Chapitre 27 : Just Kids
1976
Chapter 27 : Just Kids
Sirius n'avait pas fermé l'œil de la nuit, Camille l'avait bien remarqué. Pourtant il devait être exténué. Mais il avait veillé pour vérifier qu'elle ne tenterait rien. Camille avait fini par lui dire de venir dormir dans le lit, la culpabilité de le voir fixer le plafond depuis le sol lui tordant le ventre. Il n'avait rien dit quand il s'était glissé sous les draps et ils s'étaient pratiquement ignorés pour le reste de la nuit. Jusqu'à ce que Camille n'y tienne plus. Elle lui avait demandé d'arrêter de la regarder comme si elle allait disparaître à tout instant. Cela faisait près d'un an qu'elle arrivait à se contrôler seule, elle savait se gérer. Elle ne supporterait pas qu'on veille sur elle comme sur une gamine irresponsable et fragile, elle s'était assez battue pour qu'on ne la considère pas fragile. Jamais.
Elle refusait que Sirius la regarde avec pitié. Elle voulait juste qu'il comprenne, pas qu'il ne la traite comme une œuvre de charité.
Ils s'étaient fait réveiller tôt par Gideon Prewett, néanmoins Sirius avait du tirer du lit son amie qui refusait de se lever. Leurs conversations de la veille et du matin résonnaient toujours dans leurs esprits. Sirius digérait toujours les révélations de cette soirée bien qu'il ait arrêté de la fixer. Il comprenait qu'elle ne veuille pas en parler au final, lui non plus ne montrait pas ses cicatrices. Qu'elle refuse de s'épancher sur le sujet ou qu'elle refuse son aide il comprenait aussi. Il n'avait pas voulu se confier au professeur Dumbledore au départ ni à personne d'autres.
En parler c'était tout aussi douloureux et dans le cas de Camille Sirius ne voyait pas comment il pouvait l'aider. Elle gérait seule depuis une année, de quel droit il proclamait pouvoir l'aider ? Ce n'était pas comme pour lui, la douleur de son amie ne venait pas de l'extérieur. Elle venait de l'intérieur, insidieuse, invisible mais destructrice.
— Vous avez bien dormi les enfants ? salua Edgar.
Il était assis derrière une tasse de café et une assiette pleine de bacon. Malgré ses cernes et ses traits tirés, il trouvait la force de leur sourire par dessus son journal.
— On fait la Une ? lança Sirius en évitant la question.
— Voldemort fait la Une, se renfrogna Edgar. Et le Prévôté... Je vais bientôt devoir partir, c'est la catastrophe au Ministère. Le Prévôt a décrété l'état d'urgence et a décidé de couper les ponts avec l'Angleterre.
— Quoi ? s'exclama Sirius.
— Ils nous abandonnent ?
— Après l'attaque d'hier on peut difficilement trouver cette réaction absurde. Tout le monde est sur le pont et essaie de sauver le peu de relations diplomatiques qu'il nous reste avec la France. Bagnold n'arrête pas de me harceler de hiboux, elle m'a envoyé deux Beuglantes pour me hurler de "ramener ma baguette au Magenmagot". Prenez du bacon, je viens de le faire.
Camille tira une chaise et s'assit en face du Haut Juge. Sirius l'imita et se plaça à sa droite, se penchant pour attraper la théière.
— Thé ? proposa-t-il.
— Non merci. J'ai horreur du thé noir, je le fais pour Cassie.
— Et toi, Camille ? Camille.
Camille cligna des yeux et secoua la tête. Edgar eut un petit sourire et poussa la cafetière jusqu'à elle sans quitter des yeux son journal.
— J'ai horreur du café, maugréa-t-elle.
— Moi aussi, tu veux du jus d'orange ? offrit William à l'autre bout de la table.
— Bordel ! Ça va pas de faire peur comme ça ! T'es là depuis combien de temps Sunner ? jura Camille.
— Depuis le début. Sympa de m'avoir remarqué. Pancakes ? Vous avez des têtes à faire peur.
— Balance les pancakes Sunner, soupira Sirius.
Le Gryffondor ne se fit pas prier et fit glisser l'assiette remplie de pancakes et de morceaux de bacons jusqu'aux deux amis. Ils s'empressèrent de remplir leurs propres assiettes à ras-bord et de s'empiffrer goulûment.
— Tu vas avoir deux jolies cicatrices dis donc, Light, commenta William.
Sirius lui adressa un regard exaspéré alors que la blonde vidait son verre de jus de pomme en un trait.
— Toi aussi si tu continues, fit-elle avant de replonger dans son assiette.
— J'ai toujours su que t'étais pas une petite sainte innocente...
— T'es debout depuis combien de temps, Sunner ?
— Depuis cinq heures. Je suis insomniaque et en plus j'avais super mal à l'épaule. Vous allez mieux d'ailleurs vous ? Entre ta cheville, tes côtes, vos nez et le fémur de Black, vous avez du passer du temps avec Goldstein et Dearborn.
— Apparemment ma cheville sera guérie demain grâce à toi. Mais après tout tes commentaires si charmants, je ne vais pas te remercier. Après tout t'as simplement fait ton job, décréta Camille en lui adressant un sourire mauvais.
— C'est ce que j'appelle de l'ingratitude, s'offusqua William.
— Je vais devoir garder une attelle pendant une semaine mais merci quand même Sunner.
— De rien, prends exemple sur ton copain Light.
— Il est huit heures du matin, tu veux pas simplement manger en silence ? désespéra Camille.
— Non. J'adore parler.
— Ah non. Toi tu te tais !
William se retourna pour envoyer son plus beau sourire à Marlène qui venait de rentrer dans la cuisine. Cette dernière le fixait avec un air sombre et des yeux brûlants.
— Tu m'as saoulé pendant trois heures hier, maugréa-t-elle.
— Tu exagères on s'est bien amusé, Marlounette.
— Monsieur Bones, pourriez-vous dire à Sunner de se taire ? Je ne suis pas assez réveillée pour l'entendre babiller des imbécilités, Prewett m'a réveillé en me criant qu'il y avait un feu.
— Toi aussi il t'a fait le coup du feu ? soupira Sirius en se resservant du thé. J'ai quand même du traîner Camille du lit, elle refusait de se lever.
— S'il y avait un feu, on l'aurait senti ! Et on est des sorciers ou merde ? Il aurait pu l'éteindre seul son putain de feu, grommela Camille en levant les yeux au ciel.
— L'instinct de survie c'est pas son truc, dit Sirius avec un regard sombre.
— Vous avez encore dormi ensemble ? releva innocemment Marlène.
— Encore ? répéta Edgar en fronçant les sourcils.
Camille et Sirius échangèrent un regard. La Serpentard se remit à manger pour éviter de répondre. Sirius reposa sa tasse de thé en pestant contre elle.
