Chapitre 43 : La Saint-Valentin
1977
Chapter 43 : La Saint-Valentin
Sirius devait l'admettre : le sang-froid de Camille et Castiel était remarquable. Ils avaient accompli l'exploit de réussir à rester de marbre alors que l'homme chargé d'officier la cérémonie, Marek Tokarsky, lisait les textes officiels et commençait à nouer leurs liens de vie ensemble. Sophie demeurait également d'une froideur inégalée et regardait la scène se dérouler sans la moindre réaction. Sirius de son côté n'en menait pas large. On ne l'avait pas informé de la suite du plan mais les choses n'avaient pas l'air de bien se passer, cela faisait déjà un quart d'heure que la cérémonie avait commencé et pourtant rien ne s'était passé. À ce rythme-là Camille et Castiel finiraient liés sans n'avoir rien pu faire. Il ne comprenait pas comment ils pouvaient avoir l'air si sereins alors qu'ils s'apprêtaient à mélanger leur sang et proclamer leurs vœux. À côté de lui, Katherine Davies s'agita. Sirius lui jeta un coup d'œil, pour bien s'assurer qu'il n'était pas le seul qui commençait à paniquer, et se retrouva sans mot quand il constata que la journaliste pouffait incontrôlablement dans sa main.
— Mais pourquoi vous riez ?
Katherine balaya la question de Sirius d'un geste de la main et continua de rire aussi silencieusement que possible. À côté d'elle, Rodolphus Lestrange consultait sa montre avec ennui et Rabastan ricanait avec satisfaction, l'air ravie de prendre sa revanche sur sa cousine. Fleur s'était endormie dans son fauteuil roulant et Théodore semblait pressé d'en finir avec cette cérémonie.
Il n'était certainement pas le seul. Peu de personnes dans cette salle était ému par la situation, la plupart avait l'air prêt à bondir de leurs chaises une fois la cérémonie terminée.
Seuls Charles et Gemma Light observaient leur fille avec attention et un regard soucieux. De leur côté Rhéane et Ulysse Light guettaient le moindre geste de travers chez leur fils. L'impatience grandissait chez les deux couples qui attendaient avec impatience que le sort de leurs rejetons soit lié. Sirius commençait à craindre que leur plan ait échoué.
— ...et puisse le sort du Lien Éternel lier vos âmes et vos esprits dans une union de paix et de fidélité. Vos mains jeunes gens.
Certains invités se réveillèrent en entendant cela, notamment la grand-mère Kamilla Cieslak qui récolta d'un regard mauvais de Rhéane au passage. La vieille sorcière l'ignora et fixa d'un regard perçant l'heureux couple.
Camille et Castiel avaient retroussé leurs manches blanches et tendaient leurs paumes de mains dans la direction de Tokarsky. Le vieux sorcier tendit sa baguette et creusa méticuleusement une profonde ligne rouge dans leur chaire.
— Veuillez vous prendre par la main, jeunes gens. Nous allons procéder à la finalisation du sort.
Les cousins appuyèrent leurs paumes meurtries l'une contre l'autre, mélangeant leur sang et grimaçant de douleur par la même occasion. Tokarsky posa sa baguette sur leurs mains nouées et murmura une formule que Sirius n'entendit pas. Des filaments dorés s'échappèrent de sa baguette et vinrent entourer les bras des Light.
— Castiel Louis Light, fils d'Ulysse François Light et Rhéane Olga Dolohov, jurez-vous de protéger et d'honorer le lien qui vous unira à votre promise ? De chérir votre union et de l'aimer dans la maladie et la mort ?
— Je le jure.
La promesse de Castiel, ferme et forte, retentit dans toute la pièce. Sirius le fixa avec des yeux écarquillés. Castiel n'avait pas hésité, n'avait pas fusillé du regard ses parents ou même tenté de résister. Il avait ployé le genou et accepté la cérémonie sans protestation.
Sirius n'était pas le seul surpris, toute la salle baignait dans les murmures et les exclamations de surprise. Rhéane grinçait des dents depuis le premier rang, visiblement énervée par la réaction des invités alors qu'Ulysse fronçait ses épais sourcils et dévisageait avec suspicion son aîné. Ce ne fut que quand Tokarsky se tourna vers Camille, qui souriait triomphalement, que quelque chose cliqua dans l'esprit de Sirius et des Light. Ulysse se leva même de sa chaise, l'air alarmé, mais Rhéane qui ne se doutait de rien le fit rasseoir immédiatement.
— Katherine Joanne Davies, fille de Robert Davies et Marina Daisy Davies, jurez-vous de protéger et d'honorer le lien qui vous unira à votre promis ? clama Marek Tokarsky. De chérir votre union et de l'aimer dans la maladie et la mort ?
— Je le jure, cria Katherine Davies au moment où une clameur de protestations et de cris retentissaient dans la salle.
Mais Sirius ne leur prêta aucune attention. Au lieu d'observer le chaos éclater au sein des invités, il fixait la sorcière à sa droite avec un regard entendu. Et, sous les traits volés de Katherine Davies, Camille Light lui retourna un sourire triomphant. Le polynectar avait marché à merveille.
— Un plan vicieux à souhait, du Serpentard tout craché, commenta Sirius. Tu as réussi à me prendre par surprise Light. C'est très impressionnant.
— N'est-ce pas ? ria Camille. Et tu sais c'est quoi le meilleur ? Une fois le sort entamé, impossible de le briser, ils auront beau se démener pour essayer d'arrêter la cérémonie, nos parents n'y arriveront. Castiel est lié éternellement à Katherine, pour leur plus grand plaisir, et moi je suis tranquille !
— Et si jamais ils tentent d'organiser une nouvelle cérémonie ?
— Ce genre de sort ne marche qu'une fois sur une personne. Ils pourront essayer mais ils n'arriveront jamais à me lier à Castiel. Et je doute qu'ils essaient avec quelqu'un d'autre vu la honte que je leur ai collé aujourd'hui.
Sirius releva la tête pour jeter un coup d'œil aux Light. Charles fixait Camille avec un regard sombre, il avait visiblement compris leur combine et compris où se trouvait sa fille. Même si Sirius remarqua avec surprise qu'il n'avait pas l'air particulièrement choqué par la situation, il avait dû se préparer à ce genre d'éventualité. À côté de lui Camille observait son père avec appréhension, son sourire avait disparu en croisant son regard. Sirius posa une main sur son épaule, la faisant légèrement sursauter, et elle lui envoya un regard agacé.
— Ne me fais pas peur comme ça !
— Je t'ai juste touché, remarqua Sirius. Je peux savoir comment vous avez fait pour soudoyer le sorcier chargé d'officier ? Je croyais que c'était un proche de votre famille.
