La versification

La plupart d'entre vous écrivent en prose, mais si jamais vous souhaitez écrire en vers, voici quelques conseils qui pourraient vous être utiles. 


I. Les types de vers (oui, vous avez vu l'image, riez s'il vous plaît)

Ils portent le nom du nombre de syllabes qu'ils contiennent (pour celleux qui savent compter en grec) :

Une syllabe : monosyllabe

Deux syllabes : dissyllabe

Trois syllabes : trisyllabe

Quatre syllabes : tétrasyllabe ou quadrisyllabe

Cinq syllabes : pentasyllabe

Six syllabes : hexasyllabe

Sept syllabes : heptasyllabe

Huit syllabes : octosyllabe

Neuf syllabes : ennéasyllabe

Dix syllabes : décasyllabe

Onze syllabes : hendécasyllabe

Douze syllabes : alexandrin ou dodécasyllabe.


II. Le compte des pieds

Et ne me dites pas que vous en avez deux ^^

1. Principe général

Alors : dans un vers, on prononce TOUT.

Un E placé devant une consonne se prononce comme une syllabe à part entière.

Un E placé devant une voyelle va faire la liaison avec cette dernière (c'est ce qu'on appelle l'élision).

Un E placé en fin de vers ne se prononce pas.

Exemples

Fair/e et/ pen/ser : ça fait quatre pieds.

Ce/ci /est/ un/ e/xem/ple /plu/tôt/ mal /choi/si : le « le » de « exemple » compte comme une syllabe à part entière.

Mais /quels/ sont /ces /ser/pents/ qui/ sif/flent/ sur/ nos /têtes ? Ici, « têtes » n'est compté que comme un pied.

Attention : pour faire la liaison entre E et voyelle, il ne faut pas qu'il y ait de consonne entre les deux.

Je marche à Paris : liaison

Tu marches à Paris : pas liaison. (Tu marcheuh za Paris).

Ils marchent à Paris : pas liaison non plus (Ils marcheuh ta Paris)

Remarque 1 : dans l'idéal, il faut éviter que deux voyelles identiques se retrouvent l'une en face de l'autre : le compte des pieds n'est pas modifié mais c'est ce qu'on appelle un hiatus et ça entraine un manque de fluidité.

Exemple : je suis à Avignon. En poésie, on dira « en Avignon ».

Remarque 2 :

Dans un alexandrin (et dans un décasyllabe), il y a ce qu'on appelle une césure au milieu, et qui sépare le vers en deux hémistiches de six pieds (cinq dans le cas d'un déca, non pas le café).

Pour des raisons de fluidité, la césure ne doit pas couper de mot.

Exemples :

Je chanterai pour vous,/ d'une voix solennelle.

Là, le placement de la césure me semble sans équivoque.

Je m'en vais sous la Lune,/ aspirant à connaître.

Avec la liaison entre le E et la voyelle suivante (et l'élision du E), ça passe tout seul.

Cet ange magnifi/que qui chante aux étoiles.

Là, techniquement, ça ne passe pas car le mot est coupé en deux, mais c'est ce que j'ai utilisé pendant longtemps, dans tous mes poèmes, pour éviter l'exemple suivant, qui, lui, est correct dans la théorie classique. C'est ce que j'appellais « l'hémistiche qui dépasse sur le 7ème pied ».

(Maintenant, je ne l'utilise plus mais vous pourrez le voir dans certains anciens poèmes).

Compter sur soi-même/ pour faire plus de choses.

Techniquement, c'est correct, et c'est ce qu'il faut faire à la place de l'exemple précédent, mais je n'aime pas la sonorité dure de « compter sur soi mêmeuh », car les mots placés à la césure sont également importants et demandent une certaine musicalité, que je ne retrouve pas ici, mais simple goût personnel.


2. Diérèse et synérèse

Dans le cas d'un mot qui comporte deux voyelles disposées en diphtongue, on peut le prononcer de deux manières différentes :

— On peut soit prononcer les deux voyelles dans la même syllabe : on ne compte - alors qu'un seul pied.

— On peut également les prononcer l'une après l'autre : on compte alors deux pieds.

Exemple : « milliers » :

Synérèse : milliers : on compte ici deux pieds.

Diérèse : milliers : on compte ici trois pieds.

Moyen mnémotechnique : penser à la racine SYN qui signifie « avec » et la racine « DIS » qui exprime la séparation.

