chapitre deux.

Le défilé de premières années était moins intéressant que d'habitude. Skyler ignorait pourquoi. Simplement, il n'était pas aussi vibrant d'énergie. Peut-être était-ce simplement qu'elle n'avait pas le moral à être le rayon de soleil de la maison, ou Mawell qui n'avait pas dit un mot depuis... L'incident du train, ou encore le regard de Mattheo qui ne la lâchait pas. Peut-être était-ce le total, au final.

Allongée dans son lit, elle écoutait le calme de la chambre. Pourtant, elle n'était pas seule, et ses camarades aimaient colporter. Elles avaient visiblement fait vœu du silence. Elle n'entend rien. Absolument rien. Cette pièce toujours vive... Ces nuits durant lesquelles Skyler leur demandait de faire moins de bruit, désireuse de plonger dans les bras de Morphée... C'en était malaisant. Elle se leva, quitta la pièce. Pour aller où ? Elle l'ignorait.

Ses pas la guidèrent hors de la salle commune, aux allures réconfortantes et lumineuses malgré l'obscurité de la nuit. Elle longea le couloir, sans un bruit. Les habitants des tableaux qui ne dormaient la regardaient avec le même sentiment de pitié, elle fixa le bout du couleur, en face d'elle.

— Bonsoir Skyler. Je ne te connaissais pas des insomnies, dis moi...

Elle tourna la tête vers la gauche, où trônait un portrait. C'était une jeune fille de dix-neuf ans. La pauvre avait une terriblement mauvaise mémoire. Depuis les siècles qu'elle existait, ajoutés à ceux-ci les autres qu'elle avait passés ici, elle confondait tout. Elle avait mis trois ans à retenir le nom de Skyler.

— Bonsoir Myladie.

— Je te trouve bien pâle ! Est-ce que tout va bien ?

Un portait plus éloigné gloussa, et fut vite repris par un autre. Elle n'y prêtait pas attention.

— J'étouffe un peu dans ma chambre. Je voulais prendre l'air.

La demoiselle lui offrit un beau sourire, où se lisait toute l'innocence du monde.

— Tu devrais aller voir au sommet de la tour d'astronomie.

Skyler lui sourit à son tour, comme soulagée, ou enchantée. Myladie, puisqu'elle ignorait son propre nom, était toujours de bon conseil.

— Merci. Bonne nuit.

Et elle était repartie. Elle monta l'escalier en colimaçon, le bruit de ses pas sur le fer l'effrayant légèrement. Et si Rusard l'entendait ?

Le vent frais la prit de court, et elle respira enfin. Peu importe. Tous ses soucis s'envolèrent avec la brise. Elle fit un pas en avant, puis un autre. Et ainsi de suite jusqu'à ce que ses mains se posent sur la barrière qui l'empêchait de tomber.

Le château paraissait plus petit, d'ici. Elle voyait tout, distinguait même les petites lumières de Pré-au-Lard, là-bas.

Elle se sentait en paix, son regard perdu dans le paysage.

Les étoiles sintilaient doucement, et un fin croissant de Lune semblait régner sur l'immensité du ciel.

C'était beau.

C'était magnifique.

Elle était bien.

Le lendemain, elle se dépêcha de se rendre au cours de défense contre les forces du mal.

— Dépêche toi Mawell ! On est en retard !

Skyler avait rejoint son ami dans son lit, afin d'enfin trouver le sommeil. Les camarades de chambre de Mawell n'avaient pas voulu les réveiller, les trouvant, d'après leur dire, "adorables emboîtés de cette façon". Les gens ne croyaient pas instant que les deux étaient simplement meilleurs amis. Et pourtant, ils l'étaient. C'était clair entre eux, ils en avaient parler plusieurs fois. Leur relation était la plus platonique qui soit.

— On est déjà en retard, Sky. avait-il rétorqué en insistant sur ce petit troisième mot.

