Chapitre 30 : Prejudice
1976
Chapter 30 : Prejudice
Remus était particulièrement fier d'être un Gryffondor. Il ressentait toujours une pointe d'orgueil quand on s'adressait à lui en tant que préfet des Gryffondor, élève star de Gryffondor... Remus adorait sa Maison. La seule exception était quand il se retrouvait dans le bureau de sa Directrice de Maison, sévère et intimidante.
— Je suis extrêmement déçue encore une fois monsieur Lupin, le rabroua d'une voix froide McGonagall. Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas reçu dans mon bureau, sept mois si on l'on compte les vacances. Un record ! Mais je ne m'attendais pas un tel comportement de votre part ! Préfet de ma Maison et se bats comme un moldu contre des Serpentards !
Remus se contenta de soutenir son regard lourd de reproche. S'il y avait été en compagnie de James ou de Sirius, comme il l'était d'habitude, il aurait baissé les yeux et se serait excusé. Mais il n'était pas là pour une simple farce. Il ne se sentait même pas coupable d'avoir frappé Jugson, plutôt déçu de ne pas avoir pu continuer plus longtemps. Ce fumier souriait depuis sa chaise, ravi de voir le préfet récolter les réprimandes.
— Jugson ! Effacez ce sourire ! Ne croyez pas que j'ai oublié ce que vous avez dit et croyez-moi vous rirez moins quand vous classerez les anciennes archives avec notre concierge. Argus sera ravi de vous faire trier les documents les plus longs et poussiéreux. Quant à vous Rosier, je retire dix points à Serpentard et je vous confisque votre badge de préfet provisoirement. Vous étiez déjà en période d'essai il me semble ? C'est bien ce qu'il me semblait. À la prochaine infraction Horace vous retirera définitivement votre statut de préfet. Mulciber je pense que vous êtes déjà assez chargé en terme de punition... Frappez une élève déjà à terre, quel écœurant comportement. Je vous retire dix points. Quant à vous Brand... Arrêterez-vous un jour de vous battre ?
La voix du professeur McGonagall avait véhiculé un léger soupir qui n'avait pas échappé aux cinq adolescents. Aleksander mit du temps à se rendre compte que la question lui était adressée. Remus finit par lui donner un coup de coude dans les côtes. Le Serpentard cligna ses yeux, si dérangeants désormais, un violent frisson le secouant. Il se redressa, les mains tremblantes resserrées sur les accoudoirs de sa chaise.
Le professeur McGonagall remarqua immédiatement sa pâleur inhabituelle et son teint malade. Son œil droit semblait presque briller et elle avait l'impression de voir des lignes noires onduler sous sa peau. Ses sourcils fins se froncèrent encore plus face à ce spectacle désolant alors que Remus observait son petit-ami avec inquiétude.
— Me battre ? Je ne me bats pas, je défends mes opinions professeur, corrigea Aleksander d'une voix crispée.
— Vous pourriez défendre vos opinions sans casser le nez de votre camarade Brand, aboya McGonagall.
Le volume et la force vocale de la directrice des Gryffondors fit grimacer de douleur Aleksander. Cette fois-ci le professeur était sûre de voir des traces noires remonter le long du cou du Serpentard dont la respiration était devenue sifflante.
— Vingt points en moins pour Serpentard et trois semaines de retenue à partir de samedi. Pareil pour vous Lupin. Bien maintenant veuillez...
— Minerva ? appela Remus subitement. Je veux dire, professeur ? Je ne peux pas samedi, j'ai... Je dois visiter ma mère.
— Ah. Certes cela m'était sorti de la tête, bien vous commencerez mercredi prochain. Vous serez bien de retour et en forme ce jour-là ?
— Bien sûr, s'empressa d'accepter Remus. Professeur.
— Bien maintenant sortez et accompagnez Brand à l'infirmerie, ordonna McGonagall avec un regard concerné pour le Serpentard écroulé dans un de ses fauteuils. Pas vous trois ! Oh non, nous allons revoir ensemble votre vocabulaire messieurs. C'est une honte d'entendre pareils propos à Poudlard ! Bien vingt ans que je n'ai pas entendu de telles infamies aussi fort !
Rosier esquissa un sourire méprisant qui lui attira le regard flamboyant du professeur. Bien sûr que Minerva McGonagall savait ce que les élèves se chuchotaient dans les couloirs, les menaces voilées que certains élèves lançaient aux nés-moldus. Mais l'entendre si clairement l'avait mise dans une colère noire. Cela faisait longtemps que ces insultes n'avaient pas été prononcées en sa présence, depuis sa propre scolarité. Elle était désolée de voir qu'ils revenaient tous au même point et aux anciennes attitudes haineuses. Elle regarda du coin de l'œil un de ses préfets tendre la main pour aider un Serpentard à se relever.
Elle ressentit une pointe de joie face à ce constat. Pointe de joie qui s'évapora quand elle vit Mulciber articuler "pédales" silencieusement.
— Voulez-vous que j'étende le nombre de vos retenues jusqu'à l'année prochaine Mulciber ? menaça McGonagall.
Mulciber se retourna vers elle, un sourire insolent étirant ses lèvres. Minerva retint un soupir, elle se rappelait encore du temps où tout ces élèves balbutiaient en sa présence ou s'adressaient à elle d'un respectueux "professeur". Ce temps lui manquait atrocement.
— Bien sûr que non professeur.
— Parfait. Lupin vous arriverez à le transporter jusqu'à l'infirmerie ?
— Oui Minerva. Je veux dire professeur !
— Bien...
Elle savait bien qu'elle devrait retourner à ses remontrances mais elle n'arrivait tout simplement pas à dévier son regard d'Aleksander Brand. Elle n'était pas la seule, tout les élèves le suivirent du regard.
