Chapitre 37 : Fresh Start
1976/1977
Chapter 37 : Fresh Start
La sonnette retentit une énième fois dans le manoir des Potter faisant sursauter Peter. Remus se contenta de grimacer en portant une main à ses oreilles sensibles. Son ouïe surdéveloppée de loup-garou pouvait être un véritable cauchemar, surtout près de sons si aigües. Pour essayer de distraire son esprit du brouhaha incessant qui remplissait le salon, Remus décida de suivre James dans l'entrée.
Ils arrivèrent au moment où la mère de James ouvrait la porte et saluait le nouvel invité d'un sourire bienveillant.
— Bonsoir ! Euphemia Potter, enchanté !
— De même. Euh... Je suis Camille, se présenta maladroitement l'invitée. Camille Light. Une amie de Sirius.
— James ! C'est une amie à vous, appela Euphemia.
— Alors tu t'es perdue Light ? se moqua James. La fête a commencé il y a une heure.
— Non, se défendit Camille mais Remus sentit son mensonge à des kilomètres. J'ai pris un détour.
Euphemia rit.
— Ah ne t'en fais pas... Notre maison peut être dure à trouver. James ne reste pas planté là voyons, débarrasse-la de son manteau.
— Quoi ? Pourquoi moi ? protesta James.
— Parce que c'est ton amie.
— Elle a raison. Écoute ta mère James, s'amusa Camille.
— Depuis quand on est ami, maugréa James avant de grimacer quand Remus lui envoya son coude dans les côtes. Aïe ! Lunard !
— Remus ! s'exclama Camille. Comment tu vas ?
— Très bien, mentit Remus. Toi ?
En réalité il était complètement exténué. James avait tenu à ce que tout les Maraudeurs s'entraînent au duel ces trois derniers jours, sous la supervision de son père et de Sirius, et Remus en avait marre. Il comprenait que James soit frustré de ne pas pouvoir régler ses comptes avec les Black, ou même de ne pas pouvoir rejoindre l'Ordre de Dumbledore avant l'année prochaine, mais en aucun cas n'était-ce un prétexte pour le réveiller avant dix heures lors des vacances. Surtout que Remus savait très bien se battre. Il avait largement l'habitude de se défendre tout seul.
Le lycanthrope avait grandi dans des quartiers pauvres et peu sûrs, remplis d'adolescents ravis d'avoir pour cible un garçon maladif couverts de cicatrices. Très vite, Remus avait du apprendre à rendre coup pour coup s'il voulait s'en sortir.
Il était pratiquement sûr de pouvoir prendre des Mangemorts à la moldue. Une fois un sorcier désarmé il ne restait plus que ses poings et Remus savait très bien s'en servir même s'il n'aimait pas ça.
— Oh moi, ça va toujours très bien, esquiva Camille. Aleks est arrivé ? Merci Potter.
— De rien, maugréa James en allant accrocher son manteau sur les cintres enchantés.
— Depuis deux heures, lui apprit Euphemia. Toujours aussi ponctuel, ce garçon. Et très charmant, il m'a apporté des caramels ! Prends-en de la graine James.
— Je t'offre des caramels parfois, protesta James.
— Aleksander faisait partie des premiers arrivés d'ailleurs, continua Euphemia. Oh tu es aussi mignonne que je me l'étais imaginée !
— Pardon ? fit Camille, perplexe.
— Sirius parle tellement de toi en ce moment, s'extasia Euphemia en lui prenant les mains. Je m'étais imaginée plusieurs versions de son amie Serpentard. Tu es beaucoup plus mignonne !
— Merci ?
— Oh et Remus, ta mère m'a dit que tu pouvais rester une nuit de plus si tu promets d'être de retour demain soir chez toi. Tu peux rester aussi Camille, on a ouvert des chambres d'amis.
— C'est très gentil mais je ne suis pas sûre que... Vous savez quoi ? C'est très gentil, j'accepte votre offre.
— Bon, amusez-vous bien ! Et pas trop de bêtises ! Que je ne retrouve pas une vache dans ma cuisine par exemple, lança Euphemia avec malice.
Camille rougit en comprenant le sous-entendu à la farce qu'elle avait faite en début d'année alors que la mère de James disparaissait dans la foule. Camille fusilla du regard les deux Gryffondors.
— Vous lui avez raconté ? se plaignit-elle. Et je comprends mieux pourquoi tu es si énergique Potter, ta mère est montée sur ressorts...
— Non. Sirius l'a fait, dénonça Remus avec un sourire. Il était très fier de toi si tu veux tout savoir.
— Alors que ce n'est pas si extraordinaire... Aïe ! Lunard arrête à la fin !
— Laisse Remus. Je suis sûre que Jaimie m'aime dans le fond. Tout au fond. Très très au fond. Mais il m'aime, affirma effrontément Camille.
— Très très très au fond alors, marmonna James en se massant l'épaule. Ah non ! Lunard non ! C'est de l'abus d'enfant à ce niveau-là !
— J'ai littéralement deux semaines de plus que toi.
— Menteur ! T'as dix-sept jours de plus.
— Tu lui dois donc le respect et l'obéissance, releva Camille. Vu que c'est ton aîné.
— Oh tu peux parler toi... Techniquement tu es censée nous devoir respect et obéissance à nous tous.
— Certes. Mais tu es l'exception qui confirme la règle Potter.
— Oh arrêtez vous deux, soupira Remus. Sérieusement on dirait Sirius avec Victory.
— Il est où d'ailleurs lui ? Il va bien ? s'inquiéta Camille. J'ai reçu ta lettre Potter...
Remus et James échangèrent un regard. Ils ne savaient pas exactement comment répondre à cette question. Le comportement de Sirius était pour le moins étrange, beaucoup plus calme et renfermé que d'habitude. C'était presque effrayant.
Il souriait moins et se perdait parfois dans ses souvenirs. Il avait refusé de leur raconter en détail ce qu'il s'était passé la nuit où il était parti et Remus avait ordonné qu'on arrête les interrogations jusqu'à ce qu'il aille mieux. Sirius avait déjà eu du mal à répondre aux questions de Fleamont. Mais ce manque d'informations rendait ses amis fous, surtout James.
— Il se remet à son rythme...
— Mais il n'a pas vraiment le moral en ce moment. Il culpabilise.
— Pourquoi ?
— Parce que Regulus n'est pas venu avec lui, dit sombrement James. Il a refusé de l'accompagner.
Remus vit une étrange émotion passer sur le visage de la Serpentard mais elle disparut avant qu'il n'ait put l'identifier.
— Vraiment ? Quoique c'était à prévoir finalement... Mais c'est mieux qu'il soit parti. Non ? Il est en sécurité maintenant...
— Bien sûr qu'il est en sécurité, s'enflamma James. Aucun Black ne passera cette porte d'entrée tant que j'y vivrai ! Ces salopards ont cassé Sirius !
— Cassé Sirius ?
— Sirius est assez distant depuis qu'il s'est enfui, expliqua Remus sur un ton inquiet. Il ne mange pas beaucoup, dort encore moins...
— Il s'est effondré dans ma cuisine quand il est arrivé, continua James avec colère. Et son dos était... Ils lui ont fait ça ! Ils l'ont complètement...
— James, appela Remus en posant une main apaisante sur son épaule. Calme-toi. Tu as besoin d'une...?
— Je n'ai pas besoin de potion, je vais très bien !
— J'allais proposer une tisane, corrigea calmement Remus.
— Non. Ça va, rétorqua sèchement James. Je n'ai besoin de rien. Je vais bien.
Remus soupira alors que Camille coulait un regard méfiant au Gryffondor. James finit par passer une main dans ses cheveux, d'un geste rageur, avant de finalement tourner les talons pour s'engouffrer dans le salon.
— Notre groupe est un véritable aimant à problèmes, marmonna Remus.
— J'adore les problèmes, le rassura Camille.
— Oui et c'est ça ton problème, ironisa Remus. Excuse James il est sur les nerfs.
— Comme nous tous, non ? Pourtant je ne hurle pas à chaque fois je suis en colère, sinon crois-moi tu me verrais hurler toute la journée...
