Chapitre 33 : Trust Me
1976
Chapter 33 : Trust me
Quand Sirius reprit ses esprits, il espérait être dans son lit. S'il se réveillait dans un lit, il pouvait prétendre que tout ce qu'il s'était passé n'était qu'un cauchemar. Mais malheureusement les cauchemars de Sirius étaient bien réels.
Sirius se réveilla sur une banquette peu confortable, son dos reposant contre un mur en pierre, et la première chose qu'il vit fut un ange blond aux joues scarifiés et à la tempe coupée.
— Il s'est pris combien de sorts ? s'horrifia l'ange.
— Je ne sais pas. J'étais dans dans les vapes à cause du manque d'oxygène. Je dirais une dizaine, dont plusieurs Doloris...
— Des Doloris... C'est sa cousine !
— Ça ne veut rien dire ici, McKinnon.
— Prenez de longues respirations, intima l'ange en prenant une longue inspiration. Tout le monde se calme !
Ironiquement c'était lui qui semblait paniquer le plus. Il agitait ses mains en inspirant, ses yeux fixés sur le sol pour se calmer.
— Comment je suis supposée être calme ? Plus de dix sorts dont plusieurs Doloris ! s'exclama McKinnon. Une chance qu'il ne soit pas mort !
Ces mots provoquèrent un déclic chez Sirius qui entrouvrit ses paupières lourdes de fatigue. Bien sûr que non il n'était pas mort, ce n'était pas sa saleté de cousine qui l'achèverait.
Le Gryffondor reconnut presque immédiatement la pièce et les personnes qui la remplissaient. Regulus, Marlène et Camille discutaient au milieu du petit salon privé des Malfoy. Regulus faisait de son mieux pour se tenir droit dans un fauteuil mais son visage était pâle et malade. Marlène se tenait sa droite, choquée et furieuse. Camille se tenait dos à Sirius, les épaules crispées et le corps tendu.
Le Gryffondor tenta de se redresser mais il ne trouva pas la force nécessaire. Seul son visage semblait répondre à ses ordres.
— ...parlez d'moi ? croassa-t-il. ...'suis dur à tuer...
— Merlin, jura l'ange en sursautant.
Il se retourna et Sirius reconnut le visage aux traits fin de Camille.
— Où tu as mal ? s'enquit-elle en s'approchant de lui.
— Partout, marmonna Sirius d'une voix pâteuse. Vraiment partout... Mal...
Tout son corps le tirait, le démangeait, le brûlait... Mais il était tellement fatigué qu'il ne sentait pas la moitié.
— Des élancements ? Des nausées ? Des courbatures ?
— Tout pire, murmura Sirius. ...'sais même pas comment j'ai arrivé 'ci... J'rrive pas bouger...
— Regulus t'as porté jusqu'ici, lui apprit Camille d'une voix blanche. Vous aviez tout les deux l'air à moitié mort.
— Je vais aller dormir, marmonna Regulus en se levant d'une chaise.
— Je viens avec toi, s'empressa d'ajouter Marlène. Hors de question de te laisser gambader seul dans cette maison pleine de psychopathes.
— Je suis là Sirius, rappela Camille. Alors dis-moi ce que je dois faire ?
— Arrête... Arrête la douleur, murmura Sirius de nouveau au bord des larmes. S'te plaît arrête tout...
Camille hocha la tête, une lueur de compréhension dans le regard.
— Je peux seulement diminuer la douleur physique Sirius. Le Doloris c'est aussi psycholo...
— Juste arrête-la, supplia Sirius dans un effort monumental à ses yeux. S'te plaît... Mal... Mal...
— Hé Sirius, je vais tout fixer d'accord ? Je vais tout arranger promis.
Sirius hocha légèrement la tête en se laissant aller contre le mur. Il avait encore envie de pleurer mais il n'avait même plus de larmes. Il était tellement fatigué. Tellement fatigué. Des points noirs dansaient devant ses yeux et Sirius se sentit basculer dans l'obscurité.
La main de Camille sur son épaule le ramena à la réalité. Malgré son corps douloureux, il sursauta et la repoussa brusquement. Camille le fixa un instant avec surprise avant de lever ses mains devant elle pour le calmer. Pour montrer qu'elle n'avait pas d'arme, juste ses mains pour commencer.
— Je vais arrêter la douleur Sirius. D'accord ?
Sirius la dévisagea avec des yeux vides. Camille ne savait même pas s'il la reconnaissait.
Dans la tête de Sirius les traits du visage de Camille se brouillaient avec ceux de Bellatrix et de sa mère. Il ne comprenait plus qui était qui. Il clignait des yeux et sa mère se tenait devant lui, baguette levée. Il rouvrait les yeux et Bellatrix lui hurlait dessus. Une main le touchait, la voix dans sa tête lui hurlait de s'en débarrasser. « Elle va te faire du mal ! Tu ne peux pas lui faire confiance ! »
— Je vais arrêter la douleur...
Menteuse. Elles n'étaient toutes que des menteuses. « Bellatrix est différente de Walburga. Elle ne te fera pas de mal. » Menteur. Menteuses. Il ne pouvait faire confiance à aucune d'entre elles.
— Sirius.
Sirius cligna des yeux. James se tenait devant lui. Il remontait distraitement ses lunettes sur son nez et lui souriait d'un air rassurant.
— Tu me fais confiance, Sirius ? Tu me connais. Je ne vais pas te faire de mal.
— James ?
— Voilà, pense à James... Il ne te ferait pas de mal lui.
— Non. C'est James.
— Je suis comme James, Sirius. D'accord ? Je ne te ferai jamais de mal.
— Promis ? murmura Sirius.
— Promis. Je suis prête à faire un Serment Inviolable.
— James m'a déjà dit ça...
— Ça ne m'étonne pas. Je vais te toucher maintenant, d'accord ? Mais je vais juste te guérir. Je ne te ferai pas mal.
— Non... T'as promis prince charmant...
— Oui c'est ça. C'est moi, rappela Camille d'une voix lourde d'émotion. C'est moi ton prince charmant...
— Je te fais confiance, murmura Sirius.
Camille se redressa et attrapa sa baguette. Sirius ne lâcha pas son regard.
Quand elle commença à murmurer des sorts, Sirius se détendit. Ça devait être la première fois qu'il réussissait à se détendre alors qu'il recevait des sorts. Mais il savait qu'il pouvait lui faire confiance.
Lentement son corps évacua toute la colère et la haine de Bellatrix. Sirius put sentir à nouveau son côté droit et bouger son corps librement. Certes ses mouvement restaient lents et grotesques du fait de la douleur que lui procurait le moindre geste, mais au moins il ne se tordait plus de douleur à terre. Et il avait réussi à se détendre quasiment entièrement. Camille semblait presque plus nerveuse que lui alors qu'elle promenait sa baguette le long de son corps, murmurant des sorts. Elle devait avoir peur de lui faire du mal par accident.
— C'est dingue. Tu as deux réactions à des situations stressantes : paniquer complètement ou garder un sang-froid effrayant, ria Sirius avant de se mettre à tousser incontrôlablement.
— Comment tu voulais que je réagisse ?
— Je ne sais pas. Plus calmement ? Tu n'étais pas aussi nerveuse quand tu frôlais la mort après tout.
— Ouais mais il y a une grosse différence entre toi frôlant la mort et moi frôlant la mort, déclara Camille en baissant sa baguette.
— Laquelle ?
Elle haussa les épaules.
— Je ne pourrais pas vivre normalement en sachant que tu es mort et que je n'ai pas pu te sauver. Tu pourrais toi ?
Sirius la fixa avec surprise.
— Non... Non je ne pourrais pas.
— Ça va mieux ?
— Ouais...
Camille repoussa distraitement ses lunettes sur son nez et observa la pièce pour vérifier que personne n'était entré, l'air inquiète. Sa tempe coupée attirait toujours le regard de Sirius, il se demandait qui avait bien pu la blesser et qui devait-il donc frapper. Probablement les Lestrange.
C'était souvent les Lestrange.
Qu'est-ce que Bellatrix rirait si elle l'entendait maintenant... Si elle avait pu ce serait elle qui aurait blessé Camille. Ça rappelait à Sirius qu'Alphard serait aussi déçu qu'il fasse confiance à une Light et qu'il veuille la défendre. Franchement Sirius ne comprenait pas sa famille et leur rivalité ridicule avec les Light. Même Alphard s'était pris au jeu.
