[20]
Drago Malefoy l'évitait.
Cette pensée traversa une nouvelle fois l'esprit de la lionne après une longue journée de cours et elle la frappa comme une terrible certitude. Recluse dans la salle commune de préfet pour se détendre avec la lecture d'un bouquin si épais qu'il se transformerait en arme blanche si elle croisait un quelconque danger, cette constatation lui arracha une grimace. Elle allait entamer un nouveau chapitre lorsque la porte s'ouvrit sur la silhouette de l'unique héritier de la famille Malefoy. Leurs regards se croisèrent une ou deux secondes puis il tourna les talons pour quitter la pièce. Il n'avait même pas pris la peine de la saluer ! Hermione sentit son sang bouillir dans ses veines et son livre s'écrasa dans un vacarme abominable sur la table basse. Il se la jouait fantôme ? Bien ! Elle voulait des explications et elle refusait de lui lâcher la grappe tant qu'il ne lui en fournirait pas.
Les jours se suivirent, les paysages se métamorphosèrent et les tentatives d'Hermione Granger pour rester bloquer dans une pièce avec le second préfet en chef se succédèrent. Elles se soldèrent par des échecs cuisants qui lui arrachaient tous des grimaces et des mots fleuris de frustration. Il cherchait à la faire abandonner ses résolutions et elle ne lui ferait pas ce plaisir. Malefoy ne tombait pas dans le panneau de ses manigances et il fuyait toujours lorsque leurs corps se retrouvaient dans le même espace clos. C'était si frustrant ! Elle s'arrachait les cheveux pour discuter avec lui alors qu'elle aurait dû stresser à cause de la montagne de parchemins que les professeurs réclamaient à quelques semaines des fêtes de fin d'année. Puis elle finit par abandonner les plans élaborés dignes des meilleurs épisodes de Scooby-Doo. Hermione s'était précipitée dans la salle commune des préfets pour l'attendre et le retenir aussi longtemps qu'elle le pourrait.
« Il va venir et on va parler, se persuada-t-elle en replaçant la théière sur son étagère. »
Les doigts de la jeune adulte parcoururent chacun des meubles de la salle commune à la recherche du moindre grain de poussière capable de capter son attention et ses pieds tracèrent des formes abstraites sur le parquet de la pièce. Ses pas résonnèrent contre le bois, s'étouffèrent sur un tapis épais et se stoppèrent lorsqu'elle regagnait sa place initiale en face de l'immense porte. Hermione remettait en place quelques livres dans lesquels elle s'était plongée au cours des dernières semaines dans la bibliothèque lorsque la silhouette de Malefoy apparut sur le seuil. Elle abandonna les ouvrages sur les coussins moelleux du canapé puis elle lui adressa un regard courroucé auquel il répondit par un haussement de sourcils incertain. Il ne devait pas plus comprendre son énervement qu'elle ne le comprenait.
« Je vais te laisser tranquille, s'excusa-t-il en tournant les talons.
— Pas si vite Malefoy ! asséna-t-elle. Il faut qu'on parle. »
Les épaules du sorcier aux cheveux clairs se tendirent et elle devina sa pomme d'Adam tressauter à cause d'une déglutition douloureuse depuis la bibliothèque. Cette phrase terrifiait même le plus puissant des êtres humains. Ils devaient parler. C'était un fait que personne n'oserait nier mais ses mots abrupts n'en restaient pas moins terrorisants. La main de son camarade se détacha de la poignée pour tomber lourdement le long de son corps. Ses yeux translucides se posèrent sur sa silhouette et la jeune femme lut une forme d'angoisse dans ses prunelles. Était-elle si terrifiante ? Elle n'en avait jamais eu l'impression. Elle chassa la culpabilité qui commençait à lui compresser la poitrine d'un mouvement de tête. Elle n'abandonnerait pas ! Elle en avait marre de ne pas connaître la raison pour laquelle il l'évitait comme une lépreuse. Elle n'en pouvait plus de ne pas comprendre son absence répétée et cela l'énervait. Elle ressentait le besoin d'être rassurée. Elle appréciait Malefoy bien plus qu'elle ne l'aurait voulu et elle détestait le fait qu'il refuse de passer du temps en sa compagnie depuis que les obligations d'Halloween se trouvaient derrière eux.
« Qu'est-ce que tu me veux, Granger ? »
Les intonations lassées de son camarade eurent l'effet d'un coup-de-poing et elle dut l'encaisser sans laisser transparaître la moindre émotion. Le corps tourné dans sa direction, le sorcier affronta son regard et la jaugea de toute sa hauteur. Jamais il ne lui avait paru aussi noble et hautain depuis qu'ils avaient tous remis les pieds à Poudlard. C'était étrange de revoir son visage se tordre dans cette grimace d'exaspération. C'était étrange de revoir le désagréable Drago Malefoy. Le préfet malicieux avec lequel elle aimait converser durant de longues heures près de la cheminée disparut de son esprit un bref instant.
« Plein de choses, elle ne comptait pas se défiler sous la froideur de son regard.
— Je n'ai rien à te dire, soupira-t-il. »
Il n'amorça cependant pas le moindre mouvement. S'il n'avait vraiment rien à lui dire, comme il l'affirmait si bien de sa voix sans émotion, il ne se trouverait plus dans la salle commune. Il n'aurait même pas pris la peine de l'écouter. Cette situation s'était déjà produite au cours des dernières semaines et jamais il n'avait hésité à prendre ses jambes à son cou. Rien ne le retenait. Hermione se sentit mise à nu par la tempête orageuse de son regard et sa bouche s'assécha tant qu'elle se retrouva à croasser un début de phrase. Il n'en comprit pas un mot. La lionne s'éclaircit la gorge et parcourut la distance qui les séparait. Son mouvement de recul l'agaça mais elle tenta de ne pas laisser la moindre émotion fuiter sur son visage. Elle avait plus important à découvrir.