Le professeur Dumbledore lui avait raconté ce qu'il s'était passé. Il l'avait prévenu de sa nouvelle apparence en lui délivrant plus de détails qu'il n'en avait donné aux autres professeurs. Minerva restait le seul professeur faisant parti du nouvel Ordre du directeur. Mais rien n'aurait pu la préparer à ce qu'elle voyait aujourd'hui.
C'était de la magie très noire qui circulait sous la peau de Brand. Une magie qu'elle aurait préféré ne jamais voir, surtout si elle torturait un de ses élèves.
Il n'avait que seize ans, elle devait se le rappeler à chaque fois que son regard se posait sur lui. Dans ce bureau, appuyé contre Lupin et rongé par une magie si sombre, Brand faisait beaucoup plus âgé.
Minerva ne comprenait pas pourquoi Dumbledore avait posé un fardeau si lourd sur des épaules si fragiles et si jeunes. Mais c'était Albus Dumbledore, cela devrait justifier chacun de ses choix. N'est-ce pas ?
Remus Lupin ouvrit la porte et sortit en entraînant Aleksander avec lui. Le regard las de Minerva McGonagall retomba sur les trois Serpentards assis devant elle, trois Serpentards souriant avec insolence et malhonnêteté.
Ils étaient tous si jeunes. Elle sentit son cœur se briser quand la porte se referma. Malgré elle, elle s'était trop attachée à chacun de ses élèves et elle en payerait le prix tôt ou tard.
***
Ils n'étaient qu'à quelques mètres de l'infirmerie quand Aleksander se dégagea de l'étreinte de Remus et se pencha en avant pour recracher le contenu de son estomac. Il vomit longtemps, trop longtemps. Quand il arrêta ses jambes tremblaient encore plus mais Remus était là et le rattrapa maladroitement.
— Récurevite. On est presque arrivé Aleks, l'encouragea le Gryffondor.
— C'est le sort de Rosier. Eurg.
Il se pencha de nouveau et vomit encore une fois, jusqu'à le vomis soit remplacé par du sang. Les genoux du Serpentard finirent par céder et il manqua de s'écrouler dans son rejet.
Remus ne perdit pas de temps à nettoyer le sol et traîna son ami jusqu'à l'infirmerie, sa tête retombant sur son épaule. Remus grimaça quand il s'appuya contre une cicatrice toujours douloureuse mais il serra les dents et ne fit aucun commentaire. Il eut un instant de panique lorsqu'il ne réussit pas à ouvrir la porte. Ses mains tremblaient et le poids de son copain menaçait de le faire tomber. Remus était grand et globalement en bonne santé pour sa condition. Il n'était cependant pas assez musclé pour transporter trop longtemps Aleksander.
Ce fut finalement James Potter qui vint à sa rescousse, comme d'habitude.
— Remus ? Tu es sorti de chez McGonagall ? Qu'est-ce qui se passe ?
— James ! Oh bordel ouvre cette porte, vite ! le pressa Remus.
— C'est Aleks que tu tiens ?!
— La porte !
— Quoi ? Oh oui !
James courut jusqu'à l'entrée et s'empressa de l'ouvrir. Sans même le remercier Remus rentra dans l'infirmerie, grimaçant sous le poids toujours plus lourd d'Aleksander.
— Pas plus de six visiteurs ! s'écria Pomfresh en se levant du chevet de Regulus. Oh par Merlin, que se passe-t-il encore maintenant ?
— Aleks ? appela Camille avec la même stupéfaction que James.
— C'est Aleksander il a reçu un sort et il a commencé à trembler et à vomir, y'avait du sang et il s'est évanoui... débita Remus d'une voix paniquée.
— Il faut le saigner, se rappela subitement Camille.
— Je sais parfaitement quoi faire Light ! aboya l'infirmière. Vous Potter, aidez Lupin à transporter Brand dans mon bureau, ordonna Pomfresh. Il y a un lit dans le coin, déposez-le dessus et enlevez-lui son haut ! Regulus maintenant dépêchez-vous d'avaler cette potion que je puisse m'occuper de votre camarade !
Regulus décocha un regard mauvais à l'infirmière qui le soutint férocement. Le Serpentard capitula et vida entièrement la fiole en toussant.
— Voilà ! Rien de tel pour traiter une blessure crânienne. Milles gargouilles, vous les Black allez finir par camper ici.
— Croyez-moi je déteste être ici, marmonna Regulus avec rancœur.
— Light que je ne vous reprenne plus à faire de la magie ! Bon sang, les adolescents de nos jours, pesta l'infirmière en s'affairant derrière un rideau. Cul-sec Graves ! Ah ne recrachez pas ! Vous vous attendiez à quoi ? Du jus de citrouille ?
James referma la porte du bureau derrière lui alors que Remus déposait le corps inerte d'Aleksander sur le seul lit présent. Le Gryffondor lui enleva son pull et sa cravate et essaya de déboutonner sa chemise mais ses doigts tremblaient et il abandonna.
— James tu peux m'aider s'il te plaît ? demanda Remus en pressant ses mains contre ses yeux.
Il essayait de se calmer mais cela faisait déjà trois heures qu'il ressentait trop d'émotions à la fois et il était exténué aussi bien physiquement que mentalement.
— Oui bien sûr mon vieux, accepta James en se rapprochant du lit.
Le déboutonnage fut long et fastidieux, la chemise trempée de sueur collait à la peau d'Aleksander et James était assez gêné alors que Remus fixait le Serpentard d'un air vide. Il savait à quel point Remus était proche d'Aleksander et se demanda comment il réagirait si c'était son meilleur ami écroulé dans un lit, à moitié mort. Il secoua la tête pour se débarrasser de la vision d'un Sirius aussi pâle et mort.