Ça ne pouvait pas être une simple histoire de pureté, ça devait forcément être plus compliqué. Sinon Walburga sauterait à la gorge de chaque Malfoy ou Rosier qu'elle croisait. Qu'est-ce que les Light avaient bien pu faire pour s'attirer la haine des Black ? Ils n'étaient même pas totalement anglais. Pourquoi les haïssaient-ils au point de jeter un Doloris à Sirius pour l'avoir emmenée à un de leurs mariages ?
La main de Camille se reposa sur son visage alors qu'elle soulevait son menton et passait sa baguette sur son cou et sa mâchoire, là où sa cicatrice s'était réouverte. Ses yeux étaient gris cette fois-ci, furieux et grondants comme un orage. Quand elle recula, Sirius sentit un étrange vide là où ses doigts avaient touché sa peau. Sirius la regarda passer une main dans ses cheveux décoiffés, les sourcils froncés alors qu'elle réfléchissait.
« Allez vous faire foutre Bella, Alfie », pensa-t-il.
— Tu me fais confiance toi aussi ? demanda Sirius en se redressant maladroitement.
Camille releva les yeux vers le visage de Sirius, perturbée par cette question qui n'augurait jamais rien de bon. Quand elle avisa son regard déterminé, elle faillit jurer à nouveau. Il s'était déjà assez mis dans le pétrin pour un soir, non ? Ou est-ce qu'une séance de torture n'était pas assez pour Sirius ?
— Ça dépend que de ce que tu me demandes et te connaissant... Qu'est-ce que tu fais là ? Tu vois là je ne suis pas sûre de te faire confiance, balbutia-t-elle en reculant légèrement.
Sirius s'était avancé vers elle, ses genoux tremblants encore sous l'effet des sorts, et avait pris son visage entre ses mains. Camille le fixa avec appréhension. Peut-être qu'il pensait encore qu'elle était Bellatrix et qu'il allait lui tordre le cou. Le sourire de Sirius avait une teinte quelque peu triste alors qu'il la détaillait du regard.
Cependant Sirius n'avait aucune envie de lui briser le cou. Il fixait les joues de son amie à la place, plus précisément les cicatrices qui soulignaient ses pommettes. Parce que les cicatrices sur les joues de son amie étaient un rappel amer de ce dont était capable leurs cousins respectifs. Les Lestrange n'avaient pas hésité à défigurer un membre de leur famille, une sorcière de quinze ans, et à torturer un autre.
Sirius trouvait que ces cicatrices rajoutait au charme de son amie. Ces marques ne prouvait qu'une chose : qu'elle était bien plus forte qu'elle ne le pensait, que tout le monde ne le pensait.
Cette force Sirius lui enviait parfois. Camille arrivait toujours à se relever.
Ils avaient tort. Ils avaient tous tort. Ce n'était pas une Light, une Serpentard, une future Legilimens... C'était Camille.
— Je te fais confiance, répéta Sirius sans hésitation cette fois-ci.
Et c'est bien parce qu'il lui faisait confiance qu'il ne se défila pas quand il se pencha pour l'embrasser.
La Serpentard resta figée contre ses lèvres, tétanisée par le choc alors que Sirius continuait de l'embrasser. Elle ferma et referma ses poings dans le vide, incapable de réagir autrement. Elle n'arrivait même pas à fermer les yeux. Sirius finit par se retirer quand il ne sentit aucune réaction de la part de Camille, déglutissant difficilement. Il avait cru qu'elle répondrait.
Qu'est-ce qui s'était passé ? Il s'était trompé et elle ne l'aimait pas de cette façon ? Pourtant elle lui avait dit qu'elle l'aimait. Et elle l'appelait princesse. Et elle le fixait comme il la fixait, le même éclat protecteur brillant dans leurs yeux. Pourtant elle n'avait pas répondu.
— Qu'est-ce... Pourquoi ? balbutia-t-elle.
— Je pensais que c'était pareil pour toi, marmonna Sirius d'une voix lasse. Une autre erreur pour le stupide Black...
Camille porta une main à ses lèvres, ses yeux toujours grand ouverts alors que Sirius passait une main sur son visage, l'air frustré.
— Tu ne veux pas dire quelque chose ?
— Qu'est-ce que tu veux que je dises Sirius !C'est pas trop tôt ? Pourquoi tu as mis autant de temps ?
— Oui ? dit Sirius en fronçant les sourcils.
— Ben... Non. Non je ne peux pas dire ça. On ne peut pas faire ça Sirius, toi et moi c'est... C'est non, s'empressa-t-elle de répondre.
— Mais pourquoi ?
— Mais parce que ça va tout ruiner Sirius, s'exclama-t-elle. Réfléchis-y, on va tout ruiner !
— Je ne ruine pas tout ! s'emporta Sirius.
— Pas toi Sirius, nous. Nous deux. Regarde-nous ça ne marchera pas ! On dépendra trop l'un de l'autre et on ne va pas tenir plus d'un mois et on va se séparer et je perdrai un de mes meilleurs amis ! paniqua-t-elle immédiatement. Ce n'est pas vraiment ce que tu veux ça Sirius.
— Pourquoi est-ce qu'on ne tiendrait pas plus d'un mois ? On a survécu à tout nous deux ! Nos familles, différents pays, attaque de Mangemorts, énuméra-t-il avec véhémence. À tout !
— Parce que Sirius. Ça, déclara-t-elle en pointant à tout de rôle sa poitrine et celle de Sirius, c'est incassable. Ce qu'on a c'est pour la vie mais les copains et les copines ça va et ça vient ! Je n'ai pas envie que tu partes !
— Pourquoi je partirais ?
— Je ne sais pas ! Tu es impulsif, Sirius ! Imprévisible. Tu as besoin de changement. Tant qu'on est amis je gère mais si on se met ensemble... Je ne suis pas sûre de savoir gérer un couple.
— Tu n'aurais rien à gérer, ce serait pareil juste...
— Juste quoi ?
— Je ne sais pas ! ragea Sirius. Au moins je saurais que toi aussi tu m'aimes.
— Bien sûr que je t'aime Sirius. Mais crois-moi on se rendrait misérable... Tu n'as pas envie de ça. Tu ne penses pas clairement.
— Qu'est-ce que tu en sais ? Qui aurait parié sur nous, hein ? Et regarde où on en est maintenant. Tu es une des rares personnes qui ne me rend jamais misérable. Crois-moi ça c'est tout ce dont j'ai envie, Light.
— Sirius ce n'est pas bien... À aucun moment je ne vais risquer de perdre ce qu'on a, j'ai besoin de toi.
— Moi aussi, pourquoi tu crois que j'ai fait ça !
— Parce que tu viens de passer un week-end misérable. Walburga et Orion ont été horrible avec toi et ta cousine vient de te torturer. Tout ce que tu cherches maintenant c'est du réconfort et de l'affection Sirius. Tu ne penses pas clairement.
Sirius fronça les sourcils, l'air dépité.
— Je l'ai fais parce que je t'aime.
« Tu aurais embrassé la première personne qui t'aurais guéri, Sirius. Même si c'était Severus Rogue. »
— Vraiment ? Ben tu vas y réfléchir Sirius. Je veux que tu y repenses une fois que tu es entièrement sobre et que ta commotion cérébrale aura disparu, d'accord ? soupira Camille. Parce que pour l'instant à mes yeux tu fais n'importe quoi sans penser aux conséquences.
— Mais ça c'est ma spécialité.
— Pas là Sirius. Ne fais pas n'importe quoi avec notre relation...
— Je ne ruinerai pas tout tu sais, je ne ruine pas tout.
— Bien sûr que non Sirius...
— Tu dis non mais tu ne me fais pas assez confiance, rappela-t-il d'un ton amer.
— Je te fais confiance princesse. Mais là tu n'es pas en état de prendre ce genre de décision, d'accord ? J'attendrai. Mais crois-moi dans une semaine tu seras soulagé que je t'ai empêché de faire une énorme connerie. Tu peux trouver tellement mieux.
— C'est toi que je veux.
— On verra dans une semaine princesse. Là c'est la commotion qui parle. Allez on va te mettre au lit maintenant...
— Je suis pas fatigué.
