Chapitre 20 : Idiots Masqués


31 Octobre 1976

Chapter 20 : Idiots Masqués

Camille ne savait pas si elle était excitée ou irritée par tout cette histoire de bal. D'un côté ça promettait de la bonne nourriture, une nuit de rires et de la musique, d'un autre côté ça voulait aussi dire être crevée, faire la conversation et sortir de son lit. Quoique la dernière obligation ne la dérangeait pas trop...

Dans son dortoir, c'était un véritable champ de bataille entre Lysoria Greengrass qui râlait parce qu'elle y allait avec un fils de "sangs de bourbes", Rosie Dice qui courrait dans tout les sens, America qui criait de joie dans son oreiller et Ophélie Parkinson qui jugeait chaque tenue. Lysoria se prit d'ailleurs un maléfice de la part de Camille et elle tomba de son lit à la renverse, ses jambes devenues bleu électrique.

Ophélie dût donc l'emmener à l'infirmerie, abandonnant ses critiques peu constructives. Camille resta sur son lit, son sourire satisfait dissimulé derrière son livre. Elle poussa même le vice jusqu'à suggérer que c'était l'oeuvre de Lorelai Fawley contre qui elle avait une dent. America lui lança un regard sévère qui fut vite démenti par son grand sourire.

Oh que oui, Dumbledore avait bien réussi son coup. Mettre James et Lily ensemble ainsi qu'Aleksander et Remus était un coup de maître. Mettre America et Fred ensemble était du génie, ils se tournaient autour depuis le début de l'année et ça devenait presque ennuyant à regarder.

Camille avait aussi compris sa tactique vis à vis des partenaires de différentes années. Alice, Marlène et Emmeline, qui soutenaient toutes les trois la lutte contre Voldemort, avaient été placées avec des sang-purs aux idées extrêmes. Quant à associer Xenophilius Lovegood à sa grande soeur Sophie Light... Camille avait rit aux larmes pendant des heures en voyant leurs noms côte à côte.

Décidément Dumbledore l'impressionnait. Bien sûr qu'il avait essayé de les unir face à l'adversité même pour un projet aussi fut-il qu'un bal. De nombreux couples ne faisaient aucun sens, Dimitrius Nott et Jina Jordan par exemple, sauf si on prenait les paroles du directeur au sens littéral. Nott et Jordan, deux noms opposés, un défenseur des nés-moldus, l'autre véhiculant des idées noires, ensemble. Dumbledore voulait nouer des amitiés entre des sang-purs traditionnels et des sorciers plus tolérants pour essayer de changer les mentalités de la plupart de ses élèves. Bien sûr aucun élève né-moldu n'avait été mis avec ce genre de sang-purs, trop risqué sûrement. Un plan de génie.

Sauf qu'elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle était avec Sirius... Dumbledore aurait pu la mettre avec Flint ou même Zabini, pour continuer ses plans. Ou mettre Sirius avec eux. Pourtant ils avaient fini ensemble. Ils s'entendaient déjà très bien, ça n'avait pas de sens... Le directeur aurait du tirer parti de chacun de ses membres. Mais bon, elle n'était pas en charge. Elle pouvait faire confiance à Dumbledore pour avoir un but caché derrière leur couple. Peut-être... Envoyer un message à leurs familles respectives ? Mais quel message ? Oh, elle n'en n'avait aucune idée... Peut-être qu'elle allait chercher trop loin, elle avait toujours eu une imagination débordante. Quant à cette mystérieuse personne qui l'aimait bien, elle harcelait constamment ses amis pour qu'ils lui disent mais ils se contentaient de lui jeter des regards amusés sans lui répondre. Et Sirius esquivait habilement ses questions.

Elle en avait marre, elle voulait savoir. Elle avait caressé l'idée de verser du Veritaserum dans leurs verres mais c'était trop difficile de s'en procurer. Quant à l'Imperium se serait mal vu. Pareil pour le chantage ou les maléfices. Donc la tactique du harcèlement était sa dernière option, seulement cela devenait vite lassant et elle abandonnait facilement, frustrée et énervée.

Ce qui améliorait considérablement son moral c'était que ce soir elle pouvait s'habiller comme elle le voulait vu que c'était un bal costumé. Camille avait été déçu de se rendre compte que la plupart des filles voulaient mettre des robes de soirée raffinées tout comme les garçons. Elle avait vite abandonnée son idée de costume à thèmes.

Camille et America avaient donc du opté pour autre chose. Marlène et Lily avaient également décidé de ne pas y aller en robe. Lily l'avait décidé ainsi parce qu'elle y allait avec James et qu'il était hors de question qu'elle se fasse belle pour lui alors que Marlène trouvait ça dommage de s'habiller en robe alors qu'elle pouvait venir enroulée de papier de toilette. America avait néanmoins décidé de bien se préparer, après tout elle y allait avec Fred, elle ne voulait pas tout gâcher en se présentant couverte de mouchoirs.

Camille était soulagée d'être avec Sirius. Alors certes elle devait faire un effort de présentation parce qu'elle refusait d'être éclipsée par le Maraudeur et sa beauté ridiculement parfaite, mais au moins elle était avec un ami en qui elle avait confiance. Si elle lui marchait sur les pieds ce n'était pas grave et elle n'avait pas à surveiller ses paroles ou son language. Bien sûr, elle était un peu déçue de ne pas être avec Tom mais les deux garçons étaient relativement différents. Et avec Tom, elle n'agissait pas forcément naturellement. Elle faisait plus attention, c'était agaçant. Alors oui, c'était honteux à avouer mais elle était soulagée d'être avec Sirius plutôt que lui. Et soulagée que Sirius en soit si content. À chaque fois qu'ils se croisaient ou mangeaient ensemble, il lui adressait de grands sourires et parfois même un clin d'oeil qui l'amusait beaucoup.

— Qu'est-ce que tu vas mettre Camille ? lança America depuis son lit, sa baguette faisant voleter son costume.

— Sirius va se déguiser en sa mère. Apparemment il n'a rien trouvé de plus flippant. Du coup je me suis dit que j'allais me déguiser en mon père. Mais... Ses robes sont immondes, je refuse de porter quelque chose avec si peu de style. Donc j'y vais en truc moldu, je veux voir la tête de Sophie quand elle me verra ! Et toi ?

America fit léviter son costume jusqu'au lit de son amie qui sourit en le reconnaissant.

— En Farfadet ? Sérieux Ricky ?

— L'Irlande a la meilleure équipe de Quidditch. Allez ! Je porte haut et fort nos couleurs, nous les Trois Farfadets !

— Je suis si fière de toi, railla Camille. Bon je te laisse, Marlène m'a dit qu'elle m'aidait pour mon costume.

— Bonne chance, évite de te faire enrouler de papier toilette.

— Pauvre Regulus quand même.

***

— Même pas une petite robe ?

— Non ! Je reste comme ça !

— Mais voyons Lily, un bal c'est une fois dans notre vie !

— Y'en a deux en un an, qu'est-ce que tu me racontes comme connerie ?

— Mais tu n'as rien mis comme costume !

— Si. Je suis déguisée en moldu.

— Mais...

— Parce que je suis une sorcière, une vraie. Je peux bien me déguiser en moldu donc.

— C'est bien Lily ! Pas besoin de bien s'habiller pour ce bal à la noix !

— Je suis d'accord.

— T'es bien habillée, toi, Georgie.

— Il n'empêche que je suis d'accord avec Marlène.

— Bon Marlène, reprends-toi ! Tu vas pas sérieusement y aller habiller comme ça ?

— Oh que si MacDonald ! La momie c'est très en vogue en ce moment.

— Ça a toqué. Qui va ouvrir la porte ?

— J'y vais ! lança Marlène. Ça doit être Camille.

Marlène se précipita vers la porte et l'ouvrit brusquement. Camille, de l'autre côté, recula légèrement et la dévisagea avec des yeux ronds avant qu'un petit rire ne la secoue.

— Oh j'étais sûre que tu le ferais vraiment ! Juste s'il te plaît ne m'enroule pas dans du papier toilette.

— Bien sur que non, on aura l'air stupide si on y va toute les deux pareilles. J'ai une autre idée pour toi et pour énerver Black. Allez entre.

Camille la suivit dans la pièce, fermant la porte derrière elle et observa les occupants de la pièce. Lily la regardait avec un air de défi, assise en tailleur sur son lit, vêtue d'un tee-shirt Rolling Stones et d'un jean à trous. Des converses rouges et une veste en jean venaient compléter sa tenue, ainsi qu'un trait d'eye-liner sous ses yeux.

À côté de son lit Mary était habillée en infirmière de Sainte-Mangouste à la robe trempée de sang. Alice se tenait dans un coin, un oeil dissimulé par un cache oeil et un faux crochet remplaçant sa main gauche, un pantalon noir et une chemise à flanelle complétant son déguisement. Elle était vraisemblablement déguisée en pirate.

Georgina avait revêtu une robe des années 40 avec des plumes dans les cheveux et un bandeau autour de son front mais quand elle souleva son jupon Camille aperçut des chaussures aux bouts en fer. Jina était habillée en voyante avec une robe qui lui arrivait aux genoux, un foulard multicolore dans les cheveux et de grosses créoles aux oreilles.

— Tu n'es pas habillée Light ?

— Non c'est Marlène qui s'occupe de moi. Chouette costume Evans. Joli crochet Weasley. Et j'adore ton foulard Jordan.

Pour toute réponse Lily lui adressa un sourire rayonnant, ravie que quelqu'un reconnaisse sa tenue comme un vrai déguisement. Alice agita dédaigneusement son crochet, un sourire aux lèvres et Jina caressa sa batte de Quidditch, l'air déçue.

— Ne t'occupe pas de Jina, elle voulait y aller en joueuse de barballe...

— Baseball, corrigea Lily.

— ...pour pouvoir assommer Nott avec sa batte.

— Mais quelle idée merveilleuse ! se réjouit Camille.

— Qui se serait soldée par des heures de retenues, dit sagement Lily. Ce n'est pas réglementaire.

— Parce que les escarpins de Finnigan sont réglementaires peut-être ?

— Disons que je suis parée à tout éventualité. Pansy Zabini a intérêt à surveiller ses gestes, menaça Georgina. Hors de question qu'une fille me touche comme ça... C'est dégoûtant.

Marlène et Camille lui jetèrent immédiatement le même regard incendiaire qu'elle ne sembla pas remarquer. À la place, elle frissonna puis salua ses colocataires et descendit.