— Au cas où, grommela-t-il.
— Au cas où quoi ? Des Mangemorts débarquent et le prince doit sauver la princesse ? se moqua Marlène.
— Sachant qu'on sait tous que la princesse c'est Sirius, glissa William.
— On ne voulait pas dormir seuls. C'est tout, décréta Camille. C'est comme dormir avec une peluche, non ? C'est réconfortant.
— Je comprends, dit Edgar en interrompant Marlène d'un geste de la main. La première nuit après une attaque de Mangemorts n'est facile pour personne.
— Ils... Est-ce que Narcisse a retrouvé le... Capucine ? demanda Camille.
Pendant un instant, elle avait failli dire "le corps" mais le mot s'était retrouvé coincé dans sa gorge. Elle avait soudainement eu l'image d'un Narcisse figé au-dessus du corps immobile et égorgé de sa petite sœur. Elle s'en moquait bien de la réaction de son oncle et sa tante mais penser à la douleur de son cousin lui donnait un coup dans l'estomac. C'était le seul qui avait apporté des fleurs pour décorer la tombe d'Emma, Camille ne l'oubliait pas.
— Ton oncle est le premier à l'avoir vu, répondit William.
— Et ta tante. Elle s'est mise à hurler... Narcisse c'est son frère ? Je crois qu'il a refusé de voir le corps. Il répétait que ça ne pouvait pas être sa sœur, ajouta Marlène avec plus de délicatesse.
— Les Belby sont venus les aider et nous ont demandé de tes nouvelles Camille, lâcha Edgar. Ils avaient l'air vraiment inquiets...
— Inquiets mon cul, s'emporta Camille en déviant la conversation. De quoi ils seraient inquiets ? Que je balance ce que j'ai entendu lors de leur petite réunion ?
— Inquiets qu'on n'est pas encore retrouvé ton corps.
— C'est des bons acteurs.
— Tu restes leur nièce.
— Je m'en fiche, rétorqua-t-elle en séparant chaque mots. Théodore était parmi les Mangemorts. Je l'ai vu au quatrième étage qui hurlait des ordres.
— Theodorus ?
— Théodore, corrigea Camille, le saint-fils.
— Je demanderai à Sturgis de se pencher sur son cas, déclara Edgar en notant son nom sur un morceau de journal. Tu ne nous l'as pas dit hier soir lors des rapports.
— Je viens de m'en souvenir, admit Camille. Mais je suis sûre que c'était lui, je sais reconnaître mes cousins quand même.
— Moi je reconnais jamais les miens, lâcha William en mastiquant une saucisse. Je comprends pas non plus quand ils parlent, leur accent est catastrophique.
— Plus que le tien ? s'amusa Sirius.
— Voyons mon gars, mon accent c'est de l'eau par rapport aux leurs, se moqua William en forçant son accent texan.
— Et il parle toujours, pesta Marlène en s'asseyant à l'opposé du blond.
— Même à l'autre bout de la table tu n'échapperas pas à ma voix mélodieuse, prédit William, toujours avec un fort accent.
— Et si je te coupais la langue ? menaça la Serdaigle avec son couteau à beurre.
— Ça l'empêchera pas de parler, lança Camille.
— Tu peux toujours essayer McKinnette.
Marlène le fusilla du regard alors que William tournait joyeusement sur son tabouret à roulette.
— J'adore ce siège !
— Mais c'est pas possible ! ragea Marlène.
— Salut... Qui a fait du bacon ? J'espère que c'est pas Gideon, la dernière fois il a confondu... Marlène, pose cette spatule ! ordonna Benji Fenwick.
— Alors fais-le taire Ben', rétorqua Marlène en pointant William avec la-dite spatule.
Edgar fut secoué d'un petit rire derrière son journal alors que Camille essayait de ne pas recracher son jus de raisin. Sirius piquait sa saucisse en observant le visage railleur de Sunner et celui enragé de McKinnon.
— Marley, ça va pas de crier à cette heure ? grogna Helen en rentrant dans Benji. Y'en a qui dorment.
— Va pas me faire croire que t'as dormi cette nuit, maugréa Marlène en désignant Benji.
Si un sourire fier vint étirer les lèvres de Fenwick, Sirius eut le plaisir de voir les joues de leur professeur si sadique se colorer en rouge. Elle ignora le regard entendu que lui envoya son fiancé et se contenta d'attacher rapidement ses cheveux.
— Ce n'est pas pour nous que je parle, marmonna-t-elle.
— Vous inquiétez pas professeur, le reste a déjà été réveillé par Prewett. Il beugle dans toute la maison, rassura William. Votre sœur peut m'assassiner en toute quiétude.
— J'en suis extrêmement soulagée. Repose la spatule, Marlène.
Marlène s'exécuta et se rassît à contrecœur, vaincue par le ton autoritaire de son aînée. Le professeur de Défense Contre les Force du Mal lança un bref regard à Sirius et Camille qui les observaient avec des sourires peu discrets. Helen rougit de plus belle et marmonna une excuse avant de se retourner. Benji l'attrapa par la hanche et l'embrassa brièvement avant de la laisser repartir, elle le fusilla du regard alors que les élèves se remettaient à ricaner.
— J'attends toujours vos devoirs sur les maléfices informulés, rétorqua Helen. Vous avez intérêt à me rendre des parchemins sans fautes, vous avez tous des cours supplémentaires avec le WORLD.
— On avait un devoir ? releva William.
— Par Merlin, William ! Elle l'a répété six fois, désespéra Camille.
— J'écoute pas les dix dernières minutes, se justifia William.
— Moi j'ai Remus comme meilleur ami. Impossible d'oublier.
— Ça ne nous surprend pas du tout, Black.
— J'imagine que McKinnon est encore plus sévère avec toi Marly ?
— Comment tu fais pour trouver des surnoms si ridicules ? Ma sœur adore me mettre des Acceptables. Elle me dit que si j'étais en Amérique je serais première de la classe. Vieille harpie.
— C'est comme ça que tu parles de ta sœur ? releva Benji en embrassant la Serdaigle sur la joue.
— Tu es la seule bonne chose qu'elle n'est jamais faite, Ben.
Benji s'esclaffa bruyamment en s'asseyant à côté de sa future belle-sœur, l'air léger malgré la nuit dernière.
— À quand le mariage ? demanda Edgar.
— Le 31 juillet, leur apprit Fenwick avec un sourire. Comme ça toute la famille sera libre.
— Vous comptez inviter toute la famille ? Par ces temps ? Ce n'est pas très sûr.
— Un mariage par ces temps, c'est une bonne nouvelle, non ? S'il vous plaît ne me privez pas de ça, Monsieur Bones, une fois mariée Helen ne sera plus sur mon dos, grogna Marlène.