Quand James réussit finalement à débarrasser le Serpentard de sa chemise il fut parcouru par un frisson d'horreur.
Son torse était couvert de cicatrices.
Les plus fines zigzaguaient en travers de ses épaules et de ses clavicules mais deux longues balafres traversaient son abdomen. Quant à son bras droit...
James fixa avec le dégoût le plus profond les lignes noires qui recouvraient tout son bras et remontaient jusqu'à sa mâchoire.
— Les Mangemorts lui ont fait ça ?
— Un Lestrange.
— C'est ignoble.
James et Remus continuèrent à fixer le corps défiguré du Serpentard en silence. Pour une fois le Poursuiveur n'essaya pas de briser l'ambiance tendue avec une plaisanterie de mauvais goût et laissa autant d'espace que possible à son ami. Remus finit par s'asseoir sur une chaise à la droite d'Aleksander, à l'opposé de son bras malade, le visage rongé par l'inquiétude.
— Remus...
— On sort ensemble, lâcha Remus d'une voix crispée.
James cligna des yeux.
— Oh. Toi et...
— Aleks, finit Remus.
— Vous sortez ensemble ?
— Oui.
— Comme... Genre un couple ?
— Oui.
— Oh.
— Je suis désolé de te sortir ça maintenant James... Bordel je suis vraiment désolé mais entendre ce que Jugson et Mulciber ont dit, ça m'a mis tellement en colère. Si je ne peux même pas assumer devant toi, mon meilleur ami, je suis supposé assumer devant qui ? Personne ? Je suis désolé, je dois toujours tout compliquer, s'étrangla Remus. J'ai honte mais... Je ne veux pas avoir honte... Je ne devrais pas, bordel regarde-le. Est-ce que je devrais avoir honte de sortir avec lui ?
La voix de Remus s'éteignit un instant, son regard toujours fixé sur Aleksander.
— Il ne mérite pas que j'ai honte de lui. J'ai essayé pendant tellement de temps de le repousser et il a juste continué d'espérer... Je suis un imbécile et un froussard, souffla Remus d'une voix enrouée et tremblante. Et sûrement détraqué et je comprendrais si tu ne me veux plus pour ami ou que je change de dortoir ou que j'arrête de te regarder parce que je suis malade et que je ne devrais pas être...
— Wow, wow, wow... On se calme Remus ! Grande respiration, allez inspire bien, intima James d'une voix apaisante en inspirant lentement. Relâche... Calme-toi tout va bien. Je vais pas te jeter du dortoir parce que tu préfères les mecs Lunard.
— Mais... Tu ne veux pas que je partes...
— Non et c'est une idée ridicule. Que tu sois gay ne change rien.
— Mais si !
— D'accord ça change quelques choses. Mais je te connais ce n'est pas comme si tu allais te jeter dans nos lits au milieu de la nuit. Merlin, ça c'est un truc que Sirius fait, pas toi. Tu es le plus pudique de nous quatre, affirma James. Et un véritable handicapé des sentiments.
— Tu n'as pas peur que j'essaie de... Enfin de...
— De me séduire ? rit James. Oh Remus ! Séduis-moi je n'attends que ça !
— Tu es un abruti.
— Ah ! Voilà notre Lunard ! Franchement Remus personne ne t'a jeté dehors quand on appris que tu étais un loup-garou, on ne va pas non plus te jeter dehors parce que tu es gay. Tu croyais vraiment qu'on allait faire ça ? Tu sais, ça me vexe.
James était sérieux cette fois-ci et effectivement il laissa entrapercevoir dans sa voix une pointe de déception et de vexation. Quand est-ce que ses amis se rendraient compte qu'il ne les abandonnerait pas ? Jamais. C'était ses amis par Merlin, pas des parias qu'il avait pris en pitié. Il n'était pas Dumbledore.
— Tout le monde ne pense pas comme toi James, rappela amèrement Remus. Et ils ont raison.
— N'importe quoi. Remus combien de fois va-t-on avoir cette conversation ? Loup-garou ou pas tu plies tes chaussettes ! Tu n'as rien de dangereux ou de monstrueux !
— Ça n'a rien à voir avec mes chaussettes...
— Les chaussettes c'est juste un exemple, j'en ai plein d'autres... Hum... Tu préfères le chocolat chaud au café. Tu fais mon lit quand j'oublie de le faire. Tu t'es excusé auprès de Servilus alors qu'il essayait de te faire renvoyer du château. Et tu as appris à Peter comment faire ses lacets. Tu es tellement peu dangereux que je commence à craindre pour ta survie Lunard.
— C'est dingue, je pense la même chose quand je te vois avec Sirius.
— Que tu sois gay ou pas ça ne changera rien pour nous. Évidemment c'est... Enfin ça surprend mais ce n'est pas grave. Aleks est un type bien et t'es heureux avec lui, non ?
— Ouais mais...
— Voilà ! Problème réglé. Tant que t'es heureux je m'en contrefiche de qui tu bécotes. Bon je trace la ligne à Servilus et les apprentis meurtriers mais sinon sors avec qui tu veux ! Ce ne sont pas mes affaires.
— Ça ne te fatigue pas d'être aussi parfait Potter ? soupira Remus avec un sourire fatigué.
— Oh c'est un travail à plein-temps mais ça le vaut le coup.
— T'es sûr de ça ?
— Bien sûr ! C'est pas tout le monde qui est ami avec un loup-garou gay. Je suis très chanceux.
— Ravi que mon anormalité te serve...
— Sois honnête Remus, tu croyais vraiment que j'allais te lâcher pour ça ? C'est pas comme si tu l'avais décidé. C'est juste ce que tu es et je m'en fiche vraiment.