— James est juste... Intense, hésita Remus. Il ressent les choses plus fortement.
— Tu parles d'une excuse.
— Écoute je ne dis pas que ça excuse tout, je sais que James peut être blessant. Ce qu'il t'a dit à l'infirmerie...
— Je m'en fiche de ce qu'il m'a dit...
— Non tu ne t'en fiches pas. C'est pour ça que tu lui sautes toujours à la gorge.
— Quoi ?! C'est lui qui commence tout le temps, s'indigna Camille.
— Ce n'est pas tout à fait vrai même si j'admets qu'il peut être plus énervant... Il n'empêche vous êtes tout les deux trop agressifs l'un envers l'autre. Et si je ne dis rien pour Lily parce que James a parfois été infect avec elle, je ne peux pas faire la même chose avec toi... Parce que toi et James vous faites tout les deux partie intégrante de la vie de Sirius. Et là maintenant Sirius a besoin qu'on soit là pour lui, pas que vous vous disputiez. Je sais que tu es plus raisonnable que James, Camille. Faites un effort.
Camille se renfrogna et fourra ses mains dans les poches de sa veste. Elle aurait voulu échapper à cette conversation mais Remus l'empêchait de passer, bloquant le passage avec son corps beaucoup trop grand. À la réflexion il était étrange que personne dans tout Poudlard à part les Maraudeurs n'ait découvert sa lycanthropie. La physionomie de Remus, ses cicatrices, ses yeux, son nom... Tout chez lui hurlait loup-garou.
— D'accord... Je ferai un effort, accepta-t-elle à contrecœur. Mais ça ne me fait pas plaisir. Et répète ce discours à Potter parce que je refuse d'être la seule à faire un effort !
Camille grommela dans sa barbe et dépassa Remus en forçant le passage.
— Je le ferai ne t'inquiète pas, soupira Remus en la laissant passer. Essaye juste de ne pas te comporter comme si vous vous détestiez...
— Je ne le déteste pas, corrigea Camille. Je veux dire j'aurais mes raisons, après tout lui ne m'aime pas depuis que j'ai été répartie. Mais même si Potter est un connard avec les Serpentards... Il se rattrape ailleurs.
— Yep. Je crois que ça résume assez bien James.
— Je veux dire je le détesterai sûrement, admit Camille. S'il ne s'était pas occupé de Sirius. Sirius était seul, Potter lui a donné une famille et une maison. Je respecte ce genre de personne. James Potter est un petit con mais il a bon fond.
Camille rentrait dans le petit salon à ce moment-là et Peter qui avait entendu la dernière phrase lui adressa un regard surpris avant de se mettre à rire. Remus se joignit à lui immédiatement sous le regard perplexe de la Serpentard.
— Qu'est-ce que qu'il y a de drôle ? intervint Mary.
— Rien juste Potter, répondit Camille.
Les rires redoublèrent.
— Oh il faut que je le note, pouffa Peter. « James Potter est un petit con mais il a bon fond. » Hé ça rime en plus !
Mary se mit à rire également.
— « Rien juste Potter », gloussa Remus.
— Pourquoi est-ce qu'ils rient comme des cinglés ? demanda Aleksander en arrivant.
Camille haussa les épaules, elle ne comprenait pas tout ce qui se passait. Tout ce qu'elle savait c'était qu'il ne leur en fallait pas beaucoup pour qu'ils rient.
— Oh James qui est traité de petit con ça refait ma journée à chaque fois, pouffa Mary.
— C'est le fait que je l'ai insulté qui vous fait rire ?
— Mieux que tu lui aies fait un compliment en l'insultant !
— De qui vous parlez ? interpella une voix.
Camille se tourna vers la voix, les yeux brillants et un sourire aux lèvres. Sirius se tenait à une certaine distance du groupe, les mains dans les poches et des cernes profonds creusant son visage.
— Parce qu'honnêtement ça peut être de n'importe lequel d'entre nous, remarqua-t-il. Tu viens d'arriver Cam...?
La Serpentard le coupa dans sa phrase quand elle se jeta sur lui. Sirius la réceptionna maladroitement dans l'air alors qu'elle passait ses bras autour de son cou, la surprise s'imprimant sur son visage. Une fois le choc passé il se laissa aller contre elle, un sourire aux lèvres.
— Hey princesse, murmura-t-elle en posant son menton sur son épaule.
Sirius se contenta de resserrer sa prise sur elle.
— Comment tu tiens le coup ?
— Bien.
— Vraiment ?
— Non...
Sirius inspira et il sentit l'odeur réconfortante du shampoing de son amie. Avec tout ce qu'il s'était passé pendant ces vacances il avait l'impression que des années s'étaient écoulées et Merlin ce qu'elle lui avait manqué... Sa présence réconfortante lui avait manqué.
Sirius serait toujours éternellement reconnaissant à James pour la patience extraordinaire qu'il montrait avec lui. Mais James restait James Potter, l'enfant unique et miraculeux, la fierté de ses parents, et il ne comprendrait jamais ce que Sirius vivait. Il essayait et Merlin savait à quel point Sirius le remerciait pour ça mais...
Mais Sirius avait aussi besoin d'une personne qui comprenait, d'une personne qui avait aussi eu des cauchemars sur sa famille et qui avait aussi ressentit ce sentiment de vide et d'abandon. Parce que même si c'était Sirius qui avait claqué la porte, il avait l'impression que c'était son petit frère qui l'avait abandonné. Il se revoyait encore tendre la main à Regulus. Et Sirius le revoyait encore ne pas esquisser le moindre geste pour s'en emparer.
Sirius était fatigué. C'est pour ça qu'il ne lâcha pas la Serpentard alors même que la limite de temps du câlin affectueux était dépassée. Il avait mal au dos aussi, et c'est pour ça qu'il s'autorisa à enfouir un instant son visage dans ses mèches blondes.
Quand Camille bougea ses bras, Sirius eut peur qu'elle parte et laissa échapper la première chose qui lui traversait l'esprit.
— Je suis désolé, je n'ai pas réussi à récupérer Regulus, chuchota-t-il. Je suis désolé...
Sirius sentit les bras de la Serpentard se tendre un moment avant qu'elle ne resserre son étreinte.
— Ne t'excuse pas, princesse. Ce n'est pas de ta faute. Ce ne sera jamais de ta faute, d'accord ?
— Mais...
— Tu te souviens de ce que je t'ai dit chez les Bones ? Ta vie passe avant tout le reste, Sirius.
— Je suis désolé...
— Hum hum, interrompit Peter en se raclant la gorge. Nous sommes toujours là.
— On vous dérange peut-être ? Vous voulez qu'on vous laisse le salon ? renchérit Mary.
— Chut, ordonna Aleksander, y'en a qui essaient d'écouter ce qu'ils disent.
— Je te dirai, lui glissa Remus.
— Lunard voyons ! Nous trahir pour l'ennemi, s'indigna Sirius en relevant la tête. Ah les adolescents et les hormones...
— Regarde-toi avant de parler Sirius, lança Aleksander avant de finir sa bouteille. Y'a pas d'alcool dans cette saloperie...
— C'est une bièreaubeurre Aleks, lui rappela patiemment Remus. C'est l'équivalent sorcier du Champomy. Il y a probablement 2% d'alcool dedans...
— Je ne sais pas pour ce truc de « champs de pommiers » mais dans bièreaubeurre il y a très clairement le mot « bière », non ?
Remus soupira mais abandonna très vite.
Sirius finit par relâcher Camille après un moment, l'air moins maussade. La Serpentard tenta de masquer du mieux qu'elle pouvait ses rougeurs et Sirius se demanda si elle repensait à leur conversation dans le Poudlard Express. Merlin, ce que ça lui semblait loin désormais... Sirius avait l'impression d'avoir pris vingt ans en une dizaine de jours.
— Je me demande toujours si c'est une blague que tu sois là, lança-t-il. Chez les Potter. Pendant le Nouvel An.
— Crois-moi j'ai hésité. Puis j'ai su que toi et Aleks y étaient donc me voilà. Sans vouloir offenser les non-Sirius et non-Aleks bien sûr...
— Et ils ont accepté tes...? commença Sirius.
