Poudre blanche

Quand j'ai vu la petite Aurore, j'ai eu vraiment peur

On aurait dit un fantôme.

Elle avait des bleus de partout, des cernes énormes et des yeux vides. Elle était assise dans le coin d'une pièce sombre, tenant entre ses mains décharnées un vieux doudou.

J'ai parlé avec elle pendant que mes collègues inculpaient M.Dasket pour violence sur mineure et pour violence conjugale.

La petite était traumatisée ; elle en avait même oublié que M.Dasket et sa femme étaient ses parents. Crochet et Raiponce qu'elle les appelait.

Et moi j'ai eu droit à Capitaine Crocodile. Apparemment, c'est parce que je l'ai sauvé.

Elle aura des séquelles ; elle sera sûrement claustrophobe et aura des crises de paniques.

Nous avions été appelés plus tôt dans la soirée ; un voisin de M.Dasket avait affirmé avoir entendu des cris. Après une rapide enquête, il s'était révélé que M.Dasket battait probablement sa femme et sa fille, fille déscolarisée depuis bientôt 2 ans.

Voilà, ma première affaire en tant que capitaine

Aurore avait été conduite en poste de police et elle y était maintenant depuis presque 2 heures.

Mais elle restait là. Elle regarde dans le vide en souriant. Comme si elle connaissait quelque chose que nous ignorions tous.

Je m'approchai d'elle et réussi à attraper son regard.

-Salut, Capitaine Crocodile

J'entendis quelques collègues glousser mais je me retins de leur faire la morale.

-Salut, ça va Aurore ?

-Ouaip.

-Tu veux un chocolat chaud ?

Elle me regarda avec de grands yeux, comme étonnée de ma proposition.

-Je peux ... Je peux en boire un ?

-Bien sûr, je vais t'en chercher un.

Je me levai et partis du poste. Je traversai la rue et entra au Starbuck en face.

-Bonjour, un latté macchiato et un chocolat chaud, s'il vous plait.

Pendant que la serveuse préparait ma commande, je lorgnai la vitrine de pâtisserie puis, après une brève hésitation, je pris un muffin au chocolat pour la petite Aurore. La serveuse me tendit ma commande avec un grand sourire et je sortis.

La petite était toujours assise à la même place et n'avait pas bougé d'un cheveu.

-Tiens princesse, dis-je en lui tendant son chocolat.

Elle le prit avec précaution et me regarda en souriant.

-Merci!

Elle avala quelques gorgées du précieux liquide, puis ses joues rosirent de plaisir.

-C'est bon ...

Satisfait, je lui tendis le muffin. Elle me regarda intriguée.

-C'est quoi ?

-Un muffin au chocolat. C'est comme un mini-gâteau. Tiens, c'est pour toi.

Elle le prit avec autant de précaution que le chocolat chaud quelques minutes auparavant et mordit dedans. Elle lécha ses lèvres où subsistaient quelques miettes et sourit.

-C'est bon aussi.

Elle me regarda puis se mit à pleurer.

Décontenancé, je lui demandai :

-Qu'est qu'il y a ?

-C'est chaud. C'est lumineux. J'ai moins mal.

Je compris de quoi elle parlait et dans un élan d'affection, je la serrai dans mes bras.

-Chut, c'est fini.

Elle sanglota de plus belle.

-T'es gentil Croco.

Je souris pour moi-même. Si seulement elle savait ...

Soudain un brouhaha déboula dans le poste. Un jeune homme blond, les cheveux en bataille et le regard furieux fit une entrée fracassante.

-Laissez-moi tranquille !

Je lâchai la petite et m'approcha du perturbateur.

-Qu'est-ce qui se passe ?

Le gars vit rouge et essaya de se dégager tout en criant des choses incompréhensibles.

-Mais calme-toi ! Je ne comprends rien !

-Je disais que je suis innocent !

-Mais de quoi ?

Un de mes collègues répondit à sa place et le prit de court :

- Trafic de drogue. Pris la main dans le sachet!

Il sortit un sachet en plastique remplis de poudre blanche de sa poche.

-Voici la drogue.

Alors que j'allais m'en saisir, une ombre passa et le paquet tomba à terre en se déchirant, libérant par la même occasion un nuage de poudre blanche.

Tout le monde se crispa.

C'était la petite Aurore. Elle se baissa et enfonça son doigt dans la poudre blanche puis le porta à ses lèvres.

Je paniquai.

-C'est sucré.

-Hein ?

-Il est innocent.

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