Chapitre 15 : Tricky Business
1976
Chapter 15 : Tricky Business
Camille avait passé toute sa pause à chercher Aleksander et ses recherches n'étaient pas concluantes. Elle avait arpenté tout les couloirs, passages secrets et dortoirs de sa connaissance mais aucun Serpentard renfermé et arrogant n'avait accroché son regard. Elle commençait à en avoir vraiment marrer, il faisait froid et elle devait aller voir Tom après.
Elle passait devant un énième escalier quand elle entendit quelqu'un boire bruyamment, elle examina les escaliers en fronçant les sourcils. Intriguée elle finit par monter et elle ne put qu'être affligée devant le spectacle qui s'offrait à elle. Aleksander était assis en tailleur, un verre rempli d'un liquide ambré dans la main. Le dos collé contre une baie vitrée et le regard vitreux fixé sur son breuvage, il broyait du noir seul dans son coin. Camille alla se poster face à son meilleur ami qui n'esquissa pas le moindre geste.
— Aleks, je t'ai cherché partout.
— Hiya, salua-t-il avec un petit signe de la main.
— Ouais c'est ça... Hé ! Il est seulement dix-huit heures ! Qu'est-ce que tu bois ?
Aleksander se contenta de siroter son verre, Camille lui arracha le verre des mains et renifla le breuvage. Le Serpentard souffla et laissa sa tête retomber contre le mur en grognant.
— Sérieusement Aleks ? Qu'est-ce que tu fiches, boire du Rhum Ardent à cet heure ? réprimanda Camille. Pathétique.
Le batteur haussa les épaules, décidé à énerver son amie. Camille avala une gorgée de rhum et grimaça face au goût prononcé de l'alcool et du piment rouge. Elle fit apparaître d'un mouvement de baguette une gourde remplie d'eau et fit disparaître le verre.
— Bois un bon coup d'eau. Après tu vas m'expliquer ce qui s'est passé pour que tu sois en train de te saouler avant vingt heure, ordonna Camille en lui tendant la gourde. Tu as l'air misérable, c'est pitoyable.
Aleks jaugea la gourde comme si c'était le mal incarné et esquissa un geste pour atteindre une flasque à sa droite. Mais son amie fut plus rapide et s'en empara avant qu'il ne puisse la porter à sa bouche.
— J'ai soif ! protesta Aleks.
— C'est à ça que sert l'eau ! s'exaspéra Camille en agitant la gourde. Soit tu bois, soit je te jettes un maléfice ! Tu m'as fais courir dans tout le château pendant une heure !
De mauvaise grâce, le Serpentard obéit et porta la gourde à ses lèvres en grimaçant. Il avala une longue gorgée, puis deux et finit par vider le récipient en entier.
— C'est toi qui iras la remplir. Bon qu'est-ce qui se passe Aleks ? Pourquoi on dirait que ton dragon vient de mourir ?
Le Serpentard tripota l'extrémité de sa chemise, les yeux perdus dans le vague. Il avait l'air d'être prêt à fondre en larmes ce qui finit par inquiéter réellement son amie. Camille s'assit à côté de lui, les coudes posés sur ses genoux, elle attendit qu'il lui réponde. Elle savait qu'il ne fallait pas pousser le Serpentard, il fallait lui laisser le temps de se préparer. Il détestait se confier, pleurer ou montrer un quelconque signe de faiblesse.
« À Durmstrang si tu pleures on te jette un sort. »
— J'ai rendu Remus triste, avoua-t-il d'une voix tremblante.
Camille le dévisagea, les sourcils froncés. Elle attendit qu'il développe mais il se contenta de la fixer sans rien ajouter.
— C'est tout ? s'étonna-t-elle.
Aleks secoua la tête en grognant « tu peux pas comprendre ».
— Tu te mets une cuite parce que tu as rendu Lupin triste ? Mais bordel tu es vraiment accro en fait, sourit-elle. C'est franchement adorable. Non, j'hésite entre le fait que ce soit mignon ou pathétique.
— Je ne suis pas accro ! s'emporta le batteur en sortant une autre flasque de sa poche qu'intercepta à nouveau Camille. Accro à quoi ?
— À Remus, nigaud. Regarde-toi franchement... Tu es totalement addict à lui ! Tu te mets dans un de ces état pour une bricole... Lamentable, conclut-elle.
— Une bricole ? s'indigna Aleks. C'est Remus, c'est pas une vulgaire bricole !
— Morgane, ça y est tu es amoureux, se moqua-t-elle. Tu as retrouvé un cœur Aleks ?
— Je l'aime bien, c'est tout, corrigea nerveusement Aleks. Oh et puis... Tu aurais du voir sa tête. Il doit probablement me détester maintenant... Il était si triste.
— Je ne vois pas pourquoi c'est si grave que ça.
— Mais sa tête, bordel son visage quand il m'a regardé ! désespéra Aleksander. C'est grave, parce que Remus... Remus il a pas besoin que j'en rajoute avec mes embrouilles, il en bave déjà assez par Vulchanova. Remus, je n'ai juste pas le droit de le rendre triste, j'ai promis. Évidemment je n'ai pas réussi ! Bordel je suis vraiment un abruti. Un enfoiré, un parfait connard...
— Voyons, tu n'es... Tu es... Bon tu n'es que la moitié de tout ça. Écoute. Je sais que la vie de Remus doit être atroce, d'ailleurs je ne savais pas que tu savais pour sa lycanthropie, mais toi aussi tu en baves ! Je ne vois pas pourquoi tu t'es promis de ne pas le blesser, de toute façon c'est impossible à tenir comme promesse. On fait tous des erreurs, la bêtise est humaine. Tu n'es pas un connard, tu es juste... Mais qu'est-ce que tu lui as fais en fait ?
— Je l'ai embrassé.
— Tu embrasses si mal ?
— Pff bien sûr. J'embrasse merveilleusement bien. C'est juste qu'après... Bon il m'a demandé pourquoi j'ai fais ça. Et j'ai dis que j'en avais envie et que ce n'était qu'un baiser. Et là il a affiché une tête de six pied de long...
Aleksander soupira alors que Camille se tenait la tête entre ses mains, désespérée.
— Je ne comprends pas...
— Tu ne comprends pas ? répéta Camille.
— Je... Je comprends qu'il soit énervé parce que je l'ai embrassé mais... Enfin il s'est juste barré après ça !
— Vous... Mais tu es un putain d'abruti, c'est pas possible ! Non attends j'ai encore mieux, vous êtes deux imbéciles !
Chacune de ses phrases étant ponctuées par un coup de livre de Potions sur son épaule, elle semblait vraiment furieuse pour la plus grande surprise de son ami.
— Deux foutus idiots !
— Remus est un imbécile ? répéta Aleksander en esquivant maladroitement.
— Ouais ! Visiblement il ne comprend rien à toi. Et toi tu n'as pas dit les choses correctement ! Je te rappelle que Remus est super mal dans sa peau, c'est un gars qui se prend littéralement pour un monstre qu'on ne devrait pas aimer. Et là tu débarques et tu l'embrasses sans prévenir ! Quel idiot ! Tu veux qu'il fasse un infarctus le pauvre ? En plus en disant que tu en avais simplement envie, tu es passé pour un parfait connard qui s'en fout royalement ! Et pour un simple ado en chaleur. Tu ne dis pas ça au mec qui t'aimes ! Pourquoi tu as dit que tu en avais envie sérieux ? De toute ce que tu as trouvé, tu devais sortir...
— Attends qu'est-ce que tu as dit ? Retourne en arrière s'il te plaît, l'interrompit Aleksander avec une certaine nervosité.
— Eh oui Aleks. Petit scoop pour tout les aveugles : Remus t'adore, lui apprit-elle en soupirant légèrement. Ça saute aux yeux pourtant ! Les rougissements, les regards de travers... Vous flirtez tout le temps, c'en est presque à vomir. Alors pourquoi là, quand c'est le moment parfait, tu n'es pas capable de lui dire que tu veux sortir avec lui ? Pourquoi tu lui dit que tu en as envie bordel ?
— Parce que j'en avais vraiment envie, suggéra Aleks. Genre vraiment. Est-ce que Remus n'est pas une des personnes les plus sexy que tu connaisses ?
— Si je suppose... Je ne le pousserais pas du lit, admit Camille. Mais toi tu n'étais pas censé le dire. C'était stupide et dénué du moindre tact. Digne d'un Gryffondor, pas d'un Serpentard Aleks. Et là maintenant tu dois t'investir et éviter de passer pour le mec d'un soir. Joue sur le long terme c'est ce que tu veux, non ?
— Je ne sais pas, avoua Aleks.
Camille eut un soupir exaspéré et se laissa retomber contre la vitre derrière elle dramatiquement, frappant une fois sa tête contre le verre. Aleksander la regarda faire avec un froncement de sourcil prononcé, l'alcool faisant danser la lumière devant ses yeux.
— Et pourquoi donc ? Franchement Aleks te voiler la face ne servira à rien. Tu l'adores, il t'adore c'est simple, non ? Pourquoi tu voudrais vous priver de ça ? Arrête d'hésiter et essaie d'assumer.
— J'ai peur de lui faire du mal, avoua le Serpentard.
— C'est très idiot comme raison, grommela Camille. Qu'est-ce qui fera le plus de mal à Lupin ? Que tu assumes avec lui et que vous commenciez enfin à sortir ensemble comme vous en mourrez d'envie ou alors que tu l'ignores en le jetant ? Wow. Étonnamment, ce n'est pas la deuxième option.
