Justice

La petite fille qui se tenait sur la chaise quand j'étais entré au poste m'avait innocenté.

Ce n'était pas de la drogue mais du sucre en poudre.

Le capitaine m'avait présenté ses excuses. Il était vraiment gêné. Heureusement que ses collègues n'avait pas appelé ma mère, une chance, sinon adieux la liberté.

Curieux, j'avais demandé qui était cette petite fille étrange qui était au poste de police à 23h00 du soir.

Il m'avait répondu qu'elle était le fruit d'une intervention dans la soirée. Son père la battait elle et sa mère.

L'homme m'offra un café pour se faire pardonner.

- Tu sais, des cas comme ça on en voit partout.

- Vraiment ?

Il hocha la tête.

- Oui, malheureusement. Et plus les années passent, plus il y en a. Ce monsieur Dasket n'était pas un cas isolé.

- M ... Monsieur Dasket !!!

- Tu le connais ?

- Oui, c'est mon prof de philosophie !

- Ha ... ha... prof de philo.

- Il ... il est en prison maintenant ?

- Si seulement ...

- Mais ... mais il est coupable !

- Crois-tu, seule la justice le décidera.

-La justice.

- Oui, la justice.

Je me tournai vers lui une question brûlant mes lèvres.

- Mais la justice est humaine, alors est-elle vraiment juste ?

Le capitaine sourit et fit mine de réfléchir.

- Quel âge as-tu ?

- 17 ans.

- Hum ... et bien je pense que la justice n'est pas forcément juste, mais elle n'est pas forcément injuste non plus. Mais elle est humaine. Tu te souviens de l'affaire Jacqueline Sauvage ?

- Oui ! C'est la femme qui a tué son mari, mari qui la battait et qui violait sa fille ?

- Oui, exactement. La justice l'avait déclarée coupable.

-Mais ... mais ...

- Mais elle a été graciée. Car si la justice devient vraiment injuste, il y aura toujours quelqu'un pour rétablir la justice.

Je faillis lui rire au nez, mais je me retins. La petite Aurore ne m'avait-elle pas sauvé d'une ignoble injustice ? Et le capitaine n'avait-il pas sauvé Aurore ? Il y aurait donc une justice dans ce monde ?

Notre discussion prit fin et je remerciai le capitaine avant de rentrer chez-moi .

Malgré la noirceur de la nuit, je retrouvai facilement le chemin jusque chez moi.

Un petit appartement de banlieue miteux où la télé captait une fois sur deux et où les cafards étaient les seuls animaux de compagnie autorisés, voilà où j'habitais.

Quand je rentrai, ma mère m'attendait assoupie dans le fauteuil du salon où, en ce mois de novembre, la température frôlait le zéro.

Je pris la couverture sur la chaise et en recouvris ma mère endormie.

Je pris une douche chaude, laissant les gouttes d'eau brûlantes suivre leur course folle sur mon corps et réchauffer mon cœur glacé. Puis je m'essuyai, j'enfilai un t-shirt et un caleçon et partis me coucher. Je m'enfuis sous mes épaisses couvertures.

Je pensai à la petite Aurore et à l'injustice. Je pensai au lycée et au contrôle de philo que je n'aurais pas. Puis mes paupières tombantes, je m'endormis.

- - -

Le lendemain, ma mère avait préparé le petit-déjeuner. Je mangeai en triple vitesse puis, après avoir planté un bisou son front, je partis pour le lycée.

Lycée Jules Ferry. Comme on en trouve partout. Juste un lycée comme les autres, normal, banal même.

J'entrai dans la cour sous le regard adorateur des filles présentent aux alentours. Je leur plais. Je sors avec l'une d'elles et puis je la jette. Et elles aiment ça.

Des fois, je me dis qu'elles sont un peu maso. Mais en fait, chacune pense être celle qui me fera changer. Mais aucune n'y arrive. Il y en a une qui pourrait me faire changer. Sauf qu'elle n'est pas comme les autres. Elle n'aime pas le genre de garçon que je suis ; frivole, libertin et mauvais.

Elle, elle est d'une beauté discrète, calme et sincère.

Les filles minaudent pour attirer mon attention et pour les remercier, je leur offre un sourire qui n'a rien de vrai. Mes potes m'attendent sous notre arbre habituel.

- Yo mec ! Ca boum ?

Il me fit un check et je lui rendis derechef.

- Alors c'est qui ta meuf de la semaine ?

Je pris un air songeur avant d'éclater de rire. On se raconta notre week-end et la cloche sonna (oui, parce que on a une cloche comme sonnerie, pour vous dire à quel point).

Comme prévu le cours de philo de monsieur Dasket fut annulé.

Alors, c'est Mme. Bellier qui donna le sujet de débat le plus pourris au monde : l'amour.

Elle interrogea les élèves un par un et quand vint mon tour, je répondis :

-L'amour, c'est une étincelle qui allume le feu de la vie, mais quand l'amour part, il crame tout sur son passage.

Silence de mort.

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