Chapitre 29 : Diving To Your Death
*** Résumé des chapitres précédents dans les commentaires.
1976
Chapter 29 : Diving To Your Death
Sirius regretta de ne pas avoir mis son manteau quand il sortit du château. Bien sûr il ne l'aurait jamais admis à voix haute, James en aurait profité pour lui faire la morale. Pour un fauteur de troubles professionnel James Potter pouvait se montrer ridiculement responsable. Toujours à veiller que ses amis ne sautent pas un repas, qu'ils dorment suffisamment, qu'ils aillent à l'infirmerie s'ils ne se sentaient pas bien... Parfois Sirius se demandait s'il faisait ça parce qu'il se sentait coupable. Peut-être que James se sentait coupable d'avoir été si heureux contrairement à ses amis.
Mais Sirius savait que c'était faux. Après tout il venait de le forcer à boire une potion destinée à calmer et à contrôler ses émotions trop violentes. James n'allait pas bien depuis quelques années, durant certaines périodes c'était même une loque. Il pouvait rester au fond de son lit sans rien faire pendant des heures, fixant le plafond sans bouger. Il pouvait ne pas se nourrir durant toute une journée et se mettre à s'arracher des cheveux et crier dans son oreiller simplement parce qu'il n'arrivait pas à se concentrer.
Ses amis ne pouvaient rien faire à part être compréhensif et essayer de l'aider à se concentrer sur ce qu'il devait faire. Quant à ses épisodes dépressifs il fallait attendre plusieurs jours avant qu'ils ne réussissent à le remonter du trou. Et tout le reste du temps c'était James qui s'occupait d'eux. Il avait tellement pris l'habitude de veiller sur ses amis qu'il se sentait même coupable à chaque fois qu'il ne se sentait pas bien, même si ses amis savaient qu'il n'y pouvait rien. James était malade, ce n'était pas de sa faute.
— Tu ne l'avais pas perdu ton écharpe ? se rappela soudainement James.
Son nez se fronça légèrement sous ses lunettes et Sirius baissa le regard sur son écharpe.
— Ouais mais tu m'en as offert une pour mon anniversaire Cornedrue.
— Euh... Non, je t'ai offert la montre et le calendrier des Tornades de Tutshill mais pas d'écharpe Patmol.
— Tu es sûr ? s'enquit prudemment Sirius.
Une étincelle vexée passa dans son regard brun mais Sirius continua de le soutenir, attendant sa réponse.
— Oui je suis sûr ! répliqua James, piqué à vif. Je suis pas attardé non plus !
— D'accord, je te crois, s'empressa de répondre Sirius. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien c'est tout.
James inspira longuement, cherchant à se calmer et finit par secouer sa tête d'un air désolé.
— Non c'est moi qui me suis emporté, désolé. C'est juste que ça m'énerve vraiment tout ça. Ça allait mieux avant et là j'ai l'impression de tout faire de travers, soupira James en passant une main dans ses cheveux. Oui y'a certaines choses dont je ne me souviens pas. Mais ton anniversaire je m'en souviens très bien et je ne t'ai pas offert d'écharpe.
— Mais qui me l'a offert alors ? Remus n'offre jamais de vêtement, il trouve que ça n'a aucune utilité pratique.
— Peter ! Est-ce que t'as offert une écharpe à Patmol ? s'écria James.
— Nan ! Plus depuis qu'il a critiqué le bonnet que je lui ai acheté en deuxième année !
— Il grattait énormément ! rétorqua Sirius.
Peter l'ignora et retourna à sa conversation avec Frederic Turner et America.
— Bon je ne sais pas qui a pu te l'acheter, admit James. Mais ce n'est pas moi.
— Bah, y'avait plein de cadeaux d'inconnus, privilège de Maraudeur. Sûrement un autre Gryffondor. C'est juste que comme y'a que toi qui sait que Walburga a brûlé mon ancienne écharpe cet été je pensais que ça venait de toi, expliqua Sirius en haussant les épaules.
James sentit sa colère ressurgir immédiatement, toute la haine qu'il éprouvait pour la famille de son ami bouillonnant en lui. Sirius parut le remarquer parce que ses sourcils se froncèrent d'inquiétude. La semaine passée avait été ponctuée de bref moments de fureur de James qui explosait parfois sans pouvoir se contrôler. Encore une fois c'était parce qu'il était "sous beaucoup de stress émotionnel" comme l'avait fait remarqué Madame Pomfresh. James avait rendez-vous avec Dumbledore le soir-même avec Peter et Remus.
— Un calendrier des Tornades, hein ? releva Sirius en changeant le sujet. Quand est-ce que tu vas te mettre en tête que mon cœur battra toujours pour les Chauves-Souris de Fichucastle !
James le suivit immédiatement.
— Mais tu as vu leur mascotte ?
— N'insulte pas Barny.
— Et leur attrapeur est un vrai manche ! Ne parlons même pas de Azoulai, est-ce que tu as vu un Poursuiveur plus nerveux que lui sérieux ?
— Tu veux dire à part toi ? se moqua Sirius.
— T'es con, grogna James en secouant la tête.
— Donc l'année prochaine tu vas passer les sélections pour les Tornades ?
— Ouais. Enfin je verrais avec les recruteurs, ils viennent en fin d'année en général même s'ils y en a pas mal aujourd'hui. J'aimerais bien essayer pour les Harpies de Holyhead et les Flèches d'Appleby aussi.
— Donc tout sauf les Chauves-Souris ?
— Leur manager est un enflure selon mon père, lui apprit James. Un petit con arrogant et sans une once de talent. Il aurait détourné de l'argent du club et extorqué des membres du Département des Jeux et Sports Magiques, donc ça me dit moyen de me mettre sous sa tutelle. De toute façon avec la guerre je ne suis pas sûr de me mettre au Quidditch dès ma sortie.
— Mais c'est ton rêve. Ça fait six ans que tu nous fais chier avec tes Tornades.
— Je n'ai pas envie de rester sur la touche lors de la guerre. Donc avant je puisse réaliser mon rêve chiant Patmol, je vais me rendre utile et pour ça il faudra que je sois disponible H24. Toi tu veux devenir Auror, tu peux faire ce que tu veux faire et te battre en même temps. Est-ce que tu me vois foutre mon balai sur la tronche de Mangemorts ?
— Honnêtement... Oui. J'arrive parfaitement bien à t'imaginer poursuivre Rosier et Malfoy avec ton balai et un Souafle.
— Vision terrifiante pour tout les Mangemorts, moi qui les menace avec une grosse balle rouge, s'amusa James. Plus sérieusement, je vais attendre qu'on gagne cette guerre avant de me lancer dans le Quidditch.
— Cornedrue ça pourrait prendre des années.
— Et alors ? Mon talent légendaire ne s'effacera pas si facilement, se rengorgea James. J'ai le record du plus haut score de buts des deux dernières décennies. Et j'ai eu cette médaille en troisième année pour avoir attrapé le Vif d'Or en moins de dix minutes, tu te souviens ? La tête de McGonagall quand elle m'a remit la plaque ! J'avais l'impression qu'elle venait de se prendre un mur !
— Je m'en souviens parfaitement bien, j'ai à peine eu le temps de frapper deux Cognards sérieux !
— Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Je suis trop doué pour mon propre bien, soupira James.
— C'est ça, idiot. Bon on y est, tu viens avec...
— Parfait ! Je vais voir Emmy pour lui souhaiter bonne chance, tu me gardes une place dans les gradins ?
— Ouais, évite de te faire gifler.
— Je ne peux rien garantir.
Sirius s'enfonça dans les gradins bondés alors que James disparaissait en direction des vestiaires des Serdaigles. Black eut un instant de panique quand plusieurs groupes de filles commencèrent à l'appeler et à lui faire signe de venir s'asseoir avec elles. Ce fut un soupir agacé qui le sauva. Il se tourna vers la provenance du son pour apercevoir Evans, McKinnon, Alice et Emilie assises en haut des gradins. Juste à côté d'elles se trouvait Peter en grande discussion avec Edward et le reste de l'équipe de Gryffondor. Sirius rejoint le groupe en trois enjambées.
— Black ! Où est le Capitaine ? appela Jordan. On est censé analyser le jeu des Serpentards !
— Sûrement en train de se prendre un râteau de la part de Vance, leur apprit Sirius avec un sourire narquois. Alors Eddie où t'étais cette nuit ? On ne t'as pas vu ce matin.
— J'étais à l'infirmerie.
— C'est à cause des tartes au chocolat d'hier ? Désolé mec, elles étaient destinées aux Serpentards.
— Ah c'est pour ça qu'ils étaient si nombreux hier à l'infirmerie ! ria Edward. Non, c'est pas à cause des tartes même si voir les Serpentards avec des moustaches d'un mètre était hilarant. Non, c'est juste à cause de Rosier et Croupton. Les habituelles amabilités des Serpentards, grimaça Edward.
— Les Serpentards t'ont encore fait quelque chose Eddie ? s'indigna une voix. Tu veux qu'on aille leur dire deux mots ?
— Nan, t'inquiète Captain. Je peux me débrouiller. Je ne suis pas très doué en duel mais j'ai un sacré crochet du droit. Croupton aura un bel œil au beurre noir pendant plusieurs jours, le rassura Edward avec un sourire fier.
