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Les choses évoluaient entre Malefoy et elle. Hermione s'en fit la réflexion lorsqu'un imperceptible sourire naquit sur ses lèvres alors qu'elle se rendait à la salle commune des préfets pour perfectionner le sortilège pour la soirée d'Halloween. La commissure de ses lèvres chercha à rejoindre ses oreilles et la rondeur de ses pommettes se colora à chacun de ses pas. Depuis qu'elle l'avait tiré de ses cauchemars, leur relation prenait ce tournant qu'elle n'aurait jamais pu prévoir. Elle se surprit à flirter avec lui et son cœur s'affola alors qu'il répondait à ses avances avec ce sourire malicieux qu'elle détestait autant qu'elle aimait. Les nombreuses heures passées à s'arracher les cheveux sur de complexes parchemins les avaient rapprochés.


Hermione se rendit compte qu'elle appréciait Drago Malefoy la semaine précédant Halloween. Ce constat embrouilla son esprit et annihila son bon sens. Alors son esprit opta pour la solution la plus logique : l'affolement. Leur relation, contenue dans l'intimité de la salle commune des préfets, ne quitterait jamais les murs rassurants que les autres élèves ne foulaient jamais. Elle n'existait pas en dehors de ce cadre rassurant.


Ses amis se rendirent compte des divagations de son cerveau en ébullition. Un soir, alors qu'ils terminaient un entraînement de quidditch auquel elle dardait un regard absent pour se changer les idées, ils lui adressèrent ce sourire malicieux annonçant qu'elle n'apprécierait pas les prochaines conversations. Ronald passa une serviette dans ses cheveux humides de sueur et analysa chacune de ses micro-expressions. Elle sentit ses yeux bleus brûler la peau fine de sa nuque. Le dernier instant avant de se faire cuisiner, pensa-t-elle.


« Tu es encore dans la lune, remarqua le rouquin en se laissant tomber à sa droite.

Hein ? son rire provoqua le sursaut de son sourcil. Tu ne t'entraînes plus ?

Je prends une pause pour discuter avec ma meilleure amie, sourit-il en passant un bras autour de ses épaules.

Tu pues la transpiration, se plaignit-elle sans pour autant chercher à se dégager. »


Les balles fusèrent sur le terrain et Hermione peina à les suivre. Ce sport ne l'avait jamais passionné mais elle acceptait toujours d'encourager ses amis sans poser la moindre question. Chaque membre de l'équipe se démenait chaque semaine et bravait les intempéries pour ne pas décevoir la capitaine aux cheveux de feu de l'équipe.


« Que se passe-t-il dans le cerveau brillant de Hermione Jean Granger ? lui demanda-t-il avec espièglerie.

Pourquoi se passerait-il quelque chose dans mon cerveau ?

Il se passe toujours quelque chose dans ton cerveau. Alors ? »


Il ne servait à rien de nier les paroles de son meilleur ami. Sept années d'amitié et deux mois de couple transformaient cet homme en une encyclopédie apte à décortiquer son cerveau. Ronald Weasley connaissait chaque rouage de ses méninges comme s'il en avait été le concepteur. Ils avaient à peine besoin d'échanger des paroles pour communiquer : un regard fuyant et un sourire gêné remplaçaient tous les mots du monde. Hermione se refusa cependant de rester silencieuse. Elle ressentit plus que jamais le besoin de poser des mots sur ses pensées. Une peur inexplicable s'empara de son corps et elle dut camoufler les légers tremblements de ses mains en les emprisonnant entre ses cuisses. Et s'il n'acceptait pas sa proximité avec Malefoy ? Le bras de son meilleur ami rapprocha leurs corps et sa tête retrouva une place rassurante sur son épaule. Elle inhala cette odeur rassurante que même les heures de sport ne parvenaient pas à faire disparaître.


« Promets-moi de ne pas me détester, murmura-t-elle d'une voix vacillante.

Pourquoi je te détesterai ? renchérit-il alors que ses doigts dessinaient des formes abstraites sur ses épaules pour la calmer. Tu es comme une seconde sœur pour moi et ne pas être d'accord avec toi ne me fera pas te détester pour autant.

Depuis quand es-tu aussi sage ? se moqua-t-elle.

Ne change pas de sujet. »


Un rire nerveux s'échappa des lèvres de la jeune femme. Elle jouait la montre et la perspicacité du rouquin se révélait sous ses yeux. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre qu'elle cherchait à fuir les tracas causés par Drago Malefoy.


« C'est à propos de Malefoy, avoua-t-elle d'une petite voix.

Il t'a insulté ? s'empressa-t-il de demander et son inquiétude réchauffa le cœur de la jeune femme. Faut nous le dire. Harry et moi, on ira lui toucher quelques mots.

C'est pas du tout ça, le rassura-t-elle. Malefoy ne m'a pas insulté une seule fois depuis le début de l'année, elle réprima un sourire en entendant le soupir de soulagement qui échappa à son ami. C'est même tout le contraire.

