Chapitre 12 : Pré-Au-Lard c'est la foire.


1976

Chapter 12 : Pré-Au-Lard c'est la foire.

Camille n'était pas du genre à perdre son sang-froid. Elle arrivait à gérer les crises, elle pouvait apprendre un an de chapitre d'histoire en deux jours et planifier une farce à la dernière minute. Mais par contre quand on en venait à la coiffure et au fait de sociabiliser, elle pouvait légèrement stresser.

— Mais pourquoi j'ai accepté ce rendez-vous ? râla la Serpentard en laissant tomber sa tête dans ses bras. Je déteste les gens !

America et Marlène essayaient de l'aider à se préparer mais la jeune fille ne leur facilitait pas la tâche en refusant chaque tenues qu'elles lui proposaient. Camille refusait également de laisser leurs pinceaux à maquillage et ombres à paupières approcher son visage sous peine de sorts douloureux. Elle n'en avait jamais porté et elle n'allait pas commencer aujourd'hui, à quelques heures d'un rendez-vous. Bien sûr le rouge à lèvres c'était hors de question aussi. Finalement, après moult protestations, cris de rage et crises de nerf, Marlène avait trouvé une tenue qui lui convenait et America avait réussi à obtenir la permission de lui coiffer les cheveux. Inutile de préciser que Camille détestait qu'on abîme ses cheveux.

Cette dernière se regardait dans le miroir en affichant une grimace, les protestations de ses amies lui affirmant que cela lui allait à merveille résonnant dans ses oreilles. Bien sûr ce n'était pas le problème, la blonde se trouvait plutôt jolie. C'était juste qu'elle avait perdu l'habitude des habits moldus depuis le temps. Son long pantalon noir montant et sa chemise blanche un peu grande faisait naître en elle un sentiment de nostalgie. Elle essayait aussi de négocier sa veste américaine qu'elle n'avait pas portée depuis une éternité. Un cadeau de la part de Sirius et Aleks pour qu'ils soient « assortis » parce qu'il n'y a « pas plus classe », une erreur de jeunesse ils n'avaient que treize ans.

— D'accord fais comme tu veux ! abandonna America en se laissant tomber sur son lit, épuisée.

— Tu peux vraiment faire ton dragon quand tu veux, grommela Marlène devant l'obstination de Light.

— Merci les filles. J'aurais sûrement fait n'importe quoi sans vous, les remercia Camille. Et puis vous faire disjoncter a été très relaxant.

— Je te hais, lança America. La prochaine fois je teindrai tes sourcils en orange, ingrate.

— C'est ton premier rendez-vous ? marmonna Marlène en s'asseyant à côté du phoque échoué nommé America. Parce que les tenues que tu nous as sorti mériteraient d'être exposées au musée des horreurs.

America éclata bruyamment de rire en entendant la remarque de Marlène.

— Camille ? Elle a du avoir une dizaine de copains, ria America. Mais elle déteste devoir faire connaissance, sociabiliser et tout ça...

— J'en ai pas eu autant du tout, protesta Camille en croisant les bras. Juste deux! Et mes tenues étaient géniales ! Les anglais ne savent pas apprécier une belle tenue, c'est tout.

— Dis, toi aussi tu es anglaise je te signale, miss je-frime-d'avoir-passé-du-temps-en-Amérique !

— C'était des tenues américaines les trucs que tu nous as présenté ? Les américains ont un sens de la mode très... Frangé, grimaça Marlène.

— Oh vous pouvez parler avec vos pantalons à poils, fusa la voix de William derrière la porte.

— Mes pantalons à franges étaient parfaits ! s'indigna Camille.

— Oui pour le tireur le plus rapide de l'Ouest, ironisa America. Et on parle du fait que tu n'arrives pas à distinguer le vert du marron ?

Visiblement Camille n'avait pas envie d'en parler puisqu'elle alla s'asseoir en levant les yeux au ciel sur une chaise de l'autre côté de la pièce.

— Tu crois qu'on l'a vexée ? demanda Marlène.

America haussa les épaules et se rapprocha de son amie. Elle essaya d'attirer son attention en passant une main devant son visage, elle en profita pour relever la tête à ce moment-là. Silencieusement elle fit passer une menace avec ses yeux qui brillaient maintenant un gris froid qui fit reculer Marlène.

— Tu penses qu'un jour tes yeux arrêteront de changer de couleurs toutes les deux minutes ? souffla America. Parce que ça joue énormément sur mes pauvres nerfs !

— Tes yeux changent de couleurs ? s'étonna Marlène. Comment ?

— Je ne sais pas. C'est de naissance, personne n'a jamais su pourquoi, répondit Camille en haussant les épaules. La magie est absurde.

— Tu peux le contrôler ? demanda curieusement Marlène. Oh ! Est-ce que tu peux les transformer en orange ? Ou vert gazon ! Oh des yeux vairons ! C'est si joli !

— Euh... Je préfère ne pas essayer. Mais si je suis calme et que je me concentre je peux les faire passer d'une couleur à une autre, déclara Camille alors que ses yeux redevenaient bleu. Leur couleur varient en fonction de mes émotions en général... Ils peuvent devenir bleu, gris, vert ou mauve parfois. Apparemment mon arrière grand-mère était métamorphomage.

— C'est trop stylé ! Tu veux vraiment te contenter d'Hollander ? Tu es si mignonne, je suis sûre que tu pourrais dégoter mieux ! Sinon, moi je veux bien tenter ma chance, se proposa Marlène en croisant les bras sur sa poitrine. Les mecs sont peut-être musclés, mais moi je ne te tromperais pas dès que t'auras le dos tourné.

Camille la détailla du regard et déglutit silencieusement alors que Marlène lui offrait un sourire charmeur. Elle se sentit subitement gênée de la fixer comme cela et détourna le regard, essayant de masquer son malaise.

— Ça ça reste à voire, critiqua America. N'écoute pas cette adolescente pleine d'hormones, Camille. Tom est super, je le connais bien. Assez bien pour savoir que c'est pas un serviteur psychopathe de l'autre mage noir alors ça devrait aller entre vous.

— Trop parfait, bougonna Marlène. On dirait un robot.

— Clairement. Je me suis demandé où se trouvait ses réglages.

— Arrête de martyriser ton futur copain ! D'ailleurs on devrait y aller on est déjà en retard.

America s'empara de la main de Camille avant qu'elle n'ait pu protester devant le terme « futur petit copain ». Elle détestait tout ce qui était couple, il devrait être sacrément incroyable pour qu'elle le laisse l'appeler « sa copine ».

