Novembre 2020 - Partie 1 : Spéciale le Mâle

Bonjour Wattpadiens et Wattpadiennes. Vous lisez un magazine qui surfe sur l'actualité littéraire, avant de se prendre méchamment la deuxième vague.

Nous avons écrit ce numéro pour toi, qui en a marre des blagues de beaufs de la journée de la femme, pour toi qui fantasme sur les mâles alphas en te demandant si c'est compatible avec tes idées féministes, pour toi qui n'avouera jamais à tes copains que tu écris au lieu de soulever de la fonte. En bref, le 19 novembre, c'est la journée internationale de l'homme et on a décidé de consacrer ce double numéro à se demander comment la gente masculine est représentée en fiction.

Un vaste programme qui, pour répondre à la demande de certains de nos lecteurs, sera coupé en deux. Ainsi, l'autre moitié des articles arrivera le 18 novembre, histoire que le Mag qui grossit de mois en mois ne devienne pas indigeste. Et quitte à faire un peu de teasing, je peux vous avouer qu'on aura le droit à une nouvelle catégorie proposé par wait4aturtle et l'arrivée d'un représentant de la défense dans l'Avocat du Diable, DroZo.

Nous vous souhaitons une bonne lecture. – Aaron_Roy

NaNoWriMo 2020

Pour les aspirants écrivains disposant une connexion internet, le mois de novembre est souvent spécial : c'est le moment où le monde entier se lance dans un challenge fou : écrire le premier jet d'un roman en un mois. Impossible ? Pas vraiment quand on considère qu'il ne faut écrire que 1667 mots par jour pour en obtenir 50 000 le premier décembre. Et si vous échouez, vous pouvez vous consoler en disant que sur plus de 300 000 personnes qui ont tenté le challenge l'année dernière, seuls 10% ont réussi à le finir.

En commentaire, vous trouverez le lien vers le site du NaNo. S'il est tout à fait possible de réaliser le challenge, nous ne pouvons que vous inviter à vous y inscrire pour profiter de cette ambiance unique qui règne dans les communautés. En vous inscrivant rép de inscrire, vous risquez d'être un peu perdu. La nouvelle version du site, lancée le 1er novembre 2019, a provoqué beaucoup de contestation dans les rangs des nanoteurs, la plupart le considérant comme "bourré de bugs" et "imbitable". Armez-vous de patience et n'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum lié : la difficulté a ajouté une vague de solidarité internationale et un bon prétexte pour nouer des amitiés improbables.

Continuons à parler de liens entre aspirants écrivains. La meilleure stratégie pour réussir est de participer aux différentes communautés, rassemblées autour des villes. Chacun a son Discord, cependant rassurez-vous, si vous n'accrochez pas avec un salon, vous pouvez changer et serez bien accueilli, d'autant que les rencontres IRL sont tombées à l'eau du fait du confinement. – Aaron_Roy

"Où sont les Héros d'Antan ?"

Alors que je regardais d'un œil distrait la statue cyclopéenne qu'avait érigé un doyen ayant sans doute quelque chose à compenser, j'en arrivais à penser aux héros de ma jeunesse, Indiana Jones, Hercule ou Tarzan, en me disant qu'ils auraient bien du mal à exister aujourd'hui. Pour les plus jeunes, on va faire un voyage dans un monde pré #metoo. A cette époque, on pouvait représenter un héros musclé et viril, ayant souvent des comportements limites avec la gente féminine - parce que non, Mr Bob "Indestructible" Parr, faire taire une personne qui vous adresse des reproches justifiés par un baiser, même si c'est votre femme, n'est pas un comportement sain. Avouons quand même que regarder Schwarzy se battre face à la Sharon Stone de Total Recall est bien plus marrant que se taper la même scène avec Farrel et Beckinsale dans l'odieux remake.

Et c'est le premier test à faire : regarder qui il nous reste comme figure masculine d'importance dans le cinéma grand-public : si on enlève les acteurs genrés (comme the Rock ou Jason Momoa - qui entrent dans la catégorie des personnes racisées, avec un lot de clichés que je ne détaillerais pas ici, il ne nous reste qu'Evans, Cavill et quelques vieillards comme Tom Cruise (60 ans), Craig (52 ans) et Reeves (56 ans), portant à bout de bras des franchises semblant anachroniques dans le paysage actuel. Seules exceptions notables, Hermsworth, Chris Pratt et Reynolds, mais dont la masculinité est remise en cause à chacune de leurs dernières prestations à l'écran.

