au lac. Il faisait nuit, et le ciel était vide de nuage. Seules la lune et les étoiles les éclairaient, mélangeant chaque constellation. C'était magnifique. Elle regardait le ciel pour la première fois depuis longtemps et le trouvait nu, dans sa seule beauté naturelle. Il ne faisait même pas si froid, pour une nuit d'hiver. Elle fut étonnée de découvrir une telle scène. C'était agréable. L'air frais contrastait toutefois avec la main brûlante de Matthéo contre sa paume.

"Bah alors ? T'as perdu ta langue ?"

Elle n'avait pas répondu, seulement tourné la tête vers lui. Les étoiles brillaient dans ses yeux, et il crut un instant qu'elle allait se mettre à chialer.

"Qu'est-ce qui te prend ?"

Elle secoua la tête.

"Je suis juste contente. D'être là. Avec toi. Merci."

Puis elle avait souri. Un sourire triste, un sourire beau. Qui trahissait toutes les inquiétudes qui s'acharnaient sur elle. Le soulagement de cette soirée pas foirée, alors que son cavalier l'avait abandonnée. Et... Il devait y avoir autre chose.

Être là. Avec toi.

Ces mots résonnèrent dans sa tête, alors qu'il la fixait sans savoir quoi répondre. La langue la plus pendue de Serpentard, incapable de répondre ? C'était du jamais vu. Pourtant, c'était le cas. Il n'avait rien à répondre, et ne cherchait pas vraiment à le faire. Son regard chuta sur les lèvres roses de Skyler, et elle tressaillit en le constatant. Il fit un pas vers elle, entrelaça leurs doigts. Il n'avait pas lâché sa main une seule fois depuis qu'il l'avait prise pour fuir le bal, et il ne comptait pas le faire.

Elle releva la tête vers lui, son regard ciel de printemps planté dans les yeux magiques face à elle. Elle aurait pu rester là pendant des heures, à l'observer. La dilatation de ses pupilles ne lui échappa pas quand il fixa sa bouche. Elle savait qu'il en avait envie. Elle le sentait. Elle le voyait dans son regard, dans son souffle un peu trop rapide. Elle en voulait tout autant. Elle le devinait à son cœur qui battait trop vite, à son sang qui courrait dans ses veines comme si elle allait en être à court et tomber dans les pommes. Peut-être allait-ce arriver.

Mais rien n'arriva. Il était proche, elle était proche. Ils pouvaient sentir le souffle de l'autre, attendant qu'il ou elle fasse le dernier pas. Matthéo n'osait pas. Il était terrifié à l'idée qu'elle le rejette et regrette de l'avoir suivi. Elle était confiante. Elle voulait qu'il tente de prendre ce qu'il voulait, comme il le faisait toujours. Le voir ainsi était un plaisir. Elle ne l'avait jamais trouvé aussi désemparé.

"Tu me tues, Sky."

C'était vrai. Il savait ce qu'elle faisait, ce qu'elle attendait. Les lèvres de Skyler s'étirèrent doucement en un nouveau sourire, auquel il ne résista pas. Il se pencha encore vers elle, et ses lèvres effleurèrent les siennes. Ou peut-être un peu plus. Peut-être.

- Bon sang, je vais vomir.

Matthéo sortit du labyrinthe de ses souvenirs au son de la voix de Skyler, qui venait d'arriver. Il leva les yeux au ciel : ça y est, ils étaient repartis pour un tour. Pansy encouragea la blonde, ce qui lui valut un regard noir.

- Je t'accompagne aux toilettes, si tu veux... Ce serait dommage d'abîmer tes cheveux pour si peu.

- Vous êtes terribles. Il n'a rien fait.

Skyler fronça les sourcils, et tourna une nouvelle fois la tête vers la table à l'autre bout de la bibliothèque. Son regard croisa celui de Mawell, et les doux yeux noirs de ce dernier se mirent aussitôt à lancer des éclairs. Et Matthéo soupira.

- Super. S'il n'aide pas non plus, je peux plus rien faire.

Pansy ricana, et prit la main de Skyler.

- Tu sais quoi ? Tu devrais jouer au même jeu que lui. Puisqu'elle a décidé de s'assoir sur ton meilleur ami, assieds-toi sur quelqu'un d'autre pour montrer que tu t'en fiches ! Elle arrêtera tout de suite.

Au grand bonheur de Matthéo, Skyler ne prit pas ce plan sérieusement.

- C'est tellement puéril. Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire ? Sky, tu pourrais aller t'excuser et toute cette histoire serait réglé.

Malheureusement, elle s'offusqua.

- M'excuser ? C'est sa faute à lui ! Une relation, c'est donnant donnant ! Et il ne me donne rien de lui ! J'ai l'impression qu'il ne me fait pas confiance alors qu'on se connait depuis cinq ans. C'est comme si tout ce temps je me confiais à un inconnu.

Quelque part, elle avait raison. On n'avait jamais vu Mawell retourner vers quelqu'un avec qui il s'était disputé. Ça avait beau être Skyler cette fois-ci, il ne changerait peut-être pas ses habitudes.

