chapitre cinq.
-SKY-
Deux mois.
Il peut s'en passer des choses dans une vie, en deux mois.
Et pourtant, il ne s'est rien passé dans la mienne. Absolument rien. Je me suis seulement rapprochée de Pansy, de Blaise et Draco, même si ce dernier reste distant.
Par contre, Mattheo s'est éloigné. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Il l'a juste fait. À charge de revanche, probablement. A moins que quelque chose d'autre ne l'ait éloigné.
Oh... Où en serions-nous si j'avais eu une réaction différente cette nuit-là ?
Le lendemain de cette soirée, je l'avais ignoré.
Mattheo Riddle m'a embrassée au bal de Noël, et je l'ai ignoré après ça.
Bon sang. De toutes les conneries que j'aurais pu faire, celle-là était la pire. Parce que j'avais adoré le savoir si proche. Le goût sucré de ses lèvres. Ses paumes brûlantes sur mes joues. Son souffle qui s'accélérait, probablement par peur que je ne le rejette.
Moi? Le rejeter? Aucune personne censée ne ferait ça. Il fallait être aveugle pour ne pas le trouver attirant. Mes goûts en matière de garçons sont peut-être clichés... Mais j'adorai ça, au final. Je voulais aimer un garçon plus grand que moi, aux cheveux sombres et bouclés et dont les yeux tout aussi noirs pouvaient m'entraîner dans des profondeurs dont je n'aurai jamais soupçonné l'existence. Et je l'avais trouvé. Un prince de Serpentard. Le fils de Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom. Alors là, niveau ténébreux, j'avais décroché le jackpot.
Alors non, je ne l'avais pas rejeté. Je l'avais gardé contre moi, glissant mes doigts dans ces mèches qui tombaient dans sa nuque, et par la barbe de Merlin, il avait aimé ça. Il ne l'avait pas caché, ses lèvres se redressant en un autre de ses sourires en coin. Foutus sourires. Je n'avais qu'une envie, les lui faire bouffer un jour. En attendant, c'était moi qui les ai goûtés.
Qui les avais goûtées.
Hé oui. Puisque j'avais fui, le lendemain.
Je ne l'avais pas approché, pas regardé. Puis Cédric était sorti vainqueur de l'épreuve du lac. Et ainsi de suite. Les choses s'étaient enchaînées si vite, trop vite. A la rentrée, je n'avais toujours pas été capable d'affronter la vérité, perdue dans mes sentiments envers Mattheo.
Le garçon que j'aimais, je crois.
Le garçon dont le père avait fait tué son frère comme un vulgaire insecte. Ça, j'en suis sûre.
Aujourd'hui encore, je ne sais plus vraiment où j'en suis avec lui.
Tout est étrange. Incompréhensible. Pourtant, j'adore ça. En même temps que je déteste ça. Malheureusement, mon cerveau semble plutôt se concentrer sur ma colère.
Et de la colère... J'en ai tout un stock. Ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas ma faute si le Monde s'acharne de cette façon sur moi.
Dans la vie, tout a un prix. Même les choses les plus simples. Si ce n'est pas quelqu'un qui vous réclame quelque chose, le temps vous rattrape. J'en ai fait les frais, bien trop souvent. Si le bonheur n'est de venue qu'avec la peine, je n'en veux pas. Je n'en veux plus.
Je ne veux plus aimer et m'endormir toute excitée comme une de ses adolescentes romantiques pour voir ma vie s'effondrer le lendemain.
C'est triste, mais à vouloir toucher les étoiles, nous nous sommes seulement rapproché du sol, dur et froid.
★
L'hiver est là.
Je dis ça comme ça, vous ne pouvez pas le deviner.
Mais l'hiver est là. Et rien n'a changé, à part la neige trop blanche qui s'agrippe aux toits de Poudlard et crisse sous les semelles.
Ça, et la dictature d'Ombrage. Cette femme est un monstre. Je commence à croire que quiconque la supporte n'a plus à craindre les Mangemorts et les Trolls.