Alors pourquoi ? Et bien pour comprendre cela, il faut revenir en arrière. Jusqu'au milieu du XIXème siècle, la société ne fait pas grand cas de la force physique. Nous ne sommes plus au temps de la chevalerie et le travail manuel était plutôt considéré comme l'apanage de la pauvreté. Il faut attendre l'arrivée d'une véritable culture sportive, avec la création de sports collectifs comme le football et le rugby, liée avec l'émergence d'un courant hygiéniste dans la médecine qui promeut l'image d'un corps en bonne santé.

Dans le même temps, l'alphabétisation croissante pousse à l'apparition d'une littérature populaire. En Europe, c'est l'essor des romans feuilletons. Aux Etats-Unis, c'est d'abord les Dime Novels ou romans de dix sous, puis les Pulp qui sont à l'honneur. Dans ce marché, la concurrence est effroyable et il faut constamment jouer sur la nouveauté. C'est ainsi que vont être mis aux point diverses figures comme celle du cow-boy, créant une histoire pour la jeune nation américaine, mais aussi celle du justicier comme Zorro. Mais ce qui va nous intéresser particulièrement, ce sont les figures du Barbare comme Conan, ou celle du sauvage dont le représentant le plus célèbre est Tarzan. On appelait d'ailleurs Tarzanide les histoires d'aventures qui ont été des "copies carbones" de l'histoire de l'homme singe.

Couverture du All-Story Magazine du 12 octobre 1912 (domaine public)
Edgar Rice Burroughs, Tarzan of the Apes 
Le premier numéro pulp qui a abrité l'histoire de Tarzan.

Or quand arrive le cinéma, art essentiellement forain, les moguls vont s'intéresser à ce genre de récit, en particulier pour leur côté spectaculaire. De plus, le muet oblige les acteurs à exagérer leurs gestes, et les studios recrutent beaucoup de danseurs avec un jeu très physique. C'est ainsi que les premières stars comme Elmo Lincoln vont prendre le devant de la scène, avec une musculature plus développée.

Le règne de ces figures va se poursuivre pendant quasiment un siècle. Entre temps, les modes évoluent, mais on voit périodiquement un retour du pulp, que ce soit dans la forme du polar hard-boiled ou dans le retour des films d'aventures. Et puis en 80, face à une réaction de la mode contestataire des années 70 et d'un idéal masculin plus androgyne, arrive la mode des gros bourrins avec en tête Stallone, Schwary mais aussi Statham ou Bruce Willis. Deux choses vont freiner cet âge d'or de la testostérone : tout d'abord les attentats du 11 septembre vont un petit peu passer l'envie des Américains de voir des villes se faire réduire en charpie. Ensuite les soeurs Wachowski propulsent la figure du geek dans le cinéma d'action, obligeant à repenser complètement le héros d'action en le faisant devenir un "monsieur tout le monde."

Et depuis ? On ne sait plus. Déjà parce que les studios, par sécurité, ont voulu se réfugier dans de grosses franchises. La faible arrivée de nouvelles franchises empêche de nouvelles figures d'émerger, et les acteurs vieillissent. James Bond rejoue ainsi le rôle du héros fatigué depuis trois films, Downey aussi.

Ensuite la culture des spectateurs a augmenté, ce qui a fait exploser l'arrivée d'un cinéma "méta", bourrée de références. Tous les tropes les plus connus ont été ainsi désamorcés, les actions virilistes compris. J'ai cité Chris Hemsworth, son personnage de Thor subit une déconstruction radicale dans les derniers films. Dans Ragnarok, il perd son artefact phallique, ses cheveux et son royaume à cause d'une femme. Dans Infinity War, il passe son temps à chercher un marteau encore plus puissant (sic) pour compenser sa faiblesse face à Thanos avant de foirer à cause d'une erreur débile. Je ne vais même pas épiloguer sur Endgame où il finit dépressif et en surpoids. Paye ton héros !

Alors que faire quand on n'a plus rien à raconter ? On rejoue la même histoire avec d'autres personnages. Dans les meilleurs des cas, cela donne Mad Max Fury Road, voir Star Wars. Mais pour une Furiosa, combien de SOS Fantôme ? Combien d'Ocean 8 ? Et le problème, c'est que les films originaux apportaient souvent un lot d'idées et une esthétique qui n'est que copié artificiellement dans une licence beaucoup trop marquée historiquement. Dans les remakes, les femmes sont des personnages comme les autres, en plus stupide parce que la faiblesse d'un personnage rattrapera toujours l'écriture bâclée d'un scénario.