En deux minutes la blonde se retrouva traînée de sa Salle Commune jusqu'au Grand Hall où se trouvaient leurs amis. Sirius et James discutaient ensemble avec un sérieux surprenant, James jetait de temps en temps des coups d'œil qui se voulaient discrets vers Lily. Cette dernière discutait avec Remus et Georgina Finnigan sans s'en rendre compte. Plus loin, Émilie et Edward se tenaient enlacés en s'embrassant sans aucune pudeur et en se murmurant des mots doux qui feraient vomir Sirius s'il avait la malchance de passer trop près d'eux. À la place c'est Camille qui fit mine de vomir.

Marlène rejoignit ses amies quelques minutes plus tard, accompagnée de Mary et Peter qui se disputaient avec bruit. Bientôt Aleksander arriva en courant suivit des Terner, marmonnant dans sa barbe. Il vint se poster à côté de Camille en affichant un air morne, elle ne chercha pas à savoir pourquoi. Quand Rusard les eut tous fouillés, au moins trois fois chacun par précaution, ils purent enfin sortir. Ils marchèrent pour rejoindre les calèches et se séparèrent en deux groupes.

Le trajet se déroula pour une fois sans trop de catastrophe, Aleks ne fit rien sauter et Sirius ne tenta pas de distraire les sombrals avec le sandwich de Peter.

Pendant le voyage, James diminua même son débitage de blague nulles et de remarques idiotes à la minute pour montrer à Lily que lui aussi pouvait être aussi coincé que sa tante Minnie (celle de Lily pas de James). Le seul problème fut que les Terner ne semblait pas avoir eu le mémo concernant la diminution d'idioties vu la substance étrange qu'ils versèrent sur les roues d'une calèche. Mais comme c'était celle de Rogue, Avery et Mulciber, Lily ne dit rien.

Une fois tout le monde arrivés au village, ce fut un vrai capharnaüm, chacun voulant se rendre dans un endroit différent. Lily prit donc les choses en main et décida qu'il fallait se séparer en cinq groupes.

Elle irait avec Remus, Alice et Aleksander chez Fleury et Bott alors que America, Emilie et donc Edward (pour son plus grand damne) se dirigeraient vers Bôchiffons. Sirius, James, Peter et Fred choisirent Zonko après avoir promis à Remus de se tenir tranquille et promis à Aleks de ne rien faire exploser sans lui. Camille, Marlène et William prirent le chemin des Trois Balais tandis que Georgina, Luke et Mary se dirigeaient vers la Cabine Hurlante.

***

Edward tout pestant sur ses choix de vie observait America et Emilie évoluer dans ce qu'il ne pourrait qualifier que d'Enfer sur Terre. Un magasin de vêtements. Edward n'était pas une personne croyant aux clichés sur les filles, dingues de shopping et acheteuses compulsives forçant leurs petits amis à les accompagner durant leur crise de folie capitaliste.

Sauf que dans le cas d'Emilie, tout ces critères correspondaient. Et son kidnapping minutieusement orchestré en était la preuve, de même que les sacs qui s'empilaient sur ses bras et le débat des filles sur la couleur rouge vif et ses dérivés. Ce fut pour cela qu'Edward poussa un soupir à fendre l'âme qui dura plus longtemps que nécessaire. Ce qu'il n'avait pas prévu c'était qu'un autre soupir lui réponde.

Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver Thomas debout dans un coin, si immobile et avec tellement de vêtements dessus qu'on aurait pu le prendre pour un porte-manteau.

— Salut mec. Elles t'ont eu aussi ? grimaça Edward.

— Ais-je vraiment besoin de répondre ? soupira Thomas en levant mollement ses bras.

— Pensez-vous qu'on pourra un jour récupérer notre dignité ? ajouta une voix derrière.

Edward, à l'aide d'un effort magistral, écarta des vêtements en suspension laissant apparaître Arold Jordan et Xenophilius Lovegood aussi couverts d'habits de la tête aux pieds et affichant des mines moroses.

— On est foutu les gars, on est foutu, laissa échapper Thomas.

— Je n'ai jamais pensé mourir de honte... À vrai dire je pensais que les ondes des Ronflex causeraient ma perte, pensa à voix haute Xenophilius.

— Nous sommes nous aussi devenu des esclaves de la société de consommation en aidant l'ennemi de l'économie ! Les filles droguées aux soldes, décréta gravement Arold.

— America me déçoit un peu, dit Thomas.

— Xeno s'il te plaît dis moi qu'il y a de ces Ronflex pas très loin pour faire passer ma mort pour un malheureux incident, dit Edward en serrant les dents.

— Les plus proches se trouvent à la Cabine Hurlante.

— Bien, je ferai passer ça pour un footing.

Sur ces paroles rassurantes, Edward se dirigea vers la sortie, fermement décidé à reconquérir sa liberté. Mais ce fut sans compter le radar à petit-ami d'Emilie qui entraîna Edward vers la caisse. Il eut juste le temps de jeter un regard désespéré à ses trois compagnons de malheur avant de disparaître dans la queue interminable. Ce fut la fin d'Edward Curphy.

***

Fleury et Bott était une chaîne de librairie mondialement répandue, fondée en 1916, pourtant elle semblait très moderne. C'était la boutique préférée de Remus Lupin, Lily Evans et d'Alice Weasley. Par contre personne ne savait ce qu'Aleksander faisait là. Bon, Remus n'allait pas s'en plaindre. Il préférait admirer le "paysage" (comme l'appelait Camille pour le charrier désormais) d'un oeil furtif.

Il ne semblait pas se rendre compte qu'Aleks lui rendait bien ses coups d'oeil "discrets". Au bout d'un petit moment, Lily aperçut le petit manège entre ces deux-là et une idée germa dans son esprit décidément diabolique.

— Alice ! J'ai complètement oublié mais il faut que j'aille chez Scripenbum ! Tu viens avec moi ? s'exclama fortement Lily en donnant un coup de coude à Alice.

— Aïe ! Mais Lily voyons !

— Je peux t'accompagner si tu veux Lily, proposa gentiment Remus.

— Oh non ne t'inquiète pas ! En plus Alice aussi à besoin d'une nouvelle plume, répondit précipitamment Lily.

— Mais j'ai pas besoin de nouvel- Aïe ! Ah oui, les plumes ! C'est vrai qu'il m'en manque plein ! Franchement, est-ce qu'on en a jamais assez de plumes ? dit fortement Alice avec un sourire forcé après un énième coup de coude de la part de la rousse. En tout cas je trouve que c'est plus facile de remplacer une plume, qu'une amie, ajouta-t-elle en fixant d'une façon menaçante Lily.

— Parfait ! On se retrouve comme prévu à Honeydukes les garçons ! s'écria Lily en entraînant Alice vers la sortie, d'un pas enjoué.

— Bizarre, marmonna Remus.

— Pas forcément plus que d'habitude, maugréa Aleksander en examinant un livre. Remus, qu'est-ce que c'est que ça ?