Camille secoua la tête et alla chercher la veste déchirée de Sirius dans un coin. Le Gryffondor resta planté au milieu de la pièce, clignant des yeux et changeant de pied nerveusement. Camille revint et Sirius la dévisagea d'un air sombre. Elle glissa son bras dans le sien, l'entraînant à sa suite.
— Quand je me suis réveillé j'ai cru que t'étais un ange, souffla-t-il.
— Oh Merlin... Je t'emmène à l'infirmerie dès qu'on est de retour à Poudlard, toi.
***
— Si les professeurs étaient tous des animagi, Slughorn serait une limace.
— Un devoir. Un devoir en paix, s'exaspéra Remus en relevant la tête de son manuel de Métamorphose. C'est tout ce que je demande.
— La Métamorphose c'est barbant, on ne peut pas réviser les Sortilèges plutôt ? râla Aleks.
— Non. Parce que je dois finir ce devoir. De toute façon tu es un prodige en Sortilège, pourquoi tu voudrais réviser cette matière ?
— Parce que c'est la seule intéressante ? suggéra Aleksander en se relevant.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je reprends ma place, rétorqua le Serpentard en calant sa tête sur les cuisses de Remus.
— Ce sont mes jambes.
— C'est ce que j'ai dis. Ma place, décréta Aleksander en ouvrant un livre de Sortilèges. Et pour te prouver que les Sortilèges sont supérieurs voici une citation de Merlin en personne : « Les sortilèges structurent la magie, c'est la base même de notre monde magique. Sorts, maléfices et enchantements sont indispensable à chaque sorcier. »
— Tu cites Merlin maintenant ? s'amusa Remus.
— Apparemment puisque c'est le seul Serpentard qui ne se fait pas cracher dessus dans toute l'histoire des sorciers, marmonna Aleksander d'un air sombre. Franchement ce n'est pas parce que notre fondateur était un connard qu'on doit tous l'être.
— Hum... Je ne suis pas sûr que tout les Serpentards aient reçu ton mémo Al, commenta Remus en griffonnant sur son parchemin.
— Ce ne sont pas tous des enflures. Regarde Yaxley.
— Certes Yaxley est décent...
— Y'a moi et Camille aussi. Bon, c'est parfois une connasse mais elle a un bon fond.
Remus secoua la tête, un sourire aux lèvres. Distraitement, il vint passer sa main dans les cheveux d'Aleksander. Ses doigts se mirent à jouer avec ses boucles brunes ce qui déconcentra le Serpentard. Il se détendit et sourit légèrement alors que Remus caressait ses cheveux. Néanmoins il se força à reprendre ses esprits et reprit la parole.
— Lucinda et Flint aussi sont sympas. America évidemment. Dice peut l'être aussi, même si elle fout un bordel pas possible dans la Salle Commune. Mais elle m'a donné un de ses stylets pour deux noises au lieu d'un gallion.
— Stylet ? Oh tu veux dire stylo. Attends Dice est née-moldu ?
— Ouais. Elle ne le crie pas sur tout les toits pour des raisons évidentes mais oui.
— Je ne savais pas qu'il y avait des nés-moldus à Serpentard...
Aleksander ouvrit ses bras d'un air exaspéré.
— Tu vois c'est ça le problème. On n'est pas réparti à Serpentard pour notre sang mais pour nos valeurs !
— Je sais, je sais... Je me disais juste qu'avec tout les puristes ça ne devait pas être facile d'être à Serpentard quand on vient du monde moldu.
— Ma mère était à Serpentard.
— Vraiment ?
— Yep. Elle était aussi Préfète-En-Cheffe et major de sa promotion.
— Ah si seulement tu pouvais tenir plus d'elle...
— Ahah. Désolé mais c'est toi le préfet du couple Lupin, ironisa Aleks. Tu es en charge de chacune de mes conneries...
— Alors ça tombe bien, je suis aussi un Maraudeur. Les conneries c'est ma spécialité, provoqua Remus en lui lançant un sourire.
Aleksander se contenta de lui renvoyer un regard aussi amusé qu'ennuyé.
— Sérieusement pourquoi tu ne travailles pas Aleks ? Tu pourrais facilement être notre major si tu bossais dans d'autres matières que les Sortilèges.
— Je n'ai pas besoin d'être premier pour savoir que je suis fort, dit simplement Aleksander. Je ne suis pas Evans. Et je préfère consacrer mon énergie à des choses qui sont importantes.
— Et qu'est-ce qui peut être plus important que tes études ? Que ton futur Aleks ?
C'était une bonne question ça, qu'est-ce qui était plus important que son futur ? Mais la route d'Aleksander était déjà tracée, il savait déjà ce qu'il se passerait à sa sortie de Poudlard et ce n'était pas une voie joyeuse.
Aleksander garda ses yeux rivés sur son livre, son cœur se mettant à battre plus rapidement. Il se força à ne pas croiser le regard du Gryffondor. Il savait que s'il relevait la tête et voyait l'incompréhension sur le visage de Remus, il balancerait tout.
Comme répondant à sa nervosité, son avant-bras se mit à le démanger furieusement. Aleksander s'efforça d'éloigner son attention de son bras et répondit d'une voix aussi neutre possible.
— Il y a des choses plus importantes que mon futur Remus. Comme s'assurer qu'on puisse encore en avoir un.
— Tu parles de la guerre, devina Remus d'une voix aussi neutre que celle de son copain.
Soupirant, Aleksander se releva, forçant Remus à retirer ses doigts de ses cheveux par la même occasion.
— Je ne sais pas ce que tu as dis à Dumbledore ou même ce qu'il t'a proposé mais... Tu n'es pas obligé de participer tu sais Rem...
— Bien sûr que si, l'interrompit Remus.
Aleksander sentit sa mâchoire se crisper sans qu'il ne s'en rende compte. C'était cette réponse qu'il redoutait. Parce que pour des raisons purement égoïstes il n'avait aucune envie que Remus se batte.
— Réfléchis-y Remus, on ne parle pas de stopper quelques attaques là... C'est tout une guerre, des missions qui ne deviennent que de plus en plus dangereuses, lui expliqua Aleksander d'une voix rauque. Magie noire, torture, meurtre... Si tu rejoins l'organisation de Dumbledore ça va devenir ton quotidien. Tu deviendras une cible évidente.
— Tu l'as rejoins toi.
— Oh oui et crois-moi je le regrette souvent, avoua amèrement Aleksander. Regarde-moi Remus... Regarde ce qu'il se passe quand tu affrontes des Mangemorts.
Remus n'avait pas besoin de regarder, le visage d'Aleksander était déjà imprimé dans son esprit ainsi que la vision de son torse scarifié. À l'instant où ils parlaient, Aleksander le fixait de ses yeux dépareillés. L'un était aussi noir que la nuit, l'autre si gris qu'il se rapprochait du blanc. Son visage était défiguré par une cicatrice qui joignait son nez et la ligne de ses cheveux et cette apparence ne faisait que renforcer l'aura intimidante qui irradiait de lui.
Remus savait parfaitement bien ce qu'il risquait. Mais les cicatrices et la douleur ne le rebutaient pas, après tout il y était habitué.
— Tu restes magnifique, lui assura-t-il avec un sourire indéchiffrable.
— Ce n'est pas ça Remus, regarde-toi ! Tu es brillant, bourré de talent et de magie. Ne gâche pas ton futur.
Mais Remus n'avait pas de futur. Il n'en avait plus depuis que Fenrir Greyback l'avait mordu, onze ans auparavant. Il avait déjà la chance immense de pouvoir étudier à Poudlard — ce qui était plus que la plupart de ses semblables — mais une fois sorti du château il n'aurait plus aucune chance de devenir quelqu'un, d'avoir un métier qui lui plairait. Pour lui qui n'avait aucun avenir se battre semblait évident.
— Je pourrais te dire la même chose Aleksander. Tu as sûrement plus de chance d'avoir un avenir incroyable que moi.
— Mais moi je n'ai pas le choix. Je me suis déjà engagé, c'est trop tard, maugréa Aleksander.
— Pourquoi diable tu t'es engagé alors ?
— Je n'avais pas le choix. Dumbledore m'a sauvé la vie quand il a réussi à me sortir de Durmstrang, Rem', je n'aurais pas survécu un an de plus là-bas. J'ai une dette envers lui.
