Chapitre 41 : La Famille Avant Tout

1977

Chapter 41 : La Famille Avant Tout

Sophie Light n'était pas connue pour être une grande amatrice de sommeil. Elle souffrait souvent d'insomnies, surtout cette année avec le stress supplémentaire que lui apportait les ASPIC, son rôle de Préfète-En-Chef, le nouveau tatouage imprimé sur son avant-bras mais surtout la réponse qu'elle attendait de l'INMA — l'institut qu'elle souhaitait à tout prix intégrer.

Depuis que la Serpentard avait découvert l'Arithmancie et les potions, elle ne rêvait que de s'envoler à l'Institut National de Magie Arithmantique. Elle leur avait envoyé sa candidature fin novembre et trépignait d'impatience à l'idée de savoir si elle était acceptée. Cette attente était aussi excitante qu'angoissante, Sophie doutait d'être admise malgré ses résultats assez exceptionnels. C'était très rare qu'un élève de Poudlard soit pris à sa sortie de l'école, surtout si l'élève en question était une fille.

Le Comité d'Administration de l'INMA était assez vieux jeu et Sophie avait refusé les lettres de recommandation que lui avaient proposé son oncle et son père. Elle rentrerait par elle-même dans cet institut ou elle ne rentrerait pas. Même la lettre de Slughorn avait été intégrée à son dossier avec réluctance. Bien sûr elle admirait son Directeur de Maison pour son ingéniosité en potion mais elle ne pouvait s'empêcher de le trouver écœurant dans sa façon de traiter les élèves de bonne famille. Ironiquement pourtant il était le parfait Serpentard. Rusé et ingénieux, Slughorn savait charmer n'importe qui et évoluait dans les grandes sphères de la société sorcière grâce à son talent pour remarquer les prodiges et son habileté à garder contact avec les élèves qui l'intéressaient. On pouvait dire ce qu'on voulait de lui mais cet homme restait un des archétypes du Serpentard.

La lettre du professeur d'Arithmancie, Aiden Fawley, avait par contre été une source de fierté pour elle. De même Sophie n'avait jamais été aussi fière que quand Flitwick et même McGonagall avaient tenu à participer. Elle ne s'y attendait pas, elle était beaucoup moins investie en Sortilèges et Métamorphose qu'en Arithmancie, mais elle avait été très touchée. Minerva McGonagall avait toujours une source d'inspiration pour elle.

Maintenant elle se tenait en haut des marches de sa Salle Commune, incapable de dormir et angoissée à souhait. Parce qu'à tout moment elle pouvait découvrir si elle était acceptée ou pas. Mais elle n'osait pas... Elle n'osait pas l'ouvrir... Si elle n'était pas acceptée ce n'était pas seulement son rêve qui s'effondrait, c'était tout son avenir. Sans une carrière brillante pour assurer son indépendance, les Light finiraient par la marier au premier sang-pur de bonne famille venu. Elle ne voulait pas se marier. Elle ne voulait pas finir sa vie en secrétaire au Ministère comme sa mère, pas quand sa tête était remplie de sorts et potions, d'idées qui la faisaient trépigner.

Sophie voulait découvrir de nouvelles choses, étudier le monde qui l'entourait... Trouver l'origine de la magie. Elle avait lu si peu sur ce sujet et pourtant Merlin ce que c'était fascinant... Elle voulait découvrir ce qu'était la magie, pourquoi certains en avait et d'autres non. Qu'est-ce qui les rendait fondamentalement supérieurs aux moldus ? La question restait la même, elle déchirait leur monde actuel et pourtant personne n'essayait réellement de la résoudre. Mais cette quête d'une réponse c'était l'ambition de Sophie. Son ambition de Serpentard, celle qui la faisait avancer avec autant de détermination et d'assurance.

Pour cette ambition, Sophie était prête à tout : travailler d'arrache-pied pendant des années, passer des nuits blanches à préparer ses examens, sacrifier ses vacances passées à faire des stages pour donner du poids à son dossier, fuir les propositions de mariage de sa tante et les conflits de sa petite sœur et de son père... Accepter d'être les yeux et oreilles de sa famille chez les Mangemorts. Tout était bon pour ne pas finir mère de famille, rongée par le regret et l'ennui. Sophie n'avait pas le choix. Elle ferait tout en son pouvoir pour garder le contrôle sur sa propre vie : son indépendance et sa liberté. Pour pouvoir répondre à cette question qui hantait le monde sorcier mais que personne ne tentait de résoudre.

Sophie participait à la guerre à sa façon, façon que Camille ne comprendrait jamais. Sa petite sœur était trop vindicative parfois. Elle ne comprenait pas les subtilités des idéaux de leur famille. Elle ne comprenait pas Sophie non plus, pour elle la guerre voulait dire action.

Sophie ne savait pas depuis combien de temps sa petite sœur était devenue si violente et radicale. Mais elle semblait désormais persuadée que se battre était la meilleure façon de gagner cette guerre. Sophie avait du mal à y croire... Enfant, Camille avait toujours été la plus calme, la plus silencieuse. Elle avait peur de tout, elle regardait Sophie comme si c'était son phare, elle jouait à la poupée avec Fleur quand cette dernière n'était pas coincée à Sainte-Mangouste, elle se cachait souvent dans les jambes de leur mère... Elle n'osait pas dire la moindre chose de travers. Et maintenant elle faisait partie d'un groupe de résistance clandestin alors qu'elle n'était même pas majeure ? Ça n'avait aucun sens.

Sophie commençait réaliser à quel point son départ pour les États-Unis l'avait changé. Camille avait été forcée de se débrouiller seule, de se construire une vie dans un pays étranger. Elle s'était créé une identité en tout point opposée à celle de sa famille. Sophie en venait à détester son père et ses grandes idées. Jamais Camille n'aurait dû quitter l'Angleterre, ou alors elle aurait dû être envoyé à Beauxbâtons comme leur père. Pas en Amérique. C'était beaucoup trop loin, beaucoup trop moderne... Camille avait changé et ce n'était pas forcément pour le mieux. Maintenant elle n'hésitait plus à se mettre en danger, elle était même accro à l'adrénaline, et c'était dangereux. Elle suivait aveuglément ses amis et Dumbledore et elle finirait par se prendre en pleine face les conséquences de ses actions inconscientes.

— Tu vas rester encore longtemps assisse par terre Sophie ?

La voix avait surgi des ténèbres avec soudaineté, surprenant suffisamment Sophie pour que son cours de pensée soit interrompu. À sa décharge, elle ne sursauta pas. La préfète se contenta de tourner la tête pour apercevoir la personne qui hantait ses pensées debout au milieu de la Salle Commune des Serpentards.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? demanda Sophie.

— Rien. Je m'en fiche, répliqua la silhouette.

Sophie soupira puis se releva.

— Je n'arrive pas à dormir... Et toi Camille quelle est ton excuse ? Je suis Préfète-En-Chef tu sais, je pourrais te coller pour être encore debout à cette heure-ci...

— Mais tu ne le feras. Tu sais que ça énerve les parents quand je me prends des retenues.

Évidemment que ça énervait leurs parents. Sophie se doutait que c'était une des principales raisons pour laquelle Camille se faisait coller. Ça et son amitié avec des dangers publics comme Sirius Black et Victory Wile. Quoique Aleksander Brand était peut-être le pire de la bande... Ce garçon lui filait les jetons parfois avec ses yeux dépareillés, sa grande stature et la cicatrice sur son visage. Sophie se demandait comment Camille, sa petite sœur si froussarde auparavant, pouvait le fixer dans les yeux sans ciller. La force de l'habitude sûrement, elle le connaissait depuis des années... C'était un des premiers amis qu'elle avait mentionné dans ses lettres.