— Joli vieux, commenta Sirius en frappant son poing contre celui d'Edward.
— Tu l'as frappé ? intervint Lily.
— C'était de la légitime défense, se justifia Edward en haussant les épaules.
— Tu aurais du venir me voir. Je peux les coller si tu veux, proposa la préfète.
— On pourrait les faire récurer le sol des toilettes du quatrième étage, suggéra Marlène. C'est dégueulasse là-bas.
— Ou les toilettes de Mimi Geignarde, intervint Émilie. Elle est tellement geignarde et susceptible, rester quelques minutes avec elle est une punition en elle-même...
— Vous êtes trop durs avec Mimi, reprocha Alice. Elle est morte très jeune quand même et dans d'atroces circonstances...
— Ou alors on résout le problème avec quelques sorts colorés, conclut James.
— Potter ! On ne résout pas la violence par la violence, réprimanda Lily.
— Tu ne peux pas coller Rosier. Il annule toutes ses retenues, lui apprit James en s'asseyant entre Sirius et Peter.
— Laisse-nous nous occuper des Serpentartes, Evans, lança Sirius avec un sourire diabolique. Cornedrue, Queudver, ça fait beaucoup trop longtemps que les Maraudeurs n'ont pas fait de farces ! Il nous faut y remédier immédiatement !
— Vous avez pas ensorcelé les tartes au chocolat hier ? rappela Jina.
— Du travail d'amateur ça Jordan ! Tout le monde aurait pu le faire. Non, il faut qu'on lâche notre génie de Maraudeurs pour cette farce ! Sortie de nuit ce soir les gars.
— Si je vous attrape encore en train de rôder dans les couloirs après le couvre-feu, je vous mets tout les trois en retenue, menaça Lily. Avec Rusard.
— Changement de plan, on envoie Lunard les gars.
— Vous devriez arrêter de pervertir Remus, fit Emilie.
— Je ne vois pas pourquoi vous dites tous ça. À mon avis Lupin est le pire des quatre, avança Marlène.
— McGrognon a raison pour une fois, chantonna Sirius.
— Il me reste certaines de mes bombabouses expérimentales, leur apprit Peter.
— Je vous avais dis qu'on aurait du aller s'asseoir dans les gradins de Serdaigle, maugréa Lily.
— Chut, le match va bientôt commencer, lui intima Émilie. Attends que Mulciber s'assomme avec sa propre batte, tu vas voir ce sera hilarant !
— Ça doit être douloureux...
— Oh sûrement ! Mais c'est Mulciber. Si quelqu'un mérite de souffrir c'est bien lui.
— Vrai, admit la préfète dont le regard s'était assombri. Ce type est une ordure. Ce serait encore mieux s'il pouvait ricochait sur Jugson, ce mec est presque pire que Rosier avec les premières années.
— N'est-elle pas fantastique ? s'extasia James.
— La ferme Potter...
— Jugson ? répéta Sirius.
Il s'était figé à l'entente du nom tout comme Marlène qui serrait avec force ses genoux. Leurs regards se croisèrent un instant, reflétant la même crainte.
— Oui Michael Jugson, continua Lily. Je l'ai déjà collé quatre fois depuis le début de l'année. Il adore martyriser les premières années. Oh ! Pardon Marlène... J'ai oublié, je suis désolée...
— Jugson ? Y'avait pas un Jugson au bal ? chuchota James à Sirius.
— Si Robert Jugson, murmura Sirius. C'est un des pires. Mais ce mec Michael ne peut pas être son gosse, il n'est pas marié.
— Comment tu sais ça ?
— Parce que c'était le fiancé d'Andy avant qu'elle ne parte et Cygnus et Druella l'invite chaque année pour s'excuser du comportement "grossier et indigne de son rang" de leur fille.
— Et il accepte de revenir ? Après que leur fille lui ait claqué la porte au nez ?
— C'est un immense honneur d'être invité chez les Black quand on n'appartient pas aux vingt-huit sacrés, ironisa Sirius. Bien sûr qu'il revient cet enfoiré.
— Désolé Marls je n'aurais pas du dire son nom, s'excusa Lily.
— Non c'est pas grave. T'inquiète Lily. De toute façon Achille sort demain de Sainte-Mangouste, la rassura Marlène. Il gardera une cicatrice au dos mais il va bien. Je le verrai à la prochaine sortie à Pré-Au-Lard.
— Qui c'est Achille ? chuchota Peter.
— Son grand frère, lui apprit Sirius. Il devait être au bal.
— Un, deux, un, deux... Comment ça marche ce truc ? C'est allumé ? Je comprends rien à tout ces trucs. On peut pas simplement utiliser un micro comme tout le monde ?
La voix magiquement amplifiée de Remus résonna dans tout le stade, causant certains éclats de rire.
— Je sens que ce match va être énorme, prédit Sirius en réprimant un rire.
— Lunard en commentateur... Je crois que j'ai attendu ça toute ma vie, continua James avec un grand sourire.
— Votre magie-parleur est bien allumé Lupin, aboya le professeur McGonagall. Maintenant concentrez-vous je vous prie.
— Les nuages sont ravissants aujourd'hui, vous ne trouvez pas professeur McGonagall ? remarqua la voix pensive de Pandora Van Houten. Surtout celui au-dessus des anneaux des Serdaigles ! Ou des Serpentards peut-être... Je ne m'en souviens plus.
— Les Serpentards à gauche et les Serdaigle à droite Pandora, rappela patiemment Remus.
— Non Lupin, soupira McGonagall. C'est l'inverse.
— Merde, jura Remus.
— Language !
— Pardon, pardon... Donc les Serdaigle à gauche, Serpentard à droite. Minerva auriez-vous un crayon ?
— Non. Je n'ai pas de crayon et les équipes sont en train de rentrer sur le terrain !
— Quoi ? Oh merde ! Alors... Donc à gauche les Serdaigles menés par la nouvelle Capitaine Emmeline Vance. Ça je m'en souviens, James n'arrête pas de parler d'elle depuis plusieurs semaines c'est infernal.
— C'est joli comme nom Emmeline. Ça fait penser à Emmett et les Emmett émettent beaucoup d'ondes positives.
— Le reste des équipes s'il vous plaît Lupin, Miss Van Houten.
— Oui, oui... Mince j'arrive pas à relire l'écriture de James. Franchement mec tu pourrais faire un effort, c'est illisible !
— C'est de l'ingratitude Lupin ! gueula James.
— Alors après l'Attrapeuse et Capitaine, Emmeline Vance, nous avons le premier Batteur... Tiens il s'appelle Emmett, Pandora.
— Il a intérêt à bien jouer alors. Les Nargoles n'infestent pas les Emmett, il a un avantage.
— Euh... Je présume. Donc un des deux Batteurs Emmett Prynne, puis les trois Poursuiveurs Jimmy Crickett, Mary MacDonald et Aurélien Boot. Enfin le Gardien, Dorian Darebones, et le deuxième Batteur Michael Jugson.
— Oh ! Le pauvre ! Les Michael ont tendances à abriter des Ronflex Biscornus négatifs. Dommage.
— Pour les Serpentards ensuite ! Bordel c'est vraiment incompréhensible ce que t'écris James, râla Remus. Axel Yaxley, Capitaine et Batteur ouvre la marche. Deuxième et dernière année de Capitanat pour lui. Ensuite la Gardienne Camille Light, espérons que le vol de mes tartines lui ait donné des forces. Après viens le deuxième batteur, Mulciber. Puis...
— Tu n'as pas dit son prénom, Remus.
— C'est Mulciber.
— Il n'a pas de prénom ?
— Aucune idée. Minerva vous savez ?
— Retournez à votre commentaire Lupin, se contenta de répondre McGonagall avec gêne.
— Bon on a qu'à dire Mulciber Mulciber. Ensuite les trois Poursuiveurs, Tommius Hollander... Pourquoi est-ce que vos parents vous appellent comme ça sérieux ? Vous voyez moi je m'appelle Remus ce qui est déjà assez bizarre mais là on atteint des sommets... Tommius et Ophélie ? Vraiment ? Jezebel ?C'est une blague ! Qui appelle son enfant Jezebel ? Ils étaient stones tes parents Montague ? Maintenant je comprends que tu te fasses appeler par ton nom !
— Lupin ! s'exclama McGonagall avec fureur. Nous devons commencer ce match alors finissez d'introduire les équipes et arrêtez de critiquer les prénoms de vos camarades !
— Mais Jezebel, Minerva ! Même Mulciber Mulciber est plus acceptable ! C'est de la cruauté infantile à ce niveau-là, s'indigna Remus.
— Je trouve ça joli Jezebel, protesta Pandora.
— Les équipes ou je vous mets deux heures de retenue en plus cette semaine Lupin. Ce qui nous amènerait à un total de cinq heures de retenues...
— Et les trois Poursuiveurs ! Tommius Hollander, Ophélie Parkinson et... Non je peux pas le dire. C'est de la cruauté infantile.
— Moi je peux. Jezebel Montague.
— Merci Pandora. Et finalement l'Attrapeur hélas toujours invaincu de Poudlard Regulus Black. Je vais éviter tout commentaire sur ce prénom, Minerva ne va pas tarder à me confisquer mon micro truc et Sirius va le prendre personnellement mais sachez que je n'en pense pas moins.