Elle a retiré tous les tableaux. Tous. Probablement parce qu'ils pourraient aisément avertir Fudge de ce qu'il se passe ici. C'est évident qu'il ne lui a jamais demandé ça. Surveiller Dumbledore, je veux bien y croire. Mais Dumbledore n'est plus là. Alors à quoi ça sert, tout ce bazar?
Elle nous colle pour absolument rien. Et elle nous fait écrire. Avec ses plumes. Qui vous gravent vos lettres dans la peau. Ce genre de retenues est interdit depuis au moins deux siècles.
Toutefois, je sais maintenant d'où Mawell tenait ses blessures, à la main. Le jour où l'on a cessé de s'adresser la parole. Est-ce que cela l'aurait vraiment tué de me le dire ? J'aurai bien fini par le savoir.
Ombrage passe son temps à chercher à me convaincre que Vous Savez Qui n'a pas tué Cédric. Qui croirait cette femme ? Pas moi, même après huit bières au beurre.
Alors elle m'a fait venir dans mon bureau. Et m'a fait écrire. À la sortie de la retenue, où nous étions étrangement nombreux, Fred et Georges Weasley nous ont discrètement distribué des bonbons. Personnellement, je ne leur ai fait confiance que lorsqu'un première année a souri, avec ce regard soulagé, et a discrètement passé le bonbon entre ses lèvres. Il me semble qu'Ombrage le convoque souvent. Voyant que je le fixais, il m'avait montré sa main, qui guérissait doucement. Alors j'avais tourné la tête vers Fred, qui m'avait incitée à avaler la sucrerie avec un tendre sérieux que je ne lui connaissais pas.
Et devinez quoi ?
Ce n'était même pas truqué. À peine l'avais-je avalé que des picotements avaient commencé à me brûler la peau, l'espace d'une seconde. Une grimace et l'instant d'après, plus rien. Plus rien d'autre que quelques petites lettres blanches presque invisibles.
« Mon 'frère' n'a pas été assassiné »
Ce fut la première fois que je souriais en pensant aux jumeaux Weasley. Peut-être qu'ils ne passaient pas tout leur temps à embêter tout le monde, au final.
Mais si cela s'arrêtait là.
Les tableaux avaient donc disparu. Mais ne croyez pas que les murs du château aient été laissés vierges, au contraire. Ils étaient tous habillés de cadres. Des cadres contenant les règles d'or d'Ombrage, si nombreuses qu'il m'est impossible d'en citer même une.
D'ailleurs, Ombrage joue plus les gendarmes que les proviseurs. Elle déambule dans les couloirs avec son petit sourire suffisant, qu'elle troque pour son large sourire satisfait dès qu'elle surprend quelqu'un allant à l'encontre de ses lois.
Une jupe trop courte.
Une cravate mal nouée.
Un couple trop proche.
Un élève dans les couloirs pendant le couvre-feu, beaucoup plus strict que celui de Dumbledore qui paraît même raisonnable, désormais.
Poudlard ne m'a jamais paru si triste. Si abandonné alors que nous sommes tous là.
Ai-je déjà dit que cette folle a essayé de licencier le professeur Trelawney ? Elle prétend que la divination n'a pas à être enseignée. Que nous n'avons pas besoin de nous entraîner à la magie à l'aide de nos baguettes, mais de livres. C'est à cause de ça que Harry Potter est allé en retenue pour la première fois. Il maintenait qu'il fallait qu'on apprenne à se défendre. Contre l'extérieur. Contre Vous Savez Qui. Nous n'avions jamais vu Ombrage avec une telle haine dans le regard, même quand Dumbledore s'était opposé à l'expulsion de Trelawney.
Alors nous ne nous entraînons plus, quand bien même nous savons ce qui nous attend dehors. Du moins, ça, c'est ce qui était prévu.
— Skyler ?
Je relève la tête vers Luna, probablement la.
seule personne à prononcer mon prénom dans son entièreté.
— Ça fait un moment que je te cherche. J'ai d'abord cru que tu étais à la bibliothèque, puis une drôle de créature invisible m'a pris mon beignet... Mais impossible de la retrouver.
— Probablement une Demiguise, je souris doucement. Elle devait en avoir besoin pour nourrir son bébé.