— Tokarsky ? Oh oui c'était un proche de la famille du temps de mon grand-père mais ça ne veut pas dire qu'il approuve toutes nos décisions. Il a été désigné pour être notre officier de cérémonie parce que c'est un membre important du ministère de Pologne et qu'il a longtemps travaillé avec mon grand-père, il a même aidé à rédiger le Contrat de Sang, mais en soit les Light ne sont plus très proches de lui, raconta Camille avec un haussement d'épaule. Ils sont même si peu liés que mes parents ne savent pas que Marek est un vieil ami de ma grand-mère. Mamie a juste dû lui glisser quelques gallions pour qu'il accepte de nous forger un nouveau Contrat qui concernait Castiel et Katherine. Et comme une personne ne peut pas être concernée par plusieurs Contrats à la fois, celui de Tokarsky a annulé celui de mon grand-père. Une fois ça fait on a juste eu à remplacer l'ancien contrat par le nouveau à temps pour la cérémonie. Trois fois rien.
— Ouais. Fastoche, ironisa Sirius.
— Oui enfin on a quand même eu de la chance de trouver qui officierait la cérémonie à temps et que ça a été un ami de ma grand-mère. Sans la lettre de Sophie on aurait été dans le pétrin et bien sûr Katherine devait être prête à passer l'éternité avec Castiel ce qui n'était pas gagné... Je lui souhaite bonne chance, il peut être sacrément casse-pieds le matin.
Camille lui envoya un nouveau sourire triomphant qui amusa Sirius. Elle semblait extrêmement fière de son plan et elle en avait le droit. C'était malin. Sirius n'était d'ailleurs pas le seul à le penser.
— Parfois je regrette que tu ne sois pas de notre côté Camille, déclara Rodolphus à côté de la sorcière.
Un soupir de dépit franchit ses lèvres au moment où il sortait un cigare de son étui en argent. Rabastan de son côté affichait un air entre la déception de voir la cérémonie échouer et l'incrédulité.
— Qu'est-ce que tu viens de dire Rodolphus ?
— Tu as beau être une traître et ne suivre aucun ordre, continua Rodolphus en ignorant son cadet, tu as un bel esprit de Serpentard. Tu aurais pu nous être utile.
— À quoi ? Saboter nos missions ? s'indigna Rabastan. Tu ne penses pas sérieusement ce que tu dis, Rolf.
— À saboter nos missions... Ou à saboter les missions des ennemis. Vous voulez devenir Aurors, non ?
— Je ne vois pas en quoi ça te regarde mais oui. Pourquoi tu demandes ? lança Camille en restant sur la défensive.
— Et bien si jamais tu en as assez des justiciers dorés et de leurs principes ridicules, n'hésite pas à me faire un signe, déclara Rodolphus en recrachant sa fumée sur Sirius et Camille.
— Rodolphus, protesta son frère.
— La famille, Rabastan. La famille et le sang. C'est le plus important. On gardera toujours une place pour la famille dans nos rangs, petite cousine. Tu auras toujours une place à nos côtés, là où tu devrais être depuis longtemps.
Camille ricana. Rodolphus continua de la fixer d'un regard dangereusement sérieux.
— Tu délires, Rolf, finit par dire Camille lorsqu'elle se calma.
— Non. J'ai simplement confiance en mon sang, tu te rendras bientôt compte de tes erreurs. Et à ce moment-là nous serons là, je serais là, pour t'accueillir à bras ouverts du bon côté.
— N'y compte pas trop.
Rodolphus lui jeta un regard démontrant qu'il ne la prenait pas au sérieux ce qui énerva encore plus Camille. Elle s'apprêtait à répliquer quand Sirius l'arrêta d'un geste et lui imita de laisser tomber. Une fois un Lestrange convaincu de quelque chose, c'était impossible de les faire changer d'avis et en ce moment Rodolphus était confiant que sa cousine finirait par le rejoindre dans les rangs du Seigneur des Ténèbres.
Sirius ne s'en inquiéta pas, Rodolphus se bernait d'illusions comme Walburga s'était berné d'illusions sur lui. Il était prêt à jurer sur un Serment Inviolable que Camille ne prêterait jamais allégeance à Voldemort.
C'était impossible.
Elle faisait partie du WORLD, elle avait jeté les principes de sa famille à la poubelle tout comme lui et Aleksander. Tout comme lui et Aleksander, elle avait juré de se battre du côté des traîtres à leurs sangs avec tout les autres membres de l'organisation. Ensemble, ils rejoindraient bientôt l'Ordre du Phénix et Rodolphus tomberait de son petit nuage quand il devra les affronter en duel.
***
Remus était agréablement surpris par le comportement d'Aleksander cette après-midi. Il avait beau être d'une humeur massacrante depuis quelques semaines — depuis l'arrivée des délégations pour être exact — aujourd'hui il semblait décidé à mettre sa colère de côté pour passer une Saint-Valentin paisible avec son petit-ami. Ça aurait été parfait si le temps n'avait pas décidé de faire des siennes au même moment. Il neigeait depuis le matin et malgré la température de lycanthrope élevé de Remus, il devait tout de même coller son épaule à celle brûlante d'Aleksander pour garder un semblant de chaleur dans son corps. Encore une fois, il remercia Merlin de lui avoir donné un petit-ami qui faisait aussi office de radiateur portable.
Sa proximité semblait aider l'humeur d'Aleksander qui souriait avec satisfaction depuis que Remus s'était rapproché de lui — ce dernier faisant pour une fois fi de sa pudeur en public et de sa paranoïa.
— Alors après m'avoir trainé dans toutes les libraries existantes, où est-ce que tu comptes me kidnapper Rem' ? Le salon de Madame Pieddodu ?
— Malheureusement non. Je suis désolé de te décevoir mais je préfère me contenter des Trois Balais, aussi banal que ce soit.
— Hum j'ai une meilleure idée... Suis-moi.
— Je me méfie de tes bonnes idées. Où est-ce qu'on va ? Aleks, où est-ce qu'on va ? Aleks !
— Arrête de douter et suis-moi Lupin !
Remus grommela des mots indistincts dans son écharpe et rattrapa tant bien que mal Aleksander, ce qui n'était pas facile vu que le Serpentard avait un bien meilleur cardio que lui. Plusieurs fois Remus trébucha dans la neige, maudissant ses membres trop longs qui manquaient de coordination. Aleksander finit par lui attraper la main pour le traîner loin du village. La méfiance de Remus se transforma alors en crainte lorsqu'il réalisa où ils se dirigeaient. La Cabane Hurlante.
Pourquoi diable Aleksander voulait-il visiter cet endroit lugubre ? Il ne pouvait tout de même pas savoir que... Non. Bien sûr que non. Aleksander ne connaissait pas son secret. Remus tenta de se rassurer : ce n'était qu'une simple coïncidence, beaucoup de gens se rendait là-bas pour satisfaire leur curiosité morbide ou même pour gagner un pari... Mais Remus sentit tout de même son malaise s'agrandir au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de cette maudite cabane et il s'enfonça plus profondément dans son écharpe comme si ça lui permettrait de disparaître de la surface de la Terre. Le visage d'Aleksander par contre n'apparaissait en aucun cas troublé, comme toujours il était parfaitement illisible. Il se contentait de sourire de temps en temps à Remus et c'était bien la seule chose qui le convainquait que le Serpentard ne s'ennuyait pas à mourir. C'était bien ça le problème avec l'air froid de son copain, Remus avait souvent du mal à comprendre ce qu'il pensait.
— T'as déjà visité la Cabane, Rem' ? demanda Aleksander avec intérêt.