— Qu'est-ce que tu fais debout ? interrogea Sophie.

— Je me baladais.

— Évidemment... Pourrais-je savoir pourquoi tu choisis de faire ça à deux heures du matin ?

Camille garda le silence un instant et Sophie la vit se raidir. Elle attendit patiemment qu'elle lui réponde, en tant que grande sœur elle avait l'habitude d'être obéie. Sa petite sœur finirait tôt ou tard par cracher le morceau. Cependant la réponse qu'elle reçut n'était pas celle auquel elle s'attendait.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? marmonna Camille en lui jetant à la figure ses propres mots.

Sophie fronça les sourcils et posa une main sur sa hanche d'un geste impérieux.

— Si tu es debout à une heure pareille ça veut dire que tu n'arrives pas à dormir et j'ai une certaine expérience dans le domaine... Tu as un examen bientôt ?

— Tu sais très bien pourquoi je ne peux pas dormir en ce moment. Ce n'est pas un examen qui approche, c'est bien pire...

Le ton sombre qu'employait sa sœur aurait pu paraître exagéré dans d'autres circonstances mais Sophie savait très bien de quoi Camille parlait et elle estimait que sa sœur avait tout les droits d'avoir l'air si sombre.

— Le Contrat du Sang...

— Ouais. C'est dans dix jours alors excuse-moi de ne pas pouvoir dormir à l'idée que je serai bientôt mariée à mon propre cousin.

Sa voix avait déraillé sur les derniers mots, le dégoût et la honte prenant Camille à la gorge. La plus jeune Serpentard détourna le regard pour éviter celui empli de pitié de Sophie et alla s'asseoir dans un fauteuil près de la vitre.

— Comment ils peuvent faire ça ? souffla-t-elle en se laissant tomber dans la chaise. Me marier à Castiel c'est... C'est écœurant, contre nature... Même pour notre famille c'est... C'est mal.

— Ils pensent te protéger. Castiel commence à avoir une certaine réputation alors savoir que tu es liée à lui découragera peut-être certaines personnes de t'attaquer... Surtout vu tes occupations. Et Contrat du Sang ne veut pas dire mariage, Camille. D'un point de vue légal tu seras toujours célibataire...

— Ô joie ! Mon âme sera juste liée éternellement à celle de Castiel mais tant que d'un point de vue légal je reste célibataire tout va bien, railla Camille avec un regard étincelant pour sa sœur.

— C'est le plus important, non ? Tu garderas ton indépendance au moins.

— Parce qu'être liée pour l'éternité à quelqu'un c'est être indépendante pour toi ?

— Calme-toi Camille. Je suis contre l'idée du contrat depuis le début moi aussi, rétorqua Sophie.

— Vraiment ? Tu n'as pas fais grand-chose pour m'aider à m'en débarrasser pourtant !

— Et puis-je savoir ce que toi tu faisais pour t'en débarrasser ? Tu es restée enfermée dans ta chambre pendant toutes les vacances ! Tu avais trop peur d'affronter père.

— C'est chic venant de toi ça ! Tu as beaucoup résisté quand il t'a tatoué la Marque toi ? renvoya Camille avec mordant.

Sophie se figea et instinctivement ses doigts vinrent se poser sur son avant-bras gauche. Une sensation familière de brûlure lui arracha une grimace. Nerveuse, la préfète jeta un regard par dessus son épaule pour vérifier qu'elles étaient bien seules avant de se retourner pour toiser sa cadette.

— C'est un coup bas... Je ne suis pas devenue une Mangemort pour le plaisir...

— Non c'est sûr... C'était juste pour aider les parents dans leur petite révolte contre le Seigneur des Ténèbres ?

— Comment tu sais ça ? s'exclama Sophie avec surprise.

La panique devait être audible dans sa voix parce que Camille arqua un sourcil, les lèvres pincées en une moue désapprobatrice. Bon sang ce qu'elle ressemblait à leur mère quand elle faisait ça... Mais Sophie avait tout les droit de paniquer. Personne ne devait être au courant de cette « révolte », surtout pas Camille. Elle était reléguée au rang de traître depuis le quinze novembre aussi sûrement que Rodolphus et Rabastan. Et aucun d'eux ne devait savoir ce que les Light tramaient. Voldemort et Dumbledore ne devaient rien savoir de la révolution qui grondait au sein de certaines familles sang-pures.

— J'ai des contacts, éluda Camille.

— Des contacts... Comme Castiel ?

Camille garda le silence mais ce silence fut révélateur. Sophie sut en cet instant que les mots que lui avaient craché Rabastan pendant les vacances étaient vrais : Castiel et sa sœur s'étaient bien rangés ensemble du côté de Dumbledore. Tout comme Rodolphus et Rabastan avaient bien juré allégeance à leur maudit Seigneur des Ténèbres.

Leur famille était en train de se déchirer de toute part.

— Tu l'as bien fais... Toi et Castiel vous... Vous avez rejoins Dumbledore ?

— Tu ne le savais pas déjà ? ricana Camille. Et bien oui, j'ai choisi ma place et elle n'est pas auprès de nos parents ou de Voldemort. Alors tu trouves encore que c'est une bonne idée de marier ensemble les traîtres à leur sang ?

— Je n'ai jamais dis que c'était une bonne idée. Et tu n'es pas une traître à mes yeux.

— On n'est pas dans le même camp pourtant...

— Nom d'une gargouille Camille ! On a quinze et dix-sept ans ! s'emporta soudainement Sophie. On ne fait pas partie d'un quelconque camp ! Il n'y a pas de camp d'ailleurs, on est sœur ! Le seul camp qui compte c'est notre sang !

— Tu parles comme lui, accusa Camille.

— Vraiment ? Pourtant de nous deux c'est toi qui ressemble le plus à père !

Les yeux de Camille étincelèrent et elle se leva avec un air de mise en garde. Ses doigts s'étaient crispés autour de sa baguette et ce constat fit sourire tristement Sophie.

— Je n'ai rien à voir avec lui, dit Camille d'une voix aussi calme qu'elle pouvait maîtriser.

— Rien à voir avec lui ? répéta Sophie avec un éclat de rire. Mais regarde-toi ! Tu réagis au quart de tour comme lui ! Tu es aussi tranchée que lui dans tes opinions ! Tu es aussi orgueilleuse, vindicative et emportée, aussi accro au danger et à la violence que lui ! La digne fille du grand Auror.

— Moi je ne terrorise pas des petits enfants...

— Fleur n'a pas osé t'adresser la parole durant la moitié des vacances parce que tu la repoussais trop violemment, rappela Sophie avec un air de reproche. Comme...

— Je te jure si tu dis encore « comme lui » je...

— Tu quoi ? Tu vas me jeter un sort ? Me faire taire d'un regard « pénétrant » ?

Sophie dut se retenir de ne pas cracher le dernier mot. Elle aimait son père, sincèrement, mais la façon dont il résolvait les conflits au sein de sa maison la faisait toujours frémir de colère et d'indignation. Son regard « pénétrant » avait toujours été sa façon favorite d'user de sa Legilimencie. Il n'avait pas besoin de sa baguette comme la plupart des sorciers, c'était inné au sein des Light, et un simple regard lui permettait de s'infiltrer dans les esprits les plus ouverts. Mais cette méthode avait le mérite d'être assez douloureuse quand les victimes résistaient ce que faisait souvent ses deux filles aînées.

— Je ne ferai jamais ça... Tu le sais ça, hein ? demanda Camille, la voix rongée par l'anxiété.

— Tu étais prête à me jeter un sort, non ? rétorqua Sophie en désignant sa baguette.