Le professeur McGonagall leva les yeux au ciel. Sirius, James et Peter se tordaient de rire dans les gradins comme la moitié du stade. Sirius remarqua même avec délectation que toute l'équipe des Serpentards était en train de s'agiter. Mulciber avait rougi jusqu'à la pointe des oreilles alors que Montague se contentait d'étirer nonchalamment ses épaules, probablement habitué aux commentaires sur son nom. Camille essayait de réprimer son fou rire, une main pressée contre sa bouche et à sa droite Regulus affichait un air offensé et légèrement vexé.
— C'est très bien comme prénom Regulus, protesta-t-il en appuyant son balai contre son épaule.
— C'est toujours mieux que Jezebel, ricana Camille.
— Oi ! J'ai pas choisi mon prénom, râla Jezebel. Et j'ai déjà dit cent fois que je préférais qu'on m'appelle Elliott. C'est bien Elliott, c'est sobre et normal.
— Je m'appelle Darius ! s'indigna Mulciber.
— Si j'étais toi je ne le dirais pas si fort, conseilla Camille.
— Un problème Light ? attaqua Mulciber avec acidité.
— Elle a raison, approuva Tom. Et puis c'est la seule avec un prénom normal ici.
— Où est passé Bibine ? s'impatienta Axel.
— Aucune idée mais ce début de match est un fiasco, s'irrita Emmeline.
— On va passer pour des guignols auprès des recruteurs si ça continue, continua Axel d'un air sombre. Déjà que j'ai du remplacer deux membres à la dernière minute, si Lupin continue comme ça ce match sera une catastrophe.
— Moi j'aime bien les commentateurs. Au moins c'est drôle, remarqua Camille.
Elle s'attira le regard noir des Capitaines et de la majorité de son équipe. Regulus avait toujours l'air offensé par la remarque sur son prénom tout comme Mulciber et Ophélie.
— Je suis là les enfants ! Excusez-moi, la représentante des Tornades de Tutshill est arrivée en retard mais je me devais de l'attendre.
Madame Bibine venait d'arriver sur le terrain, la malle des balles flottant derrière elle. Elle l'ouvrit, relâchant par la même occasion le Vif d'Or qui disparut presque immédiatement. Regulus et Emmeline le suivirent du regard jusqu'à ce que Bibine rappelle à l'ordre les deux équipes.
— Je veux que ce match se joue dans le respect de l'adversaire et dans le fair-play ! Capitaines serrez-vous la main.
— Que le meilleur gagne Vance, sourit Axel en serrant la main d'Emmeline.
— Pas besoin de me le dire deux fois, répliqua Emmeline avec un sourire carnassier.
Les joueurs enfourchèrent leurs balais et au coup de sifflet décollèrent d'un coup de pied au sol. James se redressa alors, les coudes plantés sur ses genoux et le regard fixé sur les joueurs. Sirius leva les yeux au ciel. C'était fini de rire maintenant que le match avait débuté, James allait passer le reste du temps à analyser le jeu de chaque élève et à élaborer de nouvelles stratégies pour les futurs affrontements. Il pouvait être effrayant quand on en venait au Quidditch.
— Ah les joueurs se sont envolés. Vous allez me dire c'est un peu pour ça qu'ils sont là, grésilla la voix ennuyée de Remus. Donc Bibine a lancé le Souafle, immédiatement Montague le rattrape. Il fait la passe à Parkinson, Parkinson le relance à Montague qui la laisse tomber... Oh Montague ! Franchement c'est pas si dur de tenir une balle.
— En fait c'était une passe pour Hollander qui volait en-dessous de lui, fit remarquer Pandora. Et oui, Hollander vient de marquer ! Darebones était visiblement distrait par les Nargoles qui ont infesté le terrain de Quidditch.
— Dix point pour Serpentard. Youpi.
— Lupin ne soyez pas si impartial.
— J'ai dit "youpi".
— Je préfèrerais que vous vous contentiez de comptabiliser les points ainsi si que de retransmettre les passes effectuées et que vous vous passiez de tout commentaire.
— Mais je suis commentateur, c'est mon rôle de commenter !
— Le jeu ! Simplement le jeu.
— Dix point pour Serpentard ! Bon Dorian il faut que tu fasses quelque chose pour ces Nargoles, essaie de te boucher le nez pendant cinq minutes.
— Ouh ! Ça ne devait pas faire du bien ça, grimaça Remus. Dix point pour Serdaigle !
***
— Mais c'est super dangereux le Quidditch ! s'indigna Remus. Minerva, Light était tranquille dans ses anneaux et là un Cognard lui passe à deux centimètres du crâne ! Elle aurait pu se faire tuer !
— Monsieur Lupin nous ne laisserions pas des élèves jouer à un jeu mortel, ces Cognards ne tueront personne ! le rabroua sèchement McGonagall.
Camille ne put retenir une moue douteuse face à ces paroles. Il y avait bien une forêt remplie de Centaures, d'Acromentules et d'autres créatures magiques hautement dangereuses à quelques mètres du terrain. Le Lac Noir regorgeait bien de Strangulots et de Sirènes. Camille doutait réellement que la sécurité des élèves soit la priorité des professeurs dans cette école. Surtout que ce Cognard avait bel et bien failli lui briser le crâne, Jugson avait la force d'un gorille et ses coups étaient particulièrement vicieux.
Normalement en tant que Gardienne elle n'avait pas à se soucier des Cognards, les Batteurs se concentraient sur les Poursuiveurs et Attrapeurs adverses. Pourtant Jugson lui avait déjà envoyé deux Cognards en trente minutes.
— Foutu Jugson, grinça Camille entre ses dents après un tonneau particulièrement secouant. Si c'est pour venger ton oncle, c'est pitoyable...
Ses yeux suivirent du regard les Poursuiveurs de Serdaigle, évitant MacDonald. La Serdaigle se tenait près de ses buts, analysant le jeu de Camille ce qui la déstabilisait légèrement. Mary était ce genre de fille qui restait belle même lorsqu'elle suait et était décoiffée ce qui pouvait se révélait distrayant.
Crickett fonçait à toute allure vers ses buts, suivit de peu par Tom. Le Serdaigle plongea sur le côté alors qu'Hollander tentait d'atteindre le Souafle et lâcha la balle. Malheureusement MacDonald avait de merveilleux réflexes et la rattrapa avec agilité. Elle visa immédiatement les buts et tira. Mais son tir était maladroit, surtout à une si grande distance. Camille frappa dans le Souafle de toutes ses forces et Montague le réceptionna souplement, filant vers les buts adverses.
— Bel arrêt de Light. Enfin je suppose. Je n'y connais pas grand-chose au Quidditch, avoua Lupin. Vous avez sûrement du le remarquer en... Cinquante minutes de jeu ? Bordel ce que c'est long... Passe de Montague à Parkinson, Boot s'interpose et récupère le Souafle. Évite un Cognard particulièrement vicieux de Yaxley. Hollander lui coupe le chemin et... Woah ! C'est réglementaire ça Minerva ?
— Parfaitement.
— Le Quidditch c'est plus retors que je ne le pensais. C'est sûrement pour ça que les Serpentards sont si doués.
— Lupin !
— Emmeline tombe ! s'écria Pandora. Ah non, elle a toujours son balai. Fausse alerte tout le monde ! Pourquoi elle fonce par terre par contre ?
— Elle a vu le Vif d'Or ?
— Elle va s'écraser.
— Black s'est réveillé je crois. Il est juste derrière. Oh non, il pile... Il s'éloigne. Qu'est-ce que tu fiches Black ! Oh tant pis c'est pas mon problème. Attrape-le Emmeline !
— Oh !
— Woah !
— Remonte Vance ! Remonte ! Tu vas t'écraser ! hurla Pandora.
— Je ne peux pas voir ça, maugréa Remus en couvrant ses yeux.
— Oh ! Remus regarde, appela Pandora en tirant sur sa manche.
— Quoi ? Est-ce qu'elle s'est fracassé le crâne par terre ? Parce que le Quidditch est un sport si sûr !
— Oh remettez-vous Lupin ! Vous en avez fait des pires avec Black et Potter, rabroua McGonagall. Miss Vance vient de réaliser une feinte de Wronski très réussie.
— Dix points pour Serdaigle ! Oh là là... Ne nous fais plus peur comme ça Emmeline.
— Elle ne nous écoute pas Pandora. Elle est retournée emmerder Black.
— Votre language Lupin, par Merlin !
— Pardon, pardon... Black effectue un tonneau parfait pour éviter le Cognard de Prynne, beau revers Emmett. Montague marque enfin un but ! Par Merlin, je commençais à croire qu'il ne servait à rien.
— Va te faire voir Lupin ! jura Montague en volant près des gradins des commentateurs à la poursuite de MacDonald.
— Dix points pour Serdaigle ! Ce qui nous amène à 110-50 pour Serpentard.
— Woah ! Magnifique arrêt de Light !
— Elle se jette sur le Souafle comme sur mon chocolat, déclara Remus d'un ton admiratif.
— Tu trouves ? Moi j'ai plus l'impression qu'elle imagine quelqu'un à la place du Souafle et frappe de toutes ses forces dedans. Je suis prête à parier que les héliopathes la font halluciner.
— Les deux sont aussi probables l'un que l'autre je suppose.
— Dis j'ai un peu faim, tu n'aurais pas du chocolat sur toi par hasard Remus ?
