Chapitre 6

Ce fut alors NamJun et HoSeok qui accompagnèrent YunGi au centre commercial. Je les regardai partir à bord de la voiture noire, impuissante, sentant l'injustice bouillir en moi.

-Qu'est-ce que je vais bien pouvoir foutre, maintenant ?

Je me retournai, faisant face aux placards de la cuisine. Je bouffe ? Non, c'est pas bien, je vais grossir. Mais j'ai rien à faire, aussi ! Bon allez. NON ! Tu ne touche à rien. Respire, reste calme.

-Prodigy !

Bah tiens, manquait plus que ça. Je courus rejoindre JiMin dans le bureau et lui demandai d'un mouvement du menton qu'est-ce qu'il me voulait. Il me fit signe d'approcher et de venir m'installer à côté de lui.

-Je suis en train de pirater le système informatique de la police afin d'avoir plus d'informations. Tu as besoin de quelque chose en particulier dans ce que je viens de trouver ?

Il afficha alors sur le second écran plusieurs photos et rapports écrits par les policiers eux-mêmes. J'avais un large choix pour constituer un bon dossier, une vraie mine d'or en  somme. Il y avait certes l'affaire du bar mais aussi d'autres documents mis en relation avec cette affaire. Les policiers avaient donc déjà plusieurs pistes. JiMin commença à imprimer ce qu'il jugeait être utile. Je réceptionnai les documents et les regardai de plus près.

-Nous avons donc plusieurs personnes fichées dans les registres de la police dans la catégorie "gangs". Mais ils ne savent pas à qui ils appartiennent.

-C'est ça. Ils pensent qu'il n'y a qu'un seul et même gang avec trois groupes différents, en fait.

-Hm, je vois. Merci JiMin, continue.

-Ca marche.

Je me dirigeai au salon et m'installai confortablement tout en étudiant la moindre information des documents que j'avais dans les mains. Je trouvais même des détails personnels, comme les domiciles de certaines personnes. Je relevai soudainement la tête.

Et si j'allais rendre visite à l'un d'entre eux ?

-May.

Je tournai la tête : JeongGuk se tenait dans l'embrasure de la porte.

-TaeHyeong arrête pas de s'agiter et je sais pas comment le calmer.

Je jetai les documents sur la table basse et glissai mon bras sur les épaules à JeongGuk pour le réconforter. Nous montâmes les escaliers et au fur et à mesure que je m'approchai de leur chambre, je pouvais distinguer les gémissements de douleur de TaeHyeong.

-Va me chercher la trousse de soins de HoSeok dans la salle de bain. Et ramène aussi une serviette et un gant de toilette humide.

J'entrai dans la chambre tandis qu'il alla chercher ce que je lui avais demandé. Je m'approchai de TaeHyeong en lui signalant que ce n'était que moi, car il m'avait prise pour une ennemie. Il délirait complètement, à cause de la fièvre sûrement.

-May, j'ai... mal.

-Je sais, TaeHyeong. On va te soigner.

JeongGuk entra dans la chambre avec tout ce que je lui avais demandé puis ouvrit la trousse de soin. Il avait vu HoSeok le faire, il allait donc changer la compresse et le bandage de TaeHyeong. Quant à moi, je le libérai de son t-shirt et ôtai toute la sueur de son corps afin de faire baisser sa température.

-Profite pas pour mater. Sinon je cafte à YunGi.

-Ne dis pas de bêtise et repose-toi.

Je souris tendrement et le fis allonger. JeongGuk finit de bander sa blessure puis il alla ranger tout le matériel. Je poussai la couette, jugeant qu'il n'avait pas besoin de ça maintenant. Je déposai ensuite le gant de toilette humide sur son front, ce qui le fit fermer les yeux, ses lèvres s'étirant en un petit sourire.

-T'es comme une grande sœur, May. Une fille dans la maison ça ramène un peu de douceur.

Je caressai sa joue en souriant puis me levai. JeongGuk revint alors et me remercia.

-Donne-lui un cachet dans quelques minutes si sa fièvre ne retombe pas. Mais dans tous les cas, il faut qu'il dorme. Beaucoup. On vous amènera le repas.

Je les quittai en fermant doucement la porte puis allai me laver les mains dans la salle de bain. En jetant un rapide coup d'œil à mon reflet, je vis qu'il y avait encore cette sorte de douceur et de tendresse maternelle dans mon regard. Je secouai la tête, dégoûtée d'être aussi niaise qu'une ado connaissant son premier amour.

Je rejoignis le salon et poursuivis mon étude de documents (dis comme ça, on dirait un examen, putain). Je pris un surligneur dans le tiroir d'un des meubles et fluotai le plus important. Soit... les noms des suspects et leurs adresses domiciliaires. Je n'allais pas m'ennuyer, tout compte fait.

-JiMin, je suis partie faire un tour.

-Okay.

Je sortis de la maison, me demandant bien pourquoi JiMin n'avait émis aucune opposition au fait que je sorte. Ne devait-il pas me surveiller ? J'avais pourtant entendu YunGi lui donner cet ordre avant qu'il ne parte pour le centre commercial. J'haussai les épaules et continuai à marcher vers la route.