Remus sentit son cœur sombrer dans sa poitrine en entendant cela. Les paroles d'Aleksander lui rappelaient affreusement sa propre situation et la conversation qu'il avait eu avec Sirius après avoir appris son appartenance au W.O.R.L.D. Sirius lui avait dit qu'il était endetté auprès du directeur et qu'il devrait faire attention, Remus ne l'avait pas cru... Mais peut-être que son ami avait eu raison finalement. Peut-être que Dumbledore ne l'avait accepté en tant qu'élève que pour pouvoir l'engager dans son armée plus tard. Pour avoir un loup-garou de compagnie. Parce que Remus aussi avait une dette envers le professeur et jusqu'à maintenant il ne s'était pas rendu compte qu'il devrait la payer.
— Et puis... J'ai rencontré des gens grâce au W.O.R.L.D. Et maintenant je ne peux pas les laisser tomber, admit Aleks. Il faut que je te présente Fabian et Gideon un jour.
À nouveau son avant-bras le démangea et il eut l'impression d'étouffer dans ce dortoir. Il sentit sa magie se réveiller et sa peau se mit à chauffer. Aleksander déglutit difficilement et décida d'enlever son haut pour limiter les risques de s'enflammer par accident.
— Ça va ? s'inquiéta Remus en sentant ses propres joues s'échauffer pour une raison totalement différente.
— Oui. Oui tout va bien... Juste chaud, marmonna Aleks. Il fait chaud ici, non ?
— Tu veux que j'ouvre une fenêtre ?
— Non. Ça va aller... Je n'aime juste pas parler de ça.
— Du W.O.R.L.D ou de Durmstrang ?
— De Durmstrang...
Aleksander soupira et passa une main sur son visage. Inconsciemment il contracta son biceps et Remus sentit son regard s'attarder dessus un peu trop longtemps. Malheureusement — ou heureusement — les prochaines paroles de son petit-ami agirent comme une douche froide sur lui.
— Je haïssais cet endroit Remus, vraiment, marmonna le Serpentard. Je le hais toujours. Si tu crois que les Serpentards sont des enflures alors les élèves là-bas sont... C'est des mini-Voldemorts. La plupart en tout cas. Et le jour où je suis parti...
Aleksander déglutit, son envie de brûler s'intensifiant soudainement. Sa magie était devenue trop instable à cause de sa blessure mais là c'était insoutenable. Aleksander avait tellement chaud, il voulait tout expulser. Mais il ne pouvait pas. S'il manipulait sa magie dans ces moment-là il perdait le contrôle et... Et il y avait une bonne raison pour qu'il soit si détesté à Durmstrang, autre que son sang indigne.
Personne ne voulait d'un pyromane incontrôlable comme camarade de classe.
Aleksander sentit le poids du lit changer sous lui et il eut à peine le temps de le remarquer que deux mains s'emparaient de son visage et que Remus l'embrassait. Aleksander resta immobile un instant, surpris, avant de fondre dans le baiser. Merlin ce qu'il aimait ça.
Cela faisait déjà deux mois qu'ils sortaient ensemble et Remus était beaucoup plus confiant qu'au début de leur relation. Désormais il n'hésitait plus à l'embrasser sur un coup de tête et Aleksander adorait ça. Il adorait Remus.
Le Gryffondor passa ses mains sur ses épaules avant de venir glisser une main dans ses cheveux, l'autre venant se positionner sur la nuque d'Aleksander. Ce dernier en profita pour nouer ses bras autour de la taille de Remus, rapprochant leurs corps avec impatience. Le Gryffondor lâcha ses lèvres pour explorer son cou, soupirant légèrement. Aleksander renversa la tête en arrière pour lui laisser un meilleur accès. Ses mains explorèrent le torse de Remus et s'arrêtèrent sur les boutons de sa chemise.
— Je peux ? murmura Aleksander.
Remus s'arrêta et releva la tête pour le regarder. Le doute et l'appréhension brillaient dans ses yeux pourtant il finit par hocher la tête après un moment d'hésitation. Aleksander lui sourit et Remus enfouit son visage dans son cou à nouveau, paralysé à l'idée de voir le dégoût sur son visage quand il découvrirait ses cicatrices. Si c'était la dernière fois qu'Aleksander acceptait de le toucher, Remus allait en profiter.
Il se tendit et se figea quand les doigts d'Aleksander eurent fini de le débarrasser de sa chemise. Remus les sentit caresser sa peau nue, effleurant ses cicatrices les plus brutales.
— Rem' ?
— Oui ? répondit Remus, toujours figé.
— Tu es magnifique, murmura Aleks — faisant écho aux propres mots du Gryffondor.
Remus sentit tout son corps se détendre en entendant cela et releva la tête. Aleksander lui souriait. Remus lui renvoya un sourire soulagé en retour.
Le Serpentard franchit la distance qui les séparaient pour l'embrasser à nouveau.
— Magnifique, répéta-t-il dans un souffle.
Remus glissa une main sur sa nuque et l'attira à nouveau vers lui, plus pressant. Les bras d'Aleksander se resserrèrent autour de sa taille.
— Hey Lunar... Oh Merlin !
Les deux sorciers se séparèrent précipitamment, comme s'ils s'étaient électrocutés. Le visage de Remus semblait ne pas savoir ce qui était le plus adapté à la situation : la pâleur maladive ou la rougeur extrême. Aleksander avait rapidement regagné son calme, passant une main dans ses cheveux pour les recoiffer. Remus jurait et pestait en cherchant sa chemise alors que Sirius observaient les deux adolescents avec une expression stupéfaite.
— Je... Vous avez du passer un bon week-end vous au moins, décréta-t-il avec choc. Bon. Euh je vais repartir. Juste ne faites rien sur mon lit, okay ? Ou dans la douche. N'oubliez pas de vous protéger. Et rappelez-vous ce n'est pas censé faire ma...
— Par le caleçon de Merlin, sors immédiatement Black ! jura Aleksander.
— Et t'inquiète Lunard si celui-là n'est pas top, on peut t'en trouver un au...
— Sors ! s'écrièrent les deux sorciers.
Sirius sortit précipitamment alors qu'Aleksander jetait son manuel sur la porte. Une fois sortie de la pièce Black ne put retenir son sourire narquois, ravi de voir Remus si embarrassé. Le loup-garou était particulièrement dur à faire réagir et le voir perdre ses moyens était très satisfaisant. Néanmoins quand Sirius referma la porte, il ne put s'empêcher de ressentir également un pincement de jalousie.
Ils avaient l'air si heureux et Sirius avait l'impression d'être complètement seul à cet instant. Il n'aurait sûrement jamais ce que ces deux-là avaient.
« Si même ta propre famille te hait Sirius, tu crois qu'une Light va t'accepter ? ...tu ruines tout ce que tu touches, qui voudrait jamais de toi ? »
Bellatrix avait vraiment le don de frapper où ça faisait mal.
Quand Sirius atterri dans la Salle Commune il avait perdu son sourire et affichait un air morose et défait. Il resta un instant planté devant les escaliers à fixer le sol d'un regard sombre.
— Hé Patmol ! Ça te dit une partie d'échec ? Ou tu préfères faire un procès au sol ?
Sirius cligna des yeux et se tourna vers la voix. Il sourit en reconnaissant Peter qui le fixait avec des sourcils froncés, son cahier d'échec ouvert à côté de lui et le plateau déjà organisé.
— Toujours le même plateau, s'amusa Sirius en se rapprochant.
Peter haussa les épaules et déplaça sa Reine.
— C'est un bon plateau, il a presque dix ans et je n'ai jamais cassé aucune pièce. Alors tu joues ? Ou tu veux parler ? Le week-end n'a pas du bien se passer à ce que je vois.
— Ni l'un ni l'autre, grogna Sirius en se laissant tomber sur une chaise. Je n'aime pas jouer à un jeu que je ne peux pas gagner.
— Ah mais est-ce que ce n'est pas ce que nous faisons chaque jour ? philosopha Peter. Dragées ?
Sirius piocha un bonbon dans le sachet de son ami et l'avala sans même le regarder. Peter ne fut pas surpris quand son ami retint un haut-le-cœur et plaqua une main sur sa bouche.
— Excrément de chauve-souris ?
— Fumier de licorne, corrigea Sirius en retenant un nouveau haut-le-cœur.
— Tiens prends-ça, ça fera passer le goût. Tu veux me dire ce qu'il s'est passé ? Ou tu préfères attendre James ?
— Quand est-ce qu'il rentre ?
