Le bruit de verre brisé me fait sursauter, et je manque de chuter de ma chaise ; Lecty quant à elle me dévisage avec de grands yeux hébétés, comme figée dans le temps.

-Attends... QUOI ?! artiule-t-elle difficilement, comme si elle m'avait mal entendue.

Mon coeur se serre et je sens une boule dans mon estomac naître, douloureuse.

-Je suis désolée, Lecty, mais... je suis malheureuse ici, tu comprends ?

Son expression figée se brise, et tout semble s'écrouler ; elle titube un instant, et alors que je bondis de ma chaise pour l'épauler elle me repousse sèchement.
Ma main dans le vide, tendue vers une amie écroulée au sol me brise définitivement le coeur. Lecty ne m'avait jamais parue si ébranlée.

Et soudain, dans le silence du temps ralenti, une larme roule sur sa joue. Elle ne lève pas les yeux dans ma direction, seulement elle reste là, abattue.

Je serre les dents, me refusant à aller moi aussi aux larmes. Quelques pas en arrière me suffisent à quitter la pièce. Je serre alors les poings, comme une prévision de mes tremblements futurs : ne pouvant en supporter davantage, je fais brusquement volte-face pour détaler a l'extérieur. Je m'évade sur le seuil, ouvre le portail a la volée et saute au volant de ma voiture, sur lequel je garde mes deux mains crispées, soudain incapable de faire le moindre mouvement.

Lecty se doute que je ne reviendrais jamais. Que c'est là sûrement la fin de notre amitié.

Et puis, sans crier gare, j'éclate en sanglots. Je pousse alors l'accélérateur et passe les vitesses secouée de longs soubresauts amères, comme l'écume drue d'une vague noire de souvenirs qui déferle en moi à cet instant.

Et alors que je double les plus lents sur la voie rapide sous des klaxons furieux, mes yeux s'écarquillent brusquement, coupant net mes sanglots.
Mon choix est fait.

Et à présent, impossible de faire marche arrière.