— Je ne sais pas... J'avais peur évidemment de le dire. C'est juste tellement effrayant James, de le dire à voix haute...
— Aussi effrayant que d'avouer que tu es un loup-garou ?
— Non. Peut-être. Mais c'est plus... Enfin ma lycanthropie je l'ai toujours eu mais que je sois gay je l'ai découvert y'a moins d'un an. C'est dur de se faire à l'idée d'être une pédale.
— Ne dis pas ça Remus...
— C'est comme ça que les autres nous appellent, rappela Remus en haussant les épaules.
— Ça ne veut pas dire que c'est correct.
— Bordel comment tu fais pour être aussi calme ? Je suis putain de terrifié et toi tu es tellement calme !
— En fait ce n'est pas vraiment surprenant. Enfin que toi tu sois gay si c'est surprenant. Pour moi si tu ne parlais jamais d'être avec une fille c'était à cause de ton petit problème de fourrure... Mais je pensais déjà qu'un de vous était gay. Juste pas toi.
— Qui ? Peter ?
— Oh franchement Remus. Bien sûr que non ce n'est pas Peter. Qui écoute Bowie en boucle ? Qui se peint les ongles en noir et porte une robe lors du bal sans aucune gêne ? Je dois vraiment continuer ? Qui a été le plus protecteur vis-à-vis d'Aleks quand on a découvert son homosexualité ?
— Sirius n'est pas gay. Tu as vu le nombre de filles avec lesquelles il est sorti ?
— Aleks aussi. Pourtant il a bien avoué qu'il ne le faisait que pour maintenir les apparences.
— Non. Non Sirius n'est pas gay, affirma Remus en fronçant les sourcils. Tu ne te rappelles pas les posters qu'il a acheté Noël dernier pour coller dans sa chambre ?
— Les filles en bikini ? Rien à voir. C'était juste pour emmerder ses parents, il m'a dit qu'il en avait pris au pif.
— Il en pince sévèrement pour Camille.
— Eh bien parlons-en d'elle ! Je sais que je me base sur des clichés mais... Tu as vu comment ils s'habillent aussi tout les deux ? Comment ils agissent ?
— Qu'est-ce que tu racontes James...
— Je raconte que tu n'es pas le seul à avoir une sexualité compliquée Remus et que tu ne devrais pas te sentir si seul et anormal. Regarde autour de toi ! Y'a Aleks, y'a McKinnon... Ils sont sympas, ils sont pratiquement normaux. Donc ce n'est pas bizarre et ce n'est pas si rare... Ça ne veut rien dire.
— Facile à dire qu'on est un sang-pur riche et hétéro, grommela Remus.
— Wow. Coup bas là. Écoute Remus... Toi et Aleks ce n'est pas grave, d'accord ? Ce n'est même pas si important ! Enfin si, c'est important et je suis très content pour toi mec mais... Tu es juste en couple à mes yeux. Tant que ce n'est pas avec un apprenti mage noir je te donne ma bénédiction. Je suis même soulagé que vous puissiez tout les deux vous reposer l'un sur l'autre. Je sais que je suis un sang-pur riche et privilégié et que je ne peux pas comprendre vos vies mais je vois quand même que vous en bavez tout les deux, énormément. Et je suis soulagé que tu aies trouvé quelqu'un sur qui tu puisses te reposer, quelqu'un qui puisse te comprendre... Remus tu seras toujours un de mes meilleurs amis avec Sirius et Peter. On sera toujours les Maraudeurs. Famille Mangemort, lycanthropie ou homosexualité... Ça ne changera jamais rien.
— Bordel James... Je suis désolé, hoqueta Remus en enfouissant son visage dans ses mains.
— Je sais Remus. Et je suis désolé que tu te sentes obligé de t'excuser alors que tu n'as pas à t'excuser pour ce que tu es.
— Je sais... J'essaie James, j'essaie. C'est juste... Y'a trop à la fois. Parfois je me demande si je ne devrais pas juste...
— Allez dehors les Gryffondors, ordonna la voix sèche de Madame Pomfresh.
Remus bondit de sa chaise et James se retourna vers l'entrée. L'infirmière portait un chaudron rempli de fioles en cristal, grommelant des mots incompréhensibles dans sa barbe inexistante.
— Qu'est-ce que vous attendez ? Que je vous jette un sort ? Allez dehors laissez les adultes travailler !
Sans la moindre délicatesse, Madame Pomfresh poussa les deux Gryffondors vers la sortie en ignorant leurs protestations. Elle leur claqua la porte au nez sans leur offrir la moindre parole rassurante ou indication quant à l'état de leur ami.
— Alors comment va-t-il ? s'enquit immédiatement Camille.
— Aucune idée. En train de mourir à l'heure qu'il est ? grogna Remus en se laissant couler jusqu'au sol.
Camille se remit à ronger son pouce nerveusement, son autre main serrant fermement sa baguette malgré les remontrances de Pomfresh. James soupira et releva son ami en le saisissant sous les aisselles.
— Tu tombes bien Light. Remus retombe dans une phase de dépression et j'ai besoin qu'on m'aide à lui remonter le moral.
— Je ne suis vraiment pas la bonne personne pour ce genre de mission. Prends Evans ! Elle est super gentille.
— Je ne compte pas quitter cette infirmerie sans avoir de nouvelle d'Aleks, prévint Remus avec mauvaise humeur. Et je ne retombe pas en phase dépressive.
— Tu sais ça arrive aux meilleurs d'entre nous les phases dépressives Remus. Enfin sûrement pas à Potter. Ta bonne humeur constante est presque rebutante.
— Merci bien. Ta mauvaise humeur constante est franchement écoeurante.