« Pourquoi tu m'évites ?
— Je ne t'évite pas, mentit-il.
— A d'autres ! s'agaça-t-elle. Tu m'évites depuis le bal d'Halloween et je veux comprendre pourquoi ! »
Son ton autoritaire arracha un long soupir au serpent. Il plongea ses prunelles dans les siennes et esquissa un immonde sourire entre le dégoût et la peine. Ses mains, témoins du combat de son esprit, se serrèrent et se desserrèrent autour de son uniforme.
« Et tu veux que je te dise quoi, Granger ? s'énerva-t-il. Que je t'évite parce que tu me plais et que je ne mérite pas quelqu'un comme toi dans ma vie ? »
Il tourna les talons pour rejoindre la porte de la salle commune dès qu'il eut lâché sa bombe. Alors ça se passait comme ça ? Il lui avouait qu'elle lui plaisait et il prenait une nouvelle fois la fuite ? Il ne lui laissait pas la chance de lui répondre ? Elle refusait tout ça ! Il ne fuirait pas une nouvelle fois. Alors que la porte se refermait derrière lui, la jeune femme se précipita vers lui en emprisonna son poignet dans l'étau tremblant de ses mains pour le retenir. Son corps percuta son dos dans sa précipitation et elle retint un juron imagé alors que la douleur se propageait dans son nez. Malefoy l'observa par-dessus son épaule. Sa bouche entrouverte témoignant de sa surprise, il ne chercha pas à se dégager de son emprise et resta statique.
« Tu ne peux pas dire un truc comme ça et fuir ! se plaignit-elle.
— Et pourquoi je ne pourrais pas ?
— Parce que tu ne me laisses pas le temps de te répondre que tu me plais aussi et c'est injuste ! »
Ses yeux clairs s'écarquillèrent sous le choc de la confession et ses avant-bras s'agitèrent entre les mains de la jeune femme. Hermione l'observa ouvrir et fermer sa bouche comme un poisson hors de son bocal. Elle perçut les rouages de son cerveau s'activer alors qu'il cherchait la bonne tournure de phrase. La lionne desserra la prise autour de son poignet et camoufla ses joues en feu derrière ses mains. Elle venait de faire la confession la plus honteuse de sa vie. Il avait certainement avoué qu'elle lui plaisait pour se moquer d'elle – même si cela ne ressemblait pas au Drago Malefoy qu'elle avait côtoyé depuis le début de l'année scolaire mais les serpents se reconnaissaient par leur capacité à tout mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs – et elle était tombée dans le panneau comme une novice. Il avait tenté de fuir en lâchant cette bombe mensongère pour que la surprise la contraigne au silence.
« Pardon ? s'étonna-t-il. Tu... tu as dit que...
— Tu me plais, compléta-t-elle.
— Pourquoi ? »
Son étonnement sincère brisa le cœur de la jeune femme et chassa ses doutes. Pourquoi lui plaisait-il ? Hermione se sentit incapable de donner la moindre réponse. Elle aimait passer du temps avec lui. Elle aimait cette sensibilité qu'il camouflait sous un masque de froideur. Elle aimait son envie de partager ses dernières lectures lorsqu'ils passaient du temps dans la salle commune. Elle aimait son côté charmeur et son sourire satisfait lorsqu'il la mettait dans tous ses états. Hermione aimait trop de choses chez lui pour les lister. Il lui plaisait. C'était un fait qu'elle ne nierait pas une seconde de plus.
« Qu'est-ce que j'en sais ! s'exaspéra-t-elle en retenant les larmes de frustrations. Je le sais et c'est suffisant. »
Les larmes menacèrent de créer des sillons rougeâtres sur ses joues. Elle les sentit s'agglutiner sous ses yeux. Elle refusait de se mettre à pleurer devant lui. Ce fut à son tour de chercher à fuir loin de sa silhouette longiligne, mais il la devança. Ses bras entourèrent ses épaules et elle fondit en larmes. Son étreinte rassurante et son parfum envoûtant l'enveloppèrent dans ce cocon de bien-être. Elle retrouva la sensation des bras de l'inconnu du bal masqué. Elle avait déjà eu quelques soupçons mais elle n'avait plus aucun doute. Ils étaient la même personne.
« C'était toi à Halloween, murmura-t-elle entre deux sanglots.
— Tu le savais ?
— Je m'en doutais. »
La jeune femme redressa la tête en direction du sorcier et lui adressa un sourire derrière ses larmes. Elle perçut de la stupeur dans son regard et elle déposa ses lèvres contre les siennes. Cela dura à peine quelques secondes. Elle lui laissa le temps de le repousser s'il n'était pas intéressé. Il n'en fit rien. A peine leurs bouches séparées, ses mains prirent son visage en coupe et il combla l'espace qui les séparait. Hermione ne put s'empêcher de penser qu'elle se sentait bien en cet instant où seuls Malefoy et elle existaient.
est-ce qu'on peut dire enfin ?
je n'ai pas voulu faire traîner la relation entre ces deux-là parce que ça reste une histoire que j'ai écrit dans le seul but de me détendre. je ne voulais pas me prendre la tête sur ce qui était logique ou non.
on se retrouve dans deux semaines pour l'avant dernier chapitre :)
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