— Qu'elle se marche sur les pieds, lâcha Camille.

— Après six ans de cohabitation on s'habitue, marmonna Lily. C'est dommage sinon en somme c'est une bonne personne. Les gens ne sont juste pas très tolérants dans ce monde. En plus en Écosse les actes homosexuels chez les moldus sont toujours interdits par exemple. La sodomie est passible de prison. Heureusement, on a reconnu le GLF comme un parti politique en 1971. Bon il est vrai ils ont été assez violent lors de la Fête des Lumières mais bon, les deux côtés avaient tort et comme l'Eglise est... Bon, je vous ai perdu quand ?

— À sodomie. Ça veut dire quoi ? demanda Alice, très intéressée alors que Lily rougissait subitement.

— C'est le nom de l'acte sexuel pour d'eux hommes ensemble, expliqua Marlène, le visage indéchiffrable. Moi à partir de GLF, j'ai rien compris...

— Gay Liberation Front, clarifia Lily.

— Comment tu connais tout cela ?

— Ma tante est homosexuelle. Elle m'en a parlé, m'a passé des journaux dessus même.

— Et c'est passé avec ta soeur ?

— Pas très bien, admit Lily, gênée. Elle a jeté les journaux que ma tante lui a donné. Mais au moins, elle ne l'a pas dénoncé aux autorités.

— Je ne comprends pas... Pourquoi ta soeur aurait dénoncé ta tante ? demanda Alice.

— Parce qu'elle est malade voyons, ricana Marlène. C'est horrible ! Contre nature d'aimer son prochain ! D'aimer une personne du même sexe !

— Brûlons les homosexuels, renchérit d'un air sombre Camille. Qu'ils aillent rejoindre Satan. Néanmoins je pense que tu as tort Evans, le monde sorcier est plus tolérant que les moldus sur ce point. Surement parce qu'on est plus habitué aux persécutions. Prends les États-Unis et le MACUSA, ce sont eux qui ont souffert le plus de leur statut de sorcier dans le monde occidental... Et leur nouveau chef des Aurors est ouvertement homosexuel. Certes beaucoup de gens ont essayé de le faire renvoyer mais il a été soutenu publiquement par un membre de poids du MACUSA, Auguste Calderon, et d'autres chefs de Départements.

— Milicent Bagnold a lancé un décret contre la discrimination des homosexuels avec Edgar Bones l'été dernier, leur apprit Marlène. Bon il a soulevé beaucoup de protestations et a été rejeté par plus de la moitié mais c'est un début...

— Vous êtes drôlement bien informées dis donc, décréta Alice, amusée par le ton docte de ses camarades.

Marlène et Camille échangèrent un regard gêné. Lily continuait de réfléchir à ce qu'avait dit ses amies alors qu'Alice souriait doucement, l'air intéressée.

— Je vois ce que tu veux dire Camille. Tu veux dire, qu'en tant que sorciers on se sent plus proche des homosexuels parce qu'en certains points on est similaire ? réfléchit à voix haute Lily.

— Disons que ce n'est pas forcément une idée de similarité, commença Camille, sa voix lente alors que ses pensées s'ordonnaient. Plus une idée de... Solidarité encore une fois. Les sorciers, comme les homosexuels, connaissent ce sentiment de persécution. Par l'Eglise surtout. Mais tu dois admettre que peut-être que les sorciers acceptent mieux les homosexuels, pas forcément parce qu'ils sont tolérants, mais plus par colère ou haine contre les moldus. « Si les moldus les détestent, nous on les aimes ! » Ce qui n'est pas top comme raison...

— Pourtant ils font pas ça avec les nés-moldus, commenta aigrement Jina.

— Les homosexuels sont rejetés plus par dégoût je pense. Alors que les nés-moldus c'est plus de la peur qu'autre chose. Les sorciers ont toujours été persécutés par les moldus, rien qu'aux États-Unis la situation a tellement dégénéré que le mariage entre moldus et sorciers a été interdit, donc ils se méfient de leurs enfants. Je ne dis pas qu'ils ont raison ! Je dis juste que... Qu'ils ont peur. Que le passé leur a appris à ne pas faire confiance aux moldus et nés-moldus. C'est pour ça que le cours Étude de Moldus devrait être obligatoire. Si les sorciers comprenait le peuple dont ils ont peur, peut-être qu'ils arrêteraient d'avoir peur.

— Pourquoi ils disent que mon sang est indigne alors ? demanda Lily, sourcils froncés.

— Parce que les sang-purs ont honte d'avoir peur des nés-moldus. Alors petit à petit, cette peur a été masquée par du dégoût, du mépris. Ils n'empêchent qu'avant tout, tu leur fais peur Lily. Enfin tu fais peur aux adultes qui comprennent ce que vous représentez, pas aux imbéciles de quinze ans qui croient être supérieur évidemment... Bien sûr, c'est mon avis mais je trouve qu'il a plus de sens que cette stupide histoire de pureté du sang, conclut Camille.

— Je n'ai pas tout suivi, avoua Alice.

— C'est pas grave, dit Camille. Evans a prit des notes.

Lily cacha précipitamment le bout de parchemin et la plume qu'elle tenait dans ses mains. Une légère rougeur vint colorer ses pommettes.

— Excuse-moi, c'était tellement intéressant...

— Ne t'excuse pas, c'est plutôt flatteur. Je suis prête à t'écrire ce que je t'ai dit si tu veux. Je suis plus à l'aise avec du parchemin et vos stylos qui font clic.

— Des crayons bic ?

— C'est ça ! Quelle merveille ces crayons, s'extasia Camille. Meilleure découverte de ma vie sans hésiter ! Les plumes c'est jolie mais au bout d'un moyen c'est juste chiant...

— En tout cas, si tu pouvais tout m'écrire pour que je puisse bien le lire, ce serait génial.

— Je te ferai ça ce week-end, promit Camille. Là Marlène doit me torturer... Enfin, m'habiller. Marlène ! En piste la relookeuse ! Parce que moi j'ai toujours pas de costume, râla Camille.

Marlène soupira puis poussa Camille vers un coin de la pièce. En passant Camille fit un signe de la main à Jina qui était toujours assisse sur son lit et qui avait écouté toute la conversation, les sourcils froncés. Quand Camille fut assisse sur une chaise, Jina se pencha vers elle.

— Dis, tu pourrais pas afficher ce que t'as dit dans le Hall ? Je pense que plus de gens devrait l'entendre.

Camille la dévisagea, surprise avant qu'un immense sourire ne fende son visage.

— Tu sais j'aimerais rentrer au Ministère, au Département de la Justice Magique justement pour ça. Il y a trop de suprématistes au Magenmagot. Là on va m'entendre, ne t'inquiète pas ! Et si tu marches accidentellement sur les pieds de Nott, vise les orteils.

***

— James... Ça va jamais passer. Lily va être furieuse.

— Mais non ! Elle sera ravie ! On est assorti !

— Non James ! Sirius arrête de rire, tu l'encourages !

— Mais... Le sourire édenté est incroyable !

— Contrôle toi alors. Quant à ton déguisement...

— Ah, vas-y critique Remus ! Je sais que ma mère est hideuse.

— Non, en fait ça te va plutôt bien.

— Honnêtement... Je ne sais pas si je dois le prendre bien ou pas.

— Prends-le comme tu veux, Sirius. Moi j'adore ton déguisement, James.

— Ah ! Merci Peter.

— Pete ! Ne l'encouragez pas !

— Allez viens Lunard ! Arrête de rouspéter, ton cavalier doit déjà être en bas et j'ai hâte de voir sa tête face à ton déguisement.

— Quelle idée de me déguiser comme ça...

— Oh avoue c'est drôle !

— Un peu peut-être... Mais les autres...

— On s'en fiche des autres ! S'ils ont quelque chose à redire à ton costume, on est là pour assurer tes arrières Remus.

— De toute façon, tu es très joli. Personne ne peut y trouver à redire.

Remus leva les yeux au ciel, ses joues d'un rouge soutenu et un sourire étirant ses lèvres. Sirius le regardait, une lueur appréciative dans les yeux, James le couvait du regard et Peter essayait de ne pas s'emmêler les pieds dans son déguisement de dinosaure gonflable. Edward fermait la marche, l'air amusé, vêtu d'un costume gris. Il n'avait appris que deux heures plus tôt qu'il fallait venir déguisé.

Aleksander attendait déjà Remus depuis quinze minutes dans la Salle Commune, assis dans un fauteuil, jouant avec le Vif d'Or qu'avait volé James l'année dernière et qu'il avait trouvé, abandonné, sur une table. Plusieurs filles vinrent le voir, déplorant qu'il doive y aller avec un garçon alors qu'elles auraient adoré l'accompagner, et complimentèrent son déguisement. Aleksander leur adressa des sourires polis mais son visage trahissait son agacement. Il fut finalement sauvé par l'arrivée des filles, dont Camille qui cria son nom.

Aleks se leva précipitamment, sans adresser le moindre regard aux sorcières qui l'avaient accosté et alla rejoindre son amie. Il sourit en avisant son costume. Camille avait détaché ses cheveux qu'elle avait ramenés en arrière. Elle portait un tee-shirt noir du groupe AC/DC, un pantalon noir avec une chaîne en argent, une veste en jean noir, un choker et des bottes de combat. Elle s'extasiait devant ses ongles noirs.

— Mais en quoi tu es déguisée Camille ? Il manque pas le maquillage qui va avec ?

— En Sirius. Tu ne reconnais pas son style dramatique d'emo gothique ? lança malicieusement Camille.

— Au départ, je voulais juste l'habiller en punk. Puis elle m'a fait remarquer que Black était plus emo ou même gothique alors j'ai changé, ajouta Marlène. J'ai essayé le fard à paupières ou même le rouge à lèvres noir mais ça ne lui va pas. Donc juste de l'eye-liner. J'ai eu du mal j'avoue, si j'avais su que t'étais là, je t'aurais demandé de lui faire. Tu les fais si bien tes traits !

— Je m'entraîne sur America. Tu devrais essayer aussi, c'est un modèle qui ne bouge jamais.

Marlène esquissa un sourire diabolique.

— Elle est où d'ailleurs ?

— Partie avec Fred au bal. Déguisée en Farfadet. Heureusement qu'un de nous l'a fait, ça aurait été le déshonneur sinon, fit remarquer Aleks.

— Et toi t'es déguisé en quoi ? Pour l'instant tu ressembles juste... En fait t'as juste des vêtements déchirés.