Le Gryffondor ne réussit pas finir sa phrase, le mot « parent » resta coincé en travers de sa gorge. Heureusement Camille comprit tout de suite ce qu'il voulait dire.
— Tu rigoles ? J'étais là pour le solstice et réveillon c'est déjà bien suffisant. Ils étaient ravis de pouvoir se débarrasser du problème familial.
— Oui mais qu'ils acceptent que tu viennes chez les Potter...
— Oh tu sais en tant qu'ancien Auror, mon père respecte Fleamont Potter. Il trouve que c'est un bon Chef, bien mieux que l'imbécile pour qui il a travaillé. Et il pense que Fleamont gère beaucoup mieux la situation que ce soit à quoi il s'attendait... Venant de mon père c'est pratiquement une déclaration d'amour tout ça.
— Un Light serait fan d'un Auror ? ironisa une voix. Tout les principes de Fabian s'écroulent dis donc...
— Gideon ? reconnut Aleksander en se retournant.
Gideon Prewett adressa un sourire au groupe sous le regard perplexe des Serpentards et celui plus tendu de Sirius. L'Auror tenait contre lui un petit garçon roux qui avait enroulé ses bras autour de son cou et qui observait les adolescents avec curiosité.
— Salut Aleks. Je voulais te présenter quelqu'un qui avait très envie de te rencontrer. Tu dis bonjour Charlie ?
Le petit garçon agita sa main potelée et babilla un bonjour, agrandissant le sourire de son oncle et parrain.
— Charlie est mon neveu. Et il aime beaucoup les dragons, déclara Gideon avec un regard entendu pour Aleksander.
— Vraiment ? s'étonna ce dernier.
— C'est trop cool les dragons ! s'exclama Charlie. Tonton Gid dit que tu connais plein de dragons ! C'est vrai ? Je pourrais aller les voir ?
— Mon père a une réserve de dragons. J'en ai même un qui s'appelle Archimède si tu veux tout savoir. Par contre ils sont au Danemark donc c'est un peu compliqué de rendre visite.
— Woah, t'as un dragon ? releva Charlie d'un air impressionné.
— Il a presque cinq ans, acquiesça Aleksander.
— Comme moi ! s'écria l'enfant. C'est quoi comme dragon ? Il crache beaucoup de feu ?
— C'est un croisement entre un Noir des Hébrides et un Vert Gallois et oui il crache beaucoup de feu... Il a une humeur de chien.
— Hé, s'offensa Sirius.
Il s'attira des regards surpris mais ne réussit pas déconcentrer Charlie de l'objet de son attention.
— Trop bien ! J'aimerais trop voir un dragon. Mais Maman dit que je peux pas parce que les dragon c'est trop dangereux...
— Ta mère te couve trop, dit Gideon d'un ton bourru. Qu'est-ce qu'on dit face au danger Charlie ?
— Même pas peur, j'suis un Gryffondor !
— Mon digne filleul, déclara fièrement Gideon.
— Serpentard c'est bien aussi, protesta Aleksander.
Le reste du groupe lui adressa un regard peu convaincu.
— T'as trop de chance de voir des dragons, soupira Charlie.
— Tu veux voir un dragon, hein ? Hum... Camille je comptais te donner ton cadeau de Noël un peu plus tard dans la soirée mais ça te va maintenant ?
— Oui évidemment. J'adore les cadeaux. Mais euh... C'est quoi le rapport là maintenant ? T'es sûr que c'est le bon moment ?
— Oh c'est le parfait moment.
Aleksander sortit un sac en cuir du sac à dos qu'il trimballait et plongea la main dedans. Le Serpentard en sortit un dragon miniature qui essayait de lui mordiller le doigt. Charlie laissa échapper un petit cri en l'apercevant et faillit donner un coup de coude dans le visage de Gideon quand il se débattit pour mieux le voir. Son oncle finit par le reposer à terre et le petit roux se précipita aussi rapidement que ses jambes lui permettaient vers la main tendue d'Aleksander. Charlie observa avec fascination le petit dragon.
— C'est... C'est trop génial, chuchota-t-il comme s'il avait peur d'effrayer le dragon.
— Tu reconnais l'espèce ?
— Il est bleu !
— C'est un Suédois à museau court, répondit Aleksander. Il y en a beaucoup là d'où je viens. Tu veux le tenir ?
— Je peux vraiment ?
— Si tu demandes gentiment à la blonde là-bas, c'est son cadeau en même temps.
— C'est mon cadeau ? Tu m'as offert un dragon miniature ? s'extasia Camille.
— Comme ça tu arrêteras de me tanner pour que je t'emmène au Danemark. Mon père a commencé un élevage de dragons comme celui-ci l'année dernière. Celui-là je l'ai volé spécialement pour toi !
— Ahah ! Tu as peut-être un chien Sirius, mais moi j'ai un dragon de compagnie ! s'exclama Camille avec triomphe.
— Mon chien est plus cool.
— Je peux le tenir ? s'impatienta Charlie.
— Oh oui bien sûr.
Le visage de l'enfant s'éclaira quand Aleksander déposa doucement le dragon dans sa paume. La bouche de Charlie s'ouvrît sous le choc et il le fixa comme un poisson hors de l'eau.
— C'est. Trop. Cool.
— On dit merci Charlie.
— Merci !
— J'aime beaucoup ce gosse, décida Aleksander en se tournant vers Remus.
— Il ne va pas se blesser ?
— Oh le pire qui puisse arriver serait qu'il se brûle mais honnêtement je doute que ça douche son enthousiasme. Tu l'as vu ? Il est complètement extatique !
— Charlie ! Maman a dit qu'on rentrait ! appela une petite voix.
— Bill regarde j'ai un dragon ! J'ai un dragon ! C'est le meilleur jour de ma vie !
— J'adore vraiment ce gosse, sourit Aleksander.
— C'est... Cool ? tenta le dénommé Bill. Allez viens, Maman a dit qu'on rentrait. Percy est trop petit pour rester aussi tard.
— Noooon ! Je peux pas rester ? Avec tonton Gid et Fab ?
Charlie alla s'accrocher à la jambe de son parrain, une expression de supplique silencieuse inscrite sur son visage.
— Autant que j'aimerais ça Charlie, je dois malheureusement te rendre à ta mère. Je ne veux pas me recevoir un autre coup de cafetière, grimaça Gideon en se frottant l'arrière de la tête.
— Oh mais... Pff... Pourquoi il ne rentre pas tout seul Percy ? maugréa Charlie en rendant à contrecœur le dragon à Aleksander.
— Parce que c'est un bébé ? rappela Bill avec incrédulité.
— N'empêche...
— Allez viens toi, dit Gideon en hissant son filleul sur ses épaules.
— Oh c'est mon tour après ! s'exclama Bill.
— Non c'est mon tonton !
— C'est mon oncle aussi !
— C'est mon parrain !
— Oh...
— Allez vous aller dire merci à Madame Potter pour vous avoir supporter toute la soirée vous deux, décréta Gideon. Et tu sais Charlie je ne comprends pas pourquoi tu veux tellement voir un dragon... Tu as déjà ta mère à la maison.
Les deux garçons pouffèrent de concert alors que l'Auror leur faisait immédiatement promettre de ne pas répéter ce qu'il avait dit à leur mère.
— C'est les Weasley, non ? demanda Sirius.
— Je crois.
— Les Weasley ? C'est la famille d'Alice ? s'étonna Peter.
— Éloignée, l'informa Mary. Elle m'a dit qu'ils ne s'entendaient pas bien... C'est une histoire compliquée.
— Comme tout les sang-purs. Donc le dragon c'est mon cadeau de Noël ?
— Et d'anniversaire.
— Et d'anniversaire ? protesta Camille. Mais tu l'as juste chipé à ton père !
— Hé ! Je suis à la rue je te rappelle, se défendit Aleksander. Le dragon fait l'affaire.
— Tu as de la chance qu'il soit mignon...
— Ça ? Mignon ? s'horrifia Mary.
— Oui ! Regarde-le avec ses petites griffes et ses tout petits crocs !
— Mais tu t'entends parler ?