Les héros au cinéma, mais aussi en littérature, subissent une crise de la masculinité. Dès lors, pas étonnant qu'une partie de la population recherche des modèles, fût-ce ceux des mascus. Avec leurs théories de domination simplistes, ils présentent une vision du monde facile à appréhender. Il ne suffira pas de s'opposer à un modèle patriarcal pour arrêter la spirale de violence, il faudra aussi créer des contre-modèles et c'est le moment où la littérature entre en jeu. Je ne vous demande pas de produire des textes militants, surtout si ce n'est pas ce que vous aimez écrire, mais juste de diversifier les figures représentées dans les récits. En plus, cela améliore les qualités des textes. – Aaron_Roy

Retour au travail

Début Octobre, 9 heures du Matin. Les premières fientes de pigeon ont poli la statue du Doyen Disparu (coucou DaRio98, ce mag est pour toi). lolaingrid02 est en train de poser les scotchs au sol pour respecter la distanciation sociale. Chacun arrive petit à petit pour la conférence de Rédaction de Début de Mag. Aillys et Detico sont en retard.

Aaron_Roy (excité) : Ça y est, on a les premiers retours sur la nouvelle version du mag !

Kellroye : Et alors c'est bien ?

Lola : Boarf, pas beaucoup de réponses... Je crois que le numéro n'a pas marché autant qu'espéré.

wait4aturtle : Vous croyez que c'est pour ça que le doyen s'est barré ?

Lola : Alors non, j'ai eu des nouvelles, il serait resté sur notre île paradisiaque. Aux dernières nouvelles, on l'avait vu sur une plage nudiste en train de crier : "Je fais ce que je veux, puisque j'ai tout délégué. J'en ai plus rien à f..."

Kellroye se bouche les oreilles en entendant des insanités intranscriptibles dans ce backstage. Wait se met à pleurer. Aaron aurait été choqué s'il avait entendu. Il est penché sur son ordi.

Aaron : Bon, il doit au moins y avoir une solution pour rectifier la pente.

Lola : Alors j'ai des commentaires. On me dit que ce mag est trop long et un pseudo inconnu du nom d'Oticed92 ajoute que tu parles trop de politique.

Aaron : Ah non ! On m'a déjà demandé de ne plus me moquer de Detico, parce que je l'aurais trop pourri dans mes premiers articles et qu'on aurait par la suite pu croire qu'on avait une relation spéciale, je vais pas en plus abandonner la politique !

Aïlys arrive enfin. Elle s'exprime avec enthousiasme, sans s'exprimer sur son retard.

Aïlys : Les gens ! Y a la journée internationale de l'homme en Novembre, on ferait pas un numéro dessus ?

Kellroye : Cool. Il y a vraiment beaucoup à écrire.

Wait4aTurtle : Et puis c'est effectivement le meilleur moyen de ne pas parler de politique.

Cette dernière phrase laisse un froid. A ce moment, Detico rentre.

Detico : Bonjour. Excusez-moi pour le retard, j'ai rêvé qu'Aïlys voulait me castrer avec un sécateur pendant que je disséquais un texte avec Kellroye et Pandikoe...

Kellroye : C'est vrai qu'on ne s'est pas encore occupé de l'Analyse... Qui est volontaire pour écrire l'article ? (Silence) D'accord, je m'en occupe tout de suite.

 – Aaron_Roy

Trois coups de pinceau pour un songe de Lynkha3

Et voilà la fameuse, la magnifique, la tant attendue Analyse 2.0 ! Sortez les trompettes, l'Aca se refait une beauté ! Et oui, les lecteurs les plus attentifs l'auront remarqué, ça bouge pas mal au sein de l'Aca ces derniers temps. Ce mag est notre nouveau bébé et l'article que vous avez sous les yeux est l'un des clous du spectacle.

Nous avons rassemblé et condensé dans ces lignes un grand nombre de remarques faites à partir du texte de l'une d'entre vous. Ici sont présentes les notes plus pertinentes, celles qui sont susceptibles de vous concerner, jeunes auteurs comme écrivains aguerris. On espère que ça vous plaira, que vous nous ferez remonter les points négatifs, que vous apprendrez quelques astuces et que cet article vous sera utile.