- Comme tu veux.

Et il se leva, exaspéré. Lui qui était venu à la bibliothèque pour être tranquille, il avait obtenu tout l'inverse.

- Où est-ce que tu vas ?

- Vomir aussi. Mais pas à cause de Mawell.

Ce fut au tour de Skyler de secouer la tête. Elle ne répondit pas, récupéra son livre pour replonger dedans. Vu la couverture, il devait parler d'animaux fantastiques... Rien d'étonnant. C'était tout ce qui la passionnait depuis la troisième année.

Matthéo quitta la bibliothèque, frustré. Il avait peut-être réussi à se rapprocher de Skyler grâce à cette soudaine dispute, mais elle durait un peu trop à son goût. C'était le seul sujet qui revenait chaque jour, encore et encore. Mawell. Mawell. Mawell et encore Mawell. Il en était tellement énervé qu'il n'essayait même pas de le cacher. C'était probablement ce trait de caractère qui lui valait souvent des emportements menant à des jeux de mains. Probablement.

Il s'engagea sur le pont de bois. Sa main plongea dans une poche et ses lèvres s'étirèrent quand ses doigts touchèrent l'objet convoité. Il sortit une cigarette de sa poche, obtenue par les grâces de monsieur Nott qui appréciait se balader chez les moldus. Sa clope en bouche, il se remit à fouiller ses poches, à la recherche d'un briquet qui ne s'y trouvait visiblement pas. Un soupire de frustration lui échappa, quand apparue soudain une ombre à côté de lui, qui lui tendait sa conquête.

Théodore alluma le briquet, son regard perçant planté dans celui de son meilleur ami qui le fixait de la même façon en penchant la tête vers lui pour que le bout du bâton de papier prenne lentement feu. Mattheo aspira alors une bouffée de nicotine, avant de sourire, satisfait.

- Toi, t'as un truc.

Matthéo n'essaya même de lui donner tort. A quoi bon ? Ce mec le connaissait beaucoup trop, c'en était presque flippant, parfois. Théodore le compris immédiatement : il avait vu juste. Il se tourna vers une barrière et s'appuya dessus. Il soupira, et son souffle chaud libéra une légère fumée en rencontrant l'air froid d'hiver.

- Sky ?

Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Et pour cause. Le silence de son meilleur ami suffit à lui confirmer qu'encore une fois, il avait vu juste.

Matthéo le rejoignit contre la barrière, tira une lourde taffe sur son mégot. Il ne savait pas vraiment quoi dire, même s'il était persuadé que peu importait les conneries qu'il balancerait, Théodore saurait toujours trouver le grain de vérité dans ses pensées les plus tordues.

- Y en a toujours que pour l'autre.

Théodore tendit la main vers la clope et la prit pour fumer à son tour.

- Tu pourrais avoir n'importe qui d'autre, Matt. Je comprends pas pourquoi tu te prends la tête avec une tête de mule pareille.

- Moi non plus. Mais elle est la seule à me faire ressentir tout ça.

Nott secoua la tête.

- Arrête. Tu l'as embrassée une fois. Depuis, quoi ? Absolument rien. Elle a même fait comme si t'existais pas.

- Ça me fait un point commun avec Mawell. Rends-moi ça, Théo.

Mais il n'en fit rien. Matthéo soupira et détourna le regard. Au fond, son ami avait raison.

- Tu devrais peut-être abandonner.

Ses yeux bruns coururent s'accrocher à ceux, plus sombres, de Théodore. Son visage était refermé, comme s'il venait d'entendre une mauvaise blague -il espérait sincèrement que c'en était une.

- Me regarde pas comme ça. On dirait que je viens de te demander de faire un câlin à Ombrage.

Matthéo leva les yeux au ciel. Décidément, que de conneries. Mais il savait que son meilleur ami avait toujours eu raison, même sans avoir été acteur dans ce genre de situation. Il faisait un spectateur largement suffisant. Théodore ne disait pas grand-chose à moins d'être bourré, ce qu'il ne laissait jamais arriver. Mais quand il parlait, il était ce que les gens appellent généralement « la voix de la raison ». Il était ce personnage flippant dans une histoire que toutes les nanas adoraient : canon, froid, distant, intello, et observateur.

- Alors tu comptes continuer ?

Il n'en savait absolument rien.

Matthéo voulait continuer. En fait, il ne voulait juste pas arrêter de voir Skyler. De lui parler. De rire avec elle. De penser à elle. Il ne s'en pensait même pas capable. Il souhaitait n'avoir jamais à le faire.

Peut-être qu'il n'aurait pas le choix. Peut-être qu'elle le rayerait de sa vie, encore une fois. Théodore avait l'air de penser que puisqu'elle l'avait fait une fois, elle serait bien capable de recommencer.

Par la barbe de Merlin, il ne voulait même pas y penser.

- J'en sais rien, Théo. J'en sais foutrement rien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top