— Moi je le trouve mignon, affirma Aleksander. Et Remus aussi.
— Ah bon ? fit le loup-garou sans grande conviction.
— Le nombre de farces qu'on peut faire avec ça ! T'en as d'autres Aleks ? demanda avidement Sirius.
— Personne ne fera de farces avec des mini-dragons, refusa immédiatement Remus.
— On pourrait en mettre dans le lit de Mulciber, proposa Peter.
— Qu'est-ce qu'on pourrait le mettre dans le lit de Mulciber ? interpella James.
— Le dragon de Camille.
— Light a un dragon maintenant ? Poudlard va s'effondrer avant la fin de l'année...
— Personne ne mettra mon dragon dans le lit de Mulciber ! refusa catégoriquement Camille. Le pauvre serait terrifié...
— Mais c'est le but ! insista Peter.
— Je ne parlais pas de Mulciber. Je parlais d'Archimède, rectifia Camille en caressant son cadeau. C'est lui qui serait terrifié.
— Archimède étant le dragon ? demanda Remus.
— Évidemment.
— Bien je voulais juste être sûr.
— Tu ne peux pas appeler tout tes animaux de compagnies Archimède, Camille, s'exaspéra Aleksander. Et d'abord c'est mon dragon qui s'appelle comme ça !
— Je peux et je le ferai. D'ailleurs je propose qu'on renomme Sirius Archimède.
— Hey !
— Depuis quand tout le monde a des dragons ? s'exclama James. Je suis parti combien de temps ?
— Depuis toujours, suis un peu James, le rabroua Mary. T'étais où d'ailleurs toi ?
— Ma mère m'a kidnappé, j'étais avec les Davies et les McKinnon. Et d'ailleurs j'ai vu ta mère et elle veut te voir Mary. Je crois qu'elle veut que vous rentriez...
Mary soupira mais se leva de son fauteuil. Elle dit au revoir à ses amis, gratifiant Peter d'un baiser sur la joue au passage, avant de disparaître bien vite dans la foule. La Serdaigle ne pouvait pas en vouloir à sa mère de partir si vite, en tant que moldue elle devait être complètement perdue. Caroline MacDonald avait beau être amie avec Euphemia Potter depuis que Mary avait manifesté sa magie devant elle au marché de Godric's Hollow, elle restait dépassée par un tel attroupement de sorciers.
— Il y a McKinnon ici ? s'horrifia Sirius. Mais elle me suit ou quoi ? Quel cauchemar !
— Un peu de respect c'est notre professeur, Sirius.
— Moi je le comprends, elle déteste Sirius, fit remarquer Aleksander en caressant le mini-dragon.
— Il est trop mignon mon dragon, roucoula Camille.
— McKinnon aussi est un dragon, bougonna Sirius. C'est même pire qu'une dragonne...
— Qu'est-ce que j'entends ? Fais-moi dix pompes Black ! tonna une voix dans son dos.
— Quinze si tu protestes comme une gamine !
La panique qui s'imprima sur les traits de Sirius n'avait pas de prix. Mais quand il se retourna il ne vit que les visages hilares de James et de Peter.
— Oh c'est ça faites les malins... Vous verrez quand elle changera de cible, c'est vous qui ferez des pompes ! McKinnon est infernale !
— Tu veux en faire dès maintenant des pompes Black ? menaça une voix.
Sirius grimaça alors que les visages de ses amis se décomposaient. Le Gryffondor se retourna lentement pour se retrouver face à sa professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Marlène McKinnon. L'ancienne Auror le dévisageait d'un regard menaçant.
— Si je n'avais pas mieux à faire je te ferais faire une série de vingt, marmonna-t-elle. Allez Brand, Black suivez-moi.
— Pourquoi ? demanda Sirius avec suspicion.
— Pour te jeter d'un balcon loin d'éventuels témoins, rétorqua Marlène. Allez suis-moi.
— Toujours aussi insupportable...
— Hein ? Qu'est-ce que c'était que ça ?
— Rien chef, mentit le Gryffondor avec aplomb.
— Je préfère.
Sirius leva les yeux au ciel avant de suivre sa professeure. Aleksander finit par relâcher Archimède et les suivit à contrecœur sous le regard adorateur de Camille.
— Light qu'est-ce que tu fiches ? lança Marlène.
— Ben je...
— Ramène-toi !
— Mais vous m'avez pas appelé !
— J'ai appelé tes potes, c'est la même chose, non ?
— Ça n'a rien à voir, grommela Camille en leur emboîtant le pas.
— Pour une fois qu'on s'amusait, râla Aleksander. Qu'est-ce que vous nous voulez encore ?
— C'est vous qui vous êtes enrôlé. C'était à tes risques et périls Brand.
— À douze ans on n'a pas trop conscience des inconvénients de s'enrôler dans une organisation clandestine.
— T'as quand même serré la main de Dumbledore. Et vous deux ? Vous n'allez pas râler vous aussi ? Honnêtement épargnez-moi une migraine et ne dites rien.
— Est-ce que tu vas être d'aussi charmante compagnie toute l'année McKinnon ? rétorqua Sirius.
Marlène s'arrêta et se retourna d'un air menaçant vers le Gryffondor. Inconsciemment Sirius recula sous son regard furieux.
— Écoute-moi bien Black, cette année je suis ta prof et autant que ça me gonfle de devoir me charger de votre éducation et de la sécurité de Poudlard pendant le Tournoi je suis quand même là. Parce que moi je ne questionne pas mes supérieurs. Alors voici mon conseil en tant que chef : ferme-la. Compris ?
Sirius lui adressa un regard noir mais finit par hocher la tête.
— Bien. Light ? Un commentaire ?
— Je n'ai rien dit moi, protesta la Serpentard.
— Je voulais juste être sûre. Vous êtes un peu trop soudés à mon goût vous trois... Aleksander viens avec moi. Tu vas passer en premier, ordonna Marlène en entrant dans le bureau de Fleamont Potter. Black, Light vous restez dehors.
— Si elle est si amère c'est parce qu'elle n'a pas d'ami, commenta Sirius à voix basse.
Camille lui adressa un regard sévère et déposa Archimède sur son avant-bras.
— Tu n'as pas peur qu'il te griffe ?
— Oh non, tu as vu comme il est mignon ?
— Ça reste un dragon, miniature ou non. Pourquoi Archimède d'ailleurs ? C'est pas le nom de ton hibou ?
— J'ai piqué l'idée à Aleksander et ça l'enrage. Ça fait trois ans que j'appelle tout les animaux que je croise Archimède. Dis tu veux pas le faire toi aussi ? Il serait vraiment énervé si tout le monde commençait à le faire.
— Tu peux vraiment être infernale.
— Je suis un génie, corrigea Camille.
— L'un n'empêche pas l'autre.
— Alors ? Tu vas le faire ?
— Bien sûr que je vais le faire. Énerver les Serpentards c'est ma raison de vivre, non ? railla Sirius.
— Tu ne disais pas ça il y a deux semaines, commenta Camille en passant un doigt sur les ailes lisses du dragon.
Le sourire de Sirius se tordit légèrement et il fourra ses mains dans ses poches.
— Certes... Tu y as repensé ? À notre conversation ?
— Évidemment...
— Et ?
— Et je croyais qu'on était d'accord, princesse. Si tu brises ta promesse, rétorqua Camille en lui tendant la main, tu le regretteras.
Sirius attrapa sa main, nouant leurs doigts ensemble et lui sourit narquoisement. Il pouvait toujours voir que Camille était nerveuse même si elle tentait de le dissimuler du mieux qu'elle pouvait en essayant d'être menaçante.
— Tu es adorable.
— Si tu veux...
— Non pas si je veux, rétorqua Sirius. Tu es adorable point barre.
Camille sourit, sa nervosité disparaissant peu à peu. Sirius avait ce don particulier, celui d'aggraver une situation à l'aide d'un seul mot ou au contraire d'apaiser les tensions d'un seul geste. Il devait avoir eu de l'entraînement pour ça chez les Black.
— Alors ? Qu'est-ce que ça te fait ?
— De quoi ?