— Non... Enfin... Je me suis emportée...

— Je sais. Tu t'emportes tout le temps quand j'essaie de discuter avec toi... C'est épuisant honnêtement.

— Je suis désolée... Je ne fais pas exprès...

Camille se rassit, l'air troublée et fatiguée. Sophie éprouva soudainement une bouffée d'affection envers sa petite sœur. Son séjour en Amérique l'avait peut-être fait gagner en assurance mais Camille n'avait jamais réussi à rester longtemps en colère contre elle. Elle finissait toujours par s'excuser. Sophie traversa la pièce pour venir s'asseoir à côté d'elle, posant distraitement le livre qu'elle avait ramené sur ses genoux.

— C'est juste... Y'a beaucoup de truc en ce moment et...

À la plus grande horreur de Sophie, elle vit les larmes poindre dans les yeux de sa sœur. Mais Camille inspira fortement et enfonça ses ongles dans ses paumes pour se retenir de pleurer. C'était une technique que Sophie lui avait apprise quand elles se rendaient chez leur tante Belvina. La vieille sorcière détestait les « petites natures » et Camille avait les larmes faciles à l'époque.

— Je n'en peux plus Sophie, lâcha Camille dans un souffle haché. Le Tournoi, l'article sur Sirius, Narcisse qui débarque, la foutu révolte des parents et maintenant le mariage qui approche à grands pas ! Je peux pas... Y'a trop à la fois, c'est impossible à résoudre...

— Alors déjà je ne pense pas que tu devrais t'inquiéter du Tournoi, raisonna Sophie. Tu es brillante et... Tu es sûrement plus douée que moi en duel même si ça me fait du mal de l'admettre... Ilvermorny a fait de toi une grande sorcière.

— Pas aussi grande que toi...

— Peut-être pas encore non... Mais je dois avouer que depuis quelques temps je m'inquiète de te voir me dépasser un jour. Et Narcisse ne devrait pas être ton problème non plus. Ignore-le s'il t'embête encore avec Capucine. Quant à sa quête de vengeance, Castiel essaie de l'en dissuader et de le raisonner. Narcisse n'est pas ton problème Camille. 

— Mais j'étais là... J'étais juste là Sophie... J'ai rien pu faire, murmura Camille. J'avais un seul ordre : protéger les autres. Et Capucine était juste devant moi et pourtant j'ai pas pu la sauver... J'ai pas pu sauver sa petite sœur...

— Parce que tu as quinze ans bordel ! Et on sait tous que Bellatrix Lestrange est une des sorcières les plus brillantes de son temps même si elle est complètement folle ! Crois-moi cette femme est intouchable. Pourquoi crois-tu qu'elle n'est toujours pas à Azkaban malgré tout les témoins ? Parce que c'est non seulement une Lestrange mais aussi une Black. On ne peut pas s'en prendre à ce genre de personne, on ne peut pas les vaincre. Tu as déjà de la chance de t'en être sortie vivante ! Tu aurais pu mourir vingt fois face à elle ! Si elle n'avait pas pris Capucine comme cible au lieu de toi alors elle t'aurait...

Sophie ne termina pas sa phrase, consciente de l'horreur de ses prochains mots. Elle ne pouvait pas les prononcer. Elle ne pouvait pas formuler la possibilité de perdre sa petite sœur. Sophie était l'aînée, elle était chargée de la protection de ses cadettes depuis toute petite. C'était son fardeau et sa fierté.

— Tu crois que je ne sais pas tout ça Sophie ? On me l'a suffisamment répété crois-moi... On m'a dit que d'autres personnes auraient du se charger de Lestrange, pas moi. Mais personne n'est venu. Je me suis retrouvée seule entre elle et Capucine. Donc c'est moi qui aurait dû la protéger.

— Tu as quinze ans. Tu n'es pas une justicière. Tu n'es pas une super héroïne. Tu es une enfant Camille, tu ne devrais même pas te battre !

— Pourtant j'y étais sur le champ de bataille, alors il fallait bien que je me batte. Et ne fais pas ton hypocrite Sophie. Tu avais à peine dix-sept ans quand Père t'a forcé à rejoindre les Mangemorts, non ? Je parie qu'il t'y a traîné le jour de ton anniversaire dès que tu n'aurais plus la Trace !

— Il ne m'a pas forcé... Je l'ai fais pour notre famille. Pour la protéger. Je devais bien faire ça vu tout les risques qu'ils prennent... Surtout toi.

— Pourquoi ? Ce n'est pas ton rôle de protéger notre famille, père aurait dû rejoindre lui-même les Mangemorts s'il voulait tellement un espion !

— Ce n'est pas père qui voulait que je rejoigne les Mangemorts tu sais, c'était Theodorus. Père ne voulait même pas que je les approche au départ... Et tu as tort. Notre famille c'est ma responsabilité, c'est moi l'héritière.

— Et Capucine était bien ma responsabilité, souffla Camille. Je me suis engagée dans cette guerre pour protéger ceux qui me sont chers, alors protéger Capucine c'était... C'était tout ce que je devais faire. Et je n'ai même pas réussi... J'ai été complètement inutile...

Sophie se tut. Elle ne savait pas quoi répondre à ça et de toute façon elle sentait que peu importe ce qu'elle lui dirait, Camille resterait persuadée que la mort de leur cousine était de sa faute. Alors que tout le blâme revenait à Bellatrix Lestrange, cette folle alliée.

— Tu n'aurais pas dû t'engager dans la guerre de toute façon, déclara-t-elle finalement en secouant la tête. Pas si jeune. Tu n'as que quinze ans...

— Arrête de répéter ça sérieux... Y'a des enfants qui se retrouvent impliqués alors qu'ils n'ont que dix ans je te ferais dire. De toute façon il n'y a pas assez d'adultes qui se battent, le Ministère refuse encore de seulement admettre qu'on est en guerre par Merlin ! On a besoin de plus de combattants. Et puis même si ce n'était pas auprès de Dumbledore, j'aurais fini par rejoindre la guerre que je le veuille ou non vu ce que notre famille prépare...

— Ça aussi ce n'est pas ton problème, la coupa immédiatement Sophie avec un regard de mise en garde. Reste du côté de Dumbledore si tu veux, mais laisse-moi gérer notre famille Camille. Tu n'as rien à voir avec ce qu'il se trame chez nous.

— Comme tu veux... De toute façon je n'ai aucune envie de me battre pour eux. Ils me dégoûtent.

Sophie lui jeta un regard désapprobateur auquel sa sœur répondit par un léger sourire. C'était fou à quel point Camille détestait leur famille. Pourtant contrairement à son ami Black elle ne tentait pas de les fuir. C'était pour ça que Sophie était sûre qu'au fond d'elle, Camille gardait toujours de l'affection pour leurs parents et certains de leurs cousins... Tant qu'elle ne partait pas, Sophie était sûre que Camille gardait une once d'amour pour elle.

— Et toi alors c'est quoi ton excuse ? Pourquoi la PEC est debout si tard ?

— PEC ? répéta Sophie avec un regard perplexe pour Camille.

— Préfète-En-Chef, explicita Camille. P E C. Pec.

— Ah... Sympa comme surnom...

— C'est affectueux, lui promit Camille.

— J'en doute pas...

— Alors pourquoi tu es debout ?

— J'ai reçu la réponse de l'INMA, répondit Sophie après un instant d'hésitation.

— Quoi ?! Ce matin ?

— Non cette nuit. Une chouette a débarqué dans notre dortoir à une heure du matin, railla Sophie.

— Ne fais pas ta cynique ! Alors tu es prise ? s'exclama Camille avec excitation.