— Pandora, j'ai toujours du chocolat avec moi.
— Génial ! Il est...
— Lupin, Miss Van Houten ! Je vous en prie ! désespéra McGonagall.
— Je continue de regarder le match professeur, la rassura Pandora. Dix points pour Serpentard encore une fois. Mince alors Hollander est déchaîné aujourd'hui !
— Vous voulez aussi du chocolat Minerva ? proposa Remus.
Camille se mit à rire une énième fois. Elle ne comprenait pas le peu d'élèves qui huaient les commentateurs, elle les trouvait hilarant comme l'autre moitié du stade. Les remarques ennuyées de Remus couplé à l'investissement et l'enthousiasme débordant de Pandora donnaient un résultat magique.
À Ilvermony il y avait bien eu un élève comme ça, mais la directrice avait fini par le démettre de ses fonctions quand il avait organisé une chorale critiquant la nouvelle règle interdisant formellement aux filles de porter des pantalons.
Ici les filles n'avaient officiellement pas le droit, mais Camille voyait bien certaines sorcières cachant leurs pantalons derrières leurs capes et robes, espérant pouvoir se protéger du froid. Bien évidemment elle avait fini par le faire également. Il faisait extrêmement froid en Écosse par Morgane.
— Ouh ! Je ne sais pas qui Mulciber visait, espérons pour les Serpentards que ce ne soit pas encore leur Capitaine, mais en tout cas cette personne va sou... Oh Merlin ! Light baisse-toi !
Camille détourna les yeux un brin trop tard de la silhouette volante de MacDonald qui portait le Souafle sous son bras. Elle eut à peine le temps de se pencher sur le côté que le Cognard percutait son abdomen. Elle sentit son corps se faire entraîner dans le vide par le Cognard, ses doigts lâchants son balai, jusqu'à ce que l'arrière de sa tête rentre en collision avec le haut d'un des anneaux. Elle tomba sous les cris des commentateurs et des plus jeunes de la foule. Son visage heurta le bas de l'anneau dans un bruit tonitruant et elle poussa un grognement de douleur en sentant son nez se tordre et un flot de sang en jaillir. Elle eut au moins la présence d'esprit de se rattraper à l'anneau d'une main avant qu'il ne soit hors de portée.
Jurant et gémissant, elle se tint à bout de bras et essaya de remonter.
— Mulciber ! Immonde salopard ! Espèce de sale petit...
— Lupin ! s'écria McGonagall.
— Penalty ! Bibine ! Penalty ! hurlait Pandora avec fureur.
— Penalty pour qui ? Cet abruti a tiré sur sa propre Gardienne ! s'emporta Remus.
— Tu es viré Mulciber ! Viré ! beugla Pandora.
— Mais qu'est-ce que vous foutez tous ! Allez l'aider elle est perchée à plus de quinze mètres du sol !
— Viré ! Reprenez Brand, lui il ne tirait pas sur les membres de son équipe !
— Elle est suspendue dans le vide !
— Lupin, Van Houten ! Miss Light recevra l'aide nécessaire de ses coéquipiers ! Cessez de vous agiter dans tout les sens, le match n'est pas terminé !
— Vance et Black sont en train de faire la course au lieu d'aider Light ! s'indigna Pandora.
— Non Pandora je crois qu'Emmeline a vu le Vif d'Or ! lui apprit Remus en fronçant les sourcils. Mais le reste c'est pas une raison pour ignorer votre joueuse ! Oh bordel arrêtez de marquer et aidez-la ! Elle est seule et elle... Merlin ! Milles putain de gargouilles ! Oh mon dieu !
Camille, qui avait réussi à se hisser maladroitement sur l'anneau grâce à un cochon-pendu peu gracieux, jura avec couleur quand un Cognard de Jugson lui fonça dessus. Elle essaya de se mettre debout pour pouvoir l'éviter mais le Cognard la cueillit à l'épaule et elle bascula dans le vide sans pouvoir se rattraper.
— Mon dieu ! Mais ça va pas Jugson ?! T'es complètement malade, beuglait Remus. Je vais te mettre en retenue jusqu'à la fin de l'année enculé !
— Par la barbe de Merlin, par la barbe de Merlin, par la barbe de Merlin, répétait Pandora en voyant avec horreur la Gardienne des Serpentards chuter.
« Je ne joue plus jamais au Quidditch avec vous espèces de malades ! », voulait hurler Camille mais la terreur l'empêchait de faire autre chose que de battre en vain l'air et de pleurer de douleur. Cette chute n'avait rien à voir avec son jetée de fenêtre. À Beauxbâtons sa chute était planifiée et elle avait sa baguette en cas de problème. Là elle était en chute libre de quinze mètres avec pour seule perspective le sol durci par les premières gelées, sans magie pour la sauver !
Elle ne voulait pas tomber au sol. Elle ne voulait pas s'écraser par terre dans de terribles souffrances.
Miraculeusement, elle n'en eut pas l'occasion. Une main ferme attrapa la sienne alors qu'elle battait des bras de manière grostesque pour gagner du temps. L'inconnu la tira sur son balai et remonta immédiatement en chandelle pour éviter de s'écraser par terre.
— J'ai dis dix fois à Yaxley de ne pas prendre Mulciber ! gronda la voix furieuse de Regulus. Allez essaie de monter Camille ! Viens !
Il se tordit d'une façon étrange pour lui attraper l'épaule et la tirer sur son propre balai.
— Reg... Bordel, Regulus merci, répétait Camille avec hébétement et des larmes aux yeux.
— Black a rattrapé Light, Vance a attrapé le Vif d'Or ! 260-340 pour Serdaigle, victoire de Serdaigle, commenta Remus avec un soulagement palpable. Woah. Je déteste vraiment le Quidditch.
— C'est ta première défaite, fit remarquer stupidement Camille, son cœur battant toujours la chamade.
Le visage de Regulus s'assombrit et ses épaules se tendirent.
— Je t'ai attrapé à la place. Ça vaut bien un Vif d'Or, non ? grommela-t-il.
— Un poète dans l'âme...
— Mulciber et Jugson sont vraiment des abrutis. C'est navrant d'être aussi stupide, s'emporta Regulus. On avait l'impression qu'ils voulaient te tuer !
— Mulciber ! Ne frappez pas dans ce Cognard ! hurla la voix du professeur McGonagall.
— Tu vois ? soupira Regulus en orientant son balai vers le sol. Ils sont complètement stu...
Cette fois-ci le Cognard ne toucha pas Camille. Probablement parce que le corps de Regulus faisait barrage ainsi ce fut lui que le Cognard atteint à l'épaule. Camille eut juste le temps d'apercevoir son visage se tordre de douleur et de surprise qu'ils étaient éjectés de son balai et propulsés dans le vide.
— Mais tu veux la tuer Mulciber ? s'écria Remus.
C'était probablement le plan depuis le début alors que Camille chutait pour la troisième fois. Bordel, elle ne jouerait plus jamais au Quidditch à Poudlard. Ils étaient complètement tarés ici.
L'Attrapeur et la Gardienne des Serpentards tombèrent et personne ne put les rattraper avant qu'ils ne s'écrasent et roulent par terre. Camille eut cependant la chance d'atterrir sur le torse de Regulus alors que ce dernier grognait de douleur.
Dans tout le stade c'était le chaos. D'une part les Serdaigles acclamaient leur Capitaine qui avait sauvé la mise à leur équipe, d'autre part les Serpentards huaient Mulciber pour avoir touché deux de leurs joueurs les plus importants. Boot et Crickett avaient marqué huit buts durant la débâcle de Light.
Les Poufsouffles hurlaient contre les Batteurs tout comme les professeurs, Madame Bibine et les Capitaines. Quant aux gradins des Gryffondors, c'était l'agitation totale. Presque tout les supporters se tenaient debout en criant, essayant d'apercevoir ce qui se passait. Lily plaquait ses mains devant sa bouche avec choc, Marlène se contentait de fixer le terrain avec des yeux grands ouverts et Émilie et Alice hurlaient comme les Poufsouffles.
Sirius s'était levé d'un bond lorsque Regulus avait reçu ce Cognard et courrait à présent à travers le terrain jusqu'à l'endroit où lui et Camille avaient atterri. Il était suivi de peu par James et Peter qui étaient aussi choqués et remontés que la grande majorité du stade.
— Oh Merlin, Merlin ! Vous êtes en vie ? s'exclama Sirius en écarquillant les yeux.
Il s'accroupit près de son frère qui ne répondait pas, les yeux fermés et le visage tordu de douleur. Camille n'arrivait pas à esquisser le moindre geste, les yeux toujours larmoyant à cause du coup sur son nez. Elle pouvait sentir ses côtes douloureuses. Elle n'eut la force que de lâcher un pitoyable gémissement. Sirius se tourna vers elle, dégageant avec des gestes fébriles les cheveux de son visage ensanglanté. Il sortit sa baguette et nettoya le sang d'un geste rapide.
— Ça va faire un peu mal mais ça te remettra le nez en place, prévint Sirius. Episkey !
— Ow ! gémit Camille avec un regard furieux.