— Dit comme ça évidemment, soupira Brand. Ce n'est pas si simple Camille.
— Rien n'est simple dans ta vie, Aleks. Tu es un bâtard sang-mêlé qui vit avec des dragons et tu as étudié dans trois des plus grandes écoles de magie du monde. Est-ce que tu as déjà fait quelque chose de simple de ta vie ?
— On parle de Remus là, pas de ma vie étudiante. Si je me loupes, lui aussi il en bavera. Je n'ai pas envie de lui rajouter des problèmes, maugréa Aleks, penché en avant. Et je suis un paquet de problèmes à moi-même. C'est pour ça qu'on est meilleurs amis non ? Tu adorerais me réparer Camille.
— Tu n'es pas le genre de personne que je peux "réparer" Aleks. Mais j'adore être là pour toi et j'adore te parler et t'aider. Là maintenant je veux juste que tu sois heureux, alors peu importe que tu sois un paquet de problèmes et que tu puisses blesser Remus. Moi je suis là pour te dire que tu dois être un peu égoïste et aller voir Remus pour mettre les choses au clair.
— Je ne suis pas sûr que je devrais t'écouter, gloussa Aleks. Être égoïste, tu parles d'un conseil.
— Hé ! Ça a marché pour moi toute ma vie.
— Tu n'es pas si égoïste.
— Tu parles, si je fais ça c'est en partie pour pouvoir vivre une histoire d'amour par procuration. Vous voir enfin ensemble après un an de langueur ce serait génial, sourit Camille.
— Tu as un petit-ami.
— On n'est quasiment jamais ensemble. Je suis presque sûre que je suis une espèce de couverture pour lui, on a jamais rien fait de plus que de s'embrasser.
— Tu penses qu'il est...
— Pas forcément. J'ai juste l'impression qu'il ne veut être avec personne, mais je suis un moyen de faire taire les éventuelles rumeurs.
— Et tu ne le largues pas ?
— Non, Tom est sympa. Il me traite bien quand même. Puis... C'est toujours cool de dépanner un... Enfin tu sais...
— Un autre putain de queer ? suggéra Aleks.
— Ouais.
— Alors tu l'acceptes enfin ?
— Je n'ai jamais refusé. J'avais juste du mal à croire que moi je le sois aussi... C'est juste surprenant de se rendre compte que tu aimes les deux.
— Je ne peux pas parler pour les filles mais je comprends que tu aimes les gars, ceux avec qui j'ai été...
Aleks laissa échapper un sourire rêveur qui fit rire Camille.
— Tu ne peux pas arrêter d'être aussi gay une seconde ? s'amusa-t-elle.
— Wild ne s'arrêtait jamais.
— Tu lis Oscar Wild maintenant ?
— C'est Remus qui m'a prêté "Le Portrait de Dorian Gray" pour me prouver que Dorian était bien Sirius. Il m'a sortit plusieurs parchemins rempli de notes pour prouver son point et je dois avouer que ça m'a convaincu... Évidemment que Sirius est à voile et à vapeur.
Camille le dévisagea alors que son sourire rêveur se teintait de tendresse au souvenir.
— S'il te plaît va au moins le voir, supplia-t-elle subitement en se redressant. Tu me parles de Remus depuis l'année dernière, tu l'adores ! Ou alors essaie au moins d'aller t'excuser ! Et de l'embrasser peut-être... Aussi si tu pouvais me rapporter sa copie de Dorian Gray ça m'arrangerait, j'ai laissé la mienne à Levy.
Aleksander fit l'effort de lever la tête et de se retourner pour affronter sa meilleure amie. Son sourire encourageant fit fondre le regard glacial qu'il avait préparé. C'était étrange comme ils pouvaient se faire fondre l'un l'autre. Impossible pour eux de se faire la tête plus de cinq minutes, l'un d'eux finissait par culpabiliser et abandonner. Camille semblait réellement excitée pour lui. Son visage excitée se superposa à un des rares sourires sincères que Remus lui avait adressé.
C'était rare de voir le Gryffondor avec un rictus qui n'était pas teinté de cynisme, mais il avait fini par lui arracher un véritable sourire quelques mois auparavant.
Voir ce sourire avait largement compensé les nombreuses heures de retenues dont il avait écopé pour avoir frappé Severus Rogue au visage. S'il se levait et allait lui parler, est-ce qu'il retrouverait ce sourire ? Ou est-ce que Remus lui claquerait la porte au nez ?
— Je vais essayer, accepta Aleks.
— Ouais ! triompha Camille.
Elle descendit en vitesse de la banquette, l'excitation la faisant presque sauter de joie. Elle tendit sa main pour hisser debout Aleksander. Il l'attrapa et se laissa faire avec un sourire amusé, il s'imaginait déjà sa déception s'il revenait sans que Remus lui ait pardonné. Elle serait sûrement plus déçue que lui.
Un problème plus urgent que la réponse de Remus auquel Aleks n'avait pas accordé suffisamment d'attention était son ébriété qui remonta soudainement à la surface une fois stabilisé sur le sol. Il trébucha et hoqueta bruyamment.
— Wow. Ça tangue, grogna Aleks en se frottant les yeux. Bordel... J'irais quand le sol arrêtera... Bordel, il arrête de bouger.
— Ça risque de prendre plus d'une heure, remarqua Camille. Ça t'apprendra. Jamais avant vingt-une heures Aleks.
— Quelques heures ? répéta lentement Aleks. Je ne peux pas attendre quelques heures. Tant pis j'y vais maintenant.
— Quoi ? Non ! Tu ne peux pas lui faire ta grande déclaration alors que tu es bourré, protesta Camille en le faisant rasseoir.
— Mais je veux pas attendre, geignit-t-il. J'ai attendu suffisamment longtemps ! Plus d'un ans ! À Poudlard !
— Attends, attends... J'ai peut-être une solution. Je connais un gars qui pourrait t'aider, Michael prépare des potions anti-gueules de bois et des potions de sobriété et il a des prix à peu près raisonnables. Ouais ça pourrait marcher... Allez viens.
Camille glissa son bras sous celui de son ami, le tirant à sa suite. Aleksander se laissa faire en gémissant au sol d'arrêter de bouger. La Serpentard entraîna son ami dans les escaliers puis dans des couloirs différents. Plusieurs fois le Batteur se mit à chanter des comptines et des chansons moldues en riant.
Camille ne put se retenir de rire et de se moquer intérieurement du comportement de son ami. Son seul regret fut de ne pas avoir de Pensine à Poudlard pour enregistrer ces scènes mémorables.
Le trajet ne durait pas longtemps, ils arrivèrent rapidement à destination. Surprenant quand Aleksander devait s'arrêter toutes les trois minutes pour récupérer son souffle à cause de sa course dans les escaliers. Ils débouchèrent dans un long couloir rempli de portes en bois imposantes. Camille alla se poster devant la troisième comme elle en avait l'habitude mais à la place se retrouva face à un large portrait de l'esprit frappeur Peeves. Elle soupira intérieurement et toqua contre la cloche de son chapeau peint.
— Mot de passe ! ordonna Peeves d'une voix criarde.
Aleksander se mit à rire sans pouvoir s'arrêter, se penchant en avant en tenant son ventre. Il fut secoué de rires pendant plusieurs longues mîuted avant qu'il ne réussisse à regagner un semblant de sérieux et à se redresser. À ses côtés Camille fixait pensivement le tableau à la recherche du mot passe.
— Vordel il est drôle, ria-t-il.
— Faux ! Faux ! Faux ! Recommencez ou disparaissez, s'égosilla Peeves.
Un ballon d'eau explosa au-dessus des deux Serpentards qui se retrouvèrent trempés de la tête aux pieds. Camille s'essuya la figure d'un geste rageur et donna un coup de coude à son ami qui se mit à protester. Elle lui grinça de se taire entre ses dents avant de se retourner vers le tableau. Elle fronça légèrement les sourcils avant que son visage ne s'éclaire
— Le comté n'est jamais trop salé, récita-t-elle précipitamment.
— Crik... Crik... Crik... Bonne réponse et bonne partouclette jeunes gens ! salua Peeves en leur tirant son chapeau.
Le tableau se décrocha du mur et fit un tour complet autour des deux amis puis alla s'accrocher sur le mur juste au-dessus de sa place initiale, dévoilant une grande porte en bois vernis. Camille l'ouvrit et s'engouffra à l'intérieur de la pièce en tirant son ami qui s'était remis à rire.
La porte donnait sur une immense salle au parquet de bois et murs de pierre. Des piliers étaient disposés aux quatre coins de la pièce, des chaises étaient placés dans toute la salle et une grande table trônait au milieu. Sur cette table se tenait une espèce de plaque d'où s'échappait de la fumée et où grillait des morceaux de viande et des champignons, en dessous de la plaque se trouvait des morceaux de fromage qui cuisaient dans des petites poêles. Tout autour de l'appareil il y avait des assiettes de charcuterie, des pots de cornichons, des bols entiers de pomme de terre, des pots de moutardes et pleins de sauces différentes. Dans toute la pièce des gens dansaient ou s'embrassaient, les rires résonnaient tout comme les éclats de conversation. Aleksander tourna sur lui-même en poussant un sifflement admiratif, Camille l'ignora et marcha droit devant elle.
— On est où ? demanda son ami en la rattrapant.
— Nous sommes à une partouclette.