— J'ai le droit d'être de mauvaise humeur. Je suis coincée dans cette foutue infirmerie pour deux jours encore. Dis tu veux que j'arrange ton visage Remus ? Tu fais peur à voir.
Remus fronça les sourcils et porta une main à sa joue. Il grimaça quand il appuya sur un hématome d'une certaine taille et sentit ses lèvres toujours fendues le brûler quand sa bouche se tordit.
— Je vais répondre à sa place. Vas-y Light, intima James en asseyant Remus à côté d'elle.
— Ça va ! Oh merde Merlin, jura Remus quand un de ses doigts rentra en contact avec une plaie sur sa tempe.
Camille sourit et s'empara du menton de Remus.
— J'ai mémorisé quelques sorts mais je ne garantis rien, prévint la sorcière.
— Fais de ton mieux, maugréa Remus.
— Je peux savoir comment tu t'es fait tout ça ? demanda distraitement Camille en refermant la coupure à sa tempe.
— Oh... Rien...
— Remus et Aleks se sont battus avec Mulciber, Rosier et Jugson, lui apprit James avec un regard sombre pour son ami. À la moldu.
— À la moldu ? répéta Camille alors que son sourire s'agrandissait. Dites-moi que ces salauds s'en sont pris plein la gueule.
— Aleks a cassé le nez de Rosier, dénonça Remus.
— Génial, lâcha Camille dans un rire. Pourquoi vous vous êtes battus ?
— À ton avis ? Aïe !
— Désolé, désolé... Mauvais sort ! Vous n'aviez pas besoin de vous battre parce que Mulciber m'a envoyé au sol.
— Envoyé au sol ? répéta une voix incrédule. Il t'a envoyé trois Cognards. Dont deux alors que tu tombais déjà. Il voulait te tuer, si je ne t'avais pas rattrapé tu te serais cassé le cou.
— Tu n'es pas censé dormir Regulus ?
— J'aimerais bien. Cette potion mets toujours trois heures à agir, pesta Regulus. Je déteste cet endroit.
— Black ! s'exclama James. Tu vas mieux ?
Regulus le fixa sans répondre, désignant vaguement les nombreuses potions sur sa table de chevet. Il se laissa retomber contre ses oreillers en marmonnant, l'air soudainement exténué.
— Il a une commotion cérébrale, il se fatigue vite, lui apprit Camille. Relève la tête pour que je m'occupe de ton menton. D'accord je comprends qu'Aleksander les ait frappé honnêtement. Il peut être un brin impulsif parfois. Mais je ne m'attendais pas à ça de toi Remus.
— Moi non plus, avoua James en détachant son regard de Regulus. C'est à cause de... Ton petit problème mensuel ? chuchota-t-il.
Remus cligna des yeux. Il n'y avait pas pensé mais avec la Pleine Lune si proche ses émotions avaient peut-être étés plus intenses que d'habitude. Ce qui expliquerait qu'il se soit jeté dans la mêlée dès que Jugson avait insulté Aleks.
— Peut-être... Sûrement. Mais j'ai vraiment essayé de freiner Aleks au départ. Il s'est juste jeté sur Mulciber au milieu du terrain. Je crois qu'il se sent coupable parce que c'est lui que Mulciber remplaçait au poste de Batteur. Quand je suis arrivé Aleks le rouait de coups et puis Rosier et Jugson sont arrivés. Ils ont sortis leurs baguettes donc je me suis interposé. J'ai essayé de retenir Aleks mais... Jugson a dit quelque chose et Rosier a jeté un sort à Aleks et... Bon. Je n'ai pas eu la réaction du préfet exemplaire. C'est James qui m'a arrêté, soupira Remus avec un regard sombre pour son ami.
— T'allais le blesser sérieusement Lunard. Tu ne contrôles pas toujours ta force, tu sais ?
— Là je m'en foutais James. T'as entendu ce qu'il a dit ?
— Oui j'ai entendu. Et j'ai vu ce qu'ils ont fait à Light. Et crois-moi moi aussi j'avais envie de me jeter sur lui. Mais en répondant à leurs provocations on joue leur jeu.
— Ça ne me dérange pas de jouer à leur jeu si je peux me venger de Mulciber, décréta Camille.
— Très mauvaise façon de pensée Light. Je me propose d'être la voix de la sagesse et que...
Remus et Camille interrompirent James en riant d'un air moqueur.
— Et que vous m'écoutiez, acheva James avec un regard incendiaire. Je sais que tu as parfois des problèmes de gestion de colère Remus mais honnêtement si moi je suis capable de me contrôler alors tu peux faire un effort !
— Comment ça si toi tu en es capable ? Encore heureux que tu en sois capable, remarqua Camille. C'est pas toi qui a des problèmes mensuels.
— Crois-moi ce n'est pas toujours simple.
— Je vais faire un effort James. Mais je refuse de laisser quiconque vous insulter sans que j'ai mon mot à dire, rétorqua Remus.
— Ton mot d'accord. Mais pas ton poing, rappela James. Contrôle-toi mon vieux.
— Ouais, ouais...
— Light je n'ai sûrement pas le droit de t'ordonner quoique ce soit et si j'essaie de te donner des ordres tu y désobéiras sûrement...
— Seulement trois mois qu'on se connaît et tu me comprends déjà si bien.
— D'accord mais tu as vu ce qu'il s'est passé lors du match. Et tu vis avec les Serpentards...
— Je sais, pas besoin de me le rappeler à tout bout de champs... Je ferai profil bas.
— En fait j'allais plutôt te conseiller de toujours avoir une baguette ou America avec toi. Mais faire profil bas ça marcherait aussi.
