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« Tu crois quoi ? ironisa Ronald Weasley de la voix la plus sèche de son catalogue. C'est un Malefoy. Il est incapable d'aimer une autre personne que lui-même. »


Assise en tailleur au milieu des coussins du canapé en velours de la salle commune des préfets, Hermione Granger observa la scène irréaliste se déroulant sous ses yeux sombres. Ron dessinait des cercles parfaits autour de la table où Harry et Malefoy peinaient à garder un regard sérieux. Le visage du rouquin se transformait en fonction des grimaces et émotions qu'ils souhaitaient transmettre aux autres. L'ombre menaçante de Poudlard. Il ne cessait de répéter ce surnom depuis l'élaboration de ce plan ridicule. Ce rôle ne lui correspondrait pas et il ne lui correspondrait jamais. Il semblait cependant tenir à ce masque comme s'il cherchait à obtenir un Oscar à la fin de sa performance. Harry abordait une moue entre l'inquiétude véritable et l'hilarité contenue. Il peinait à adresser la moindre menace envers son ancien ennemi. Chaque mot l'approchait un peu plus du fou rire et les mouvements exaspérés du rouquin accentuaient son rire incontrôlables. Le serpent ne cherchait même plus à camoufler derrière ses mains aux doigts fins. Ses lèvres étirées dans ce sourire précédant les fous-rires les plus incontrôlable, il analysait la comédie absurde qui se dressait sous ses yeux comme la plus divertissante des pièces de théâtre.


« Ils ont l'air ridicules, pouffa Ginny depuis le fauteuil au coin de la cheminée. »


Hermione ne nia pas ses propos. Harry et Hermione avaient partagé quelques jours plus tôt leurs souvenirs de films d'enquête où les personnages principaux prenaient les rôles de bons flics ou de mauvais flics lorsque la nécessité d'interroger un suspect se présentait à eux. L'enthousiasme de Ronald et son envie de singer ce type de scène lui avaient semblé plus que ridicule. Et pourtant ! Elle se retrouvait à voir une parodie de ses scènes qui avaient marqué son enfance. Encore une scène absurde et surréaliste de sa vie. Il en existait des centaines depuis sa découverte du monde sorcier.


Ses yeux chocolat captèrent ceux rieurs de son petit-ami alors que Harry lui posait une nouvelle question. Il y répondit sans se défaire de son sourire hilare et cette réaction arracha un grondement frustré à Ronald. Il peinait de plus en plus à rester dans son rôle de mauvais flic. Agacé par toute cette situation, il plaqua sa main contre le bois de la table dans un bruit sonore qui arracha un sursaut à toutes les personnes présentes dans la pièce.


« Plus de sérieux ! gronda-t-il en camouflant le début de son sourire par un froncement de sourcils. Pourquoi devrait-on te faire confiance pour rendre Hermione heureuse ? »


Les pupilles tempétueuses de Malefoy s'écarquillèrent sous la surprise d'une question si sérieuse au milieu des réflexions sans réels intérêts. Hermione esquissa un sourire encourageant lorsque les prunelles claires vinrent chercher les siennes. Il connaissait déjà la réponse à cette question. Elle lut tout son attachement dans ses iris profonds. Ses lèvres se défirent de ce rictus arrogant pour prendre une moue plus sérieuse.


« Parce que... hésita-t-il sans quitter une seule seconde le visage curieux de sa petite-amie. Parce que je l'aime. »


Hermione sentit son souffle se couper avec une telle violence qu'elle crut s'évanouir. Cet aveu soudain eut l'effet d'un violent coup dans l'estomac. Jamais il ne lui avait adressé des mots comme ceux-ci. Elle savait qu'il appréciait sa présence, ses traits d'esprit et ses attentions douces. Mais jamais il n'avait posé le moindre mot sur ce qu'il ressentait pour elle. Son cœur s'affola sous ses côtes et son visage chauffa à une vitesse fulgurante. Les regards rivés sur elle n'améliorèrent pas son embarras. Les yeux vissés sur sa silhouette immobile accentuèrent son embarras. Elle baragouina quelques mots incompréhensibles – y compris pour elle – avant de prendre un coussin pour camoufler ses traits.


« Tu prendras soin d'elle ? »


La voix de Harry lui parut lointaine. Elle avait l'impression d'avoir la tête plongée dans une immense baignoire. Les conversations continuaient à la surface mais elle n'en perçut pas un seul mot. Elle crut entendre des onomatopées satisfaites se détacher de l'ensemble indistinct de mots, puis ce fut le silence et une main chaleureuse posée sur son épaule. Elle risqua un coup d'œil à la pièce. Ses amis ne s'y trouvaient plus et il ne restait que Malefoy. Il lui offrit un sourire aimant et elle se sentit fondre lorsqu'il déposa un doux baiser au coin de ses lèvres avant de s'asseoir à ses côtés sur le coussin du canapé.


« J'entends les rouages de ton cerveau d'ici. Crache le morceau, Granger.

Tu le pensais vraiment ? demanda-t-elle. Ce que tu as dit à Harry.

— Que je t'aime ? »


Le silence du serpentard s'élargit à mesure que son visage se colora. Elle acquiesça d'un timide mouvement de tête silencieux et elle crut s'étouffer lorsque son visage s'approcha du sien. Son souffle chaud s'écrasa contre sa peau et elle lui arracha ses nombreux frissons familiers. Elle mourut de l'envie qu'il comble cet espace entre eux mais il n'amorça pas le moindre mouvement. Il se contenta de replacer une mèche rebelle derrière son oreille et de tracer les contours de son visage de la pulpe de ses doigts. Il força ses prunelles fuyantes à rencontrer l'océan dangereux des siennes. Elle crut s'y noyer durant un instant.


« Je t'aime Hermione Jean Granger, répéta-t-il.

Je...

Tu n'es pas obligée de me répondre maintenant, continua-t-il. Je peux att...

Moi aussi, le coupa-t-elle. Je t'aime aussi. »


Elle combla la distance pour poser ses lèvres contre les siennes avec cette impatience qui ne lui ressemblait pas. Il la rendait dingue. Elle acceptait de perdre la raison entre ses bras aimants et curieux. Sa chemise glissa sur ses épaules et les lippes du blond suivirent le chemin délaissé par le vêtement entre deux aveux d'amour. Et elle aurait voulu que le temps s'arrête pour profiter de cet instant à tout jamais.


« Tu vas devoir me supporter maintenant, murmura-t-il contre ses lèvres avec cette pointe de malice dont elle ne se passait plus. Encore plus qu'avant.

Je pense que je peux prendre le risque, ria-t-elle en nouant ses mains derrière sa nuque. Et toi ?

Je trouverai bien un moyen, blagua-t-il avant de faire taire son rire par un baiser amoureux. »




et c'est une fin d'histoire ! je n'ai pas beaucoup de choses à raconter pour l'instant. on se retrouve tout de suite dans les remerciements pour parler un peu plus de tout ça.

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