— Et bien... "Les caractéristiques des créatures malfaisantes" par Timothy Lockhart, tiens ça pourrait être intéressant, remarqua Remus en observant la couverture par-dessus l'épaule d'Aleks.

Ce dernier fronça légèrement les sourcils alors que ses joues se coloraient d'une légère teinte carmin. Remus recula, un peu gêné, visiblement sans avoir remarqué le changement d'humeur de son ami.

— Non mais je veux dire c'est quoi ça ? fit le Serpentard en agitant le livre en l'air.

— C'est un livre.

— Un... Livre ? répéta le batteur, complètement perdu.

— Oui, tu sais ce truc qui te sers à réviser par exemple ou à te divertir.

— Sérieux ?

— Je peux t'apprendre quelque chose d'autre, Aleks... déclara Remus en lui faisant mine de s'approcher. Les parchemins c'est fait pour écrire dessus, ajouta-t-il dans l'oreille de son ami sur le ton de la confidence.

Ses lèvres effleurant son oreille et sa voix donnèrent des frissons au Serpentard qui déglutit tandis que Remus s'éloignait, avec un sourire goguenard, dans le dédale d'étagères. Aleks resta quelques instants pétrifié puis il soupira. Jamais il n'aurait cru que Remus le mettrait dans cet état. Il aurait plutôt parié sur le contraire.

Aleksander était doté d'une confiance en soi quasiment insolente. Il était sorti avec déjà pas mal de monde, filles et garçons, il ne faisait pas la différence. De ce côté là de sa personnalité, il était assez polyvalent. Alors qu'un garçon, un seul, et de nature plutôt timide en plus, puisse le mettre dans cet état.... C'était qu'il y avait un problème sérieux.

Et Aleks n'aimait pas ça.

Il aimait avoir tout sous contrôle et que tout se passe comme il l'avait prévu. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Aleksander était quelqu'un de très organisé et maniaque, un peu perfectionniste sur les bords. Excepté pour les cours, mais ça c'était autre chose. Donc qu'un garçon chamboule tout, c'était inconcevable pour Aleks. Enfin ça aurait pu l'être. Si ce garçon n'était pas Remus Lupin.

Remus, son béguin depuis sa cinquième année, et surtout le seul qu'il n'avait supposément pas le droit de toucher. Mais bon, un été avait passé et les sentiments d'Aleksander lui semblaient de plus en plus étranges... Et certains événements avaient rendu, à ses yeux, sa promesse idiote. Ce qui la rendait dure à tenir. Et puis, et si Remus le voulait aussi ? Peut-être qu'ils pourraient être ensemble, peut-être qu'Aleksander arriverait à ne pas lui faire du mal, finalement.

Fait que le jeune Serpentard ne savait pas, c'était que deux étagères plus loin un jeune Gryffondor s'appuyait sur un étagère et se laissait couler au sol en se demandant ce qui clochait chez lui pour oser espérer. Il commença même à se taper l'arrière de la tête contre le bois dur d'une étagère en marmonnant contre lui-même. Enfin, jusqu'à ce que la libraire accourt avec un air scandalisé, maudissant Lupin sur quatre-vingt-dix-sept générations.

Remus entreprit de s'excuser, l'air véritablement désolé, et comme d'habitude son charme opéra et la libraire finit par lui offrir un tasse de thé vert à la menthe avec des petits biscuits au beurre salé dans son bureau.

La libraire lui fit la conversation pendant au moins dix minutes et durant toute leur conversation, plutôt à sens unique, Remus ne put penser à autre chose que le probable lien familial entre Mme Pince et Mme Vince (la libraire). Premier indice : leur fétichisme bizarre des livres. Même si Remus les respectez beaucoup, il y avait tout de même certaines limites à ne pas franchir ! Deuxième indice : la cravache accrochée au dessus du bureau. Mme Pince avait exactement la même accrochée au-dessus de la porte de la bibliothèque, pour dissuader les petits comiques de mettre le zouk dans son antre. Dernier indice : leur façon d'accentuer les vr. Cela donnait un rendu bizarre quand elles prononçaient le mot "livre", et elles le prononçaient beaucoup.

Leur seule différence, mais non moins importante, était que Mme Vince était plutôt gentille. Très gentille même ! Elle tint à offrir à Remus le livre de son choix pour avoir été d'une compagnie si charmante ainsi qu'une assiette de cookies chauds qu'elle mit dans un petit sac en tissu. Et quand elle le raccompagna dans la boutique, elle lui fit promettre de revenir la voir en lui disant de lui dire ce qu'il pensait de ses cookies au sarrasin et pépites de chocolat.

Quand Aleks se remit en mouvement, il partit à la recherche de Remus. Au bout de quelques minutes, il abandonna et essaya de s'intéresser aux livres. Au bout de quelques secondes, il abandonna et finit par flirter avec une Serdaigle de sixième année. Quelques minutes plus tard, il faillit s'étouffer de surprise en voyant Remus sortir de l'arrière boutique avec la dame qui lui avait crié dessus quand il était resté immobile au milieu des rayons. La vieille lui parlait avec un grand sourire auquel Remus répondait d'un air amusé, la dame lui donna même un sac en tissu !

Remus salua poliment la libraire puis se dirigea inconsciemment vers Aleksander en lisant un livre. Aleksander s'approcha et essaya de l'effrayer mais le Gryffondor ne leva même pas la tête de son ouvrage. Il marmonna à la place un monotone « Non, James tu ne peux pas faire exploser les toilettes ». Ce qui fit soupirer Aleksander et Remus marmonna à nouveau « Sirius si tu t'es fait gifler tu l'as sûrement mérité alors tais-toi ».

— Remus ! appela le Serpentard.

— Oui ! Aleks, c'est grave si la dame a les cheveux en feu. Alors va chercher un extincfeu ! s'exclama Remus en fermant brusquement son livre.

Il regarda autour de lui d'un air perdu, puis se tourna vers Aleksander, puis regarda à nouveau autour de lui.

— Mais... Personne n'a les cheveux en feu, remarqua Remus.

— Oui je me suis tenu tranquille comme promis, répondit son ami en souriant. Pourquoi cet air déçu Lupin ?

— Bah, c'est toujours une bonne anecdote de dire que tu as mis le feu à des cheveux, marmonna le lycanthrope.

— Ne t'inquiète pas. La prochaine je ne relâcherai pas la cadence.

— Bon allons-y, les filles nous attendent à Honeydukes, décréta Remus en rangeant son livre dans sa sacoche avec le sac en tissu.

— Qu'est-ce qui y a dans le sac ? demanda curieusement Aleks.

— Des cookies de Madame Vince ! répondit Remus en se dirigeant vers la sortie.

— Des cookies à quoi ?