— Écartez-vous Sirius, ordonna la voix autoritaire de Madame Pomfresh. Milles gargouilles, ces matchs deviennent de plus en plus dangereux ! Allez écartez-vous ! Vous ne voudriez pas les étouffer quand même ? Light, je sens que vous allez passer beaucoup de temps avec moi cette année, soupira l'infirmière en avisant sa lèvre gonflée et les dernières tâches de sang sur son visage.
Camille ne savait si elle devait en rire ou en pleurer. Mais ce dont elle était sûre c'était que si elle croisait Mulciber lui aussi irait passer quelques temps à l'infirmerie.
***
— Mulciber ! Oi Mulciber ! appela une voix.
Mulciber, qui venait d'écoper de retenues jusqu'à la fin de l'année par les professeurs McGonagall et Slughorn et d'un bannissement définitif de l'équipe par Madame Bibine et Yaxley, se retourna avec fureur et le visage menaçant. Cela n'impressionna pas le moins du monde Aleksander qui se jeta sur lui et le frappa au visage.
Mulciber se débattit mais même avec un bras coincé dans une attelle, le sang-mêlé possédait une force impressionnante. Pantelant à cause de sa course, il recommença néanmoins jusqu'à ce que le côté droit du visage de Mulciber soit rouge de ses coups.
— Aleks ! Aleks arrête ! Protego ! s'exclama une voix familière.
Aleksander releva la tête avec surprise pour apercevoir Remus qui jetait un sort de protection autour d'eux. Le maléfice rougeoyant de Jugson vint s'écraser dessus suivit d'un éclair coloré de la part de Rosier. Mulciber profita de la distraction pour asséner son coude dans la gorge d'Aleksander plusieurs fois. L'ancien Batteur cracha et toussa, s'éloignant instinctivement du corps de Mulciber. Ce dernier sauta sur l'occasion et s'enfuit vers Rosier et Jugson qui s'acharnaient sur le bouclier de Remus. Le Gryffondor ne bronchait pas, encaissant chaque sortilège.
— Reviens Mulciber ! cracha Aleksander en se relevant.
— Aleks arrête, ordonna Remus.
— Vous vouliez la tuer ou quoi ?!
— Juste un petit avertissement, gronda Evan. On ne joue pas avec le Seigneur des Ténèbres ! Et cette salope devait payer, la prochaine fois elle évitera de briser mon nez et ma baguette !
— La seule salope que je vois c'est toi Rosier, siffla Aleksander, toujours à ramper aux pieds de ton foutu Voldemort, hein ?
— Ironique venant de la pédale, railla Jugson. Bah alors Lupin ? On ne dit rien ? Le sale pédé a perdu ses couilles ?
Le bouclier de Remus vacilla face au choc de l'insulte et les Serpentards en profitèrent pour attaquer Aleksander.
Remus eut à peine le temps d'apercevoir son petit-ami se serrait l'épaule, l'instant d'après lui et Remus se jetaient en même temps sur les Serpentards. Aleksander semblait presque exulter quand il atteint Rosier au visage. Remus en tira une sorte de joie malsaine alors qu'il plaquait Jugson au sol et le surplombait de toute sa taille.
On pouvait l'insulter autant qu'il voulait, Remus n'en avait rien à faire. Mais personne n'insultait Aleksander.
— Lupin, Brand ! appela la voix indignée du professeur McGonagall. Milles gargouilles, encore vous Mulciber, Jugson ? Veuillez arrêter immédiatement ! Vous aussi Rosier, immédiatement ! Vous allez tous finir en retenue jusqu'à Pâques messieurs !
Aleksander frappa Evan au menton, une main enserrant sa gorge. Remus donnait des coups dans les pommettes de Jugson avec rage, rejetant sa veste en arrière pour avoir plus d'élan.
— Remus stop ! Lunard putain arrête, ils ne valent pas le coup ! lança une voix familière en tirant Remus en arrière.
Remus ignora son ami et se jeta en avant pour frapper à nouveau Jugson. Ce dernier réussit à l'atteindre à la lèvre en retour. Les bras revinrent tirer le Gryffondor en arrière.
— Lâche-moi Potter ! gronda Remus.
Mais le Capitaine avait plus de force que Remus et le loup réunis, il réussit sans peine à le soulever et le retenir par la taille.
— Tu leur fais plaisir là, siffla James. Tu vaux mieux que ça Remus !
— Ouais c'est ça, aide les fiottes traître à ton sang ! cracha Jugson en se relevant. Puis retourne te faire jeter par ta sang de bourbe !
James sentit sa rage remonter à la surface et il fut soulagé quand il vit Sirius arriver, le regard furieux, suivit par Peter et Lily qui faisait flamboyer son insigne de préfète. Jugson essuya son nez qui saignait abondamment, son œil droit enflé. Remus esquissa un rictus cynique, ne sentant même pas la douleur de sa lèvre fendue ou du large hématome sur sa mâchoire. Aleksander fut tirer de Rosier par Sirius et Hollander, se débattant en envoyant son coude dans l'estomac de Tom.
— Jugson ! Nous ne tolérons pas de tels propos dans cette école, déclara McGonagall d'une voix légèrement tremblante.
Elle avait pâli à l'entente des insultes, la couleur quittant son visage remplacée par la colère.
— Je vous veux tout les quatre dans mon bureau, continua McGonagall en tremblant de rage. C'est une honte, votre comportement aura de lourdes conséquences messieurs ! Je ne m'attendais pas à cela de la part de deux préfets Rosier, Lupin !
— Vous auriez pu m'attendre avant de les cogner, lança Sirius une fois McGonagall repartit.
— Sirius non, ordonna James.
Il se retenait lui-même à grande peine d'envoyer son poing dans la figure de Jugson qui ricanait toujours, tremblant presque en essayant de se retenir de toutes ses forces. Il fut pour la première fois soulagé que Sirius l'ait forcé à prendre cette potion après le petit-déjeuner. Il aurait sûrement fait quelque chose qu'il aurait regretté sinon. Cela n'aurait pas été la première fois.
— Tiens Lunard. Essuie-toi le visage t'es plein de sang, grimaça Peter en lui tendant un mouchoir.
Remus s'en empara sans rien dire, hochant simplement la tête en remerciement. Il ne voulait pas parler, si personne n'était intervenu il serait toujours en train de passer ses nerfs sur Jugson et c'était une perspective qui le réjouissait plus qu'elle n'aurait dû.
— Remus ça va ? demanda Lily doucement.
Elle semblait toujours sous le choc, son regard s'assombrissant quand il tombait sur les trois Serpentards.
— Ça va, s'irrita Remus en se dégageant de James. Aleks ?
— J'ai vu pire, marmonna Aleksander en réajustant son attelle.
— Vous êtes complètement malades, cracha Lily en direction des Serpentards.
— Ouh ! Est-ce que la sale sang-de-bourbe va nous mettre en retenue ? se moqua Mulciber.
— J'ai plutôt quelques sorts en tête, rétorqua Lily.
— Les chiens aboient plus qu'ils ne mordent, ricana Evan. Mais vas-y Evans qu'on rit un peu.
— On verra qui rira à la fin Rosier, menaça James.
— Oh crois-moi Potter, je sens qu'on va tous bien s'amuser dans les années à venir, sourit Evan. La vraie question c'est « verra qui
vivra à la fin ». Petit indice : Light ne passera pas un an si elle continue comme ça.
***
— J'ai l'impression que tu passes plus de temps à l'infirmerie qu'avec nous, s'amusa Sirius.
— Je déteste l'infirmerie, rétorqua Camille. C'est ennuyant et tout le monde te traite comme si tu vas te briser à tout monde ! Ça me donne envie de vomir !
— Dans le seau, ordonna la voix lasse de Madame Pomfresh.
— Par la barbe de Merlin, ne parlez pas de vomir, grommela Regulus d'une voix rauque en enfouissant la tête sous son oreiller. Ma tête va exploser...
— Qu'est-ce qu'il a ? demanda silencieusement Sirius.
— Il a une légère co... Tu sais quoi ? Je ne sais pas Sirius. Pourquoi tu ne lui demanderais pas toi-même ? C'est ton petit-frère après tout, répliqua Camille en croisant les bras.
Elle les laissa retomber immédiatement en grimaçant. Un os logé dans son épaule était largement fêlé et ses côtes s'étaient de nouveau brisées au grand désespoir de Madame Pomfresh qui avait déjà du passer quatre heures auprès d'elle une semaine auparavant pour les ressouder entièrement. Mais après avoir reçu deux Cognards de plein fouet et une chute de six mètres Camille n'était pas surprise du diagnostic.
Sirius déglutit et son regard tomba sur le lit de son frère. Regulus fixait le plafond à travers des paupières à moitié ouvertes, le teint blafard et l'air vidé de toute énergie. Camille pinça Sirius à la cuisse ce qui lui arracha un léger glapissement. La Serpentard désigna Regulus discrètement et lui offrit un sourire encourageant. Soupirant et traînant des pieds, Sirius s'approcha du lit de son frère.
— Hey Reg, lâcha-t-il du bout des lèvres.
Regulus cligna des yeux une fois et tourna la tête vers le Gryffondor. Ce geste lui arracha un grognement de douleur et une grimace peu gracieuse.
— Sirius ? appela-t-il d'une voix pâteuse. Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Je vous ai amené à l'infirmerie, dit Sirius d'une voix atone. Toi et Camille.
— Vraiment ? Quel preux chevalier tu fais Sirius, railla Regulus.