— Ahah ! Ça c'était mon idée ! dit Camille en sortant sa baguette. Il suffit d'un sort précis et...

D'un mouvement de baguette, Camille en fit jaillir des étincelles qui atterrirent sur Aleks. Soudainement, le Serpentard rejeta la tête en arrière et un hurlement de loup s'échappa de sa gorge. Pendant un bref instant, son visage se couvrit de fourrure et des oreilles pointues apparurent sur sa tête. Une poignée de seconde plus tard, les yeux jaunes du loup furent remplacés par les yeux noirs d'Aleks et son visage reprit son apparence normale. Marlène le regarda, une main sur la poitrine avec des yeux ronds comme la plupart des personnes dans la Salle Commune. Dans l'escalier Lily s'était figée à l'entente du hurlement de loup avant de se précipiter dans la Salle Commune en essayant de se souvenir si la Pleine Lune était aujourd'hui.

Elle soupira de soulagement en voyant le visage d'un loup se métamorphoser en celui d'Aleksander au visage toujours impassible. Dans l'escalier d'à côté Remus dévisageait Aleksander avec des yeux ronds. Le Serpentard se redressa quand il l'aperçut et immédiatement un grand sourire vint déformer ses lèvres.

— Remus ! T'as vu, on est assorti !

Remus le regarda avec incompréhension avant que Sirius ne se penche à son oreille pour lui murmurer quelque chose.

— On l'a prévenu pour ton déguisement.

Remus eut du mal à réprimer le soupir de soulagement qui monta en lui.

— Mais pas pour... Pour mon problème ?

— Évidemment que non. Mais franchement Remus... Aleks ne t'en voudrait pas pour ça. Il comprendrait.

— Tu ne peux pas en être sûr.

— Tu ne sauras pas si tu ne lui dit...

— Non. Je ne lui dirai pas.

— Réfléchis-y avant de dire non, conseilla Sirius.

Le Gryffondor lui donna une tape sur l'épaule avant de rejoindre Camille, posant ses mains sur ses yeux.

— Qui c'est ?

— Soit c'est cet insupportable Gryffondor nommé Sirius, soit la mort qui vient me chercher.

— C'est Sirius !

— Merde, marmonna Camille.

Remus lui lança un regard inquiet alors que Sirius riait en posant son bras sur sa tête, pas le moins du monde conscient du sérieux de son amie. Depuis leur conversation, Remus veillait sur la Serpentard avec inquiétude, surtout depuis la mort de cette Emma. Il avait remarqué que très peu de ses amis semblaient au courant du mal être de la sorcière et de cette rage qui la consumait. Seul Aleks semblait connaître les problèmes qui animaient sa meilleure amie et le Serpentard lui adressa un regard sévère. Quant à Sirius... Remus n'osait pas lui dire.

Camille lui avait interdit, arguant que son ami avait déjà assez de problèmes et qu'elle ne voulait pas s'imposer. Remus s'en était indigné avant qu'elle ne rétorque qu'il était mal placé pour la juger. Elle avait raison. Il n'avait avoué à personne sa lycanthropie, tout ses amis l'avaient découvert par eux-mêmes. C'était en partie pour cela qu'il refusait d'en parler à Aleksander, il ne savait juste pas comment le faire...

— Quelle belle capuche. Mais moi on m'avait vendu que tu serais en Chaperon Rouge pas en Cape Rouge, commenta Aleksander.

Remus esquissa un léger sourire amusé avant de rabattre sa capuche. Immédiatement ses habits se transformèrent, son jean bleu donnant place à une jupe rouge et des collants noirs. Sa chemise blanche ne changea pas par contre.

— C'est Sirius qui l'a arrangé. Je me suis dit ce que c'était plus pratique pour danser le pantalon, expliqua Remus.

Aleksander récupéra son expression de pur ravissement et le dévisagea avec des yeux pétillants et brûlants.

— Donc toi tu es déguisé en...

— En loup-garou. Tu sais le Petit Chaperon Rouge, enfin le grand dans ton cas, et le Grand Méchant Loup.

— Hé Black ! Tu t'es déguisé en détraqueur ? Ça manque affreusement d'originalité, lança Marlène, toujours couverte de papier toilette.

— Mais non ! Je suis déguisé en ma harpie de mère. C'est pourtant ressemblant non ?

Marlène et Camille le dévisagèrent lentement avant d'exploser de rire simultanément, des larmes embuant leurs yeux.

— Ah si... Je reconnais bien Walburga !

— N'empêche ça ressemble plus à un détraqueur !

— En même temps, ma mère aspire la joie de vivre de tout ce qui l'entoure...

— Potter ! Alors là je dis non ! Va te changer immédiatement !

— Mais Lily, on est assorti, dit James en désignant son costume de citrouille. Ça va divinement bien avec tes cheveux.

— Je te hais. Je te déteste. Tu m'énerves ! Qu'est-ce que j'ai fais pour me retrouver coincé avec un boulet pareil ?

— Voyons tu ne penses pas tout ce que tu dis. Allez viens Lily-jolie, on va être en retard !

— Va te changer !

— Non !

— Si !

— Non !

— Si !

— Non !

— Si !

— Non...

— James ça suffit ! Lily j'ai déjà essayé, il ne va pas le faire. Alors juste... Tentez de faire avec, raisonna Remus avec un soupir et un vague geste de la main.

— Mouais... Allez viens Potter... Mais je refuse de rester seule avec toi ! Alors tu viens aussi Marl' et toi aussi Alice ! Et toi.

— Moi ?

— Oui toi Lupin. J'aurai besoin de ta patience et de ta diplomatie pour ne pas assassiner l'idiot qui te sert de meilleur ami !

— Sirius vient aussi alors, lança James.

— Et comment ! Vous voir ensemble toute une soirée, un événement historique.

— Mais si Remus vient, alors je viens donc Camille doit venir, intervint Aleksander.

— De toute façon si j'y vais, Camille vient, décréta Sirius, son bras toujours posé sur la tête de sa cavalière.

— Donc si je reste, vous allez devoir rester avec Regulus aussi, ajouta Marlène. Et ses... Amis.

— Ça va être un beau bordel, se réjouit Camille.

***

— Non.

Ce simple mot prononcé par la voix glaciale de Regulus Black ne suffit pas à doucher l'enthousiasme débordant de Marlène. À la place elle haussa les sourcils, d'un geste plein de défi et agita ses bras couvert de papier toilette.

— Oh que si.

— Retourne te changer immédiatement, McKinnon. Je refuse de me ridiculiser en allant au bal avec... Ça, continua le Serpentard en la désignant d'un geste méprisant.

— Tu es insupportable et tellement ennuyeux... Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? Une nouvelle robe de sorcier ringarde ?

— C'est une toge McKinnon. Je suis déguisé en Hadès, le dieu grec de la mort. En tant que tel je suis prêt à te jeter des sorts considérés illégaux.

— En tant que momie, je suis déjà morte, tu peux pas me tuer.

— Par le caleçon de Merlin...

— Hadès ne tue pas, c'est Thanatos qui s'en chargeait, intervint Camille. Hadès contrôle les âmes des défunts que lui ramène Thanatos.

— Donc tu dois m'obéir, fit Regulus avec un sourire songeur. J'ai un autre sort pour ça...

— Mais pourquoi tu lui a dit ça ? s'exclama Marlène, horrifiée.

— Black, pas de mauvaise magie ou tu finiras en retenue jusqu'à la fin de l'année, menaça Lily.

— Parce que j'en ai marre qu'on confonde Hadès avec le grand méchant alors qu'il a littéralement bavé pendant des siècles sur la déesse des fleurs, rétorqua Camille. Et tout le monde oublie ce pauvre Thanatos !

— Wow... Du calme prince charmant...

— Ça ne t'énerve pas toi ?

— Euh... Pas vraiment, avoua Sirius.

— Si vous voulez un connard, prenez Zeus. Lui c'est un enfoiré. Sa femme aussi. Et leur fils, Arès. Une famille de salaud, conclut Camille avec un haussement d'épaule.

— Tiens ça me rappelle quelque chose, dit Sirius. C'est comme ma...

Mais un coup de pied de la part de Camille et de Remus suivit d'un regard pour Regulus le fit se taire. Son petit frère le dévisageait, froid et impassible comme à son habitude, pourtant une grimace dépitée tordait ses lèvres. Regulus regardait Sirius avec une amertume et un regret qui n'échappèrent qu'au concerné.

Quand il sentit le regard de son frère aîné sur lui, il masqua sa grimace par un rictus moqueur. Fauchant le coude de Marlène, il l'emmena vers la Grande Salle d'un pas rapide, rejoignant la bande de Serpentards qui semblait toujours graviter autour de lui. Marlène les fixa d'un air farouche, pas embarrassée pour deux noises par son costume face aux tenues élégantes des verts et d'argents. Elle poussa même le vice jusqu'à esquisser un sourire supérieur.

Sirius suivit Regulus du regard avec déception. Il ne lui avait même pas adressé un mot. Remarquant le désarroi de son ami, Camille passa son bras dans le sien et le dirigea sans ménagement vers la Grande Salle. Au bout de nombreuses critiques de costume ennuyant à souhait, elle finit par arracher un sourire à Sirius.

— Tu m'emmènes où d'ailleurs ? J'étais supposé rester avec James au départ.

— Mais non... On va les laisser régler leurs comptes tout seuls, ils sont assez grands maintenant. Dumbledore a raison, cette histoire commence à durer... Et moi je suis là depuis seulement deux mois.

— On va où ?

— Chercher William, on doit réviser notre discours. On passe dans quinze minutes.

— Ah oui, le fameux discours ! Tu sais j'ai...

— Non ! Pas d'ajouts de dernière minute ! Hors de question que je me retrouve en retenue pour avoir complimenter le cul de je-ne-sais-quel professeur.

— Avoue que tu tuerais pour voir la tête de tes parents face à ce motif, avança Sirius.

— Je tuerais mes parents, rétorqua Camille arrachant un éclat de rire à son cavalier. C'est quand même dommage que tu sois coincé avec moi alors que tu aurais pu y aller avec McGonagall...

— Oh je pense que malgré tout l'amour qu'elle éprouve pour moi, évidemment, elle aurait fini par enterrer mon cadavre dans la Forêt Interdite. Donc je pense que toi et moi ensemble c'est plus judici... Attends, c'est quoi cette merde ?

Sirius dévisageait avec horreur le gros bracelet en cuir marron qui venait de lui enserrer le poignet. Un petit carré brillait d'une couleur verte au milieu.