Sophie ne put s'empêcher de sourire. De toute sa famille, Camille avait été celle qui l'avait le plus soutenue quand elle avait envoyé sa candidature. Elle semblait ravie de voir sa grande sœur dévier du chemin « mariage-bébé » que lui réservait la moitié de leur famille. Camille avait toujours admiré l'intelligence de sa sœur et était persuadée qu'elle serait admise. C'était peut-être aussi pour ça que Sophie n'avait pas ouvert la lettre quand elle l'avait reçu. Inconsciemment elle voulait que celle qui avait cru le plus en elle soit là quand elle découvrirait ses résultats.

— Je ne sais pas... Je n'ose pas l'ouvrir, avoua Sophie.

— Tu veux que je l'ouvre à ta place ? proposa Camille.

Sophie cligna des yeux, pris de court par cette proposition. Après réflexion elle se dit que c'était peut-être une solution. À chaque fois que ses doigts s'approchaient de l'enveloppe, ses mains se mettaient à trembler et elle n'arrivait à l'ouvrir.

— Pourquoi pas...

— Donne !

Sophie ouvrit son livre et tomba immédiatement sur le paquet de lettre qu'elle avait reçu ce matin. Tout en haut du paquet trônait le sceau de l'INMA. Retenant un souffle, Sophie tendit les lettres à sa cadette qui s'en empara avec impatience. Elle défit immédiatement le sceau qui scellait la lettre et la sortit de l'enveloppe avec excitation. Sophie ferma les yeux quand Camille commença à lire, l'angoisse lui pressant douloureusement les entrailles.

— Merlin, souffla sa cadette à côté d'elle.

Sophie attendit un instant qu'elle développe mais sa cadette continua de lire sans laisser échapper la moindre information. S'impatientant légèrement mais surtout angoissant de tout son être, Sophie reprit la parole avec hésitation.

— Tu peux élaborer ? C'est Merlin youpi ou Merlin bordel ?

— Merlin... Merlin tu es incroyable Sophie ! Tu es acceptée à cinq voix contre deux !

— Quoi ?!

Sophie rouvrit les yeux et s'empara de la lettre alors que Camille se mettait à rire. Sophie sentit son cœur battre la chamade alors que ses yeux s'arrêtaient sur une phrase tracée d'une écriture fine et ouvragée : « Miss Sophie Kamilla Light est admise à intégrer l'Institut National de Magie Arithmantique pour une scolarité de trois ans auprès du professeur Perrot. »

— Au moins une de nous trois qui échappent au mariage forcé ! déclara joyeusement Camille en frappant sa sœur dans le dos. Ah si grand-père voyait ça il s'étoufferait sur son... Attends c'est quoi ça ?

Les yeux de Sophie restèrent rivés sur sa lettre d'admission — qu'elle dévorait du regard — alors que la joie et le soulagement la submergeaient. Elle ne fit pas attention à sa petite sœur qui examinait le reste du paquet de lettres.

— Sophie ? Depuis quand tu envoies des lettres à mamie ?

— Comment ? fit Sophie en détournant finalement son attention de sa lettre.

Camille brandissait le reste des lettres que lui avait tendu Sophie et en particulier une lettre qu'elle inspectait du regard. Sophie sentit son cœur sombrer dans la poitrine en reconnaissant l'écriture allongée de Kamilla Cieslak, leur grand-mère paternelle.

— Elle a répondu...

— Pourquoi tu envoies des lettres à grand-mère ? Je croyais que tu ne lui parlais plus depuis des années. En tout cas c'est ce qu'elle me... Hé ! protesta Camille quand sa sœur lui arracha la lettre des mains. Merde, putains de coupures de papier...

Sophie ne prit même pas la peine de la réprimander pour son vocabulaire grossier —qui s'était fortement enrichi après plusieurs années passées aux États-Unis — et se focalisa entièrement sur le bout de parchemin entre ses doigts. Au fur et à mesure qu'elle parcourait le parchemin du regard, elle sentit son cœur se remettre à battre follement mais d'excitation et de joie cette fois-ci.

— C'est quoi cette lettre ? Qu'est-ce qui se passe Sophie ? râla Camille en essayant de guérir ses coupures avec sa baguette. J'espère pour toi que le contenu de cette lettre justifiera que tu m'aies mutilé ainsi...

— Oh tais-toi ! déclara Sophie avec un grand sourire en se tournant vers elle. Tu sais quoi Camille ? Je pense qu'on sera deux à échapper au mariage forcé ! Je dois écrire à Castiel !

Sur ces mots la préfète se leva du canapé en un bond et s'élança vers sa chambre en laissant sa cadette perplexe dans son fauteuil.

— Quoi ? Attends Sophie ! Explique-moi ! Qu'est-ce qui se passe ?

Sophie se retourna dans l'escalier qui menait à leurs dortoirs et envoya un sourire vicieux à sa sœur.

— Il se passe que moi et Kamilla on s'est montré plus intelligente que grand-père. Crois-moi Camille, ce fichu Contrat du Sang n'aura pas lieu !

***

— Hors de question.

— Allez Sophie ! J'ai besoin de toi, s'il te plaît !

— Non. Trop risqué. Ça ne marchera jamais Camille !

— On n'a qu'à essayer, on verra bien !

On verra bien ? Je te signale que je risque déjà suffisamment en t'aidant toi et Castiel sans que tu rajoutes ça en plus !

— Ça ? répéta Sirius d'un air outré.

Sophie lui lança un seul regard incendiaire qui le fit taire immédiatement. Le Gryffondor avait toujours été intimidé par les yeux des Light, si clairs, si profonds... On avait l'impression qu'ils vous dénudaient en un regard, qu'ils mettaient votre âme à nue et l'examinaient sans scrupules. Seuls ceux de Camille lui avaient paru chaleureux mais pour le coup eux ils changeaient régulièrement de couleurs — du bleu au violet en passant par le vert et le gris. C'était presque fascinant à observer et ça rendait son regard magnétique.

Et ce regard magnétique fixait en cet instant crucial Sophie Light, la suppliant silencieusement d'accepter sa requête.

Sirius comprenait la réticence de la préfète à accepter, lui-même n'était pas emballé par toute cette histoire. Mais il le faisait pour Camille, elle le méritait bien après toutes les semaines qu'elle avait passé à lui remonter le moral. En plus une petite part de lui avait été séduit par l'idée de sa petite-amie : cette part de lui qui raffolait du danger et de l'adrénaline, la partie Maraudeur qui le poussait à faire des mauvais coups et à provoquer chaque personne qu'il croisait. Il ne pouvait pas lui dire non à cette partie de lui et elle lui criait en cet instant de soutenir sa copine.

— Oui ça, répéta Sophie avec un regard étincelant. Aux yeux de nos parents c'est tout ce que tu es Black.

— Je me suis enfui de chez les Black, tout le monde le sait. Ça a dû faire remonter ma côte auprès des Light, non ?

— Pas sûr. Ils détestent les voyous et les insolents dans ton genre.

— J'aurai un comportement exemplaire.

Sophie le dévisagea sans le croire avant de soupirer.

— D'accord admettons qu'il réussisse à se tenir... Ça ne résout pas le problème. Comment tu veux faire rentrer un Black à un mariage de Light ?

— En utilisant la technique de Sirius. Il vient en tant que cavalier pas en tant qu'invité.

— Tu n'as pas le droit d'avoir de cavalier c'est toi que le contrat concerne... Oh non. Je vois où vous voulez en venir ! C'est non !

— Mais Sophie...

— Tu sais ce que père risque de me faire si j'arrive avec Black comme cavalier ?