— Pas la peine de l'être encore plus ! On ne connait pas ce nouveau professeur...

— Bah, ça change tous les ans, on a l'habitude...

— Mawell Hudson, tu vas te dépêcher ou je veux te teindre les cheveux en bleu.

Il grimaça. Il n'aimait pas le bleu, et cette réaction fit rire la blonde.

Ils arrivèrent finalement, et Skyler toqua à la porte. Elle entra, suivit de son brun.

— Excusez nous pour le retard...

Toutes les têtes de tournèrent vers eux, toutes étonnées. "Skyler Laurel et Mawell Hudson sont en retard". C'était le nouveau scoop. Bravo le début d'année.

— Mademoiselle Laurel ! Ce n'est pas parce que vous avez perdu un membre de votre famille qu'il faut vous permettre de négliger votre scolarité.

Elle en eu le souffle coupé. Certes, cette petite femme, toute vêtue de rose, n'avait pas tord. Mais c'était un coup dans le ventre sur Skyler venait de se prendre.

— Madame, ça n'arrivera plus. Excusez-nous.

Mawell et son attitude lassé. Il n'aimait pas cette femme. Qui était-elle ? Skyler n'avait pas vraiment écoutait lors du repas de la veille. Elle suivit Mawell, qui était partit s'assoir, sous le regard rouge de la professeur. Ses joues se gonflèrent de mépris, et elle s'approcha. D'un seul geste de sa part, un filet rouge apparu sur la joue du garçon. Son regard ébène rivé sur la table, il semblait choqué et incrédule. Skyler, elle, cessa de respirer. Que s'était-il passé exactement ?

— Vous viendrez tous les deux en retenue.

Et elle se retourna.

— Bien, je vais recommencer les présentations. Ainsi, ceux qui dormaient et qui sont enfin réveillés rattraperons leur retard.

Elle fixa chaque élève tour à tour avec un sourire tendrement malsain.

— Je suis Dolores Ombrage, et le ministère de la Magie m'a confié la tâche de suivre le directeur de cette école, afin de juger s'il est toujours apte à s'occuper de son établissement.

— Le professeur Dumbledore est tout à faire apte à gérer Poudlard ! s'écria un élève de Griffondor.

— Un élève est mort l'année dernière, jeune homme. Je n'appelle pas cela être apte à "gérer Poudlard".

Non, elle ne l'aimait pas. Tout le monde, élèves et cadres de l'école, aimait Dumbledore. Même ceux qui disaient le contraire. Et il paraissait clair que personne n'appréciait cette Dolores.

La voix qui s'éleva ensuite pétrifia ceux qui ne l'étaient pas déjà.

— Ce n'était pas un accident. Voldemort a tué Cédric Diggory.

Harry Potter. Skyler le portait comme responsable de la mort de Cédric. Pourtant, elle était incapable de lui en vouloir. Elle voyait cela comme une faiblesse, et c'était une chose qu'elle n'aimait pas, qui l'énervait.

Pourtant, elle étouffa un sanglot qu'elle voulu silencieux quand Harry prononça ces mots. Elle s'y était faite. Du moins, elle le croyait. Mais entendre la vérité n'était qu'une façon de retourner le couteau dans la plaie. C'était douloureux. L'oxygène se retrouva coincé à l'extérieur, trop lourd pour se frayer un chemin jusqu'à ses poumons. Skyler fixait son papier de parchemin vierge.

Le papier jaune, innocent. La plume ne l'a pas encore touché.

"Ferme les yeux Sky. C'est qu'un mauvais rêve."

Oh, Cédric. Si seulement il pouvait encore être là pour l'aider.

"Tu te souviens du niffleur dans le lac ?"

Oui. Elle avait plongé, encore toute habillée, pour le sortir de là.

"Je n'avais encore jamais vu un niffleur nager. Peut-être parce qu'ils n'ont pas de talent flagrant pour cette discipline..."

