Chapitre 13 : La Première Marque
Octobre 1976
Chapter 13 : La Première Marque
— Camille quoi ? fusa une voix derrière Sirius.
Sirius et America se retournèrent en reconnaissant la voix alors que James grommelait dans sa barbe. Aleksander tira une chaise à sa droite pour que son amie puisse s'asseoir en continuant de bavarder avec Remus. Sirius évita de regarder la Serpentard et darda plutôt un regard suspicieux sur le sorcier qui l'accompagnait et qui semblait gêné face aux nombreux yeux qui le scrutaient.
Camille et Tom devaient avoir fini leur rendez-vous. Ce dernier, voyant les regards pleins d'interrogations de ses propres amis au fond du bar, décida de s'éclipser. Il déposa un baiser sur la joue de Camille et la salua avec un sourire gêné. Il s'en alla ensuite rejoindre un Axel Yaxley maussade avec empressement, envieux d'échapper aux regards des amis de sa potentielle petite amie.
Camille s'installa dans la chaise que lui avait offerte Aleksander sans manquer la façon dont il arqua un sourcil d'un air entendu.
— Quoi ? fit Camille.
— Oh allez nous fait pas poireauter, je veux savoir ce qu'il s'est passé.
— Quelle commère...
— Pire que Bertha Jorkins, lança America.
— Oh ne parle pas de cette harpie, ragea Aleksander. Je te jure si elle était toujours à Poudlard je l'aurais jeté dans le Lac Noir !
— Et donc comment il est Hollander ? On m'a dit qu'il était sympa, lança Mary avec intérêt.
— Les rumeurs sont vraies, il est courtois et poli. Ça change de lui, sourit Camille en désignant Sirius. Donc pourquoi vous parliez de moi ?
Sirius se contenta d'un regard sombre dans sa direction. Il trouvait que c'était un coup bas, surtout qu'il était beaucoup plus courtois maintenant. Il s'était amélioré depuis l'année dernière, elle pouvait au moins lui accordait ça au lieu de le comparer à Tommius... Tommius. C'était même pas un prénom ça en plus.
Sirius n'avait jamais imaginé Camille sortir avec quelqu'un. Même quand Hollander l'avait invité pour un pari, il ne l'avait pas pris au sérieux. Merlin, il y avait tellement de rumeurs qui affirmait qu'Hollander était gay... Certes la plupart avaient été commencé par Bertha Jorkins lors de sa dernière année à Poudlard, mais quand même Sirius n'avait jamais pensé qu'il le verrait sortir avec une fille un jour. Surtout sortir avec Camille.
Sirius retint une grimace. Ça sonnait toujours étrange dans sa tête, Camille qui sortait avec quelqu'un. Mais toute cette année était étrange et Camille semblait presque différente.
C'était déjà bizarre pour Sirius de la voir tout les jours et qu'ils aillent en cours ensemble mais si en plus elle faisait des trucs qui n'avaient aucun sens comme sortir avec Tommius Hollander alors Sirius ne s'habituerait jamais à sa présence à Poudlard... Elle semblait tellement différente cette année. C'était comme si elle avait changé. Bien sûr sa personnalité restait la même, c'était la même Camille auquel il avait envoyé des lettres pendant des années mais... C'était étrange de la voir sortir avec un garçon ou des choses comme ça. Ils n'en parlaient jamais de ça par lettres.
— Mais bien sûr que j'accepte d'énerver tes parents Sirius, c'est même un plaisir ! Je paierais pour ça sans hésiter, entendit le Gryffondor.
C'était Camille qui avait parlé et en entendant cela Sirius se sentit tout de suite un peu mieux. Mais un goût amer restait en travers de sa gorge. Il prit une gorgée de bièreaubeurre pour le faire passer.
— Super, grommela-t-il pour toute réponse.
Camille lui jeta un regard surpris et vexé mais Sirius se contenta de fixer obstinément le tas de cendre qu'avait donné sa lettre dans le cendrier. Face à ce manque de réaction la Serpentard demanda dans un murmure à Aleksander pourquoi Sirius affichait cette tête de six pied de long mais ce dernier se contenta de ricaner.
— Donc maintenant qu'on t'a tout expliqué... Comment s'est passé ton rendez-vous ? demanda innocemment Aleksander. Je suis sûr que Tom est génial.
— Oh étonnamment il l'est. Et je n'ai pas énormément d'expérience mais je trouve qu'il embrasse bien aussi, répondit-elle en souriant. Après je reste sur ma position, embrasser quelqu'un ça reste bizarre...
Sirius s'étouffa avec sa bièreaubeurre ce qui fit éclater de rire Marlène. Aleksander quant à lui continua d'interroger son amie sur son rendez-vous, vite suivie par Mary et Marlène qui souhaitaient satisfaire leur habituelle curiosité de Serdaigles. Cette interrogation n'eut pas pour effet d'améliorer l'humeur de Sirius qui se retrouva à froncer les sourcils de plus en plus en entendant Camille parlait d'Hollander.
Il ne comprenait pas pourquoi elle semblait l'apprécier autant. Tommius n'avait rien de spécial à part un nom nul. À la limite si elle voulait sortir avec un Serpentard qui faisait du Quidditch alors autant sortir avec le Capitaine, Axel Yaxley, qui était beaucoup plus sympa et détendu, en plus d'avoir un charisme et un charme magnétique que Tommius n'avait pas. Quoique à la réflexion c'était impossible... Yaxley finirait en couple avec son balai avant même que l'idée de parler à une fille ne lui vienne à l'esprit. Ce gars vouait un véritable culte au Quidditch, plus que James et ça c'était inquiétant.
— Ça va Pat' ? souffla James en se penchant vers son ami.
— Ouais, ouais...
Sirius mentait, il n'allait pas bien. Au fur et à mesure de la conversation il sentit un besoin urgent de faire taire Camille et de sortir de là. Il ne voulait pas l'écouter parler de son nouveau petit-ami... Beurk. Camille en couple ça sonnait presque comme une mauvaise blague. Elle était tellement fière de son indépendance...
— Je crois que je vais rentrer, lança Sirius brusquement.
Son intervention interrompit les conversations ce qui ne parut pas plaire à Aleksander qui avait enfin réussi à commencer à parler à Remus. Lily de son côté continua de discuter avec Alice, Emilie et Edward, pas le moins du monde affectée par son intervention. Sirius lança un regard entendu à James et son meilleur ami comprit le message en un instant.
— Ouais on a... On a ce truc à faire.
— Un truc ? intervint Remus avec un regard suspicieux. Quel truc ?
— Oh trois fois rien...
— La dernière fois que tu m'as dis ça tu as inondé la Salle Commune des Serdaigle.
— Ouais et je ne t'en remercie pas d'ailleurs, ça nous a pris trois jours pour sécher tout nos livres, rabroua Mary avec un regard étincelant.
— Nan mais cette fois j'inonderai rien, assura James. Hein Sirius ?