Je ne précise pas qu'il ne s'agit peut-être pas de sa propre progéniture. Ce genre de conversations ennuient tout le monde, sauf Neville et moi. Et Luna n'est pas ici pour parler biologie. Enfin, ça m'étonnerait.
— Tu me cherchais ?
— Oui ! Mawell m'a dit de te dire qu'il avait entendu par Cho qui avait été prévenue par Hermione que Harry allait ouvrir un club secret pour nous apprendre à nous défendre !
Mon cœur manque un battement et je me précipite vers elle, abandonnant mes gants de botanique.
— Moins fort !
Elle me fixe de ses grands yeux bleus, qui s'écarquillent après une seconde. Elle tourne la tête, pour vérifier si quelqu'un d'autre se trouve dans la serre, et je la rassure.
— Un club secret ? Pour qu'on se défende ?
Luna hoche la tête.
— Oui ! On serait l'armée de Dumbledore.
C'est stupide. Nous n'allons pas nous battre pour Dumbledore. Ce même Dumbledore qui nous a abandonné pour fuir la peste qui nous torture.
Ma blonde enchaîne.
— Soit on garde le silence, soit on se rend à Pré-au-Lard.
J'hésite un instant.
— Mawell t'a dit de m'en parler ?
Elle approuve d'un signe de tête.
— Oui ! Il a pensé que ça t'intéresserait.
— Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit lui-même ?
Je fronce les sourcils, incrédule.
— Bah, parce que vous vous ignorez bien sûr !
Ça semble si évident que je me contente d'acquiescer. Mais ce qui m'est plus flagrant encore, c'est que Mawell a tenu à ce que je sache. Que je puisse me défendre. Apprendre.
Nous agissons peut-être comme des étrangers, mais nous prenons toujours soin l'un de l'autre, de loin.
Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres alors que je me retourne pour terminer ma tâche avec les mandragores, avant de finalement frotter mes mains sur mon tablier, que je détache rapidement.
— Alors ? Quand est-ce qu'on y va ?
★
Luna n'a pas attendu longtemps.
Et quelques jours plus tard, après une réunion à Pré-au-Lard où Harry a appris ce qui se tramait -autrement dit, qu'il allait être notre professeur-, Neville et moi nous baladons dans les couloirs de l'école.
— Les BUSES porteront sûrement sur les Choux mordeurs de Chine... avait dit Neville.
— Si Ombrage ne supprime pas les épreuves de botanique. La connaissant, on n'aura que des épreuves écrites, avais-je rétorqué.
— Peut-être... Il faut vraiment qu'on trouve un endroit où s'entraîner. J'ai pas très envie de quitter Poudlard cette année et de n'avoir rien appris.
J'avais hoché la tête. Moi non plus, je ne voulais pas partir cet été avec le cerveau rempli de sortilèges sans avoir pu les essayer -si on apprenait des sortilèges d'ici-là.
— C'est pas comme si ça courait les rues...
On avait tourné dans un couloir.
— Bon sang, on est à Poudlard ! Ce satané château a plus de secrets que le bureau d'Amos, mais pas de salle secrète ?!
Pour toute réponse, on avait entendu un bruit, comme un raclement de pierre contre pierre. Nos têtes s'étaient retournées à l'unisson, et là où s'était trouvé un simple mur quelques instants plus tôt se trouvait une immense porte.
Fronçant les sourcils, je m'étais avancée en premier, et avais poussé l'immense porte. Plus hésitant, Neville m'avait toutefois suivie. La porte s'était lentement refermée derrière nous, mais nous n'y pensions plus. Non, nous ne pensions qu'à cette salle mystérieuse qui venait de nous apparaître.
Nous avions mis les pieds dans une pièce assez large pour tous nous accueillir, nous, l'armée de Dumbledore.
Neville était bouche-bé.
— Où est-ce qu'on est ?
"J'en sais rien," voulais-je lui répondre.
Mais ça aurait été un mensonge.
Parce que je savais très bien ce qui avait senti notre désespoir et qui venait de nous offrir son aide. Je l'avais lu dans un vieux journal intime dont j'ignorais le propriétaire, qui était assurément de la génération de nos parents.
— La Salle sur Demande.
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