— Tu repars quand Edgar ? lança Benji en se penchant sur la table.
Edgar froissa le papier et replia le journal d'un mouvement souple. Il consulta du coin de l'œil le cadran de sa montre en bronze et soupira.
— Dans un quart d'heure, Bagnold est déjà suffisamment stressée je ne vais pas la faire attendre trop longtemps. Bon je vais réveiller mes deux enfants légitimes. Surveille mes quatre autres Benji.
— Pas de problème.
Edgar se leva prestement et déposa son assiette dans l'évier avant de sortir, sa tasse remplie de café toujours dans sa main. Benji se retourna vers les enfants, craquant nerveusement ses doigts. Camille et William grimacèrent à l'entente du son mais se retinrent de tout commentaire. Ils n'étaient pas vraiment familier avec le professeur d'Oxford. William ne l'avait jamais rencontré et le reste ne l'avait que peu fréquenté mis à part Marlène. Son rôle de professeur faisait de Benji un membre à mi-temps qui passait peu de temps au Q.G. Il avait du donner un ou deux cours aux élèves mais ils n'avaient jamais participé à des entraînements ou des missions de routines avec lui.
— Bon voici le programme, débuta Benji. Tout d'abord : vous êtes en vie. Félicitations !
Il fut accueilli par des regards sombres et irrités de la part adolescents en face de lui. Leur manque d'entrain visible fit vaciller brièvement le sourire de Fenwick mais le professeur se reprit rapidement.
— Ne faites pas cette tête...
— On n'est pas tous en vie, rappela avec humeur Camille.
— Je me focalise sur les membres de le WORLD. Essayons de voir le chaudron à moitié plein s'il vous plaît, demanda Benji en se frottant la nuque.
— Comment va Aleks ? s'enquit Camille.
— En vie comme je l'ai fait remarquer plutôt.
— En vie en bonne santé ou en vie à moitié mort ?
— Fort heureusement il pourra marcher aujourd'hui. Bref le programme : Helen vous ramène à Poudlard avec Prewett et Goldstein dans une heure. Les cours auront déjà commencé donc il n'y aura pas grand monde. Pas besoin de mentir dites que vous étiez au bal, de toute façon avec vos blessures vous pouvez difficilement trouver une autre excuse. N'en parlez pas trop, esquivez le sujet quand vous pouvez. La version officielle c'est que vous y étiez grâce à vos familles et ça ne surprendra personne. William tu diras que tu y étais en tant que volontaire pour Sainte-Mangouste. Vous avez été pris dans l'attaque comme le reste des invités, vous n'avez rien à voir avec "la mystérieuse organisation qui a apporté son aide aux Gendarmes en difficulté" pour citer la Gazette. Vous êtes des victimes collatérales. Surtout Brand pour tout vous dire, c'est son état qui va soulever le plus de questions. Vous avez croisé des Mangemorts et... Ça ne s'est pas bien terminé.
— Dans la version officieuse qui lui a fait ça ? intervint Marlène.
Benji se tut, l'air embarrassé. Sirius sentit ses poings se serraient instinctivement. Il les cacha sous la table pour dissimuler sa colère mais Camille le remarqua et dût retenir le sourire cynique qui lui vient aux lèvres. Elle savait déjà que c'était un de ses deux cousins, c'était gentil de leur part d'essayer de la préserver de la réalité mais c'était surtout inutile.
— C'était Rabastan, demanda-t-elle. Ou Rodolphus ?
— Rabastan, avoua Sirius.
— J'aurais du le pousser de cette falaise quand on était gosses, grommela Camille en repoussant son assiette.
— Aleksander dort toujours mais il ne va pas tarder à se réveiller. Je doute qu'il t'en veuille pour ce qu'il s'est passé, Light.
— Je sais, marmonna Camille. Lui non.
— Nous non plus, avança Benji en fronçant les sourcils.
— À part Fabian, le corrigea Sirius. Et Podmore sûrement. Mais on a l'habitude, surtout Castiel.
— Ils ont un peu de mal avec... Vos liens familiaux. Mais ça s'améliore vraiment, bientôt ils s'en ficheront, assura Benji.
— Bel optimisme, admit Camille. Mais ça ne va pas changer de sitôt, ça c'est sûr... Ils nous détestent, c'est pas grave. À part peut-être le jour où ils décident de nous laisser en arrière à moitié morts.
— Ça n'arrivera pas. Ils sont peut-être méfiants mais pas sans-cœur.
— Si vous le dites...
— Revenons-en au programme, glissa William. Une fois à Poudlard on retourne directement en cours ? Parce que commencer la journée avec Binns ça me dit moyen.
— Vous n'êtes pas les seuls élèves qui se sont rendus au bal, tout les élèves au-dessus de treize ans avaient le droit de s'y rendre sous autorisation de leurs parents. Certains vont obtenir la journée libre en raison de "stress émotionnel du à l'attaque". Vous, vous vous rendez directement à l'infirmerie. Si Pomfresh accepte que vous partiez vous avez la journée libre. Sinon vous suivez ses instructions.
— Et les autres ? Alice, America ?
— Ils sont rentrés hier soir, un peu après le couvre-feu durant les rondes de Blue et de Weasley. Comme Blue est en lien avec nous il n'y avait personne pour poser des questions gênantes. Aucun n'avait de blessures sérieuses mis à part Graves et Cassiopeia. Un maléfice bénin à l'épaule et des Stupéfix en pleine poitrine.
— C'était quoi leur mission à eux ?
— Confidentiel, Sunner.
William soupira bruyamment en se laissant aller contre sa chaise tel un enfant. Sirius se contenta de fixer ardemment Benji. Le professeur dût se tourner sur la gauche pour échapper au regard brûlant de Black, bientôt rejoins par celui de Light.
— Je ne vous dirai rien, refusa Benji.
— Allez Ben, roucoula Marlène. Pour ta future belle-sœur ?
— Oui allez Ben, charma Sirius en battant langoureusement des cils.
— Hors de question. La confidentialité des missions c'est la protection de notre organisation.
— C'est le dicton de Maugrey tu penses ? glissa Camille à Sirius.
— Non, son dicton c'est "vigilance constante", la rabroua Sirius. Suis un peu Camille.
— Pardon, pardon...
— Moins il y a de personnes connaissant l'identité de nos membres et les moyens qu'on utilise, plus nous sommes à l'abris de Voldemort et de ses foutus Mangemorts.
— On soutirera des infos aux autres au pire, maugréa Marlène.