— Ouais. Ouais c'est autre chose qu'on va faire...
— Donc c'est une chose ? Ou un truc ? s'amusa Peter.
— Oh oubliez ! Je viens avec vous comme ça je suis sûr de ne pas vous retrouver en retenue ce soir.
— Comme si tu ne finissais jamais en retenue avec nous Lunard, railla Peter.
James sourit et se leva en même temps que Sirius. Remus s'excusa auprès d'Aleksander et du reste avant de rejoindre ces amis et le Serpentard dévisagea d'un air peu amène James et Sirius. Peter fut le dernier à les suivre, finissant rapidement sa bièreaubeurre. Les élèves autour de la table regardèrent les Maraudeurs s'en aller avec circonspection.
— Dites-moi que je rêve ou ils viennent vraiment de nous lâcher comme ça ? s'indigna Mary.
— Ce n'est pas une grosse perte, marmonna Lily dans sa tasse de chocolat.
— Et le pari alors ? On a gagné ? lança Marlène. Parce que c'est hors de question que je repasse plus de quinze minutes en leur présence !
— Potter, grogna Lily avec humeur.
— Je pense que vous avez gagné les filles, répondit Alice.
— C'est quoi cette histoire de pari ? s'enquit America.
— Un pari des professeurs Brulôpot et McGonnagall, répondit Mary.
— Quoi ? s'indigna America. Comment ça se fait que je ne sois pas au courant ?
— Oh c'est une histoire bête comme mandragore... C'est juste qu'avant-hier les filles et les garçons se disputaient. Lily avec James, Marlène avec Sirius et Mary avec Peter même si j'ai pas trop compris pourquoi Mary...
— Il a dit que Jane Austen était moins bien que Mary Shelly !
— Il a osé dire quoi ? s'outra Camille. Frankenstein c'est nul !
— D'accord... Bref ils se disputaient, comme d'habitude quoi. Sauf que McGonnagall a débarqué en leur criant de se calmer. Elle a dit qu'il fallait qu'ils apprennent à se supporter. Lily a eu l'audace de marmonner qu'ils s'entendaient parfaitement bien. À ce moment-là, le professeur Brûlopot est arrivé. Il a alors parié que tout les six, ils n'étaient pas capable de passer une demi-journée ensemble sans s'entretuer, continua Emilie avec amusement.
— Alors McGonnagall a dit que s'ils allaient tous ensemble à Pré-Au-Lard et que personne ne venait se plaindre auprès d'elle d'éventuelles disputes... Elle redonnerait les points perdus de Gryffondor à cause des farces des garçons. Si jamais les garçons gagnaient, parce que les filles avaient abandonné, ils auraient le droit de leur donner une retenue et de choisir leur punition. Même chose pour les filles si les garçons abandonnaient. Et bien sûr s'ils perdaient tous, ils devaient exécuter deux retenues tous ensemble, expliqua Alice.
— C'est nous qui avons gagné, s'écria Marlène en brandissant le poing en l'air, un sourire sadique étirant ses lèvres. J'ai déjà plusieurs idées pour Black, il ne va pas comprendre sa douleur !
— Je vais enfin prendre ma revanche sur ce crétin de Potter, décréta Lily — une lueur de folie dans les yeux.
— Ils vont voir si les Serdaigles sont moins créatifs que les Gryffondors, fit diaboliquement Mary faisant frissonner les autres.
Le reste de la table observa les trois jeunes filles qui se regardaient en souriant sadiquement avec inquiétude. Mary était visiblement toujours vexée qu'elle n'ait pas été répartie à Gryffondor alors que Lupin, y était et était plus intelligent qu'elle. À ses yeux ils auraient dû échanger leurs places.
Pour Lily cela pouvait paraître surprenant si on ne connaissait pas ses rapports houleux avec James Potter. Mais elle avait milles et une raisons de faire payer au Maraudeur toutes les crasses qu'il lui avait fait subir.
Quant à Marlène, ce n'était pas une surprise. Elle avait toujours était sadique et elle avait toujours eu une dent contre Sirius Black.
Ce fut quand les filles commencèrent à énumérer des créatures particulièrement répugnantes à laver que leurs amis décidèrent qu'il était temps de rentrer.
Ils payèrent les boissons, dirent au revoir à Rosmerta et sortirent dans le froid d'automne. Mary, Alice, Emilie et Edward voulaient rester encore un peu et les autres les saluèrent avant de repartir en direction du château.
Camille discutait avec Lily du dernier Sherlock Holmes tandis que America et Fred suggéraient leurs idées de retenues à Marlène. Le trajet se déroulait bien quand le groupe d'amis entendit des exclamations près de l'orée de la Forêt Interdite, où attendaient les calèches. Mais ce n'était pas des cris joyeux d'élèves qui avaient passé une bonne après-midi à Pré-Au-Lard, c'était des cris et hurlements d'horreurs, des pleurs et des vomissements que le groupe d'ami entendit.
Cela eut pour effet de les ralentir momentanément avant qu'ils ne se mettent à courir à toute vitesse jusqu'aux bruits. Déjà ils purent distinguer un attroupement de personne près d'un grand chêne. Les élèves s'interpellaient, pleuraient et se criaient des questions. On pouvait distinguer des préfets dans la foule qui cherchaient à ramener le calme malgré la détresse évidente inscrite sur leurs visages.
Camille sentit un poids tomber dans son estomac en sentant une odeur de pourriture.
Finalement son instinct avait raison, quelque chose s'était passé. Et une horreur vu les réactions horrifiés des adolescents. La Serpentard se fraya un passage à travers la foule, écartant à coups de coudes, d'épaules et de pieds les élèves qui avaient eu l'imprudence de se mettre sur son chemin. America et Aleksander furent les premiers à lui emboîter le pas mais ils eurent du mal à la rejoindre. Ce fut Camille qui arriva en première au centre de l'attroupement. Mais Sirius lui barra précipitamment la route et lui boucha la vue.
Pourtant c'était trop tard. Elle avait déjà aperçu un visage blafard et immobile, qui lui semblait familier, couché à terre. Elle essaya de regarder par-dessus l'épaule de son ami.
— Camille arrête, ordonna Sirius.
— Sirius qu'est-ce qui se passe ? Je n'arrive pas à voir, s'exclama Camille en essayant de faire bouger son ami.
— Camille ! appela-t-il plus fortement, en l'attrapant par les épaules. Regarde-moi, ne regarde pas...
Camille vit America s'arrêter juste devant elle. Lorsqu'elle vit la cause de tout cette agitation, ses yeux s'écarquillèrent et elle plaqua une main devant sa bouche. Elle tourna la tête vers Camille et Sirius et murmura un nom d'une voix inaudible, ses yeux remplis d'horreur.
— Mais laisse-moi voir Sirius ! s'énerva Camille en se dégageant brutalement de l'étreinte de Sirius.