— D'avoir officiellement ravi la main du sorcier le plus élégant et charmant de Poudlard ? demanda Sirius en levant leurs mains nouées comme preuve.
— Je m'attendais à mieux.
— Je savais que tu dirais quelque chose comme ça... Tu veux pas faire un effort ? Tu ruines le moment.
Camille se leva sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue, au coin de ses lèvres.
— C'est mieux comme ça ?
— Hum... Encore un et peut-être que je considérerais que tu es pardonnée.
Camille réitéra son geste sous le regard triomphant du Gryffondor.
— Et toi ? Qu'est-ce que ça te fait d'être coincée avec une Serpentard ?
— C'est un réel plaisir. Même si elle peut être affreusement grognon.
— Oh attends quelques jours et on verra...
— On ne verra rien du tout, la coupa Sirius. D'ailleurs je ne suis pas coincé avec toi. Je veux rester avec toi, ça n'a rien à voir.
Camille fut surprise de le voir se montrer si franc et spontané dans ses réponses. Elle avait l'habitude d'avoir affaire à un garçon défensif et agressif quand on lui posait des questions si personnelles. Elle se souvenait encore du calvaire qu'avait été l'année passée, quand ils avaient lentement renoué une amitié perdue. Pendant certaines périodes, Camille avait été convaincu que Sirius la détestait tant il pouvait se montrer brutal et renfermé sur sa vie privée. Mais le Gryffondor était simplement dans l'incapacité total de parler de sa famille sans avoir une réaction disproportionnée.
— Crois-moi si je me sentais coincé quand je suis avec toi, on ne serait pas amis, affirma-t-il d'un ton tranchant. On ne serait pas ensemble.
— On choisit ses amis pas sa famille, hein ?
Sirius lui adressa un léger sourire alors que son regard vagabondait dans le vide, scrutant le couloir et les murs. Camille fut à nouveau surprise par son expression calme, il avait l'air tellement plus tranquille ici.
— Ce n'est pas tout à fait vrai... J'ai choisi les Potter comme famille après tout.
Camille sourit également, ses doigts pressant plus fermement ceux de Sirius. Oh oui James Potter était un abruti. Mais Camille ne pouvait s'empêcher de lui être reconnaissante en voyant l'expression paisible de Sirius. James ne lui avait pas simplement donné une famille, il lui avait apporté la paix.
***
Malheureusement cette paix n'avait pas duré longtemps. L'insouciance de Sirius s'était vite transformée en morosité quand il s'était retrouvé à se faire questionner par les Prewett et Dorcas Meadowes sur sa fuite précipitée de Square Grimmaud.
— Je veux dire ça me semble suspicieux de juste partir comme ça...
— Prewett, coupa Dorcas.
— Quoi ? Ça ne vous semble pas bizarre de juste s'enfuir de chez soi ?
— Pas vraiment quand on a Bellatrix Lestrange pour cousine, argua Gideon avec gêne.
L'Auror n'avait pas l'air d'apprécier d'être en désaccord avec son grand frère. D'ailleurs Fabian lui adressa un regard presque blessé.
— C'était chez lui ! Sa famille...
— Ce n'est pas une famille. C'est un ramassis de cinglés, le coupa Sirius. Essaie d'avoir Walburga Black pour mère, puis viens me dire si toi aussi tu ne te serais pas barré.
Fabian se contenta de lui décocher un regard noir.
— J'ai déjà tout dit à Fleamont, rappela Sirius en croisant les bras sur sa poitrine. Je suis obligé de tout redire ?
— Ils veulent croiser les versions pour essayer de te coincer, devina Castiel depuis le fond. Prewett et McKinnon ont déjà essayé plusieurs fois sur moi...
— Et je me suis déjà excusée, rappela Marlène depuis sa place près de Dorcas.
— C'est navrant... Vous allez faire ça pour moi aussi ? se désola Camille depuis sa place près de son cousin.
— Pourquoi vous nous avez convoqué tout les trois ? protesta Sirius. Si vous ramenez Aleksander et Camille dans l'histoire alors qu'ils n'ont rien à voir avec tout ça pourquoi pas Victory aussi ? Ou tout les autres ?
— Parce que c'est une Wile. Elle est digne de confiance, ironisa Castiel.
— Si c'est pour être aussi inutile que dérangeant tu peux prendre la porte Light, lança Fabian.
— Je pourrais, admit Castiel avec un sourire. Mais je ne vais pas le faire. Essayons de voir combien de temps tu peux tenir avant d'insulter ma lignée entière Prewett.
— Je pourrais l'aider, proposa Camille. J'ai beaucoup de surnoms pour ta mère Caz.
— Pas étonnant. C'est une mégère aigrie et une salope.
— Tiens t'as déjà trouvé la moitié.
— Bon je pense que c'est bon, soupira Dorcas. À ton tour Light.
— Lequel ?
— À votre avis ? Camille !
— Je peux partir ? demanda Sirius.
— Tu m'abandonnes ? protesta Camille.
Sirius cligna les yeux, jeta un coup d'œil sur sa droite pour observer la réaction Fabian avant qu'un sourire provocateur ne naisse sur ses lèvres. Il secoua la tête.
— Bien sûr que non, prince charmant.
— Je ne comprends toujours pas ce surnom, marmonna Castiel.
— C'est parce que c'est Sirius la princesse, expliqua Camille en s'asseyant à sa droite.
Elle s'assit dans une position improbable, posant son pied sur sa cuisse, et se laissa aller dans sa chaise. Sirius devina que sa posture indécente devait être sa façon de protester contre tout cet interrogatoire. Il ne put que saluer son insolence.
— De toute façon je n'ai pas fini avec Black, intervint Fabian en se redressant.
— Prewett ! Je l'ai déjà dis, on a fini avec Black, rappela Dorcas d'une voix glaciale. Si je dis que je le crois, on le croit. Compris ?
Les deux sorciers s'affrontèrent un instant du regard avant que Fabian ne finisse par détourner le regard.
— Compris, accepta-t-il à contrecœur.
— Toujours aussi effrayante, commenta Gideon.
— C'est d'être enfermée dans le cagibi qu'est le Département des Mystères qui lui donne cet air aigri, marmonna Fabian.
— Marley fais-moi plaisir et jette-moi Prewett dehors, ordonna sèchement Dorcas.
— Lequel ?
— Les deux.
Marlène afficha un sourire carnassier et se dirigea vers les deux frères. Les Prewett protestèrent au début mais reculèrent bien vite sous la menace de la baguette de l'Auror. S'il y avait bien deux femmes qu'ils redoutaient c'était Dorcas Meadowes et Marlène McKinnon. Ils les craignaient presque autant que leur sœur Molly Weasley.
Marlène leur claqua la porte au nez et s'appuya dessus pour observer la suite des événements. Dorcas se détacha de la fenêtre contre laquelle elle était appuyée et vint prendre la place de Fabian. Elle s'assit sur le bureau de Fleamont Potter en face des deux adolescents et les toisa de son regard perçant.
Camille ressentit aussitôt un élancement dans son front face à ses yeux noirs et vida son esprit pour renforcer ses barrières d'Occlumencie.
— Bien maintenant que nous sommes débarrassés des désagrements, on peut parler, commença la Chef d'une voix grave. Vous savez très bien que le Tournoi Intermagique de cette année a été créé dans l'optique de renforcer nos relations internationales avec les autres écoles, principalement à cause de la guerre. Et pour nous ce tournoi c'était l'occasion de dénicher de potentielles recrues que ce soit pour le WORLD ou l'Ordre. Ce qui pour l'instant est un succès. Malheureusement Voldemort semble aussi utiliser le Tournoi à son avantage... Selon une de nos sources, le Tournoi serait une de ses façons de recruter certains talents exotiques et de promouvoir ses idées dans d'autres pays. Il faut donc que vous soyez très attentifs et prudents vis-à-vis des autres candidats. Méfiez-vous surtout des sangs-purs et surveillez les élèves de Durmstrang.
— Vous avez sorti ça à Aleksander aussi ? intervint sombrement Sirius. Pas étonnant qu'il ait eu l'air si dégoûté quand il est sorti...
— Au moins il n'a pas eu à subir les Prewett lui, commenta Castiel.