— Une... Parturette ?
— Non ! Une partouclette. Tu sais, une partouze raclette... Une partouclette.
Alexandre s'immobilisa un instant et examina ses alentours en poussant un « aaaah » tonitruant. Il reconnaissait la plupart des élèves comme étant des Poufsouffles de cinquième, sixième et septième année. Il aperçut même une dizaine de Gryffondors, peu de Serdaigles et quelques Serpentards.
— Qu'est-ce que c'est ce bordel ?
— Bon tu connais la raclette ? demanda Camille et Aleksander secoua la tête. Pardon ? Tu ne sais pas ce qu'est la raclette ? Faut revoir tes bases. De toutes façons mon ami n'est pas là. La raclette est un plat d'origine valaisanne. Il consiste à faire fondre un morceau de fromage appelé raclette, que l'on dispose dans un poêlon, à l'aide d'un grill. On le sert grillé sur une pomme de terre avec de la charcuterie et évidemment des cornichons aux vinaigres, pas les doux ils sont mauvais. Après souvent au-dessus du grill se trouve aussi une plaque chauffante. On y fait cuire des morceaux de viandes souvent marinés, des champignons ou du maïs, c'est excellent, on appelle ça une pyrade. Tu as compris ?
— Oui...
— Tu sais ce qu'est une partouze ?
— Évidemment. C'est comme une orgie ici en fait, non ?
— Oui, excepté qu'on est pas des animaux. On vient surtout ici pour trouver des partenaires ou autres, le maximum c'est s'embrasser sinon on doit s'isoler, répondit Camille. Le dernier qui a enfreint la règle a du toutes les pommes de terre et a été banni pendant deux mois. Évidemment les élèves en dessous de quinze ans ont l'interdiction de venir ici. Ils pourraient se cramer avec le grill.
— C'est dingue, tout ce temps passé à draguer inutilement dehors alors que c'est tellement simple ici ! Bon je n'ai jamais eu de problème avec ça mais ici c'est mille fois plus facile.
— Jamais eu de problème, hein ? Même pas avec un certain Lupin ?
— Je ne savais pas que tu fréquentais ce genre d'endroit, continua Aleks en ignorant sa remarque. Et ton copain ? Hollander est d'accord avec tout ça ?
— Je ne dis rien pour ses parties de poker, il ne dit rien pour mes partouclettes. En plus, je ne viens que pour la raclette. J'ai découvert ça grâce à Castiel quand j'avais douze ans. Et à ce jour c'est toujours ma meilleure découverte.
— Ah les parties de poker, soupira Aleks. J'aurais vraiment besoin d'une cigarette là maintenant. C'est vraiment des génies les moldus bordel. Tu n'y participes pas toi au parties ? Trop monde pour ta personne asociale ?
— De temps en temps. C'est vrai qu'il y a trop de monde, grommela-t-elle. De toute façon à chaque fois je perds face à Regulus et Marl'.
— Tu sais comment elle a découvert nos soirées Marley d'ailleurs ? Elle rafle tout notre argent alors qu'elle n'est même pas à Serpentard !
— America lui a dit. Apparemment elles ont joué ensemble et Marlène l'a battu tellement de fois qu'America a dû emprunter de l'argent à une de ses amies pour la payer. Évidemment Ricky a trouvé le moyen de se faire de la tune tout en mettant enfin une raclée à Reg, raconta Camille en tendant une cigarette à son ami. Marlène est devenue une sorte de symbole de rébellion face "au règne"de Reggie lors des parties de poker. Je crois en tout cas, je n'ai pas bien suivi. En tout cas depuis qu'ils s'affrontent ils sont infernaux selon Sirius.
— Je sais, moi j'y participes. Mais généralement après qu'ils aient fini, je tiens à mon fric, marmonna Aleks en allumant sa cigarette.
— Light ! appela soudainement une voix derrière les deux amis.
Camille s'étouffa sur sa fumée et grimaça en reconnaissant la voix. Elle prit une autre taffe avant de se touner, un sourire naquit spontanément sur ses lèvres alors qu'elle se trouvait face à un Serdaigle particulièrement remontré.
—Comment vas-tu Xenophilius ? Ça avance la chasse aux cornflakes ?
— Tu oses revenir après ce que tu m'as fais ? Et ce sont des Ronflacks, pas des corn-flakes !
— Désolé. Mais je te jure que je n'ai pas fais exprès de te prendre ta pomme de terre, promit la Serpentard en levant ses mains en un geste pacifiste, sa cigarette pendant entre ses doigts. Ce n'est même pas de ma faute, c'est la faute d'Edmund, il m'a bousculé.
— Je ne t'imaginais pas comme ça Light ! Trahison ! Coup de poignard dans le dos... Comment pourrais-je me relever après ça ? hoqueta Xenophilius Lovegood, un Serdaigle de dernière année. Je suis indigné et déçu Light, je n'ai pas de mot pour décrire cette ignoble trahison... Attends Edmund est dans le coup ? Où est-il ? Moi qui croyais être son ami je suis profondément...
— Ah ! Mon gars est arrivé ! remarqua Camille. Suis moi Aleks... Aleks ! Il est là !
Mais le Serpentard ne bougea pas, préférant écouter les geignements de Lovegood en hochant la tête avec compassion. Camille essaya de le prendre par le bras et de le tirer vers une porte qui venait de s'ouvrir, déterminée à s'éloigner de Lovegood et de ses nombreuses plaintes. Mais impossible de le faire bouger. Aleks avait pris du muscle avec son entraînement de Batteur, surprenant quand on savait qu'il détestait le sport et n'avait aucun cardio. Camille le suspectait de s'être engagé dans l'équipe simplement parce que son héros Gideon Prewett avait été Batteur pour Gryffondor.
Camille finit par remarquer que Pandora Van Houten, une autre Serdaigle toujours calme et sereine, avait rejoins son petit-ami.
— Philie, mon amour ! Tu m'as fais peur, ça fait dix minutes que je te cherche dans toute la salle.
— Oh chérie ! Tu as vu comme je m'améliore en libération de mes émotions ?
— C'est sûrement grâce Ronflex Biscornus, il y en a énormément aujourd'hui c'est stupéfiant ! suggéra Pandora en levant les yeux vers le plafond, le scrutant à la recherche de créatures imaginaires.
— Sûrement. Mais je pense que c'est surtout grâce à ce cours de relaxation auquel tu m'as inscris, ça m'a vraiment permis d'apprendre à maîtriser mes émotions et canaliser mon énergie, raconta Xenophilius.
— Oui, oui... Fantastique mon amour, assura Pandora avec un sourire bienveillant. On retournera tout de même voir le docteur Malalatêt encore une fois d'accord ? Pour être sûr.
— Quoi ? Mais c'est un incapable cet abruti ! s'emporta Lovegood.
— Oui bien sûr mon amour, sourit la Serdaigle. Allez, le bar-man est arrivé. Tu m'offres un verre ?
— Évidemment ma cherie. Même si c'est un idiot ce barman comme ce docteur à la...
— Michael ! appela Camille.
Un adolescent aux alentours de quinze ans se retourna en l'entendant. Ses yeux marrons tombèrent immédiatement sur les deux Serpentards et il esquissa un léger sourire. Le plus surprenant pour Aleksander fut sa tenue, il portait un simple haut accompagné d'une chemise à carreaux et d'un pantalon beige à franges. Ses Santiags lui montaient aux genoux. À sa droite un Poufsouffle beaucoup plus petit et aux nombreux épis blonds en bataille réajustait sa cravate à la va-vite.
Sa peau si pâle et ses yeux sombres lui donnaient des allures fantomatique mises en évidence à côté de Michael, si chaleureux et ensoleillé. Le petit Poufsouffle arborait également une mine légèrement plus revêche que son ami. Du moins Aleksander le croyait jusqu'à ce que leurs regards se croient. Le visage du garçon se fendit d'un immense sourire.
— Michael, c'est le mec des bulles !
Aleksander le fixa avec incompréhension. Camille le guida vers les deux adolescents. Il la suivit, peu rassuré par le sourire étrange du Poufsouffle avant qu'il ne se rappelle subitement qu'il était complètement ivre. Aleksander éclata de rire sans pouvoir s'arrêter sous le regard plein de jugement de son amie.
— All the young dudes ! Carry the news ! chantonna-t-il. All the young duuudes !
— Tu nous ramène un nouveau membre Camille ? s'amusa Michael, un accent italien faisant chanter chacune des syllabes. Il m'a l'air d'être un sacré numéro.
— Mais voyons mi amor, c'est le gars qui a rempli notre salle commune de bulles de savon le mois dernier ! Aleksander Brand, non ? se rappela Edmund. Un ami de Camille ?
Cette fois-ci ce fut un fort accent nordique qui sortit de sa bouche, accentuant les consonnes. Aleksander remarqua avec surprise qu'il n'avait pas massacrer son prénom ou celui de Camille comme le reste des élèves avait tendance à le faire. Son gloussement fut remplacé par un sourire avenant alors qu'il serrait la main que lui tendait le Poufsouffle.
— Le seul, l'unique et le meilleur, chanta-t-il.
— Mais hélas le seul, l'unique et le meilleur Aleksander Brand est complètement ivre. Et malheureusement pour le seul, l'unique et le meilleur il a une affaire urgente à régler, déclara Camille.
— Laisse-moi deviner, tu veux une potion de sobriété ? devina Michel avec un sourire de connivence.