— Ce n'est pas comme s'il t'avait interdit de l'apporter !

— Je ne suis pas un objet...

— Et puis tu sais que tu risques pire avec maman et nos tantes si jamais tu viens seule. Elles ne vont pas arrêter de faire des commentaires désagréables, éventuellement les rumeurs d'un éventuel mariage vont réapparaître... La liste de la mort va être ressortie...

— Okay, okay c'est bon ! Je vais le faire. Ne mentionne plus jamais la liste de la mort.

— C'est quoi ce truc de mort ? s'enquit Sirius avec intérêt.

— C'est la liste de tout les célibataires de plus de dix-sept ans qui pourraient convenir à Sophie, railla Camille. Elle inclut notamment Evan Rosier...

— J'ai dit qu'on en parlait plus ! Je veux pouvoir oublier cette horreur. C'est bon j'accepte d'emmener ton stupide ami.

— Hé je suis gentil de venir !

— Comment ça tu es « gentil » ? s'indigna Camille. Mais t'as pas le choix en fait. Je t'ai accompagné au mariage de Narcissa alors tu m'accompagnes au mariage de Castiel, point barre.

— Cérémonie de Contrat, corrigea Sophie à voix basse.

Elle reçut un regard noir de la part de sa petite sœur.

— Je sais, je sais... Évidemment que je viens, je vais pas te laisser seule un jour pareil Camille, soupira Sirius en fourrant les mains dans ses poches. Vous êtes sûr que votre plan va marcher par contre ? Parce que sinon...

— Sinon rien, le coupa Camille. Le plan va marcher.

Sirius lui jeta un regard inquiet.

— J'ai envoyé tout les détails à Castiel, tout devrait être sous contrôle, assura Sophie. Le seul problème c'est qu'il faudra s'introduire en douce dans le bureau de père pour récupérer le contrat.

— Castiel ne peut pas...?

— Non Castiel ne peut pas s'en charger. Il n'a plus le droit de s'approcher du bureau, ses parents ont trop peur qu'il touche au Contrat. Moi aussi je n'ai plus le droit d'ailleurs, maman leur a dit que j'avais protesté contre toute l'affaire... Mais c'est là que ton stupide ami peut nous servir Camille.

— Tu sais tu peux m'appeler par mon prénom aussi PEC, s'exaspéra Sirius.

— Mais qu'est-ce que vous avez tous avec ce surnom ?

— Tu penses vraiment qu'il peut rentrer dans le bureau ? demanda Camille en ignorant l'indignation de sa sœur. Même moi j'ai du mal à y accéder et je connais tout les sorts de verrouillage de père...

— Dis Black, tu n'es pas rentré par effraction dans le bureau de Flitwick l'année dernière ? Et dans celui de McGonagall ? demanda Sophie à Sirius.

— Si. Mais il n'y a pas grand-chose d'intéressant dedans, la prévint Sirius. On a eu une grosse déception avec James.

— Je m'en fiche de ce qu'il y a à l'intérieur, soupira Sophie. Ce qui m'intéresse c'est ta capacité à t'introduire n'importe où. Toi et tes amis vous connaissez ce château comme votre poche et vous pouvez ouvrir n'importe quelle porte de Poudlard... Mais est-ce que tu serais capable de t'introduire dans le bureau d'un ancien Auror légèrement parano ?

Sirius fit mine de réfléchir un instant avant de sourire de toutes ses dents à la Préfète-En-Chef.

— Challenge accepté.

— Ce n'est pas un challenge, soupira à nouveau Sophie alors que Camille masquait un sourire. C'est délicat comme situation Black... Prends ça un peu au sérieux quand même, c'est l'avenir de ma sœur qui est concerné.

Camille perdit son sourire et Sirius fronça les sourcils.

— Les sorts de notre père sont durs à briser, continua Sophie. Il n'a pas été promu Chef de la Brigade Magique pour rien, c'est un sorcier doué et méticuleux. Ce n'est pas simple de s'introduire dans son bureau. Alors je ne te le demanderai qu'une seule fois : est-ce que tu en es capable ?

— Je suis un Maraudeur, rétorqua Sirius. Évidemment que j'en suis capable. Tu crois que c'est simple de forcer la serrure du bureau de Minerva McGonagall ? James s'est reçu un sort tellement puissant quand il a essayé de crocheter la serrure qu'il est tombé dans les pommes et j'ai dû passer trente minutes à briser les sortilèges de Minnie. Crois-moi elle est beaucoup plus redoutable qu'un Auror parano à mes yeux.

Sophie le fixa un instant en silence, l'air de se demander si elle devrait être impressionnée ou désespérée. Elle dût opter pour la première option car elle ne soupira pas et ne roula pas les yeux. La préfète se contenta de se tourner vers sa petite sœur.

— Bien on dirait que Black à la situation sous contrôle... Espérons qu'il ne surestime pas ses capacités.

— Je lui donnerais des conseils et lui passerais la liste des sorts de Père, la rassura Camille.

— Hum je te laisse faire, je n'ai jamais tenté de forcer la porte de son bureau. Mais on a un autre problème en attendant, le fournisseur de Castiel est introuvable et on manque de temps pour fabriquer la potion alors...

— Quelle potion ? intervint Sirius.

— Polynectar. On a besoin de polynectar, quatre fioles devraient suffire. Mais c'est pratiquement introuvable en ce moment, les Aurors régulent sa fabrication très strictement depuis l'incident de Beauxbâtons et de toute façon il faut au moins un mois pour en fabriquer tout un chaudron... Et le seul fournisseur fiable de Castiel a quitté le pays. Donc on a un problème.

— Polynectar, hein ? répéta Sirius d'un air songeur. Pas simple comme potion ça...

— On peut dire ça comme ça... Donc à moins que tu sois aussi un génie des potions Black et que tu aies inventé une recette moins longue, on est dans une impasse.

— Oh ne vous inquiétez pas, rassura Sirius. J'ai beau être un piètre potioniste, j'ai d'autres avantages.

— Tes cheveux ne vont pas nous être d'une grande aide cette fois-ci princesse.

— Je ne parlais pas de mes cheveux, je parlais plutôt du génie qui me sert de meilleur ami. James va devoir astiquer la salle de Slughorn pendant ses prochaines retenues... Hum... Ouais ça peut le faire, réfléchit Sirius à voix haute — les yeux perdus dans le vide — avant de relever la tête et de leur adresser un grand sourire. Faites-moi confiance les filles, j'ai une idée.

— Je ne suis pas sûr que « faites-moi confiance » et « j'ai une idée » aillent ensemble quand c'est toi qui le dis Black...

— Ça c'est parce que tu n'as aucun goût du risque PEC.

— Arrêtez avec ce surnom !

***

Lily se doutait qu'une mauvaise surprise l'attendait lors de sa retenue aujourd'hui... Sa journée avait tout simplement été trop parfaite, Lily s'était réveillée de bonne humeur et était partie faire une bataille de boule de neiges avec Mary, Alice et Jina parce que les cours de la journée avaient été annulé en raison d'une réunion des professeurs. Victory et Camille les avaient accompagné mais ces dernières avaient préféré faire un immense bonhomme de neige avec leurs baguettes. Lily avait éclaté de rire en remarquant une ressemblance troublante entre la statue des Serpentards et leur concierge Rusard. Le repas avait été délicieux et elle avait passé le reste de la journée à traîner dans la Salle Commune des Serdaigle —la plus belle aux yeux de la Gryffondor — avec Mary et Victory. En résumé : cette journée devait être une des meilleures de cette année. Donc quelque chose de mal devait forcément arriver pendant sa retenue.