Vous ne pourrez pas lire le texte ici (pour ne pas surcharger les pages d'un mag déjà bien complet). Vous le trouverez en annexe. Sa lecture n'est pas indispensable pour comprendre l'analyse qui suit. Mais - avis aux plus motivés - c'est toujours mieux quand on sait de quoi on parle, alors n'hésitez pas à prendre 10 minutes de votre temps pour découvrir par vous même les lignes de Lynkha3. Elles sont d'ailleurs inédites. Le jour où elles seront publiées, ce sera sûrement sous le titre "Trois coups de pinceau pour un songe" !

Un dernier point avant de commencer : l'auteure a eu accès à la totalité de nos commentaires. Son texte a été décortiqué phrase par phrase et il nous est impossible de transcrire tous ces détails dans un article du mag. Si vous désirez envoyer votre texte et peut-être avoir un tel retour, n'hésitez pas. Vous avez jusqu'à mercredi prochain (le 11 novembre). Toutes les modalités sont répertoriées dans l'intro du mag d'octobre.

Le texte examiné est bon. Très bon même. La syntaxe et l'orthographe sont maîtrisés et, foi d'académicien, ce n'est pas toujours le cas ! Il faut aussi saluer le style de l'auteur, dense certes, mais personnel et travaillé. Ce qui explique que nous ayons un peu pinaillé pour trouver quoi dire. Et que les points relevés ci-après soient plutôt de l'ordre du détail. Ces commentaires étant subjectifs, ne soyez pas étonnés de nous trouver un peu durs ou trop sévères dans nos remarques : il fallait challenger le texte.

Ceci posé, continuons avec ce qui fâche. Trois grands points ont attiré notre attention : la lourdeur de certains passages, le manque d'explications de certains éléments et les ruptures de ton.

Le texte se caractérise par un vocabulaire riche, varié et parfois peu commun. Dans un premier temps, c'est un vrai plaisir de lecture.

"Dans la cour gravillonnée, devant les briques rosées du château du Cloux, la foule des invités délaisse les mets raffinés et les vins capiteux servis par les valets." ça en jette, n'est-ce pas ?

Le problème se pose plus tard, au bout de quelques paragraphes, quand le profusion d'adjectifs devient telle que le confort de lecture est diminué. Les phrases deviennent trop longues et il n'y a plus assez de rythme. Voyez plutôt : "une semaine fébrile de mesures précises, de montage minutieux, d'invectives excédées, de nuits blanches éprouvantes pour un résultat grandiose." ou encore "Les visages [...] rassemblent un intéressant panel d'expressions qui s'étagent de l'amusement feutré à la stupeur ahurie en passant par la consternation offusquée."

Trop, c'est trop. Il n'est pas nécessaire de toujours associer un nom/groupe nominal à un adjectif. Attention donc à ne pas trop en faire. N'oubliez pas qu'un style simple n'est pas un style simpliste (caractérisé entre autres par un vocabulaire pauvre et des verbes faibles). Ne vous sentez pas mal de faire une phrase de moins de douze mots ! Et rappelez-vous surtout que l'auteur écrit pour des lecteurs et non pour flatter son égo à grands renforts de fioritures dans l'écriture. Ici, quand au lieu de dire "un chien", l'auteure a opté pour "un curieux exemplaire de race canine" c'était pousser le bouchon un peu loin...

Parfois, la meilleure chose qui puisse arriver à un texte, c'est une bonne relecture et une élimination de tous les mots accessoires. Pas de pitié pour les lourdeurs. N'est pas Hugo qui veut.

Petite précision : il en va de même pour le langage historique. Des mots authentiques donnent à un texte une vraie plus-value. Mais attention au surplus. Comme partout, il faut trouver un équilibre : un écrivain doit se renseigner sur l'époque / les outils / les pratiques /les traditions et tous les autres détails de son histoire, mais gare à l'étalage de culture ! C'est lourd, c'est casse pied et ça dessert le récit.

Le deuxième point problématique procède également de la variété du vocabulaire. Je m'explique : le texte est centré sur le dévoilement d'une invention devant la cour de François Ier. Cette invention est une vis aérienne. Mais à force de vouloir éviter une répétition, l'auteure ne dit jamais précisément en quoi l'invention consiste. Ainsi, la première mention est "une invention rocambolesque", on lit plus loin "le serpentin de toile" ou encore "la spirale tendue sur des baguettes de bambou". S'il faut saluer le style, ce dernier ne permet pas une compréhension totale de la scène. En effet, plus tard lorsque l'action se centre sur un problème technique de la vis aérienne, de nombreux académiciens ont été perdus. Difficile de visualiser une invention qui n'a été décrite qu'en quelques mots, posés çà et là au détour d'un texte dense et riche en informations. Réussir à déterminer d'où vient la corde qui s'enroule au pied de notre héros, quel est le mât qui s'élève dans le ciel, à quelle hauteur est le jeune homme qui fait un vol plané... Rude épreuve pour le lecteur coincé au milieu de détails superflus et d'informations capitales.