— Tu lis dans mes pensées Michael. Tu lui sauverais la vie, sourit Camille. Ton prix sera le mien.
— Ça c'est intéressant ! lança une voix derrière Camille et Aleksander. Utilise cette offre à bon escient Michael.
— Évidemment mon président, répondit ce dernier toujours en souriant.
Aleksander se retourna pour se retrouver face à un sorcier qu'il pouvait fixer dans les yeux, ce qui était particulièrement rare au vu de la carrure du Serpentard. Le "président" recoiffait rapidement ses mèches brunes en bataille d'une main, un sourire bienveillant étirant ses lèvres et ses yeux bleus brillant de sérénité.
— Si je me souviens bien, tu n'étais pas là vendredi et samedi derniers Camille. J'ai vérifié la liste. Tu as eu un problème ? s'enquit Bobby Blue avec une certaine inquiétude.
— On peut dire ça je suppose, évada Camille en tirant une taffe de sa cigarette.
Aleksander fronça les sourcils avec incompréhension jusqu'à ce qu'il se souvienne que l'enterrement d'Emma Cieslak d'état déroulé vendredi dernier. Difficile de s'en souvenir, vu qu'il n'avait pas pu s'y rendre. Seul Camille, Abbott et Sirius avait eu le droit de s'y rendre. La cérémonie avait eu lieu en Pologne, le pays d'origine d'Emma, et c'était particulièrement difficile d'organiser des autorisations de sorties pour plusieurs élèves. Rien que pour ses amis Dumbledore avait du ruser et passer par les cousins de Sirius et Camille, Andromeda et Castiel, pour obtenir l'autorisation écrite d'un adulte de leur famille qu'ils puissent se rendre à l'enterrement.
Dorcas Meadowes s'était portée volontaire pour les accompagner en tant que porte-parole du professeur Dumbledore qui n'avait pas pu se déplacer ainsi que Gideon Prewett, un Auror au talent reconnu et dont la réputation de duelliste aguerri le suivait.
Aleksander n'était pas particulièrement déçu de ne pas avoir pu participer à la cérémonie. Il aurait été sûrement malade s'il y avait du faire face aux parents d'Emma. Aleksander ne pouvait qu'imaginer la tête de Camille quand elle s'était retrouvée face au cadavre de sa cousine couché dans un cercueil et les visages anéantis de son oncle et sa tante.
Aleksander avait du retenir son envie de vomir quand il avait avisé les visages complètements dévastés de ses amis à leur retour.
Abbott était revenue en larme, ce qui semblait complètement irréaliste. Charlie était la définition même d'un sourire. Depuis elle ne quittait plus d'une semelle Thomas, ne supportant plus d'être seule.
Sirius s'était remis à fumer un paquet par jour au grand désespoir de James et avait vidé un demi-bouteille de Whisky Pur-Feu le lendemain de son retour. Depuis plus rien. Il ne laissait en rien paraître qu'il subissait son premier deuil. Il connaissait Emma depuis qu'ils étaient petits, elle venait souvent visiter les Black malgré la connexion filiale des Cieslak aux Lights. Quand Gideon l'avait placé dans leur groupe, Camille, Sirius et Charlie n'avaient rien trouvé à y redire.
Quant à Camille... Aleksander n'arrivait pas à la cerner et si lui n'y arrivait pas alors personne dans ce château n'y arriverait. Un moment elle pouvait sourire normalement et l'instant d'après elle semblait se dire qu'elle n'était pas supposée sourire, être heureuse. Alors se renfermait dans un silence morose et une passivité navrante. Elle suivait ses cours et tentaient de ne pas encombrer ses amis avec son deuil mais Aleksander pouvait voir qu'elle avait du mal à ne pas craquer. Il laissait Sirius s'en occupait, il passait tellement de temps avec elle qu'il semblait mieux qualifier pour l'aider.
Plusieurs professeurs avaient essayé de leur parler mais ils les avait esquivés et faisaient de leur mieux pour éviter toutes questions. Les chuchotements sur leur passage n'arrangeaient en rien leurs humeurs respectives, un Gryffondor et un Serdaigle un peu trop curieux en avaient déjà fait les frais.
Aleksander s'était mis en tête que le meilleur moyen pour qu'ils s'en remettent correctement était qu'il fallait simplement leur laisser du temps. Il s'était donc éloigné. Décision qu'il regrettait désormais énormément parce que sans Camille il n'arrivait pas à se gérer correctement émotionnellement.
Le « président » sembla se rendre compte que le sujet était sensible, il se contenta de lui sourire avec bienveillance en lui intimant de prendre soin d'elle et de manger une patate.
— Nous n'avons pas été présenté, remarqua le président en se tournant vers Aleksander. Bobby Blue, septième année à Poufsouffle et Président du Comité de la Partouclette Conviviale et Familiale ou CPCF.
— Aleksander Brand, sixième année à Serpentard et membre des Trois Farfadets, hoqueta Aleksander en lui serrant la main avec solennité. Mais ce n'est pas toi le Préfet-en-Chef ?
— Si. Bien que je ne sache absolument pas pourquoi, soupira Bobby.
Aleksander le détailla rapidement du regard. Bobby portait un t-shirt à rayures assorti à un bermuda orné de fleurs et à des tongs multicolores. Ses cheveux à la longueur non-réglementaire pour n'importe quel élève de Durmstrang étaient attachés en catogan dans sa nuque.
— Pourtant je trouve que ça tombe sous le sens, commenta le Serpentard.
— Ta sœur est une vraie plaie Camille, elle me tape sur les nerfs, lança Bobby avec un air sombre.
— Vraiment ? Mais voyons pourquoi ? ironisa Camille. J'ai vécu toute mon enfance avec elle, c'est un véritable ange cette fille !
— Sophie Gormlaith Light, maugréa Aleks. Le nombre de retenues que je lui dois pourrait remplir le sablier des Gryffondors au maximum.
— Pour en revenir à ma nomination, je pense sincèrement que mon but est de décoincer Light, objectif qui m'apparaît désormais impossible. On me dit aussi souvent que j'ai une certaine autorité naturelle mais... Hé Weasley ! Je te rappelle que tu n'as pas le droit de t'approcher de l'appareil à raclette depuis l'incident d'avril 75 ! Dégage de là, s'exclama soudainement Bobby.
— Mais Blue...
— Il n'y a pas de mais, Weasley ! répliqua Bobby en rejoignant Alice Weasley près de l'appareil à raclette.
La Poufsouffle se mit à protester bruyamment contre l'injustice de cette règle. Aleksander finit par retourner sa tête quand Bobby se mit à lister les dégâts matériels qu'elle avait causé en 1975. Du coin de l'œil il aperçut Edmund embrasser discrètement Michael sur la joue.
Ce dernier se figea un instant en remarquant qu'Aleks avait remarqué son geste, la crainte brillant dans ses yeux. Mais le Serpentard se contenta de leur adresser un hochement de tête et un sourire encourageant. Edmund répondit avec un sourire éclatant dans sa direction avant d'aller calmer Bobby et Alice qui s'étaient mis à hurler. Camille se mit à rire incontrôlablement dans ses mains quand Bobby se mit à crier si fort qu'un pauvre Serdaigle qui passait à côté en laissa tomber sa raclette à terre. Il fixa son fromage désormais au sol avec un air si déconfit qu'Edmund vint le réconforter.
— Il est violent Bobby, remarqua Aleksander en fronçant ses sourcils. Pour un Poufsouffle.
— Oh non. Bobby est génial, assura Michael. Rosier était supposé être Préfet-En-Chef au départ mais les directeurs de Maisons ont du changer parce que tout le monde réclamait Bobby. Il a juste une sorte de grief contre Alice. Personne ne sait pas pourquoi, continua Michael. Mon avis c'est que ça a un rapport avec Frank Londubat, l'ancien Préfet-en-Chef... Bobby et lui étaient assez proches l'année dernière. Il a du se passer quelque chose.
— Tu parles bizarrement toi... T'es Anglais ? marmonna le Batteur en se frottant les yeux. Moi je suis Danois. On me dit que je prononce les "r" bizarrement mais c'est ces anglais qui les massacrent.
Camille hocha la tête affirmativement et Michael les dévisagea avec un amusement mêlé de curiosité. Il sortit au même moment une gourde en plastique d'une de ses nombreuses poches faisant virevolter les franges sur le côté de son pantalon. Cela fit glousser légèrement Aleksander.
— Tu as une bonne oreille et un curieux manque de tact, remarqua Michael. Effectivement je ne suis pas anglais mais suisse, même si j'ai été élevé dans la partie italienne de la Suisse. Quant à Ed, il est allemand, ajouta-il. On fait parti du programme d'échange. Franchement Poudlard est mille fois mieux que Beauxbâtons. Vous êtes beaucoup moins snobs vous les britanniques. Tiens Brand, avale-moi ça. Et cul-sec mon gars !
Le Serpentard reçut la gourde de Michael dans le ventre, son souffle brièvement coupé par l'impact. Il laissa échapper un gémissement de surprise suite à la douleur de l'impact, la gourde était curieusement lourde, puis la déboucha avec un regard incendiaire pour le Suisse. Il renifla le contenu de la-dite gourde et grimaça avant d'avaler en une longue gorgée le liquide.
Aleksander se jura immédiatement de ne plus jamais en boire. Et pour faire bonne mesure de ne plus jamais boire d'alcool de sa vie également.