Elle se mordit la lèvre, une larme perla sur sa joue. Elle n'entendait plus rien. Ne sentait plus rien. Jusqu'à ce qu'une main se pose sur sa cuisse. Elle rouvrit aussitôt les yeux. C'était Mawell, ses beaux yeux noirs foudroyant la femme enroulée de rose. S'il avait pu tuer de cette façon, alors le tendre Hudson se serait retrouvé à Azkaban.

Elle se concentra sur la chaleur de sa paume contre son épiderme, le débat de la professeur et de Potter lui parvenant enfin. Alors que Skyler relevait la tête pour les écouter, son regard en rencontra un plus ténébreux, qui lui arracha un frisson.

Les gens parlaient souvent de la haine cachée dans ses globes oculaires. Du manque de passion qu'on aurait dû y lire au lit. Du sourire qu'on y voyait quand il se battait.
Elle n'avait jamais aperçu quoi que ce soit de ce genre. Et là encore, elle n'y voyait rien d'autre que son inquiétude alors que le souffle lui manquait toujours.

Mattheo Riddle la fixait, intensément. Inquiet, en effet. Skyler descendit son regard vers sa cicatrice. Sa mâchoire. Son cou alors qu'il tournait la tête dans sa direction. Les lèvres pincées, on aurait dit qu'il débattait intérieurement entre son envie de s'approcher, de rester à sa place pour ne pas s'attirer encore plus les foudres de la nouvelle professeur, qui allait forcément l'avoir à l'œil, et son besoin de reporter sa colère contre quelqu'un -occasion qu'on venait de lui servir sur un plateau d'argent.

L'air entra alors, doucement, mais lui brûla les poumons. Elle attrapa la main de son voisin, toujours sur sa peau, qui sursauta, surpris : elle n'avait pas bougé depuis un moment. Mais Mawell n'hésita pas, serra ses doigts contre les siens. Elle respira plus doucement.

L'heure se termina, l'ambiance d'allégeant au moment de quitter la pièce. Tout se faisait dans le silence le plus complet, personne n'osait parler. Le regard d'Ombrage planait toujours au dessus de leurs têtes tel une épée de Damoclès. Mais dès qu'ils furent enfin éloignés de la salle, les premiers murmures se firent entendre.

— Elle a l'air affreuse.

— Tu as vu tout ce rose ? J'en avais mal au crâne...

— Taisez vous, elle a l'air capable de soudoyer les peintures pour connaître les ragots !

Les portraits les fixaient, sans comprendre ce que les élèves racontaient. Mawell s'approcha de Skyler.

— Dans quel enfer on est tombé bordel ?

Elle aquiesca.

— J'en sais rien. Mais la normalité ne semble pas exister à Poudlard.

Le brun soupira.

— Quelle merde. L'autre folle là...

Cette fois, Skyler ne répondit pas. Cette folle. C'était le bon terme à utiliser. Elle n'allait pas l'apprécier, loin de là. Cette Ombrage ne lui disait rien qui vaille. Enfin, elle occupait le post de professeur des défenses contres les forces du Mal, après tout. Et nul n'échappait à la règle.

— Heureusement qu'on a une heure de libre !

— Alors on se met à flâner, Hudson ?

Pansy Parkinson surgit de nulle part, son sourire narquois toujours collé à ses lèvres rougies. Derrire elle, Blaise Zabini leva les yeux au ciel.

— Fous lui la paix Pansy.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il te le demande.

Cela ressemblait à un mauvais jour pour Mattheo Riddle. Lui qui plaisantait toujours sur tout avec Parkinson, l'entendre lui répondre de d'une façon si froide et énervée était une première.
La brune fit la moue, mais sembla se ranger. Elle raffermit sa prise sur ses livres, puis reprit sa route, suivie de tout son beau monde. Theodore Nott se tourna cependant pour leur jeter un dernier regard. Ses yeux étaient bien trop mystérieux pour que les deux amis puissent comprendre ce que cela signifiait. Sûrement rien de bon.