— Dans une heure ? Je ne sais pas vraiment. Il a dit dans l'après-midi, les sélections pour les Harpies sont plus longues que celles des Tornades.
— Est-ce que tu trouves que je suis un connard Queudver ? demanda soudainement Sirius.
— Non. Tu es juste un peu brutal, dit Peter en mastiquant une patacitrouille. Et un peu trop franc. Y'a pire.
Sirius fut subitement soulagé d'avoir Peter à qui parler. James l'aurait sûrement trop défendu et Remus aurait répondu « oui » sans l'ombre d'un doute. Mais Peter savait nuancer et se montrer plus diplomate.
— Et est-ce que tu trouves que je suis impulsif ?
— Oui. Presque plus que James alors qu'il est... Tu sais, marmonna Peter à voix basse.
— C'est une mauvaise chose ?
— Ça dépend des situations. Moi je ne pourrais jamais l'être mais toi... Ça te convient.
— Comment ça ?
— Ben c'est ton truc. Tu sais, les décisions spontanées et les idées soudaines. Faire quelque chose sur un coup de tête, c'est ton truc.
— Vraiment ? s'étonna Sirius.
— Ben oui. Toi t'es impulsif, James est surexcité et Remus est de mauvaise humeur. C'est toujours ça quand on fait une sortie.
Sirius ricanant en imaginant le tableau : James qui courre partout sans la cape, Remus qui l'observe avec exaspération, lui qui décide de changer de direction à la dernière minute et Peter qui tient la carte et la cape en essayant de masquer le bruit qu'ils font.
— Pourquoi tu me demandes ça ? demanda Peter avec curiosité.
Sirius perdit son sourire. Maintenant il comprenait Camille et sa réaction. Si comme Peter elle pensait que prendre des décisions sur un coup de tête était son « truc » alors évidemment qu'elle n'avait pas du prendre leur baiser au sérieux. Pour elle Sirius n'avait pas réfléchi en faisant ça. Et c'était en partie en vrai, la décision de l'embrasser venait bien d'un coup de tête même si cela faisait des mois qu'il l'imaginait.
— Dis Peter... J'aurais un conseil à te demander...
— À moi ? s'étonna Peter. Tu ne veux pas plutôt demander à Lunard ?
Sirius grimaça.
— Pas maintenant...
— Oh tu l'as vu Aleks toi aussi ? comprit Peter.
— Tu sais pour lui et Aleks ? s'étonna Sirius.
— Depuis une éternité, soupira son ami. Ils ne savent pas fermer correctement une porte...
— Et ils sont au courant que tu sais ? s'enquit Sirius en fronçant les sourcils.
— Oh non. Ils n'ont jamais remarqué que je les avais vu, ils étaient trop occupés, grimaça Peter. Et je ne voulais pas les gêner en abordant le sujet, mais je dois avouer c'était très... Déstabilisant.
— Comment ça ?
— Ben Lunard a toujours été secret mais je ne m'attendais pas vraiment à qu'il préfère les gars. Et je pensais aussi qu'il ne voudrait pas se mettre en couple.
— Pourquoi ?
— À cause de son petit problème de fourrure. Tu sais très bien que ça le met complètement en panique quand quelqu'un découvre sa... Tu sais. Donc je ne pensais vraiment pas qu'il réussirait à se mettre en couple. Mais après Aleksander est différent, peut-être que Remus lui fait suffisamment confiance maintenant. Aleks a quand même défendu les loups-garous devant tout le monde dans la Grande Salle en quatrième année, rappela Peter en faisant reculer un cavalier.
Sirius hocha lentement la tête, sachant déjà qu'Aleksander avait découvert la lycanthropie de Remus il y a longtemps et qu'il s'en fichait royalement.
— Bref pourquoi tu as besoin de mes conseils ? Je veux bien t'aider mais je ne vois pas comment je pourrais t'être utile.
— En fait tu es probablement le seul qui puisse m'aider. Tu es bien sorti avec cette Serdaigle, Mary Anne, l'année dernière ? Pendant plusieurs mois ?
— Mary Angela. Oui, pendant un an et un mois.
— Oui c'est ça. Comment tu as fais ?
— Comment j'ai fais quoi ?
— Comment tu l'as convaincu de sortir avec toi ?
— Attends tu es en train de me demander à moi des conseils de séduction ? comprit Peter avec confusion.
— C'est ça ! Remus est complètement à la ramasse pour ça et James se fait rejeter par Evans depuis la troisième année, tu es officiellement mon seul recours Peter.
— Sirius tu es sorti avec beaucoup plus de personne que moi, rappela Peter.
— Oui mais ce n'était pas... Enfin c'était différent, toi tu étais vraiment proche de Mary Angie...
— Angela.
— C'est ça. Moi pas vraiment.
— Même Mary ? interrogea Peter d'une voix soudainement plus sérieuse.
— Oui, Mary est une bonne pote mais une petite amie épouvantable.
— Ce n'est pas vrai, protesta Peter.
— Ça se voit que tu n'es pas sorti avec elle...
Peter se racla la gorge.
— Oui bien sûr... Donc tu veux sortir avec une fille ? Et tu ne peux pas faire ton truc habituel ?
— Quel truc habituel ?
— James appelle ça le « sourit et reste joli ». Pour Remus c'est le « comporte-toi comme le roi du monde ». Moi j'opterais plutôt pour charme naturel.
— Ça ne marche plus, soupira Sirius. En tout cas pas avec elle.
— C'est qui ? s'enquit subitement Peter.
— C'est Light, admit Sirius avec embarras. Je l'ai embrassé hier soir et elle n'a pas bien réagi.
— Milles gargouilles, la légende est vraie. Remus a vraiment toujours raison, décréta Peter en retombant contre le dossier de sa chaise.
— Qu'est-ce que Lupin a dit encore ? maugréa Sirius.
— Qu'il rirait comme un maniaque en te voyant galérer pour sortir avec Light.
— Quel enfoiré...
— Un enfoiré qui a toujours raison, répéta Peter d'un air impressionné. Donc pourquoi n'a-t-elle pas bien réagi ?
— Elle disait que ça allait tout gâcher, que c'était n'importe quoi, que j'étais impulsif et que je l'avais fais à cause de Bellatrix et de mes parents, grommela Sirius.
— Pourquoi tu l'aurais fait pour Bellatrix et tes parents ? releva Peter avec confusion.
— Oh longue histoire... Walburga ne s'est pas améliorée depuis les vacances et Bellatrix s'est un peu emportée. Mais ce n'est pas parce que j'ai une commotion cérébrale que je vais faire n'importe quoi ! s'exclama Sirius en se massant une tempe. Je vais bien !
Peter s'immobilisa en plein mouvement, un pion en l'air dans sa main.
— Tu as une commotion cérébrale ? Qu'est-ce que Bellatrix t'as fait ? s'empressa-t-il de demander. Tu es allé à l'infirmerie ?
— Non. Mais je n'ai pas besoin d'y aller, je vais bien, argua Sirius en reprenant son air défensif.
— Patmol, soupira Peter en reposant son pion. Allez viens on y va.
— Je vais bien !
— Sirius, si ce n'est pas moi qui t'amène a l'infirmerie, c'est James qui t'y porteras dès qu'il reviendra.
— J'en ai marre d'y aller, grommela Sirius.
— Je suis à deux doigts d'aller chercher Remus, menaça Peter. Tu sais très bien qu'il est capable de te traîner par le pied jusque là.
— J'aimerais voir ça, ricana Sirius.
— Lunard ! hurla Peter. Remus John Lupin ! Lunard !
— Okay, okay c'est bon j'y vais, accepta précipitamment Sirius. Arrête de crier j'y vais !
Peter se tut avec un sourire victorieux et se leva tranquillement. Sirius l'imita d'un air maussade, les pieds traînants.
— En plus Pomfresh nous adore, remarqua Peter.
— Oh voilà que tout va beaucoup mieux, ironisa Sirius.
— Et tu sais pour Light, je ne sais pas vraiment quoi te dire. Mais si elle pense que tu l'as embrassé sur un coup de tête la meilleure chose à faire c'est d'attendre un peu et persévérer. À un moment elle se rendra bien compte que t'es sérieux.
— Persévérer ? C'est ça le conseil ? Même James aurait pu me le sortir ! Et James est nul pour ces trucs-là.
— C'est un très bon conseil, rétorqua Peter. James ne sait juste pas s'y prendre avec Evans. On aura cent vingt-ans quand elle acceptera de sortir avec lui.