— Ah les fameux bracelets, commenta Camille en dévisageant le sien. Tu es définitivement coincé avec moi Sirius.

— Mais c'est moche, s'indigna Sirius. Quitte à nous forcer à porter un bracelet qui doit énerver la grande majorité de la pièce, autant le rendre joli !

— Ça t'énerve de le porter ? demanda innocemment Camille.

Sirius se tourna vers elle, déboussolé. Elle le regardait dans l'attente, un sourire aux lèvres.

— Non, admit-il. Ça ne me dérange pas d'être ici.

— J'espères bien j'aurais été très vexée sinon. Et tu sais que je suis exécrable quand je suis vexée, plaisanta-t-elle.

— Pire qu'un dragon auquel on aurait volé un oeuf, s'amusa-t-il. Mais ça fait partie de ton charme...

— De quoi ? Que je te frappe quand tu m'énerves ?

— C'est un privilège que tu réserves à ma personne.

— Pas vraiment, tu es juste la personne la plus énervante de mon entourage.

— Oh ! s'offusqua Sirius.

— Oh ça va, ne fais pas ton bébé boursouf...

— Je suis la personne la plus énervante point barre, corrigea Sirius. Ne réduit pas mon talent à une poignée de personne que tu connais...

— T'es vraiment spécial, ria-t-elle.

— Camille ? appela une voix derrière eux.

William Sunner apparut à côté des deux adolescents, sa main se posant sur l'épaule de son amie. Il avait l'air à l'aise, un sourire tranquille flottait sur ses lèvres. Il était habillé avec des habits un peu usés et vieillots et d'immenses chaussures.

— C'est à nous dans cinq minutes, tu as ton texte ? demanda-t-il.

— Normalement, marmonna Camille en fouillant ses poches. Trouvé ! Bon on y va, je pense que tu peux aller voir Potter en attendant Sirius. Ça risque de prendre un peu de temps. Dumbledore a fait en sorte que nos bracelets ne sonnent pas. À plus !

— Bonne chance, dit Sirius en ébouriffant les cheveux de la blonde. Petit farfadet.

— Pas touche aux cheveux Sirius, rappela Camille en réajustant ses cheveux.

Néanmoins son ton agacé était démenti par le sourire qui étirait constamment ses lèvres. Emboîtant le pas à son ami américain, elle disparut dans la foule, se frayant un passage avec des coups de pieds et d'épaules.

Sirius la regarda se démener avant de rejoindre son meilleur ami qui souriait à une Lily Evans particulièrement remontée.

— Pas de poivre dans le punch Potter ! Mais t'as quel âge franchement ?

— Ah Sirius ! Enfin quelqu'un qui sait s'amuser !

— Du poivre ? s'indigna Remus à côté.

— Toi aussi tu vas me faire la mora...?

— James y'a de la sauce pimentée ! Pourquoi tu veux mettre du poivre quand tu peux mettre de la sauce pimentée ? s'indigna Remus en remplaçant le poivre dans la main de James par la sauce.

— Je ne vous comprendrai jamais, soupira Lily.

— Bien sûr que non. Tu ne sais pas t'amuser Evans, lança Sirius.

Ce dernier se tenait au dessus du punch et y versait le contenu suspect de sa flasque. Lily lui adressa un regard interloqué avant de lui arracher le récipient des mains. Immédiatement Sirius se mit à râler.

— Evans ! Rends-moi ça ! J'ai besoin de saouler Remus pour qu'il nous chante les nouvelles chansons de Bowie.

— Hors de question !

— Une fête sans alcool n'est pas une fête.

— C'est un raisonnement d'alcoolique...

— Ah ! Merci Brand, s'exclama Lily.

—...qui me plaît, finit le batteur.

— Aleks, dit Remus avec un regard sévère. Pas d'alcool. Même James est d'accord. Et toi aussi Sirius.

— Mais...

— Sirius.

— Okay mais on va s'ennuyer, prévint ce dernier.

— Franchement la fête est plus marrante quand Camille est là, se plaignit Aleksander.

Sirius hocha la tête avec déception. Alors qu'il allait reprendre la parole, la voix reconnaissable entre milles du directeur retentit dans toute la Grande Salle.

— Bonjour à tous chers élèves ! Comme vous avez pu le constater, un bracelet est apparu à votre poignet. La lumière verte indique que vous êtes à une distance acceptable de votre cavalier ou cavalière. Lorsque ce n'est pas le cas, elle tourne au rouge et... Vous vous rendrez compte que ce n'est pas une expérience agréable. Je vous conseilles donc de ne pas vous éloigner ! De plus nous serons immédiatement au courant si un bracelet est cassé ou désenchanté. Sachez que toute tentative d'enlèvement sera punissable par les directeurs de Maisons. Pendant les vingt prochaines minutes seuls deux couples seront épargnés. Miss Light et Monsieur Sunner ont un discours à vous présenter ainsi qu'une surprise sur laquelle une poignée d'élèves a travaillé. Leurs partenaires ont donc des bracelets qui ne sont pas encore enclenchés. Cependant ce n'est pas une raison pour quitter la salle Miss Greengrass... Tout de suite, je leur laisse la parole.

Le directeur fit signe aux deux adolescents de s'approcher, leur laissant sa place derrière le pupitre en forme d'aigle. Camille et William débattaient à voix basse pour savoir qui parlerait en premier. À contrecoeur ce fut William qui porta sa baguette à sa gorge sous le sourire victorieux de la Serpentard. La voix magiquement amplifiée du Gryffondor résonna dans la salle, toujours aussi douce et sereine.

— Bonjour à tous. William Sunner en septième année à Gryffondor. Mes camarades m'ont malheureusement forcés à vous faire ce lamentable discours... Aïe Camille ! Arrête ! Bon je ne suis pas l'aîné mais apparemment je serais le plus doué. Donc on colle les génies au travail forcé... Je te l'avais dit Camille, on aurait du rester aux États-Unis.

Camille, amusée par les remarques couplés aux soupirs de son ami, se prit au jeu et posa sa baguette sur sa gorge alors que les rires fusaient.

— Je dois avouer être d'accord même si je me retiens de te jeter un Chauve Furie. Sérieux on a travaillé dur sur ces textes et tu ruines tout en cinq secondes !

— On a passé dix minutes sur ce discours.

— C'est ce que je dis, on a travaillé dur.

Les rires se firent plus nombreux alors que les élèves d'Ilvermony se chamaillaient sous les yeux désespérés de leurs camarades.

— Combien qu'ils regrettent de nous avoir désigné ? paria Camille.

— Parle pour toi ! Mon charme fait des ravages dans le public, ça ils l'ont compris.

— Dans tes rêves, attends j'aille dire à Brandt.

— Ah non ne lui dit pas ! Il va encore râler.

— Ah je vois Thomas soupirer ! Et oui Thomy ! En tant que doyen du groupe tu aurais du te rendre compte que c'était une idée nulle.

— Et mais c'est vrai. Pourquoi on a pas envoyé Graves, c'est le plus âgé ! Alors que toi tu es la plus jeune.

— Moi je ne suis pas idiote c'est pour ça.

— C'est comme ça que tu t'adresses à tes aînés ? Je vais le dire à Miller.

— T'es une plaie Sunner.

— Bon on leur dit ou pas ?

— Je ne sais pas. Je sens qu'on va encore nous critiquer.

Les plus jeunes dans la Salle commencèrent à s'impatienter et s'écrièrent "dites-le !".

— D'accord on vous le dit. En Amérique, il y a cette tradition un peu particulière d'élire un sorcier et une sorcière de dernière année lors d'un bal en juin, un bal appelé "the prom". C'était une tradition moldu mais elle s'est développé chez nous aussi. Les élèves votent pour élire le couple parfait, le roi et la reine. Un "prom king" et une "prom queen". On a trouvé cela dommage qu'il n'y ait pas ça ici. Alors on a fait un sondage parmi les élèves, faisant même participer les trois premières années pour qu'ils se sentent un peu inclus, et on a élu ces deux élèves.

James et Sirius se regardèrent, l'oeil brillant, certains qu'au moins un d'eux serait élu Prom King. Lily soupira en songeant qu'une idée idiote comme celle-ci ne pouvait avoir été mise au point qu'en Amérique. Marlène ayant réussi à traîner Regulus jusqu'à sa meilleure amie, elle parlait avec Alice, faisant des pronostics sur les élus.

— Mais avant de vous le dévoiler. Nous allons vous réciter notre discours banal et ennuyant, lança soudainement Camille avec un petit sourire.

La plupart des élèves dans la Grande Salle protestèrent et se mirent à râler alors que la Serpentard se raclait la gorge et commençait à déclamer son texte.

— Ce fut pour moi un enchantement de détacher la lettre d'Albus Dumbledore m'annonçant que je ferai partie du programme de transfert cet été. Je me souviens encore, son hibou venait de détruire ma fenêtre et j'avais reçu des éclats de verre dans mon bras. Ce fut un moment émouvant qui me mit les larmes aux yeux bien que je ne sache si c'était du à la douleur ou à la lettre. Thomas fut bien plus émotif. Je me souviens de ses sanglots de joies.

Quelque part dans le public, Thomas gémit en enfouissant la tête dans ses bras.

— Un grand moment dont je me souviendrai toujours. Bien sûr la cicatrice sur mon bras aide un peu. Néanmoins, je dois avouer que j'étais sceptique. Là où est situé Ilvermony, il fait remarquablement beau, or l'Ecosse n'est pas connu pour son soleil. Mais j'ai pris sur moi et me voilà désormais. Prête à ridiculiser vos champions anglais et écossais pour remporter le Tournoi. Quant à Serpentard... J'avoue que la Salle Commune est magnifique. J'espère presque qu'une des épreuves sera un plongeon dans le Lac Noir. Sur cela, je laisse la parole à mon camarade, sûrement pressenti pour représenter les États-Unis.

— Merci bien. Évidemment, nous sommes reconnaissants aux professeurs et à nos directeurs respectifs d'avoir rendu cette rencontre possible malgré l'humour douteux de mon am... Ouille ! D'accord, notre humour douteux, admit William face au regard outré de Camille.Cette rencontre est une chance. Nous allons pouvoir rencontrer des personnes avec qui...

— Et des cultures différentes aux nôtres.

— Parfaitement. Avec qui nous nouerons peut-être des liens solides qui se révéleront utiles pour la suite.

— Surtout compte tenu de ce qu'il se passe actuellement en Angleterre.

