Chapitre 11

Cela faisait deux heures que je fouillai les archives de la police et celle de la presse de la ville. J'avais soit affaires aux meurtres des Red Sharks, soit aux petites conneries de la Dead Navy. Je soufflai pour la énième fois et finis de boire mon café. HoSeok entra dans la pièce, un torchon dans les mains.

-J'ai fini de cuisiner, je t'apporte le repas ?

-Non, j'arrive. Comment vont les gars ?

-Ca va. TaeHyeong s'estime heureux, il voulait pas être une nouvelle fois blessé.

J'émis un petit rire puis le suivis jusque dans la salle à manger. J'inspectai mes amis un à un puis embrassai YunGi. Après de longues heures d'inconscience, il s'était repris. Je l'avais emmené à l'hôpital pour voir s'il n'avait rien subi au cerveau, même s'il n'y avait pas grand chose tout de même dans la boîte crânienne. Voyez comment je parle de mon petit copain, quand même.

-Tu fais quoi depuis toute à l'heure ?

-Des recherches. Sur les Rainbow Seahorses.

Je levai les yeux vers SeokJin qui fuit mon regard. Il se servit dans le plat de riz tout en faisant semblant qu'il ne m'avait pas entendu.

-Tu cherches quoi en particulier ?

-Toi, le boiteux, je te dirai rien. Je te connais assez pour savoir que tu vas tout faire à ma place alors que tu dois te reposer.

Je lui ébouriffai les cheveux puis rejoignis HoSeok dans la cuisine.

-JeongGuk ne mange pas beaucoup, j'ai l'impression.

-Qu'est-ce qu'il a ? Un hématome intestinale ?

-Pro, je suis sérieux.

Je relevai la tête vers lui, reposant le plat de viande que j'avais dans les mains. On se tourna vers la porte qui donnait sur la salle à manger : JeongGuk tournait sa fourchette dans son assiette, la tête posée dans la main.

-Je vais aller lui parler après, quand tout le monde ira faire une sieste.

-Tu comptes les y obliger ?

-Faut bien qu'il se repose et moi aussi je veux me reposer mais sur le plan auditif. Les entendre brayer à longueur de journée qu'ils ont mal, on se croirait dans un hôpital psychiatrique plutôt qu'un gang à la dent dure.

-Il n'y a pas que la dent qui est dure chez certains.

J'haussai un sourcil, faisant disparaître HoSeok qui rigolait, fier de sa connerie. Je levai les yeux en l'air puis le rejoignis. Le repas se déroula sans encombre. J'inspectai du coin de l'œil les bras de JeongGuk et SeokJin qui n'avaient plus rien, grâce aux merveilleux soins de HoSeok. NamJun n'avait plus qu'un pansement et pour JiMin, ce n'était qu'une question de temps pour qu'il se remette de son énorme bleu. YunGi avait connu le choc le plus rude mais s'était vite remis. Je me demande même s'il en n'avait pas profité pour dormir comme un loir, comme à son habitude.

Une fois que le repas toucha à sa fin, TaeHyeong débarrassa la table avec SeokJin et HoSeok. NamJun et JiMin allèrent s'allonger dans le salon tandis que YunGi alla s'entraîner au tir dans le jardin. Silencieux, pour éviter les soupçons quand même. Je suivis JeongGuk qui partait à l'étage. Alors qu'il entra dans sa chambre, je poussai la porte, montrant que je voulais m'entretenir avec lui. Il alla s'allonger dans son lit, la tête tournée vers moi, attendant que je parle.

-Est-ce que tout va bien ? Parce que... HoSeok et moi on trouve que t'es pas trop dans ton assiette.

-Ca va.

Silence. Quelque chose me dit qu'il me ment.

-Sûr ?

-Ouais, si j'te l'dis.

Il se retourna, me faisant dos. Je posai ma main sur son épaule et voulus le retourner, mais il émit une résistance. Il se recroquevilla sur lui, signe qu'il ne voulait pas parler plus. Je m'assis au bord de son lit et le pris dans mes bras, il se jeta alors sur moi en pleurs.

-J'en ai marre, May. Je veux pas finir criblé de balles.

Oh, je vois. Le stress commence à l'emporter.

-Des fois je me dis que je n'aurais jamais dû rejoindre ton gang, que j'aurais dû rester dans cet hôtel.

-Rien ne t'empêche de partir, JeongGuk.

Il releva la tête vers moi, puis se redressa.

-Mais... est-ce que tu as pesé le pour et le contre de cette idée ?

Il secoua la tête. Je me mis bien en face de lui et levai l'index.

-Vas-y, je t'écoute. Qu'est-ce que tu gagnerais à nous quitter ?

-La tranquilité.

-Oui. Ensuite ?

-Une vie... sans danger.

-Ouais. Mais encore ?

Il se mit à réfléchir. J'émis un petit sourire puis  abaissai les deux doigts que j'avais levé.

-Maintenant, énumère ce que tu perdrais.

-Un foyer cosy, de l'action dans ma vie, du fric...

Je me mis à rire.

-Une famille.

Je m'arrêtai. Il avait pas tort sur ce coup-là. Il se mit à pleurer à nouveau, coupable d'avoir eu plusieurs fois l'idée de partir. Je le repris dans mes bras en caressant ses cheveux.