— J'vais retourner au dortoir, Sky. Je suis crevé.

Elle le fixa, puis hocha la tête.

— D'accord.

Skyler savait qu'il se passait quelque chose. Elle savait que quelque chose manquait à sa connaissance. Mais si Mawell agissait comme si de rien n'était, il y avait bien une raison. Mawell Hudson n'avait jamais de problème.

Où aller quand vous étiez seuls à Poudlard ? Même Merlin l'ignorerait suivez simplement vos pas, ils sont votre meilleur guide. Skyler marcha, longea ces couloirs qu'elle avait vu et revu des centaines de fois. Elle était sereine, et s'en voulait presque. Avait-elle déjà oublié Cédric ? Le pincement au cœur que lui arracha cette pensée lui prouva que non. Il était toujours là, bien caché au creux de sa poitrine.

Elle avait bien dû faire le tour du château quand elle en quitta l'enceinte, avant de suivre le sentier jusqu'au lac. Elle finit sans mal par y arriver. Il devait peut-être être onze heures.
Elle s'assit en tailleur sur la berge, et fixa l'eau calme. Calme, à l'exception des légers remus qui apparaissaient quand un poisson remontait chercher de l'air. Elle inspira profondément, ferma les yeux.

Soudain, quelque chose se mit à lui gratter la main. Elle rouvrit les yeux et fixa ses doigts, enlacés entre ses jambes.

Un Botruc tentait de lui grimper dessus.

Elle la laissa terminer son chemin, lui offrant ses paumes, après quoi elle ramena ses mains près de son visage.

— Salut toi.

La petite bête lâcha un petit cri, et un petit sourire apparu sur les petites lèvres de Skyler.

— Oui, je suis contente de te revoir aussi Hulo.

La branchette eut un semblant de sourire, partit du mieux qu'elle le pu se réfugier au creux du cou de la jeune fille, qui soupira.
Hulo avait connu des jours meilleurs, Skyler en était persuadée. Mais quand elle l'avait trouvé, agonisant presque noyé au bord du lac, elle avait été sûre qu'elle n'aurait jamais le temps de le connaître. Providence en avait décidé autrement, et la créature avait survécu. Hulo parvenait aujourd'hui à se débrouiller avec l'absence d'un bras.

Elle sentit tout à coup une présence, et elle tourna la tête vers quelqu'un qui s'asseyait tranquillement à ses côtés.

— Salut ! Tu vas bien ? On n'a pas vraiment eu l'occasion de se voir depuis la rentrée.

Skyler sourit, puis regarda à nouveau les eaux paisibles.

— C'est vrai. Je crois que ça va. Et toi Luna ?

Ses cheveux au blond pâle tombait en cascade sur ses épaules, qu'elle haussait pour compléter son petit sourire satisfait.

— Plutôt bien oui ! Les autres parlent déjà de toi, tu te rends compte ?

— Comment ça ?

— Tout un cours perdu parce que tout ce qui concerne ton défunt petit-ami te fait réagir au quart de tour...

— Cédric n'est pas mon petit-ami !

"Est".

Était.

La peine qui traversa furtivement le regard de Luna lui brisa le cœur.

— Je sais. Mais c'est ce que pense le professeur Ombrage. Tu sais ce que dis Harry ? Que Tu-Sais-Qui l'a tué. Mon père le croit, et moi aussi.

Son père l'idolâtrait. Évidemment qu'il croyait tout ce qui sortait de la bouche de Harry Potter.

Mais ce n'est pas sur cela que restait coincé l'esprit de Skyler.

— Quoi ?

Elle ne savait rien. Parce qu'on l'avait tenue dans l'ignorance. Alors que tous savaient à quel point elle l'avait aimé.

Comme un frère.

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