Cette phrase jeta un froid subite sur l'assemblée et certains professeurs se redressèrent, plus attentifs. L'attention de tout les élèves était désormais concentrée sur les deux américains.

— Il est vrai, peu de personnes en parlent car à Poudlard on est coupé du monde réel. Ici nous évoluons dans une réalité différente. Pourtant on ne doit pas oublier ce qu'il se passe dehors. Les disparitions, les meurtres, les attaques... Ici on est protégé. Mais bientôt on partira d'ici et qu'est-ce qu'il se passera ?

— Même si nous venons d'Ilvermony et que nous avons grandi en Amérique, nous sommes avant tout anglais. Et nous prenons la situation très à cœur, tout comme vous devriez le faire parce que nous sommes tous concernés.

— Et nous allons tous devoir choisir qui soutenir, que ce soit dans l'ombre ou dans la lumière. Alors il faut se souvenir qu'un seul des deux camps tue et mutile.

— Un seul des deux camps prône des valeurs contraires aux droits humains. Pour l'instant ça vous semble loin car vous êtes en sécurité mais la guerre va vous rattraper. Vous allez vous rendre compte que c'est une guerre et que la guerre ce n'est pas seulement des disparitions dans les journaux mais surtout des innocents tués, des familles déchirées...

— La guerre va vous changer mais quand il faudra choisir, choisissez ce que vous dicte votre sens de la justice, pas votre peur. Cette guerre se résume à plus de choses que de simples affrontements entre les Aurors et les Mangemorts, c'est une guerre de valeurs. Lors d'une guerre le mal et le bien n'existent pas, il n'y a pas de gentils et de méchants. Alors ne vous perdez pas dans la violence et la peur, accrochez-vous à vos valeurs, c'est la seule chose qui aura du sens lors des prochaines années. Seulement... Avant de partir à la guerre, vérifiez juste que vos valeurs vaillent la peine de sacrifier votre âme. Que vos valeurs vaillent la peine qu'on se batte pour elles. Vérifiez que vous êtes dans le camp qui est juste.

— Parce qu'une fois lancé dans cette guerre, plus personne n'a tort ou raison, déclara amèrement William.

Le regard de Camille était dardé sur ses amis, et ses yeux croisèrent ceux de Regulus un instant.

— Et surtout rappelez-vous qu'il n'est jamais trop tard.

Le visage de Regulus se tendit et ses yeux brillèrent d'un éclat menaçant.

— Il y aura toujours des gens qui vous tendront la main, conclut la Serpentard.

Même de loin elle put voir le regard de Regulus glisser un instant sur son frère aîné qui fixait Camille avec un sérieux inquiétant. Derrière lui James regardait son directeur avec ce même sérieux rare. Remus contemplait les deux américains, l'air songeur alors que Lily, Marlène et Alice échangeaient un regard. Peter se redressa, attentif.

Alors que Camille observait la réaction des élèves et surtout celle des Serpentards, elle aperçut brièvement sa grande soeur qui la dévisageait, l'air songeuse et blessée. Le coeur de Camille se serra. Sophie la regarda, les yeux brillants avant de se détourner, presque à regret. Son coeur sombra dans sa poitrine lorsqu'elle se dirigea à grands pas vers Evan Rosier qui esquissait un sourire amusé.

La colère s'empara de sa petite soeur. L'héritière des Light avait peut-être décidé de se joindre aux sang-purs mais sa soeur ne la laisserait pas sombrer. Elle la tirerait de là, qu'importe les moyens qu'elle aurait à déployer. Car si elle avait retenu une chose de ses parents... La famille avant tout. Elle aimait réellement ses soeurs et il était hors de question qu'elles se battent l'une contre l'autre dehors. Leur altercation en début d'année et l'excès de colère de Camille l'avait conforté dans son idée, Sophie pensait la même chose. Sophie l'aimait toujours. Et elle ne gâcherait pas ça. Elle allait la forcer à prendre la main qu'elle lui tendait.

— Sachez qu'élire seulement deux élèves fut compliqué. Il y avait pas mal de réponses différentes, décréta subitement William. Ah oui désolé... Changement d'ambiance. On est encore à Poudlard alors... Je propose qu'on en profite et qu'on s'amuse ce soir. Il y a assez d'horreurs dehors pour qu'on puisse profiter de la sérénité que nous apporte ce château au moins une nuit.

— On est donc tombé à dix candidats à la fin. Aleksander Brand, Sirius Black, James Potter, quelle surprise woah on est étonné pour ces trois-là, Axel Yaxley et Bobby Blue. Lily Evans, Emmeline Vance, Lorelai Fawley, Mary MacDonald et Ethel Hattaway, lista Camille en lisant son parchemin. On a donc interrogé les professeurs parce que c'était serré. Les professeurs Slughorn, Chourave, Flitwick, Brulôpot et McGonagall se sont fait une joie de nous répondre.

Le professeur McGonagall soupira en levant les yeux au ciel, renonçant à dévoiler qu'on l'avait forcé.

— Le professeur McKinnon nous a jeté dehors par contre, dénonça William. Mais dans notre grande mansuétude nous lui pardonnons. Tout comme le professeur Allopza a décrété que ce serait le professeur Dumbledore qui serait élu "prom king". Bien que j'aurais adoré pouvoir crier son nom, seul un élève l'a proposé. Quant à notre chère professeur Sinistra, elle m'a ignoré. Tout comme le reste.

— Merci donc aux participants et à Potter pour avoir proposé le professeur Dumbledore, décréta Camille. Bien les élus vont donc être annoncés. Quand les noms seront annoncés, les appelés s'avanceront pour recevoir leurs couronnes. Mais pour cela... Professeur McGonagall, pourriez-vous nous faire l'honneur d'appeler les noms ?

— Et vous professeur McKinnon pourriez-vous placer les couronnes sur les têtes des élus ?

Tout les regards se déplacèrent vers la directrice des Gryffondors qui adressa un regard suspicieux aux américains. Le professeur McKinnon dévisagea Camille avec un regard noir, n'ayant pas l'air de vouloir se lever. Elles finirent tout de même par le faire sous les encouragements de leurs collègues et se dirigèrent vers le pupitre avec dignité.

Camille tendit les parchemins pliés contenant les noms à Minerva McGonagall qui la gratifia avec un soupir d'un "merci Miss Light". Dépliant avec soin les morceaux de parchemins, elle se racla la gorge.

— La « prom queen » de ce bal est...

Le sous-directrice soupira à nouveau et un discret sourire tordit ses lèvres. William tendit alors un coussin avec un diadème à Helen McKinnon qui le fusilla du regard, lui et son sourire mutin.

— Sirius Black, Gryffondor, sixième année, décréta McGonagall à la stupéfaction générale.

Mais Sirius ne se démonta et se dirigea vers le pupitre avec un grand sourire charmeur. Il avait sortit d'on-ne-savait-où des lunettes de soleil qu'il avait chaussé avec fierté. Il semblait émaner de lui un nuage d'élégance et d'arrogance.

Alors que Sirius remontait la Grande Salle sous les applaudissements de ses camarades, Remus essayait de remonter le moral de James, lui assurant qu'il avait toutes ses chances pour être « prom king ». Quand Sirius se posta devant la professeur de Défense Contre les Forces du Mal cette dernière réprima un soupir avant de poser brusquement le diadème sur la tête du Gryffondor.

Au contact de la tête de Sirius, le diadème se mit à briller et Sirius observa avec stupeur sa vieille cape de sorcière noire et rapiécée se transformer en une longue robe rouge élégante et une cape dorée plus courte. Plus étonnant, tout les élèves de la salle se rendirent compte que cela lui allait à ravir.

Certaines filles regardèrent la robe avec envie et Mary leva les yeux au ciel en soupirant « tout le temps beau celui-là ». Cela reflétait à peu près les pensées de Camille qui l'observait avec un léger sourire, stupéfaite et ravie.

— Ah. Oui. J'avais oublié qu'elles faisaient ça nos couronnes, marmonna William en se grattant la nuque. On peut peut-être changer ta te...

— C'est pas grave, l'interrompit brusquement Camille. Ça ne dérange pas. Continuez professeur.

Le professeur McGonagall, qui n'avait pas l'air perturbée, déplia l'autre papier. Un sourire se forma sur ses lèvres quand elle reconnut le nom et elle se racla à nouveau la gorge.

— Le « prom king » est... Emmeline Vance, Serdaigle, septième année. Je crois que vous avez échangé les papiers jeunes gens...

James s'assit par terre et se mit à bouder. Remus soupira alors qu'Aleksander se tournait vers lui avec un air indigné.

— Et moi alors ? Je suis quoi, un Snargalouf décoratif ?

Peter s'accroupit à côté de James et essaya de lui remonter le moral.

Quant à Emmeline, elle avait l'air proprement terrifiée. Marlène alla la féliciter alors que Montague, son cavalier, levait les yeux au ciel et la poussait discrètement vers le pupitre. Mais à la surprise générale Emmeline refusa. Elle s'accrocha à une table, refusant de bouger et d'aller mettre cette couronne stupide. Sirius se vexa, lissant sa robe sous les coup d'oeils discrets de Camille.

Finalement James se leva et rejoignit Emmeline. Ignorant ses protestations, et celles de Lily qui était obligée de le suivre à cause du bracelet, James jeta la Capitaine sur son épaule et se dirigea d'un pas décidé vers le pupitre. La Serdaigle le noya d'injures, martelant son dos de coups de poings, alors que Lily hochait la tête à chaque insulte qui sortait de la bouche de Vance.

Elliott Montague les suivait également, pour la même raison que Lily, et ne semblait pas apprécier la tournure de ce bal déjà catastrophique pour lui. Il aurait du y aller avec Lorelai Fawley. Le seul point positif était qu'au moins Vance était la fille d'une sang-pure italienne respectée et d'un sang-mêlé influent. Ses parents ne pouvaient pas l'incendier pour sa partenaire contrairement à Lysoria Greengrass ou Dimitrius Nott qui avaient reçu des beuglantes.

— Miss Vance ! Veuillez soigner votre langage, reprocha McGonagall avec un regard sévère.

Emmeline marmonna des excuses alors que James la reposait. Voyant qu'elle n'avançait pas, le Gryffondor la poussa légèrement et elle rejoignit à contrecoeur le professeur McKinnon. Pestant contre la stupidité des américains et de leurs traditions, la professeur posa la couronne restante sur la tête de la Serdaigle. Comme pour Sirius, la couronne se mit à briller puis le déguisement de licorne de la sorcière, un défi idiot de Potter, se transforma en une élégante robe de sorcier bleue aux motifs couleur bronze. Emmeline soupira.