-C'est normal de penser ça, c'est parce que tu as peur. Mais une famille c'est fait pour se soutenir, pour s'entraider. Alors tu n'as rien à craindre. Aucun de nous ne mourra, même pas toi. Tu es rusé, on est rusé, on s'en sortiras toujours.

-Tu me l'promets ?

-Je te l'promets.

Je quittai sa chambre, le laissant se reposer. Je reportai ma discussion à HoSeok qui faisait la vaisselle, profitant de l'absence de SeokJin et TaeHyeong qui se poursuivaient dans la maison avec les tubes de liquide-vaisselle. Heureusement, me voyant arriver, ils avaient opter pour le jardin à saccager.

-Faudrait trouver un bon truc pour le détendre.

-Du shit.

-May ! C'est pas drôle. Déjà que j'ai des doutes à propos du dégrisement de SeokJin. Des fois on dirait qu'il est toujours shooté.

-Il a peut-être gardé le sachet.

HoSeok releva la tête vers moi, puis s'en alla à l'étage. Je comptai sur mes doigts : un, deux, trois, quatre, cinq, s-

-SEOKJIN VIENS ICI TOUT D'SUITE !

HoSeok dévala les escaliers et poursuivis SeokJin qui avait vu le sachet qu'il agitait entre les doigts. Il allait passer un sale quart d'heure.

Je retournai dans le bureau, ayant décidé de reprendre les recherches. Il fallait que je trouve quelque chose avant d'exécuter la mission durant laquelle nous allions coincer les Red Sharks. Parce que nous allions devoir passé tout de suite aux Rainbow Seahorses.

-Fais chier, putain.

Il fallait que je trouve un élément, une enquête, une personne. N'importe quoi ! Mais je voulais une piste, même la plus pe... c'est quoi ça ? Je zoomai sur l'info et lus plus précisément ce qui était inscrit sur l'article de journal. Il y a quelques semaines, les autorités avaient retrouvé un corps calciné dans un appartement du centre. Ce n'était ni la pratique des Red Sharks, ni le délire de la Dead Navy. J'imprimai l'article puis cherchai dans les archives de la police un quelconque témoignage le même jour ou les jours suivants. J'en trouvai un, celui d'une femme qui était la voisine. La pauvre, elle devait être choquée. J'imprimais le témoignage également puis allai le chercher.

Il est écrit sur le rapport qu'elle avait entendu une dispute puis plus rien. Ensuite, l'appartement avait commencé à prendre feu. Elle n'avait rien vu, ni rien entendu d'autre. Je décidai de retrouver cette femme dans l'annuaire, en retrouvant l'immeuble de son appartement. Une fois retrouvée, je notai son adresse en mémo dans mon portable ainsi que son numéro de téléphone. Soit je vais la voir et je peux me faire pister, soit je l'appelle et peut-être que je serais sur écoute. Je choisis donc d'aller l'appeler à partir d'un téléphone public. C'était plus prudent même si je devais payer.

-Je suis sortie faire un tour, je reviens dans quelques minutes.

Je fourrai les mains dans les poches et sifflotai tranquillement en rejoignant le centre. Je me payai une boisson fraîche puis cherchai une cabine téléphonique. Celle-ci trouvée, j'allais la rejoindre puis insérai une pièce avant de composer le numéro de téléphone.

-Allô ?

-Bonjour, ça ne va pas durer très longtemps. Du moins, je l'espère. Si vous avez d'autres infos ou des intuitions par rapport au drame de votre voisin calciné, c'est le moment.

-Qui êtes-vous ?

-... la justice.

Putain, j'ai trop la classe.

-Je ne peux pas parler.

-Parce que je ne suis pas la police ? Ou parce qu'on vous a acheté ? Peut-être... menacé de viol ?

Silence au bout du fil. Elle respira un bon coup puis lâcha le morceau.

-Le gardien de la gare.

Et elle raccrocha. Je souris. J'avais une piste, c'est parfait. Je quittai la cabine, tranquillement, puis rejoignis mon chez moi. Mais ce fut trop beau pour être vrai que de rentrer indemne à la maison. Quelqu'un m'attrapa par l'arrière, me plaquant violemment à terre dans une prise bien calculée. Manquant horriblement d'air, je voulus me redresser mais il était en train de m'étrangler. Etant plutôt leste, je redressai ma jambe et donnai un coup de pied dans la gueule de mon agresseur. Je toussai, me redressant péniblement. Je mis ma main à mon étui... mais me rendis compte que je n'avais pas pris mon arme avec moi.

-Fais chier.

-Alors, ma jolie. On a oublié son jouet ?

Il me fonça dessus, je m'assis à terre en posant mon pied sur son ventre pour le basculer derrière moi, comme un levier. Je me redressai et pliai les genoux, en position de combat au corps à corps. Mais comme il était plutôt mauvais joueur, il sortit un couteau. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres, tandis qu'un doigt d'honneur se leva pour ma part. Alors que je l'évitai maintes et maintes fois, je reçus quand même quelques coupures, m'arrachant des cris de surprises par moments. Je m'effondrai, ayant été coupé à la joue. J'étais essoufflée, je n'avais pas repris de ma strangulation.

-Dis au revoir.

Un coup de feu retentit, le propulsant sur le côté. Du sang coula abondamment de sa tempe, le tir était très cadré.

-Au revoir.

Je tournai la tête vers mon sauveur, qui avait plutôt le sens de l'humour. YunGi. En fait, ca sert à quelque chose de traîner dehors avec un pistolet dans les mains.

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