A l'origine, la détermination diérèse/synérèse devait être référée à l'étymologie du mot. En effet, si les voyelles dans le mot étaient présentes dans le mot latin qui en était à l'origine, on faisait la diérèse.

Exemple : fusion, qui vient de « fusio », ce qui implique la diérèse.

De nos jours, le choix revient généralement au poète, en fonction de ses désirs, et de son oreille.

 

III. Les rimes

Comme tu dois t'en douter, un poème classique se définit également par ses rimes, dont voici les principales caractéristiques.

1. La richesse.

Les rimes sont plus ou moins riches en fonction du nombre de syllabes qu'elles ont en commun. L'orthographe ne compte pas, c'est le son qui détermine la rime, mais parfois, on modifie l'orthographe de certains mots afin de donner un effet de rime visuelle (Encor, Athène).

Rimes pauvres : une syllabe en commun.

Chanter/pavé.

Rimes suffisantes : deux syllabes.

Chanter/Rater.

Rimes riches : trois syllabes.

Redouter/goûter

Rimes très riches : plus de trois.

Les poètes essaient de caser des rimes assez riches, c'est plus sympa ^^

Mais les rimes pauvres ont également leur charme, et mieux vaut une belle rime pauvre qu'une rime riche artificielle et forcée.

Et puis les rimes trop riches, c'est d'un moche xD (Du moins... ça enlève l'intérêt de la rime). 

Remarque : il semble évident que mettre deux fois le même mot à la rime est une triche. Possible/impossible, dire/contredire, et j'en passe.

En ce qui concerne l'étymologie, je pense que ça passe quand même. Euh... attends, un exemple : contester/attester est, je crois valable.


2. Le genre des rimes

Comme vous devez vous en douter quand on parle de genre, il y a les rimes masculines et les rimes féminines :

Les rimes féminines sont toutes celles dont la voyelle accentuée est suivie d'une ou plusieurs consonnes (d'un point de vue phonétique).

Exemples : chante, chantent, chantes.

Regard, raisonne, balance, immense, prise, Deum.

Les rimes masculines se terminent par la voyelle accentuée.

Exemples : chanter, raison, mépris.

Dans un poème, idéalement, il faut alterner rimes masculines et féminines.


3. Les schémas de rimes

Il y en a trois principaux :

a. Rimes plates ou suivies: AABB

Elles se retrouvent principalement au théâtre. Mais on peut les caser partout. Ne pas tomber dans le piège de la facilité : c'est celle que tous les gamins utilisent, alors il faut s'élever un peu.

Notons toutefois que deux rimes plates à la suite ne peuvent constituer à elles seules une strophe.

b. Rimes croisées : ABAB

c. Rimes embrassées : ABBA

Chacun de ces schémas a une musicalité qui lui est propre, à vous de choisir celui que vous voulez :)


IV. Les types de strophes

Un groupe de vers est appelé une strophe.

Et son nom est tiré du nom de vers qui la composent.

Monostiche ou monostique pour un vers

Distique pour deux

Tercet pour trois

Quatrain pour quatre

Quintil pour cinq

Sizain pour six

Et le nom des strophes qui comptent davantage de vers de construit en ajoutant le suffixe « ain » au nombre de vers.


V. Le sonnet

Le sonnet est un court poème, de quatorze vers, très prisé par les poètes, parce qu'il faut dire beaucoup de choses dans peu de place.

Il faut également une chute sur le quatorzième vers.

Le sonnet à la française comporte deux quatrains et deux tercets (en fait une strophe de six vers, séparée en deux tercets visuellement).

Les rimes des deux quatrains sont le plus souvent embrassées (ABBA : comme le groupe de pop suédoise des année 70).

Les rimes des deux tercets, eux, sont constituées d'une rime plate suivie de deux rimes croisées.

Exemple : AABCBC.

Enfin, il sera préférable d'utiliser les mêmes rimes dans les deux quatrains, de même que dans les deux tercets, ainsi que d'alterner rimes masculines et féminines.

Exemple : FMMF FMMF MMF MFM


Bibliographie

— Petit traité de versification française, Maurice Grammont, Ed. Armand Colin, 1996.

— Cours de lettres 4ème, Pr. Marie, Cité Scolaire Janson de Sailly, année 2007-2008, Paris.

— Andromaque, Tragédie de Jean Racine.

— Carmen Anyae, Julia Strauss.

— Wikipédia (oui, c'est glorieux)

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