— Bien. Emmeline Vance et Sirius Black, couple élu du bal, déclara Camille un sourire moqueur aux lèvres. Bravo, bravo... Bon moi j'ai soif et faim. Et on a plus rien dire.

— À part bonne soirée, profitez bien et tout le bla bla, salua William. Ciao !

— Light ! Sunner !

— Oui professeur ?

— Oh pardon, vous voulez ajouter quelque chose ?

— Je... Disparaissez, soupira le professeur McGonagall.

***

Lily regardait Camille et William sans savoir comment les approcher. Il était évident, après tout ce discours, qu'ils avaient quelque chose à voir avec l'Ordre de Dumbledore.
Durant son entretien, alors qu'elle lui avait demandé pourquoi elle avait été choisi, il avait rétorqué sur un ton mystérieux qu'elle devait commencer à regarder autour d'elle.

Bien évidemment, Marlène s'était révélée toute seule. Une fois mise au courant Lily avait compris tout les messages cachés dans le comportement de son amie. Comme quand elle chuchotait parfois furieusement avec Alice sur un certain "Maugrey" ou une "Cassiopeia". Alors Lily se doutait bien que les deux américains, qui avaient été rapatriés par Dumbledore lui-même, étaient liés à toute cette résistance. Mais elle ne savait pas comment aborder le sujet avec eux.

— Evans ! On va dan...

— Non.

— Oh mais allez ! On s'ennuie, râla James. Tout les autres dansent... Même Sirius a demandé à Light.

En effet sauf que c'était Camille qui avait proposé à Sirius de danser. Avec une audace qui l'avait elle-même surprise, elle avait vaguement désigné la piste de danse et lui avait demandé de l'emmener danser. Sirius avait immédiatement accepté. Maintenant ils riaient tout deux sur la piste, dansant au son d'un groupe de musique sorcier, les Magi'Dragons.

Lily écoutait la musique d'une oreille peu attentive, déçue par le manque de musique moldu. Elle évitait aussi de s'engager dans la foule, déjà excédée d'avoir du expliquer son costume six fois.

James, bien que déçu par le comportement de sa cavalière, ne se laissa pas démonter et lui raconta des anecdotes sur lui et les Maraudeurs, cherchant à la faire réagir. Cela ne tarda pas quand après une énième blague, Lily laissa échapper un éclat de rire. Mais elle se reprit bien vite en voyant la mine réjouie de James et afficha un air détaché. James sourit légèrement.

— Quoi Potter ? soupira Lily.

— Un jour Evans, on sortira ensemble, prédit-il simplement en l'observant avec sérieux.

— Ce jour n'est pas prêt d'arriver.

— M'en fiche. J'attendrai le temps qu'il faudra. Que ce soit dix ou cent ans, je serai toujours là Lily.

Lily le dévisagea, interdite. Puis se tourna vers les danseurs pour éviter son regard. Il semblait étrangement sérieux pour une fois et un James Potter sérieux lui faisait peur. Elle savait gérer un Potter enfantin et stupide. Pas un James mature et réfléchis dans ses gestes et paroles. Au fond, elle le savait... Quand il dépasserait définitivement cette ligne entre ces deux personnalités, elle le regarderait peut-être différemment. Mais pour elle, c'était impossible qu'il le fasse au long terme.

C'était peut-être pour cela qu'elle était si dure avec lui. Quand elle voyait de brefs aperçus du garçon sérieux et gentil sous toute cette couche d'arrogance et de méchanceté gratuite, cela lui faisait du mal. Lily voyait le bon en tout le monde, James Potter n'était pas une exception. Justement il y avait beaucoup de bien en lui mais il ne l'utilisait jamais.

Elle en avait eu la preuve lors de l'épisode du Lac, quand il l'avait défendu face à l'insulte de Severus. Ça partait d'une bonne intention mais il l'avait mal fait, la façon dont il avait traité Severus était juste cruelle et méchante. Au fond c'était pareil pour Black, mais pour Potter c'était plus flagrant aux yeux de Lily.

Elle ne le détestait pas, elle était juste affreusement déçue par son comportement. Toute cette bonté gaspillée. Elle attendait patiemment qu'il change, tout comme il attendait patiemment qu'elle accepte ses sentiments pour lui.

— Pour que je ne t'assassine pas durant tout ce temps... Tu vas devoir grandir, Potter.

Elle se tourna vers ses amies et alla entamer la conversation avec Alice et Mary. James la regarda faire avec un sourire triste. Lui c'était ça sa plus grande crainte, il ne voulait pas grandir.

***

— Étonnamment c'était un beau discours mon cher prince.

— Avec ta robe, ce surnom est encore plus adapté, remarqua distraitement Camille. Pourquoi ce surnom d'ailleurs ?

— Je n'ai plus le droit à princesse parce tu refuses. Alors, j'ai opté pour prince charmant.

— J'aime bien, admit Camille.

— Tu n'as vraiment passé que dix minutes sur ce discours ?

— Non, une demi-heure. Le professeur Dumbledore nous a donné quartier libre mais... Il savait qu'on allait évoquer la guerre là-dedans. Il nous a conseillé d'écrire avec notre coeur, notre amour, bref son habituel jargon. Mais j'ai utilisé mon intellect, sinon on aurait juste insulté les suprématistes pendant vingt minutes.

— Oh... Pourquoi vous n'avez pas fait ça ?

— Parce ce n'est pas très diplomatique. Il faut les convaincre de choisir le bon camp, Sirius.

— Tu leur as conseillé de choisir le camp qui leur paraît juste, corrigea Sirius. Pas le bon camp.

— Je ne pouvais pas dire que notre camp, celui contre Voldemort, était le bon. Ils se seraient braqués. Il faut leur donner l'impression qu'on les comprends, ça les rendra plus coopératifs, expliqua Camille alors que Sirius la faisait tourner.

— De toute façon ils ne...

— Sirius. Je te le répète, il n'est pas trop tard. Tant qu'ils sont à Poudlard, ils peuvent encore basculer de notre côté. Pourquoi tu crois que Dumbledore n'a pas renvoyé Avery et Mulciber après ce qu'ils ont fait à MacDonald ? Parce que ça les aurait précipité chez les Mangemorts.

— Mais ils n'ont pas changé ! Toujours à étudier leur putain de magie noire, à insulter les nés-moldus, à mépriser les autres ! Ne viens pas me dire que Rosier va changer ? s'emporta Sirius.

— Si c'est ça que t'as sorti à Regulus, je comprends qu'il ne t'ait pas écouté...

— Je n'ai rien sorti à Reg, ça fait des années qu'on se parle plus ! Je ne lui parle plus Camille. Jamais. On s'ignore, on s'évite... Mais... On n'est plus...

— Vous serez toujours frères Sirius, protesta Camille. Qu'est-ce que tu fiches au juste ? Tu ne vois pas qu'il a besoin de ton aide ?

— Comment je peux faire ça, hein ? Je ne t'ai pas menti le premier jour, il est réellement pendu aux lèvres de mes parents, de Bella, de Lucius Malefoy ! Tous à baver sur leur salaud de mage noir... Reg ne rêve sûrement que de le rejoindre, il n'arrête pas de défendre Bellatrix ! Ce Seigneur des Ténèbres est...

— Voldemort n'est pas le problème principal ici, Sirius. Regulus a besoin de toi c'est évident, rétorqua Camille. Oh non ! Ne te braque pas, Sirius Black ! Je jure sur Merlin, tu vas m'écouter merde ! Regulus n'est toujours pas sous la coupe de Voldemort, le problème c'est les gens comme Evan Rosier. Les futurs Mangemorts qui veulent absolument un Black et comme l'héritier leur échappe...

— Ils ont déjà une Black, ça fait des années que Bella leur a plaidé allégeance, avança Sirius.

— Oh sérieux... C'est une femme. Ils veulent un héritier pas une sorcière au foyer. C'est comme ça que Bellatrix est considérée, Sirius. On est que de la chair, on est censé faire les héritiers, c'est notre seul rôle, ricana Camille. Tu vas te défiler alors qui ils vont chercher ? Qui sera obligé de les rejoindre ? Ils veulent un héritier.

— Regulus n'est pas comme eux. Et Regulus n'est pas l'héritier.

— Non. C'est toi Sirius, dit doucement Camille. Pour l'instant, ce n'est pas Regulus leur cible mais... Tu vas refuser, on le sait tous. Là ils s'intéresseront à ton petit frère, là il sera obli...

— Arrête, murmura Sirius. Arrête s'il te plaît...

Il la fixait, pâle comme la mort, l'air malade comme s'il allait vomir. La musique s'était ralentie, adoucie. Sirius s'éloigne de son amie, son esprit s'échauffant, analysant tout les gestes qu'avaient pu avoir les suprématistes envers lui. Rosier se contentait de lui sourire, parfois de le saluer amicalement comme s'ils étaient amis...

Par Merlin, Rosier devait vraiment le voir comme un ami.

Comme un futur compagnon Mangemort... Et il y avait cette mystérieuse lettre qu'il avait reçu en fin de cinquième année, signée TJ-V. Une lettre qui racontait que ses capacités magiques et son nom pouvait aider la cause de l'envoyeur. Sur le coup, Sirius avait pensé que c'était peut-être un des habituels messages cryptés du W.O.R.L.D., l'organisation du professeur Dumbledore qui était connu pour son amour des énigmes. Mais... Ça coïncidait beaucoup trop avec ce que lui apprenait Camille.

Il était sur la liste des recrues Mangemorts. Mais il allait refuser. Et Regulus... Son petit frère... C'était son nom qui allait magiquement apparaître sur la liste. Pour pallier au refus de l'aîné, ils iraient recruter le cadet.

— Il faut que tu sauves Reg, dit subitement Sirius.

— Il n'y a que toi qui peut faire ça Sirius, refusa Camille. Moi je dois sauver Sophie...

Camille sentit son cœur sombrer dans sa poitrine en remarquant l'étincelle défaitiste dans les yeux de son ami. Ça ne lui ressemblait cet air défait.

— Il ne m'écoute pas...

— Oh parce que tu crois que Sophie m'écoute ?

— Ça n'aide pas. Le fait qu'on soit tous les deux dans la merde, ça n'aide pas.

— Moi ça m'aide, avoua Camille. Mais toi tu peux te servir de quelque chose que je n'ai pas, tu sais...

