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Les couloirs menant à la Grande Salle parurent identiques et interminables aux yeux de la sorcière. Chacun de ses pas lui rappelait la douleur des mois à venir. Elle allait devoir arpenter les corridors avec cette personne qu'elle ne serait jamais apte à apprécier. L'insigne sur sa robe de sorcier s'était transformé en boulet et il faisait d'elle cette prisonnière malchanceuse. L'honneur que lui procurait le rôle de Préfète en Chef n'était plus ; ce n'était plus qu'une corvée. Même les acclamations enjouées de ses amis ne parvinrent pas à lui arracher l'ombre d'un sourire lorsqu'elle eut fini par les rejoindre. Elle ne parvenait même pas à afficher un rictus sardonique lorsqu'elle s'installa à la table de la maison au lion.


« Tout va bien ? s'inquiéta Harry.

Pas vraiment, souffla-t-elle.

C'est Parkinson ? supposa la rouquine. Je peux devenir ton bouledogue si elle t'agace trop.

Si seulement c'était Parkinson, un rire jaune s'échappa de ses lèvres. Je pense que je la supporterais plus que Malefoy.

Pardon ? »


De nombreuses œillades interloquées se posèrent sur leur groupe alors que Ronald s'offusquait de façon sonore. Son visage se métamorphosa aussitôt pour devenir une tomate trop mûre et il cacha son embarras derrière ses mains. Les prunelles de la jeune femme se posèrent sur la table de la maison rivale par instinct et croisèrent la froideur glaciale des yeux de son nouveau partenaire. La commissure de ses lèvres se souleva pour offrir une expression supérieure à ses traits nobles. Elle aurait tant aimé lui faire avaler son sourire sardonique. Il jouait avec son agacement et elle était persuadée qu'il jouait un mauvais coup.


« L'autre Préfet en Chef est Malefoy, confirma-t-elle avec une voix d'outre-tombe. On va devoir aller dans la salle commune des préfets tout à l'heure, se plaignit-elle.

Besoin d'un garde du corps ? blagua Harry dans une tentative pour lui redonner le sourire.

Pas la peine, le rassura-t-elle. Je pense qu'il se souvient assez bien de mon coup de poing. »


Les rires qui échappèrent à ses amis lui redonnèrent le sourire. Pourquoi s'inquiétait-elle alors qu'ils étaient tous présents pour elle ? Puis ce n'était pas comme si elle allait être obligée de partager tout son temps libre avec le serpentard. Cela ne se résumerait pas à plus de quelques heures par semaine. Rien de bien méchant. Puis elle pouvait toujours ignorer ses mots vicieux.


Alors qu'elle continuait à discuter de tout et de rien avec ses amis et autres camarades de maison, de petites silhouettes surmontées de chapeau pointu pénétrèrent dans la Grande Salle. Ils paraissaient incertains et ils n'osaient pas poser leurs yeux sur les grandes personnes qui se trouvaient autour d'eux. Certains ne parvenaient pas à lâcher le plafond magique et Hermione se reconnut dans une petite fille qui expliquait avec enthousiasme les particularités du plafond à toutes les personnes qui l'entouraient.


« Je l'ai lu dans L'histoire de Poudlard, expliqua la petite fille à ses voisins qui l'écoutaient à peine. »


Un large sourire étira les lèvres de la préfète. Elle se rappelait encore de son premier jour dans l'école de sorcellerie. Elle avait eu si peur de ne pas s'habituer à ce monde et elle avait tout mis en œuvre pour que tous ne remettent pas en question sa légitimité. Elle s'était transformée en cette insupportable Miss je-sais-tout qui avait fini par se faire des amis en traînant dans des coins dangereux et en manquant de se faire tuer par un troll. Elle espérait plus de chance à cette petite fille pour se faire des amis.


« Elle te ressemble, lui murmura Ron alors que la foule ralentissait devant l'estrade.

Tu trouves ? ironisa-t-elle. Je suppose, admit-elle alors qu'il acquiesçait d'un mouvement de la tête. »


Un discours plein de cette touche de malice propre aux directeurs de l'école de sorcellerie accueillit les nouveaux élèves. Minerva McGonagall donna ensuite la parole au Choixpeau dont les mots articulèrent une énigme. La plupart des adolescents ne prit même pas la peine d'écouter les paroles du chapeau magique. Ils se focalisaient sur l'existence d'un couvre-chef parlant et sur le demi-géant qui le maintenait en place. Ils allaient bientôt découvrir la maison qui leur servirait de seconde famille pour les sept prochaines années.


« J'avais supplié au Choixpeau de ne pas m'envoyer à Serpentard, se souvint Harry. »


Hermione adressa un sourire à son meilleur ami alors que son esprit rembobinait son passage sous le Choixpeau. Sa longue hésitation, ses mots plus ou moins rassurants et sa décision finale. Ces petits détails lui avaient permis de trouver sa place au sein de la maison au lion. Des applaudissements et acclamations retentirent à chaque fois que le Choixpeau articulait le nom d'une maison. Les noms des nouveaux élèves défilaient et de timides visages approchèrent des tables où des élèves plus vieux les accueillirent chaleureusement. La voix du Choixpeau se tut après le dernier adolescent et un festin apparut sur les tables. Hermione leva les yeux au ciel lorsque son ancien petit-ami se précipita vers chaque plat.


« Tu manges comme un porc, grimaça Ginny en s'adressant à son frère.