Le cœur de Remus manqua un battement. Il se tourna vers son copain avec des yeux écarquillés. Le Serpentard le fixait avec un regard étrange, comme s'il attendait une réponse précise à sa question.
— Euh oui... Plusieurs fois, marmonna Remus. Avec le reste des Maraudeurs.
— Vraiment ? J'imagine que c'est normal vu les deux catastrophes qui te servent de meilleurs amis.
Son ton était calme et posé, comme toujours. Néanmoins lorsque le Serpentard se tourna, Remus capta une lueur de déception dans son regard. Ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Le malaise de Remus s'accentua. Et si Aleksander savait quelque chose sur son secret ? Est-ce qu'il était venu ici pour recevoir des aveux ?
— On va à l'intérieur ? proposa-t-il.
— Je ne sais pas si...
Aleksander n'attendit pas la réponse de Remus pour grimper par dessus les clôtures et s'aventurer dans l'enceinte de la Cabane. Le Gryffondor hésita un instant avant de le suivre. Qu'est-ce qu'Aleksander voulait ? Qu'est-ce qu'il cherchait au juste dans cette bâtisse ? Des réponses au comportement étrange de son petit-ami ? Remus finit par lui emboîter le pas, enjambant la barrière d'un air morose. Aleksander ne l'avait pas attendu pour rentrer dans la Cabane.
Il était planté près de l'escalier et ses yeux noirs scrutaient les murs avec attention. Il sourit à Remus quand il le vit avant de monter les escaliers. Remus jura dans sa barbe. Il ne pouvait pas se tenir tranquille deux minutes ? Péniblement, il suivit le Serpentard jusqu'au deuxième étage et sa nervosité grandit à chaque marche qu'il gravissait.
— Regarde Rem', y'a un tourne disque et des vinyles. Tu penses que le fantôme de la Cabane écoute Queen et David Bowie ? Et du T-Rex. Tu aimes ce groupe, non ?
Le ton d'Aleksander était lourd de sens, presque accusateur, et pourtant quand il se tourna vers Remus avec des disques dans les bras, il lui souriait. Le loup-garou déglutit sous son regard perçant. Il avait toujours trouvé le regard d'Aleksander particulièrement captivant mais depuis sa blessure à l'œil, il était devenu encore plus intense.
— Ouais... Ça doit être des enfants du village qui ont mis ça là...
— Hum tu as peut-être raison... Oh tiens qu'est-ce que c'est que ça ? On dirait une écharpe de Gryffondor.
Effectivement, Aleksander trouva une écharpe aux couleurs des lions coincée entre le matelas et le lit. Le Serpentard l'agita avec un léger sourire avant de se rapprocher de Remus en la faisant passer entre ses doigts.
— Bizarre qu'un enfant de Pré-Au-Lard se promène avec une écharpe comme celle-ci, tu ne penses pas ?
— Il l'a peut-être trouvé dans la rue...
— Propriété de James P, déchiffra Aleksander sur l'étiquette.
Remus ferma les yeux et maudit silencieusement James Potter.
— Ça me dit quelque chose ce nom... Et toi, Remus ? Ça te rappelle pas quelque chose ?
— Qu'est-ce que tu veux, Aleks ?
— Oh moi ? Être riche et célèbre. Mais pour l'instant je vais me contenter de la vérité, ce serait déjà pas mal.
Remus remarqua tout de suite l'étincelle d'impatience qui brillait dans ses yeux dépareillés et il se rendit alors compte qu'il était pris au piège dans l'antre du loup. Aleksander se doutait forcément de quelque chose et le Serpentard avait brillamment réussi à l'acculer.
— La vérité ?
— Oui la vérité, Remus. Sur tout. Sur vos escapades nocturnes dans la Forêt Interdite avec tes potes et tes disparitions chaque mois autour de la pleine lune.
Remus avait l'impression d'avoir reçu un cognard en pleine poitrine. Il fixa son copain avec une expression aussi choquée que paniquée.
— Depuis quand tu...
— Ça fait presque un an que je le sais.
— Un an, répéta Remus dans un murmure.
Comment était-ce possible ? Il avait toujours été si discret, il prenait toujours tellement de précautions... Et Aleksander n'avait jamais fait aucun sous-entendu jusqu'à aujourd'hui. C'était un cauchemar, c'était la seule explication et Remus allait bientôt se réveiller.
— Je n'ai jamais rien dis parce que j'attendais que tu le fasses toi-même mais visiblement tu n'as aucune confiance en moi. J'ai passé des mois à faire l'aveugle et à attendre que tu me dises toi-même que tu étais un putain de loup-garou ! J'ai essayé de te laisser du temps, tout le monde a ses secrets et je sais très bien que certains sont plus difficiles à partager ! Mais voilà j'ai passé des mois à attendre et toujours rien. Parce que tu ne me fais toujours pas confiance. Parce que tu me prends pour un connard qui te rejètera pour ton secret.
— Bien sûr que non !
— Ne mens pas, Remus ! Je t'ai demandé la vérité. Au fond tu ne me fais pas confiance, tu penses que je suis un sorcier intolérant et superficiel. Mais non, moi je m'en fous que tu sois un loup-garou ou pas !
— Je ne pense pas que tu sois intolérant ou superficiel, Aleks, rétorqua Remus. Évidemment que non ! Tu es un des sorciers les plus ouverts d'esprit que je connaisse ! Mais être un loup-garou ce n'est pas comme être un né-moldu, ce n'est pas simplement mal-vu. Être loup-garou c'est monstrueux et dangereux, c'est quelque chose qui te pourrit l'existence et qui peut détruire celle des autres ! Un loup-garou c'est une créature maléfique, c'est pour ça que je ne t'ai jamais dis ce que j'étais ! Parce la moindre personne saine d'esprit se barrerait en courant loin de moi et elle aurait raison, si je te le disais et que tu décidais de rompre je comprendrais totalement. Mais je suis lâche donc je ne t'ai jamais à quel point j'étais dangereux. Je ne voulais pas que tu partes.
— Toi, dangereux ? Remus t'es pas sérieux là.
— Si je suis sérieux. Un loup-garou c'est sanguinaire et fondamentalement mauvais, Aleks. C'est pas juste un pauvre hybride, c'est une créature de magie noire. Je suis dangereux.
— Tu ne te rends pas compte, Remus. De nous deux c'est moi le plus dangereux.
Alors que Remus s'apprêtait à protester, Aleksander ouvrit sa main et une flamme apparut au creux de sa paume. Remus la fixa instant avec surprise avant que ses yeux ne s'écarquillent.
— Tu sais faire apparaître une flamme si grande sans baguette ?
— Je peux faire brûler tout un château et une dizaine de personnes sans baguette, corrigea-t-il amèrement. On appelle ça drajmagi, c'est une magie sombre et ancienne, comme la tienne, mais beaucoup plus destructrice et incontrôlable. Elle apparaît dans les pays du Nord de l'Europe et dans quelques régions d'Asie... C'est pour ça que j'ai été expulsé de Durmstrang. Ma magie a explosé et j'ai détruit une partie du château et blessé d'autres élèves. Le visage scarifié de Luke ? C'est de ma faute. Après ça j'ai été arrêté et j'ai passé deux semaines en surveillance complète à Sainte-Mangouste avant que le professeur Dumbledore ne réussisse à m'en sortir. Alors franchement Remus, je n'ai absolument pas peur de toi.