Pour éviter qu'il ne la rattrape, elle lui donna un coup dans le tibia. Sirius poussa un grognement et pesta contre elle. America lui attrapa le bras, mais elle ne serra pas avec beaucoup de force et Camille se dégagea avec facilité. Elle s'élança vers le corps et... Elle s'immobilisa immédiatement en le reconnaissant.
La bile envahit immédiatement la bouche de Camille. Et c'était visiblement le cas de plusieurs autres personnes à en juger par les bruits et l'odeur de vomissements qui parfumait l'air.
Mais Camille ne vomit et c'était presque pire car c'était maintenant l'horreur et la colère qui la vrillaient qui lui étaient insupportables. Trop stupéfaite, choquée par ce qu'elle voyait, elle perçut à peine la main de Sirius se poser sur son épaule. Camille se dégagea prestement et se rapprocha à grands pas du corps inerte, les yeux écarquillés. Elle fixa avec horreur le cadavre devant elle. Elle s'accroupit à ses côtés, sourdes aux cris autour d'elle. Elle appela un nom d'une voix rendue rauque par l'émotion, sa gorge nouée.
Camille s'empara d'une main froide avec douceur, caressant la peau flasque, des larmes coulant de ses yeux. Elle les essuya pour pouvoir observer la peau blafarde, les yeux vitreux et la grimace de douleur figée sur les lèvres craquelées de la morte. Son visage était la seule partie identifiable. Et encore... Parcouru d'entailles et la lèvre inférieure fendue, il était méconnaissable.
Quant au corps, presque nu, il était recouvert de filets de sang séché et de cicatrices qui le défiguraient. D'un trou béant dans le ventre de la victime avait coulé du sang, sang toujours accroché au ventre du cadavre, laissant entrevoir l'intérieur du ventre. Ses jambes étaient recouvertes de bleus.
Toutes ces marques et blessures... Camille eut un haut-le-coeur et recracha le contenu de son estomac contre son gré sur le côté. Elle détestait vomir. Le reste de ses larmes obstruaient toujours sa vue pourtant elles refusaient toujours de couler. Apercevoir son sourire défiguré, c'était trop. C'était dégueulasse. Elle serra les lèvres pour retenir un nouveau haut-le-cœur et se retint de verser plus de larmes.
Camille essuya sa bouche d'une main alors que l'autre agrippait la main d'Emma. La Serpentard sentit les larmes couler sur ses joues. De rage, de peur ou de culpabilité ? Elle n'en savait rien. Probablement tout à la fois. Elle ne réagit pas quand Charlie s'effondra à côté d'elle en pleurs ou quand une autre personne s'agenouilla à côté d'elle. Autour d'elle, les gens s'agitaient mais elle les ignorait. Qu'est-ce qu'ils avaient perdu eux ? Rien. C'était sa cousine immobile devant ses yeux.
Par peur qu'on lui retire Emma, elle encercla plus fermement ses doigts fins de ses mains tremblantes.
Quand on essaya de la dégager du corps de son amie, cela la mit hors d'elle. Elle donna un brusque coup à la personne qui essayait de la faire se relever.
Elle n'avait aucune force mais on ne pouvait pas qualifier le professeur Slughorn de vigoureux alors elle n'eut aucun mal à se dégager.
Quelqu'un réussit pourtant à la remettre debout. Elle se débattue, hors d'elle et ordonna qu'on la lâche, essayant de se remémorer du visage intact de sa petite cousine derrière la masse de gens qui se regroupaient devant le cadavre.
Les élèves parlaient entre eux, chuchotant à voix basse et criant par-dessus le tumulte.
« Qui est-ce ? Qu'est-ce qui se passe ? Elle est morte ? C'est dégueulasse ! »
Oui c'était dégueulasse. Emma... Elle venait d'entrer dans l'équipe de Quidditch nationale de son pays. Elle venait de commencer sa vie. Elle avait un petit-ami, elle était heureuse. C'était une femme d'à peine dix-neuf ans qui s'était faite sauvagement défigurée et assassinée par un ramassis de monstres tordus, c'était ignoble.
Camille frappa avec son coude, se débattant violemment jusqu'à ce qu'elle reconnaisse la voix de Sirius dans son oreille. Il jurait avec couleur. Camille arrêta de bouger, aussi soudainement qu'elle avait commencé.
— Je te jure, ils vont payer pour ça ! Ils vont payer ces monstres, je te le jure. Mais pour l'instant calme-toi par Merlin !
Sirius tenait la Serpentard dans ses bras d'une manière un peu détachée, n'osant pas la toucher franchement. Il se contentait de la maintenir debout contre lui, ignorant ses coups rageurs qui l'atteignaient au ventre, au torse, aux chevilles... Il allait avoir de sacrés bleus.
Quant à Camille elle finit par écraser le pied de Sirius et se détacha de lui. Elle s'accroupit par terre, ses bras enveloppant ses genoux et le regard fixé sur Emma. Une autre forme s'était dessinée au-dessus du cadavre.
Sophie dévisageait Emma avec horreur, le choc et la stupeur peignant un air presque comique sur son visage d'habitude si impassible. Mais Camille n'avait pas envie de rire. Voir sa grande sœur si composée dans cet état, c'était pire. Sophie se pencha en avant, ses doigts caressant les longs cheveux auburn d'Emma. Ses yeux brillaient mais elle se refusait à laisser couler ses lèvres.
Pour une fois Camille était d'accord avec sa sœur. Pleurer ne servait à rien.
Sophie finit par se tourner vers sa sœur, toujours accroupie non-loin de là. Sirius s'était assis à côté d'elle, aussi abruti que le reste des élèves.
Ça faisait des années qu'il connaissait Emma Cieslak et c'était un ange descendue des cieux.
Sirius fixait le corps en face de lui avec fureur et des yeux vides. Comme s'il s'imaginait se retrouver face aux monstres qui avaient osé faire ça, comme s'il s'imaginait le leur faire regretter... Il haïssait la magie noire mais il aurait adoré les faire subir quelques sorts que Walburga lui avait appris à la dure.
Le Gryffondor sentit que la foule s'était dissipée seulement quand il entendit les cris d'horreurs s'éloigner. Il parvint alors à distinguer et comprendre les clameurs et le hurlement terrifié d'une élève.
— Dans le ciel ! Regardez !
— C'est eux, c'est forcément eux !
— Qui c'est cette fille ? Pourquoi ils ont fait ça ? Qui c'est ?
Sirius sentit son coeur sombrer dans sa poitrine quand il regarda en l'air. Une immense tête de mort verte illuminait le ciel. Un long serpent sortait de sa bouche et semblait presque attaquer les élèves qui hurlaient. Le même symbole apparaissait presque chaque mois en couverture de la Gazette du Sorcier et souillait la peau blanche de sa cousine Bellatrix. C'était la Marque de Lord Voldemort, la Marque des Ténèbres.