Camille hocha la tête sans grande conviction et retourna à ses sorts de guérison. Remus poussa un cri quand sa baguette s'enfonça dans une de ses cicatrices et Camille se répandit immédiatement en excuses, paniquée. Le loup-garou les balaya du revers de la main, l'air gêné. James les regarda, se rendant compte que Light avait sous-entendu qu'elle connaissait le secret de Remus. Elle l'avait dit naturellement comme si ce n'était pas d'une grande importance et que c'était normal qu'elle le sache. Les yeux de James passèrent de son ami à la Serpentard pour s'arrêter sur cette dernière. Maintenant qu'elle avait fini de s'excuser elle riait face aux joues rouges de Remus. Elle tapota ses propres joues.
— On a tous des cicatrices Remus.
En effet deux larges coupures barraient son visage en dessous de ses pommettes. Remus lâcha un grognement dépité.
— Ouais mais les tiennes viennent d'un combat contre des Mangemorts, c'est super impressionnant...
— Les tiennes viennent d'un combat contre toi-même. C'est bien plus impressionnant je trouve. On n'a pas de plus grand ennemi que soi-même Lupin !
James sourit. Pour une fois il se retrouva dans le discours de la Serpentard. Depuis des années il luttait contre ses propres émotions, se battre contre soi-même c'était devenue une habitude. Et alors que Remus esquissait un vrai sourire, secouant la tête d'un air désabusé, James découvrit dans cette infirmerie pourquoi Sirius semblait attiré par Camille. Elle savait ramener un sourire. Quant au secret de Remus...
Peut-être que c'était naturel qu'elle sache elle aussi. Peut-être que Camille Light était quelqu'un de bien. Après tout elle venait de faire rire et sourire Remus. Et James pouvait l'admettre maintenant, Light respirait la tolérance envers ses proches. S'il pouvait faire confiance à une Serpentard c'était bien à celle à qui Sirius avait accordé son amitié.
***
Regulus froissa la lettre dans sa main, maudissant silencieusement Walburga Black. Il savait très bien que le mariage de Narcissa était dans moins de deux semaines et qu'il n'avait toujours pas de cavalière, ce n'était pas la peine de le lui rappeler tout les deux jours.
Regulus avait la situation sous contrôle, il n'avait juste pas envie d'inviter Fawley comme lui avait conseillé sa mère. Il la trouvait insipide et ne voulait pas s'ennuyer à mourir lors du mariage en étant forcé de faire la conversation à une cruche vide. Il avait bien envie d'inviter son amie Lucinda mais étant une sang-mêlée elle ne passerait pas les portes d'entrées. Il en était donc rendu à trouver une sang-pur convenable pour ne pas que ses parents lui hurlent dessus ou pire.
C'était plus dur que ça en avait l'air. Très peu de personnes étaient transportés de joie à l'idée de se rendre à un mariage de potentiels Mangemorts, tout le château savait où se trouvait l'allégeance des Malfoy et des Black. Regulus ne devait donc pas simplement trouver une sang-pur avec un minimum d'intellect mais avec également un soupçon de bravoure. Mission impossible.
— Black qu'est-ce que tu fiches ici ? appela une voix. Et c'est interdit de fumer dans les couloirs.
— Je viens voir mon frère, répondit Regulus en ignorant la dernière partie de la phrase. Tu m'ouvres Evans ?
— Ton frère ? Oh oui. Je vais le chercher, attends ici, ordonna Lily en disparaissant derrière le portrait dont elle venait de sortir.
Regulus fronça les sourcils et exhala sa fumée. Cela arrivait de plus en plus souvent qu'on s'étonne à chaque fois qu'il désignait Sirius comme son frère et il ne savait pas vraiment comment y réagir. Déception familiale ou non, Sirius restait l'héritier des Black et les élèves de ce château avait trop tendance à l'oublier à son goût.
C'était lui qu'on semblait considérer comme l'héritier ce qui lui laissait un arrière-goût amer dans la bouche. Il ne voulait absolument pas de cette responsabilité, Regulus ne voulait pas diriger sa famille. Il avait d'autres projets qui s'inscrivaient loin du cadre familiale si restrictif. Savoir que Sirius serait celui qui hériterait du poids du nom Black l'avait toujours immensément soulagé.
Regulus était fier de son nom. Il le chérissait. Être un Black lui avait toujours valu un certain statut et il devait sa puissance magique remarquable à son sang. Mais il voulait être vu pour plus qu'un Black. Regulus voulait marquer les esprits sans qu'on puisse toujours l'attribuer à sa famille. Toute sa vie il n'avait été désigné que par « Black » ou pire « le frère de Sirius » quand il était rentré à Poudlard. Il commençait à en avoir marre. Un jour on l'appellerait Regulus une bonne fois pour toute.
Ce qui l'effrayait c'était que Sirius ne semblait pas vouloir du rôle de l'aîné plus que lui. Mais c'était encore plus grave parce que Sirius ne voulait même pas être un Black. Il était même prêt à se battre contre sa famille. Et Regulus craignait le jour où ses parents en auraient assez de Sirius et de ses frasques. Sirius partirait et il laisserait Regulus seul avec le poids du nom Black.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Bonjour Sirius, comment vas-tu Sirius ? Moi je vais bien.
Sirius ne répondit pas à la pique de son frère et fourra ses mains dans ses poches en attendant sa réponse. Regulus fit disparaître sa cigarette d'un coup de baguette et sortit une lettre de sa poche.
— C'est de Walburga, annonça-t-il.
— Pourquoi est-ce qu'elle ne me l'envoie pas directement ? demanda Sirius sans la prendre.
— Elle ne veut pas que notre hibou touche la table des Gryffondors.
— Typique, ricana Sirius en s'emparant finalement de la lettre. Pourquoi daigne-t-elle me contacter ?
— À ton avis ? Le mariage est dans deux semaines. Elle veut être sûre que tu n'oublieras pas.