Remus ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit mais aucun son n'en sortit. Aleksander continua de le fixer d'un regard dur alors que sa tête se mettait à lui faire mal.
— C'est... C'est beaucoup d'informations à recevoir en trente secondes, laissa-t-il échapper d'une voix légèrement aiguë.
— Autant qu'apprendre que le mec sur qui on flash depuis ses quatorze est un loup-garou dont les trois amis sont des animagi.
Remus alla s'asseoir sur le lit déchiqueté et se prit la tête entre les mains. Il avait besoin de temps pour assimiler tout ça. C'était trop d'informations à la fois, trop de secrets qui explosaient. Il n'avait vraiment pas pensé que sa Saint-Valentin se passerait aussi mal... Il aurait dû se méfier de la bonne humeur soudaine d'Aleksander. C'était suspect.
— Écoute Remus, je voulais pas être aussi brusque mais j'avais besoin qu'on mette les choses au clair. Et quand tu auras réussi à digérer tout ça on pourra en reparler plus calmement. Là j'ai réunion avec des membres du WORLD, alors... On se voit ce soir.
Et sur ces mots, Aleksander s'enfuit de la Cabane Hurlante. Remus ne le retint pas. Le Serpentard avait voulu mettre les choses au clair mais tout ce qu'il avait réussi à faire c'était le faire paniquer et embrouiller son cerveau. Remus pouvait officiellement dire que leur première Saint-Valentin avait été désastreuse.
***
— Non.
La réponse aussi précipitée qu'empreinte de dégoût de Camille provoqua un éclat de rire chez Sirius.
— Je ne mettrai jamais les pieds dans ce truc ! On dirait qu'une licorne a vomi dedans !
— Oh allez Light ! J'ai toujours les coupons gratuits qu'Aleks m'a donné pour mon anniversaire.
— Sirius si tu me forces à aller chez Madame Pieddodu, je te largue, menaça la Serpentard.
Le rire de Sirius redoubla face au regard sombre de sa copine mais il préféra tout de même changer de direction et se diriger vers les Trois Balais à la place. Il n'était pas sûr qu'elle soit capable de le larguer pour si peu mais il savait que tenter le sort était une mauvaise idée.
— Je veux juste que notre premier rencard soit mémorable, prince charmant, argua-t-il néanmoins.
— En brisant ma santé mentale ?
— Ce n'est pas comme si elle était en bon état.
— Raison de plus pour la préserver espèce de brute sans cœur.
— Comment ça « sans-cœur » ? s'insurgea Sirius. C'est toi qui menace de rompre quand j'essaie de proposer un endroit sympa !
— Madame Pieddodu ? Un endroit sympa ? répéta Camille avec indignation. Depuis quand tu aimes ce genre de café, toi ?
Sirius eut un rire nerveux et fourra ses mains dans ses poches, geste qui augmenta la suspicion de sa petite-ami. Cette dernière se rapprocha immédiatement de lui avec un regard scrutateur.
— Princesse ? Tu as quelque chose à me dire ?
— Hé bien... Disons que... J'ai parié deux gallions avec James que j'arriverais à te traîner chez Madame Pieddodu...
— Oh par Merlin, jura Camille dans son écharpe. Je vais finir par vous assassiner tout les deux ! Moi vivante jamais je ne poserai un doigt de pied dans cet endroit immonde !
— Le chocolat chaud est très bon.
— Parce que tu y aies déjà aller ? s'horrifia Camille.
— Avec Mary l'année dernière. Mais elle a refusé de revenir quand une serveuse a critiqué sa tenue.
— Ah donc toutes tes conquêtes ne sont pas des cruches.
— Ça dépend, tu te comptes dans le lot ?
Le pied de Camille partit tout seul et s'abattit avec une précision chirurgicale sur le tibia de son copain. Sirius poussa un cri étranglé et se mit à sautiller.
— Premièrement si tu me traites de cruche ou de conquête encore une fois, je te ferais danser la polka dans la Grande Salle. Deuxièmement pour pallier à l'humiliation d'avoir été invitée chez Madame Pieddodu tu as intérêt à me payer mes bièreaubeurres. Et troisièmement je suis frigorifiée donc si on pouvait accélérer ça m'arrangerait.
— Depuis quand tu as autant de force ? grimaça Sirius en se tenant la cheville. Aleks avait raison, tu es un vrai tyran.
— J'ai de la force !
— Non. Tu es une crevette Light, pourtant je dois reconnaître que tu m'as probablement cassé la cheville.
— Arrête de faire ton dramatique tu as à peine un petit bleu, rétorqua Camille pour toute excuse. Et dépêche-toi j'ai froid.
— Je devrais écouter James plus souvent, ronchonna Sirius. Il m'avait bien prévenu que sortir avec toi était une mauvaise idée.
— Ton idiot a aussi dit que le Calamar géant avait mangé les branchiflores de Slughorn alors que c'est mortel pour les créatures marines. C'est vraiment ça que tu veux écouter ?
— Lui au moins il ne me casse pas la cheville, bougonna Sirius.
Camille soupira et rebroussa chemin pour venir déposer un baiser sur la joue du Gryffondor. Ce dernier sourit triomphalement.
— Je m'excuse pour ta cheville. Par contre tu es toujours un idiot et tu me dois toujours une bièreaubeurre donc magne-toi.
— J'ai le droit à un autre baiser pour m'encourager ? lui cria Sirius alors qu'elle s'éloignait.
— Non mais je peux te faire léviter si tu veux !
Sirius grimaça et s'empressa de la rejoindre en la voyant sortir sa baguette. Camille était sûrement la personne qu'il redoutait le plus baguette en main à Poudlard, il était pratiquement sûr que son idée de lévitation différait largement de la sienne et il refusait de se retrouver sur un toit par accident. Néanmoins pour faire bonne mesure, il grommela dans son écharpe en suivant la Serpentard jusque dans le pub.
— Perdu Patmol ! jaillit une voix au fond de la pièce. Je t'avais dit qu'elle refuserait, tu me dois deux gallions !
— C'était injuste comme pari Cornedrue ! rétorqua Sirius.
— Quel pari ? s'enquit une autre voix.
Sirius se retourna en même temps que Camille vers le bar. La jeune serveuse du café, Madame Rosmerta, fixait les élèves avec curiosité.
— Rosmerta, toujours aussi charmante, salua Sirius avec un sourire.
— Pas de ça avec moi mon garçon, tu es trop jeune pour moi. Qu'est-ce que je vous sers ?
— Deux bièreaubeurres s'il vous plaît, commanda Camille d'une voix étouffée par sa large écharpe. C'est lui qui paie.
— Je suis déshérité je te rappelle, j'ai les poches vides, râla Sirius.
— Moi aussi je risque d'être à la rue dès mes dix-sept ans alors je préfère t'exploiter.
— Je savais que tu n'étais avec moi que pour l'argent Light.