-Hey.

-WOOAAH ! SeokJin ? PUTAIN MAIS T'ES CON !!

Je lui fis une clé de bras et le plaquai à terre, enragée qu'il m'ait fait peur.

-Lâche-moi, ça fait mal ! Je n'avais nullement l'intention de...

-Tu fais quoi au juste dehors ?!

-J'attendais que tu sortes ! Si tu sortais, je devais soit te faire rentrer soit te suivre dans le pire des cas pour qu'il ne t'arrive rien !

Je le relâchai et me penchai à sa hauteur.

-C'est YunGi qui t'a demandé ?

-Ouais.

-Dis-donc... tu dégrises vite et bien !

-Merci. Mais j'en avais pas pris beaucoup !

-Et pourtant t'étais torché comme un pré-pubère.

J'éclatai de rire alors qu'il fit la grimace. Je l'aidai ensuite à se relever. Nous tombâmes d'accord sur le fait qu'il allait m'accompagner rendre visite aux gens que j'avais dans ma ligne de mire. Je commençai alors par un gars qui devait appartenir au gang des Red Sharks, car il avait un tatouage de requin sur la clavicule. Oui, ils sont forts clichés et ça me soule.

Je sonnai cordialement au domicile, une femme avec un bébé dans les bras vint alors m'ouvrir.

-Oui, c'est pour quoi ?

-Bonjour d'abord.

La femme fut surprise de ma franchise et balbutia des excuses avant de me saluer.

-On peut entrer ? Merci.

Elle n'avait pas eu le temps de riposter que j'étais déjà dans le salon. Un homme de taille moyenne, aux cheveux mi-longs et à la carrure pas si imposante que ça, se leva alors de son fauteuil en me fixant droit dans les yeux. On aurait dit un loup en cage, mais pas si enfermé que ça car vu comment il me regardait, il se pourrait qu'il me saute dessus d'une minute à l'autre.

-HeavyHand, c'est bien toi ?

-Ouais. Y'a un problème ?

-Oh non. Juste qu'on vient faire connaissance.

-A quel gang appartiens-tu ?

-A personne. Je suis juste quelqu'un qui vient se demander pourquoi c'est le bordel dans cette ville.

-T'es nouvelle ?

-Ouais. On s'est installé avec une bande de potes. Comme on aimerait que notre quotidien soit plus calme, on voudrait apaiser les tensions. Tu vois ?

-Ici, c'est pas le monde des bis...

-Ouais ouais, c'est bon. On me l'a déjà faite celle-là. Sinon, tu connais la dent noire ?

Il leva un sourcil.

-Vous êtes de la police ?

-Oh non, sacrilège ! Allez, répond.

-Vite fait. Il s'est fait descendre, pas vrai ?

-C'est bien ça.

Il baissa la tête, fixa son canapé puis releva les yeux vers nous.

-Asseyez-vous.

Débuta alors une conversation entre cet homme et moi-même  propos des gangs qui se trouvaient dans cette ville. Je n'avais pas choisi ma cible au hasard : il faisait parti du gang des Red Sharks, avait un passé de délinquant donc possédait un casier judiciaire mais surtout, il avait une femme et un enfant. A la moindre connerie, il foutrait sa nouvelle vie en l'air. Alors il était facilement manipulable et influençable. HeavyHand était son surnom donné par son gang car il travaillait dans l'usine de métalurgie, convertie en productivité illicite.Il était simple employé, puis on l'avait recruté dans les rangs du gang car il en savait trop désormais. Il avait alors constamment cette peur de faire une bêtise. En se confiant à moi, il n'avait pas conscience que de me parler de tout ça était une grave erreur. Mais je ne dirais rien, et pourrais même l'utiliser plus tard.

SeokJin et moi revenions tranquillement sur le chemin du retour. J'étudiais un nouveau profil alors que lui regardait à droite à gauche ce qui se passait autour de nous.

-Pro.

Je relevai la tête vers lui puis la tournai dans la direction de la sienne. Il fixait un parc d'enfants... où trônait un toboggan.

-T'es sérieux, mec ?

-Non, pas ça ! Regarde bien.

Je soupirai et me concentrai en demeurant la plus discrète possible. Je remarquai alors qu'il y avait plusieurs hommes qui encadraient le terrain, surveillant le moindre faits et gestes aux alentours et dans le parc.

-Est-ce que tu crois qu'il s'agit d'un gang ?

-Il y a tellement de possibilités dans cette ville que je ne sais même pas te répondre.

Nous n'avions pas encore réalisé ni même avions-nous posé la question... mais il se pourrait qu'il y ait plus de membres dans ces gangs qu'on ne le croit. Se pourrait-il que les gens intégreraient les gangs adverses aux gens qu'ils n'aiment pas juste pour se venger, pour n'importe quelle histoire de bas-étage, faisant grossir petit à petit les effectifs des trois gangs de la ville ? Nous n'étions pas au bout de nos surprises, apparemment.

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