Hermione Granger reconnut à peine la personne que lui renvoyait le miroir à pied de sa chambre dans la salle commune de Gryffondor. Cette femme partageait les traits de son visage, mais elle paraissait plus confiante. Elle assumait les boucles indomptables de ses cheveux bruns, les courbes dévoilées par sa robe noire parfaitement ajustée à son corps, ses jambes que les talons de ses chaussures rendaient interminables. La personne dans le miroir était une femme sublime et elle rendait la jeune femme jalouse. Pourquoi ne lui ressemblait-elle pas plus ? Elle n'arrivait pas à s'adapter à cette prestance et à ce sourire charmant que ses lèvres rouges esquissaient. Hermione se dévoilait sous un nouveau jour et elle se transformait en cette envoûtante étrangère. Ginny lui sourit dans son dos. Son amie s'était montrée d'une grande aide à choisir chacun de ses vêtements et accessoires. Son travail fantastique relevait du miracle. La plus jeune des Weasley se montrait éblouissante avec sa robe verbe complimentant ses cheveux flamboyants.

« Tu es très belle, la complimenta-t-elle.

— Je te retourne le compliment, Hermione. »

Ce genre de mots ne qualifiait jamais la jeune femme. On lui avait attribué de nombreuses qualités : brillance, ingéniosité, véritable acharnée de travail. Jamais elle n'avait été la jolie Hermione Granger et elle ne s'en plaignait pas. Elle ne s'inquiétait pas vraiment de son apparence, mais nier le plaisir que les mots de son amie lui apportaient serait un affreux mensonge.

« Les garçons vont nous attendre, remarqua Ginny. »

Acquiesçant par un simple mouvement de la tête, la jeune adulte tourna les pieds et quitta la pièce en compagnie de son amie. Ses talons claquèrent contre le parquet et les ondes traversèrent son corps. Hermione tenta d'ignorer les battements frénétiques de son cœur et la moiteur de ses mains. Cette soirée toute entière résumait des semaines entières de préparation et elle refusait que le moindre événement vienne gâcher cette nuit d'Halloween. Elle avait la confiance de la Directrice McGonagall et elle ne voulait pas la décevoir. Pas maintenant, pas à quelques minutes du début de la soirée.

Lorsque les deux sorcières arrivèrent dans la salle commune des Gryffondors, leurs amis les attendaient avachis sur les canapés et fauteuils. Neville portait à merveille son plus beau costume à queue-de-pie et arborait avec fierté un nœud papillon à la couleur criarde. Il fut le premier à les apercevoir et leur adressa un sourire si large qu'Hermione sentit la pression disparaître de ses épaules. Ses yeux bruns naviguèrent sur chacune des silhouettes dans la pièce. Dans sa tenue anthracite, Dean accompagnait chacune de ses paroles adressées à Seamus, dont les cheveux parfaitement coiffés dénotaient de son habituelle coupe en pétard que les explosions provoquaient, par de grands gestes. Puis il y avait Ron et Harry. Le premier annonçait avec une certaine fierté qu'il n'avait pas hérité du costume d'un ancien membre de sa famille – il aimait la simplicité de son costume moderne et neutre – alors que le second se battait contre sa cravate.

« Viens là, Harry, lui intima la rouquine. Je vais t'aider.

— Merci. »

Il vola un baiser à sa petite-amie dont les doigts s'animaient pour nouer la cravate et les plaintes de Ronald commentèrent aussitôt ce geste d'affection. Il ne s'habituerait probablement jamais aux gestes tendres de son meilleur ami envers sa petite sœur. Hermione laissa échapper un ricanement amusé alors qu'elle s'approchait de lui. Il lui adressa une œillade pleine de désespoir à laquelle elle ne put répondre que par un sourire navré. Il s'empressa de se décaler pour lui laisser une petite place sur le canapé en velours et il passa un bras amical autour de ses épaules pour accueillir sa venue.

« Tu es ravissante, la complimenta-t-il.

— Et tu sens moins mauvais qu'au dernier bal, remarqua-t-elle avec un brin de malice. Tu es aussi ravissant, ajouta-t-elle lorsqu'il pinça son épaule pour témoigner de son mécontentement.

— Je préfère. »

Ils se chamaillèrent durant quelques minutes avant que la nécessité de se rendre à la soirée ne se rappelle à eux. Une horloge sonna huit coups et Hermione sentit aussitôt le stress revenir à l'assaut. Et si quelque chose se passait mal ? Et si un élève paniquait à l'idée de devoir porter un masque ensorcelé ? Et si quelqu'un se blessait ? Toutes ces questions traversèrent l'esprit de la jeune femme qui essuya la moiteur de ses mains sur les coussins du canapé. Elle perçut à peine les divers sujets de conversation qui s'animaient autour des gryffondors conviés à la soirée. Quelqu'un l'aida à se redresser, un sourire rassurant se dessina dans son champ de vision et une main enserra la sienne alors qu'ils quittaient la salle commune ensemble. Hermione n'avait pas ressenti une telle peur depuis son dernier examen de métamorphose.

« Tout va bien se passer, se murmura-t-elle pour se rassurer. Tout va bien se passer. »

La prise autour de sa main se resserra et elle adressa une œillade pleine de gratitude à son ancien petit-ami. Il resta à ses côtés pour calmer les battements affolés de son cœur. Il aurait pu se précipiter chercher un masque au seuil de la Grande Salle et l'abandonner à son anxiété. Mais il resta juste là, avec elle. Ses yeux bleus cherchèrent à s'assurer qu'elle se sentait bien et il ne s'éloigna pas tant qu'elle ne lui en donna pas la certitude.

« Je vais bien, lui sourit-elle. Tu peux rejoindre les autres.

— T'es sûre ? s'inquiéta-t-il.

— Oui, souffla-t-elle. On essaiera de se retrouver à l'intérieur. »

Le jeune homme acquiesça d'un mouvement de la tête et il s'éloigna pour aller chercher un masque après avoir pressé sa main une dernière fois pour lui donner du courage. Se retrouvaient-ils tous une fois dans la Grande Salle ? Hermione l'espérait. Ils avaient un sort dont l'effet se concentrait uniquement sur les visages. Ses amis avaient tous aperçu sa robe et ils pourraient la discerner parmi la foule compacte de jeunes adultes. Ce fut avec cette rassurante certitude à l'esprit que la jeune femme s'approcha des masques. Elle en serra un entre ses mains tremblantes et elle l'approcha de son visage. La soirée commençait et tout se passerait bien.

on arrive au bal masqué ! les choses sérieuses vont commencer :)

on se retrouve dans deux semaines !