Sirius examina ses alentours, à la recherche d'un quelconque soutien. Aleksander regardait le corps d'Emma sans émotion, les mains dans les poches. Marlène se tenait debout à sa droite, se tordant les mains nerveusement. Ils ne connaissaient pas Emma. Elle n'avait jamais fait partie de leur équipe. Si elle partait en mission c'était souvent avec Sirius, les Light et Abbott.
Sirius vit justement Thomas agenouillé aux côtés de Charlie qui pleurait à chaudes larmes au-dessus du corps d'Emma. Sophie les fixaient d'un air presque absent. Elle ne comprenait pas pourquoi ces étrangers pleuraient. C'était sa cousine. Une Cieslak.
Thomas releva la tête et son regard plein de détresse croisa celui de Sirius. L'américain ne savait pas comment réconforter ceux qui étaient particulièrement proche d'Emma. En même temps en étaient-ils seulement capables ? Comment faire pour les réconforter face à une horreur pareille ?
Ils n'avaient jamais vécu un deuil et ils n'auraient pas du. Ils n'étaient même pas majeurs pour la plupart.
« La mort est pareille que la guerre, elle prend tout et ne laisse rien. »
— Tu dois me dire pardon, dit soudainement Camille.
Sirius fronça les sourcils et secoua la tête d'incompréhension.
— Pourquoi ?
— Dis-le juste.
Sirius le dit, se demandant pourquoi. Quelles bêtises avait-il encore sorti sans s'en rendre compte ? Quelles bourdes avait-il commis sans le savoir ? S'excusait-il pour une mauvaise blague ? Ou peut-être que ça remontait à plus longtemps, à un an auparavant. Quand il l'avait convaincue qu'Emma serait un atout pour Dumbledore. Par Merlin, il aurait du fermer sa gueule.
— Sirius, j'en ai marre. J'en ai tellement marre bordel.
— On n'en a tous marre prince charmant... Bordel je les hais... Ces connards...
— On va mourir, hein ? Dans combien de temps ce sera notre tour ?
Sirius ne répondit pas. Il se rendit compte avec horreur que la question de Camille était sérieuse. Et qu'il devait peut-être craindre qu'elle n'ait raison. Ils avaient tous une épée de Damoclès suspendue au dessus de leurs têtes. Lui, Camille, Aleksander... Ils étaient tous impliqués, comme Emma.
— Dans longtemps.
— Tu mens. On va tous mourir à cause d'eux... Je parie qu'on ne dépassera pas nos vingt ans...
— Alors fais semblant de me croire ! Au moins on mourra en se battant, c'est toujours mieux que rien !
— Je n'ai pas envie de mourir comme ça, Sirius. J'en ai marre de souffrir. Tu as vu ce qu'il lui on fait ? Ils ne sont pas humains putain !
— Ça n'arrivera pas ! Je te jure. Je te jure, j'y veillerai. On a Dumbledore de notre côté quand même. Emma... Emma elle s'est battue. Je ne pense pas qu'elle le regrette.
— Eux ils ont Jedusor. Et je ne me bats pas pour Dumbledore. Je le déteste. Je me bats pour Aleks, et toi, même Evelyn... Je m'en fous du reste. Si vous mourrez tous je m'en fiche qu'on gagne ou perde.
Sirius ne répondit rien.
— Est-ce que tu serais heureux qu'on batte Voldemort si on a tout perdu à côté ? Emma c'est que le début. On se bat pour aider et protéger mais à quoi ça sert si on meurt ? Si je ne peux pas vous protéger, à quoi ça sert que je puisse me battre ? Je n'ai pas pu aider Emma... Peut-être que je ne pourrais pas vous aider plus tard. Et ça me rends malade.
— Ce n'est pas ton rôle de nous protéger.
— Et qui va le faire Sirius ? Tes parents ?
— J'ai James.
Camille laissa échapper un sourire. James Potter avait beau être énervant, elle lui était tellement reconnaissante de faire sourire ainsi Sirius.
— Oui... Tu as ton James Potter.
— Arrête de te prendre la tête pour nous...
— Vraiment ? Regarde ça comme ça Sirius, qui est le James d'Aleks ?
Sirius cligna des yeux, surpris.
— Et le tien ? Il est où ? contrattaqua Sirius.
— À Ilvermony. Mais je n'ai pas besoin de James à Poudlard, j'ai Aleks et je t'ai toi.
***
— Vous l'avez mise sous « sédatifs » ?
— Je n'avais pas le choix. Elle n'arrêtait pas de vouloir repartir, cela devenait lassant à la longue ! Et puis Horace lui avait déjà lancé ce sort d'endormissement auparavant.
— C'est légèrement excessif !
— Pas le moins du monde, je ne sais pas ce que vous lui avez fait à cette pauvre enfant, mais moi je n'ai pas à subir ses cris. Mes oreilles n'ont rien fait de mal pour le mériter.
— Professeur dites quelque chose voyons !
— Miss Light a subi un choc émotionnel important, le mieux est de la laisser se reposer.
— Bien sûr, on sait tous que retarder le moment fatidique le rend beaucoup moins douloureux à la fin !
— Je suis parfaitement d'accord, monsieur Black. Mais dans ce cas particulier, il vaudrait mieux éviter tout débordement tant que nos invités ne seront pas partis.
— Mais par Morgane vous êtes le directeur ! Vous n'avez qu'à les virer ces abrutis de journalistes et d'inspecteurs !
— Ame c'est bon, calme-toi...
— Aleksander a raison Miss Wile. Ce n'est pas aussi simple que cela. Les « virer », comme vous dites, ne ferait qu'aggraver les choses.
— Je croyais que vous étiez le sorcier le plus puissant au monde. Vos paroles ont-elles si peu d'importance ?
— Voyons monsieur Graves, mes paroles ont peu d'impact face à celle des Ministère de la Magie anglais et polonais. Ils ne sont pas d'humeur à négocier la venue des Aurors.
— Les Ministères ? Les Ministères s'en mêlent ?
— Nous avons retrouvé le cadavre d'une sorcière polonaise à quelques kilomètres de l'école de magie anglaise, sous la marque des partisans de Voldemort. Pas n'importe quelle sorcière d'ailleurs, les Cieslak sont influents et Emma venait de décrocher un poste de Poursuiveur dans l'équipe nationale. Sa mort causera un certain chahut. Et cela attire l'intérêt des Ministères en général.
— En général ? Parce que c'est une habitude pour vous de retrouver des membres du WORLD morts ? À quelques kilomètres du château ?
— Malheureusement cela arrive plus que vous ne pouvez le penser. Mais jamais devant des élèves et jamais un membre aussi jeune...
— Mais pourquoi ils iraient jeter leurs victimes ici ? C'est complètement idiot !
— C'est une tentative d'intimidation envers ma personne je le crains. Et désormais, envers vous également.
— Ils savent pour nous ?
— Je croyais que nous étions parfaitement protégés !