— Une beauté ravageuse ?

— Non, une cheville cassée, rétorqua la Serpentard.

— Ma cheville n'est pas... AIE ! Light, glapit Sirius en s'écartant de sa partenaire pour frotter le bas de sa jambe endolorie.

— Reg t'admire encore. Énormément. Et malgré ce que tu penses, il t'aime beaucoup. La seule raison pour laquelle il reste éloigné de Rosier, c'est toi Sirius, annonça Camille d'une voix amère. Tu es son point d'ancrage dans notre côté de la guerre. Alors si tu l'abandonnes... Si tu l'abandonnes...

— Camille, souffla Sirius en voyant les yeux brillants de son amie. S'il te plaît je ne...

— Ne fais pas les mêmes erreurs que moi, Sirius. Ne l'abandonne pas, murmura-t-elle, le visage ravagé. Je l'aime. Je l'aime tellement mais je l'ai laissée partir, je n'ai jamais eu la force de me battre. Toi tu peux. Tu peux le garder avec toi. Alors... Ne gâche pas tout. Pour une fois dans ta vie Sirius, rends-toi compte de l'amour que tu reçois. Pour une fois dans ta vie, fais attention aux personnes qui t'aiment. Et si tu penses que Reg n'en fait pas parti alors fais-le pour moi. Sauve-le pour moi. Parce que tu sais que moi je t'aime.

***

Aleksander fixait son petit-ami, une moue maussade aux lèvres, depuis une poignée de minutes. Une Gryffondor au sourire niais lui faisait la conversation depuis trois minutes. Envahissant l'espace de Remus, elle avait posé une main sur son bras et le caressait sans aucune pudeur. Le Maraudeur la regardait parler, l'air perdu comme s'il ne comprenait pas ce qu'il se passait.

Aleksander se tenait sur le côté, observant avec amertume la sorcière se rapprocher toujours plus. Il n'avait fallu que trente secondes durant lesquelles il était allé chercher deux bièreaubeurres pour qu'une élève aborde le Maraudeur. D'abord amusé par la scène, Aleks avait vite désenchanté en voyant que Remus ne faisait aucun geste pour s'en aller. Il se contentait de hocher la tête et de lui sourire avec gêne. Désormais le Serpentard le fixait avec colère.

— Salut ! Tu es Aleks, c'est ça ? lança une voix derrière lui.

Le Serpentard se retourna avec ennui et dévisagea son interlocutrice. C'était une jeune fille aux joues rebondies, aux cheveux noirs, arborant les couleurs de Poufsouffle.

— Je suis Rose Hunther, Poufsouffle. On est ensemble en Étude des Moldus, lui apprit la brune. Désolé pour Charlotte, elle n'a aucune tenu. On est venu ensemble mais elle avait voulu inviter Lupin. Du coup... Ben je vois qu'elle flirte un peu excessivement...

Aleksander se redressa en entendant cela, et ses yeux lancèrent des éclairs. Jetant un regard mauvais à Charlotte, il se consacra ensuite à Rose.

— Et du coup pourquoi tu me parles ? lança-t-il sèchement.

— Ça va, calme-toi. Je suis pas là pour te draguer toi ou Lupin. D'ailleurs Lupin n'a même pas l'air de se rendre compte que Charly le drague. Tu devrais...

— Oh moi je pense qu'il en est parfaitement conscient.

— Sérieux ? Je ne vois pas plus paumé que Lupin. À part peut-être Black avec Light... Oh ne me regarde pas comme ça, évidemment que ça aussi on le sait. Être considéré comme la Maison qui sert à rien, ça a du bon. On est invisible et on voit tout, lui apprit Rose avec un petit sourire. Accroche-toi avec Lupin et bonne chance. Mais surtout, on s'est tous mis d'accord à Poufsouffle : Lupin est notre ange gardien. Le meilleur des préfets, il nous couvre souvent. Alors ne le ruine pas d'accord ? Tu es volage tout le monde le sait, mais Remus ce n'est pas quelqu'un à qui tu peux briser le cœur impunément. Non seulement ses amis vont te tomber dessus, mais les Poufsouffles aussi.

Rose lui adressa un regard appuyé avant de rejoindre Charlotte à grands pas, l'empoignant par le coude pour l'entraîner plus loin. Immédiatement Remus souffla, l'air soulagé avant de se tourner vers Aleksander. Ce dernier se figea, ses deux verres dans chaque mains. Quand le regard du Gryffondor croisa le sien, et que Remus esquissa un petit sourire gêné, le coeur du Serpentard bondit. Mais ce dernier contînt son sourire et le fixa d'un air accusateur. Remus se dirigea jusqu'à lui, attrapant un verre dans la main de son copain.

— Merci Aleks, le remercia le loup-garou en vidant son verre d'un trait.

— Mouais.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Moi ? Rien. Tout va bien.

— Ne me mens pas, je vous bien que c'est faux, déclara Remus en posant une main sur son épaule avec douceur.

L'estomac d'Aleksander se tordit et il réprima encore une fois l'envie de sourire et de poser sa tête contre l'épaule du Gryffondor. Jouant avec son verre, il détourna le regard.

— Tu boudes toujours parce que tu n'es pas prom king ?

— Non. Mais on y reviendra sur ça... Ma meilleure amie et elle ne m'élit même pas !

— C'est moi qui a fait quelque chose de mal ?

— Je ne sais pas... Demande à Charlotte, elle a l'air d'être proche de toi.

— Attends... Jones ? Mais c'est absurde. Je la connais depuis cinq minutes... Une minute. Tu... Tu es...?

Aleksander haussa les épaules, d'un geste détaché. Un sourire discret fleurit sur les lèvres du Maraudeur. Sur un coup de tête, il s'empara de la main du Serpentard et l'entraina en dehors de la Salle. Ils sortirent, s'éloignant à pas rapides de l'agitation du bal. Ils finirent par arriver dans un couloir désert, éclairé à la lueur des citrouilles d'Halloween. Se retournant avec un petit rire, Remus se pencha en avant et cueillit les lèvres du Serpentard qui se laissa faire, maussade.

— Je ne faisais pas ça avec Jones, souffla Remus en s'écartant légèrement.

— C'était parti pour, marmonna le batteur en s'éloignant d'un pas.

Remus le regarda à faire avec un pincement au coeur mais ne fit rien pour le retenir. Soupirant, il se passa une main dans la nuque. Ces derniers temps, leurs rôles n'avaient de cesse de s'échanger. Un jour c'était Remus qui agissait avec détachement, un autre c'était le Serpentard. Ça aurait été agréable que pour une fois ils soient en phase.

— On n'a rien fait, protesta Remus. Je ne savais même qu'elle... Enfin qu'elle voulait...

— Quoi ? Te rouler un patin ? proposa Aleks, irrité.

— Je... On peut le poser comme ça, soupira Remus. Mais j'aurais jamais fait ça.

— Tu m'avais l'air plutôt passif. Elle posait sa main sur ton bras, tu ne te détachais pas...

— C'est ridicule ! Je ne l'ai pas embrassé non plus ! Je savais juste pas comment réagir ! Elle... Elle était très insistante...

— Tu n'arranges pas ton cas Lupin, grogna Aleks.

— Oh franchement Aleks ! Ne fais pas l'enfant.

— C'est pas moi qui a réagi comme un enfant quand elle s'est rapprochée !

— Mais je ne savais pas comment faire pour ne pas la vexer !

— Ne pas la vexer ? s'étrangla Aleks. Et moi alors ? Je suis ton copain Remus ! Ça veut rien dire pour toi ?

— Mais bien sûr que non, souffla Remus en s'adoucissant.

Il s'approcha lentement, de peur qu'Aleksander ne s'éloigne, mais le Serpentard se contenta de le lorgner d'un air blessé. Remus attrapa la main du batteur et la serra légèrement.

— Je te jure Aleks, il n'y a pas plus important que toi dans ce château pour moi, continua le loup-garou. Je... Je suis vraiment désolé pour Jones, je savais pas comment réagir. Mais ça ne veut pas dire que j'étais content de ce qui se passait... J'aurais largement préféré que ce soit ta main sur mon bras... Je ne savais juste pas comment me dégager sans la blesser... Je suis vraiment désolé, j'ai paniqué... Je te jure, tu es beaucoup plus important à mes yeux. Tellement plus. C'est idiot de ta part de penser ça. Vraiment Aleks. Si je voulais être avec une petite amie comme Jones, je serais avec elle. Mais je préfère de loin t'avoir toi Aleks.

Aleksander le fixa, cet éclat blessé brillant toujours dans ses yeux sombres. Remus hésita puis se pencha, posant avec douceur ses lèvres sur celles du Serpentard. Aleksander ne répondit pas au départ puis, petit à petit, il posa sa main sur la nuque du Gryffondor et approfondit le baiser, une douce chaleur se répandant au creux de ses reins. Les deux sorciers s'embrassèrent jusqu'à ce que les lèvres d'Aleks ne frémissent et qu'un sourire ne retrousse ses lèvres. Le Serpentard cueillit à nouveau les lèvres du loup-garou après qu'ils aient tout les deux repris leurs souffles et l'embrassa avec fièvre.

Laissant tomber son verre par terre, il posa ses mains de pars et d'autres du visage de Remus alors que le Gryffondor nouait ses mains derrière son dos, attirant le corps d'Aleks près du sien. Remus mordilla doucement la lèvre de son copain qui grogna doucement. Cela aurait pu durer bien plus longtemps si un cri indigné ne les avait pas interrompu. Paniqué, Remus se détacha précipitamment alors qu'Aleks claquait sa langue, agacé et frustré. Cependant quand il se tourna vers l'origine du bruit, il blêmit en reconnaissant la silhouette qui remontait le couloir avec colère.

— Aleksander Johan Brand ! hurla Camille. Espèce de traître, perfide menteur ! Tu m'écœures, espèce d'imbécile !

Remus et Aleksander battirent en retraite simultanément alors que la silhouette de Sirius se dessinait derrière celle de la blonde. Le Gryffondor semblait plus perdu qu'énervé. Soupirant, il passa une main dans ses cheveux noir jais.

— Ce n'est pas ce que vous croyez, bredouilla Remus.

— Oh vraiment ? railla Camille. « Mais je préfère de loin t'avoir toi Aleks ». Ne viens pas me dire que copain veut dire autre chose que petit ami. Parce que je ne pense pas que tu fasses ça avec les Maraudeurs, Lupin !

— Oh tu sais...