Le goût infect aurait pu rivaliser avec tout ce que cuisinait Camille et la texture de la potion avec de la morve de Troll, c'était répugnant. La mixture formait une pâte visqueuse et très acidulée dans sa bouche. Aleksander ne put réprimer un haut-le-cœur et se mit à tousser fortement pendant une poignée de secondes avant de se redresser, une main toujours plaquée sur la poitrine. Cependant il pouvait reconnaître que la potion était rapide et efficace, en à peine une minute son esprit redevient clair et il retrouva son équilibre.
— Ne me tue pas avant que j'ai pu lui parler, geignit Aleks dans la direction de Camille. Je ne pourrais pas mourir en paix.
— Je ne ferai jamais ça. Ce sera moi ton témoin de mariage, n'est-ce pas ?
— Mariage ? s'affola Aleksander.
— Light maintenant que ton pote est de nouveau opérationnel, parlons argent, l'interrompit Michael.
— Allez Aleks, pour une fois j'ai confiance en toi ! Va lui déclarer ta flamme, vous serez adorables ensemble ! Et vos enfants seront le travail de Merlin. Tu n'as intérêt à tout faire capoter, hein ? menaça Camille. J'ai aussi de l'argent dans toute cette affaire !
— Tu es au courant qu'on est mâles, hein ? Les enfants c'est pas notre tasse de thé. Bon prie pour moi, j'ai peur, avoua le Serpentard en se frottant pour la nuque.
Il se détourna et se dirigea vers la sortie avant que son courage ne quitte et sortit en trombe de la salle de réunions secrètes. Les Poufsouffles n'étaient pas seulement les stones de Poudlard alors mais aussi les organisateurs d'orgie à fromages. C'était toujours utile à savoir il supposait.
— Bon Michael que puis-je pour toi ?
— C'est très simple Camille. Tu vois il y a ces nouvelles bottes qui...
Aleksander n'entendit pas la fin de la phrase, le tableau du visage rieur de Peeves reboucha l'entrée de la salle avant qu'elle ne parvienne à ses oreilles. Le Serpentard analysa ses alentours, l'esprit toujours un peu ralenti. Encore une fois la potion fit effet rapidement et Aleksander retint un gémissement alors que ses souvenirs lui revenaient. Camille avait du bien se ficher de lui quand il avait engagé un débat avec le Chevalier Catogan sur l'importance de l'étiquette et de la noblesse chevalière.
Ce fut le choc d'un ballon d'eau sur sa tête qui sortit Aleksander de ses souvenirs si gênants. Rageant contre Peeves, il se mit en route pour la Tour des Gryffondors, persuadé d'y trouver Remus.
Durant son trajet, il recensa ses propres souvenirs de sa relation avec Remus, tout leurs hauts et bas. Le moment où une certaine tension c'était installée entre eux. Leur premier baiser en Mai dernier, un fiasco qui s'était soldé par un mois où ils ne s'étaient même plus adressés la parole. Un mois au bout duquel ils s'étaient finalement retrouvés et s'étaient promis de rester amis.
Mais c'était dur, trop dur. Aleksander ne voulait pas être ami, il voulait plus.
« Tu veux toujours trop, Aleksander. Tu devrais te contenter de ce que tu as, normalement les miettes conviennent amplement aux bâtards sang-mêlés. »
Aleksander. Aleksander. La voix rêche et grave de Sorscha Brand retentit dans son esprit, son accent allemand écorchant son prénom comme tout le monde autour de lui le faisait depuis des années.
Sauf Remus. Remus lui avait demandé comment on prononçait son nom dans sa langue natale. Aleksander avait été ravi d'entendre quelqu'un essayer de ne pas massacrer son prénom. Il était déjà intrigué par le mystérieux Gryffondor aux cicatrices étranges et à l'esprit affûté avant mais cette fascination c'était rapidement transformée en admiration après leur conversation.
Il se souvenait encore parfaitement de cettte journée. Il avait écrit à Camille juste après, tout excité que Remus ait l'air si intéressé par lui.
« Tu mérites le monde entier, Aleks ! Bordel, tu mérites l'univers. »
Comme d'habitude Aleksander préféra choisir d'écouter la voix rieuse de sa meilleure amie plutôt que celle pleine de dégoût de sa belle-mère.
— Remus est loin d'être une miette, grommela-t-il.
***
— Non, Sirius.
— Rabat-joie !
— Je ne suis pas rabat-joie. Faire exploser des petits fours à la tête de notre professeur la plus sadique n'est juste pas une bonne idée.
— Bien sûr que c'est une bonne idée. Elle peut être sympa, Helen.
— C'est professeur McKinnon, Sirius... Attends tu connais son prénom ?
— Je sais tout Lunard, déclara Sirius en balayant la remarque d'un geste de la main. Alors pour les petits fours...
— Sirius ! On ne touche pas aux petits-fours ! Bordel, tu es pire que James parfois.
— Allez Lunard !
— Non, tu m'énerves. Sors !
— Pardon ? C'est ma chambre aussi je te signale enfoiré ! Je n'ai pas envie de partir moi, je suis très bien installé avec Bowie comme compagnon ! En train de planifier l'attaque surprise des petits...
— Sors, ordonna Remus d'une voix qui ne souffrait aucune réplique.
Sirius se releva, arrêtant son tourne-disque par la même occasion d'un coup de baguette. Il fixa son ami un long moment. Penché sur son livre de Potions et ses notes Remus tournait la tête dans sa direction, intransigeant et furieux.
— Tu es vraiment chiant aujourd'hui, maugréa Sirius en capitulant. Très bien ! Puisque que tu ne veux pas de moi je vais retrouver l'homme de ma vie ! JAMES j'arrive !
Il sauta à bas de son lit, attrapant une paire de chaussures au passage et mit un point d'honneur à claquer dramatiquement la porte en sortant.
Sitôt le dortoir vide, Remus enfouit son visage dans ses mains, passant ses mains dans ses cheveux d'un geste nerveux. Il faillit rire en se rendant compte que la manie impulsive de James de toujours passer une main dans ses cheveux avait fini par déteindre sur lui après toutes ses années
Remus ne devait vraiment pas se sentir bien pour imiter ainsi son ami. Mais entre la pleine lune de ce samedi, son mal de tête conséquent et sa conversation avec Aleks il était éreinté.
Il trouva quand même la force de s'emparer de sa baguette et de changer magiquement le disque. Instinctivement son choix se porta sur un disque de Pink Floyd. D'habitude il aurait tendance à mettre Queen, sa chanson favorite restait Killer Queen, mais elle lui rappelait Aleksander.
Et la pensée d'Aleksander remuait à l'heure actuelle deux sentiments en lui, la colère et, bien que ce soit moins avouable, un désir grandissant. Remus soupira, maudissant son cerveau d'adolescent. Les adolescents étaient stupides, ils n'écoutaient pas leur raison et laissaient leurs hormones les contrôlaient. Après le résultat prenait la forme d'un Serpentard au magnétisme sexuel naturel embrassant sans prévenir un pauvre Gryffondor qui voulait juste faire son devoir de Potion.
D'accord c'était un mensonge, Remus avait rêvé plusieurs fois qu'Aleks l'embrasse comme ça. Encore une fois c'était la faute de ces foutues hormones, il suffisait de voir James complètement fou d'Evans ou Sirius incapable d'avouer à la seule fille pour qui il montrait un tant soit peu d'intérêt qu'il avait des sentiments pour elle.
Mary avait eu raison en avril dernier, les garçons étaient des handicapés des sentiments.
Le regard fatigué de Remus se posa sur sa table de chevet où Aleksander avait posé une photo de lui et de Remus. Le Serpentard riait alors que Remus lui criait dessus. Ils devaient être en début de cinquième année lors de cette photo mais Remus ne savait même plus depuis combien de temps elle était posée là.
Aleks s'était sûrement introduit dans sa chambre à son insu pour la coller sur sa table de chevet avec un sort de Glu Perpétuel. Si Remus plissait les yeux, il pouvait presque distinguer les inscriptions que son ami avait gribouillé dessus. "On fait un couple sexy Lupin, non ?".
Remus ne se souvenait plus exactement de la première fois qu'il l'avait vu. Il avait sûrement du être mort de honte, surtout si Sirius avait été là. De ses trois meilleurs amis c'était assurément celui qui faisait le plus de commentaires déplacés sur les vies sexuelles de ses amis et le fait que Remus préfère visiblement les garçons n'avait rien changé. Sirius continuait de le taquiner tout comme James et Peter.
Remus n'avait jamais tenté de décrocher la photo pourtant.
Cela lui semblait mal de la décrocher. Il lui suffisait de la regarder pour qu'un étrange sentiment de bien-être l'envahisse. Il se souvenait parfaitement de ce qu'il s'était passé juste avant la photographie. Un moment qui pouvait sembler anodin mais qui l'avait littéralement chamboulé.
Une Gazette était arrivée la veille, annonçant une nouvelle attaque de loup-garou sur une petite famille de sorcier. Toute l'école avait passé la journée à maudire les hybrides, au grand désespoir de Remus.
Jusqu'à ce qu'Aleksander, alors âgé de quinze ans, ne se lève sur la table des Serpentards et crie haut et fort que traiter les loup-garous de monstres revenait à insulter les nés-moldus de sang-de-bourbes. Remus pouvait encore se souvenir du silence de mort que son affirmation avait causé. Aleksander avait immédiatement été rejoins par Sirius puis James et Peter sur la table des Gryffondors qui s'étaient égosillés dans toute la salle pendant dix minutes.
