vi
Figée devant le grand miroir de la salle de bain, j'observe mon reflet avec dégoût. Mon teint est livide à un point que je n'aurais pas pu imaginer, et mes yeux rouge et bouffis sont soulignés par d'énormes cernes qui témoignent parfaitement de mon sommeil des derniers jours. Pour couronner le tout, mes cheveux, que je n'ai pas lavé depuis ma sortie de l'hôpital dimanche, sont si gras que leur habituelle couleur platine semble s'être assombri.
Je continue de fixer mon reflet durant encore quelques secondes avant de finalement entrer dans la douche.
Aujourd'hui, c'est la première fois que je retourne à l'école depuis la disparition d'Alix. Je serais bien resté une semaine chez moi, mais ma mère pense que trois jours de congé suppémentairs sont empalement suffisants. C'est donc pour cette raison que je retourne à l'école un jeudi.
J'appréhende la réaction des autres élèves. Beaucoup sont au courant de l'accident puisque le garçon qui nous à retrouvé a fait circuler l'information.
J'appréhende la réaction de mes amis à qui je n'ai donné aucunes nouvelles. Peut-être seront ils compréhensifs, ou peut-être m'en voudront-ils?
J'appréhende la réaction de Kevin à qui j'ai catégoriquement refusé de parler depuis l'accident. Il a tenté de s'excuser une centaine de fois, mais je l'ai ignoré. Je ne sais pas comment agir en sa présence. Je n'arrive même pas en lui en vouloirs...
Par dessus tout, j'appréhende ma réaction. Face aux autres, face au stress, à la tristesse, à la rage et à la culpabilité. Jusqu'à maintenant j'ai réussi à me contenir du mieux que je peux, mais je ne peux m'empêcher de penser que si je n'avais pas accepté d'aller à la fête, peut-être qu'Alix ne serait pas venue non plus. Et que si j'avais vérifié l'heure, plus souvent, nous serions partis plus tôt et peut-être n'aurions nous pas eu cet accident?
Il y a une chose dont je suis certaine, sans cet accident, Alix serait là pour notre anniversaire dans deux semaines. Je n'arrive pas à croire que je vais probablement fêter mes 18 ans sans ma jumelle.
J'ai fêté tous mes anniversaires à ses côtés, mais c'est celui là le plus important à mes yeux. Je vais avoir 18 ans. Nous allons avoir 18 ans.
De plus, mes parents, ont demandé à rendre l'affaire publique. Ils ne cesse de passer des entrevues télévisées, mais les médias veulent mon témoignage. Ils veulent le point de vue de la sœur anéantie. Celui du témoin conscient lors de l'accident, mais je refuse de passer en entrevue et dieux merci, mes parents n'ont pas insisté.
S'il y a bien une chose sur laquelle ils arrivent à se mettre d'accord, c'est bien ça. Il ne font que se disputer et rejeter la faute sur l'un et l'autre.
Ma mère accuse mon père d'avoir été négligeant envers nous puisque, à la base, il ne devait pas travailler le soir de la soirée.
Et mon père lui, ne fait que reprocher à ma mère d'avoir impliqué les médias qui nous bousillent totalement la vie en ce moment.
Moi dans tous ça? Je me sens oubliée. Délaissée par mes parents trop occupés à se faire la guerre pour quelque chose qu'aucuns d'eux n'aurait pu prévoir.
Essayant d'oublier mes problèmes l'espace d'une seconde, je me met sous le jet d'eau pour enlever le shampooing dans ma chevelure.
Sentir l'eau couler le long de mon corps me procure un sentiment de réconfort et de liberté. J'ai toujours adoré l'eau, je la trouve fascinante et tellement apaisante. Cette façon qu'elle a d'envelopper mon corps me sécurise le temps d'une seconde.
Je ferme mes yeux et laisse l'eau couler le long de mon dos, de mes fesses, de mes jambes pour finalement la laisser se faire avaler pas le drain de la douche.
Alors que je me concentre sur la sensation du l'eau courant sur mon corps, je sens la sens devenir de plus en plus froide ce qui me fait frissonner subitement. Je met l'eau au maximum de sa chaleur, mais rien ne se passe, j'ai toujours aussi froid.
Je ferme l'eau avec l'espoir que cet horrible sensation disparaisse. Mais je sens soudainement mes jambes flancher, et je m'écroule sur sol de la douche dans un gémissement de douleur que personne ne peux entendre puisque je suis seule chez moi.
Je ressent la même sensation qu'à l'hôpital et je deviens de plus en plus angoissée. Un long frisson me parcours du dos à la pointe des orteils et J'ai l'impression que mes jambes sont submergés dans de l'eau glacée. Je les fixe essayant de distinguer quelque chose de différent de d'habitude, mais je ne perçoit rien d'anormal. Des larmes de terreurs et de douleurs roules sur mes joues.