Maquette de la Vis Aérienne - Musée Léonard de Vinci, Milan - Domaine Public

N'hésitez pas à faire comprendre au lecteur de façon claire (mais subtile : inutile de mettre des passages en gras) quelles infos sont essentielles et quelques infos sont superficielles. En commençant un livre, un lecteur opère une hiérarchie. C'est à l'auteur de se débrouiller pour que cette hiérarchie soit la bonne !

Alors voici le(s) problème(s), qui n'est pas résolu et fait débat au sein de l'aca : faut-il expliquer clairement en quoi consiste une invention, quitte à faire un petit pavé de description plus ou moins technique mais en privilégiant la compréhension du lecteur ? Ou vaut-il mieux miser sur le style, rester flou dans les explications et entretenir un suspens pour l'invention (le lecteur est alors à la place de la Cour du Roi : ignare de la technologie exhibée... et donc moins capable d'apprécier/de comprendre les difficultés techniques rencontrées par les héros dans les pages suivantes) ? à vous de trancher. Nous, on n'en a pas été capables ;)

Une troisième petite remarque, qui s'adresse surtout aux auteurs de romans historiques. Attention à vos noms de personnage. François, Francesco et Florimont ont des consonances proches. Si vous ne pouvez pas changer les noms des personnages historiques, faites en sorte de bien choisir le nom des personnages de fiction : si possible, choisissez des prénoms bien différents les uns des autres. Le lecteur vous remerciera (souvent en poursuivant sa lecture).

Maintenant, passons aux réjouissances ! Vous l'aurez remarqué si vous avez lu le texte : il est très bien écrit. Les phrases sont belles, la lecture est fluide et les personnages ont une consistance qui se dessine dès les premières pages. Le lieu est caractérisé et chacun peut imaginer les couleurs chatoyantes des étoffes et les gloussements de la Cour.

Quand l'action commence et que notre cher héros se retrouve dans la fontaine, le lecteur n'est pas détaché : la gestion du rythme dans cette partie-là est très bien gérée. Je ne me lasse pas de parler du vocabulaire de Lynkha3 : c'est appréciable et apprécié. Beaucoup. Merci.

Et pour finir, notre chère plateforme manquait bien d'un texte sur Léonard de Vinci. La diversité, c'est toujours plaisant. Or elle se fait parfois rare par ici... (ou c'est moi qui ne cherche jamais au bon endroit, allez savoir).

On s'arrête là pour cette fois. N'hésitez pas à envoyer votre texte : vous serez peut-être le/la prochain(e) à passer (y a rien d'automatique, désolé les copains mais sinon on ne s'en sort pas...) – Kellroye

De Dom Juan aux Liaisons Dangereuses : le prédateur

Je sais. Cette chronique devrait traiter les oeuvres qui passeront au BAC et je parle de deux classiques qui ne figurent pas sur la liste. Mais navré, quand on choisit de parler du mâle, c'est difficile d'éviter la figure de Dom Juan.

C'est plutôt rare, une figure de roman tellement célèbre qu'elle entre dans la culture commune. Et pourtant, je pense que la plupart des gens n'ont pas compris qui était ce personnage de séducteur espagnol. Petit point vocabulaire avant de commencer : le manuscrit de Molière utilise le titre Dom, mais on peut aussi l'orthographier Don. Considérez que je parle de la même personne dans les deux cas.

Qui est cet homme ? Un noble ayant commis des atrocités si importantes qu'il est entré dans la légende. Comme Gilles de Ray devenu Barbe-Bleu ? Peut-être, il est difficile de le savoir. Mais quelque soit la réalité historique, il est toujours considéré comme un abuseur, un trompeur. Là où Casanova était certes un multi-séducteur, Dom Juan ne prend plaisir qu'à la conquête. A peine la demoiselle s'est offerte à lui, elle n'a plus d'intérêt et ne mérite qu'à être laissé tombée. C'est un éternel insatisfait, presque la métaphore de l'hyper-consommation. L'image peut paraître choquante, mais il a cette vision des femmes et le fait savoir.