— Non Marlène, coupa brutalement Benji. Personne ne soutirera aucune information, je ne plaisante pas. Moins vous en savez, plus le WORLD est protégé. Ce ne sont pas simplement vos vies dans la balance, il y a d'autres membres dans cette organisation qui risque énormément en se battant. Les gouvernements sorciers de l'Est sont beaucoup moins tolérants que les nôtres, certains sorciers qui nous aident peuvent être exécutés pour trahison rien qu'en étant vu avec l'un de nous. Alors non, vous ne communiquez pas de détails sur vos missions même entre vous parce qu'à n'importe quel moment une information cruciale peut filtrer même avec la plus grande des précautions. Cette règle s'applique tout particulièrement à vous. Vous êtes jeunes et pas forcément discrets. Est-ce que c'est compris ?
Les adolescents hochèrent la tête, néanmoins frustrés de ne pas savoir ce qu'il s'était passé.
— Voyons tout le monde sait que discrétion c'est le deuxième nom de Sirius, railla une voix.
Les yeux de Camille étincelèrent et sa tête se tourna à toute vitesse vers l'encadrement de la porte. Elle se leva précipitamment, renversant pratiquement sa chaise et jurant bruyamment. Sirius la rattrapa de justesse avant qu'elle n'atteigne le sol.
Camille l'ignora et alla se jeter dans les bras de son meilleur ami, toujours appuyé contre la porte. Aleksander grimaça mais répondit à son étreinte avec toute la force qui lui restait dans le bras droit. La Serpentard s'excusa et jura à nouveau en voyant son attelle. Le batteur se contenta d'un sourire fatigué, des cernes creusant ses yeux et ses traits tirés déformant son visage.
— Salut.
— Tu as réussi à dormir Aleks ? s'enquit Camille. Tu as une tête à faire peur.
— Ouais, Doge m'a... Je crois qu'il m'a drogué, se rappela Aleksander en fronçant ses sourcils.
— Ça ne m'étonne pas.
— Toi par contre tu n'as pas dormi. Tu ressembles à un ours koala.
— Panda, intervint William. Ça s'appelle un panda, mec. Pas un ours koala.
— Elle a compris le message, c'est ce qui compte.
— Alors ? Combien de temps l'attelle ?
— Dix jours si je suis chanceux. Un mois dans le pire des cas, grommela Aleksander. Fais plus vague comme estimation sérieux !
— Au moins t'es en vie, lança Marlene.
— Merci Marlène de toujours être là pour nous remonter le moral, soupira Camille en prenant Aleksander par l'épaule. Toi tu vas manger, on dirait une asperge qui marche.
— Je te compare avec un animal mignon et moi j'ai le droit à une asperge ? s'indigna Aleksander.
— C'est dans ces moments-là que je suis sûre du fait que vous n'êtes qu'une bande d'adolescents immatures, lança une voix aussi amusée que fatiguée.
— T'es pas partie ! s'exclama une voix d'enfant avec excitation. Maman pose-moi j'vais dire bonjour à Camille !
— Je te pose si tu arrêtes de courir dans tout les sens, compris mon cœur ?
— Oui Maman.
— Susie ! Dépêche de toi de venir manger ton petit-déjeuner ! ordonna Cassiopeia en reposant John à terre. Vous partez bientôt !
— J'arrive ! s'agaça Susie depuis le couloir. De toute façon c'est même pas toi qui nous accompagnes !
Le petit garçon se précipita à toute vitesse vers les deux Serpentards et Cassiopeia soupira bruyamment, une main sur le front. Un sourire attendri fit frémir ses lèvres lorsque John tendit ses mains pour qu'Aleksander le mette sur ses épaules. Le Serpentard se contenta de le dévisager avec gêne.
— Euh... Je ne peux pas te porter. Désolé. John c'est ça ?
— Oui ! Tu peux me prendre sur tes épaules ? Je pourrais toucher le plafond comme papa !
— Aleks a mal au bras, mon cœur, intervint sa mère. Laisse-le.
— Pourquoi t'as mal ?
Aleksander se tourna vers Camille avec confusion. Elle se contenta d'hausser les épaules.
— Parce qu'on m'a torturé avec de la magie noire ? hésita Aleks.
William et Camille posèrent un même regard exaspéré sur le Serpentard. Mais Aleksander avait l'air trop intimidé par le nain d'un mètre qui se tenait devant lui pour le remarquer. Cassiopeia eut l'air furieuse en entendant la remarque d'Aleksander mais John se tourna vers elle avant qu'elle n'ait pu déverser sa colère sur le Serpentard. Les mains sur les hanches, le petit garçon lui adressa un regard aussi accusateur que celui qu'elle avait jeté à Aleks.
— Maman. Tu lui as pas fait le bisou magique ?
Cassiopeia cligna des yeux avant de soupirer en se frottant le front. Néanmoins un sourire menaçait d'éclore sur ses lèvres rouges. Susan profita de ce moment pour rentrer dans la cuisine et roula les yeux face à la remarque de son petit frère.
— Ça ne marche pas les bisous magiques, John.
— Ça marche quand je tombe de mon vélo, protesta John.
— C'est parce que maman guérit ta plaie en même temps avec sa baguette, espèce de génie !
— Susie, réprimanda sa mère. Ne sois pas méchante avec ton frère.
— T'es toujours pour lui ! Tu vas pas lui faire croire toute sa vie aux bisous magiques, non ? Il est pas si idiot, il va s'en rendre compte à un moment !
— Susan, ça suffit ! Tu manges ton petit-déjeuner en silence et tu arrêtes de me répondre, gronda l'Auror.
— J'ai pas faim !
— Oh que si mademoiselle, tu vas manger au moins un fruit. Je vais te préparer une orange...
— Je déteste les oranges !
— Susan...
— Ça sert à rien, je m'en vais.
— Susan reviens ici !
— Non ! Si tu veux tellement me voir t'as qu'à rester Maman ! Moi je vais à l'école, à samedi prochain !
Susan sortit en furie de la pièce sans même adresser le moindre regard au reste des personnes dans la cuisine. Cassiopeia l'appela et finit par se mettre à sa poursuite, reposant le torchon qu'elle avait sorti pour nettoyer le comptoir plein de miettes.
— Susan ! Susan Amélia Bones, reviens ici immédiatement ! Je suis ta mère, tu m'obéis jeune fille !
— Elles se disputent tout le temps en ce moment, marmonna tristement John. Susie est tout le temps en colère...
— C'est la crise d'adolescence, ça passera ne t'inquiète pas John, rassura Camille.
— Adolescence ?
— C'est quand tu es plus grand, quand tu deviens adulte.
— Moi aussi je serai méchant avec Olivier plus tard ? s'inquiéta John.
— Pas forcément. Mais bon je n'ai pas frère et je ne parle pas beaucoup avec mes sœurs donc je suis pas le meilleur exemple. Dis t'es comment avec ton frère Aleks ?