— Sirius ce n'est pas le moment, le coupa Camille en luttant contre un sourire amusé.

Cependant quand elle se tourna vers son meilleur ami, elle avait recouvert une expression glaciale.

— Tu as intérêt à avoir une bonne excuse, parce que là t'es dans la merde.

***

— Allez une dernière !

— Non.

— Plus j'ai de gardiens, moins je suis protégé. Que suis-je ?

— Tu m'agaces, McKinnon.

— Allez, je sais que tu sais !

— Je ne sais pas. Et de toute façon je m'en fiche... Un secret. C'est un secret.

— Bravo mini-Black.

— Arrête de m'appeler comme ça.

— Tu préfères Junior ?

— Je préférerais que tu la fermes.

— Ce n'est pas des manières ça. Walburga serait horrifiée que tu t'adresses ainsi à une noble jeune fille au sang-pur.

— Une noble jeune fille ? Ça fait déjà deux heures que tu m'énerves ! s'emporta Regulus.

Marlène esquissa un sourire ravi en le voyant enfin quitter son éternel masque de glace. Le cadet Black n'était ni causant, ni de bonne compagnie. Il se contentait de la regarder avec un ennui non-dissimulé et un visage indéchiffrable. La Serdaigle s'était donc donnée pour but de le faire sortir de ses gongs avant la fin de la soirée. Elle pouvait admirer sa ténacité, il lui avait fallu deux heures pour réussir. Deux heures durant lesquelles Marlène avait alterné entre ses amis et ceux de Regulus. C'était une expérience... Surprenante. Les gens qui gravitaient autour de Black la regardaient de haut et semblaient tous plongés dans les mêmes idées conservatrices et morbides. Une seule personne l'avait surprise, Lucinda Taylor, la personne la plus proche de Regulus et également la plus ouverte.

C'était une sang-mêlée qui se détachait des conversations qui touchaient les nés-moldus, se contentant de lancer des regards incendiaires aux personnes qui les insultaient. C'était également la seule qui s'était intéressée à Marlène et qui lui avait adressée la parole. Elle reprenait parfois Regulus qui jetaient des regards méprisants à ceux qui osaient l'importuner et, plus surprenant encore, le Serpentard l'écoutait.

— Oh arrête de sourire. C'est bon tu as réussi ton coup, tu m'as énervé, ragea Regulus.

— Je n'aurais pas eu à le faire si tu m'adressais la parole, toi aussi tu m'énerves. Je préfère largement Lucinda !

— Peut-être que si tu n'avais pas insulté Croupton, on n'aurait pas du partir !

— Mais tu as entendu ce qu'il a dit ? Il a traité Lily de sang-de-bourbe !

— Oh remets-toi. J'entends ça tout les jours.

— Et tu trouves ça normal ?

— Nous n'avons pas vécu dans le même genre de famille McKinnon. C'est normal pour moi. Je vis dans la même atmosphère, ce genre d'atmosphère, depuis mon enfance.

Marlène ne répondit pas. Bien sûr qu'ils avaient été élevé dans des opinions et des ambiances différentes. Pour Regulus mépriser les nés-moldus était un passe-temps quotidien, et c'était tout à fait normal, presque banal.

— Au moins tu n'étais pas trop dépaysé quand tu es arrivé à Serpentard, rétorqua Marlène, écœurée. Mais bon, c'est sûrement de famille...

Regulus lui jeta un regard biaisé, à la fois irrité et amusé par le ton et le comportement de la Serdaigle. C'était la seule raison pour laquelle Marlène ne s'était pas prise de sort. Bien sûr, les professeurs qui patrouillaient entraient en compte également. Mais si la sorcière n'intriguait pas autant Black, elle aurait déjà subi les frais de son insolence. Oui, c'était cela. Elle l'intriguait.

D'une certaine manière elle lui rappelait Lucinda, une des seules personnes que Regulus tolérait à Poudlard, avec ses grands discours et son ton survolté. Mais la Serdaigle était plus franche. Elle n'attaquait pas sournoisement comme Taylor mais frontalement, de manière réfléchie. Elle savait poser les bonnes questions, trouver les points sensibles de ses interlocuteurs. Vraiment Regulus était intrigué par la sorcière qui savait si bien manier les mots.

— C'est dommage, si tu avais fini à Gryffondor tu aurais peut-être pu sortir de cette atmosphère empoisonnée, ajouta Marlène d'un ton détaché. Ton frère lui... Il a réussi.

Subitement Regulus se rappela pourquoi il ne recherchait pas ouvertement la compagnie de la sang-pure. Il la détestait. Réellement. Parce qu'elle, contrairement à tant d'autres, avait découvert son point sensible et n'hésitait pas à s'en servir.

— Mais bon Sirius est sûrement un cas à part. Une exception. C'est vrai on peut pas tous être indépendant, fort, brave, le digne héritier...

— Tais-toi McKinnon.

— Tu sais je ne voulais pas venir au bal avec Sirius parce que lui ce n'est pas facile de le contrôler. On peut pas lui faire fermer sa gueule. Il n'est pas du tout obéissant et il y a une volonté propre alors...

— Arrête.

— ...j'ai été ravie de voir que j'étais avec quelqu'un comme toi. Obéissant. Mais tu sais...

Le reste de ses paroles furent noyées par un torrent de liquide alors que Regulus, le regard brillant d'une rage froide, renversait le bol de punch sur sa tête d'un coup de baguette. Marlène le dévisagea, un rictus aux lèvres alors qu'elle s'essuyait le visage avec une main. Autour des deux sorciers, les élèves avaient poussé des exclamations de surprises et murmuraient maintenant entre eux. Alertés par les cris et les bruits d'éclaboussures, les professeurs McGonagall et Slughorn accoururent. La directrice adjointe, dépassant aisément son collègue, arriva en première.

— Black ! s'exclama-t-elle, le regard brûlant. Moi qui pensais que vous seriez sage ce soir mais non vous devez toujours... Regulus ? reconnut McGonagall avec choc.

— Regulus, mon cher qu'avez-vous donc fait ? demanda Slughorn qui venait d'arriver, le souffle court.

— Je demande à changer de partenaire, déclara Regulus en fixant la Serdaigle.

— Je dois avouer que j'ai manqué de tact professeurs, avoua Marlène en leur souriant effrontément. Mais avouez, vous n'auriez jamais pensé Regulus Black capable de renverser un bol de punch sur la tête d'une jeune fille, non ? Et pourtant, j'ai réussi à l'énerver suffisamment !

— McKinnon, j'enlève dix points à Serdaigle, soupira McGonagall. Quant à vous Monsieur Black... Je laisse Horace songer à votre punition. Mais il ne reste qu'une heure alors vous allez rester ensemble et vous tenir à carreau, est-ce bien clair ?

— Parfaitement professeur, marmonnèrent les concernés.

— Monsieur Black... Je me vois hélas dans l'obligation d'enlever dix points à Serpentard et de vous mettre en retenue une semaine, soupira Slughorn en s'épongeant le front. Quel dommage... Attendez-moi Minerva, je n'ai pas fini ma blague sur le golfeur japonais !

Minerva McGonagall donna l'impression d'avoir avalée une couleuvre alors qu'Horace Slughorn réengageait la conversation avec entrain. Marlène leva les yeux au ciel en souriant légèrement. Regulus se contenta de s'éloigner d'un pas et de lui jeter un regard torve.

— Oh ne me regarde pas comme ça, Blacky. Ça t'as fait du bien de m'agresser, stressé comme tu es. Tu es tout le temps crispé, tu devrais te détendre un peu !

— Tu ne sais rien de moi, McKinnon. De moi ou de mon frère. Alors reste de ton côté et ne t'immisce pas dans nos affaires. Tu risque de te brûler les plumes, oiseau de malheur.

— Je supporte ton frère depuis six ans, évidemment que je sais des choses sur lui. Tu crois que je ne connais pas les penchants de Walburga concernant les punitions pour vous deux ? ricana Marlène amèrement.

— Il... Sirius te l'a dit ? dit Regulus en pâlissant.

— Je le vois revenir de chez lui en boitant ou avec des bleus à chaque retour de vacances. Toi aussi. Évidemment que j'ai deviné.

— Tu ne dois pas en parler, tu m'entends McKinnon ? Tu ne dois pas en parler, ordonna Regulus, blême.

— Vous devriez la dénoncer à la Brigade de Police Magique, Regulus...

— Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, McKinnon. On gère très bien, ne t'en mêle pas...

— Tu es ridicule !

— Oh vraiment ? Parce que tu crois que si on porte plainte on s'en sortira impunément ? Qu'ils arrêteront sans histoires ? Ça n'existe pas les miracles McKinnon. Tu ne sais pas ce qu'il se passe chez nous. Et même si je le pouvais, je ne les dénoncerais pas. C'est... C'est ma famille.

— Mais ce n'est pas une famille, c'est des bourreaux ! Regulus ce qu'ils font c'est monstrueux ! Peu importe si c'est ta famille tu...

— Ils sont tous ce que j'ai, McKinnon. À part eux je n'ai rien, gronda Regulus.

Marlène le fixa, pas le moins du monde émue de la soudaine émotion de Regulus et du désespoir qui marquait sa voix.

— Il y aura toujours des gens qui te tendront la main Regulus, asséna-elle. Tu n'es pas tout seul.

Regulus la dévisagea, le visage de nouveau inexpressif.

— C'est vrai pour toi, McKinnon. Et c'est tant mieux pour toi. Mais on ne vit pas tous une vie de rêve. Ma famille c'est les seules personnes qui en ont quelque chose à faire de moi. Alors oui... Je veux la protéger. Et je veux la rendre fière. Peu importe les conséquences.

***

Hey fuckers !
Passez-vous de bonne vacances ?
Moi j'alterne entre grand soleil et déluge, un temps parfait pour écrire !

Aujourd'hui je vous livre un looong chapitre (quasiment 17 000 mots, un record pour moi !) sur tout le bal. L'idée de prom, c'est celle de ma soeur d'ailleurs.

🏳️‍🌈 LGBT pride 🏳️‍🌈

J'ai surtout mis mon point de vue sur la place des homosexuels dans la communauté, sujet auquel on ne touche pas forcément dans les fanfic HP mais qui est très intéressant.

Enfin bref, n'hésitez à commenter, voter et donner votre avis ! Mais je signale le moindre commentaire insultant.

Prochain chapitre l'anniv de Sirius et le 15 novembre ! Dans une semaine !

Bonne journée à tous.

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