— Le mariage ? Oh oui... Cissy et Malfoy. Tu sais si c'est encore un mariage arrangé ?
— Ça m'étonnerait. Cissy m'a envoyé plein de lettres dans lesquelles elle semblait surexcitée. Elle est heureuse.
— C'est quel jour déjà ?
— Samedi 11. Tu as trouvé une cavalière ?
— Oh oui, déclara Sirius avec un sourire fier.
Regulus le fixa avec impassibilité, se demandant qui il avait bien pu inviter pour être si fier.
— Pas de née-moldu ou de sang-mêlée Sirius, prévint-il. Elle ne passerait pas les portes. Et n'emmène pas Potter.
— Tiens c'est vrai ça j'aurais pu demander à James, fit Sirius en jouant avec la lettre. Mais non, c'est une sang-pur.
— Vraiment ? s'étonna Regulus. Qui ?
— Light.
— Tu fais vraiment tout pour qu'ils te détestent Sirius, hein ? soupira Regulus.
Sirius ouvrit la lettre et en sortit un parchemin recouvert d'une écriture raffinée et inclinée mais il ne le lit pas. Regulus le regarda faire silencieusement.
— Ils nous détestent déjà Regulus. Ça se voit, non ? Ils ne veulent pas de nous et ne nous ont jamais voulu. À leurs yeux on a juste gâché leur vie.
— Ça n'a pas toujours été comme ça...
— Ça a toujours été comme ça. Peut-être que tu essaies de l'oublier mais moi je me souviens parfaitement. Même quand on était que des gosses ils nous haïssaient.
— Pas besoin d'empirer la situation en les faisant enrager à chaque occasion Sirius.
— Pourquoi pas ? Ils me détestent déjà autant leur donner une bonne raison, non ? Allez Regulus. Ils ruinent notre vie depuis qu'on est né. Tu ne veux pas leur faire payer un peu ?
— Non. Tu essaies peut-être de l'oublier Sirius mais ce sont nos parents. Les seuls qu'on aura jamais et je préfère essayer de sauver le peu de relation qu'on a plutôt que de chercher à détruire tout nos liens.
— Et bien tu es un imbécile. Tu peux essayer pendant des années ça n'aboutira jamais à rien ! Bon. C'est tout ? demanda Sirius en agitant la lettre.
Regulus hocha la tête avant de se rappeler soudainement que cette lettre n'était pas la principale raison de sa venue.
— Non. Non, je suis venu te parler de Cissy...
— Merci Merlin, je ne suis pas le seul à m'inquiéter alors ! s'exclama soudainement Sirius. Donc c'est quoi le plan ? On assomme Malfoy et on l'envoie au Groenland ? Parce que je refuses que Cissy se marie à ce salaud.
— Justement c'est pour ça que je suis là Sirius. Je viens de te le dire, Narcissa est heureuse. Bien que ça me dépasse elle est vraiment amoureuse de Lucius Malfoy. Alors peu importe à quel point on peut le trouver stupide ou pompeux, le jour du mariage on fermera notre gueule Sirius.
— Mais...
— Non ! menaça Regulus en pointant son doigt vers son frère. Cissy et Malfoy s'aiment ! C'est peut-être la seule d'entre nous qui aura un mariage heureux alors on ne ruinera pas leur cérémonie !
— Mais Malfoy Regulus... Tu te souviens de comment il était bordel !
— Narcissa est heureuse c'est tout ce qui compte.
Sirius le dévisagea avec une expression éberluée, son parchemin serré dans son poing.
— J'en reviens pas que toi le grand défenseur des elfes de maisons accepte que Narcissa épouse Lucius Malfoy.
— Tu vas jamais me lâcher avec ça, hein ?
— Je crois que personne ne te lâchera jamais là-dessus ! Crier sur Malfoy pendant une demi-heure parce qu'il a donné un coup à ce petit rat de Kreattur...
— N'insulte pas Kreattur, s'irrita Regulus.
— Ouais, ouais... N'empêche que je m'en souviendrais toute ma vie.
— Moi je me souviens de la raclée que m'a mis Walburga après, lâcha Regulus.
— Ouais...
Le silence retomba sur les deux garçons jusqu'à que ce que Sirius ne dégaine sa baguette et ne tapote de la pointe la lettre de sa mère. Regulus écarquilla les yeux alors que la lettre prenait feu et que son frère la laissait tomber à terre.
— Mais tu es fou !
— Je fais ça avec toute les lettres que m'envoie la harpie, lui apprit Sirius en haussant les épaules. Tu devrais faire pareil. La seule chose utile que ses lettres m'apportent c'est de nouvelles insultes snobinardes.
— Il y a des informations utiles dedans parfois, protesta Regulus. Tu n'as pas envie de savoir ce qu'elle a écrit ?
— Non. Je sais déjà que je suis la déception familiale ! Allez on se verra le jour du mariage Reg' !
Regulus ne le corrigea même pas sur son surnom, stupéfait par le soudain changement d'humeur de Sirius. Brûler cette lettre lui avait rendu un énorme sourire, il poussa même le vice jusqu'à ébouriffer les cheveux de son petit frère avant de retourner vers le portrait de la Grosse Dame. Alors qu'il allait prononcer le mot de passe, le tableau s'ouvrît pour laisser passer un Peter Pettigrow surexcité.
— Patmol ça a marché ! J'ai transformé le sol en lave !
— Excellent Queudver.
— Pettigrow ! hurla la voix enragée de Lily Evans. Toi et tes potes allez tous finir par nous tuer !
— C'est sans danger Evans ! J'ai rajouté des charmes de protection !
— Pourquoi il y a de la lave ? s'écria la voix de Lupin. Sirius, Peter ! Je vous avais dit de le faire dans la Grande Salle bordel !