Bien sûr Aleksander ne savait pas que Remus était un loup-garou, mais il s'était quand même levé et avait rabattu le caquet d'une grande partie des élèves en défendant son espèce. Il n'avait pas été puni pour avoir causé une agitation majeure dans la Grande Salle, Albus Dumbledore l'avait personnellement félicité pour son discours. Mais la plupart des Serpentards l'avaient alors pris en cible. Grave erreur de leur part, ils avaient pratiquement tous fini à l'infirmerie. L'entraînement de duelliste d'Ilvermony et de Durmstrang était bien plus poussé que celui de Poudlard et Aleksander les avaient laminés.
C'était sûrement à ce moment-là que Remus avait commencé à tomber amoureux d'Aleksander Brand et c'était pour ça que cette photographie lui était si spéciale.
Et c'est pour ça qu'à l'instant présent cette photo lui causait aussi un douloureux pincement au cœur.
Aleksander l'avait embrassé. Encore une fois.
Il aurait du s'en réjouir. Mais il n'y arrivait pas. Les paroles du Serpentard juste après lui avaient fait l'effet d'une douche froide. Aleks n'était pas amoureux de lui, il lui plaisait simplement, après tout « ce n'était qu'un baiser »... Remus savait que c'était à prévoir et peut-être qu'il devrait s'en contenter. Mais pendant un bref instant, le Gryffondor avait entraperçu la possibilité que Brand partage ses sentiments et savoir que ce n'était pas le cas était beaucoup plus douloureux que n'importe quel sort.
Normalement un baiser ce n'était pas anodin, c'était significatif et surtout important. Sauf que ce n'était pas le cas pour Aleksander et c'était douloureux. Atrocement douloureux.
Au fond c'était logique pourtant, Brand n'était pas le genre à tomber amoureux. Surtout pas d'un pauvre type dans son genre.
C'était Aleksander Brand. Le Serpentard si doué, légèrement effrayant et surtout si charmant que ce soit avec les professeurs ou les élèves. Détraqué sur les bords et pourtant adorable.
Tout le monde savait qu'Aleksander n'était pas... Normal. Au bout d'une semaine à Poudlard on pouvait facilement déceler qu'il était gay. Il ne le cachait pas. Mais aussi mal-vu que ce soit personne ne disait rien. Parce qu'Aleksander était intouchable. Il était non-seulement un grand ami des Maraudeurs mais également terrifiant pour la moitié de l'établissement. Il savait réaliser parfaitement des sorts réservés aux études supérieures des sorciers, un véritable petit prodige.
Donc malgré les insultes habituelles qui tombaient régulièrement, Aleksander n'avait plus été attaqué depuis qu'il avait envoyé Michael Jugson deux jours à l'infirmerie.
Penser que ce sorcier pouvait tomber amoureux d'une personne aussi pitoyable que Remus était naïf et idiot. Pourtant lors d'un court instant Remus avait été naïf et idiot.
Le Gryffondor tourna la tête et son regard croisa celui de son reflet. Des cheveux pailles fades, des yeux de loup jaunes et fatigués et trois monstrueuses cicatrices barrant son visage. Qu'est-ce qu'il y avait d'attirant dans ça ? Aleksander était sorti avec des filles et des garçons sublimes et solaires. Remus était la définition même de banal et lunaire.
Il s'efforça de sourire, tout ce qui naquit sur ses lèvres fut un rictus cynique. Ses lèvres n'avaient même plus besoin de l'accord de son cerveau, elles s'étiraient d'elles-mêmes pour le réaliser.
Remus voulait tout simplement que tout s'arrête. La douleur. Ses sentiments. Les regards de pitié. Tout. Et surtout sa foutue lycanthropie.
Pourquoi ?
Pourquoi avait-il été mordu ? Pourquoi était-il si pathétique ? Pourquoi était-il amoureux de maudit Brand ?
Il se demandait quelles bêtises il avait pu faire quand il était petit pour mériter une punition pareille.
Remus ne croyait pas au destin, il n'y avait jamais cru. Mais si par hasard il existait c'était un bel enculé.
Et Aleksander Brand aussi.
***
James errait dans les couloirs, comme une âme en peine. Il venait juste de demander à Lily de l'accompagner au bal et malheureusement elle avait refusé. Pourtant il avait juste évoqué la possibilité de se déguiser en citrouille pour qu'il soit assorti avec elle... Ce n'était pas une raison suffisante pour qu'elle lui lance une tarte à la mélasse dans la figure. Surtout que s'il avait dit cela c'était pour attirer son attention alors qu'elle l'ignorait.
James soupira. Il n'arriverait jamais à l'inviter, encore moins à sortir avec elle... Mais il n'allait quand même pas abandonner ! Pas après tout ce temps. Il allait persévérer, comme il le faisait depuis des années. Il suffisait de rester...
— Aïe !
Son fil de pensée fut interrompu quand il se heurta à un inconnu.
— Mais bordel c'est pas possible d'être aussi con ! jura cette personne.
James grogna, son postérieur le faisant souffrir après cette chute et releva la tête pour savoir qui lui avait foncé dedans. C'était une petite sorcière aux cheveux caramels qui ramassait désormais ses fiches et ses livres éparpillés par terre. Elle releva la tête et son regard atterrit sur James.
Potter s'attendait à ce qu'elle le salue ou lui sourit comme le faisait pratiquement tout les élèves du château. À sa surprise, la fille se contenta de gesticuler vers ses livres en haussant les sourcils.
— Ça te dirait pas de m'aider au lieu de me fixer comme un abruti, la plante verte ? suggéra-t-elle.
James la dévisagea en fronçant le nez. Cela faisait longtemps qu'un élève quelconque ne lui avait pas ainsi mal parlé.
Même ses amis ne le remettaient que très peu à sa place. Lily évidement avait toujours été l'exception, à dire tout ce qu'elle pensait. Plus récemment Light Junior ne se donnait pas la peine d'être tout le temps polie. Certes il adorait glisser quelques commentaires peu flatteurs sur sa Maison ou sa manie de toujours stresser pour ses devoirs. Mais ce n'était pas une raison pour l'appeler "Jaimie".
Et maintenant cette fille venait de se rajouter à la liste de personnes l'insultant. James se redressa et l'aida à ramasser ses dernières fiches. Ses sourcils se froncèrent lorsque son regard tomba sur le titre des parchemins « Stratégie pour défoncer les Serpentard ». James examina le reste des morceaux de papiers et il constata avec surprise qu'ils étaient recouverts de notes et de tactiques de Quidditch.
— Tu joues au Quidditch ? s'étonna James.
— Oui, c'est un problème ? attaqua-t-elle.
— Non ! C'est juste que tu es... Enfin, commença James, dérouté.
— Une fille ? C'est parce que je suis une fille ? continua-t-elle en fronçant son nez de dégoût.
— Bien sûr que non ! Je n'ai aucune problème avec les filles qui...
— Alors c'est parce que je suis petite. Il n'y a que la taille qui importe dans vos esprits étriqués d'adolescents en chaleur ? Sache qu'entre nous deux c'est sûrement toi qui joues comme une petite fille ! s'emporta-t-elle, un drôle d'accent resurgissant dans sa fureur.
Elle se releva avec brusquerie et s'éloigna en direction du parc. James la regarda franchir les portes à grandes enjambées, toujours fulminante. Le Gryffondor resta immobile au milieu du couloir pendant un certain temps avant de se ressaisir et de courir après la jeune fille.
— Hé ! appela James en la voyant. Toi ! La fille du Quidditch !
La jeune fille se retourna et James la rejoignit en quelques enjambées. Ainsi près d'elle, il put remarquer le blason de Serdaigle épinglé sur la robe de la sorcière. Il s'arrêta devant elle alors qu'elle se contentait de le dévisager avec impatience.
— Qu'est-ce que tu veux l'hérisson ? soupira-t-elle. Tu ne vois pas que tu m'as déjà fait perdre assez de temps comme ça ? Je vais être en retard ! Oh Flamel... Je suis déjà en retard ! Par Maxime !
— Tranquille ! Je voulais juste m'excuser. Et je pensais que tu pourrais me donner des conseils, j'aimerais apprendre à jouer au Quidditch, mentit James.
La Serdaigle haussa un sourcil et son regard tomba sur le blason des Gryffondors. Elle soupira à nouveau et plaqua ses notes contre sa poitrine.
— Pourquoi tu ne demandes pas au Capitaine de ta Maison ? Bien que je doute qu'il ait du temps à accorder à un idiot aussi passif que toi.
James eut un sourire crispé. Il n'avait pas réfléchi avant de sortir ce mensonge. Il voulait juste en apprendre plus sur cette Serdaigle condescendante et c'était la première idée qui lui était passée par la tête. Son accent l'avait beaucoup intrigué tout comme ses notes de Quidditch assez détaillées et dans le fond très bonnes.
— Hé bien c'est justement le cas. Mais en tant que Serdaigle assidue tu ne priverais pas un jeune homme en soif de connaissance de ton expertise et savoir, ce serait contre-nature.
— Tu sais quoi l'hérisson ? Tu as une belle tête bien qu'elle soit définitivement vide de toute intelligence humaine. Je ne vais donc pas te jeter un sort pour tes préjugés. Je pense que si tu restes en retrait et que tu ne touches à rien ce ne serait pas un problème. Comment tu t'appelles ?
— Jam... Jaimie, je m'appelle Jaimie.