— Aux pépites de chocolat... commença Remus.

— Ah, la vieille n'est pas si inutile en fait ! s'exclama le Serpentard.

— ...et au sarrasin, finit Remus en marchant d'un bon pas.

— Ooooh, fit Aleks, déçu.

— Apparemment c'est très bon ! Tu veux goûter ? proposa Remus en sortant ses cookies

— Ah non ! N'essaie pas de me refiler ta merde ! menaça le batteur le doigt levé.

— Dommache ch'est chuper bon ! fit Remus la bouche pleine.

— Alors peut-être juste un...

— Tiens.

— Mais... Ch'est ultra bon che truc ! Donnes-ch'en pluche, ordonna Aleks en tendant la main.

— Non.

— Remuche ! Allez !

— Non c'est à moi ! Tout ce qui inclut du chocolat est MA propriété ! cria Remus en serrant le sac contre sa poitrine.

— Remus ! S'il te plaît !

— Pff... Tiens, déclara Remus à contrecoeur.

— Je savais que t'avais un coeur Lupin.

***

James Potter regardait les rayons de farce d'un oeil expert (surtout les bombabouses) alors que Fred couvrait la partie « explosifs » du magasin. Pendant ce temps Sirius flirtait effrontément avec la fille du patron et Peter dégustait un petit beurre sans gluten en observant les pétards.

— Tiens c'est quoi ça ? demanda James en attrapant une boîte rectangulaire.

— Attends laisse-moi regarder, proposa Fred en tendant la main.

James lui donna le paquet et Fred se mit à l'observer d'un air très concentré. Il fit tourner la boîte, la regardant sous tout les angles. Il releva la tête avec un petit sourire suffisant quelques instants plus tard avant de redonner la boîte à James qui attendait impatiemment.

— Bien... fit Fred lentement, savourant son suspens.

James trépignait d'impatience, sa nature d'hyperactif ressortait souvent quand il attendait quelque chose. Surtout qu'il était persuadé d'avoir fait une trouvaille exceptionnelle.

— Alors ? demanda-t-il avec l'enjouement d'un enfant de quatre ans.

— Je n'en sais rien, répondit Fred en haussant les épaules puis se tourna vers les feux d'artifices.

La tête que fit James aurait pu faire tomber un bisounours en dépression. Peter lui tapa maladroitement dans le dos pour le réconforter alors que Sirius partait dans un fou rire incontrôlable. James marmonna un « merci Queudver », avant de s'asseoir par terre, complètement déprimé.

— Moi je voulais savoir ce que c'était, marmonna James avec une mine triste.

— Okay James je vais te le dire, soupira Fred.

Le sourire qu'afficha James aurait pu éblouir le soleil.

— C'est la boîte de petit beurre de Queudver, déclara Fred.

James retomba en dépression tandis que Peter ordonnait qu'on lui dise où il avait mit ses petits beurre sans gluten, Sirius s'étouffa de rire et Fred afficha un petit sourire.

***

Pendant ce temps du côté des Trois Balais, Camille avait délaissé ses amis pour retrouver Tom sans se préoccuper des cris faussement outrés de Marlène et William qui hurlaient "les garçons avant les potes, hein ?". Pour toute réponse Camille leur adressa un geste obscène de la main avant de partir d'un pas traînant vers son rendez-vous, peu enjouée.

Tom l'attendait tranquillement à côté de la porte en lisant un livre. À côté de lui se tenait certains de ses amis Serpentard qui discutaient pour la plupart bruyamment, en interpellant Tom à plusieurs reprises.

Camille ne reconnut qu'Axel Yaxley qui était le plus calme. Tom se contentait de répondre brièvement aux exclamations. Contrairement à ses amis, il portait des vêtements typiquement moldu, une veste en jean noir, une chemise verte et un pantalon noir. Bien qu'il ne semblait pas franchement à l'aise, triturant le bout de sa veste. En voyant Camille s'approcher d'eux, certains amis de Tom poussèrent des sifflements. Axel sourit simplement, amusé, et donna un coup de coude à son meilleur ami.

Camille répondit aux cris par un roulement de yeux exaspéré, se retenant de leur envoyer une remarque peu polie. De toute façon, elle n'en eut pas besoin vu que Tom le fit pour elle, avant de tourner la tête. En voyant Camille s'approcher d'un pas rapide, il se détacha du mur sur lequel il s'était appuyé et rangea son livre dans une de ses poches.

— Je te préviens s'ils restent, tu auras des morts sur la conscience, menaça Camille en désignant les amis de Tom avec son menton.

— Oh, je pense que ça vaut mieux alors, dit Tom en adressant un regard entendu à ses amis avant de rire.

Camille trouva son rire mignon, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu un rire qui ne ressemblait pas un aboiement de chien. Les amis de Tom s'éloignèrent, poussés par Axel qui ne prenait pas en compte leurs protestations. Camille regarda ensuite le bar qui se tenait derrière Tom.

— C'est là que tu m'amènes ? demanda-t-elle en désignant le bar. C'est spécial comme nom ça, les Trois Balais. L'équipe régionale de Quidditch avait perdu ses balais ?

Tom lança un bref regard au bar avant de se retourner vers Camille avec un sourire énigmatique, une lueur de malice dans les yeux.

— Doux Merlin ! Je ne suis pas si banal, déclara-t-il. Je vais te montrer ce que c'est un vrai rencard.

Il tendit son bras que Camille attrapa, les sourcils froncés. Tom la guida à travers la ville avant de l'amener dans une ruelle sombre.

— Quel romantisme, commenta Camille.

— La maison fait dans l'originalité.

— J'espère que la maison vaut le coup alors.

— Je l'espère aussi, fit Tom avec son grand sourire.

Camille le dévisagea alors qu'il la guidait à travers un dédale de ruelles et passages plus mal-famés les uns que les autres. Pour un Serpentard, elle appréciait étrangement sa compagnie.

Il était chaleureux et souriant chose que Camille trouvait surprenante. Elle avait eu l'occasion de croiser les parents Hollander et le grand frère de Tom et ils étaient loin d'avoir cette attitude si attendrissante (en même temps ça aurait été un peu bizarre) et souriante. Ils étaient plutôt du genre froid, renfermé et légèrement glauque. Sourire semblait leur être extrêmement difficile voire quasiment impossible.

Autre étrangeté : Tom portait des vêtements moldus. Inutile de préciser que les Hollander ne portaient pas les moldus et nés-moldus dans le cœur et qu'ils étaient pour leur extermination. Cela rassura Camille, heureuse de ne pas être en présence d'un mangemort en devenir, hurlant « PUR » à la moindre occasion. Cela changeait aussi des salauds qui ornaient la Salle Commune des Serpentards. Pour ne pas dire que cela changeait des Serpentards tout court.