— Il fallait que je parle seule à seule avec Aleksander. C'est un cas spécial.
— Comme toujours, fit remarquer Camille.
— Nous sommes là pour parler du Tournoi pas d'Aleksander, s'irrita Dorcas. Je disais donc qu'il fallait vous méfiez des autres candidats mais surtout qu'il fallait en apprendre plus sur eux. Essayez de nouer des liens avec les différents candidats pour en tirer des informations intéressantes. Qui sait ils pourraient nous fournir la preuve nécessaire pour qu'on puisse enfin faire enfermer Dolohov...
— Dans dix ans peut-être, railla Marlène.
Dorcas esquissa un sourire à cette remarque, ce qui surpris les deux élèves qui lui faisaient face. Ils ne l'avaient jamais vu sourire ainsi.
— Ce Tournoi c'est aussi un bon entraînement, ajouta Castiel. J'ai discuté des épreuves avec Dumbledore et ça vous préparera à pas mal de choses auxquelles vous devrez faire face à votre sortie de Poudlard. Quand vous vous engagerez dans l'Ordre du Phénix.
— C'est quoi les épreuves ?
— Comme si j'allais vous le dire. Je ne veux pas vous gâcher le plaisir de tout découvrir par vous-même...
— Donc c'est sûr ? On en fera parti ?
— Évidemment, soupira Marlène. Même si vous étiez des élèves ordinaires vous en feriez parti, vous êtes plutôt doués.
— Plutôt doués ? répéta Sirius d'une voix peu convaincue.
— Je n'alimenterai pas ton ego surdimensionné en complimentant ta maîtrise de la magie Black.
— Décidément tu es une prof remarquable...
— Tu ne veux pas je te mettes une retenue alors qu'on est en pleine vacances quand même Black ?
— Allez-y. Ça me fera rentrer dans la légende de Poudlard.
— Comment ? En te propulsant au rang de crétin légendaire ? suggéra Camille.
— Je ne retiens que le légendaire, rétorqua-t-il.
— Évidemment...
— Pour en revenir à nos lutins, les interrompit Dorcas, je voudrais aussi que vous restiez attentifs à tout ce qu'il se passe à Poudlard, surtout du côté des Serpentards.
— Pourquoi ?
— Parce que les Mangemorts sont étrangement silencieux ces derniers temps. Il n'y a pas eu d'attaque à grande échelle depuis le bal de Beauxbâtons, peu de Marques des Ténèbres visibles, aucun attentat de sorciers importants... Ils font profil bas et c'est mauvais signe. Rien que le fait que nous soyons cinq à venir vous parler ce soir, c'est mauvais signe. D'habitude on est débordé durant cette période, les Mangemorts s'en donnent à cœur joie pendant les vacances.
— Peut-être qu'ils veulent passer les fêtes en famille ? suggéra Sirius.
— S'ils se reposent ça veut dire qu'ils se préparent pour quelque chose de grande envergure, continua Dorcas en ignorant l'intervention du Gryffondor, ce qui n'est pas rassurant. Et Castiel aurait une suggestion du moins intéressante quant au lieu et la date de la prochaine attaque.
Castiel se racla la gorge et se détacha du mur.
— C'est juste une théorie et j'aurais besoin de toi Camille pour la vérifier... Mais je pense que les Mangemorts attaqueront le vingt-six février.
— Le jour du mariage ?
Sirius mit quelques instants à se rappeler que le mariage de Castiel et Camille était supposé avoir lieu à cette date. Du moins s'ils n'arrivaient pas à s'en débarrasser. Sirius nota aussi que Camille n'avait pas dit "notre" mariage, ça devait sûrement trop la rebuter.
— Exactement.
— Mais pourquoi ? Ce sera un attroupement de sang-purs suprémacistes. Pourquoi ils attaqueraient leurs propre alliés ?
— C'est justement ça le problème... Est-ce qu'on est sûr que les Light sont les alliés de Voldemort ?
— Ben oui...
— Tu as intercepté une conversation spéciale à Beauxbâtons, Camille. Tu t'en souviens ?
— Ouais ils disaient qu'ils ne pouvaient pas faire confiance à Bazin...
— Non. Ils disaient qu'ils ne pouvaient pas faire confiance à un sang-mêlé qui s'arrogeait trop de pouvoirs, corrigea Dorcas. C'est ce que tu m'as dis. Tu as pris cette description pour Bazin mais les Light n'ont jamais rien tenté contre lui. Alors que Voldemort... As-tu jamais vu un membre de ta famille se battre en son nom ? Les as-tu entendu parler de se battre pour lui ?
— Ben y'a Rodolphus et...
— Les Lestrange ne comptent pas. On parle des Light.
— Pourquoi est-ce que les Light se rebelleraient contre Voldemort ? Ça n'a pas de sens ! Sophie porte même la Marque !
— Justement si ça fait du sens, la contredit Castiel en se rapprochant. Sophie est la seule Mangemort de notre famille. C'est sûrement une espionne à leur compte. Quant à pourquoi... C'est parce que pour les Light l'honneur est primordial. Et qu'est-ce qu'il a d'honorant à obéir à un homme de rang inférieur au leur ? Voldemort est un sang-mêlé. Les Light sont des sangs-purs, une des plus vieilles familles au monde ! Une des familles les plus puissantes. On est reconnu comme étant des sorciers mémorables et toute une branche de la famille compte des Legilimens. Pourquoi est-ce que les Light devraient s'agenouiller devant ce soi-disant Seigneur des Ténèbres ? Les Light ne s'agenouillent devant personne.
— Ne baisse jamais le regard...
Castiel hocha la tête.
— Par Merlin ces crétins organisent un coup d'état au sein des Mangemorts... Mais... C'est peut-être pour ça que...
— Pour ça ? Pour ça quoi ?
— Pendant les vacances le Manoir était toujours rempli. Pratiquement toute la famille s'est réunie, ça n'arrive que très rarement d'habitude et pourtant là ça fait deux ans d'affilée... Et c'est pour ça, c'est parce qu'ils fomentent un coup au sein des Mangemorts... Par Merlin... Mais pourquoi attaquer le mariage ? Voldemort ne peut pas déjà être au courant. Même moi je ne le savais pas.
— Voldemort a des espions partout. Il en a sûrement chez les Light. Quant au mariage c'est le moment rêvé pour se débarrasser de toute notre famille, on est une menace pour lui. J'ai refusé de le rejoindre, Max a refusé de le rejoindre et tu vas aussi refuser... Attaquer durant notre mariage sera l'occasion pour lui de se venger et de faire de nous un exemple.
— Si vous vous opposez à Voldemort, vous mourrez, devina Camille. Même si vous êtes une vieille famille puissante. Oh Merlin, qu'est-ce qu'ils ont fait ces imbéciles, ils vont se faire tuer...
— De notre côté ça nous arrange qu'ils ne se soient pas alliés, intervint Dorcas en se redressant. Je n'aimerais pas les avoir sur notre dos, surtout si Bagnold hérite bien du poste de Ministre un jour.
— Millicent ne prend plus part aux affaires familiales de toute façon, lui apprit Camille en fixant le sol. Ou en tout cas presque plus... Par Merlin, on doit empêcher ce mariage Castiel.
Castiel eut un rire amer. Camille tourna la tête vers lui et eut un coup au cœur en notant à quel point ses cernes étaient profonds et marquaient son visage d'une pâleur excessive. Il avait l'air exténué.
— Crois-moi, c'est tout ce que j'essaie de faire en ce moment et je piétine... Mais j'y arriverai. Je te le jure. Je ne les laisserai pas ruiner notre vie une nouvelle fois, promit-il avec un regard brûlant.
Camille enfouit son visage dans ses mains. Elle voulait tuer son grand-père et sa tante. Vraiment. Ce n'étaient que des abrutis. Et elle voulait secouer ses parents comme des pruniers. Qu'est-ce qui leur était passé par la tête par Merlin ? Ils allaient tous se faire tuer... Camille se demanda un instant comment elle pouvait se soucier autant du sort de sa famille et en même temps la haïr aussi sauvagement.
