Tout le monde regardait Roman, stupéfait.

Personne ne lui connaissait cette âme philosophique. C'est même plutôt le "Bad boy" de la classe. J'étais impressionnée.

Même la prof était scotchée.

-Bien ... très bien Roman ... Tu me semble ... bien inspiré. Serais-tu amoureux ?

Toutes les filles de la classe retenaient leur souffle, pensant être celle qu'il aimerait peut-être. Et contre toute attente, Roman rougit.

-O... oui...

Et là, le vacarme, les filles piaillèrent et certaines même pleuraient. Les garçons eux hurlèrent de joie.

A croire qu'on leur annonçait un mariage.

Même la prof était toute chose.

Roman, l'homme sans cœur, amoureux.

Le cours se fini, et tout le monde se rua sur Roman.

Sauf moi.

A quoi bon. Cette fille devait vraiment être exceptionnelle pour qu'un garçon tel que Roman en tombe amoureux. Et cette fille n'est sûrement pas moi.

Au bout de quelques minutes, la prof reprit le peu d'autorité qui lui restait et nous pria de sortir de la classe afin de "profiter de la récré" ou de la laisser aller prendre son café, cela dépend de l'interprétation de ses paroles.

Dès que l'ordre fut donné, Roman se précipita vers le couloir et y disparut.

Les filles se précipitèrent à sa suite. Vraiment, on aurait dit un mauvais film. Je rangeai mes affaires et sortis de la classe. Comme c'était la pause de midi, les couloirs étaient déserts.

Dehors, les filles avaient lancé une sorte de "battue" afin de retrouver Roman. Franchement, tout cela tournait au ridicule. Je levai les yeux au ciel.

Je continuai mon chemin et là, sans prévenir, quelqu'un m'attrapa et me poussa dans une salle de classe, avant de refermer la porte derrière lui.

C'était Roman.

En sueur et à bout de souffle, il était adossé à la porte.

- Personne ne t'a suivi ? me demanda-t-il

Je le regardai sans comprendre. Il me regarda et éclata de rire. Son rire avait quelque chose de différent que d'habitude, oui ... il avait l'air sincère.

- On va dire que oui.

Il s'assit au sol et je fis de même. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis il se ravisa. Il se coucha sur le dos et posa ses mains sur sa poitrine.

- En fait, je voulais te parler.

Je sursautai. Pourquoi voulait-il me parler ? Des idées me traversèrent l'esprit mais je les chassai immédiatement, c'était trop invraisemblable.

- Je ... je... Rhaaa ! Je n'y arrive pas !

Je le regardai décontenancée. Je ne l'avais jamais vu aussi mal à l'aise. Etait-ce moi ou ce dont il voulait me parler qui le mettait dans cet état ?

- Hier, je me suis pris une leçon de vie. Une petite fille, 6 ans, pas plus, m'a probablement évité d'aller en prison. J'étais allé acheter du sucre glace pour faire un gâteau à ma mère, l'idée m'était venue comme ça et il était tard. J'ai décidé d'aller à la supérette du coin. Et à la supérette, tu vois comment est emballé le sucre glace ?

- Oui, en sachet plastique transparent.

- Exactement, et sur le chemin du retour il y avait des policiers. Ils ont cru que c'était de la drogue et sans prendre la peine de vérifier, ils m'ont emmené au poste de police. J'ai vraiment eu peur. Et puis, une petite fille a prouvé que j'étais innocent. 6 ans, 6 ans putain ... et son père la battait ...

Roman pleurait à chaudes larmes. Il était bouleversé. Mon cœur se serra. Je voulu le consoler et j'approchai ma main de lui.

- Et, ça m'a fait réfléchir ...

Je figeai mon geste.

- Je ... J'en peux plus. Je ne peux pas continuer comme ça ...

- De quoi tu ...

- Je t'aime.

La surprise fut telle que je sursautai.

- Qu ... Quoi ?

- Je t'aime !

Roman était toujours était couché sur le dos, les mains cachant son visage.

Roman m'avait dit qu'il m'aimait ...

C'était du jamais vu. Roman ne se déclarait jamais, il n'avait jamais dit "je t'aime" à qui (ou quoi) que ce soit.

- Tu n'es pas amoureuse de moi, n'est-ce pas ?

Je rêve ! Roman, LE Roman, pas sûr de lui ?!

- Roman ...

Il se releva et me regarda, au bord des larmes.

- Oui.

- Pardon ...

- T'inquiète, je me doutais que ...

- ... Pour ce que je vais faire.

- Hein ?

Je me penchai vers lui et je l'embrassai. Mes lèvres me brulaient et mon cœur semblait vouloir sortir de ma poitrine tellement il battait fort. Ses lèvres étaient douces, si douces que j'aurais pu m'y abandonné.

Il ne réagit pas tout de suite, mais quelques secondes plus tard, il me rendit mon baiser et posa ma main sur ma joue.

- Ella ...

Il était rouge tomate.

-C'était mon premier ...

- Vraiment ?!

- Oui, contrairement à ce que tu crois je n'étais pas très "profiteur" avec mes anciennes copines.

Il me regarda intensément et au fond de ses yeux émeraudes, il brillait comme une étincelle mais elle me paraissait tellement forte que j'étais sûre qu'elle aurait pu tout détruire sur son passage.

Il me prit dans ses bras et me serra très fort.

- Ella.

- Oui ?

- Je t'aime.

Je souris

- Tu me l'as déjà dit.

- Je sais mais, j'aime bien te le dire.

Et là, la porte s'ouvrit violemment et trois filles nous regardèrent horrifiées. Elles crièrent tellement fort, qu'une prof arriva, furax.

Et oui, nous ne sommes pas si innocents.