En fait Camille détestait profondément sa maison, elle lui rappelait trop sa famille. Et la présence de sa grande sœur chérie qui la surveillait en douce ne faisait que rajouter à sa liste de raison pour fuguer une excuse supplémentaire.

— Tu penses à ma famille, n'est-ce pas ?

— Non. Je pense à la mienne, avoua-t-elle.

— Tu sais que dans le contexte d'un rendez-vous c'est quand même étrange ? Tu sais aussi que je...t'apprécie on va dire, et j'aimerais que tu ne me juges pas sur ma famille, demanda Tom.

— De toute façon avec la mienne je ne peux pas juger, déglutit Camille après un temps de silence. Nous sommes compagnons de galère.

— La tienne est quand même pire, fit remarquer Tom.

— Et tu n'as rien vu, se moqua-t-elle.

Tom ria légèrement et sembla se détendre. Il prit l'épaule de Camille et la tira hors du passage sombre vers une allée plus lumineuse. Il s'arrêta devant un bar à l'aspect miteux dont l'entrée était ornée d'un tête de sanglier empaillée, la porte d'entrée était composée de panneaux ouvrants craquelés et le bois du mur était fêlé par endroit. Son exclamation triomphante ne fit qu'agrandir la perplexité de la blonde.

— Toi, tu sais impressionner les filles, commenta Camille en regardant d'un air consterné, et amusé, le bar.

— Pour une fille incroyable, un rendez-vous inimaginable ! déclara Tom tout souriant.

— Oh et ça rime en plus ! fit Camille avec une fausse mine attendrie.

— Je vois que tu te moques ! menaça Tom. Tu veux rire, tu souris !

— Non pas du tout ! J'adore ton âme de poète, contredit-elle en essayant de contenir son rire. J'ai adoré t'entendre répéter cette réplique à voix basse pendant tout le trajet !

Tom marmonna des choses incompréhensibles et l'entraîna dans le bar alors que Camille pouffait silencieusement. L'intérieur du bar était déjà plus propre que l'extérieur, mais toujours aussi miteux. Il régnait une forte odeur de chèvre, des dizaines de tables et chaises étaient réparties de façon désordonnée. Dans le fond de la pièce se trouvait des escaliers montant à l'étage, à l'air vieux et non sécurisés. Et derrière le comptoir, enfoncé par endroits, se tenait un grand homme d'un âge avancé à la longue barbe grise et chevelure noire et blanche.

Le vieil homme lavait des gobelets avec un vieux chiffon et regardait avec intensité approcher les deux Serpentards, surtout la fille. Mais ce qui marqua vraiment Camille, ce fut les yeux du vieil homme qu'elle reconnaîtrait entre mille. Les yeux de Dumbledore. Exactement les mêmes, même couleur, même intensité... La seule différence était que le regard du bar-man était froid, brut et beaucoup moins sage.

— Voici la Tête de Sanglier ! présenta Tom. Comment ça va, Alberforth ?

Le vieil homme releva les yeux vers Tom en reposant ses gobelets et en s'appuyant sur le comptoir.

— T'sais ça dépend de c'que tu m'ramènes gamin ! La dernière gonzesse qu't'as apporté a pas arrêter d'snober mon pub ! répondit-il d'un ton bourru.

— Je voulais lui faire bouffer sa baguette à cette pimbêche ! renchérit un client en levant sa chope et les autres approuvèrent en hochant la tête.

— Ah oui, ria Tom d'un air gêné. Désolé pour cela vous autres !

Un murmure de "pas grave gamin" résonna dans le pub, faisant sourire Camille qui alla s'asseoir sur une des chaises hautes du comptoir, suivie par les regards mauvais et suspicieux des clients.

— J'adore cet endroit ! Un whisky pur-feu s'il vous plaît ! s'écria-t-elle en tapant sur le comptoir.

Alberforth eut un semblant de sourire et adressa un signe de tête à Tom, avant de sortir deux bières-au-beurre et de les faire glisser jusqu'à Camille qui les attrapa. Elle lança un regard déçu au vieil homme. Tom alla s'asseoir à côté d'elle alors qu'un murmure d'assentiment se faisait entendre dans le bar.

— Quand t'auras l'âge gamine, grogna Alberforth. Contente toi de ça en attendant !

— Qu'est-ce que ça change deux ou quatorze mois, marmonna Camille en tendant une bière à son ami.

— Je crois qu'ils t'aiment bien, déclara Tom qui observait les clients. Première étape réussie !

Les clients en question discutaient entre eux des « deux p'tits » sans gêne. Camille les observa à son tour. La plupart portaient des vêtements amples et usés, certains portaient des couteaux à leur ceinture mais ils s'en servaient essentiellement (pour l'instant en tout cas) pour couper du saucisson. Ils avaient tous une tête de truand, voleur ou d'arnaqueur mais leurs grands sourire, leurs rires bruyants et les grandes claques dans le dos qu'ils se donnaient la firent douter.

— Je ne savais pas que tu aimais ce genre d'endroit Tommius, décréta Camille en continuant d'observer le bar miteux.

— Tu ne sais pas grand chose de moi Light, répliqua-t-il en prenant une gorgée de bière. Mais je viens souvent ici avec Axel.

— C'est génial ! On dirait le genre de bar moldu au Texas ! Un truc en rapport avec le Fartest, je crois... Mais qu'est-ce que vous faites dans un bar à truand ? demanda Camille.

— Les gens ont beau être pour la plupart pas très honnête ils n'en restent pas moins de bonne compagnie. Ils sont même très sympas pour certains, répondit Tom en regardant autour de lui avec un petit sourire. J'adore l'ambiance ici : tout le monde connaît tout le monde, tout le monde sait tout, y'a toujours un gars qui raconte les potins et histoires du gratin de noblesse du monde magique. Patty généralement. J'ai découvert ce pub en fin de quatrième année avec Axel et depuis j'y vais le plus possible.

— C'est un d'mes meilleurs clients ! ajouta Alberforth d'un voix forte en resservant Tom.

— Il y a beaucoup d'élèves qui viennent ici ? demanda Camille, très intéressée.

— Bof ! Une vingtaine d'élèves environ. En habitués c'est surtout Tom, Axel, Bobby, Taylor, le p'tit Black — pas très causant —, le Potter, le grand Black...

Camille manqua de s'étouffer en entendant les trois derniers noms et elle releva précipitamment la tête de sa bière.

— Regulus Black ? Regulus vient ici ? s'étonna Camille. Et Sirius ?

— Ouais c'est ça les frères Black, répondit Alberforth.

— Encore Sirius mais alors Regulus, fit Camille, consternée.

— Oh, il vient parfois avec certains de ses "amis", grimaça Tom. Ou alors juste avec Lucinda boire une bière-au-beurre.