Mais c'est trop bon ! s'exclama-t-il la bouche à moitié pleine. Je veux tout goûter. »


Ricanement amusé s'échappant de ses lèvres, Hermione écouta ses deux amis se chamailler. Elle charria gentiment son ancien amant dont les joues se gonflaient sous le coup de la frustration. Plusieurs remarques amusantes ponctuèrent les conversations autour de la table et la jeune femme espéra que cet instant se prolonge à tout jamais. Elle refusait de quitter cette ambiance chaleureuse et elle refusait de retrouver les rictus hautains de Malefoy. La réalité revint pourtant à la charge. Un raclement de gorge agacé résonna dans son dos et lui arracha un frisson désagréable. Les deux heures s'étaient écoulées et elle se devait de retrouver ses fonctions. Une froide neutralité repeignit ses traits alors qu'elle se redressait sans jeter un seul regard dans la direction de Malefoy. La pression de la main de son ancien petit-ami autour de la sienne lui donna le courage dont elle avait besoin et elle tourna les talons.


« Suis-moi, ordonna-t-elle. »


Le trajet qui séparait la Grande Salle du deuxième étage se fit dans un silence de plomb. Ni Malefoy ni elle n'articulèrent la moindre parole. Ils se contentaient de s'adresser des œillades mauvaises et de déambuler dans les couloirs de l'école de sorcellerie. Les bruits de leurs pas résonnèrent contre les murs et les tableaux ne se gênèrent pas pour murmurer sur leur passage. Hermione dut se retenir pour leur commander de se taire. Elle ressentait le besoin de rester dans ce silence lourd. Elle savait pourtant qu'ils ne se tairaient pas. Ils aimaient bien trop bavasser. Ils risquaient même de propager des rumeurs si elle se risquait à leur demander ce calme dont elle avait tant besoin. Hermione espéra que les escaliers ne se montrent pas trop capricieux. Elle n'aspirait pas à passer trop de temps avec le serpent. Elle réprima une acclamation de joie pure lorsque l'entrée de ce qui deviendrait leur salle commune apparut dans leur champ de vision. Il fallait de bons yeux pour percevoir la porte. Si elle n'avait pas connu la présence d'un couloir de l'autre côté du mur qui se dressait sous ses yeux, elle n'aurait pas hésité à pester pour avoir marché en compagnie du serpentard jusqu'à une impasse.


« Tu t'es trompée Granger, gronda-t-il dans son dos. On ne se trouve pas dans le bon...

Pactum, prononça-t-elle d'une voix claire. »


Un clic sonore retentit alors dans le couloir désert. La jeune femme posa sa main sur le mur froid et poussa de toutes ses forces pour laisser entrevoir un couloir sombre menant sur ce qu'elle devinait être la salle commune des préfets. Elle risqua une œillade satisfaite à son collègue qui lui répondit par un soupir exaspéré. Il n'admettrait jamais avoir tort. Sa réaction satisfaisait Hermione. Elle s'engouffra dans la pièce pour découvrir le havre de paix que la direction de l'école avait construit. Sa mâchoire se décrocha alors que ses yeux découvraient avec stupeur la salle commune.


Une immense pièce se dressa sous leurs prunelles. Jamais l'imagination n'aurait construit un endroit comme celui-ci. Il alliait à la perfection cette ambiance studieuse et chaleureuse qu'elle appréciait tant. La pièce contenait tout ce dont elle avait besoin pour se plonger dans cet autre monde où la connaissance abreuvait son esprit : une immense bibliothèque remplie de livres divers ; elle crut même reconnaître quelques titres moldus ; un canapé en velours bruns offrait une place parfaite face à l'âtre d'une cheminée. A quelques pas du divan se trouvait une table ronde. Entourée de quelques chaises, elle supportait un service à thé complet. Deux portes attirèrent son regard à l'opposé de la cheminée. Des arabesques complexes creusaient leur bois sombre. La jeune femme risqua quelques pas en direction de la première et elle l'ouvrit. Une petite salle de bain se dessina sous ses yeux. Elle contenait le strict nécessaire pour faire après un brin de toilettes après une ronde qui s'éternisait : une douche, des toilettes et deux vasques.


Hermione s'empressa de découvrir ce qui se cachait derrière la seconde porte. Malefoy se tenait déjà debout dans la pièce et il paraissait de mauvaise humeur. Elle n'eut pas à s'approcher de lui pour le sentir et pour comprendre la raison de cette mine morose. La chambre était décorée avec un soin particulier, mais ce n'était pas la tapisserie chaleureuse ou les meubles choisis avec goût qui attiraient l'océan tempétueux des yeux du serpentard. Encadrée par deux tables de chevet, la raison de la mauvaise humeur de Malefoy se trouvait juste là. Il n'y avait qu'un seul lit dans cette chambre. Hermione ne put réprimer une grimace alors qu'elle prenait conscience des implications d'un tel agencement. Rien ne la poussait à dormir dans la salle commune des préfets. La pièce avait été construite pour leur permettre de se reposer après de longues journées. Ils ne dormiraient dans cette chambre qu'à de rares occasions. Mais s'ils décidaient de passer une nuit dans cette pièce, cela impliquait qu'ils devraient partager un lit. Et même si l'autre n'était pas présent dans la salle, la simple idée de partager ses draps avec Malefoy ne la réjouissait pas.



l'histoire avant petit à petit. j'espère qu'elle vous plait et que vous passez du bon temps à la lire. ça fait un bien fou d'écrire quelque chose de légers et d'amusants. je n'ai pas grand chose à dire pour ces chapitres là. j'espère qu'ils vous plaisent autant qu'ils me plaisent. on se retrouve bientôt pour la suite !

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