— Persévérer... T'as pas un conseil que je pourrais appliquer maintenant ?
— Non. Mais si Remus était là il te dirait sûrement d'apprendre à être plus patient...
— Une chance qu'il soit trop occupé avec Aleksander pour me faire la morale alors.
***
Aleksander la vit dès qu'il rentra dans la Salle Commune, Camille était assisse dans un fauteuil près des fenêtres. Il ne prit pas la peine de saluer Yaxley et se dirigea vers elle en ignorant son Capitaine et ses protestations.
— Alors comment était le mariage de la décennie ? interrogea Aleks en se postant à sa droite.
— Bonjour Aleks, comment vas-tu Aleks ? Moi je vais bien, merci de demander.
— Bien sûr que tu vas bien, remarqua le Serpentard en effleurant le pansement à sa tempe.
— Rabastan s'est juste emporté après la cérémonie. Pas très content après le bal.
— C'était à prévoir. Il a prévenu tes parents ?
— Non. Il préfère me menacer avec l'information plutôt que de la divulguer, c'est plus divertissant pour lui... Celle que je redoute le plus c'est Bellatrix, elle est plus du genre à tout balancer, marmonna Camille en griffonnant sur son parchemin.
— Je rêve ou tu travailles ?
— Je dois finir ce devoir de Métamorphose.
— Mais qu'est-ce que vous avez tous avec la Métamorphose ? râla-t-il en lui prenant le parchemin des mains. Allez tu copieras sur Sirius, il a probablement tout bon...
— Et il ne l'a probablement pas fait, rétorqua Camille. Rends-moi mon parchemin.
— Non il faut qu'on parle.
Camille soupira mais capitula en avisant le sérieux sur le visage de son ami.
— Bon d'accord. De quoi ?
— Pas ici.
— Salle sur Demande ?
Aleksander hésita puis hocha la tête, ses jointures étaient blanches sur l'accoudoir du fauteuil. Camille fronça les sourcils puis lui arracha son parchemin des mains et se leva en le roulant.
— Je te suis, j'espère que t'as pas encore fait une énorme connerie...
Aleksander serra et desserra ses poings d'un air songeur et emboîta le pas à son amie.
— Remus veut rejoindre l'Ordre, lâcha-t-il une fois qu'ils furent suffisamment éloignés de la Salle Commune.
— Okay. Et ?
— Comment ça « okay » ? Tu as entendu ce que je viens de dire ?
— Mais tu t'attendais à quoi Aleks ? À ce qu'il refuse la proposition de Dumbledore bien gentiment ? On parle d'un Gryffondor là. Et d'un Maraudeur.
— C'est beaucoup trop dangereux, grinça Aleksander entre ses dents.
— Lupin n'est pas stupide, loin de là. À mon avis il le sait.
— Comment je fais pour l'en empêcher ?
Camille s'arrêta et lui jeta un regard interloqué.
— L'en empêcher ? répéta-t-elle.
— Camille on parle d'une guerre. Je ne vais pas le laisser se faire tuer ! C'est trop dangereux.
— Donc moi tu me laisserais me faire tuer ? releva Camille. Et bah tu parles d'une amitié...
— Toi c'est différent, soupira Aleksander. Tu es un prodige, tu peux l'encaisser...
— Parce que tu crois que Remus ne peut pas l'encaisser ? Que ce n'est pas un prodige ? On parle bien du même là ? ironisa Camille. Laisse moi te rappeler que Lupin est un loup-garou. Il possède une force surhumaine, des réflexes inimaginables avec des sens surdéveloppés. Crois-moi de toutes les personnes que Dumbledore aurait pu recruter, c'est sûrement un de ses meilleurs choix.
— Justement il fera une cible plus...
— Et il est parfaitement capable d'encaisser, l'interrompit Camille. Ton copain se transforme chaque mois en monstre, Aleks et il se mutile lui-même. À mon avis il est bien plus capable et fort que moi. Et il peut gérer la douleur mieux que personne dans cette école. Honnêtement si je devais avoir peur d'un élève, ce serait lui. Donc non, tu ne peux pas l'en empêcher et d'ailleurs tu ne devrais pas.
— De plus en plus de gens meurent Camille. On a toujours pas de nouvelle de Fawley et de MacDonald. Regarde tes...
— N'utilise pas mes cousines comme un argument, prévint Camille.
— Mais elles sont bien mortes. Un jour ce sera peut-être nos cadavres qu'on découvrira ! Remus ne peut pas mourir ! s'emporta Aleksander.
— Tu ne peux rien y faire Aleks. Il a déjà pris sa décision. Soit déjà heureux que Dumbledore ne l'ait pas recruté plus tôt, au moins il était en sûreté, rétorqua Camille avant de soupirer. C'est ça le problème quand tu aimes quelqu'un Aleksander. Tu ne peux pas supporter l'idée de les perdre et ça te rend encore plus vulnérable.
Aleksander sentit la fureur grandir en lui et la chaleur revint et le heurta de plein fouet. Sa magie grondait à ses oreilles, lui susurrant de lâcher prise. Il serra ses poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes.
— On devrait continuer à marcher, dit-il d'une voix blanche. La Salle n'est plus loin... Prépare un bouclier au cas où...
— Préparer un... Oh tu es en train de...
— Oui, la coupa Aleksander en inspirant brusquement.
Il sentait son bras le brûler et son œil droit le démangeait furieusement. Camille fronça du nez et grimaça légèrement. Néanmoins elle lui jeta un regard rassurant quand ils arrivèrent devant la tapisserie de Barnabas le Follet et lui sourit.
— C'est ça évite la conversation mais je suis quasiment sûre que tu es amoureux de lui Aleksander.
Le Serpentard l'ignora et ferma les yeux pour mieux se concentrer. Il passa trois fois devant la tapisserie, murmurant sa destination dans un souffle. Il sentait la sueur couler dans sa nuque et sur son front. Il détestait ces moments-là.
Camille ouvrit la large porte en fer qui était apparue et le laissa entrer en premier. Aleksander tremblait d'anticipation quand il entra dans un des enclos que son père avait fait construire pour le plus incontrôlable de leurs Magyars à pointes. Le Serpentard laissa sa cape tomber à terre et retira son pull. Il entendit vaguement son amie fermer la porte derrière elle.
— Tu me fais confiance ? demanda-t-il.
— Malheureusement, soupira-t-elle en dégainant sa baguette.
— Bien, haleta le Serpentard quand elle jeta un sort protecteur autour d'elle. Parce que je n'arriverai pas à tout contrôler...
Aleksander frappa ses mains ensemble et déversa l'enfer sur Terre.
Camille recula légèrement quand le feu apparut, formant une colonne de chaleur gigantesque. Aleksander se noya dedans, la respiration haletante mais les couleurs revenant peu à peu sur son visage. Il écarta ses mains, paumes vers le ciel, et les flammes s'intensifièrent. Son amie les regarda danser dans l'air, le rouge et l'orange s'emmêlant ensemble. La moitié de visage d'Aleksander qu'elle pouvait apercevoir était illuminée par une lueur bleuâtre. Quand Camille vit ses mains, elle comprit pourquoi.
Dans ses paumes dansaient des flammes entièrement bleues, les plus chaudes. Aleksander les fixaient avec révérence et peur, sa respiration de plus en plus saccadée.
Il ne savait toujours pas s'il devait craindre ou admirer cette magie. Certains lui avaient dit que son pouvoir était une erreur, une anomalie magique tout comme son nouvel œil. D'autres l'avaient traité comme un miracle, un prodige. Alors Aleksander avait arrêté de dévoiler sa véritable magie, celle pour laquelle il était le plus doué. Celle qui lui avait permis d'échapper aux Lestrange et qui lui avait valu l'attention d'Albus Dumbledore. C'était trop compliqué à gérer.
Quand il referma ses mains, le feu s'éteignit immédiatement. Seules quelques flammes demeurèrent coincées dans ses boucles brunes. Aleksander passa une main dans ses cheveux pour les éteindre et regagner un semblant de contrôle. Quand il se tourna complètement vers Camille, son visage était noyé par la sueur mais ses yeux brillaient avec la même intensité que son feu. Ses lèvres étaient légèrement écartées et il souriait alors qu'il reprenait son souffle.