Un siècle après Molière et Mozart, Choderlos de Laclos écrira les Liaisons Dangereuses racontant le méfaits du Vicomte de Valmont, lui aussi libertin et n'ayant aucun scrupule à humilier ses conquêtes. Mais dans sa philosophie, la manière est importante : détourner une femme fidèle - du fait de la difficulté - est considéré comme plus beau. Et Valmont tombe amoureux, prouvant ainsi que son absence affichée de sentiments est une attitude intenable. Dom Juan, lui, n'a pas cette classe. Sa méthode la plus simple se décompose en cinq points : 1) enlèvement, 2) séquestration, 3) chantage sur la réputation et promesse de mariage, 4) scène d'amour, 5) largage en pleine nature. La classe.

Alors pourquoi les gens ont-ils une aussi bonne image de Dom Juan ? Et bien parce que dans la version de Molière, il a de l'esprit et surtout, est libre, en révolte permanente face à la société. Il se moque de la religion, des médecins, de la noblesse, de son père. Ce n'est pas si étonnant qu'il ait été beaucoup joué après la Libération. à la suite de la chape de plomb du nazisme, ce discours irrévérencieux et hédoniste séduit.

En 2019 est arrêté l'homme d'affaires Jeffrey Epstein. Il est accusé de pédophilie et de diriger un réseau de prostitution international. Son jet privé est une pièce centrale de son système. Son nom : Lolita Express.

Le roman de Nabokov prend le point de vue de Humbert Humbert, jeune professeur qui tombe amoureux de la fille de sa logeuse. Depuis, le personnage est devenu un modèle de séduction, en particulier dans la société japonaise où le terme Loli désigne des dessins de filles jeunes souvent dans des positions sexy.

Car oui, on l'oublie quand on entend la chanson cruche d'Alizée (merci Mylène Farmer pour avoir écrit cette horreur) mais Lolita a 12 ans, et ce que l'on fredonnait au début des années 2000 n'est plus acceptable presque 20 ans plus tard. Alors Dom Juan sera-t-il le prochain à tomber ? Si on suit la légende, il est déjà condamné. A nous d'être plus critiques envers ce que l'on lit et à ne plus idolâtrer les prédateurs.
– Aaron_Roy

On vous avait dit que ce mois était consacré à l'homme mais ce fut la galérance pour trouver de belles couvertures où la gente masculine s'expose sur Wattpad. Nous n'avons peut-être pas cherché au bon endroit me direz vous, et c'est probable, mais par conséquent la thématique de cette couv' du mois est la couleur !

Et sur ce thème, c'est « Aux couleurs de l'espoir » de _OxymOrage qui a obtenu la majorité.

Nous vous rappelons que le livre n'a pas été lu, le jugement ne s'est donc fait que sur la couverture ;) – Aillys

Treizième Lune recherche des Novelas de SFF. Il n'y a pas de thème imposé. Le texte doit faire entre 90 000 et 180 000 signes. La maison d'édition propose des contrats pour des livres papier et numérique. Elle a été formée il y a moins d'un an, ce qui peut apporter une certaine fragilité. De plus, aucune information n'est donnée sur la rémunération, les droits.. Vous pouvez tenter l'expérience, mais soyez prudents.

Plus original, le magazine la Grenouille à Grande Bouche (oui) recherche des nouvelles sur le thème "Comme un Cochon" (re-oui) devant intégrer la thématique alimentaire et les codes du roman noir/policier (re-re-oui). C'est complètement barré et le délai est très court : jusqu'au 15 novembre. Vous ne serez pas rémunéré mais conserverez vos droits.

Enfin, l'Imaginarium recherche des romans Fantastique, Fantasy, Horreur, Merveilleux, Science-Fiction et/ou Steampunk. Vous avez une limite de 500 000 caractères, et votre texte ne doit pas être une saga. Vous avez jusqu'au 4 décembre.
– Aaron_Roy

Merci de nous avoir lu. En coulisses, il nous a été difficile de tenir les délais, et il est possible que plus de coquilles que d'habitude se soient glissées dans les textes. Nous nous en excusons d'avance et essayerons de les rectifier le plus vite possible. L'occasion de resaluer le travail de DaRio98 qui a tenu le Mag seul pendant 3 ans, alors que nous galérons depuis seulement deux numéros.

Mais arrêtons de nous plaindre, nous publierons la suite dans deux semaines sans faute, et espérons que vous serez présent. En attendant, nous vous souhaitons le bonheur, la santé, et la réussite dans vos projets d'écriture ;)

– La Rédaction

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