— Évidemment, je ne suis pas une débutante Black. Mes proies sont toujours riches et de bonne familles. Je vais choisir une table !
La blonde disparut dans la foule au moment où Rosmerta réapparaissait avec deux bouteilles de bièreaubeurres. Elle sourit d'un air triste à Sirius.
— J'ai vu l'article. Je suis désolé de ce qu'il t'ait arrivé Black.
— Ben c'était qu'une question de temps, esquiva Sirius avec un haussement d'épaule. Je suis mieux chez James.
— Sûrement. Je croisais souvent ses parents quand je m'occupais du Chaudron Baveur, ce sont de sacrés sorciers. Toi aussi d'ailleurs. La Gazette raconte n'importe quoi, ne les écoute pas. Ils ont fait plusieurs articles qui descendaient mon bar et pourtant je suis toujours l'attraction principale de Pré-Au-Lard !
— En même temps tu sers le meilleur Whisky-Pur-Feu ! Et en parlant de whisky est-ce que...
— Non c'est non, Black, refusa Rosmerta avec un léger sourire. Je n'ai pas le droit de servir du Whisky aux élèves.
— Mais j'ai dix-sept ans ! Je suis majeur !
— Pas d'alcool pour les élèves. Ordre de Minerva McGonagall en personne et crois-moi gamin même adulte tu ne veux pas mettre cette sorcière en colère !
— Même à Pré-Au-Lard, Minnie nous mets des bâtons dans les roues...
— Bah ne fais pas cette tête, Black. Tiens je te les offres ces bièreaubeurres !
— Quoi ?
— Cadeau de la maison pour fêter ta majorité. Allez ne va pas faire attendre ton amie Serpentard. C'est ta copine, non ?
— Oui, répondit fièrement Sirius. Ça a pris du temps mais oui. D'ailleurs je file parce qu'elle risque de me casser la deuxième cheville si je la fais trop attendre...
Rosmerta ria en le voyant s'éloigner précipitamment, bouteilles dans les bras, et retourna à ses autres clients, c'est-à-dire James Potter qui s'indignait qu'elle offre plus d'attention à Sirius qu'à lui.
« Évidemment jamais l'un sans l'autre », pensa la serveuse en souriant. « Irrécupérables ces deux-là. »
Sirius zigzagua à travers la foule, faisant attention à ne pas renverser ses boissons — ce qui n'était pas simple vu qu'on l'interpellait toutes les deux minutes. Pas toujours facile d'être un des rois de Poudlard... Quand le Gryffondor rejoint enfin la table que Camille avait choisi au fond de la salle, il s'écroula sur sa chaise avec bruit. Camille releva les yeux du livre qu'elle venait d'acheter à la librairie et sourit à Sirius.
— T'as l'air crevé. Tu supportes pas une petite balade princesse ?
— Tu marches super vite pour quelqu'un de si petit, rétorqua Sirius en lui tendant sa bouteille. Et dois-je te rappeler que tu m'as traîné dans tout Pré-Au-Lard toute l'après-midi ?
— Je devais refaire mon stock de fournitures et de nourriture, Aleks me pique toutes mes affaires.
— Ton ami est une saleté. Il te vole tes affaires et il nous vole Remus.
— Hé, s'offusqua Camille en pointant un doigt accusateur sur lui. Y'a que moi qui peux le traiter de saleté !
— Quelle piètre meilleure amie tu fais, releva Sirius avec un sourire avant d'afficher un air plus sérieux. Quand est-ce qu'on a rendez-vous avec Edgar ?
Le visage de Camille passa immédiatement de la fausse colère à un air plus sérieux.
— Dans dix minutes. Si Prewett n'est pas en retard encore une fois.
— Et après c'est lui qui m'engueule.
— En même temps on peut difficilement qualifier ton comportement d'angélique. Je suis sûre que si tu n'avais pas passé l'après-midi avec moi, tu serais en retard.
— C'est... Vrai, admit Sirius à contrecoeur.
Il serait arrivé en retard juste pour énerver Prewett. Comment est-ce que Camille faisait pour toujours avoir raison ? Heureusement pour lui une voix les interpella avant que sa copine ne puisse faire un commentaire satisfait.
— Excusez-moi...
— Oui ? s'enquit Sirius en se retournant.
Une Serdaigle qui ne devait pas être âgée de plus de quatorze ans se tenait face lui et le dévisageait avec gêne. Sirius se retint d'afficher une mine dépitée. Il ne supporterait pas de voir une autre fille bafouiller en lui tendant une lettre ou des chocolats empoisonnés au philtre d'amour... C'était pour ça qu'il détestait la Saint-Valentin, il n'était jamais en paix le quatorze février.
— C'est juste que... Mes amies et moi on voudrait vous demander quelque chose... Mais c'est un peu indiscret...
— Okay là je suis intriguée, déclara Camille avec un regard intéressé.
— Et qu'est-ce que c'est ? demanda Sirius.
— Est-ce que vous sortez ensemble ? lâcha brusquement la Serdaigle.
Camille recracha sa bièreaubeurre alors que Sirius fixait la jeune sorcière en clignant bêtement des yeux.
— Quoi ? fit Camille en s'étouffant à moitié.
— Est-ce que vous sortez ensemble ? répéta la Serdaigle. On se posait la question entre nous. Vous êtes beaucoup plus proches et vous passez la Saint-Valentin ensemble alors... On est pas les seuls à se demander ça. Est-ce que vous êtes en couple ?
Sirius jeta un regard interrogateur à Camille qui se contenta de le fixer avec un froncement de sourcils.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Ben je réponds quoi ?
— Oh par Merlin... Oui on sort ensemble. Même si presque deux mois plus tard il n'a toujours percuté, rétorqua Camille en jetant un regard noir à son copain. On dirait Potter sérieux.
— Laurie j'avais raison ils sortent bien ensemble, tu me dois deux boîtes de souris en sucre ! cria la Serdaigle en disparaissant dans la foule.
— Oh c'est pas vrai ! Je suis presque à sec moi ! Tu pouvais pas le faire poireauter deux semaines de plus Light ? râla la dénommée Laurie en se levant de sa place.
Camille pouffa dans sa manche alors que le visage de Sirius s'assombrissait.
— Une amie à toi ? grogna-t-il en direction de la Serpentard.
— Nope. Je ne les connais même pas.
— Est-ce que tout le monde sauf nous était au courant que j'en pinçais pour toi ?
— Visiblement... On n'a pas assuré sur ce coup-là.
— Oh c'est pas grave. Ça s'est bien terminé, déclara Sirius avec satisfaction en lui prenant la main par dessus la table.