Avoir recours à sa magie l'exténuait et le revigorait en même temps. Car il brûlait toute sa magie mais dissipait aussi la brume dans son esprit. Comme il ne manipulait plus sa magie depuis qu'il était entré à Poudlard, il n'arrivait plus à la contrôler aussi bien qu'avant. Parfois il devait donc tout évacuer pour éviter de s'enflammer sur place.
Imprévisible, incontrôlable magie. Il haïssait à quel point il l'aimait.
— C'est toujours aussi impressionnant, lâcha Camille dans un souffle. Et tes habits n'ont pas la moindre brûlure...
Elle fixait son ami avec un mélange de respect et d'admiration. Aleksander secoua légèrement la tête, un sourire aux lèvres.
— Pas aussi impressionnant qu'envoyer son genou dans le visage de Bellatrix Lestrange.
— De la chance honnêtement. Ils auraient pu me tuer dix fois s'ils n'étaient pas si concentrés sur le médaillon. Alors que ça... Comment ça s'appelle déjà ?
— Drajmagi, récita Aleksander. Jeg er ildmonsteret.
— Tu me traduis, kretyn ? Je ne parle pas le danois.
— Il n'y a pas de traduction. Parce qu'il n'y a pas de pyromanes magiques au Royaume-Uni.
— Je suis quasiment sûre que c'est faux. Pas besoin d'être danois pour foutre le feu à n'importe quoi avec de la magie.
— Pourquoi ton cousin s'est emporté ? demanda Aleksander en ignorant sa remarque.
— Oh donc on revient même pas à la conversation sur Lupin ? Ou pourquoi tu viens de t'enflammer sur place ?
— Surplus de magie, rétorqua Aleksander. J'ai les nerfs à vif en ce moment et le feu s'agitait trop. Et je n'ai plus rien à dire sur Remus. Tu ne veux pas m'aider à l'empêcher de faire la plus grosse erreur de sa vie donc je me débrouillerai seul.
— Parce que c'est ça à tes yeux le WORLD ? L'Ordre ? La plus grosse erreur de ta vie ? releva Camille en s'avançant.
Elle avait retiré sa cape et son pull à cause de la chaleur et avait l'air plus menaçante ainsi débarrassée de ses couches de vêtements. Aleksander garda un visage neutre, il n'avait pas envie de la mettre en colère.
— Sûrement pas la plus grosse.
— Mais ça reste une erreur.
— Regarde-moi. Regarde mon visage et dis-moi que je n'ai aucun droit de regretter. Ils m'ont défiguré, ruiné. Mon corps est souillé par leur magie noire, gronda-t-il. À quoi est-ce que Remus ressemblera plus tard ? En supposant qu'il survive !
— Bien sûr qu'il survivra ! Arrête de le couver ! Toi, Lupin, et même Sirius, vous êtes tous des survivants. Si je dois parier sur trois personnes qui vivront pour voir la fin de la guerre, ce seraient vous trois, rétorqua Camille. Tu ne devrais pas sous-estimer Lupin.
— Je ne le sous-estime pas. Je ne veux juste pas qu'il souffre encore plus. Tu ne regrettes pas toi ? D'avoir ruiné ta vie ? soupira Aleksander en essuyant sa sueur sur son front. Ta famille te haïra et te jettera quand ils découvriront la vérité, tu t'es faite torturer et tes cousines...
— Mes cousines sont quelque chose auquel j'évite d'accorder mon attention, le coupa Camille. Et peut-être que j'arriverais à oublier qu'elles sont mortes si vous ne me le rappeliez pas toutes les deux secondes ! Et ma famille ne me jettera pas, Aleks, ils me jugeront probablement et me mépriseront mais chez les Light on abandonne personne. On est loyal à notre famille. Chose que peu de personne sont capables d'être ces temps-ci... Moi j'ai beau les détester tu peux être sûr que tu ne me verras jamais me battre contre un seul Light.
— Et Rodolphus ? Rabastan ?
— Dommage pour eux mais ce sont des Lestrange, rappela Camille. Je serai la première à trinquer à leur mort. Et non, je ne regrette absolument pas ma décision Aleksander. Je ne serais pas ici si je n'avais pas accepté la proposition de Dumbledore. Et je serais beaucoup moins douée.
— L'ambition, c'est ça qui t'empêche de regretter ? ironisa Aleksander. Être forte ? « Battre tout les autres » ?
— Ça aide. Après tout je reste une Serpentard. Mais non. Tu sais pourquoi je ne regrette pas Aleks. La vie que j'ai ça vaut bien quelque Doloris... Moi je trouve que j'ai de la chance.
— Vraiment ? Qu'est-ce qu'elle a de si extraordinaire ta vie Camille ? On se fait juger, traquer, torturer, en quoi est-ce qu'on a de la chance ?
— Je vous ai vous, affirma-t-elle.
Aleksander la fixa, le visage ravagé par la fatigue. Camille lui souriait.
— On ne vaut pas le coup, soupira Aleks en se laissant choir à terre.
Il passa une main sur son visage. Camille vint poser une main rassurante sur son épaule et s'assit à côté de lui.
— Je ne vaux pas le coup, répéta-t-il.
Son avant-bras le démangeait encore.
— Bien sûr que si. Tu n'as aucune idée d'à quel point tu vaux le coup Aleks. J'étais seule avant vous, complètement seule. J'étais misérable. Tout ce que je voulais c'était m'échapper, trouver quelqu'un qui me ferait sentir vivante, qui me donnerait une but... Je voulais devenir forte. Regarde-moi maintenant ! Je suis à Poudlard par Merlin ! J'en rêve depuis que j'ai cinq ans ! Et toi tu es le meilleur ami cool que je rêvais d'avoir.
— Tu ne mettais pas la barre très haut, ironisa Aleksander mais un léger sourire trahissait son ton sarcastique.
— Certes, dans mes fantaisies il était plus intelligent et plus gentil. Et surtout c'était une fille mais bon... C'est toi qui m'a présenté la vodka. Tu fais largement l'affaire, kretyn.
Aleksander éclata de rire. Mais ce n'était pas un petit rire ou un ricanement cynique. Non c'était un vrai rire, bruyant et vivant. Quand il releva finalement la tête, son expression neutre et cynique avait laissé place à un sourire et des traits plus détendus. Il passa un bras autour des épaules de son amie et l'attira plus près de lui.
— Comment tu fais ? demanda-t-il en se calmant finalement.
— De quoi ?
— Me faire sourire. Nous faire sourire en général.
— Je ne sais pas, c'est naturel avec vous j'ai l'impression. En tout cas je ne pense que ce soit génétique vu mes oncles et mes tantes.
Aleksander pinça ses lèvres mais ne réussit pas à camoufler son léger rire.
— Merci, dit-il. Je n'ai pas une vie fantastique mais... J'ai de la chance de t'avoir.
— Aw. Un de tes meilleurs compliments.
— Oh je te le dis assez que tu es incroyable...
— Tu ne le dis jamais assez ce genre de chose, s'offusqua Camille.
— Bien Camille Je-ne-sais-plus-quoi Light, tu es incroyable.
Camille lui envoya un sourire rayonnant.
— D'accord donc tu vas répondre à ma question ?
— Oh non...
— Tu es amoureux de Remus, non ? Genre pas juste mordu de lui mais vraiment amoureux ?
— Non.
— Tu mens je suis sûre que tu es amoureux. C'est lui qui a fait ça, non ? demanda Camille en désignant le cou d'Aleksander.
Le Serpentard porta une main à son cou en fronçant les sourcils avant de se rappeler ce qu'il s'était passé avec Remus juste avant. Il déglutit légèrement et releva son col pour soustraire les marques que son copain avait laissé au regard de son amie.
— Si je te dis que je les ai faites moi-même, tu ne me croiras pas, hein ?
— Disons que c'est physiquement impossible donc probablement pas, non.
— Okay Remus s'est un peu emporté tout à l'heure, admit Aleksander avec un sourire légèrement fier.
— Est-ce que vous avez...?
— J'aimerais bien, maugréa-t-il. Mais ton copain nous a interrompu.
— Mon copain ?
— Sirius.
— Vraiment il vous a vu ? Est-ce qu'il a bégayé ? Et ce n'est pas mon copain d'ailleurs. Vous trouvez vraiment qu'on se comporte comme ça ?