— Demi-frère, corrigea-t-il machinalement. Notre seul point commun c'est qu'on déteste sa mère. Mais on s'amuse bien. Johan peut être cool quand il ne se la joue pas sorcier aguerri de Durmstrang.
— Tu vois John, tu seras peut-être gentil avec Olivier.
— Moi aussi j'ai un petit frère, lança Sirius.
— Et tu veux en parler ? Vraiment ? Vous êtes infects l'un envers l'autre, décréta Marlène. Même mes frères sont moins vicieux entre eux.
Sirius se renfrogna mais son intervention eut pour mérite d'attirer l'attention de John qui trottina joyeusement jusqu'à sa chaise. Sirius lui jeta un regard méfiant.
— Tu veux quelque chose le gnome ?
— Tu me portes sur tes épaules ? demanda John avec un immense sourire. Toi aussi t'es grand !
Aleksander s'esclaffa à ces mots jusqu'à ce que Camille lui donne un coup de coudes dans les côtes.
— Putain, ça fait vraiment mal Camille ! jura Aleks en se tenant les côtes.
— Bien sûr que Sirius est grand. Mais toi t'es un géant.
— Ne te plains pas Camille. Toi au moins tu dépasses le mètre soixante, soupira Marlène.
Sirius soupira mais abdiqua et se leva de sa chaise.
— Deux minutes seulement le gnome, d'accord ?
— Ouais !
— Allez grimpe.
John alla se mettre sur la chaise puis glissa ses jambes de pars et d'autres de la tête de Sirius. Le Gryffondor tangua légèrement sur ses propres jambes et fusilla du regard Marlène qui s'étouffait de rire sur un des ses toasts. John laissa échapper un petit cri triomphant quand il toucha le plafond de sa petite main potelée.
— Oh, le grand rebel de Gryffondor réduit à un babysitter, railla William. Dis donc Black t'as l'air d'avoir de la pratique avec tout ça ?
— Tu sais dès que le gnome redescends j'ai de nouveau les mains libres Sunner. Alors fais gaffe à ce que tu dis.
— Je suis pas un gnome ! C'est vous qui êtes tout petits ! babilla John. À part lui là !Pourquoi ton œil brille ?
Aleksander fronça les sourcils en se rendant compte que John le désignait.
— Mon œil brille ?
— Tu ne t'es pas regardé dans un miroir ? glissa Camille.
— Non. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a mon œil ?
— C'est ton œil droit. Ton iris est presque blanc, lança Sirius. Genre gris très clair. Allez tu redescends maintenant gamin !
— Cinq secondes de plus !
— Non. Descends.
John soupira mais s'exécuta et redescendit sur la chaise en boudant. Sirius se craqua la nuque et étira ses épaules, masquant une grimace de douleur. Aleksander s'était emparé du miroir de poche de Fenwick et s'observait avec choc. Ses amis ne disaient rien, le laissant s'habituer à sa nouvelle apparence. Camille avait été la seule prévenue et donc la seule à ne pas tressaillir à sa vue lorsqu'il était entré. Aleksander ne l'avait pas remarqué.
— Pourquoi... Qu'est-ce qui s'est passé ? balbutia le Serpentard en fixant son reflet.
Son iris droit était désormais d'un gris tellement clair qu'il n'en apparaissait presque blanc, créant un contraste saisissant avec son autre iris complètement noir. Une cicatrice brune déchirait sa peau juste en dessous de sa paupière partant du milieu de son nez jusqu'à ses cheveux.
— Un effet secondaire des sorts qu'on t'a jeté selon Caradoc, lui apprit Benji. Et du sort que tu as reçu à ton visage. Tu arrives toujours à voir de cet œil ?
— Oui... Enfin c'est un peu flou mais je pensais que c'était parce que je venais de me réveiller.
— Alors ça c'est une bonne nouvelle, s'exclama joyeusement Benji.
— En quoi c'est une bonne nouvelle ? Mon œil est... Je sais pas ce qu'il est ! Complètement défiguré !
— Selon les estimations de Caradoc tu devrais être aveugle de cet œil. Si c'est juste un problème de vue mineur, c'est bien.
— C'est sûr pourquoi devrait-il se plaindre d'avoir perdu sa si bonne vue ? Les lunettes et les lentilles c'est vraiment le bonheur, rétorqua Camille.
— Pourquoi il est de cette couleur ?
— Ça te donne un style, le réconforta Marlène.
— Un style de quoi ? D'apprenti mage noir ? gronda Aleks.
— Plus d'élève de Durmstrang, suggéra Sirius. Ça colle à ton personnage en tout cas. Déjà qu'avant tu faisais flipper, là je peux t'assurer que plus personne va vouloir t'emmerder maintenant.
— Moi je trouves ça stylé ! déclara John. T'es super cool.
— Tu vois même le gnome le dit !
— Je suis pas un gnome !
— Cette cicatrice n'est pas importante, Aleksander. Elle s'effacera sûrement avec le temps.
— La couleur aussi ?
— Ça nous n'en sommes pas sûrs, admit Benji.
— Vous n'êtes sûrs de rien en fait ?
— On fait de notre mieux, on n'est pas des experts en magie noirs nous.
— Comment ça "nous" ? attaqua Sirius. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Brand a étudié à Durmstrang, on pensait qu'il aurait plus de connaissances dans la matière. On ne sait même pas quel sort Lestrange lui a jeté.
— La magie noire n'est pas interdite à Durmstrang mais on ne l'étudie qu'à partir de quinze ans depuis Grindelwald. Et je suis parti à douze. Donc non je ne sais pas ce que Lestrange a utilisé, coupa froidement Aleks.
— Dommage. Savoir ce qu'il t'a fait nous aiderait beaucoup. Et vous deux vous savez ? demanda Benji à Sirius et Camille.
— À chaque vacances je jette au feu tout les livres de magie noir que les Black m'offrent, lui apprit Sirius en s'assombrissant. Je ne touche pas à la magie noire tant que je peux l'éviter.
— C'est louable. Light ?
— T'as entendu des formules précise Aleks ?
— C'était vague, si je la vois ou si je l'entends je la reconnaîtrais mais sinon impossible de m'en souvenir.
— On cherchera dans des livres de la Réserve, déclara Camille. Tu te souviens au moins de la langue ?
— Ni grec, ni latin c'est tout ce que je peux affirmer. C'est vraiment flou...
— On trouvera la formule et on vous l'enverra Fenwick, décida Camille. On trouvera le moyen de te guérir Aleks.
***
— Vous devriez vous dépêcher d'aller à l'infirmerie. Gideon et Dorothy ne peuvent pas rester longtemps ici. Ça soulèverait trop de questions, décréta Helen, une main sur la lourde porte de Poudlard.
— Tu l'as Black ? s'enquit prudemment Gideon.