Camille le regarda glisser ses doigts entre les siens et serrer légèrement sa paume, un sourire idiot aux lèvres. Ça lui paraissait toujours bizarre de se comporter comme sa copine après avoir été son amie pendant des années mais elle commençait peu à peu à s'habituer. Ce n'était pas très dur : Sirius était un bon petit ami, les histoires et rumeurs qui courraient sur lui à Poudlard étaient loin d'être vraies... Ils continuaient de traîner ensemble comme ils le faisaient d'habitude, même s'ils passaient plus de temps seuls sans leurs amis, et Sirius râlait de moins en moins quand Camille le traînait à la bibliothèque. Il faisait même l'effort d'écouter ce qu'elle disait quand elle monologuait sur un livre qu'elle avait lu ou un nouveau sort qu'elle avait découvert. Ce matin il lui avait offert une tablette de chocolat — que Camille avait accepté avec joie — et il avait passé l'après-midi à la suivre patiemment dans chacune des boutiques qu'elle souhaitait visiter. Ils étaient même allés ensemble à la Cabane Hurlante avant de décider de se réfugier dans un café pour se protéger du froid de février.
Au fond leur mise en couple n'avait pas causé beaucoup de changements dans leur relation. Camille en était soulagée, elle avait eu peur que Sirius change de comportement avec elle lorsqu'ils avaient commencé à sortir ensemble mais le Gryffondor était resté égal à lui-même. Il était toujours aussi moqueur et souriant, toujours aussi idiot et sarcastique. Camille aimait toujours autant passer du temps avec lui, il arrivait toujours à lui faire oublier — même brièvement — la catastrophe qu'était devenue sa vie. Elle était pratiquement sûre d'avoir le même effet sur lui. Sa présence lui permettait d'oublier pendant quelques instants les Black et leurs machinations. Ils se servaient tout les deux l'un de l'autre pour échapper à la réalité et Camille devait avouer ce que ça lui faisait du bien... Dès qu'elle se rappelait ce qu'il s'était passé le trente janvier ou les regards que sa famille lui avaient lancé, les remarques et commentaires qu'elle avait provoqué, Camille se tournait vers Sirius pour qu'il lui fasse oublier tout ce merdier.
— Si vous vous embrassez, je vomis. Allez les tourtereaux, on lève le camp ! ordonna la voix de Victory.
— Serais-tu allergique à l'amour et au bonheur Vic' ? s'amusa Aleksander derrière elle.
— Non seulement à lui, rétorqua la Serpentard en pointant Sirius du doigt. Il m'a volé mon amie.
— C'est faux et tu le sais très bien Vic', soupira Camille en rangeant son livre dans son sac. On passe toujours autant de temps ensemble...
— Plus autant qu'avant !
— Elle a raison, remarqua Aleksander.
— Toi aussi tu t'y mets ? Où est passé la solidarité entre meilleurs amis Aleksander ? Je dis rien pour Remus, tu dis rien pour Sirius !
— Encore Remus je comprends, marmonna Victory en croisant les bras sur sa poitrine, mais alors Black...
— Hé Wile, fais-moi plaisir et ferme-la, lança Sirius, piqué à vif.
Victory secoua la tête, l'air écœurée, et faucha le coude de Camille pour la traîner derrière elle. La Serpentard ne tint pas compte des protestations de son amie ou de celles de Sirius alors qu'elle entraînait Camille vers les escaliers du fond de la salle.
— Franchement de toutes les personnes habitant Poudlard, il a fallu que tu jettes ton dévolu sur le mec qui m'énerve depuis deux ans ! Et en plus tu passes plus de temps avec lui sérieux...
Camille observa avec des lèvres pincées le visage de son amie. Victory arborait un air impassible, un véritable masque de glace, mais la blonde remarqua facilement à son ton qu'elle était agacée et presque déçue par son comportement.
— Je suis désolée Vic' si j'ai pas passé beaucoup de temps avec toi. C'est juste... Sirius avait besoin de mon aide et c'est mon ami...
— Petit-ami, corrigea aigrement Victory.
— Oui, oui petit-ami... Je ne vais pas m'excuser de sortir avec lui, Vic'. Je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup mais honnêtement Sirius est quelqu'un de bien. Si vous arrêtiez deux jours de vous prendre à la gorge à chaque fois que vous vous voyiez, tu verrais que c'est un mec super. Il peut être gentil quand il le veut.
— Il a mis des grenouilles dans mon lit ! Et tu n'étais pas là les deux dernières années Camille, Black était un connard avec le moindre Serpentard qui avait le malheur de croiser son regard. Lui et ses amis nous faisaient vivre un enfer, toutes les deux semaines on se réveillait pour trouver notre Salle Commune saccagée. C'était insupportable, il était insupportable !
— Je sais ! Il l'est toujours par moment crois-moi... Mais il s'améliore, non ? Il est en train de mûrir, lentement mais sûrement. Combien de fois ont-ils mis la Salle Commune en désordre cette année ?
— Beaucoup moins que les autres années, admit Victory à contrecœur. Mais ça n'excuse pas ce qu'il a fait...
— Évidemment et je m'excuse à sa place pour toutes les conneries qu'il t'a faites. Mais les gens changent, Vic'. Sirius s'est calmé, il a compris qu'agresser les Serpentards ne servait à rien à part à envenimer leurs relations encore plus. Il a compris, et moi aussi d'ailleurs, qu'il ne devait pas utiliser la violence et les moqueries pour arrêter le conflit. Parce qu'il a changé. Il a vécu des choses qui l'ont changé. Alors s'il te plaît, s'il te plaît, laisse-lui une deuxième chance. Arrêtez les insultes et les provocations, essayez d'apprendre à vous connaître.
Victory resta silencieuse pendant un certain moment et Camille devina qu'elle pesait les pour et les contre d'une telle décision dans sa tête. Son froncement de sourcil lui apprit que son amie n'était pas très contente de la conclusion à laquelle elle était tombée. Lentement, très lentement — et la mort dans l'âme — Victory finit par hocher la tête pour accepter la proposition de Camille. Cette dernière afficha un sourire victorieux mais cacha bien vite sa satisfaction face au regard noir de son amie.
— Depuis quand c'est toi la voix de la raison ? bougonna Victory. C'est déjà bien assez d'avoir une Lily sur les bras sans que tu ne te transformes en personne responsable toi aussi...
— Ne t'inquiète pas Vic', je serai toujours partante pour infiltrer des vaches en douce dans le château, lui promit Camille avec un sourire.
Victory leva les yeux au ciel, l'air de se dire que c'était une évidence, avant de se tourner vers une porte. Les deux Serpentards étaient enfin arrivées au sommet de l'escalier et s'étaient aventurées dans un couloir au bois craquelé jusqu'à une porte vernie. Victory toqua immédiatement dessus, n'attendit pas de réponse et s'infiltra à l'intérieur de la pièce d'un pas rageur, frustrée de ne pas avoir gagnée la dispute. Camille referma plus calmement la porte derrière elle et se figea derrière son amie.
Les deux autres personnes présentes dans cette pièce étaient un couple en pleine séance de bécotage.
Camille esquissa un sourire dégoûté. Elle trouvait toujours ça bizarre, surtout quand c'était un autre couple qui le faisait. Elle ne comprenait même pas elle-même d'où lui venait ce dégoût des palots mais décidément elle trouvait ça écœurant à regarder.
— Et bien c'est très productif les réunions avec les membres de l'Ordre à ce que je vois, Alice, se moqua Victory sans aucune retenue.