— Ça ne te choque pas plus que ça ?

— C'est le frère d'un Maraudeur, dit simplement Tom en haussant les épaules. La première fois un peu, mais une fois la surprise passée...

— Ils viennent souvent eux d'ailleurs ?

— Les Maraudeurs ? Oui, enfin surtout Potter et Black. Je parle avec eux parfois. Ils sont assez spéciaux.

— Ça c'est sûr.

— Comment tu connais les Black d'ailleurs ? demanda curieusement Tom. Je pensais que vos deux familles se détestaient.

— Oh c'est toujours le cas ! Mais quand moi et Sirius sommes nés mes parents et les Black ont décidés de faire une trêve en nous mariant. Parce que, tu imagines si les Light et les Black s'alliaient ? railla Camille. « La plus puissante alliance sang pure aurait vu le jour ! » Enfin c'était leur idée au départ.

— Ça n'a pas marché j'imagine ?

— Non, nos deux familles se sont côtoyées énormément et elles ont essayé de nous rapprocher. C'est à ce moment-là que moi et Sirius sommes devenus amis. On jouait ensemble, avec Regulus parfois aussi. Mais les relations envers nos deux familles ont recommencés à s'envenimer après mon cinquième anniversaire.

— Pourquoi ?

— Aucune idée. Mais le lendemain de mes sept ans, une énorme dispute a éclaté. La grand-mère de Sirius est morte lors d'une soirée mondaine. Elle avait simplement été empoisonnée par on-ne-sait-quoi, mais évidemment les Black nous ont fait porter le chapeau. Druella Black, la chère tante de Sirius, nous avait quelque peu insulté dans la Gazette du Sorcier, une semaine auparavant. Ils ont sûrement pensé qu'on voulait se venger. Ridicule, c'est trop grossier comme vengeance. Mes parents ont nié et sont rentrés dans une colère noire à l'idée qu'on puisse les accuser. Le coupable a été retrouvé, mais les Black ont refusé de s'excuser, toujours persuadés que c'était de notre faute.

— Ils sont butés ceux-là.

— Évidemment, leur réputation était en jeu. Avouer s'être trompé, c'est beaucoup trop dégradant. Mes parents ne l'ont jamais accepté. Nos deux familles ont coupé les ponts. La seule exception c'est Andromeda Black. Elle était très amie avec mon cousin, Castiel, et elle passait parfois au Manoir. Et il l'a aidé à s'enfuir avec son né-moldu, une autre source de conflit entre nos familles, soupira vaguement Camille. Aux yeux Black tout est bon pour nous cracher à la figure. Je n'ai pas beaucoup revu Sirius et Regulus après mes sept ans, seulement à travers Andromeda et parfois lors de soirées. On est quand même resté amis avec Sirius. On échange des lettres depuis mes dix ans. Digne d'une tragédie grecque tout ça, non ?

— Sur ce coup-là tu gagnes, avoua Tom faisant ricaner Camille. Donc je sais que tu as une grande soeur, au moins deux cousins et un Sirius.

— C'est ça, approuva Camille. J'ai une grande soeur, Sophie que tu connais.

— Avec qui tes relations sont exécrables, ajouta Tom.

— M'espionnerais-tu Hollander ?

— Peut-être. Ou peut-être que vous vous disputez à chaque fois que vous voyez dans la Grande Salle et les couloirs.

— Une grande soeur et une petite soeur, Fleur. Un cousin de dix ans mon aîné, Castiel Light, un autre cousin qui a deux de moins, Gabriel Light. Une ribambelle d'autres cousins éloignés que je ne vois pas beaucoup... Ah et deux autres cousins, Rodolphus et Rabastan Lestrange.

— Sérieusement ? Les Lestrange ?

— Leur père est le frère aîné de ma mère, expliqua Camille. De toute façon je crois que la seule famille pure auquelle je ne suis pas reliée directement par le sang est la famille Black.

— Dommage, ils ont de bons gènes, déclara Tom pensivement et Camille lui adressa un regard consterné. Quoi ? C'est vrai ! Les parents des Black sont cousins par exemple mais leurs enfants n'ont aucune séquelles. C'est bien la preuve qu'ils ont de bon gènes !

— Mais comment tu sais tout ça ?

— Patty, répondit-il comme si c'était évident.

— Suis-je bête. Évidemment que c'est Patty.

— C'est aussi parce que j'ai en partie du sang Black. Ma grand-mère s'est marié à Marius Black, un cracmol renié de la famille, le frère de Pollux Black et Dorea Potter, donc je suis cousin au second degré par alliance à Black et Potter, expliqua Tom d'un ton lent alors qu'il tentait de recréer mentalement son arbre généalogique.

— Ça commence à devenir n'importe quoi.

— Ouais et c'est quand même glauque donc parlons d'autre chose. Tu faisais du Quidditch aux États-Unis ?

— Moins qu'ici. Le Quidditch n'est pas très répandu aux États-Unis. On avait même pas d'équipe officielle, on le pratiquait pour le plaisir.

— Évite de dire ça à Axel, il tournerait de l'oeil, la prévint Tom.

— Ne m'en parles pas, j'ai eu le droit à un sermon de vingt minutes de la part de Potter et Evans a dû intervenir pour le forcer à me laisser tranquille... Surtout quand MacDonald s'est rajoutée...

Le reste du rendez-vous se passa plutôt bien, même très bien. Pourtant Camille avait un mauvais pressentiment, comme si quelque chose de grave allait se passer. Malheureusement ses pressentiments étaient justes en général.

Camille l'ignora tout de même et quand ils sortirent du bar, Tom semblait légèrement gêné. Il passait la main dans ses cheveux en riant nerveusement comme s'il voulait faire quelque chose mais ne savait s'il devait. Bien décidée à ne pas lui faciliter la tâche, Camille le fixa avec un grand sourire.

Tom se pencha soudainement en avant, posant ses lèvres sur les siennes alors qu'ils discutaient. Camille ne réagit pas immédiatement. Elle attendit quelques secondes puis posa ses mains de pars et d'autres de son visage. Tom l'attira contre lui, souriant contre ses lèvres. Camille essaya de répondre du mieux qu'elle pouvait malgré son manque cruel d'expérience et le dégoût qu'elle éprouvait. Si elle devait être honnête : elle détestait embrasser. C'était gênant, baveux, étrange et en soit le concept était dégoûtant. Elle se força néanmoins à ignorer son instinct et tenta de prendre du plaisir.

Quand Tom s'éloignât finalement en souriant, sa seule pensée fut qu'au moins elle n'avait pas vomi cette fois.

Le poursuiveur passa furtivement ses doigts le long de sa joue puis retira sa main. Il sourit à Camille et la guida vers les Trois Balais où les attendait leurs amis.