Je continue à les fixer jusqu'à ce que l'atroce douleur disparaisse une dizaine de minutes plus tard. Je n'ai aucune idée de ce que ça peut bien être, mais je peux dire avec certitude que ce n'est normal.
🌊🌊🌊
Je sors de mon dernier cours derrière Kelahny et Lise qui discutent entre elles. Je ne portent pas attention à ce qu'elles disent perdue dans mes pensées.
La journée s'est étonnamment bien déroulée. Ce qui s'est produit dans la douche ne s'est pas reproduit bien que ça ai occupé mes pensé toute la journée.
En cours, je n'ai croisé ni Josh, ni aucun de ses amis ce qui n'était pas pour me déplaire. Ils sont tous et chacun vraiment étranges. Je sens souvent leurs regards sur moi, et sans vouloir exagérer, ils me fixent vraiment tout le temps. Ça m'angoisse à un point inimaginable et je n'avais pas besoin de ça aujourd'hui.
À midi, j'ai mangé avec Kelahny et les autres sans qu'ils ne posent de questions ce qui m'a ravis. Je ne leur ai pas beaucoup parlé certes, mais c'était toujours mieux que de manger seule en proie aux questionnements des autres élèves. Il ne semblaient pas furieux et comprenaient que je ne sois pas très bavarde.
Soudainement, alors que nous passions devant un salle de classe, je me sens tirer à l'intérieur de celle-ci par quelqu'un.
Je me débat pour pouvoir m'enfuir, mais la personne me tiens fermement. J'essaye de crier, mais avant même que je ne puisse le faire, mon agresseur anticipe mon geste et pose sa main sur ma bouche.
Il ferme la porte et me relâche. Je me retourne vers lui et je vois Kevin. Il s'accote sur l'un des bureau de la classe et il croise ses bras contre sa poitrine. Je le fixe en essayant de reprendre une respiration normal attendant qu'il m'explique ce qui ne tourne pas rond chez lui. Aucun de nous deux ne parlent attendant que l'autre entame une conversation. Je me met à taper du pied furieuse et il prend finalement la parole:
«Alors?
—Alors quoi Kevin, je demande sur les nerf.
—Comment tu vas Cynthia?
—Bien, je dis sèchement.
—Et la vérité maintenant?»
Je le fixe en silence en prenant un aire hautain ne désirant pas le laisser douter de mes dires. Je n'ai pas envie de lui parler, et il m'y a forcé. Évidement que je ne vais pas biens, mais a t'il besoin d'être concerné? Il était présent lors de l'accident après tout...
Je sors de mes pensés quand je le vois se rapprocher de moi.
«Cynthia, je suis vraiment désolé pour vendredi soir. Je te promets que j'étais en état de conduire quand je vous l'ai proposé à Alix et toi. Je n'ose même pas imaginer ce que tu ressens...»
Je le regarde se rapprocher de moi encore et encore sans rien lui répondre. Je sens les larmes me piquer les yeux. Ne voulant pas lui montrer ma faiblesse, je baisse la tête et la première larme dévale ma joue gauche.
«Je t'en pris Cynthia pardonnes moi, dit Kevin ne se trouvant désormais qu'à quelques centimètre de moi. Je recule par reflex et mon dos percute le bureau du professeur.
—Arrête de t'excuser Kevin, j'articule. Ce n'est pas ta faute...»
Malgré moi, les larmes coulent de plus en plus abondamment sans que je puisse y faire quoi que ce soit, et je parvient difficilement à ravaler mes sanglots. Le fait d'en parler avec quelqu'un rend la chose tellement plus réelle et effrayante.
«Hey, dit Kevin en entourant mes épaules dans un geste de réconfort. Ça va aller... Tu peux me parler ouvertement d'accord?»
Je posai ma tête sur son épaule baissant complètement les barrière que je m'étais durement forgées. Pendant une durée indéterminée je cherchai les mots justes pour lui faire comprendre que je ne suis pas prête à en parler sans le blesser.
«Kevin je... je ne suis pas prête à en parler... pas maintenant.»
Il resserra son étreinte quelques secondes et me relâcha et souriant tristement.
«Je comprends. Je serai toujours près à t'écouter Cynthia.»
Je lui souris et replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille.
«Au fait, je commence pour changer de sujet, tu as parler au coach pour mon inscription dans l'équipe de natation?
—Oui, il aimerait beaucoup te voir vendredi midi pour la sélection.
—D'accord j'y serai, dis-je en hochant ma tête.»
Nous restons là dans la pièce sans rien dire.
«Au fait, je suis désolé de t'avoir entrainé de force jusqu'ici, mais je voulais vraiment te parler.»
Je ris légèrement et un silence de plomb tomba sur la pièce.
«Je vais y aller, dit Kevin en se dirigeant vers la porte. À bientôt Cynthia.»
Je le saluai de la main et une fois qu'il refermis la porte derrière lui, je m'effondrai au sol en larme. Alix me manque...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top