Elle revint à la réalité en sentant une main se poser sur son épaule. Elle releva la tête et croisa le regard orageux de Sirius. Elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.
— T'inquiète pas. Je ne vais pas les laisser te marier à cet idiot, dit-il en désignant Castiel. Tu vaux mieux que ça.
— Va te faire mettre Black. Je vaux toujours mieux que toi.
— Bien sûr, ricana Sirius en se penchant dangereusement en arrière, je te bats quand tu veux le pépé !
— Personne ne battra qui que ce soit. Camille tu sais ce qui te restes à faire maintenant...
— Espionner ma famille. Trois fois rien. Excepté qu'ils me méprisent tous et refusent de m'inviter à la plupart des réunions familiales...
— Tu te débrouilleras. Allez dehors maintenant. Les grands doivent parler.
— Je suis majeur, s'indigna immédiatement Sirius.
— Et je suis plus mature que Sirius.
— Faux !
— Je m'en tape. Sortez de mon bureau vous deux, ordonna Dorcas. Et que ça saute.
— C'est pas votre bureau, protesta Sirius. C'est celui de Fleamont.
Dorcas lui adressa un regard menaçant et esquissa un geste pour s'emparer de sa baguette qui le fit se lever immédiatement de sa chaise et marmonner son assentiment. Marlène ricana discrètement mais secrètement elle ressentit une pointe d'envie. Elle savait très bien qu'elle ne réussirait jamais à obtenir l'aura menaçante de sa partenaire et qu'elle était vouée à ne jamais réussir à fermer le clapet de Black. Elle ne réussirait jamais à lui faire ravaler son air suffisant comme le faisait Dorcas.
Camille se leva à la suite de son ami, la curiosité débordant de ses yeux. Dorcas la fixa d'un regard impassible avant de désigner la porte d'un mouvement de tête. Camille suivit son ordre silencieux et détourna le regard.
Les deux élèves passèrent près de Castiel en sortant et ce dernier en profita pour coincer la tête de Sirius sous son bras et lui frotter les cheveux énergiquement comme il avait l'habitude de le faire depuis qu'ils étaient enfants. Sirius se dégagea avec un regard meurtrier, réarrangeant ses cheveux précipitamment. Le Gryffondor observa alors Castiel engloutir Camille dans une étreinte d'ours et se révolta bruyamment quand l'Auror lui conseilla de ne pas hésiter à user de sa baguette si Sirius l'énervait trop.
— Ne t'inquiète pas. Je ferai appel à Lily si c'est le cas ! Il me fera la tête si je le fais moi-même.
— Tu peux pas utiliser Evans, c'est de la triche, marmonna Sirius.
— À la guerre comme à l'amour, tout les coups sont permis.
— Si tu veux la guerre Light, tu l'auras, menaça Sirius.
— Faites la guerre tant que vous voulez mais hors de mon bureau ! aboya Dorcas en s'impatientant.
Sirius détala sans demander son reste.
— Light envoie-moi les Prewett dès que tu les vois, ils doivent attendre dans le couloir.
— Tout de suite Madame !
— J'aime bien cette gamine, commenta Marlène.
— Alors Meadowes, comment tu trouves ma cousine ?
— Renversante. Vous ferez un très beau couple.
— Je croyais qu'on ne plaisantait pas là-dessus, rappela Castiel en perdant immédiatement sa jovialité.
— Calme-toi Light, c'était de l'humour. Ta cousine devrait surtout apprendre à se maîtriser.
— Elle a quinze ans.
— Justement. Ils sont plus jeunes, ils doivent faire plus d'efforts. Ils sont ici parce qu'ils veulent se battre, non ? S'ils veulent être utile, ils doivent apprendre à maîtriser leurs émotions.
— On ne peut pas tous être un robot tu sais...
— Je sais. Seuls les meilleurs sorciers le peuvent et on a besoin des meilleurs sorciers. Mais ta cousine n'est pas si mal... Elle fera une formidable Legilimens un jour.
— Sûrement... Attends quoi ?
Dorcas se retourna, un sourire énigmatique aux lèvres alors que le visage de Castiel exprimait un choc total.
— C'est... C'est elle qui... Le gène ?
— Ne t'inquiète pas, s'il le faut je l'entraînerai moi-même. Sinon elle se fera bouffer toute crue cette gamine.
***
Les vacances touchaient désormais à leur fin et Lily contempla avec nostalgie sa chambre. Dans quelques heures elle prendrait le Poudlard Express pour retourner à l'école et elle savait que sa maison lui manquerait. Elle n'était pas spécialement grande ni belle mais c'était chez-elle. Lily ressentait toujours un pincement au cœur quand elle la quittait. D'une autre côté elle ne pouvait dire qu'elle n'était pas soulagée de partir. Ces vacances avaient été un fiasco, sa grande sœur Pétunia lui avait à peine parlé la première semaine et lors de la deuxième elle lui avait hurlé dessus quand une chouette était rentrée par erreur dans leur salon.
Cette semaine Lily l'avait passée à marcher sur des œufs autour de Pétunia et à s'excuser à chaque fois qu'elle devait réviser les Potions dans la cuisine.
— Lily tu es prête ? Le petit-déjeuner est servi.
Quand on parle du loup. Pétunia se tenait dans l'encadrement de sa porte et fixait avec circonspection la malle de Lily.
— Oui j'arrive...
— Vous ne pouvez pas utiliser des valises comme des gens normaux ? Ou est-ce que c'est trop dur pour vous ?
— Les valises ne sont pas assez grosses pour nos affaires...
— Oh oui pour vos chouettes ? siffla Pétunia. Vos chaudrons ? Bon dieu, Lily est-ce que tu t'entends parler ? C'est vraiment comme ça que tu veux vivre ta vie, en te comportant comme une folle ? Comme un monstre ?
— C'est toujours mieux qu'être fiancé à un homme qui s'appelle Vernon, marmonna Lily en fermant sa malle.
— Qu'est-ce que tu as dis ?
— Rien, rien... Écoute Pétunia, dans une heure je ne suis plus là. Est-ce que ça vaut la peine d'encore se disputer ?
— Bien sûr que ça vaut la peine ! Tu es ma famille, Lily. Tu crois vraiment que je veux d'une cinglée pour sœur ?
— Ce n'est pas de ma faute !
— Si c'est de ta faute !
— Je suis une sorcière, je suis née comme ça...
— Mais tu n'avais pas besoin d'aller dans cette école de fous, non ? Tu n'étais pas obligée d'aller étudier avec des monstres ! Pourquoi tu ne restes pas avec nous ? Pourquoi ne peux-tu pas essayer de rester normale ?
— Parce que... Parce que ce n'est pas moi Tunie. Poudlard ça fait partie de ma vie maintenant, j'aime la magie et j'ai mes amis...
— Oh bien sûr tes amis... Et moi alors ? Je suis ta sœur.
— Bien sûr que tu es ma sœur mais...
— Mais tu préfères ton monde de cinglés à ta famille. C'est bon j'ai compris, l'interrompit froidement Pétunia.
L'aînée des Evans tourna sur ses talons et alla s'enfermer dans sa chambre. Lily referma sa malle et se précipita à sa suite.
— Attends Pétunia ! Bien sûr que non je ne les préfères pas à toi !
— Ne m'approche pas, tu as fait ton choix ! répliqua la voix étouffée de Pétunia. C'est bon retourne dans ton école de monstres et laisse-moi tranquille ! Je veux être normale moi.
— Mais je suis normale moi aussi !
— Lily viens manger ! appela sa mère. On part dans trente minutes ! Il ne faut pas manquer le Poux-de-lard Express !
Un ricanement dédaigneux jaillit de la chambre de Pétunia à ces mots et Lily se figea devant la porte.
— Une personne normale n'abandonnerait pas sa sœur pour aller apprendre des tours de magie Lily.
Lily déglutit et se détacha de la porte. À pas traînants, elle alla chercher sa malle et la traîna derrière elle dans les escaliers. Assis dans la cuisine, son père lisait le journal et sa mère lui servait des œufs brouillés. Cette dernière lui adressa un sourire désolé.
— J'ai entendu des cris. Encore une dispute ?
