[1]
Le Terrier connaissait une effervescence habituelle et rassurante. La guerre s'était terminée quelques mois plus tôt et la vie semblait avoir repris son cours comme si les derniers événements n'avaient été que des mauvais rêves. Seules les places vides autour des tables garnies et les cicatrices marquant les corps rappelaient qu'une bataille avait eu lieu et que plusieurs dizaines de personnes ne s'en étaient pas sorties. Tous apprenaient à vivre comme ils en avaient eu l'habitude durant des années, pensaient leurs blessures par des sourires et retrouvaient ces moments de joie oubliée. Les habitants du Terrier ne différaient pas des autres. Ils se portaient bien malgré la mort de cet être aimé. Ils respectaient la mémoire de cet être cher en partageant ce qu'il aimait le plus : le rire et les farces.
Hermione Granger était l'heureuse témoin de tout cela. Elle observait dans le coin d'une pièce et elle entendait les conversations enjouées. Elle participait même à cette bonne humeur et elle passait la majeure partie de son temps avec ses amis. Ils préparaient leur retour à Poudlard pour une dernière année ; pour la dernière année qu'ils passeraient tous ensemble. Aucune menace ne pesait sur leur tête cette fois-ci et ils comptaient bien se forger des souvenirs intarissables entre les murs de l'école de sorcellerie. Hermione allait pouvoir se focaliser sur ses études et sur son nouveau rôle de Préfet en chef. Elle examinait l'insigne brillant tous les matins et écoutait avec attention chaque recommandation de Percy Weasley avec un sérieux remarquable. Il n'était jamais trop tôt pour prendre des notes. Ses amis se moquaient déjà d'elle. Ils estimaient certainement qu'elle en faisait trop et qu'elle se mettait la pression pour rien.
« Tout ira bien, lui avait assuré Harry à chaque fois qu'elle avait évoqué son inquiétude quant à lier ses études et son rôle de préfet. »
Elle avait partagé chacune de ses inquiétudes depuis qu'ils avaient reçu leur dernière lettre pour Poudlard. Elle appréciait l'honneur que la nouvelle directrice lui faisait, mais les mêmes questions tournaient en boucle dans son esprit en ébullition : aurait-elle le temps de se plonger dans ses révisions ? pourrait-elle apporter un livre avec elle lors de ses missions ? aurait-elle le temps de vadrouiller dans les couloirs de l'école et de préparer ses ASPIC ? Toutes ces questions n'obtenaient aucune réponse et elles laissaient la sorcière aux cheveux en désordre dans un état de stress comme elle en avait rarement connu.
« Tu réfléchis trop, affirma Ronald en pénétrant dans la chambre alors qu'elle détaillait l'insigne, allongée sur son lit.
— Et toi tu ne réfléchis pas assez, renchérit-elle. »
Un ricanement amusé quitta les lèvres du rouquin qui vint s'affaler en travers du matelas. Elle chercha à le chasser en le poussant, mais il ne sourcilla pas une seule seconde. L'hilarité de Ron augmentait à chacun de ses mouvements et elle se retrouvait encore plus frustrée à chaque octave gagnée. Les joues gonflées dans une moue agacée trop théâtrale pour être sincère, elle reposa son insigne au sommet de la pile de livres trônant sur la table de chevet. Ron lui adressa un sourire malicieux et elle finit par le lui rendre. Elle était incapable de lui en vouloir de toute façon. Hermione avait été la première surprise de voir que leur relation soit redevenue comme elle l'avait toujours été. Les sentiments de détresse et le besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés lors de temps obscurs avaient disparu pour redevenir cette amitié platonique et sincère. Ils leur arrivaient de rire de ce baiser échangé dans la Chambre des Secrets sans que cela ne devienne trop gênant. Ronald n'était pas intéressé par elle et elle n'était pas intéressée par lui.
« Tu penses que l'année va être comment ? lui demanda-t-elle.
— Plus calme que toutes les autres, répondit Ron. Tu imagines un peu ? Pas de chien à trois têtes, pas de détenus échappés d'Azkaban, pas de tournoi meurtrier, pas d'Ombrage, pas de guerre.
— Pas d'araignées géantes, compléta-t-elle avec un sourire.
— Le pied, rit-il. »
Malgré toutes ces choses affreuses qu'ils avaient vécues au cours de leur scolarité au sein de l'école de sorcellerie, Ronald Weasley restait ce garçon terrifié par les bestioles à huit pattes. Certaines choses étaient destinées à ne jamais changer et cela rassurait Hermione plus qu'elle ne l'aurait cru. Il existait au moins quelques constantes dans ce monde : l'arachnophobie de Ron, le caractère de tête brûlée de Ginny et la capacité de toujours agir avant de réfléchir de Harry. S'il y avait ces constantes dans la vie de ses amis, il y en avait aussi dans la sienne. Elle serait toujours la Hermione Granger qui passait la majeure partie de son temps dans des livres et dont les cheveux s'animaient à mesure que les heures de révisions s'écoulaient. Elle n'avait aucune raison de manquer son année. Elle avait bien suivi tous les cours possibles alors qu'elle n'avait que quatorze ans. Elle pouvait bien supporter une tâche de plus dans son emploi du temps.