— Je t'appellerai l'idiot c'est plus facile de s'en souvenir, décida-t-elle, je m'appelle Emmeline Vance.
— Oh ! Tu es la capitaine des Serdaigles, non ?
— Oui. Ça te pose un problème ?
— Non ! Non, s'empressa de dire James.
— Parfait. Suis-moi.
James emboîta le pas à Emmeline en silence. Cette dernière feuilletait ses fiches en sifflotant. Elle ne se rendit pas compte que le Gryffondor l'observait attentivement. Et finalement, il conclut que malgré son tempérament légèrement agressif, elle semblait calme et surtout qu'elle était plutôt mignonne.
Ses cheveux bruns tombaient en légères boucles dans sa nuque. Ses yeux étaient remplis de mille idées et brillaient d'excitation. Son sourire était attendrissant et creusait deux fossettes aux coins des lèvres. James la trouvait étrange, elle venait de l'humilier et maintenant elle se contentait de relire ses fiches comme si de rien n'était.
Ils arrivèrent rapidement au terrain de Quidditch. Le reste de l'équipe était assis dans les gradins, déjà en tenues et balais en mains. Emmeline suggéra, ou plutôt ordonna, à James d'aller se placer seul dans les tribunes. Le jeune homme s'exécuta, un peu amusé par le comportement de la jeune fille.
Emmeline frappa dans ses mains et les adolescents tombèrent ou se levèrent précipitamment de leurs bancs. Vance esquissa un sourire carnassier. Elle finit néanmoins par se reconcentrer et se racla la gorge pour se mettre en situation.
— Bon j'ai observé les Serpentartes et ils sont moins idiots que je ne le craignais. On va enfin avoir des adversaires qui ne foncent pas dans le tas ! Parce que franchement j'en ai ras la casquette des matchs contre les Gryffondors, déclara Emmeline.
Depuis les gradins, James émit une sorte de bruitage indigné ce à quoi Emmeline répondit par un regard d'avertissement. Il se ratatina piteusement sur son siège.
— Ne vous occupez pas de Jaimie, il observe pour essayer de gagner un peu de matière grise. Appelez-le l'idiot ça ne le dérange pas, suggéra Emmeline.
Les joueurs jetèrent des coups d'oeils à James et hoquetèrent de surprise en le reconnaissant. Le Gryffondor les salua d'un geste enthousiaste de la main puis leur intima de se taire d'un index contre ses lèvres. Mary MacDonald le regarda avec désespoir avant de suggérer à Emmeline qu'il fallait mieux ne pas s'entraîner devant un ennemi. La Capitaine haussa un sourcil et Jimmy Crickett, un troisième année, couina que c'était James Potter le capitaine des Gryffondors.
Emmeline resta figée quelques secondes, le doigt en l'air. James hocha la tête en se disant qu'elle allait rester un moment dans cette position et que la partie amusante était fini. Il était en train de de quitter les gradins lorsque l'ombre menaçante de la Capitaine des Serdaigles le rattrapa et le fit trébucher contre une crevasse dans le bois des tribunes.
— Pourquoi tu m'as menti ? Tu voulais espionner ma séance c'est ça ? interrogea-t-elle en plissant les yeux. Quoi ? Tu pensais que tu aller pouvoir te payer ma tête aussi facilement ?
James la dévisagea avec un immense sourire avant d'hocher la tête. Emmeline le toisa avec une nouvelle froideur, plus agressive soudainement. Elle s'approcha du Gryffondor d'un pas, il ne bougea pas.
— J'ai horreur de trois choses, Jaimie. Les Gryffondors, les imbéciles et les petits salauds prétentieux même si les trois veulent pratiquement dire la même chose. Alors tu vas t'excuser et ensuite tu vas dégager ton visage de mon terrain !
— Je rêve ou tu viens d'insulter les Gryffondors ?
— Je rêve ou tu viens de comprendre une blague qui nécessite plus de deux neurones ? répliqua Emmeline.
— Je ne m'excuserai pas. Tu as été infecte avec moi et je voulais simplement en apprendre plus sur toi.
— Ne joue pas au plus malin avec moi. Tu espionnais ma séance !
— Écoute j'ai une proposition à te faire, proposa James d'une voix posée.
— Je m'en tape.
— Ta stratégie pour battre les Serpentard ne va pas marcher, continua James en l'ignorant, il faut se concentrer sur Montague et Black. Ce sont les plus forts en équipe. Yaxley est extrêmement doué en stratégie mais sur le terrain il ne vaut rien sans Brand. Alors ? Il a vraiment rien dans le crâne le Gryffondor qui a une meilleure stratégie que toi ? fanfaronna James avec arrogance.
La gifle d'Emmeline retentit violemment et un sourire se forma sur les lèvres de James. Sirius l'aurait traité de masochiste mais James se disait que les personnes impulsives et surtout assez braves pour dire tout haut ce qu'elles pensaient tout bas étaient tout à fait son type.
— Tu t'incrustes dans ma séance, tu me mens, tu te fiches de moi.... Et là tu viens de critiquer tout ma stratégie ? ragea-t-elle. Non mais je rêve ! Tes conseils tu peux te les mettre là où tu le penses Jaimie !
— Je rêve ou tu vas ignorer mes conseils et perdre pour protéger ta fierté ? contrattaqua James.
Emmeline recula d'un pas, à court d'arguments pendant un instant. Elle finit tout de même par se redresser et s'éloigna vers le centre du terrain avec rage et frustration. Le reste des joueurs n'osa pas intervenir, peu envieux de subir la colère de leur terrible Capitaine.
— Reste Jaimie ! Tu as intérêt à avoir une bonne stratégie ! décida Emmeline.
Le sourire de James s'agrandit et il se cala confortablement dans son siège. Durant toute l'heure, il donna des indications aux membres de l'équipe et à Emmeline. Ses conseils se transformaient parfois en quelques fanfaronnades. Mais Emmeline n'hésitait pas à le remettre à sa place, que ce soit en le réduisant au silence après une joute verbale intense ou à coups de Souafles.
À la fin de l'entraînement James avait décidé de se renseigner sur la Capitaine des Serdaigles alors qu'elle avait décidé que le Gryffondor était certes doué pour battre Serpentard mais aussi sacrément idiot.
***
— Remus. Je ne sais même plus depuis combien de temps je n'arrive pas à me regarder dans le miroir sans me dire que si tu étais à mes côtés, je serais encore plus beau... Non, non, non c'est nul ça ! Remus, tu es incroyable. Mais tu es un idiot de penser que je ne veux pas de toi. Non mais tu t'es vu ? Tu es quand même incroyablement canon. Je t'ai vu sans ta chemise l'année dernière et... Non évitons de dire ça. Remus je t'aime. Ouais, non. Un peu trop tôt. Remus, je suis vraiment idiot. J'ai horriblement besoin de toi, s'il te plaît laisse moi une autre chance. Je tiens vraiment à toi, bordel je tiens à toi depuis plus d'un an... Oui. Oui ça ça passe, marmonna Aleks en griffonnant sur son parchemin. Si seulement je connaissais le mot de passe, je pourrais lui dire...
Aleksander releva la tête pour fixer de son regard sombre le tableau de la Grosse Dame. Il connaissait pourtant le premier mot de passe de l'année, Camille lui avait dit. Mais ils avaient du changé depuis la semaine dernière.
— Charmante demoiselle, êtes-vous sûre de ne pas pouvoir m'ouvrir le tableau ? s'enquit Aleksander en usant de son plus charmant sourire.
La Grosse Dame gloussa et se cacha derrière sa main comme le ferait une jeune élève. Elle leva les yeux au ciel et lui adressa un sourire complice depuis son cadre.
— Ne me regarde pas comme ça, je vais rougir vilain garçon ! Quel dommage je ne puisse pas te donner le mot de passe... Ce charmant petit Black m'a interdit de le donner à des Serpentards !
Aleksander jura avant de s'excuser poliment auprès de la Grosse Dame. Il était assis sur la rambarde de l'escalier, jouant distraitement avec sa baguette. Elle émettait de temps à autre des étincelles grésillantes qui témoignaient de son humeur nerveuse.
— Pourtant Camille me l'a dit. Elle a parlé de nourriture, il me semble... Comté salé ? Non, c'était en rapport avec la charcuterie. Non c'est bon ! Je l'ai ! triompha Aleksander. Cornichons aux vinaigres !
— Oui, félicita la Grosse Dame avec enthousiasme. Allez déclarer votre amour à ce jeune Lupin ! Il serait fou de vous repousser ! Charmant comme vous êtes.
— Je vous retourne le compliment chère madame.
— Oh disparaissez vilain charmeur !
Aleksander s'engouffra précipitamment dans la Salle Commune, passant devant Sirius et America sans les saluer.
— Vous devez arrêter de faire ça ! s'exclama Sirius. Espèce d'impolis !
— Tu t'améliore en insultes dis donc, fit remarquer America depuis son fauteuil attitré.
— Tais-toi America. Tes remarques fausses et blessantes n'intéressent personne.
Aleksander monta les escaliers, sautant pratiquement au-dessus des marches alors que la nervosité et l'appréhension tordaient son ventre. Pourtant Aleksander pouvait sentir sa détermination grandir à mesure qu'il se rapprochait de son but. Le Serpentard avait toujours été impatient, un an à ruminer et repousser ses sentiments c'était un enfer personnel pour lui.