Le visage du Maraudeur s'assombrit et il adopta immédiatement une posture défensive.
— J'aurais pu aussi te laisser baver sur l'herbe du terrain. Mais moi je suis quelqu'un de décent, rétorqua Sirius.
— Oh. Le chevalier monte sur ses grands chevaux ? C'est bien ça que disent les moldus ? se moqua Regulus en crachant presque le dernier mot.
— En fait je vais aller applaudir Mulciber. Il t'a donné un sens de l'humour Reg !
— Je n'ai pas besoin de sens de l'humour. C'est toi le clown de la famille Sirius.
Depuis son lit Camille observait l'échange avec désapprobation. Sirius dût le sentir car il se retint d'étouffer son frère cadet avec son oreiller et prit une longue inspiration.
— Comment vas-tu ? demanda-t-il à contrecœur.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ?
— Oh par Merlin ! Tu pourrais faire un effort... Moi en tout cas j'essaie de faire un effort Reg, grinça Sirius entre ses dents.
— C'est Regulus pour toi, décréta-t-il avec un regard mauvais.
— Ça c'est ridicule Reg. Je t'appelle comme ça depuis qu'on a cinq ans.
— Beaucoup de temps a passé depuis nos cinq ans Sirius, rappela silencieusement Regulus.
Son regard était retourné au plafond, résolu à ne pas tomber sur le Gryffondor. Sirius s'était rapproché du lit, les mains enfoncées dans les poches et la mine sombre.
— Donc je n'ai plus droit de t'appeler Reg ? Son Altesse veut-elle aussi que je commence à la vouvoyer ?
— Ne sois pas ridicule Sirius. M'appeler Reg c'est faire croire que rien n'a changé.
— Ça n'a rien à voir...
— Pourquoi étais-tu à ce bal Sirius ? interrogea Regulus d'une voix lourde de reproches. Bellatrix m'a dit qu'elle t'avait vu à Beauxbâtons, qu'est-ce que tu fichais là-bas ?
— Est-ce que tu sais ce que Bellatrix faisait là-bas ? contrattaqua Sirius soudainement furieux.
La mention de Bellatrix avait réveillé une colère noire en lui. Depuis le bal il détestait particulièrement évoquer sa cousine détestée, surtout avec Camille si proche.
— On sait tout les deux pourquoi elle était là-bas. C'était à prévoir mais toi... siffla Regulus.
— À prévoir ? Mais tu t'entends Regulus ? cracha Sirius. Elle a tué des gens à ce bal ! Torturé des gens !
— Elle n'est pas la seule à avoir tué de ce qu'elle m'a dit. Tu devrais regarder tes propres amis avant de critiquer ta famille.
Sirius se redressa, raide. Il se retint de tourner la tête pour observer la réaction de Camille. Il pouvait déjà la deviner, voir la douleur et la culpabilité sur ses traits. Elle agissait comme si ce qu'elle avait fait ne l'atteignait pas devant eux, mais Sirius savait que Camille n'était dépourvue de cœur. Au fond d'elle elle était horrifiée par ce qu'elle avait fait.
— C'était un accident, soutint Sirius.
— C'est peut-être une chance que Bellatrix se soit rendu à ce bal, Sirius. C'est sûr que ce n'est pas toi qui allait honorer le nom familial !
— Serait-ce de la rancoeur que j'entends Reggie ? Mais je t'en prie ! Prends ma place, assassine autant de moldus que tu veux, ironisa Sirius. Décharge-moi de ce fardeau.
— Ce n'est pas moi l'héritier, affirma Regulus.
— Et tu en pleures de désespoir chaque soir.
Regulus ne répondit pas. Mais Camille savait qu'il ne pleurait pas. Si Sirius n'avait pas été aussi si absorbé par sa propre fureur il aurait entendu le soulagement dans la voix de son frère.
— À quoi tu joues Sirius ? reprit Regulus. Tu ne vois pas que tu vas tous nous faire tuer à t'allier avec Dumbledore ?
— M'allier avec Dumbledore... À t'entendre on croirait que je me suis engagé dans le mauvais côté.
— C'est le côté le plus dangereux en tout cas ! Merlin, tu ne changeras jamais ! Tu es tellement irresponsable ! Te battre contre le Seigneur des Ténèbres devant des témoins, lui manquer de respect et retarder ses plans... Tu ne fais pas que déshonorer le nom Black en faisant tout ça, tu nous mets tous en danger, lui apprit Regulus d'une voix blanche. Mulciber n'aurait jamais envoyé ce Cognard avant ce maudit bal. Et Rosier est... Rosier... Bordel Sirius tu es toujours obligé de tout compliquer !
— Excuse-moi de ruiner ton plaisir, railla Sirius. Je devrais te laisser torturer des nés-moldus avec Bellatrix et les autres Mangemorts en paix. Milles gargouilles ce n'est pas moi l'irresponsable Reg ! Regarde-toi, écoute-toi... Tu te transformes en un parfait petit double de Walburga !
— Je n'ai rien à voir avec elle ! s'écria Regulus d'une voix emplie de haine. Et arrête avec Bellatrix ! Sans elle le Seigneur de Ténèbres n'aurait pas hésité à t'enrôler le moment où tu étais en âge de porter une baguette ! Elle porte le nom Black à bout de bras depuis des années ! Si ce qu'elle a fait lors de ce bal est le prix à payer pour que notre famille reste protégée alors peut-être que oui tu devrais nous laisser en paix Sirius.
— Bellatrix a tué des membres de ma famille et m'a jeté un Doloris.
La voix froide de Camille avait coupé Regulus dans son discours. Toujours aussi ralenti dans ses mouvements, Regulus se contenta de cligner des yeux et de tourner imperceptiblement la tête vers son lit. Il avait l'air proprement stupéfait par cet aveu. Sirius se tourna immédiatement vers la blonde.
Camille fixait Regulus avec dégoût.
— Tu serais prêt à laisser combien de personnes mourir pour sauver ta noble famille Regulus ?
— N'inverse pas les rôles Camille, rétorqua Regulus. Ce n'est pas moi le meurtrier ici.
— Ce que t'appelles un meurtre c'était un accident. La seule meurtrière c'est ta salope de cousine ! Mes cousins aussi sûrement mais moi au moins je ne les défends pas. Rodolphus et Rabastan sont détraqués, tout comme Bellatrix et rien ne justifie leurs actes.
— Vraiment ? Tout ce qu'ils font c'est racheter votre imprudence. Et même ce n'était pas suffisant, tes parents ont du offrir leur fille aînée pour pallier à la déception que tu représentes Camille ! Peut-être que sans toi tes cousins n'auraient pas à prouver leur valeur et massacrer des moldus. Peut-être que sans toi Sophie n'aurait pas eu à les rejoindre !
— Arrête de repousser la faute sur nous ! Ce n'est pas nous les Mangemorts, s'emporta Sirius.
— La faute ? Mais tout ça c'est bien de votre faute ! Sans vous je n'aurais pas Rosier et les Mangemorts sur le dos ! s'exclama furieusement Regulus. Vous avez lâché Voldemort sur les Black et les Lestrange !
Sirius s'interrompit brusquement alors qu'il s'apprêtait à bondir sur son frère. Ses yeux s'agrandirent quand il avisa le ressentiment clairement visible sur le visage de son petit frère. Regulus le fixait comme s'il était responsable de tout ses maux, comme si Sirius était la cause de tout ses malheurs.
— Bien sûr que non tu n'es pas un Mangemort, Sirius. On ne le sait que trop bien. Mais quelqu'un va devoir rejoindre le Seigneur des Ténèbres et ce n'est pas moi l'héritier, siffla-t-il. Alors arrêtez immédiatement ce petit jeu avec Dumbledore, vous allez tous nous faire tuer.
— Ce ne serait pas plus mal, lâcha Sirius avec rancoeur.
Sirius ne sut jamais s'il regrettait d'avoir dit ça. Au fond c'était la vérité, il serait le premier ravi de voir sa famille décimée par leur propre Seigneur. Mais encore une fois il ne savait pas s'il comptait Regulus dans le lot. Son frère avait toujours été l'exception familiale. Sirius ne voulait simplement pas le laisser partir.
Pourtant dès que les mots quittèrent ses lèvres il sentit un changement dans l'attitude de Regulus. Sirius le vit immédiatement, cet éclat blessé qui illumina les yeux de son petit frère et il sentit son cœur se serrer quand les mains de Regulus se mirent à trembler par-dessus ses couvertures. Il serra les poings pour dissimuler ses tremblements, fixant son frère aîné avec un mélange de furie et de résignation comme s'il s'attendait à ce que son frère ne lui dise cela.
Camille sentit une boule d'émotion se former dans sa gorge en observant Sirius et Regulus se dévisager en silence, en chiens de faïence. Ils se fusillaient du regard comme ils le faisaient tout le temps, essayant de prendre le dessus l'un sur l'autre. Mais ils avaient surtout l'air exténués. Leurs épaules semblaient s'affaisser sous le poids du même fardeau, leur nom. Ils étaient si jeunes. Regulus avait son âge et Sirius... Sirius avait beau être majeur, il apparaissait si vulnérable en ce moment. Ce n'était toujours qu'un enfant au fond. Ils étaient tous des enfants.