— Personne n'est parfaitement protégé lors d'une guerre. Mais vous faites tous partis des membres les plus protégés de l'Ordre en raison de votre âge. Aleksander, tu es sûrement celui qui a rejoint notre organisation le plus tôt, mis à part vous évidemment Helen. As-tu jamais eu a craindre pour ta sécurité ?
— En dehors des missions vous voulez dire ? À part quelques hommes qui me suivent parfois, jamais. Je les sèmes de toute façon.
— Allons bon. Pensez-vous que si Aleksander n'a jamais été attaqué en trois ans, vous allez l'être ici jeunes gens ?
— En dehors de l'école nous ne bénéficions plus de votre protection professeur. Si maintenant ils savent que nous sommes impliqués, les attaques pleuvront quand nous sortirons ! Je ne m'inquiète pas pour moi, ils n'auraient pas vraiment d'intérêt à m'attaquer, je ne suis pas la plus utile. Mais Sirius et Camille, vous y avez pensé ? Eux c'est carrément leurs familles la menace !
— On se débrouillera avec nos parents, America. Ce ne sera pas la première fois. De plus je serai majeur lors des vacances.
— Peut-être, mais pas Camille. Tu te rends compte qu'elle n'a que quinze ans quand même ?
— Elle n'aurait jamais du revenir chez ses parents ! Elle aurait du rester avec ma famille !
— Écoutez ! Elle arrive à gérer ça depuis des années, comme moi et Aleks ! Je ne vois pas ce qui changerait maintenant ! Moi, j'ai confiance en elle, vous devriez essayer aussi. Au lieu de la materner.
— Et Camille n'est pas seule contre les Light, Castiel ne laisserait personne lui faire du mal. Croyez-moi je l'ai vu se battre... Ce type est une force de la nature.
— Enfin je vois que vous ne lésinez pas sur les moyens pour nous protéger, professeur. Mais le sujet « Emma » on va continuer de l'éviter ou vous allez nous dire ce qui a cafouillé ?
— Si nous vous avions laissé sans protection, monsieur Black. Soyez sûr que vous ne seriez plus de ce monde.
***
— C'est tellement rassurant, marmonna Camille la bouche pâteuse.
Elle se releva. Elle grimaça en entendant sa nuque douloureuse craquer. Elle s'étira le dos et observa le groupe singulier réuni devant la porte de l'infirmerie. Elle aperçut vaguement qu'il était constitué du professeur Dumbledore et du professeur McKinnon, de Sirius, d'America, d'Aleksander, de Thomas, d'Alice et de Marlène. Camille remarqua également que Charlie était couchée sur un lit à sa droite.
Elle ne distinguait pas vraiment distinctement son environnement, l'esprit encore embrumé par les sédatifs, mais elle reconnut vaguement l'infirmerie.
Voyant que le groupe n'avait pas remarqué son réveil, Camille décida de s'éclipser discrètement envieuse d'échapper aux conversations et aux inlassables « ça va » qui se profilaient à l'horizon et qui étaient horriblement horripilant. Elle venait de voir le cadavre d'une de ses cousines évidemment qu'elle n'allait pas bien ! Et puis qu'est-ce que ça vous pouvez leur faire si elle n'allait pas bien, hein ?
Mais pour ne pas se refaire droguer, elle allait devoir répondre inlassablement que tout allait bien. Sauf qu'il en était hors de question. Camille attrapa ses chaussures au pied de son lit ainsi que sa veste et sa baguette, elle chercha désespérément son collier pendant quelques instants mais abandonna avec déception en ne le trouvant pas.
Discrètement, elle se leva et se dirigea vers la réserve de l'infirmerie à pas feutrés, remerciant Morgane pour sa légèreté et petite taille. Elle ferma doucement la porte en essayant de faire le moins de bruit possible puis tira sur une chaîne d'argent dissimulée par l'encadrement de la porte. Un mur d'étagères couvertes de potions se recula de quelques mètres, laissant place à un trou dans le sol.
Camille s'y engouffra sans hésitation en sautant, n'oubliant pas de tirer à nouveau sur la chaîne pour que le passage se referme, conformément aux instructions d'Aleks. L'intérieur du trou était sombre, mais pas autant que les pensées de la Serpentard. Elle murmura « Lumos » et le bout de sa baguette s'illumina. Camille se releva avec difficulté après sa chute et esquissa quelques pas mal-assurés jusqu'à la sortie.
Quand elle fut arrivée à la fin du passage, elle poussa de toute ses forces sur un mur qui se recula, formant un trou dans le plafond. Camille se hissa dehors en remerciant son meilleur ami et ses nombreuses connaissances en passages secrets. Elle se trouvait maintenant dans une salle de classe déserte et visiblement abandonnée vu l'état des meubles et la couche de poussière sur le sol.
La Serpentard se dirigea vers la porte, l'ouvrit et sortit après avoir vérifié qu'il n'y avait personne. Elle marcha pendant un petit moment au hasard dans le château, essayant de faire taire cette douleur insupportable mais familière qui lui vrillait la poitrine. Et sa rage qui lui intimait de faire exploser un mur pour se calmer.
Ses pas la menèrent devant les escaliers de la Tour d'Astronomie, elle hésita puis monta. Arrivée en haut, elle ne le regretta pas, l'air frais lui fit du bien, et elle en inspira une grande bouffée en soupirant. Il n'y avait personne alors Camille alla s'installer à la l'exacte place où elle avait discuté avec Remus.
Elle balança ses jambes dans le vide en admirant la vue qui s'imposait à elle. La douleur dans sa poitrine s'était tue dès qu'elle avait senti les rayons du soleil sur son visage. Avec effroi elle se rendit compte qu'il devait être au moins vingt heures vu que le soleil se couchait. D'ailleurs, elle n'était pas sûre de quel jour il était. Elle avait dormi comme un oeuf de dragon, le stress et le manque de sommeil l'avait rendu complètement épuisée et cela devait bien faire une semaine qu'elle n'avait pas eu une nuit complète. Et apparemment Slughorn n'avait pas été sensible à l'état de son élève, lui jetant un sort à Pré-Au-Lard. Le Maître des Potions pouvait désormais se mettre ses invitations à son club pitoyable là où elle le pensait. Ce gros morse...
Au bout d'un moment, Camille entendit des bruits de pas montant les escaliers. Elle ferma les yeux, pensant qu'un de ses amis ou professeurs l'avait retrouvée et qu'elle allait en prendre pour son grade... Mais rien ne se passa, il n'y eut aucun cri ou exclamation en colère.
Les bruits de pas se rapprochèrent jusqu'à ce qu'elle puisse voir le nouvel arrivé. Hollander s'assit à côté d'elle silencieusement, sans s'imposer. Ils ne dirent rien pendant plusieurs minutes. Camille voyait pourtant bien que Tom mourrait d'envie de parler.
— Tu peux me poser ta question mais je te préviens si tu me demandes si ça va... Je te pousse, soupira Camille.
Tom esquissa un léger sourire. Néanmoins son regard se durcit quand il se posa sur la blonde et ce fut d'une voix sérieuse qu'il s'exprima.