— Non il n'a pas bégayé. On était seulement torse nus et c'est Remus qui a rougi. Il a essayé de s'étouffer avec son oreiller aussi après. Et oui, vous flirtez tout le temps avec vos "princesse", "prince charmant"... Et les sourires aussi. Les regards. Les contacts physiques. C'est presque écœurant !
— Vraiment ?
— Oui vraiment. C'est presque pire que quand moi j'essayais de flirter avec Remus.
— Vraiment ? s'horrifia Camille. Oh Merlin, tu crois qu'il le sait ?
— Évidemment qu'il le sait. La moitié c'est intentionnel. Je croyais que toi tu savais ?
— Mais je pensais que... Qu'il rigolait. Je ne sais pas moi je flirte pour rire la plupart du temps ! Oh Merlin c'est pour ça qu'il a fait ça... Milles gargouilles, il était vraiment sérieux ? Oh par Morgane...
La Serpentard enfouit son visage dans ses mains en gémissant.
— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il a fait encore ?
— Il m'a embrassé. Hier soir, révéla Camille. Je pensais que c'était à cause de sa commotion cérébrale...
— Attends attends... Sirius t'a embrassé et il a une commotion cérébrale ? Mais qu'est-ce qui s'est passé durant ce mariage ?
— C'est compliqué... En gros Sirius a aidé Andromeda à rentrer dans les limites du Manoir. Tu sais pour qu'elle puisse voir sa petite sœur le jour de son mariage, normal... Mais Bellatrix est arrivée et a tout foutu en l'air et Andromeda s'est enfuie. Puis Bellatrix est devenue folle, elle a attaqué Sirius et Regulus...
— Alors j'ai vraiment loupé le mariage de la décennie.
— Et Regulus est revenu en portant Sirius et bordel il avait l'air à moitié mort, raconta nerveusement Camille. J'ai fais de mon mieux pour le soigner mais je suis nulle pour les sorts de guérisons. Et il a probablement une commotion maintenant. Sirius a commencé à délirer quand j'essayais de le soigner puis après j'ai eu l'impression qu'il avait retrouvé ses esprits puis il m'a embrassé et bordel... Je ne comprenais rien. On s'est disputé, il était crevé et blessé et perdu... Il ne pensait pas clairement, répétait Camille.
— Ou peut-être que la commotion lui a ouvert les yeux, suggéra Aleksander. Peut-être qu'il s'est dit qu'il devait enfin se comporter comme un Gryffondor et foncer dans le tas pour voir le résultat.
— Il a une commotion. Il ne pensait ce qu'il faisait ou disait... Et puis la veille Walburga l'a fait paniquer c'est pour ça qu'il m'a dit "je t'aime" ! Quand il est proche de sa famille, il ferait n'importe quoi pour se sentir mieux. Même m'embrasser. Il ne pensait pas clairement...
— Ou peut-être qu'il voulait t'embrasser depuis longtemps et voir sa famille lui a donné le courage de faire ça.
— Mais ça n'a aucun sens.
— Sirius n'est pas quelqu'un qui fait beaucoup de sens en général. Mais après toi non plus. Il t'a dit "je t'aime" et tu penses encore qu'il t'a embrassé juste à cause de la commotion ?
— Oui.
— Tu sais en général j'évite de critiquer ce genre de situation vu comment Remus et moi on a démarré mais là je dois l'avouer : qu'est-ce que tu fous bordel Light ? Est-ce que tu t'entends parler ?
— Oui... Je me répète mais ça ne fait aucun sens.
— Mais depuis combien de temps ça fait du sens un adolescent ? désespéra Aleksander. Surtout un adolescent amoureux. Regarde-moi : une catastrophe. Remus : pas mieux. Potter : encore moins ! Et toi je ne comprends pas non plus. Il t'a embrassé tu devrais être contente, non ?
— Mais la commotion...
— Oh oublie la commotion ! Sirius en pince pour toi. Depuis longtemps. Probablement depuis que tu as frappé Gideon au nez par réflexe.
— Un accident, je me suis excusée...
— La façon dont il te regarde, c'est plus que de l'amitié crois-moi.
— Tu arrives à interpréter ce genre de regard toi maintenant ?
— C'est le même qu'il adresse à son miroir, railla Aleks.
— Non il n'aime pas son vi... Commença Camille avant de s'interrompre.
Elle pinça ses lèvres et se mit à jouer avec sa baguette, évitant le regard exaspéré d'Aleksander.
— Rien que le fait que tu saches ça prouve à quel point il tient à toi. Tu crois qu'il avouerait ça à n'importe qui ?
— Il l'a dit à Potter sûrement.
— James est à part. James c'est... Je ne sais pas...
— L'âme sœur de Sirius ?
— Oui, approuva Aleksander. Son âme sœur.
— Alors pourquoi il voudrait être avec moi ?
— Parce que lui et James ne s'en rendent pas compte. James sera toujours la priorité de Sirius et Sirius sera toujours la priorité de James. C'est comme ça, personne ne rivalisera. Mais James est amoureux d'Evans.
— Hum... Et moi dans tout ça ? Pourquoi moi ? Sirius pourrait trouver mieux. Il pourrait avoir qui il veut.
— Tu lui accordes trop d'importance tu sais. Honnêtement si j'avais mon mot à dire, je dirais que c'est toi qui pourrais trouver mieux. Sirius c'est un idiot imprudent, têtu, un peu déséquilibré, arrogant et selon ta définition en manque d'affection constant. Malheureusement on ne choisit pas à qui on est attiré, mais je pense toujours que tu pourrais faire mieux.
— Ça m'étonnerait.
— C'est un connard aussi. Tu sais je suis là depuis deux ans et je peux t'assurer que leurs farces ne sont pas toujours innocentes et Sirius est particulièrement dangereux. Parfois il est même cruel. Drôle mais cruel.
— Je sais. Il me raconte tout par lettres depuis qu'il a onze ans, rappela Camille avec aigreur. Et c'est vrai il a fait des trucs horribles... Mais je ne sais pas, je crois que je m'en fiche...
— S'il faisait quelque chose de vraiment horrible tu lui pardonnerais ? s'enquit Aleksander.
— Oui la majorité, avoua Camille avec honnêteté. J'ai fais des choses dont je ne suis pas fière moi-même et il m'a pardonné. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire la même chose.
— Moi tu me pardonnerais ?
— Bien sûr. Mais toi t'es à part, je te pardonnerai peu importe ce que tu fais.
Aleksander déglutit, la culpabilité se répandant rapidement en lui. Pourtant ces mots lui apportèrent un étrange réconfort — parce qu'il savait qu'elle ne mentait pas. Elle lui pardonnerait vraiment. Et Merlin ce que ça le soulageait de savoir ça.
— Laisse à Sirius le temps de se remettre de sa commotion, conseilla Aleksander. Tu verras ce qu'il te dira à ce moment-là. Mais tu le mérites vraiment Camille. Vraiment. Et lui il t'aime beaucoup. Tu lui ferais du bien.
— Je ne sais pas Aleks... C'est tellement étrange...
— Gellerta ! C'est ça ton deuxième prénom ! se rappela soudainement Aleksander.
Camille le dévisagea avec incompréhension puis se rappela qu'il l'avait appelé Camille Je-ne-sais-plus-quoi Light. La Serpentard sentit sa façade consternée craquer quand elle se rendit compte que durant tout ce temps il avait cherché son deuxième prénom et elle éclata silencieusement de rire.
— Ne te moque pas, soupira Aleksander, je l'avais sur le bout de la langue.
Camille continua de rire, fixant son meilleur ami à travers ses yeux embués. C'était pour ces moments-là qu'elle est particulièrement soulagée de ne pas avoir sauté de la Tour d'Astronomie. Dans ces moments-là elle se trouvait vraiment chanceuse et heureuse. Dans ces moments-là elle aimait vivre.
— S'il te plaît Aleksander, ne change jamais. Tu es parfait comme tu es, ria-t-elle.
— Oh je n'en serais pas si sûr...
— Parfait dans mes critères en tout cas.
Aleksander sourit.
***
Hey fuckers !
Comment allez-vous ?
C'est bientôt les vacances yay !
Voilà un chapitre très attendu par certains ! J'espère qu'il vous a plu, ce n'était pas évident de l'écrire honnêtement.
Sinon je n'ai rien de spécial à vous dire il me semble donc bon week-end et à dans deux semaines !
N'hésitez pas à voter ou à laisser un commentaire ça me fais toujours plaisir !
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