Une jeune fille aux couleurs de Poufsouffle se dégagea précipitamment de l'étreinte de son copain, les joues aussi rouges que ses cheveux, et fixa avec des yeux écarquillés les deux Serpentards. Son copain se contenta d'essuyer maladroitement sa bouche et de remettre ses habits en ordre avec un air gêné.
— Vic' ! Vous êtes en avance, balbutia Alice Weasley.
— De cinq minutes seulement. Mais j'imagine que vous avez du perdre la notion du temps tout les deux.
— Vous seriez mort si on était des Mangemorts, déclara Camille.
Cette remarque créa un léger silence durant lequel le copain d'Alice ne manqua pas de la dévisager avec agacement. La Poufsouffle en revanche eut l'air encore plus gênée si c'était possible. Victory quant à elle fit la moue, approuvant silencieusement la remarque de son amie. Quant à Camille, elle ne savait pas ce qui lui avait pris de dire une chose pareille... Elle avait voulu se débarrasser de cette sensation de gêne qu'elle ressentait mais avait au contraire aggravé la situation.
— Et qui es-tu au juste ?
— Frank ! réprimanda Alice face au ton revêche et peu accueillant de son copain.
— Camille Light.
Le visage du dénommé Frank s'éclaira en entendant ça.
— Ah ! La fameuse. J'ai beaucoup entendu parler de toi, lui apprit le jeune homme avec un rictus.
— En bien ou en mal ?
— Ça dépend de celui qui raconte... Castiel a tendance à te louer, contrairement à Fabian Prewett...
— Ça ne m'étonne pas... Alors tu es un Auror ? devina Camille. Frank Londubat, l'ancien gardien de Gryffondor dont Potter n'arrête pas de parler, le petit prodige ?
— Ça doit être moi effectivement. Bien que techniquement je ne sois pas un Auror, je suis toujours en formation. Mais vu le nombre réduit de nos effectifs on me considère comme un membre à part entière. Enchanté.
— De même.
— Ça me fait flipper de te voir si polie, laissa échapper Victory avec une mine inquiète.
— De quoi tu parles ? Je suis toujours polie.
— Ah bon ?
— Oui, je ne suis pas une sauvage contrairement à vous autres. Je sais me tenir correctement.
— Ben tu ne le fais jamais devant moi en tout cas, marmonna Victory en allant chercher une chaise.
Camille leva les yeux au ciel alors qu'Alice et Frank esquissaient un sourire discret. La Serpentard s'assit sur une des chaises que Victory ramena et attendit en silence que la réunion commence. Son amie se chargea de faire la conversation pour quatre, partant dans des explications détaillés des différentes farces qu'ils avaient planifié au cours de janvier. Elle était au milieu d'un récit impliquant des savonnettes, Peeves et le Baron Sanglant quand la porte d'entrée claqua contre le mur brutalement. Sirius et Aleksander, qui étaient arrivés entre temps, sursautèrent au son et rapprochèrent instinctivement leurs chaises de celle de Camille.
— Ah les mioches sont déjà là !
— Évidemment qu'ils sont là. Ils sont très ponctuels contrairement à toi, Prewett.
— Non mais tu ne vas pas t'y mettre toi aussi Ed' ! Je ne suis pas tout le temps en retard !
— Weasley, je peux savoir ce que vous faites là ?
— Oh j'étais juste venue saluer Frank... Je vais vous laisser. N'oublie pas de m'écrire cette fois-ci Frank !
— Ne t'inquiète pas, Weasley, je rappèlerai à Joli Coeur qu'il doit t'envoyer des poèmes.
— Ce ne sera pas nécessaire Monsieur Prewett, grimaça Alice en disparaissant dans le couloir.
— Bon puisque tout le monde est là, la réunion peut donc commencer, déclara Edgar Bones en fermant la porte derrière lui. Nous serons brefs, nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous.
— Vous allez enfin nous dire pourquoi vous nous avez convoqué si rapidement ? lança Sirius. Et lors d'une de nos sorties en plus.
— Désolé d'avoir dérangé ton rendez-vous amoureux, Black, mais la guerre n'attends pas ! rétorqua Gideon en se laissant choir sur le divan où était assis Frank. Déjà je peux vous dire que vous n'allez aimer ce qu'on va vous dire.
— Qu'est-ce qui se passe ? Une autre disparition ? Quelqu'un est mort ?
— Pire.
— Pire ?
— Pire.
— Ce que Gideon essaie de vous dire, c'est qu'on a pas mal de nouvelles à vous partager mais qu'elles vont être dures à digérer. C'est... Un peu délicat.
— Quelqu'un cafte auprès des Mangemorts.
— Quoi ?!
— Il est possible qu'un espion ait infiltré nos rangs, corrigea patiemment Edgar.
— Comment vous pouvez le savoir ? demanda Aleksander avec un froncement de sourcil prononcé.
— Il y a une raison pour laquelle tout nos plans ont foiré lors du bal de Beauxbâtons, Aleks. Quelqu'un a du balancer ce qu'on comptait faire aux Mangemorts en plus de l'adresse d'Edgar. Sa maison a été attaquée mardi soir.
— Quoi ?!
— Pourquoi on en a pas entendu parler ? Les enfants et Cassiopeia vont bien ? s'inquiéta Camille.
— Tout le monde va bien, j'ai réussi à contacter Fabian et Londubat à temps. Cassie a extrait les enfants chez Dodge pendant la bataille. Et si vous n'en avez pas entendu parler, c'est parce que le Ministère a interdit à la Gazette d'en faire un article. Ils ne veulent pas que la population sache que même les hauts-placés se font attaquer chez eux, ça créerait un nouveau mouvement de panique.
— Et donc c'est cet espion qui aurait donné votre adresse ?
— Hypothétiquement.
— Y'a pas d'hypothétiquement qui tienne, Ed'. Seuls les membres de l'Ordre et certains du WORLD connaissent ton adresse. Quelqu'un a mouchardé.
— Attendez, attendez, interrompit Sirius avec un sérieux rare. Si vous nous avez convoqué nous pour parler de ça veut dire que... Que vous pensez que l'espion est l'un de nous ?
L'air sembla refroidir dans la pièce alors que Frank, Gideon et Edgar échangeaient un regard lourd de sens. Victory laissa échapper un rire incrédule.
— Non mais c'est une blague ! On risque nos peaux chaque jour en vous aidant et c'est comme ça que vous nous traitez ? Vous nous prenez pour des espions ?
— Vous êtes les mieux placés pour avoir divulgué ce genre d'informations. Vous avez assisté au bal de Beauxbâtons, vous vous êtes rendus chez Edgar...
— Vous aussi vous avez fait tout ça. Surtout toi Prewett. Mais j'imagine que toi tu n'as pas été considéré comme un suspect.
— Tu me traites de traître ? s'emporta l'Auror.
— Ouais. Ça fait mal, hein ?
— Écoutez-moi, ce n'est pas de gaité de cœur si on vous a convoqué.
— Tout vous désigne comme suspects...