Pouvoir en parler avec Camille avait beau lui avoir apporté un certain réconfort, cela avait aussi augmenté son envie de tout avouer à Remus, de finalement le confronter au sujet de la relation qui n'était ni amicale ni romantique. Aujourd'hui Aleksander avait dépassé la ligne qu'ils s'étaient fixés en juin dernier, mais au fond c'était une bonne chose. Maintenant ils allaient arrêter de faire l'autruche et aller assumer.
— Tu as affronté pire, marmonna Aleks. À côté de Lestrange c'est d'une simplicité déconcertante d'avouer tes sentiments...
Aleksander ne savait toujours pas ce qui l'avait poussé à embrasser le Gryffondor. C'était plus qu'une envie il s'en rendait bien compte maintenant. Soudainement quand il avait croisé les iris couleur miel de son ami, la tentation était devenue trop forte. Intenable. Un barrage s'était effondré dans son esprit, déversant un flot de sentiments et d'émotions qu'Aleksander s'était efforcé de retenir durant quatre longs mois.
Le Batteur s'immobilisa devant la porte. La porte numéro quarante-deux selon les chiffres accrochés dessus. Il déglutit et frappa à la porte, avec si peu de force qu'il doute que quiconque ait pu l'entendre.
Mais c'était sans compter l'ouïe exceptionnelle de Remus, ce fut lui qui ouvrit la porte avec une certaine brusquerie. Il s'immobilisa un instant en voyant le Serpentard, reniflant dédaigneusement. Le regard d'Aleksander croisa le sien. Aleksander se sentit submergé par un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien en tant qu'adolescent, une chaleur familière se répandant au creux de ses reins.
Les cheveux de Remus tombaient en boucles dorées sur son front et ses yeux jaunes étaient lourds de sommeil. Aleksander avait l'impression qu'il venait de se réveiller, encore groggy et surtout peu réactif.
Aleksander n'avait qu'une envie, le réveiller entièrement et passer ses mains dans ses boucles hypnotisantes.
Il s'avança d'un pas, Remus fronça les sourcils et bailla légèrement. Alors qu'il allait enfin prendre la parole Aleksander prit visage du loup-garou entre ses mains et l'attira vers le sien. Leurs lèvres se rencontrèrent une nouvelle fois dans un mélange de passion et de langueur, langues et dents s'entrechoquant sans pouvoir s'arrêter.
Remus fut le premier à se réveiller, Aleksander toujours envoûté par le goût des lèvres du Gryffondor. Le Serpentard pouvait goûter le chocolat de Remus toujours présent sur ses lèvres, il ne voulait pas s'arrêter. Jamais.
Remus se détacha en premier, repoussant Aleks d'une main sur sa poitrine.
Le Batteur dut fermer les yeux un instant, toujours étourdi et le souffle court. Remus s'essuya rapidement les lèvres, haletant et le regard agité.
Aleksander sut immédiatement que Camille n'aurait pas approuvé cette entrée en matière. Ils étaient supposés parler, pas finir par se bécoter ou baiser dans le dortoir des Maraudeurs. Pourtant il ne regrettait absolument pas qu'ils se soient embrassés, il ne regretterait jamais d'avoir embrassé Remus.
Bien que le manque d'expérience du Gryffondor se fasse ressentir et que le décor ne soit pas idéal, pour Aleksander c'était sûrement un des meilleurs baisers de sa vie. Parce qu'embrasser Remus le faisait se sentir spécial, tout chez Remus le faisait se sentir spécial.
« Bordel j'embrasse Remus Lupin ! », pensa Aleksander, les yeux brillants et un sourire incontrôlable aux lèvres.
Le loup-garou était tout sauf tactile pourtant il acceptait le bras d'Aleksander sur ses épaules, les marques d'affections étranges d'Aleksander et les remarques ambiguës que lui lançait Aleksander. Parce qu'Aleksander Brand était spécial.
Quand il sentit Remus revenir à la réalité, il eut peur. Peur que le Gryffondor ne le repousse et le prive de cette sensation grisante qu'il ressentait à le faire sourire, à mettre son bras sur épaules et à l'embrasser...
— C'est le moment où tu t'expliques Aleks, s'agaça Remus d'une voix rauque.
Aleksander plongea son regard dans le sien et se pencha à nouveau en avant pour capturer une nouvelle fois les lèvres de Lupin.
Remus répondit avec réluctance au baiser, se détestant ainsi de succomber au Serpentard. Mais c'était plus fort que lui, il n'arrivait pas à le repousser. Ses lèvres étaient une drogue pour le Gryffondor. Les deux garçons finirent par se séparer à bout de souffle.
— Pourquoi tu veux parler ? demanda Aleks d'une voix haletante, une main sur la joue du Gryffondor. Ça ne me dérange de... De continuer ce qu'on fait...
— C'est... C'est justement pour ça, répondit Remus en récupérant son souffle. Je veux que tu me dises ce que ça veut dire pour toi... Ce qu'on fait là ? Qu'est-ce que ça signifie pour toi ? Est-ce que tu en as seulement quelque chose à faire ? Je ne suis pas un jouet, Aleksander. Même pour toi.
Le Serpentard se raidit à l'entente de son nom. Entendre Remus lui parler avec une telle froideur et irritation le mettait dans deux états très différents.
— Comment tu peux penser ça sérieux, Rem' ? T'as jamais remarqué comment je te regardais ? T'as jamais remarqué que peu importe combien de personne je rencontre je reviens toujours à toi ? souffla-t-il.
Remus secoua légèrement la tête, ses boucles tombant un peu plus devant ses yeux. Aleksander les replaça correctement, ses doigts frôlant sa joue. Remus ferma les yeux, laissant échapper un souffle tremblant.
— Un jouet ? répéta Aleksander, presque en un murmure. Tu pensais ça aussi mai dernier Rem' ? Que je jouais avec toi ? Ridicule. C'est d'un ridicule ! Bordel Remus, je t'adore. Ça fait longtemps, tellement longtemps que je t'adores ! Mais on a pas réussi en mai alors je t'ai écouté et j'ai essayé, j'ai vraiment essayé d'être juste ami avec toi. Mais on n'a pas réussi non plus à être de simple amis, Remus, on est pas amis.
— Ça a marché cet été...
— Oui. Oui ça marchait quand tu étais à des milliers de kilomètres de moi Remus, ironisa Aleksander, mais pas à Poudlard. Non à Poudlard j'en ai marre de te regarder de loin en crevant d'envie de venir t'embrasser. J'en ai marre d'avoir cette barrière entre nous deux. J'en ai marre que tu penses que je ne veux pas être avec toi ! Que je joue avec toi ! Tu es le mec le plus important à mes yeux et tu oses me sortir ça ? Remus de nous deux ce n'est pas toi le jouet. C'est moi. Et entre nous... Je ne veux pas que ce soit juste physique... Tu sais ce que je rêve de faire plutôt que de t'embrasser ? Moi je veux pouvoir t'appeler mon petit-ami. Parce que Remus tu es un sorcier absolument adorable, droit. T'es mon délinquant préféré. Tu es le type qui lit le règlement en entier avant d'enfreindre tout les putains d'articles. Tu es le gars qui a réussi à vider entier en une nuit le sablier des Gryffondors. Et surtout tu es le garçon incapable de voir à quel point il est incroyable. Tu ne vois que tes défauts.
Remus sentit sa mâchoire se serrait imperceptiblement quand les doigts de son camarade vinrent caresser une de ses cicatrices. Aleksander lui sourit.
— Tes défauts Remus te rende parfait à mes yeux. J'aime tout chez toi. Il n'y a pas un seul détail que je changerais. Je pourrais m'imaginer la perfection une dizaine de fois et ne jamais réussir à atteindre ton niveau. Je sais que je n'ai pas utilisé la meilleure approche, je suis vraiment désolé Remus. Je n'ai jamais voulu te faire du mal, jamais, assura Aleksander avec férocité. Mais je suis vraiment une merde avec les mots. Je n'aime pas forcément parler, d'habitude j'agis mais là Remus... Je me suis rendu compte trop tard que si je ne faisais qu'agir je te perdrais sûrement. Bordel je ne veux pas te perdre Remus. Je crois que je t'aime, Lupin.
Aleksander cligna des yeux un instant, son regard toujours fixé sur Remus. Aleksander sentit son cœur se mettre à battre plus vite, trop vite. Il avait chaud. Tellement chaud. Qu'est-ce qu'il avait dit ? Est-ce qu'il venait de dire qu'il l'aimait ? Son cœur tambourinait dans ses oreilles et son souffle devenait de plus en plus irrégulier. Remus ne disait de rien, se contentant de le dévisager d'un air interdit.
La vue d'Aleksander se brouilla progressivement. Il se sentait de plus en plus mal, respirant avec difficulté. C'était la première fois qu'il se l'avouait réellement. Il le savait mais il n'était pas supposé le dire si tôt, non ? Remus ne disait toujours rien et Aleksander commençait à paniquer désormais.
— Remus ? appela-t-il d'une voix tremblante. Remus s'il te plaît dis quelque chose...
— Je ne sais pas... Aleks, bordel je ne sais pas moi ! C'est compliqué, se défendit Remus l'air perdu.
***
À suivre
Non. Je ne suis pas sadique.
Je suis juste une auteure.
Des ressentis ? Avis ?
Je suis preneuse !
Hey fuckers
#C'estCompliquéUnRemus dans les
commentaires !
Salut aux habitués !
Bonjour aux nouveaux ! Prenez place et appréciez la connerie des adolescents.
...
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