Chapitre 1 : Vains espoirs à Whatsapp
Je m'étire longuement, les muscles endoloris. Je balaye ensuite la pièce du regard, les sourcils froncés : les souvenirs de la veille peinent à me revenir, et ma vision floue n'améliore pas la situation.
Je me suis assoupie sur un bureau de bois classique, saupoudré d'une tonne de paperasse. Un ordinateur portable trône en face de moi, l'écran noir. Sur les côtés s'alignent des armoires proprement rangées, qui font face à un lit double baldaquin classique. Le tapis vert forêt qui s'étale en dessous est doux sous mes pieds, comme un nuage émeraude.
Je tombe sur le dossier de ma chaise, lâchant un grognement. Dans ma chambre, je me tenais à l'instant assoupie devant mon ordinateur, comme à mon habitude. Je devais avoir écrit toute la nuit, sans aucun doute.
Je me lève, m'étire à nouveau et baille à m'en décrocher la mâchoire. J'ouvre ensuite les rideaux d'un geste las et tire les battants de la fenêtre, laissant entrer dans la pièce une brise fraiche qui me chatouille la nuque. L'habituel panneau rouillé est toujours planté devant chez moi, ses grosses lettres inscrivant sur une face "La Ville Whatsapp vous remercie de votre visite" et sur l'autre "Bienvenue à Whatsapp !".
Je lève les yeux au ciel ; voilà longtemps que je ne crois plus à la "magie" que dit abriter Whatsapp. C'est là une ville comme les autres, où je connais chacun des habitants.
Un doux ronronnement me tire de mes pensées : je baisse les yeux et un sourire s'étale sur mes lèvres lorsque Flocon, mon félin noir aux tâches blanches, se pelotonne contre mes jambes. Une main sous son ventre, je le soulève et quitte la pièce en traînant des pieds.
*
Il est presque 10 heure lorsque je quitte la maison, ma lourde sacoche à la main. Je grimpe dans le minuscule véhicule vert qui me sert de voiture et tourne la clef, soufflant un bon coup. Le moteur ronronne lorsque l'engin démarre, et je m'élance sur la route. Comme chaque matin depuis maintenant presque deux ans, seul l'espoir me donne encore la force de quitter mon toit pour aller travailler. Ecrire, poster de nouvelles annonces en attendant le miracle.
Le miracle de recevoir une lettre, gentille et intéressée, qui souhaite lire mes textes. Chose qui n'est qu'arrivé que deux fois durant ces deux ans. Et seulement un seul des deux individus a pris la peine de commencer le texte en question.
Bien évidemment, je suis consciente que je ne suis pas la nouvelle meilleure auteure de l'année. Vulgaire amatrice de fantasy, je ne représente rien pour la littérature française. Encore faut-il avoir un autre lecteur que soi-même avant de pouvoir prétendre à ce rang.
Je me gare sur le parking sans ménagement et quitte la voiture sans me presser. Même si la persévérance et la détermination me poussent à croire qu'aujourd'hui sera différent, je sais bien que je me mens.
La ville WhatSapp a beau être immensément grande, je n'ai accès qu'à une petite partie de son territoire. Là, glissant à côté de la majestueuse place centrale, je passe à côté d'imposants buildings d'un vert flachi. Les dirigeants de WhatSapp y résident, leur visage inconnu de tous. Pourtant, je me contente de parler librement avec mes connaissances : échanger dans le secret serait bien la dernière chose à faire ici. De plus, Messenger, la ville voisine, n'était là qu'un trou perdu au beau milieu de la campagne. Les services y étaient moindres et usés. Voilà pourquoi WhatSapp représente a ce jour mon seul et unique espoir, quoique vain.
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