— Si un jour tout va mal... Ne donne pas l'impression que tout va bien.
Camille le dévisagea du coin de l'œil, pris de court par son intervention et attendant qu'il développe. Mais Tom n'ajouta rien, se contentant de la fixer avec sérieux.
— J'ai déjà vu des personnes de mon entourage, subissant le deuil, se renfermer sur eux en prétendant que tout allait bien alors qu'ils se détruisaient eux-mêmes trop lentement pour qu'on puisse le remarquer à temps. Et ces secrets qu'ils gardaient pour eux les tuaient de l'intérieur. Je ne veux pas que ça t'arrive... Alors si tu vas mal, tu pourras me venir me parler d'accord ? expliqua Tom en la regardant dans les yeux.
Camille lâcha un « d'accord » maussade, sachant parfaitement qu'elle lui mentait avant que Tom ne passe son bras autour de ses épaules et ne l'attire contre lui. Elle s'appuya à contrecoeur contre son torse et Tom commença à parler tout seul de tout et de rien. Finalement elle se sentait bien là, à l'écouter rire comme si rien ne s'était passé. Pourtant un pincement au coeur coupable l'empêchait de savourer ce moment.
Elle avait beau avoir un semblant de copain génial, Tom ne savait pas dans quelle merde il s'embarquait. Elle n'était pas sûre d'arriver un jour à le considérer vraiment comme son petit-ami.
Camille était sûre d'un fait : elle était incapable d'aimer quelqu'un comme Tom. Elle avait besoin d'instabilité. Elle avait besoin de quelqu'un qu'elle puisse aider ou protéger. Tom était parfaitement heureux, qu'est-ce qu'elle pourrait lui apporter en dehors de problèmes incroyablement compliqués ?
***
— Mais où t'es passée, Camille ?
Sirius râlait a voix basse en arpentant les couloirs à la recherche de son amie. Sa disparition à l'infirmerie s'était très vite faite remarquée et le professeur Dumbledore leur demandé de se séparer pour la retrouver avant ces rapaces de journalistes qui avaient envahis le château. Bien sûr, il n'avait pas dit rapace mais le sous-entendu était bien présent.
Cela ne faisait que trois jours que le corps d'Emma avait été retrouvé pourtant les grands journaux n'arrêtaient pas d'en parler.
« Meurtre d'une jeune sang-mêlée, son corps retrouvé près de la prestigieuse école de magie Poudlard. Albus Dumbledore impliqué ? »
(New York Sorcerer)
« Assassinat d'une prometteuse Poursuiveuse polonaise sang-mêlée. Encore les serviteurs de Voldemort ? »
(La Gazette du Sorcier)
« L'ancienne championne duelliste de Durmstrang retrouvée morte près de la lisière de Poudlard, les polonais se révoltent. »
(Le Monde Magique)
« Mort d'une jeune sorcière polonaise retrouvée en Angleterre, pénurie de blé, les grèves se multiplient et les boulangeries ferment. »
(Le Sorcier Parisien)
Les journalistes continuaient de se multiplier, venant des quatre coins du monde pour déterrer les sombres secrets de la meilleure école de magie au monde. Cela remplissait le château de cris, de rires et d'élèves prenant la pose en espérant être pris en photos. Ce qui rendait l'atmosphère pesante et étouffante. Sirius avait passé presque tout son temps à l'infirmerie à regarder Camille dormir. Il évitait surtout La Gazette du Sorcier qui l'harcelait sur sa position suite à l'assassinat. Pour la plupart, cela ne faisait aucun doute que les Black étaient impliqués.
Sirius avait été chargé d'inspecter les classes de Défense Contre les Forces du Mal et la Tour d'Astronomie du château. Pour l'instant il ne l'avait toujours pas trouvé. Ni dans la Tour Centrale, ni dans les classes de DFCM. Il espérait vraiment la trouver dans la Tour d'Astronomie.
En fait il voulait juste la trouver en premier. Il avait besoin de la voir pour tout lui dire. Parce qu'en fait qu'importe si elle riait. S'il passait pour un imbécile, si l'amour rendait idiot, si leurs familles étaient incompatibles et feraient tout pour les forcer à s'entretuer. Qu'ils aillent tous se faire foutre ! C'était sa nouvelle philosophie.
Garder ce secret le rongeait de l'intérieur, il devait lui dire. Il avait passé deux jours à son chevet à la regarder dormir à côté de Tom qui lui prenait la main oui lui parlait nonchalamment sans gêne. Ça le rendait fou. C'était lui qui devait être à ses côtés, pas cet abruti ! Il devait lui dire ce qu'il ressentait parce qu'il voulait pouvoir la prendre dans ses bras et juste la toucher. Même si elle détestait qu'on lui touche les cheveux. La faire rire jusqu'à ce qu'elle est mal aux joues. Lui et pas cet imbécile de Serpentard.
Sirius serra dans son poing le collier en or de Camille. Il était tombé quand elle s'était débattue. Il l'avait ramassé et gardé.
Ce collier c'était le tout premier cadeau qu'il lui avait fait.
En forme de serpent il était supposé l'aider à vaincre sa peur des reptiles qui l'handicapait constamment par rapport à sa famille qui les collectionnait. La joie qui s'était peinte sur le visage de Camille quand il lui avait offert et expliqué son cadeau valait tout l'or du monde, de même que le baiser sur la joue qu'elle lui avait donné. Ils n'avaient que huit et neuf ans, cela ne voulait rien dire à leur âge. Mais Sirius ne l'avait pas oublié. Il avait été très fier de la rendre si heureuse.
Tout en montant les escaliers de Tour d'Astronomie Sirius sourit fièrement à ce souvenir. Il s'était enfui de chez lui avec Andromeda pour lui donner ce cadeau et ils s'étaient discrètement faufilés chez Camille avec l'aide de Castiel pour surprendre la petite fille. C'était Sirius qui avait suggéré cette idée et Andromeda avait été ravie de l'aider à duper leurs parents.
Sirius s'arrêta en entendant des bruits en haut de la Tour, il accéléra soudainement son pas en reconnaissant un rire. Un sourire naquit spontanément sur ses lèvres quand il s'avança dehors et aperçu la petite silhouette de son amie, sourire qui s'effaça presque aussitôt. Camille se tenait à quelques mètres de lui, une jambe pendant dans le vide. Elle parlait et souriait... À Tommius Hollander.
Tommius. C'était vraiment un prénom ridicule et stupide. Personne ne s'appelait Tommius, c'était laid comme prénom.
Sirius se figea en les voyant, la fureur éclatant en lui. Finalement ce n'était pas lui qui avait trouvé la jeune fille en premier c'était Tom.
Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Le Serpentard avait été plus rapide que lui depuis le début. C'était juste étrange, il ne l'avait jamais vu comme une menace à cause de tout les rumeurs qui circulaient autour de lui... Il avait toujours cru que le Serpentard était gay.