— Je peux marcher seul. Je ne suis pas handicapé, gronda Aleks.
— C'est exactement ce que t'es, rétorqua Camille. Par Merlin y'a quelque heures t'étais mort Aleks. Mort.
— Et je vais mieux maintenant, s'exaspéra-t-il.
— Dit-il en tenant à peine sur ses jambes, glissa mollement Sirius. T'inquiète je te rattrape si tu tombes Brand.
— Va te faire foutre Black.
— Helen tu fais bien en sorte qu'il se rende à l'infirmerie ? s'assura Dorothy.
— Aleks y ira. De force s'il le faut, promit Camille.
— Bien sûr le farfadet, ricana le Serpentard.
— Aleksander si j'entends que tu n'y es pas allé, la prochaine fois qu'on se voit je lâche Cassiopeia et Fabian combinés sur toi, menaça Gideon.
Aleksander soupira silencieusement et finit par lâcher un hochement de tête obéissant face au regard incendiaire que lui adressait l'Auror. Gideon eut un sourire satisfait face à sa capitulation et se tourna vers Sirius et Camille.
— Bon les gamins prenez soins de vous. Black, je voudrais m'excuser pour Fabian. Il est de mauvais poil en ce moment mais il n'aurait pas du s'acharner sur toi ni sur Castiel. Heureusement que ton cousin est plus raisonnable que toi Light parce que sinon mon frère aurait aussi fini à travers une fenêtre, se moqua-t-il.
— Tu leur as dit, accusa Camille en fixant Sirius.
— Oh je vais ressortir cette anecdote pendant longtemps prince charmant, promit Sirius avec un sourire malicieux. Sauter d'une fenêtre du deuxième étage c'est toujours cocasse.
— T'es sûr que ton Fabian ne veut pas le balancer lui par une fenêtre ? suggéra Camille à Gideon en désignant Sirius du doigt.
— Je lui proposerai.
— Hé mais non ! Il est vraiment capable de le faire !
— En tout cas vous restez hors de danger vous deux. Vous ne lancez pas les hostilités avec les Serpentards par exemple, ordonna Dorothy par-dessus l'épaule de Gideon.
Sirius émit un bruitage indigné et posa une main sur son cœur avec horreur. Camille se contenta de désigner vaguement sa propre insigne de Serpentard sur sa robe comme si cela constituait d'une explication en elle-même. Gideon s'esclaffa et se détourna de la conversation pour rejoindre Aleksander. Le Serpentard avait toujours l'air aussi pâle et malade sous son uniforme fraîchement lavé par Leopold durant la nuit. Il se tenait affalé contre le mur en attendant ses amis.
— Vous voulez me priver de mon seul bonheur dans ma triste et misérable existence ? L'unique lueur de joie dans ma pathétique vie ? Martyriser les Serpentards c'est ma raison de vivre !
— Je suis juste là, grogna Camille. Monsieur Gryffondor.
— Tu sais très bien que tu ne comptes pas.
— C'est fini de martyriser quoique ce soit Black, coupa Dorothy. Déjà parce que je n'approuve absolument pas ce genre de comportement. Et parce que vous ne devez en aucun cas attirer l'attention sur vous et par extension sur l'Ordre après hier. Et finalement parce que ça va devenir plus dangereux.
— C'est déjà dangereux, si vous saviez...
— Je ne parles pas de petites farces idiotes entre élèves Black. Je parle d'apprenti mages noirs ravis de remettre à leur place quelques traîtres à leurs sangs. Ce n'est plus un jeu, Black. On sait tous que les Serpentards regorgent de futurs Mangemorts et qu'ils n'ont aucune morale les empêchant de vous faire du mal dans ce château. Vous devez être prudent, certains Mangemorts vous ont peut-être reconnu hier malgré les sorts sur vos visages. S'ils savent à l'extérieur de Poudlard, ils savent à l'intérieur aussi. Donc maintenant vous êtes de potentielles cibles. Vous devez faire plus attention.
— Poudlard est sous la protection d'Albus Dumbledore, même les futurs Mangemorts ne sont pas assez fous pour se dévoiler à ses yeux, soutint Camille. Ils sont cinglés mais pas stupides.
— Comme toi.
—Très sincèrement, la ferme Black.
— Albus n'est pas la solution miracle, lâcha Dorothy avec gravité. À Poudlard c'est peut-être là où il a le moins de pouvoir. Un gamin vous fait du mal, il ne peut pas le renvoyer et vous savez pourquoi. Ça l'enverrait droit dans les bras de Voldemort. C'est aussi pour ça qu'on vous a ramené à Poudlard vous les américains. Light et Aleksander vous êtes des Serpentard, vous êtes des leurs, vous pouvez faire bouger les mentalités bien plus qu'Albus ne pourra jamais. À Poudlard vous êtes notre plus grand atout. Rendez-vous utiles au lieu d'empirer la situation. Surtout toi Black.
Sirius ne répondit pas pour une fois et se contenta d'un regard agacé en direction de Dorothy Goldstein. Il avait déjà décidé qu'il ne lui obéirait pas. Il savait déjà s'y prendre avec des Mangemorts aguerris, ce n'était pas Evan Rosier qui allait l'effrayer. Depuis qu'il avait croisé la baguette avec Bellatrix l'été dernier chez ses grand-parents il se rendait compte que tout les duels auquel il avait participé à Poudlard étaient d'un niveau enfantin. Quant à changer les mentalités...
— Bonne chance pour convaincre Rosier qu'il faut faire ami-ami avec les nés-moldus.
— Ne vous inquiétez pas pour Rosier, j'en fais mon affaire, intervint William près d'Helen et Marlène. Il ne me résistera pas.
Le Gryffondor leur offrit un sourire éclatant, cherchant à démontrer ses grands talents de charmeur. Camille ne put retenir un éclat de rire.
— Laisse la drague à Black honnêtement, conseilla Marlène avec dégoût.
— McKinnon dit vrai. Les sourires charmeurs c'est pas ton domaine, ajouta Aleksander. Laisse ça aux pros.
— Vous êtes juste jaloux. Mais d'accord Black gagne là dessus. Tu t'occupes de Rosier.
— Ce n'est pas vraiment Sirius le plus qualifié pour ça, lâcha distraitement Aleks. Soit on le déteste, soit on l'adore et dans le cas de Rosier c'est la deuxième option. Moi j'en connais un autre qui en serait capable.
— Ah bon ? Depuis quand ? s'indigna Sirius. C'est qui alors ?
— Lupin.
Sirius s'étrangla et adressa un regard offusqué à Camille. Elle se contenta d'hocher affirmativement la tête bientôt rejointe par les exclamations approbatives de William et Marlène. Aleksander semblait particulièrement fier de lui.