— Oui. L'habituel.
— Ne t'inquiète pas ma chérie. Ta sœur a juste besoin d'un peu plus de temps, je suis sûre que vous arriverez à vous réconcilier.
— Ça fait six ans maman, rappela amèrement Lily en s'asseyant. Six ans qu'elle me déteste.
— Pétunia ne te déteste pas, protesta Harry Evans en reposant son journal. Elle a juste un peu de mal avec la magie... Essaie de comprendre ça peut être étrange pour nous.
— Je sais, je sais... J'essaie.
— Mais nous sommes très fiers de toi, tu le sais n'est-ce pas ? s'empressa de rassurer Daisy. On est tellement fiers de toi ma chérie.
Lily leur sourit.
— Notre parfaite petite sorcière, dit malicieusement Harry.
— Allez finis tes haricots ma chérie. C'est ton père qui t'emmène à la gare.
— Évidemment, je ne manquerai jamais ça ! Est-ce qu'on reverra ce drôle de monsieur qui s'était promené en serviette de bain ?
— Peut-être, sourit Lily. Les sorciers ne comprennent pas trop la mode sorcière même si Alice et Sirius font des progrès.
— Ah oui. Je me souviens d'Alice, elle était très gentille.
— Sirius ? Ce n'est pas une étoile ?
— Les sorciers ont des noms spéciaux aussi...
— Et ce Sirius serait-il ce garçon affreux qui t'embête ?
— Oh non ça c'est Potter... Enfin Sirius aussi avant mais je l'ai aidé l'année dernière et ça va mieux depuis.
— Pourquoi l'as-tu aidé s'il t'embêtait ?
Lily avala ses haricots et en profita pour ne pas répondre. Elle ne pouvait décemment pas dire à ses parents qu'elle avait décidé de réconforter un de ses ennemis sur ses problèmes familiaux parce qu'elle-même en avait. Elle savait que ça les blesserait.
— Oh pour rien, je l'ai juste pris en pitié lorsqu'il avait des problèmes... On y va ?
Harry hocha la tête et se leva de table à sa suite. Ce fut lui qui transporta la lourde malle de Lily jusqu'à leur voiture et un léger silence les accompagna durant tout le trajet. Harry essayait parfois de le briser, posant des questions à Lily sur ses cours mais également sur le fameux Tournoi qui commencerait à la rentrée. La préfète lui répondait à demi-mots, trop excitée et en même temps triste par la perspective de quitter le monde moldu.
Elle sentit son estomac se tordre douloureusement quand ils passèrent devant la maison de Severus Rogue, son ancien meilleur ami. Dans sa tête elle ne pouvait s'empêcher de comparer ses mots à ceux de sa grande sœur.
« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale sang-de-bourbe ! »
« Tu es un monstre. »
Mais bon sang qu'attendaient-ils tous d'elle ? Elle ne pouvait pas changer ce qu'elle était ! C'était une sorcière née-moldu, elle était née comme ça, c'était son identité. Pourquoi les deux personnes les plus importantes dans sa vie étaient-ils incapables de le comprendre ? Elle ne pouvait pas changer et d'ailleurs elle ne le voulait pas. Elle aimait être une sorcière et elle aimait le monde moldu. Pourquoi devrait-elle changer quand elle adorait ce qu'elle était ?
Lily savait que s'ils n'étaient pas capable d'accepter qu'elle était heureuse comme ça, ils ne devraient pas être dans sa vie. Alors pourquoi faisait-t-elle tant d'efforts avec Pétunia ? Pourquoi culpabilisait-elle quand elle croisait Severus dans les couloirs de Poudlard ? Pourquoi leur cherchait-elle des excuses ?
Ils lui manquaient tant tout les deux. Elle se souvenait encore des jours où ils jouaient ensemble quand ils étaient enfants, avant que Lily ne découvre qu'elle était une sorcière et que Pétunia ne la traite de monstre. Elle avait perdu sa sœur. Des années plus tard, Lily avait tenté de défendre Severus face à Potter et il l'avait traité de sang-de-bourbe. Et elle avait perdu son meilleur ami.
Est-ce qu'elle repoussait les gens ? Pourquoi est-ce les gens qui lui étaient proches la détestait ? Peut-être que Pétunia avait raison et que Lily était un monstre... Pourtant la Gryffondor voulait juste être acceptée pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle était fière d'être. Une sorcière née-moldu.
— On est arrivé, annonça Harry avec un grand sourire. Et la chasse au sorcier à serviette commence !
Lily sourit malgré elle face aux pitreries de son père. Ce dernier était déjà sorti de la voiture et s'occupait de tirer la malle de Lily hors du coffre sous les regards perplexes des moldus. Lily se dépêcha de le rejoindre pour l'aider et ils s'engouffrèrent ensemble dans la gare. À la grande déception d'Harry Evans, aucun sorcier ne se baladait en serviette de bain. Cependant ils croisèrent un sorcier qui portait un déguisement de princesse ce qui fit bien rire le moldu. Il riait toujours quand les Evans franchirent la barrière magique et apparurent sur le quai de la gare.
— Ah ces sorciers. Ton monde est hilarant ma chérie !
Lily eut un sourire plus crispé alors que son père lui embrassait tendrement la joue.
— On se voit à Pâques ma Lily, profite bien de Poux-Au-lard et Pré-de-lard ! Ramène-moi quelques-unes de ces grenouilles aux chocolats, c'est délicieux.
— Oui, oui je te ramènerai des chocogrenouilles. Promis papa.
— Lily t'es enfin là ! Viens ici ! J'ai besoin de toi préfète parfaite ! cria une voix au loin. Lily !
— C'est moi, releva Lily. Je dois y aller, au revoir papa !
— Amuse-toi bien ma puce !
Lily esquissa une grimace face au surnom de son père et disparut dans la foule en lui adressant un discret signe de la main. La dernière image qu'elle eut d'Harry Evans fut celle d'un père surexcité qui observait ses alentours avec enthousiasme. La préfète ne put s'empêcher de sourire en voyant cela. Au moins ses parents adoraient le monde magique et son étrangeté.
Quand Lily détourna finalement le regard elle se retrouva pris en otage par deux adolescentes.
— Lily, mes parents ont dit oui ! Frank et moi on se marie en octobre !
— Lily dit à MacDonald que si elle invite Potter dans notre compartiment je la jette par la fenêtre !
— Hein ? bredouilla Lily, perdue.
— C'est pour ça que je ne suis plus préfète, soupira Émilie en passant près du groupe. On est toujours prise à partie...
— Attendez quoi ? Tu vas te marier Alice ? releva Lily avec choc.
— Ben oui ! Ça fait déjà trois ans qu'on sort ensemble avec Frank.
— Les sorciers se marient tous aussi vite ? s'alarma Lily.
— Pas forcément mais... Avec la guerre...
— Est-ce qu'on peut oublier la guerre trente seconde ? On en a parlé toutes les vacances chez moi, c'était d'un joyeux... Et Lily dit à MacDonald qu'on invite pas Potter et accessoirement Black avec nous ! répéta Victory en secouant la rousse par les épaules.
— Oh allez Vic' ! Ils ne sont pas si terribles, protesta Mary en la séparant de Lily.
— Bien sûr et les crapauds dans mon lit en quatrième année c'était quoi pour toi ? Un acte de charité ? rétorqua la Serpentard en croisant les bras sur sa poitrine. Si je passe plus d'une heure avec eux, je risque de leur faire bouffer leurs baguettes !
Lily rit en entendant ça et observa ses amies, son cœur se gonflant de joie. Qu'importe ce que pensait Pétunia ou les apprentis mages noirs de Severus, Lily adorait la magie et ce monde était le sien.
***
Hey fuckers !
Alors, alors je pense qu'on peut officiellement dire adieu à Square Grimmaud maintenant ! Ou pas... J'adore les Black.
Je sais que l'intrigue est toujours un peu floue (alors qu'on est au chapitre 37... oupsie), mais elle prend forme ! Lentement mais sûrement.
J'espère que vous avez aimé ce chapitre, n'hésitez pas à voter ou commenter ça fait toujours plaisir.
À dans deux semaines !
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