Sirius baissa les yeux vers sa main ouverte. Il observa le collier dans sa paume avec amertume puis se retourna brusquement. Il se dirigea vers les escaliers mais se heurta à un mur, mur qui se révéla être le professeur Dumbledore en personne. Ce dernier le fixa par-dessus ses lunettes en demi-lune d'un air songeur.
— Professeur, fit Sirius surpris.
— Sirius, il m'a semblé entendre Camille. L'as-tu trouvé ? demanda-t-il.
— Il semblerait que quelqu'un l'ait trouvé avant moi professeur, répondit-il avec nonchalance.
Le professeur regarda derrière Sirius et sembla comprendre, il murmura un petit « je vois » en regardant le jeune Black d'un air entendu. Sirius se demanda s'il était tellement évident que même Dumbledore l'avait percé à jour.
— Professeur pouvez-vous me rendre un service ? demanda finalement Sirius.
— Tout dépendra de ce que tu me demanderas, Sirius.
— Pourriez-vous lui donner ceci ? s'enquit Sirius en levant sa main.
Le professeur Dumbledore accepta d'un hochement de tête aimable et Sirius lui confia le bijou avant de s'en aller, dévalant les escaliers quatre marches par quatre marches. Il ne lui dira pas. Jamais.
***
— Bonsoir jeunes gens, salua une voix derrière les deux Serpentard.
— Professeur ? fit Tom avec surprise en levant le regard.
— C'est bien moi, Monsieur Hollander. Comment se porte votre parrain Elphias ? La dernière fois que je l'ai vu, il courrait après le Ministère pour qu'il revoit les droits des centaures !
— Et bien cela n'a pas changé excepté qu'il proteste contre le manque de considération envers les gobelins désormais, répondit Tom en souriant poliment. Il commence aussi à s'intéresser à l'alchimie.
— Je crains le pire le connaissant.
— Oh il est vrai qu'il est assez étourdi mais je pense qu'il sera sérieux cette fois-ci. Il essaye de trouver un antidote sûr pour la dragoncelle chez les personnes âgées, ajouta Tom.
— Oh ! Je crois savoir pourquoi, la dragoncelle a toujours été un sujet qui lui tenait à coeur, dit gentiment le professeur. Pourriez-vous me laisser seul avec Miss Light, Monsieur Hollander ? Je dois m'entretenir avec elle d'un sujet important.
Tom regarda Camille, qui fixait résolument ses mains d'un air morne et irrité, puis hocha la tête et se leva de sa place. Il s'en alla en adressant un regard inquiet à Dumbledore et Camille, le professeur lui offrit un sourire qui se voulait rassurant alors que Tom s'engouffrait dans les escaliers.
Dumbledore tourna la tête vers Camille qui regardait toujours ses mains. Il lui adressa un regard bienveillant qu'elle ne vit pas.
— Camille, je ne vais pas te manger.
— J'espère bien j'aimerais vous éviter une indigestion professeur, railla-t-elle.
Dumbledore soupira. C'était dans ce genre de moment qu'il regrettait vraiment qu'elle ait hérité de l'attitude de son cousin.
— Tu peux me regarder aussi. À force de te voir éviter mon regard, je vais finir par le prendre très mal, déclara-t-il en s'asseyant sur le muret.
— Je ne peux pas vous regarder.
— Et pourquoi donc ?
— Parce que vous regarder ce serait affronter la réalité en face, déclara-t-elle en se touchant le cou.
Camille chercha son collier avant de se rappeler qu'elle l'avait perdu et qu'il n'était donc pas autour de son cou. Elle soupira avant de finalement regarder le professeur droit dans les yeux. Comme elle l'avait prédit cela lui fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Ses yeux bleus clairs limpides reflétaient de la compassion mais aussi de la gravité, son sourire était doux mais sérieux et ses sourcils froncés. Il lui tendit son collier. Camille le fixa avec étonnement.
— De la part de Sirius, il tenait à te le redonner, expliqua le professeur.
Camille attrapa le collier. Une fois remis, elle se mit à jouer avec le pendentif de serpent en regardant la Forêt Interdite. Ce collier c'était sûrement un de ses objets préférés avec sa baguette ou sa bague.
— Je vois bien que tu t'en veux. Mais ce n'est absolument pas de ta faute si Emma est morte. Si l'on devait trouver quelqu'un à blâmer d'ailleurs, cela devrait être moi, reprit le professeur Dumbledore.
Camille redressa lentement la tête et regarda Dumbledore de travers. Guettant la moindre de ses paroles. Voyant qu'elle ne disait rien le professeur reprit.
— Cet été, Sirius et toi êtes venu me la proposer pour le recrutement. Vous la disiez parfaitement capable d'exécuter les missions de petite envergure. J'ai accepté, elle a brillamment passé les tests évidemment. Il y a deux semaines environ, nous l'avons déclaré prête à partir en mission. Nous manquions d'effectifs, nous avons peut-être fait un choix hâtif... Je l'ai envoyé en reconnaissance à Gansk, elle devait simplement vérifier si la cave d'une des librairies contenait un des entrepôts des Mangemorts. Seulement contrairement à nos informations, ce n'était pas un entrepôt mais un de leurs lieux de rendez-vous. La mission a très vite tourné à la catastrophe. Elle n'était définitivement pas prête pour une mission de cette envergure, nous lui avons intimé de rester dehors en surveillance en attendant des membres qualifiés. Mais elle est aussi entrepreneuse que Sirius et aussi butée que vous deux. Elle a vu qu'ils étaient en train de partir et a compris que les renforts arriveraient trop tard. Alors elle est rentrée toute seule. Avec son niveau et ses qualifications cette mission était quasiment suicidaire pour elle...
— Mais par Merlin, quelle tête brûlée, marmonna Camille en passant une main sur son visage.
— Nous avons essayé de la mettre en garde et nous lui avons conseillé d'attendre... Mais ils quittaient les lieux. Il n'y avait pas beaucoup de preuves, et cela faisait des mois que nous attendions une occasion pareille. Il devait y avoir les emplacements d'autres lieux de rendez-vous, des informations sur leurs membres ou potentielles recrues, les plans de certaines de leurs missions et peut-être même des prisonniers. C'était une occasion en or.
— Et cela valait la peine de la sacrifier ? Parce que la mission avant tout ? s'exclama Camille.
— Les enjeux en valaient la peine.
— Cela ne me surprend même pas ! Une vie contre des millions ? Pour leur plus grand bien, n'est-ce pas professeur ? Dites-moi au moins que cette idiote a récupéré quelque choses parce que si vous osez me dire qu'elle est morte pour rien, je pars, menaça Camille.
Le professeur Dumbledore ne dit rien et bien que son regard ait vacillé aux mots « pour leur plus grand bien » il ne laissa rien transparaître et continua de soutenir ses yeux froids. Oui, il était dur et cru dans ses propos mais ils devaient leur faire comprendre que c'était la guerre et que parfois les gens mourraient. Il plongea simplement sa main dans sa poche droite et en sortit une liasse de papier jaunis et détrempés. Camille détacha son regard de celui du professeur et regarda les papiers.