En cet instant Camille haïssait plus que tout Orion et Walburga Black qui montaient ces garçons l'un contre l'autre depuis des années. Elle haïssait la guerre et Tom Jedusor. Qui osait déchirer deux frères ? Ils étaient si proches enfants et maintenant qu'est-ce qu'ils étaient ? Deux étrangers échangeant des regards meurtriers ?
— Bien... Je crois que tout est dit alors, conclut Regulus d'une voix rauque.
— Non, voulait lancer Camille.
Mais le mot resta bloqué dans sa gorge. Qui était-elle pour s'interposer entre eux ? C'était leur décision pas la sienne.
— Reg, soupira Sirius en fermant les yeux seulement un instant.
— Regulus, corrigea machinalement Regulus. C'est Regulus désormais. Maintenant tu peux partir. Le preux chevalier a fait son travail, non ? Il a sauvé le misérable Serpentard.
Sirius secoua la tête, fatigué et en colère.
— Tu n'es pas une victime ici Regulus.
— Mais je ne suis certainement pas le héros. Non ça c'est ton rôle. Oh pars ! Pars Sirius ! siffla Regulus. C'est simple pour toi, non ? Tu es tellement doué pour ça ! La seule chose pour laquelle tu as une once de talent quand on en vient à notre famille !
— Je n'ai pas envie que tu finisses comme eux Regulus. Tu vaux mieux que ça, je le sais, affirma Sirius.
Sirius soutint son regard haineux, attendant que Regulus lui réponde. Il se contenta de soutenir son regard. Sirius serra ses poings, la conversation était terminée et la sensation d'avoir échoué à une tâche particulièrement importante laissa un arrière-goût de cendre dans sa bouche.
Regulus observa le Gryffondor se retourner en furie et son regard accrocha instinctivement l'écharpe aux couleurs rouge et jaune qu'il portait. Une sensation étrange lui tordit soudainement le ventre et il ne put retenir les mots qui naquirent spontanément sur ses lèvres.
— Jolie écharpe.
Regulus et Sirius s'immobilisèrent en même temps. Mais alors que le Serpentard sentait la panique le submerger, le Gryffondor se retrouvait simplement perplexe face aux paroles de son frère. Sirius fronça les sourcils. Ses yeux tombèrent sur son écharpe et une lumière de compréhension vint éclairer son regard. Regulus ferma alors résolument les yeux, se refusant à voir le visage de son grand frère et sentit ses joues rougir de colère et de gêne envers lui-même. Sirius le laissa faire.
Il ne savait même plus comment lui adresser la parole sans lui crier dessus.
Camille le dévisageait, l'air interdite et tellement désolée. Sirius ne se rendit compte qu'à ce moment-là d'à quel point ses yeux lui paraissaient humides. Il cligna férocement des paupières, il ne voulait pas qu'on le voit pleurer et il remarqua que Camille faisait de même.
— Je vais partir, marmonna-t-il. Je suis désolé.
— Vous deux alors, vous êtes tellement dramatiques... Mais... C'était un début. Un beau début. Bordel je suis tellement fière de toi Sirius, dit-elle silencieusement. C'est moi qui suis désolée.
Son regard tomba sur la silhouette de Regulus, allongé à quelques mètres d'elle. Il avait réussi à se saisir maladroitement de sa baguette mais ne semblait pas avoir assez de force pour fermer ses rideaux. Prise de pitié pour lui, Camille agita sa propre baguette et les rideaux autour de son lit se fermèrent. Regulus lui jeta un regard entre l'irritation et la gratitude avant que les tissus blancs ne le soustraient à sa vue. Sirius se refusa à regarder son frère et préféra jouer distraitement avec un verre.
— On ira pas à pas... Ce n'est pas trop tard, assura-t-elle.
— J'aime bien te voir si optimiste, sourit Sirius sans grande conviction. Ça change.
Il se pencha en avant et l'embrassa sur la joue pour sa plus grande surprise. Elle se recula instinctivement, gênée et prise de court. Sirius sembla se rendre compte de ce qu'il avait fait et cligna des yeux avant de grogner intérieurement.
— Désolé, grommela-t-il.
Il ne parvînt néanmoins pas à dissimuler qu'il était vexé par son esquive.
— Juste... Mes joues n'ont toujours pas guéries, se défendit-elle maladroitement.
Ce n'était pas un mensonge en soit, les deux profondes coupures sur ses joues n'étaient toujours pas complètement guéries et la démangeaient parfois atrocement. Elle garderait deux pâles cicatrices en dessous de ses pommettes. Cependant ce n'était pas la raison pour laquelle elle s'était soustrait à l'embrassade de Sirius et ils le savaient tout les deux.
— C'est un mauvais moment ? s'enquit une voix légèrement hautaine.
Sirius grogna à nouveau, cette fois à voix haute en avisant le nouvel arrivé.
— Oh non il ne manquait plus que toi Hollander, ironisa Sirius en enfouissant les mains dans ses poches. Maintenant cette journée est vraiment un désastre !
— Je peux revenir, proposa-t-il. Je devais juste parler à Camille...
— Je suis sûre qu'elle est parfaitement capable de t'écouter maintenant, assura Sirius en haussant ses sourcils.
— Sirius tu es vraiment obligé de te comporter comme un salaud ? demanda Camille avec un regard sombre.
— Non c'est pas grave, assura Tom. Je sais pourquoi tu ne m'aimes pas vraiment... Enfin plutôt pourquoi tu me détestes franchement Black. Donc c'est peut-être bien que tu restes.
Sirius dévisagea Tom sous un autre regard, bouche-bée face au ton péremptoire et déterminé qu'il avait utilisé. Le Gryffondor se rapprocha du lit de Camille, adoptant un air défensif.
— Je ne te déteste pas, protesta-t-il en jetant un regard à Camille.
Cette dernière fixait son petit-ami sans bien comprendre ce qu'il se passait non plus, fronçant les sourcils et faisant tournoyer sa baguette entre ses doigts.
— Vous n'êtes pas super copains non plus, remarqua Camille avec un autre regard sombre pour Sirius.
— Oh tu peux faire mieux...
— Mieux comme toi Black ? suggéra Tom.
Les joues de Sirius étaient déjà rougies par sa dispute avec son frère et se colorèrent encore plus. Néanmoins il ne se départit pas de son sourire qui devint légèrement carnassier.
— Disons que tu ne places pas la barre très haut.
— Sirius ! Tu vois c'est pour ça que je traîne jamais avec Tom quand tu es là ! T'es insupportable, ragea Camille.
Sirius roula les yeux.
— Très mature, se moqua Camille.
— Tu peux parler... Protesta Sirius.
— C'est de ça dont je voulais te parler. Enfin... Ça fait combien maintenant qu'on est ensemble ? Moins de deux mois ? Ce n'est pas énorme.
— Il sait compter, se moqua Sirius à voix basse. Ow !
Camille avait tourné sa baguette dans sa direction et envoyé un sort grésillant à sa cuisse. Ils se fusillèrent du regard, la Serpentard porta un doigt à ses lèvres pour le faire taire.
— Toujours là, rappela Tommius en agitant sa main. Bref. On bat de l'aile. On ne passe presque plus de temps ensemble, je ne comprends rien à ce qu'il se passe dans ta vie... Puis on était pas si attaché, non ? Regardez-vous, toi et Sirius vous êtes...
— D'accord tu veux rompre, l'interrompit Camille en pointant sa baguette dans sa direction cette fois. Je comprends totalement notre couple, si on peut appeler ça un couple, n'a aucun sens. Je le voyais venir et ça ne me pose pas de problème. Par contre je refuse que tu rejettes toute la responsabilité sur moi ! Si ça ne va pas ce n'est pas seulement de ma faute et je ne t'ai jamais trompé. En plus c'est toi qui a tout commencé. Et c'est majoritairement ta faute si on ne passe aucun temps ensemble seuls. Ne traîne pas Sirius là-dedans...
— Ouais, ne traîne pas Sirius là-dedans Hollander, protesta Sirius. J'ai rien fait. On a rien fait.
— Vraiment ? fit Tommius d'un air dubitatif.
— Oui !
— Je ne trompe pas !
— Et je n'aide pas à tromper ! C'est bien plus sain de faire rompre les gens avant.
— Chut Sirius, intima Camille en posant sa main sur son bras.
— J'essaie d'aider...
— C'est juste... Il y a beaucoup de rumeurs, se justifia Tommius soudainement gêné.
— Oh les rumeurs, une source toujours très fiable, ironisa Camille.
— Je pensais que toi-même tu saurais te méfier des rumeurs vu celles qui tournent autour de toi, répliqua Sirius.
Tommius le fusilla du regard, la gêne laissant place à la colère sur son visage. Camille remarqua alors qu'il était trempé et toujours en tenue de Quidditch.
— Pourquoi tu es toujours en tenue ?
— Oh. Je me suis juste baladé... Pour décider si je devais te parler...
— Par ce temps ?
— Je... C'est juste... J'ai quelque chose à te dire, à propos de nous. Juste pour expliquer pourquoi je t'ai proposé de sortir...
Tommius sembla immédiatement regretter d'avoir dit ça, les joues rouges et le regard fuyant. Sirius se redressa avec intérêt, le regard curieux.
— Ce n'est pas simplement parce que je suis fantastique et incroyable ? essaya de plaisanter Camille mais son visage ne montrait aucun signe d'humour.