— Remus ? répéta Sirius. Mon meilleur ami Remus Lupin ?
— Le seul gentleman de notre promotion, affirma Camille. C'est Marley qui me l'a dit.
— En même temps vu les mecs dans notre année, ce n'est pas un exploit, fit remarquer Marlène.
— Lupin ? Le loup-garou ? lâcha Gideon. Vraiment ?
La conversation mourut sur ses lèvres alors que Dorothy, Marlène et William écarquillaient les yeux. McKinnon particulièrement fixa l'Auror avec choc. Sirius et les Serpentards se figèrent à l'entente des mots de Prewett. Le Gryffondor jeta un regard paniqué à Camille. Cette dernière se contenta de se tourner vers William et Marlène avec appréhension et l'air défensive.
— Remus n'est pas un loup-garou, s'empressa de protester Sirius.
— Bien sûr que si ! Albus m'en a parlé, argua Gideon. On a discuté de toutes les potentielles recrues. Évidemment que je sais que Remus Lupin est un loup-garou.
— Sérieux Prewett ? soupira Camille en enfouissant son visage dans ses mains.
— Lupin est un loup-garou ? répéta lentement Marlène. Remus le seul gentleman ? Remus mon partenaire d'Etude de Runes ? Remus celui qui refuse qu'on fasse travailler les elfes de maisons et veut qu'on prépare nous-mêmes nos encas ? Ce Remus Lupin ?
— Non ! protesta Sirius. Non c'est... Remus est... Enfin c'est Remus !
— Laisse tomber Sirius, c'est trop tard, abandonna Aleksander. Ils ne sont pas stupides non plus.
— Il y a un loup-garou à Poudlard ? interrogea Dorothy d'une voix blanche. Ce n'est pas dangereux ?
Sirius, Aleksander et Camille s'accordèrent pour lui envoyer le même regard incendiaire qui la fit reculer d'un pas. Gideon semblait se rendre compte que toutes les personnes présentes n'étaient pas au courant de l'identité de Remus Lupin et se réfugia dans l'ombre réconfortante d'un mur pour échapper au regard accusateur d'Aleksander. Il se contenta d'hausser les épaules avec gêne en sortant par habitude un paquet de cigarettes. Helen fixait d'un air sombre et impatient sa montre.
— Je fais plus confiance à Remus qu'à la majorité des élèves de cette école, affirma Sirius. Il n'est absolument pas dangereux. Il plie ses chaussettes bordel !
— Bien sûr qu'il est dangereux, Black. Comme tout les loup-garous, intervint Helen, irritée. Chaussettes ou non. Humain il est tout à fait inoffensif mais une fois par mois il devint dangereux. Et évidemment on a mis en place des mesures, Dorothy. On ne laisse pas un loup-garou se balader dans le château une fois par mois et bouffer tranquillement des élèves ! Maintenant est-ce que ça vous dérangerez de rentrer et d'aller à l'infirmerie ? Je dois faire mon rapport à Albus.
— Oui ça me dérange ! s'emporta Marlène. Je refuse de rentrer tant qu'on m'explique pas ce qu'il se passe par la barbe de Rowena !
— Rowena n'a pas de barbe, fit remarquer silencieusement Camille. C'était une femme.
— Toi tu te tais ! Tu savais et tu m'as rien dit, accusa Marlène.
— J'allais pas te le dire, c'est pas mon secret ! se défendit Camille.
— D'ailleurs comme tu sais ? Tu connais Remus depuis moins de trois mois !
— Si on s'en fiche de cette conversation on peut rentrer ? demanda William.
— J'aimerais bien, grogna Helen.
Marlène s'empara du bras de William, qui laissa échapper un bruit indigné, et le retint de force près d'elle.
— Toi tu restes avec moi et tu t'indignes avec moi !
— Mais je m'en fiche de Lupin, protesta William. Sans vouloir vous offensez Sirius, Aleks.
— C'est Sirius qui me l'a dit, dénonça Camille.
— Tu savais toi, lança Sirius à Aleks.
— Je sais beaucoup de choses sur vous quatre, s'amusa Aleks. Sirius c'est bien l'étoile du chien, non ? Ton nom veut littéralement chien noir.
Marlène commença à se disputer avec William, ce qui devait faire la septième fois depuis qu'ils étaient ensemble vu les doigts qu'Helen levaient. Sirius laissa échapper un sourire incrédule face aux yeux pétillants du Serpentard.
— Même ça tu le sais ? lança-t-il, une pointe d'admiration dans la voix.
— Les Maraudeurs ont très peu de secrets pour moi. Même si j'aimerais bien savoir comment vous faites pour vous refournir chaque semaine en chocolat.
Sirius esquissa un sourire mystérieux, le principal trait des Maraudeurs. On pouvait être sûr qu'avant chaque mauvais coups, durant chaque escapades ils aborderaient ce sourire si enrageant.
— Je te le dirais plus tard, promit Camille.
— Camille, râla Sirius. Comment tu le sais ça ? Je te l'ai pas dit !
— Je vous ai suivi, sort de Désillusion idiot. D'ailleurs est-ce que Remus se nourrit d'autre chose que de chocogrenouilles ? s'inquiéta-t-elle.
— Poudlard avait beaucoup moins de ragots à mon époque, remarqua Dorothy toujours l'air inquiète.
— On est né dix ans trop tôt, confirma Gideon. Quoique Andy et Tonks c'était suffisamment de ragots pour cinq ans.
— Ah oui, la fuite des amoureux interdits, se remémora Dorothy avec un sourire nostalgique. Digne de Shakespeare leur histoire.
— Moi le seul souvenir que j'ai d'eux ensemble c'est quand je les ai surpris en train de se bécoter dans une salle vide, grimaça Sirius.
— C'est bon les enfants, votre crise est passée ? Bon maintenant on rentre, soupira Helen. Vous dites au revoir et après c'est bon.
— Je dis pas au revoir à des traîtres qui me cachent des secrets importants, s'emporta Marlène en rentrant dans le château devant sa sœur.
La professeur s'engouffra dans le château à la suite de sa sœur cadette, l'air exaspérée. William ne tarda pas à les rejoindre, c'était le seul qui semblait être totalement indifférent à la condition de Remus. Après tout en tant que fils de nés-moldus il ne devait pas être très familier avec les loups-garous et leur supposée monstruositée. Lupin aurait pu être à moitié poulpe, le Gryffondor n'en aurait pas grand-chose à faire. Aleksander se releva avec l'aide de Gideon qui lui glissa quelques mots à l'oreille avant de le relâcher. Le Serpentard le fusilla du regard et se dirigea mollement vers la porte d'entrée.