— Ceci est tout ce que Emma a réussi à nous transmettre, collés à un Portoloin trop faible pour l'emporter elle. Ces papiers contiennent les détails de deux de leurs prochaines missions ainsi que l'emplacement et le plan d'un de leurs lieux de rendez-vous en Écosse. Il y aussi une liste des cibles prioritaires des Mangemorts. Tu peux être fière d'elle Camille. Elle était très douée. Je te donne ces papiers, ils sont un peu tachés mais largement lisible, c'est plus que nous pouvions espérer. Elle a brillamment réussi sa mission.
Camille sentit les larmes poindre, elle se força à les refouler et s'empara des papiers. En colère contre le professeur et Emma, contre les mangemorts, contre Voldemort. Contre tout le monde dans ce maudit château. Elle feuilleta les documents sous l'œil attentif du professeur, elle ne s'arrêta que sur la liste des cibles et la lut attentivement. Après l'avoir examinée elle fronça les sourcils et recommença son examen plus minutieusement avant de relever la tête vers Dumbledore.
— Je pensais qu'ils ne nous connaissaient pas ! Vous nous aviez dit qu'ils ne nous connaissaient pas.
— Nous le pensions aussi. Ne le dis pas aux autres pour l'instant. Je voudrais éviter un mouvement de panique et ils sont déjà assez agités par la mort d'Emma.
Camille hocha la tête et fixa la liste d'un air songeur alors que le professeur Dumbledore s'éloignait. Ce n'était pas tant le fait qu'ils connaissent leurs noms qui la déstabilisait...
— Thomas & Hannah Graves-Winsky
— Cassiopeia & Edgar Bones
— Gideon & Fabian Prewett
— Dorcas Meadowes
— Sirius Black
— La famille McKinnon
— America Wile
— William Turner
— Angela Allopza
— Michel Charpentier
— Charlinia Abbott-Cérès
— Frank Londubat
— Alice Weasley
Pourquoi diable Aleksander et elle-même ne figuraient-ils pas sur cette putain de liste ?
***
— Bonsoir à tous professeurs, élèves et... Journalistes. C'est avec une peine immense que je m'adresse à vous ce soir suite à l'incident qui s'est produit à Pré-Au-Lard. Je m'adresse particulièrement aux élèves qui se sont trouvés sur place et ont découvert le corps. Sachez que cette jeune fille n'était pas anglaise mais polonaise, il n'empêche qu'elle avait des amis et de la famille ici. Moi-même, j'ai eu le plaisir de la rencontrer. Je peux vous assurer que son agresseur sera retrouvé et puni pour son crime atroce. La victime s'appelait Emma Cieslak, c'était une sorcière de dix-neuf ans, une personne d'une grande loyauté, d'une grande bonté et exceptionnellement douée. Elle sera très regrettée et j'aimerais que nous prenions le temps de lui accorder une minute de silence, déclara sérieusement le professeur Dumbledore.
Les sorciers et sorcières dans la Grande Salle baissèrent la tête et restèrent silencieux le temps d'une minute certains avec ennuis, d'autres avec exaspération. Pourquoi prendraient-ils la peine d'accorder leurs temps à une fille qu'ils ne connaissaient pas et qui était morte en plus ?
— Bien. J'aimerais maintenant vous dire deux choses dont l'une extrêmement importante. Je commencerai par celle-ci. Je n'aurai de cesse de me répéter mais je vous assures que ce n'est pas pour vous ennuyer. En ces temps sombres, la prudence est cruciale, je dirais même vitale. Certains ont vu ce qui arrivait quand on s'interrogeait et s'intéressait trop à des affaires qui nous dépassent. La curiosité est un dangereux défaut, surtout en ce moment. Alors je vous en conjure... Ne vous mêlez pas à des affaires d'une trop grande envergure et beaucoup trop dangereuses pour vous.
Le regard grave que le professeur Dumbledore promenait sur la foule d'élèves s'arrêta un instant sur quatre jeunes hommes assis à la table des Gryffondor, qui le regardaient avec défiance et gravité.
— Pour alléger cette atmosphère morose, je propose de vous annoncer la bonne nouvelle. Le corps professoral et moi-même avons décidé d'organiser un bal masqué pour Halloween, le trente-et-un octobre dans la Grand Salle à partir des quatrième année à dix-neuf heures. Le costume sera obligatoire, annonça le professeur en souriant. J'ose espérer que cela vous changera les idées en ces temps troublés. Nous pourrions également montrer une facette plus joyeuse de notre école à nos envoyés américains qui doivent avoir une piètre estime de notre pays en ce moment. Je tiens à ce que vous soyez nos invités d'honneur, un petit discours par une personne désignée ne ferait pas de mal. J'ai l'impression d'être le seul à en donner ! Sur ce je vous souhaite bonne appétit à tous !
Le professeur Dumbledore frappa dans ses mains et les mets apparurent. Aux tables des Serpentards, Gryffondors et Serdaigles les conversations reprirent comme si de rien n'était, visiblement seuls les Poufsouffle semblaient vraiment touchés par la mort d'Emma. Certains élèves assez jeunes pleuraient même. Bien sûr à la table des Gryffondors, Thomas, William, Charlie, Marlène et Sirius affichaient une mine sombre.
Les filles, dont Mary et Alice qui s'étaient encore installés à leur table, et le reste des Maraudeurs mangeaient en silence en jetant des regards furtifs aux adolescents. D'ailleurs toute la salle les regardait. La scène à Pré-Au-Lard avait fait le tour de l'école et des rumeurs se formaient déjà au sujet de la morte et des Light. Certains les soupçonnaient d'avoir eu une liaison, d'autres les pensaient amies d'enfance ou d'autres prétendaient que c'était une bâtarde de leur père et donc leur sœur cachée (rumeur que Sophie Light avait tout de suite démentie en menaçant les colporteurs de les étrangler dans leur sommeil).
Camille, pourtant, semblait aller bien. Elle discutait avec Tom et Aleksander à la table des Serpentards sous le regard inquiet de sa grande sœur. Elle évitait les regards pleins de mépris et esquissait un sourire. Tom ne semblait pas remarquer les regards posés sur eux, et de toute façon il s'en fichait. Il sortait avec une Light et alors ?
Alors il était devenu la cible principale de Sirius Black et ce dernier allait rendre sa vie misérable.
~~~
Inspiration activée
Hey fuckers ! Comment ça va ?
J'ai enfin fini de réécrire les chapitres alors les affaires reprennent !
On commence enfin à avancer dans le mystère des adolescents mais de nouvelles questions apparaissent également !
Sur une note plus joyeuse un bal d'Halloween se profile à l'horizon.
Avec qui ira qui ?
Auf Wiedersen.
Écriture terminée
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