Son intuition fut récompensée quand elle arriva dans la salle des potions légèrement en retard et qu'elle découvrit qu'elle n'était pas vide.

— Ah Miss Evans vous voilà ! salua le professeur Slughorn d'un air aimable. Vous ne serez pas seule aujourd'hui, Minerva m'a demandé de prendre un autre élève ce soir. Apparemment Madame Pince ne voulait plus jamais avoir fait à lui selon ses mots.

— Mots qui m'ont extrêmement blessé, intervint James Potter avec un faux air vexé. Salut Evans !

— Alors c'est toi ma punition aujourd'hui, soupira Lily.

— Hé oui et je sais que tu en es ravie même si tu es trop timide pour le montrer, lança le Capitaine avec un clin d'œil.

Lily leva les yeux au ciel et rejoignit le milieu de la classe sans grand enthousiasme. La seule chose qui avait arrêté de la faire déprimer quand elle avait reçu ses retenues avait été le fait d'apprendre qu'elle les ferait au près du Maître des Potions, la matière favorite de Lily. Sa joie avait redoublé quand elle avait appris que Potter avait écopé de Madame Pince. Pourtant il avait encore trouvé le moyen de venir l'embêter...

— Miss Evans je vous prierai comme d'habitude de trier mes copies et mes travaux par catégories et de ranger tout les ingrédients dans la remise. Monsieur Potter a interdiction de toucher à la moindre chose, prévint le professeur Slughorn avec un regard appuyé.

— Pourquoi ? demanda James d'une voix forte depuis sa place.

— Vous savez très bien pourquoi Monsieur Potter, la dernière fois il manquait plus de la moitié de mes branchiflores. Et je ne suis toujours pas convaincu que vous les ayez simplement égaré. Ou que le Calamar géant les ait mangé.

— Pourtant c'est ce qui s'est passé professeur.

— Mais bien sûr. Vous nettoierai tout les chaudrons de la salle Potter, le coupa Slughorn. Je veux qu'ils aient l'air complètement neufs demain.

Le visage de James s'assombrit en entendant cela et il passa une main agacée dans ses cheveux — ce qui ne manqua pas d'exaspérer Lily.

— Je serai dans mon laboratoire si vous avez besoin de quoique ce soit. Ne faites pas exploser ma salle de classe Potter.

Le professeur Slughorn se dirigea vers le fond de la salle avec un dernier regard appuyé pour les deux Gryffondors. Après son départ James se releva et sauta au bas de sa chaise alors que Lily s'installait derrière les piles de documents. Elle regarda avec suspicion le joueur de Quidditch s'approcher de la remise.

— Je peux savoir ce que tu fais au juste ? lança-t-elle lorsqu'il en ouvrit la porte.

— Je fais mon Gryffondor comme dirait Light.

— Potter ! Potter tu n'as le droit d'aller là !

Lily fusilla du regard la nuque du Gryffondor qui s'était déjà engouffré dans la remise. La rousse attendit quelques secondes avant de céder et elle se précipita à la suite du Capitaine.

— Mais qu'est-ce que tu fiches ? soupira-t-elle.

— Bordel Evans, jura James en sursautant.

Il se retourna sur son escabeau et la préfète put voir toutes les potions qu'il avait réuni dans ses bras. Retenant à grande peine un soupir, Lily s'avança vers le Capitaine qui recula en voyant son regard noir.

— Donne-moi ces potions immédiatement !

— Non !

— Ne fais pas l'enfant Potter ! Certaines potions sont dangereuses espèce d'abruti !

— Attends Evans on va...

James ne put terminer sa phrase, la porte claqua à cause d'un courant d'air, la préfète le déstabilisa en tentant de lui prendre les fioles et il s'écroula sur Lily. Les deux Gryffondors tombèrent ensemble dans un fracas monstrueux.

— Je vais te tuer, gémit Lily.

James se dépêcha de se relever en faisant de son mieux pour éviter les bouts de verre disséminés sur le sol et tendit la main pour aider la préfète à se relever. Lily l'ignora et agrippa à la place sa cheville qui la faisait souffrir atrocement, gémissant de douleur à travers ses larmes.

— Oh Merlin... Je t'ai fais mal Lily ? s'horrifia James.

— À ton avis crétin ?! rétorqua-t -elle d'une voix déformée par la douleur. Tu m'es tombé dessus et tu dois peser trois tonnes !

— Peut-être mais c'est que du muscle.

— Oh mon dieu tais-toi !

Lily tenta de se remettre debout mais retomba par terre, le visage tordu en une grimace de souffrance. James se pencha, l'air inquiet.

— Dis t'es vraiment pâle Evans... Tu veux que je t'emmène à l'infirmerie ?

— Ne me touche pas ! T'en as assez fait.

— Mais regarde-toi t'es toute moite ! J'ai l'impression que tu vas vomir !

— Merci Potter. Tu sais parler aux filles toi. Va chercher ma baguette dans mon sac si tu veux te rendre utile !

— Ton sac ? répéta James en passant une main nerveuse dans ses cheveux. Je vais pas fouiller le sac d'une fille...

Lily leva les yeux au ciel et mordit sa lèvre pour éviter de gémir.

— Juste va la chercher ! Histoire que je puisse réduire la douleur...

— Okay, okay, accepta James en se dirigeant vers la porte. Oh...

— Oh ? Comment ça « oh » ? répéta Lily avec un regard suspicieux.

— Si je te disais que la porte est verrouillée et que c'est impossible de l'ouvrir de l'intérieur, combien de temps ça te prendrait pour me tuer ? demanda James en riant nerveusement.

— La porte est quoi ? Potter je vais te tuer ! Non tu sais quoi je vais te crever les yeux, te découper en rondelles et te jeter dans la Forêt Interdite !

— Très original.

— Ne reste pas planté là, trouve une solution !

— Mais arrête de m'agresser c'est pas de ma faute !

Le rire incrédule de Lily résonna bruyamment dans la remise.

— C'est totalement de ta faute !

— Je t'ai jamais dis de me suivre ! C'est toi qui voulais jouer à l'élève parfaite comme d'habitude !

— Je ne t'aurais pas suivi si... En fait laisse tomber ! J'ai trop mal pour m'énerver...

Les yeux de James s'emplirent d'inquiétude et il s'accroupit près de la cheville de la rousse. Il grimaça en remarquant les éclats de verres qui s'étaient coincés dans sa chaussette.

— Il faut déjà enlever les bouts de verre. Après on utilisera tes chaussettes pour bander ta cheville et essaie de la maintenir droite.

— Et comment vas-tu faire ça ?

— Ma mère est médicomage et je me cassais un os toutes les deux minutes quand j'étais gamin. Elle a fini par m'apprendre à bander mes propres blessures après la septième entorse, elle voulait que je puisse me débrouiller seul... Et franchement vu le nombre de fois où j'ai dû le faire à Sirius et Peter, je ne le regrette pas.

Lily le dévisagea avec appréhension alors que le Maraudeur ôtait son pull et retroussait ses manches.

— Relaxe-toi Evans, conseilla James en remarquant son expression, ce sera plus douloureux si t'es crispée.

— Mais...

— Fais-moi confiance.

— C'est sur ce point que j'ai des doutes justement.

James sourit amèrement et retira prudemment un premier bout de verre. Lily glapit lorsque le morceau fut arraché de sa peau. James n'attendit pas qu'elle en soit remis pour s'attaquer à un deuxième bout.

— C'est si douloureux ? demanda-t-il après le dernier.

— C'est moins pire que ce à quoi je m'attendais, admit Lily à voix basse.

— Mais tu croyais quoi ? Que j'allais t'arracher le verre comme une brute ? Que j'allais te blesser encore plus gravement ?