— Bien Light, je pense que tu vas sûrement garder les cicatrices sur tes joues. Mais demande à Poppy si elle peut faire quelque chose pour celles sur tes bras. Nous étions à court de baume réparateur et elle en a sûrement dans la réserve, lui appris Dorothy en tendant à Camille une enveloppe. Et remets-lui cette lettre c'est pour Aleksander. Traitement spécial.
— Je m'en doutais, rétorqua Camille en attrapant la lettre.
— Black fais attention à ton fémur, pas d'escapade dans la Forêt Interdite cette semaine.
— Mais comment vous savez tout ça ?
— Helen nous informe de chacun de tes exploits, leur apprit Gideon. C'est très divertissant.
— J'appellerais ça des imbécilités plutôt, renifla dédaigneusement Dorothy. Tu devrais utiliser tout ce temps libre pour t'entraîner plutôt. Comme ça la prochaine fois Dearborn et moi on ne passera pas des heures à te rafistoler.
— J'y songerai, railla Sirius.
— D'ailleurs le coup du pré c'était grandiose Light, complimenta Gideon.
— Je sais, répondit-elle modestement. Bon on va y allez avant que McKinnon ne revienne nous disputer. Viens Sirius.
— Ouais, ouais...
Gideon et Dorothy les regardèrent s'en aller jusqu'à ce qu'ils bifurquent à une extrémité du hall. Les élèves présents dans l'entrée levèrent les sourcils à leur passage et quelques regards perplexe tombèrent sur les deux adultes dehors. Ils se contentèrent de rebrousser chemin et de retourner vers le portail pour regagner Pré-Au-Lard.
— Ils vont garder beaucoup de cicatrices ? demanda silencieusement Gideon.
— Un peu. Je ne t'apprends sûrement rien de nouveau en te disant que c'est Aleksander qui en gardera le plus. Avec d'autres effets secondaires.
— Je sais. Caradoc m'en a parlé. Et les autres ?
— Light en aura deux aux joues, quelques unes aux bras sûrement. Black en a une de la mâchoire jusqu'au cou. Évidemment il y a celles sur son dos mais je ne peux rien faire pour ça... On a fait de notre mieux pour les rétrécir au maximum. Pomfresh va sûrement les faire disparaître en quelques jours. Je m'inquiète surtout pour les côtes de Light et le fémur de Black. Leurs os restent un peu faible.
— Ne t'inquiète pas Pomfresh sait y faire avec les côtes, s'esclaffa Gideon. Après un match en quatrième année, elle m'a réparé trois côtes fêlées en même temps. Une virtuose des os cassés cette infirmière.
— Je ne sais pas si elle saura gérer les crises d'Aleksander par contre. Dearborn a passé la nuit à rédiger son traitement et les mesures qui devront être prises pour lui. Il compte repasser quelques fois dans les semaines qui suivent. Pauvre gosse...
Gideon ferma les yeux brièvement, les cris d'Aleksander résonnant dans ses oreilles, la conversation qu'il avait eu avec Edgar cette nuit lui revenant brusquement à l'esprit.
— Ils sont trop jeunes, c'était une mauvaise idée de les recruter, regretta-t-il. Il suffisait de voir Light après coup elle était complètement sonnée. Ils sont trop jeunes !
— Jeunes mais efficaces Gideon. Et nécessaires. Light était peut-être sonnée après coup mais Edgar m'a dit qu'elle a réussi à repartir se battre même après un Doloris et ce qui est arrivé à sa cousine. Ça force le respect. Alors oui ils sont jeunes, ils sont sonnés... Mais j'ai rarement vu des sorciers aussi impliqués et acharnés dans un combat. Et ils apprennent plus vite que la plupart des adultes que vous avez recruté.
— Ils vont finir par se tuer comme ça. Parfois il faut savoir lâcher prise.
— Franchement tu es le plus mal-placé pour me dire ça Prewett. Dis toi que plus tard tu seras soulagé de les avoir de ton côté, de savoir qu'eux ils ne te laisseront pas tomber face à une bande de Mangemorts. Ces gamins sont notre plus grand atout : talentueux, doués et surtout loyaux. Plus on les recrutes jeunes plus il y a de chances qu'ils restent complètement fidèles à la cause, non ?
— C'est ignoble. C'est comme des agneaux qu'on enverrait à l'abattoir bordel ! Par Godric, c'est des enfants pas des morceaux de viandes !
— On doit gagner cette guerre Gideon. Peu importe le prix, rétorqua Dorothy. Ce ne sont pas que leurs vies en jeu, ce sont celles de tout les sorciers de Grande Bretagne.
— Voldemort ne se fera pas battre par un gamin ! s'indigna l'Auror.
— Qui sait ? Ils sont doués, tu ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Au moins avec eux on a plus de chance de survivre contre lui. C'est notre meilleur arme Gideon. Peut-être qu'ils ne le vaincront pas mais les avoir de notre côté c'est le premier pas vers la victoire. De toute façon ce qui est fait est fait, nous n'avons pas le temps pour les remords. Fais confiance à Albus Dumbledore, il a défait Grindelwald après tout. Il gagnera la guerre une deuxième fois.
— Tu ne t'es jamais demandé comment il avait fait pour vaincre le plus puissant mage noir que l'histoire n'ait jamais connu seul ? Tu ne t'es jamais demandé si notre sauveur était vraiment tout à fait innocent dans cette histoire ? Quand je vois ce qu'il fait pour gagner cette guerre... Je commence à douter qu'il soit le supposé « bien » de l'histoire. Qu'est-ce qu'il est prêt à sacrifier pour la victoire ?
***
Hey fuckers !
Joyeux anniversaire de mort à James et Lily en retard ! 🎃
Oui ce n'est pas très agréable comme salutation. Je reprends : comment étaient vos vacances ? Mais surtout : comment ça s'est passé votre reprise ? *evil smirk*
Plus sérieusement je pense réduire mes chapitres à 8 000-9 000 mots (soit environ 80-90 pages) pour être sûre de garder le rythme. Je suis désolé pour ceux qui aimer mes chapitres à 13 000 mots, c'est fini... Mais au moins je serai à l'heure ! (Normalement.)
Merci à tout ceux qui ont pris le temps de répondre au questionnaire, ça m'a fait très plaisir de lire tout vos commentaires. Je tiens d'ailleurs à dire que peu importe quel ship vous soutenez pour l'instant, je doute que ce soit ceux que j'ai choisi en endgame. Toutes les relations amoureuses vont devenir assez complexes donc ne prenez rien pour acquis ! ;) Je compte vous surprendre tout au long de cette fanfic.
[ J'ai commencé à travailler sur un bonus sur les sœurs Black sur le côté pour me motiver, je viens de le commencer donc je ne le posterais pas de sitôt mais je vous ferais signe quand je l'aurais posté ! :) ]
À dans deux semaines !
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