Chapitre 1 : Retour aux origines...

La pluie ruissèle sur le pare-brise, rinçant quelques vieilles traces de suie dans les coins. Mes yeux lourds sont à peine concentrés sur la route que je suis, les sourcils froncés pour décerner les bandes de délimitation blanches dans la brume.

Sur les cotés, les champs s'étendent à perte de vue. Flocon somnole sur le siège passager ; je lui en suis reconnaissante de ne pas miauler, malgré le fait qu'il soit enfermé dans un carton avec pour seul siège ma veste. Etant donné que mes affaires ont brûlé avec le reste de mon logis, je n'ai eu d'autres choix que de le confiner dans cette boîte de fortune.

J'ai eu beau retourner tous les débris, fouiller tous les recoins des ruines, il ne restait rien qui soit utilisable.

Je lâche un soupire et vire à droite sur un sentier boueux. Le véhicule tressaute sur les gravas de terre et de nid de poules, jusqu'à me conduire à l'orée d'une forêt qui borde les champs. Je me range sous un arbre et enclenche le frein à main. J'enfile mon manteau sans me presser, que j'avais par chance conservé avec moi pour me rendre au bureau. Je quitte le véhicule en rabattant ma capuche sur ma tête et me recroqueville sous la pluie qui siffle à mes oreilles. Je me dépêche jusqu'au coffre, que j'ouvre pour en tirer un grand carton suivi d'un sac à dos. L'argent accumulé ces derniers mois m'aurait au moins servi à quelque chose.

Je retourne vers la portière, que j'ouvre en grand pour avancer le siège passager avant au maximum. Puis, je me glisse à l'arrière avec ma grosse boîte maladroitement, trempée jusqu'aux os. Un frisson me traverse l'échine et je referme vivement la portière.

Je prends enfin le temps de m'adosser au siège et de retirer mon manteau, que j'accroche au siège avant pour le faire sécher. J'ouvre le carton et y tire une couverture, ainsi qu'un petit coussin. Le souvenir d'être arrivée en magasin couverte de suie et de traces de larmes me revient ; j'avais attrapé les éléments qui me paraissaient le moins cher et j'avais vivement acheté le tout.

Pourquoi ne pas s'être rendue dans un hôtel ? Ou d'avoir tenté n'importe quoi pour éviter de vivre dans ma voiture ? Mais tout est en vain. J'avais annoncé retourner à WhatsApp, mais je m'y suis finalement opposée. Je refuse de retourner dans un quelconque endroit où les réseaux sociaux battent à son plein. Ainsi fais-je route vers NothingCity, aussi RienVille. Je vais y trouver un emploi stable et m'y développer sans pression. Il vaut bien mieux pour moi.

Le seul inconvénient est que NothingCity n'est pas la porte à côté. Elle est à quelques jours de voiture de Wattpad, si l'on ne compte pas les nombreuses pauses que je dois faire. Dormir, manger, aller aux toilettes... Ce qui prend pas loin d'une semaine pour un simple voyage. Heureusement, c'est là mon avant-dernier jour avant d'arriver à destination. Une fois là-bas, je louerai un toit pour le moins cher possible. L'argent est précieux, dans ce genre de situations.

Je tire le couvercle du carton de Flocon, et ce dernier se redresse, les yeux ternes. Je sais qu'il ne se plaît pas à vivre ainsi, mais je me refuse à l'abandonner. Je pose mes affaires au sol, ainsi que la boîte de mon félin amaigri. Je tasse le coussin sur le siège, m'allonge et m'enroule dans les couvertures. Flocon vient se blottir contre moi, tremblant, et je l'enserre de mes bras pour lui tenir chaud. Ni lui ni moi n'avons mangé aujourd'hui. Mais nous arrivons bientôt, et c'est là tout ce qui compte. Nous allons y arriver. Nous sommes forts.

-Courage mon Flocon, je murmure en fermant les yeux. Tu verras, tout va s'arranger...

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