« Où sont Harry et Ginny ? interrogea-t-elle son ami.
— Certainement en train de se bécoter quelque part, grimaça-t-il. Et je ne veux surtout pas savoir où et comment. »
Hermione ne put retenir son ricanement moqueur alors que son meilleur ami dérobait un livre pour camoufler son expression de dégoût derrière les pages. Il lui asséna un petit coup de poing sur le mollet pour témoigner son mécontentement alors que la porte de la chambre s'ouvrait une nouvelle fois pour laisser entrer le couple. Les cheveux roux de la jeune adulte étaient remontés dans une queue-de-cheval et son visage était coloré par l'effort. Harry partageait l'expression exténuée de sa petite-amie et il respirait si fort qu'il aurait pu provoquer un séisme.
« Ne me dites pas que Ron lit ? s'étonna Ginny.
— Ça serait si surprenant que ça ? s'indigna-t-il.
— Oui, répondirent-il en cœur.
— Et tu le tiens à l'envers, précisa le Survivant. »
Le sorcier revêtit sa plus belle moue boudeuse et il hésita à jeter le livre sur sa sœur. Seul le regard assassin de Hermione l'en dissuada. S'il osait jeter le moindre ouvrage sous ses yeux noisette, elle ne donnait pas cher de sa peau.
« Vous savez que vous êtes plus rouges que des tomates ? leur fit remarquer Hermione.
— Ça ne m'étonne pas, commença Harry en passant une main dans ses cheveux. Elle voulait absolument qu'on fournisse des efforts.
— Ne finis surtout pas ta phrase, lui intima le rouquin en pointant un doigt accusateur sur le brun.
— On s'entraînait au quidditch, crétin ! »
Des rires enjoués s'élevèrent dans la pièce alors que Harry et Ginny s'effondraient sur le lit. Il était bien trop étroit pour quatre personnes et Hermione dut ramener ses jambes contre sa poitrine pour leur laisser un peu de place. Ils se tenaient tous dans des positions inconfortables, mais personne ne semblait se plaindre de la situation. Les deux Weasley se chamaillèrent gentiment sous leurs yeux et la sorcière aux cheveux indomptables ne put réprimer son large sourire. Il était toujours amusant de voir ces deux-là se chamailler pour des broutilles. Harry semblait partager ses pensées, car il parvenait à peine à camoufler son rire derrière la paume de sa main. C'était le genre d'événements qui paraissaient si étranges après la guerre, mais qui faisaient un bien fou. Ils ne pouvaient pas continuer de se morfondre alors que la vie était si courte. Ils comptaient bien profiter de chaque seconde.
« Vous pensez que l'année va être comment ? les interrogea Hermione lorsque la dispute des Weasley se fana sur leurs lèvres.
— Normale ? tenta Harry. Plus normale que les autres années, précisa-t-il lorsqu'il capta les œillades incertaines de ses amis.
— Mouvementée, supposa Ginny. Entre les cours, le sport et les amis, on ne va plus savoir où donner de la tête.
— Sûre, termina Ron. Pour une fois que notre vie ne sera pas en danger. Et toi ? ajouta-t-il. Tu penses qu'elle va être comment ? »
Six yeux s'étaient posés sur sa silhouette et Hermione se sentit rougir sous toute cette attention. Ils avaient tous trouvé une réponse à sa question si facilement. Elle ne savait pas si elle en était capable. Des centaines de mots traversaient son esprit, mais aucun ne semblait correspondre à l'idée qu'elle se faisait de sa dernière année à Poudlard. Heureuse ? Elle l'espérait, mais elle ne pouvait pas en être certaine. Studieuse ? Elle ferait tout pour qu'elle le soit mais ce mot sonnait trop sérieux à ses oreilles. Puis il lui vint ce mot ; ce mot qui résumait la plupart de ses pensées.
« Magique, affirma-t-elle dans un sourire. Je pense que notre dernière année va être magique. »
bonjour à tous ! je vous souhaite une très bonne année :)
j'espère que vous avez passé d'agréables fêtes de fin d'année et que vous avez apprécié la lecture de ce premier chapitre de we used to hate each other. je me suis beaucoup amusée à écrire cette histoire et je croise les doigts pour qu'elle rende bien à la lecture.
je pense que je vais publier un chapitre toutes les deux semaines. ça pourra être plus si je finis d'écrire quelque chose entre temps mais le rythme de base sera celui-là.
donc on se retrouve dans deux semaines pour le deuxième chapitre !
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