Lily garda le silence et James s'interrompit dans ses gestes pour lui envoyer un regard indigné.

— Attends tu croyais vraiment que j'allais faire ça ? Mais tu me prends pour un monstre !

— Non, juste pour un imbécile. Et excuse-moi mais ces dernières années ne m'ont pas prouvé que tu étais un garçon plein de douceur et de délicatesse !

— Mais je ne ferais jamais ça, s'indigna James. Ce n'est pas comme si j'aimais faire du mal aux gens !

— Alors pourquoi tu te comportes comme tu le fais ?

— Oh ça va on veut juste faire rire...

— En provoquant les Serpentards en duels ? En ensorcelant des élèves dans les couloirs ? En ridiculisant les autres ? Oh oui c'est très drôle ça !

— Ce n'est pas comme si on était méchant ou violent non plus ! La plupart de nos blagues sont inoffensives.

— Et les blagues contre Severus ? Ça aussi c'était inoffensif ?

— On y revient toujours à ton Rogue, hein ? Tu prends toujours sa défense !

— Parce que toi et ta stupide bande vous vous en prenez toujours à lui ! De manière cruelle souvent !

— Ton ami n'est pas tout rose Evans, Servilus n'est pas une victime, lui aussi a...

— Vous êtes à quatre contre un ! Et tu te rappelles de ce que tu lui as fait au bord du lac l'année dernière ? C'était juste mesquin et méchant !

— Comme lui, rétorqua James. Il n'a que ce qu'il mérite.

— Tu ne le connais même pas, se désespéra Lily. Tu n'as jamais fait l'effort de le connaître, dès le début tu le détestais alors qu'il n'avait rien fait.

— Il est malsain Evans ! C'est un adorateur de magie noire et il t'a traité de... De...

— De sang-de-bourbe ?

— Ne dis pas ce mot. Il n'aurait jamais dû le dire non plus et il n'aurait jamais dû toucher à la magie noire. Ses amis ont agressé Mary l'année dernière !

— Je sais et c'est pour ça que je ne suis plus ami avec Severus... Mais ce que vous lui faites c'est tout aussi mal et ça n'arrange pas les choses.

— Tout aussi mal ? Tu ne connais même pas la moitié des maléfices qu'il utilise Evans ! gronda James avec colère.

— Et lui remplir la bouche de savon c'est mieux peut-être ?

— Est-ce que tu sais au moins à quoi ça ressemble la magie noire Evans ? À quel point c'est horrible et destructeur ?

— Non, avoua Lily. Mais Severus a...

— Mais rien, claqua la voix froide de James.  Moi je sais à quoi ça ressemble et rien ne justifie qu'on utilise la magie noire, c'est la pire chose qu'un sorcier puisse faire. Et ton Rogue adore ça, ça me débecte ! Qu'on puisse adorer ça c'est complètement immoral !

Lily fut pris de court par la haine qui traversa le visage de James. Ce sujet le mettait dans un état de rage qu'elle n'avait jamais vu. James était toujours souriant et énergique. Même lors de ses mauvais coups, même devant Severus, il ne revêtait jamais cette expression haineuse. Le seul moment où elle l'avait vu dans cet état, c'était quand il parlait de la dispute entre Walburga Black et son père et du moment où Severus avait insulté sa famille et Sirius...

Une idée germa soudain dans l'esprit de Lily et avant qu'elle n'ait pu se retenir, la préfète reprit la parole.

— C'est à cause de Sirius ?

James — qui s'était mis à bander sa cheville malgré leur dispute — releva la tête en fronçant les sourcils.

— Hein ?

— Tu as dis que tu savais à quoi ressemblait la magie noire... Et j'ai lu dans l'article de la Gazette que... Enfin que la mère de Sirius n'était pas une personne franchement respectable. Est-ce que c'est lui qui t'en a parlé ?

— Non pas exactement, marmonna James en déchirant sa propre chaussette.

— Comment ça ?

— Disons qu'il n'en a pas parlé

— Il a fait de la magie noire devant toi ?

— Non plus... C'est... C'est plus compliqué.

James passa une main nerveuse dans ses épis noirs et Lily attendit patiemment qu'il reprenne la parole.

— La magie noire c'est pas comme la magie blanche Evans... Non seulement c'est une magie horrible et mauvaise mais elle laisse aussi des traces. Parfois indélébiles.

— Tu veux dire que... Sirius a des marques de magie noire ? Sur lui ?

— Walburga Black n'est pas du genre à envoyer ses enfants au coin pour les punir, si tu vois ce que je veux dire. Elle est plus drastique.

Lily fixa James avec un air horrifié et mit son poing contre sa gorge comme si elle allait vomir. La phrase « un Sirius rongé par vos idéaux et vos maléfices », prononcée par Fleamont Potter dans la Gazette et qui flottait toujours dans son esprit, prit un tout autre sens à ses yeux. Walburga Black avait usé de magie noire contre Sirius — de magie noire — et elle avait laissé des cicatrices sur son corps. Elle comprenait mieux la haine de James et même celle de Sirius face à tout les fanatiques de magie noire Serpentards... Dont faisait partie Severus.

Lily avait suffisamment attrapé son ancien meilleur ami en train de lire des livres interdits de la Réserve pour le savoir : Severus était bien intéressé par la magie noire. Et la lueur d'avidité que Lily avait capté dans son regard quand elle l'avait surpris en train dévorer un ouvrage sur les Inferis avait hanté ses nuits. Tout au long de leur cinquième année, Lily avait vu Severus s'enterrer dans ces bouquins et se rapprocher d'utilisateurs de magie noire comme Rosier, Mulciber ou Avery avec malaise. Son attrait malsain pour cette magie néfaste avait toujours dérangé Lily alors pour quelqu'un qui en avait subit les effets comme Sirius... Ça devait être enrageant au possible. Peut-être même que ça expliquait en partie son comportement. Même si ça n'excusait en aucun des des années de harcèlement aux yeux de Lily.

— La magie noire c'est une abomination Lily, souffla James. Et que ce soit un enfant ou un adulte, quiconque l'utilise ou l'adore est une mauvaise personne. Fondamentalement mauvaise. Alors peut-être que je n'ai pas été tendre avec ton Rogue mais... Mais ne dis pas que je suis un monstre ou au même niveau que lui. Je ne suis pas comme lui. Jamais je ne te traiterai de tu-sais-quoi et jamais je n'utiliserai ce genre de magie. C'est juste mal.

— Je suis désolée pour Sirius, marmonna-t-elle.

— Ne lui dis surtout pas que je t'en ai parlé. Il m'engueulerait, il préfère garder ce genre de problèmes pour lui-même...

— Bien sûr, accepta Lily.

Bon sang quand elle s'était dis que les Maraudeurs cachaient tous une part plus sombre d'eux, elle ne s'était pas imaginée ça en plus de la lycanthropie de Remus... Mais au fond ça expliquait le comportement parfois agressif de Sirius, son air défensif et son irrespect de la plupart des professeurs. Il restait un enfant qu'on avait maltraité.

« Comme Severus », souffla une voix dans son esprit. « Severus aussi n'a pas eu une enfance facile et de bons parents... »

— Et avant ? intervint Lily avec un regard plus étincelant. Avant la magie noire ? Pourquoi vous vous comportiez comme ça ?

— Parce que j'étais franchement idiot ? tenta James après une minute de silence.

Lily aurait pu le croire — c'était une explication qui tenait la route — mais James Potter était un livre ouvert et la rousse voyait bien à sa gêne qu'il taisait une partie de la vérité.