Comment ça ? »


Même si son visage ne se trouvait pas dans son champ de vision, Hermione perçut les sourcils froncés du rouquin. Sa phrase volontairement ambiguë lui fit gagner quelques secondes. Son cerveau cherchait tous les moyens possibles de retarder l'échéance. Si elle parvenait à détourner le sujet de conversation, peut-être oublierait-il le sujet de ses tracas.


« Il... hésita-t-elle après avoir repris une inspiration. Il est sympa avec moi. Ça sonne si étrange alors qu'il s'est toujours montré odieux, mais il est vraiment sympa avec moi, ajouta-t-elle avant même que Ron n'articulât la moindre phrase. On travaille plutôt bien ensemble et je me sens trop bizarre à cause de tout ça. Je ne connais pas le Malefoy sympa, paniqua-t-elle. Je connais le Malefoy exécrable et arrogant, pas celui qui m'aide à réviser mes cours et avec qui je peux rire. Puis je... »


Ses joues emprisonnées par les mains de son meilleur ami, Hermione se retrouva contrainte au silence. Ses pommettes, gonflées dans une moue agacée, épousèrent les paumes de Ronald et ses yeux se plongèrent dans l'océan doux animant les prunelles du rouquin. Le cœur de la jeune femme se calma et son souffle retrouva son rythme de croisière. Elle s'était à peine rendu compte de sa panique.


« Ne t'inquiète pas pour ça, la rassura Ron. Je ne vais pas te détester parce que tu le trouves sympa.

Vraiment ?

Evidemment ! affirma-t-il. Je vais être inquiet pour toi parce que je ne fais pas confiance à cette fouine, mais je ne vais pas te détester pour autant. »


Une larme de soulagement roula sur ses pommettes qui se retrouvèrent enfermées dans une étreinte amicale. Les bras de Ronald entourèrent ses épaules et sa tête reprit une place familière sur son avant-bras. Elle ne put retenir le sourire étirant ses lèvres alors qu'il lui promettait de mettre une raclée au second préfet en chef s'il osait lui arracher la moindre larme. Il en faisait toujours trop mais c'était ce genre de choses que Hermione appréciait chez lui. Ronald Weasley était un ami fidèle qui se pliait en quatre pour protéger ses amis et les rendre heureux. Elle espérait chaque jour qu'il trouverait une personne méritant son amour.


« Eh vous deux ! les interpella Harry depuis son balai. On aurait bien besoin que notre gardien arrête de batifoler avec son ex !

Batifoler ?

Toujours frustré de ne pas avoir eu le droit à ton câlin ce matin ? le charia le rouquin. »


Levant ses yeux verts en direction du ciel capricieux du mois d'octobre, Harry Potter esquissa un sourire en l'amusement et l'exaspération avant de retourner à ses occupations sur le terrain. Sa petite-amie l'intercepta aussitôt et partit dans des explications accompagnées de gestes amples. Ils parlaient certainement d'une stratégie de quidditch à laquelle elle ne comprendrait pas la moitié des mots si elle parvenait à les intercepter. Le sport n'avait jamais été son truc de toute façon. Un ricanement mélodieux vibra dans les cordes vocales de la lionne alors que le rouquin enfourchait son balai en se plaignant de la météo capricieuse. Il pressentait une grosse averse et refusait de se fatiguer sous une pluie battante. Hermione lui promit de rester pour le soutenir et lui adressa un clin d'œil malicieux lorsqu'il daigna s'éloigner pour rejoindre les arceaux.


Deux cognards échappèrent aux batteurs alors qu'il volait à un rythme de croisière et leurs réprimandes parvint aux oreilles de la sorcière. Puis les balles se remirent à voler à toute vitesse. Hermione ne perçut plus que les traces rouges que ses camarades de maison laissaient dans leur sillage et la lueur dorée du vif d'or de l'autre côté du terrain. Quelques bribes de conversations et des conseils hurlés à travers l'immense terrain atteignirent ses oreilles distraites. Hermione n'amorça cependant pas le moindre mouvement. Elle resta assise à sa place dans les gradins et se plongea dans un immense livre sur lequel elle avait mis la main dans la salle commune. Elle ne bougea même pas lorsque les premières gouttes de pluie vinrent s'écraser sur les pages jaunies par le temps. Elle se contenta de refermer l'ouvrage et de le mettre à l'abri dans le bazar de son sac. Elle resta jusqu'à la fin de l'entraînement et elle devina ses cheveux indomptables bien avant que le moindre élève de sa maison ne lui fasse la moindre réflexion.


« Suis-moi, lui intima la voix de Ginny alors que l'entraînement touchait à sa fin. Il faut qu'on parle. »




j'aime beaucoup le personnage de ron dans cette histoire. j'adore vraiment l'écrire et le faire apparaître. le trope de ron est méchant ne m'a jamais plu alors j'ai voulu changé les choses pour cette histoire.

on se retrouve dans deux semaines pour la suite :)

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