De son côté Camille ne souriait plus. Un mal de tète affreux la faisait grimacer de douleur... Dans son esprit se dessinait peu à peu les contours du visage horrifié d'une jeune fille brune dont les lèvres ne cessaient de gémir des supplications. Une flaque de sang coulant de son ventre trouée s'épaississait sous elle et Camille se sentait s'y noyer. La panique lui serrant la poitrine, elle inspira longuement et essuya du revers de la main ses yeux avant de suivre son ami. Néanmoins le visage livide refusait de la quitter.

***

Entre-temps Lily et Alice, accompagnées de Remus et d'Aleksander qui se disputaient à propos de cookies, avaient rejoint le groupe au Trois Balais et buvaient des bièreaubeurres, des chocolats chauds et des thés glacés en observant le spectacle de Jina Jordan en plein rendez-vous.

Quelques minutes plus tard, le groupe de Zonko fit son entrée bruyamment. Sirius salua Rosmerta en criant alors que Fred, James et Peter se disputaient férocement pour des raisons totalement incompréhensibles. Parce que premièrement : Fred était cruel. Deuxièmement : Peter ne pensait qu'à ses gâteaux. Et troisièmement : James avait écrasé les gâteaux et ça c'était mesquin.

Sirius, le seul qui n'avait rien à voir avec cette dispute, alla commander des boissons alors que les trois autres s'asseyaient avec leurs amis en tirant la tronche.

— Bon qu'est-ce qui se passe encore ? soupira Mary.

James pointa Fred du doigt qui pointa Peter qui pointa James.

— C'est la faute de cet idiot !

C'est à ce moment-là que Sirius revint, deux bières dans chaque main, et éclata de rire. Il s'assit à côté de James.

— Alors qu'est-ce que vous faites ? demanda Sirius.

— Nous observons Jina avec Luke, répondit Aleks en buvant une gorgée de thé glacé à la pêche.

— Nom d'un Strangulot ! Est-t-elle en train de... Rire ? demanda James, consterné.

— J'en suis tout retourné !

— Ch'est pas Fred avec elle ? demanda Peter la bouche pleine.

— Non c'est Luke, mon frère. Tu as encore des gâteaux Peter ? Mais où tu les mets ? demanda à son tour Fred.

— Dans mes poches.

— C'est Luke. Il est à Serdaigle, il arrête pas de se battre avec Julie, répondit Mary en buvant une gorgée de son jus de branchiflore. Très intelligent, un peu trop honnête et surtout très sarcastique.

— Extrêmement sarcastique, renchérît Fred en buvant son chocolat chaud. C'est de famille.

— Je savais pas qu'elle était intéressée par les garçons Jina, déclara James.

— Je savais pas qu'elle était intéressée par autre choses que sa batte, renchérit Sirius en examinant une enveloppe.

— C'est quoi ça ? fit James en direction de l'enveloppe de Sirius.

— Une lettre.

— Ça je le vois ! Mais de qui ?

— Mes parents...

Le silence se fit du côté de Remus, James, Peter et Mary qui savaient que le sujet était tabou. Mais ce ne fut pas le cas des autres qui étaient, malheureusement, d'une nature très curieuse.

— Ben quoi ? C'est bien, non ? fit Alice perdue.

— Ça se voit que tu ne connais pas mes parents.

— Tu l'as reçu maintenant là ? demanda James en regardant autour de lui, à la recherche d'un messager ou hibou.

— Non ce matin mais je l'avais rangé sans voir l'expéditeur. Elle vint de tomber là, je l'ai ramassée et j'ai vu l'adresse, répondit Sirius l'air dégoûté.

— Ouvre-la, enjoignit Lily à la surprise de tous. Quoi ? Je suis curieuse c'est tout.

— Si Lily t'a adressé la parole c'est un signe du destin. Ouvre cette maudite de lettre ! ordonna James.

De mauvaise grâce, Sirius s'exécuta. Il commença à lire d'un air détaché mais au fur et à mesure de sa lecture, il se concentra sur la lettre en serrant les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches. À la fin de sa lecture, il froissa la lettre d'un geste rageur avant de sortir sa baguette et d'y mettre feu puis il la jeta dans le cendrier. La lettre commença à se consumer sous les vives protestations des autres.

Mais Sirius les ignora, il sortit un paquet de cigarette de sa poche intérieur, en prit une, lui mit le feu avant de se mettre à fumer. Il inspira lentement puis bascula la tête en arrière en soufflant une longue bouffée de fumée. Remus soupira et prit lui-même une cigarette avant de l'allumer avec la lettre qui brûlait.

— Vous causerez ma mort, murmura-t-il en soufflant également un longue bouffée de fumée.

— Non c'est cet engin du diable qui va causer ta mort ! rétorqua Lily en enlevant la cigarette de la bouche de Remus.

Ce dernier se mit à protester vivement en essayant de la récupérer mais Marlène fut plus rapide, elle s'empara de la cigarette et se mit à fumer en soupirant d'aise.

— Marley ! s'indigna Lily. Tu m'avais promis de quitter !

— Essayer ! corrigea Marlène. Promis d'essayer de quitter ! Mais je ne suis qu'un être humain faible, sans aucune volonté, guidé par un seul but. Fumer une putain de cigarette. N'importe laquelle à n'importe quel prix même celui de notre amitié.

— Les gars ! Evans a raison, ça vous aide en rien de fumer ! ajouta James en essayant de prendre le paquet et la cigarette de Sirius.

Lily n'en revînt pas que Potter soit d'accord avec elle, surtout quand elle jouait les rabat-joie. Sirius gronda quand James approcha de trop près sa main alors que Remus plongeait sur Marlène, qui poussa un petit cri, pour récupérer sa cigarette durement volée.

— Désolé Corny mais sur ce coup-là je te suis pas. Fumer ça décompresse tu devrais essayer, décréta Sirius en esquivant les mains de James.

— Non, non et non ! Donne-moi ça ! ordonna James, la main tendue.

Sirius le dévisagea longuement avant de se renfrogner et de lentement prendre son paquet. Mais il le fourra rapidement dans sa poche intérieure et souffla sa fumée sur le visage de James. Ce dernier commença à tousser en grimaçant de dégoût et grommelant "c'est de l'impertinence", "jeune délinquant" et "oser souffler sur mon visage". Remus, qui avait récupéré sa cigarette, éclata de rire en prenant une taffe avant de faire un rond de fumée.

— C'est ça faites les petits malins vous rigolerez moins quand vous viendrez me supplier de vous donnez mes poumons en parfaite santé, asséna James en se rasseyant l'air maussade.

— Vous êtes désespérant, rajouta Lily en regardant Marlène d'un air navré.