— Oh oui. J'imagine que Castiel aussi a été désigné comme un suspect. Après tout c'est un Light quand même, quoi de plus louche ? ricana Camilles
— On était pas les seuls présents cette soirée-là, rétorqua Victory. Où sont Davies, Dodge et Meadowes ? Eux aussi connaissaient nos plans. Oh mais non, c'est évident qu'ils ne pourraient pas vous trahir c'est même impossible. Alors que les quatre nouvelles recrues... Oui ça c'est plus probable. Dans ce cas-là où est William ? Hein ? Où est-il ?
— Sunner a été lavé de tout soupçons.
— Vraiment ? Il a été lavé de tout soupçons ? Si rapidement ? fit Camille en feignant la surprise. Étrange, étrange... Enfin pas tellement. C'est un né-moldu après tout, un valeureux Gryffondor, et c'est le filleul de Meadowes. Alors que nous... Trois Serpentards dont une Light et un ancien élève de Durmstrang accompagné évidemment de l'ancien héritier des Black. On est vraiment les suspects idéals.
— Ça n'a rien à voir...
— Évidemment que si ! Vous ne voulez juste pas assumer que vous ne nous faites pas confiance, cracha Sirius. Depuis le début vous vous méfiez de nous, on a jamais été considéré comme des vrais membres. On reçoit toujours les informations après les autres, et ça c'est seulement quand vous voulez bien les partager avec nous ! À vos yeux on est une bande d'apprentis Mangemorts.
— Bien sûr que non ! On ne vous aurait jamais accepté si on avait le moindre doute quant au fait que vous puissiez faire partie des Mangemorts.
— Tu es étrangement silencieux, Aleks. Tu ne veux pas partager ton opinion ? lança Camille.
— Pourquoi faire ? Ils ne nous font pas confiance. Ça ne risque pas de changer même après tout ce qu'on pourra leur dire. Le seul moyen de prouver notre loyauté c'est par des actions...
— Aleksander a raison, pour rentrer dans l'Ordre il ne faut pas simplement...
— Mais ça on l'a déjà fait, l'interrompit Aleksander d'une voix forte. On a déjà prouvé notre loyauté.
D'un mouvement brusque et sec, Aleksander remonta sa manche gauche et défit avec soin le bandage qui recouvrait sa peau. Sous les regards gênés des membres de l'Ordre du Phénix, le Serpentard afficha les marques noires qui sillonnaient sa peau.
— J'ai reçu ça lors de ce maudit bal. Je crois que tu t'en rappelles, Prewett, dit-il d'une voix froide.
Gideon hocha la tête, impassible.
— Et j'ai perdu une bonne partie de ma vue dans cet œil, leur apprit Aleksander en pointant du doigt son iris gris. Sirius s'est fait déshérité et renié de sa famille et Camille a ruiné une bonne partie de la réputation des Light avec ce qu'elle a fait le trente janvier. Alors ne me dites pas qu'on n'a rien fait pour mériter votre respect et votre confiance, chaque jour on a mis nos vies et nos avenirs en jeu pour le WORLD. On mérite au moins d'être traité comme des sorciers normaux, pas comme des rejetons de mages noirs. Ce n'est pas vous les premiers à clamer que le sang ne veut rien dire ? Mais ce ne sont peut-être que de belles paroles.
Aleksander continua de fixer le parquet bancal longtemps après avoir achevé sa tirade et attendit patiemment que les adultes lui répondent. Ils n'en firent rien alors il claqua la langue avec agacement et se leva de sa chaise. Lorsqu'il sortit de la pièce en claquant de la porte, personne ne le retint. Gideon, Frank et Egdar restèrent silencieux. Même quand Sirius et Victory suivirent le Serpentard, ils restèrent silencieux. Au bout de cinq minutes, ils ne restaient plus qu'eux et Camille qui les fixait d'un regard lourd de reproches.
— Tu ne suis pas ton amoureux, Light ? ironisa Gideon.
— Non. Vous avez dit que vous aviez des informations pour nous, non ? J'aimerais les entendre.
— Même après ce qu'on a dit ? S'étonna Frank avec un faible sourire. On a un peu manqué de tact... On aurait dû laissé Caradoc aborder le sujet, il aurait été mieux placé.
— Sûrement. Personne n'aurait été surpris si Caradoc nous avait insulté. Mais je veux les informations, contrairement à mes amis et à vous moi je sais rester professionnelle. Et tant pis si ça vous paraît louche.
Gideon la fixa d'un regard perçant, comme s'il essayait de lire ses pensées — une sensation très désagréable pour une sorcière dont le père avait l'habitude d'abuser de son don de Legilimens. Finalement l'Auror finit par capituler.
— Hé bien comme tu as pu le remarquer Light, les attaques de Mangemorts se font rares ces temps-ci. En fait à part celle sur la maison d'Edgar, c'est silence radio. On suppose que les Mangemorts font profil bas pour préparer une attaque de grande envergure, comme celle sur Beauxbâtons. Mais ils sont plus discrets cette fois-ci, trop discrets mêmes. On a rien trouvé pour l'instant.
— Même Madame Meadowes ?
— Meadowes est quasiment injoignable ces derniers temps, ce qui ne nous arrange vraiment pas, soupira Gideon. De toute façon elle est assez occupée avec l'espion.
— Alors à quoi je peux vous servir ? Je suis coincée à Poudlard moi.
— Justement, on a besoin d'un élève cette fois-ci. Surtout d'un Serpentard. Tu nous as bien dit qu'un élève de septième année, Evan Rosier, était déjà Mangemort et avait participé à plusieurs attaques ?
— Je lui ai cassé le nez à Beauxbâtons et il a essayé de me tuer au Quidditch pour se venger.
— Parfait. On voudrait que tu essaies de lui soutirer des informations sur ce qu'il sait des Mangemorts et de leurs plans.
— Je ferais de mon mieux. C'est tout ?
— Oui. Enfin je crois, dit Frank avant de se tourner vers ses collègues. Gideon ?
— Surveille tes arrières et celles de tes potes, Light. La première épreuve du Tournoi approche et ça ne me dit rien qui vaille. Alors fais gaffe, d'accord ? Et fais en sorte qu'Aleksander ne se fourre pas dans d'autres emmerdes.
— Oh tu t'inquiètes pour nous ? Comme c'est mignon, Prewett a un cœur ! Et évidemment que je vais surveiller Aleks, je le fais déjà depuis quatre ans. En tout cas la prochaine fois que vous nous parlerez d'espion soyez plus délicat, ils sont très susceptibles sur ce sujet.
— La guerre c'est pas pour les enfants de chœurs, Light.
— C'est ça, bien sûr. À plus.
Elle leur claqua la porte la nez. Son professionnalisme avait tout de même des limites, tout comme sa tolérance envers Gideon Prewett. Quelle brute ce type. En tout cas ce n'était plus son problème, là elle avait trois amis au tempérament de chien mouillé à aller dérider.
***
Saluuut !
Alors oui j'ai fais une pause de deux mois sans prévenir, je suis désolée. Mais ! Je suis revenue. Avec un long chapitre.
Désolé... J'ai commencé à écrire autre chose en juillet et ça m'a pris tout mon temps, j'ai fais de mon mieux pour vous écrire un bon chapitre
Sinon comment se sont passées vos vacances ? Et votre rentrée ?
J'espère que le chapitre vous a plu,
à dans deux semaines !
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