— Remus tu es préfet !
— Bon vous rentrez ou vous sortez ? s'impatienta la Grosse Dame. Je ne vais pas rester en l'air toute la soirée !
— On sort Madame, déclara Sirius avec un sourire charmeur. Vous êtes particulièrement renversante aujourd'hui !
— Oh arrêtez vilain garçon, roucoula la Grosse Dame.
— Allez James est déjà dans le Hall pour la guimauve ! appela Peter près de l'escalier.
— Oh j'avais oublié la guimauve ! s'exclama Sirius avec un grand sourire.
Regulus regarda son frère aîné, l'héritier de la noble Maison Black, dévaler les escaliers en glissant sur la rambarde. Ses longs cheveux sombres aussi noirs que ses ongles vernis flottaient derrière lui. Ses yeux soulignés par des traits « d'eye-liner », une invention cosmétique moldue, brillaient de joie et sa bouche restait tordue en un sourire narquois.
Qu'il le veuille ou non, Regulus resterait l'héritier des Black aux yeux de tout Poudlard tant que Sirius resterait Sirius. Et même si cela marquait la fin de sa liberté, Regulus n'échangerait son aîné pour rien au monde.
***
Marlène soupira alors qu'elle mélangeait une énième fois les cartes dans ses mains. Elle était arrivée un quart d'heure en avance pour sa retenue parce qu'elle n'avait rien d'autre à faire et commençait à le regretter. Le seul jour où elle arrivait à l'heure, pire en avance, Regulus Black se pointait dix minutes en retard.
— Blake ! Allez vous asseoir vous êtes déjà en retard, intima le professeur Binns.
— C'est Black, maugréa Regulus.
Il se laissa choir dans la chaise à côté de Marlène et cette dernière remarqua avec satisfaction que ses cheveux d'habitude si bien coiffés étaient complètement ébouriffés.
— Alors on est en retard Reggie ? Retenu par quelqu'un peut-être ? lança malicieusement Marlène en disposant les cartes.
— Prenez votre manuel à la page 327, Block. Nous nous replongerons dans l'étude des Guerres des Gobelins pendant que vous trierez mes notes.
— Bien sûr professeur, marmonna Regulus en s'emparant de son paquet de carte. J'étais avec mon frère McKinnon. Évite les sous-entendu déplacés.
— Pourquoi pas ? Les liens familiaux c'est pas ce qui vous retient, vous les Black.
— Beurk.
— Bon allez tu mises combien aujourd'hui ?
— Cinq gallions.
— Ça part fort dis donc. Alors quoi de neuf cette semaine Junior ?
— Je croyais qu'on ne parlait pas de nos vies respectives lors de ces retenues.
— J'adore enfreindre les règles qu'on a édicté. Alors ? Quoi de neuf dans le merveilleux monde sous-terrain des Serpentards ?
— Rosier est d'une humeur massacrante. Sophie aussi parce qu'elle vient de postuler pour Oxford et qu'elle est sur les nerfs. En plus elle ne veut toujours pas de son insigne de préfète-en-chef, elle trouve que c'est trop de responsabilité. Rogue développe des potions dangereuses dans son coin et j'ai l'impression qu'il essaie d'empoisonner Potter avec. Brand n'arrête pas de s'engueuler avec Mulciber. Camille est étrangement calme mais elle doit faire un trop-plein avec tout ce qu'il s'est passé dans les semaines passées. Croupton a encore reçu une Beuglante dans notre dortoir. Wile et Turner se tournent autour sans s'en rendre compte ce qui est pathétique. Yaxley est très nerveux depuis qu'il a parlé aux recruteurs des Frelons de Wimbourne. Hollander est rarement dans la Salle Commune, je crois qu'il évite Camille.
— Ça je sais. Il est complètement perdu lui, déclara Marlène. Et j'ai gagné Black. Aboule le fric.
— La Bataille c'est barbant, tu le sais ça McKinnon ? demanda Regulus en lui tendant cinq gallions.
— Merci bien ! Et oui. Mais je gagne tout le temps.
— On joue au rami maintenant, décréta Regulus en mélangeant les cartes.
— Tu peux changer de jeu autant que tu veux, je gagnerai quand même Blacky.
Regulus esquissa un sourire désabusé et son expression faciale se retrouva figée en un rictus comique alors qu'une idée, peut-être stupide après réflexion mais qui lui paraissait brillante sur le coup, lui traversait l'esprit.
— Dis tu es une sang-pur, non ?
— C'est totalement hors sujet et déplacé mais oui. Pourquoi ? Tu ne supporterais d'être en présence d'une ignoble sang-mêlée ? Ou pire... D'une née-moldu ? lança Marlène d'un air sombre.
Regulus plaça les cartes en face de lui et de la Serdaigle, laissant planer un léger silence dans la salle, seulement interrompu par la voix monotone de Binns. Regulus s'empara de ses cartes et fixa sa partenaire de retenue et de jeu dans les yeux.
— Qu'est-ce que tu fais le onze décembre ?
***
Hey fuckers !
Joyeux Noël à tous ! J'espère que vous avez passé un bon réveillon, voici mon propre cadeau de Noël. Un chapitre alors que je ne devrais pas poster durant les vacances, mais il est prêt et je n'ai aucun self-control donc voilààà. J'espère qu'il vous a plu, première fois que j'écris dans la tête de Regulus j'ai beaucoup aimé.
Le prochain chapitre avec le mariage Malfoy-Black sera le 9 janvier mais il est possible que je poste plus tôt si j'y arrive ! Préparez-vous à affronter Walburga Black et Lucius Malfoy. :)
Je vous souhaite une bonne année en avance, on se reverra en 2022 les gars !
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