— Tiens le premier truc sur lequel tu es d'accord avec Jamesie, Evans, c'est notre santé. J'aurais jamais cru, pensa à voix haute Sirius en regardant avec insistance Lily.

— La ferme Sirius.

— Lily-jolie veux-tu sortir avec moi ?

— La ferme Potter.

— Que disait la lettre Sirius ? demanda Remus.

Le visage de Sirius s'assombrit et il fixa intensément le cendrier où se consumait toujours la lettre. Remus le fixa, la cigarette entre les lèvres. James se redressa discrètement sur sa chaise. Lily dévisagea Sirius en buvant silencieusement son chocolat chaud. Mary le regarda sans aucune discrétion tout comme Peter et Marlène. Fred et Alice étaient plus respectueux et faisaient au moins semblant de discuter en buvant leurs jus et bières alors qu'Aleksander observait avec fascination l'étiquette sur sa bièreaubeurre.

— Narcissa va se marier, annonça Sirius.

— Félicitations ! répondit Alice, tout enjouée.

— Avec ce bellâtre de Malfoy, ajouta l'héritier Black le regard noir.

— Ah, fit Alice.

— Avec Malfoy ? s'écria avec indignation Marlène. Cissy va se marier avec Malfoy ?

— Apparemment le courant passe bien mais de toute façon ses parents s'en fichent tant qu'ils ont un gendre pur.

— Ça rigole pas chez vous, décréta Fred.

— Oh ! On est tous fiancés à cinq ans mais mis à part ça, répondit America qui venait d'arriver en haussant les épaules.

Elle portait un sac de vêtements sur l'épaule et quelques livres dans sous son bras, elle s'assit à côté d'Aleks. À sa suite se tenait Emilie l'air toute contente et Edward le porte-bagages. Ce dernier ronchonnait derrière les piles de sacs en se plaignant du fait que sa petite amie l'esclavageait.

— Tu es fiancée America ? demanda Aleksander les sourcils froncés.

Remus s'étouffa sur son chocolat en entendant le ton concerné de son ami et un sentiment de colère le traversa lorsqu'America lui offrit son joli sourire. Il se mit à fixer les deux Serpentards avec un regard noir. Pourquoi semblait-il s'inquiéter qu'elle soit fiancée ? Ce genre de pensée fit culpabiliser Remus qui se trouva en plus idiot.

Aleksander avait le droit de se sentir concerné pour qui il voulait, il n'avait pas son mot à dire. Mais c'était plus fort que lui dès que le Serpentard se rapprochait d'une fille ou d'un garçon, un violent sentiment de jalousie se répandait en lui tel un poison. Il se retenait parfois de fusiller les gens du regard. Et en ce moment-même, le coeur de Remus se brisait un petit peu plus, son poing se serrait autour de sa tasse de chocolat chaud et ses épaules se crispaient de jalousie.

— En fait j'étais fiancée, avoua America en souriant. Mais j'ai tellement énervé mon futur époux qu'il a rompu notre contrat. Mon grand-père était furieux. Mais si vous voulez un scoop ne vous tournez pas vers moi. Mon ancien chéri était effroyablement ennuyant. Par contre Sirius Black ici présent était fiancé à Camille !

— Camille ? Notre Camille ?

— Tu en connais trente six milles des Camille Light ? railla Sirius.

— Vos familles sont pas supposés se détester ? hasarda Lily.

— J'ai toujours du mal à croire que les Light et les Black ont fiancé leurs héritiers, ricana Marlène.

— Je crois avoir entendu qu'ils avaient fait une trêve il y a une dizaine d'années, commenta Remus.

— En fait, ils l'ont fait le lendemain du jour de la naissance de Camille et puis sept ans plus tard ils ont repris leur petite guerre pathétique, répondit Sirius.

— Pourquoi ?

— Oh ! Mes parents et ma tante ont accusé les Light d'avoir assassiné ma grand-mère maternelle, dit-il nonchalamment. Entre nous si c'est vraiment eux, je leur enverrai bien une carte de remerciement. Cette vielle folle était une vraie plaie ! J'espère que la prochaine fois ils s'occuperont de ma génitr... Aïe Remus !

— Arrête de dire des sottises tout le bar peut t'entendre ! répliqua ce dernier.

— Bon sinon c'est quand le mariage ? interrompu James.

Sirius lança un regard noir à Remus qui le regardait avec son air sage.

— C'est le dix-sept décembre. Ma mère veut absolument que je vienne, soupira le jeune Black.

— En même temps c'est ta cousine, fit remarquer sagement Mary.

— Elle se marie avec Lucius Malfoy... Malfoy ! Cet abruti de première !

— Elle n'avait sûrement pas le choix...

— On a toujours le choix. Elle n'avait qu'à prendre exemple sur Andy, dit durement Sirius.

Autour de la table certaines personnes se lançaient des œillades complètement perdues, ne comprenant pas qui était qui et pourquoi cette histoire d'assassinat ne semblait choquer personne.

— On peut revenir sur cette histoire de meurtre ? demanda Lily avec choc.

— Pourquoi ? fit sèchement Sirius. Ma grand-mère, qui était une ordure, a été assassinée. Le coupable a été arrêté, je ne vois pas ce qu'il y a à ajouter !

Lily le regarda avec des yeux ronds.

— Évidemment qu'il n'y a rien à ajouter, grommela Emilie. C'est parfaitement clair, rassurant et normal.

— Que voulez-vous que je vous dises ? soupira Sirius en se passant la main sur le visage. C'est comme ça que fonctionne la haute société dans laquelle ma famille évolue depuis la nuit des temps. Meurtre, argent, chantage, corruption, argent, pouvoir, argent... Tout ça c'est leur monde ! Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais rendu compte de toutes les merdes que renfermer la noblesse sorcière ? En tout cas je dois amener une fille au mariage, conclut-il en se raclant la gorge.

— Alors tu vas amener une fille qui énervera tes parents ! Une née-moldu ? proposa James.

— Classique et efficace mais non. Elle doit être obligatoirement sang-pure sinon elle ne pourra pas franchir les portes. Littéralement. Ils ont mit des sorts ! Quels tarés... Mais je sais qui pourrait venir ! Car je connais une fille ravie de m'aider à énerver des sang-purs, qui est elle-même une sang-pur et qui énervera plus que tout mes parents.

— Camille, devina immédiatement Aleksander en levant sa bouteille de bièreaubeurre avec un sourire.

— Camille, confirma Sirius en recrachant sa fumée.

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Inspiration activée

Hey fuckers ! Cha va ?
Sinon j'espère que vous avez apprécié le chapitre, désolé pour les fautes, n'hésitez pas à voter ou à laisser un commentaire ça fais toujours plaize.

Des ressentis sur ce chapitre ? Je suis preneuse !

Good bye les pumpkin pie !

Écriture terminée

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