— C'est un peu délicat... Tu sais que tes parents ont rencontré les miens ? Ils ont... Bordel je les détestes, grommela Tommius en avisant l'air furieux de Camille.
— Et qu'est-ce que mes parents ont encore fait ? Ils ne t'ont pas demandé de m'espionner quand même ?
— J'aurais préféré. Ils planifiaient déjà ton mariage avec Castiel-machin et ils ont demandé à mes parents de faire en sorte que je t'empêche de... Que je t'empêche d'aller trop loin avant ton mariage, avoua Tom d'une petite voix.
Camille et Sirius s'accordèrent pour lui adresser le même regard incrédule.
— Ils ont... Toi et moi ils ont... Ils ont fait quoi ?! s'exclama avec fureur Camille.
— Complètement marteaux, répétait Sirius en secouant la tête.
— Mais ils sont complètement tarés ! C'est ma vie ! Mon corps ! Merlin ils sont allés trop loin, c'est ma vie privée ! ragea bruyamment Camille.
Dans sa fureur, elle agita sa baguette et fit accidentellement exploser le verre posé sur sa table de chevet. Camille jura quand des éclats de verres atteignirent Sirius au bras. Sirius balaya ses excuses du revers dans la main, il comprenait sa colère. Si ses parents avaient osé faire ça il aurait sûrement cassé toute la vaisselle présente à Poudlard. Et il aurait surtout cassé leur belle argenterie de Gobelins.
— Est-ce que Sophie savait ? s'emporta Camille.
— Oh pour savoir elle savait, maugréa Tommius. Elle a passé deux semaines à me dire que si j'osais obéir à tes parents elle m'enfermerait dans l'Armoire à Disparaître de Flitwick et m'enverrait au Groenland. Elle a vraiment essayé d'ailleurs. Mais j'ai réussi à m'échapper. Elle a beaucoup d'endurance ta sœur...
— Au moins elle n'est pas de leur côté pour ça, grinça Camille. Bordel... Ils vont trop loin là. Comme s'il y allait avoir un mariage de toute façon ! Castiel va nous sortir de cette galère, j'en suis sûre, affirma férocement Camille. Et puis j'ai le droit de coucher avec qui je veux quand je veux !
— Bien sûr que tu as le droit, l'encouragea Sirius avant de se rendre compte que c'était une mauvaise idée. Enfin ne le fais pas avec n'importe qui non plus.
— C'est pour ça que tu refusais de me toucher ? s'exclama furieusement Camille en direction de Tom.
— Je t'ai embrassé...
— On a jamais quitté la partie pelotage !
— Euh... Honnêtement je suis ouvert mais je n'ai pas vraiment envie de savoir ça, grogna Sirius.
— Hé bien bouche-toi les oreilles, s'impatienta Camille.
Ce que Sirius fit avant qu'aucun d'eux ne reprenne la parole. Il ne voulait pas partir pour voir comment se terminerait la conversation, il voulait aussi savoir ce que Camille pensait du fait qu'Hollander les croit si proche (cela voulait forcément dire quelque chose, non ?) mais il ne voulait certainement pas savoir ce qu'ils avaient fait ensemble.
— Donc tu as accepté, se rappela Camille d'une voix tranchante.
— Oui... Enfin, hésita Tom en jetant des coups d'œil peu rassurés à la baguette de la blonde. Est-ce que c'est vraiment grave si on a rien fait ?
— Oui !
— Écoute... Moi... Moi je n'aime vraiment pas tout ça, avoua Tom d'une voix honteuse. Pelotage et plus... Je ne sais absolument pas pourquoi, je ne vois juste pas l'utilité. C'est pour ça que j'ai accepté aussi... Enfin tu es amie avec Brand et McKinnon donc... J'ai vraiment hésité à t'en parler mais c'est juste... Je ne comprends pas ce qui m'arrive, bafouilla Tommius. Et je me disais que tu pouvais m'aider vu tes fréquentations. C'est aussi pour ça que j'ai accepté.
— Mes fréquentations ? répéta Camille.
— On sait tous qu'Aleksander et McKinnon ne sont pas normaux... Vu que tu es leur amie je me disais que tu devais savoir des choses sur...
— Sur quoi ? Leur maladie mentale ? railla Camille avec un regard menaçant. Ils sont tout à fait normaux ! Ce ne sont pas des bizarreries de la nature ou des malades mentaux.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire ! s'empressa de protester le Serpentard.
— Pourtant c'est bien ce que tu as dit !
— Ils n'aiment pas les bonnes personnes c'est tout !
— Tu t'enfonces Hollander, rétorqua Sirius qui avait débouché ses oreilles. Un problème contre les gens comme Aleks et Marlène ?
— Non... Justement je crois que je suis comme eux, désespéra Tommius.
— Alors t'es bien gay ? s'étonna Sirius. Remus avait raison.
— Remus a dit que mon copain était gay ? s'offensa Camille.
— Ça n'avait rien à voir avec toi, s'empressa de la rassurer Sirius.
— Oui comme Black l'a fait remarquer les rumeurs vont de bon train depuis plusieurs années, avoua Tommius d'une voix amère. Mais non je n'ai aucune envie de coucher avec un mec.
— Pas de filles, pas de garçons ? Tu dois bien avoir envie de quelque chose...
— Justement non et je n'ai aucune idée de pourquoi ! s'emporta subitement Hollander, une pointe de panique dans la voix. Je pensais que toi tu pourrais m'aider Camille !
— Hé du calme ! Je ne connais pas toute les sexualités moi. Je demanderai à Marlène ou un de mes amis. Mais vraiment rien ? T'es sûr que c'est pas juste... Ouais bon. C'est peut-être juste moi sinon...
— Je ne pense pas que ce soit toi, intervint Sirius en fronçant les sourcils.
— Non, bien sûr que non ce n'est pas toi. Avec aucune de mes autres copines aussi, j'en avais pas envie, avoua piteusement Tommius. C'est moi le problème. Je ne sais pas quoi faire...
— Vraiment aucun plaisir ? répéta une énième fois Sirius comme si c'était impossible à imaginer. Tu loupes un truc mec !
Tommius fusilla du regard le Gryffondor, conscient par lui-même qu'il devait manquer quelque chose, qu'il y avait quelque chose qui manquait chez lui. C'était impossible de ne pas avoir envie de coucher, à son âge n'était-ce pas ce dont chaque adolescent rêvait ? Être intime avec une jolie fille ça devait être naturel pour lui. Mais non, il n'en avait pas envie. Il se sentait malade à l'idée de se forcer. Merlin qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?
— Tu sais Sirius, certaines personnes pensent avant de parler.
— Ça doit être d'un ennui.
— Non c'est plein de tact et souvent très utile, corrigea Camille.
— Ennuyant, chantonna Sirius.
Camille sourit alors que son ami commençait à divaguer sur l'inutilité du tact et les avantages de la franchise. C'était vrai que si Sirius détestait bien une chose c'était d'être ennuyant. Si tu étais ennuyant on t'aimait forcément moins et que ferait Sirius Black si on ne l'aimait pas ? C'était son trait le plus attachant et énervant en même temps, si tu étais proche de Sirius tu devais lui donner une grande partie de ton temps, énergie et amour. Mais cela ne dérangeait pas Camille, elle trouvait ça simple de se dédier à ses amis en cas de besoin, particulièrement Sirius.
Au fond Camille n'était pas déçue d'avoir rompu avec Hollander, dès le début elle savait que leur relation ne marcherait pas longtemps. Elle avait bien remarqué qu'il n'était pas tout à fait à l'aise seul avec elle. Elle avait su dès la première semaine qu'ils ne seraient jamais bien ensemble mais elle ne pouvait tout simplement pas le dire à Hollander. Elle ne voulait pas lui faire de mal et c'était trop fastidieux de rompre. Qu'il est mis fin à leur relation lui avait enlevé un poids des épaules.
Tommius n'était juste pas son type de personne. Il était trop parfait sûrement, en dehors de son problème de sexualité. Et la perfection c'était ennuyant, non ?
***
Hey fuckers !
Premièrement, et je tiens à le crier,
l'asexualité n'est en aucun de cas un problème/trouble mental ! Si vous êtes asexuel.le RIEN ne cloche/manque chez vous. C'est une sexualité comme une autre, vous êtes totalement valide.
Ce n'était juste pas considéré comme tel dans les années 70 mais franchement à part l'hétérosexualité quelle sexualité était acceptée à cette époque ?
Même de nos jours beaucoup d'adolescents ne comprennent pas que c'est normal de ne pas en avoir envie. Mais ça l'est.
Voilà voilà... Bon alors ce chapitre vous a-t-il plu ? J'ai beaucoup aimé l'écrire surtout le match de Quidditch, très chaotique selon mon humble avis. Disons que Poudlard n'est définitivement pas un havre de sûreté. Des balles qui brisent des os ? Des sirènes capables de t'égorger ? Des acromentules mangeuses d'humains ? Oui ce n'était pas très sûr... On se demande pourquoi...
Minute !
Quelqu'un vient de me souffler à l'oreillette que les sorciers n'ont pas de Ministre de l'Éducation, mais tout s'explique ! Évidemment si on laisse Albus Dumbledore en charge de l'éducation...
Bref. Ce n'est pas une école, c'est un champ de mines.
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! À dans deux semaines pour Noël !
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