— Peut-être mais ça n'explique pas tout... Tu étais franchement infect de notre première année jusqu'au milieu de la troisième. Pas juste avec Rogue, avec beaucoup d'autres personnes aussi.

— Oh ça c'était... C'était...

— Potter ? Tu cherches à m'expliquer ton comportement, non ? Alors ne me mens pas.

— Tu te souviens de la Gazette, Evans ? soupira James. L'article sur ma famille et celle de Sirius ?

— Évidemment. Je ne suis pas prête de l'oublier, rétorqua Lily d'un ton sombre.

— Et tu te souviens de ce qu'il disait sur mon grand-père ?

Lily hocha prudemment la tête, elle se rappelait très distinctement des insultes qui avaient fusé à l'encontre de Charlus Potter. Elle avait entendu des gens dans les couloirs le traiter de malade mental et de cinglé sans comprendre de quoi toute la situation retournait.

— Mon grand-père était bipolaire, avoua James. Ce n'était pas un cas très sérieux mais avec la vieillesse son état s'est empiré et il a été envoyé à Sainte-Mangouste après avoir tenté de se suicider. Ça a fait scandale dans la presse, mon père en a beaucoup souffert, mais les journalistes ont fini par laisser mes parents tranquilles quand ils ont obtenu des postes importants. Mon grand-père est mort il y a quelques années mais sa bipolarité ça a suivi notre famille...

— Pourquoi ?

— Le problème avec la bipolarité Evans c'est que c'est en partie héréditaire.

Lily resta silencieuse, elle ne voyait pas où James voulait en venir.

— Donc ton père là aussi ? Mais quel est le rapport...

— Non. Pas mon père, corrigea prudemment James. Ça a sauté une génération.

Lily mit un instant à comprendre la portée des mots de James mais une fois qu'elle eut assimilée ce qu'il lui avait dit, elle le dévisagea avec des yeux écarquillés.

— Tu... Tu es bipolaire ?

— Ouais... Le diagnostic est justement tombé au milieu de notre troisième année. C'est à ce moment-là que j'ai reçu mes premiers traitements. Des séances de thérapies et d'aides à l'intégration sociale, énuméra James avec un ricanement sinistre. Des potions avec des effets calmants... C'était l'horreur mais ça m'a permis de mieux contrôler mes émotions et mes paroles. Du coup je me suis calmé. Du moins jusqu'à ce que ton pote s'intéresse à la magie noire, ça ça a ruiné tout mes efforts. Y'avait Sirius qui souffrait de ça et lui il... (James s'interrompit dans sa phrase, l'air aussi énervé qu'agité). Lui il en parlait avec fascination avec ses potes ! Ça m'a mis tellement en colère de les entendre en parler un jour que j'ai... Que j'ai fais une sorte de rechute. J'ai eu ce qu'ils appellent une crise où j'ai laissé mes émotions me contrôler... Ça a ruiné un an et demi de traitement...

Lily le fixa en silence alors que James finissait de bander sa cheville. Le visage du Gryffondor s'était fermé et il n'osait plus croiser son regard mais il continuait de s'affairer sur sa blessure. Ça lui permettait sûrement de se détacher de la conversation.

— Potter...

— Je ne t'ai pas dis ça pour que tu me prennes en pitié ou un truc du genre. Je voulais juste t'expliquer. Ça n'excuse pas le comportement que j'ai pu avoir durant mes premières années et j'en suis toujours désolé, j'étais un petit con... Par contre je ne risque pas m'excuser pour tout ce qui s'est passé avec Rogue l'année dernière. Je ne regrette rien.

Lily secoua la tête d'un air désapprobateur en entendant la dernière phrase ce qui arracha malgré lui un sourire à James. Après cette conversation lourde en confidences et secrets, ce geste si familier à ses yeux lui mettait du baume au cœur.

— Je ne comprends toujours pas tout... Et je trouve toujours ton comportement stupide mais... Je suis désolé pour Sirius et pour ton grand-père. Et pour ta maladie.

— Ce n'est pas une maladie, corrigea James avec un sourire tordu, c'est un trouble de la personnalité selon Remus. En même temps il a dû lire tout les livres sur le sujet...

— Ça m'étonne pas, sourit Lily. Je suis désolée que tu doives vivre avec ce poids Potter. Ça ne doit pas être simple.

— C'est tout ce que tu as à dire ? Tu ne trouves pas ça bizarre ? Cinglé ?

— Tu m'as pris pour qui Potter ? Je n'insulterai jamais quelqu'un pour ça. C'est pas pire qu'être un loup-garou tu sais, répliqua Lily. Et je veux être médicomage plus tard, je vais devoir travailler avec des gens dans ton état. Alors loin de moi l'idée de les insulter...

— Vraiment ? Tu veux travailler dans la partie psychiatrie de Sainte-Mangouste ? C'est pourtant pas très répandu.

— C'est justement pour ça que ça m'intéresse.

— Décidément tu me surprends tout les jours Lily Evans.

— Je te retourne le compliment James Potter.

— Un compliment ? Ça veut dire qu'on est ami ?

— Quoi ? Bien sûr que non ! D'où est-ce tu sors ça Potter ? Tu n'es pas encore pardonné je te signale, moi aussi j'en ai bavé avec tes blagues stupides ! Disons plutôt que... Je te supporte un peu plus maintenant.

— Vraiment ? s'étonna James avant qu'un grand sourire ne vienne étirer ses lèvres. Je fais des progrès alors...

— Tu t'es surtout bien occupé de ma cheville, marmonna Lily.

— T'as vu ? se vanta James. Je ferais un super médicomage... Hé si ça se trouve moi aussi je vais devenir médicomage ! Comme ça on sera ensemble !

— Oh mon dieu quel cauchemar...

— Oh allez tu me supportes maintenant !

— Et je commence déjà à regretter cette décision.

James se contenta de rire et de passer une main dans ses cheveux ébouriffés. Lily leva les yeux au ciel. Elle lui aurait sûrement fait une remarque si la porte de la remise ne s'était pas ouverte à ce moment-là.

— Par Merlin ! Vous alors Potter vous trouvez toujours le moyen de détruire ma classe, même quand je vous laisse avec ma meilleure élève ! déplora la voix du professeur Slughorn. Et milles gargouilles qu'est-il arrivé à votre cheville Miss Evans ?

— Un accident professeur...

— Un accident involvant Monsieur Potter j'imagine ?

— Non. J'ai juste glissé professeur, mentit Lily. Potter a même eu l'amabilité d'essayer de la rafistoler sans magie...

James jeta un regard étonné à la préfète avant de se reprendre et d'offrir un sourire charmant au professeur Slughorn.

— Oui, la porte a claqué et ça nous a surpris. Comme on avait pas nos baguettes j'ai essayé de lui bander la cheville avec mes chaussettes.

— Vraiment ? s'étonna Slughorn en dardant un regard perplexe sur son élève. Et bien... C'est... Très louable de votre part, Monsieur Potter. Et votre bandage a l'air réussi...

— Merci professeur mais je pense quand même qu'Evans devrait aller à l'infirmerie...

— Oh oui évidemment ! Emmenez-la donc Monsieur Potter et aidez-la à marcher... Vous êtes bien pâle Miss Evans.

— Ça va je vous assure, assura Lily en retenant ses grimaces de douleur.

Le professeur Slughorn se pencha pour aider la préfète à se relever et James profita de cet instant de distraction pour attraper les quatre fioles de polynectar qui l'intéressaient. Il les fourra rapidement dans ses poches et s'empressa d'aller soutenir Lily, toujours accrochée au bras de Slughorn.

C'était Sirius qui allait être content.

***

Hey !

Here's a chapter !

Have a good week !

À dans deux semaines.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top