Numéro de juin 2020

Eh bien ça y est ! Nous voilà en juin et dehors !

Vous l'avez certainement entendu : "Le confinement est fini, mais pas la crise du Covid !" Alors continuez à faire attention à vous et aux autres #ProtégezVous #ProtégezNous :)

Ce mois-ci, notre expert scientifique envoyé spécial dans la cave du Professeur Raoult, nous donne des clés de compréhension sur cette histoire de traitement qui n'en est finalement pas un.  Nous reviendrons sur le Titanic... Ah non pardon, c'est juste qu'on a une sorte de coalition sur le thème avec deux articles qui en parlent, sans aucune concertation. Et puis, comme vous en avez maintenant l'habitude, on passera en backstage pour découvrir un peu ce qu'il se passe à l'académie quand les portes se referment. D'ailleurs, cette rubrique vous plait ou pas du tout ? (Réponse en commentaires SVP ^^)

Allez, bonne lecture !


Lectures confinées

Vous le savez, le 11 mai dernier, le confinement a pris fin et nous avons tous été libéré (délivré ?). S'il me semble évident que parmi vous (wattpadiens et wattpadiennes) avez profité du temps disponible (quand il y en avait) pour un peu plus de lecture et d'écriture, qu'en est-il des français en général ?

Le site Actualitté s'est chargé de mener une véritable étude (Je ne sais pas s'ils ont respecté la méthode scientifique cependant ^^) et nous apprend que « En moyenne, durant les semaines de confinement, les Français ont lu 2,5 livres. 26 % en ont dévoré 1 à 2, 10 % entre 3 et 4, et 7 % ont passé 5 à 6 lectures. Chose plus intéressante : 11 % ont englouti 7 et plus — soit une sacrée moyenne d'un livre par semaine, peu ou prou. »

Concrètement, les français ont plus lu que d'habitude. Rien de révolutionnaire dans cette découverte, mais avoir des chiffres précis nous donne une meilleure vision. D'ailleurs, toujours d'après actualitté, les ventes de liseuses ont explosé pendant et juste après le confinement. Certains vendeurs ont réussi à faire 696% de progression. En revanche, on ne nous donne pas de véritable chiffres. Du coup, si avant confinement ce même vendeur écoulait 30 liseuses par mois, il n'arrive désormais qu'à 209, ce qui est mieux sans aucun doute, mais ne casse pas trois pattes à un canard comme dirait... ah non, plus personne ne dit ça, pardon...

Plus étonnant (quoi que...) les français se sont également mis à l'écriture et, toujours selon Actualitté, il semble qu'un français sur dix se soit mis à l'écriture d'un texte pendant le confinement.

À l'Académie, nous avions bien évidemment remarqué la reprise d'activité sur notre plateforme préférée avec le confinement, mais il semble que cela aille au-delà de Wattpad et ses différents concurrents. Ce qui est une bonne chose. En effet, plus d'écrivain.e.s c'est plus de personnes avec qui échanger sur notre passion/métier et c'est cool.

Vive le confinement ! (En tout cas de ce point de vue là ^^)


Goodreads

Connaissez-vous le site Goodreads ? C'est une plateforme/réseau social tournée vers les lectures, un peu comme Wattpad, mais permettant d'échanger sur des livres publiés (même en autoédition) et se rapprochant plus de Babelio au final.

À l'origine, le site anglophone avait pour objectif de proposer des lectures aux goodreadiens en fonction de leurs lectures passées et des notes qu'ils avaient attribué à chacune. Je ne saurais trop dire à quel point c'est efficace car n'y ayant pas passé suffisamment de temps. Cependant, j'ai eu de bons retours d'autres lecteurs.

En 2013, le site a été racheté par Amazon et, forcément, des questions se posent sur son impartialité, mais d'un autre côté si les bases de données des avis peuvent s'échanger des informations, nous avons probablement là l'outil de suggestion ultime. Eh oui, car figurez-vous que le site web vient de passer les 105 millions de membres et possède une liste de 2,6 milliards de livres. C'est particulièrement énorme.

Évidemment, Goodreads étant anglophone de base, les anglophobes vont fuir, mais pour les autres, en particuliers si vous n'avez pas déjà un compte sur Babelio, c'est peut-être intéressant d'aller y faire un tour ;)

La méthode scientifique (partie 2)

Nous avions parlé en avril de la méthode scientifique. Le sujet avait été lancé du fait de l'actualité. Aujourd'hui, les résultats sont tombés, nous avons la réponse à ce que la plupart des scientifiques soupçonnaient : le traitement hydroxychloroquine + azithromycine n'est pas efficace.

Je ne vais pas vous refaire un historique point par point et une explication des effets de la chloroquine et des études menées depuis 5 mois maintenant, ces infos sont visibles sur le net et je tâcherai de vous donner quelques pistes et sources à explorer à la fin de ce petit article.

Nous allons plutôt continuer à comprendre la démarche. Le cas Raoult est un cas d'école sur lequel il est important de nous pencher. La question serait plutôt, pourquoi croire Raoult en premier lieu ? Et pourquoi le croire encore pour certains ?

Encore une fois, ni vous ni moi ne sommes des scientifiques en virologie, loin de là. Pourtant, je vais vous apprendre une chose : sans avoir la possibilité de conclure, vous pouvez donner un « indice de confiance » : par des maths simples et de la statistique basique !

Bon, je refais un topo très rapide : après un test en Chine, la chloroquine était un remède efficace, les résultats ne furent jamais publiés, mais encourageaient les études dans ce sens.

À ce stade, il est important de rappeler que la chloroquine est un médicament reconnu. Elle avait fait ses preuves sur de nombreuses maladies In Vitro (dans des tubes), mais rarement In Vivo (en situation réelle). Dans certains cas, elle aggravait même la maladie (Chikungunya).

Après avoir lu cette étude, le Pr Raoult affirme ainsi que le SRAS-2 est l'infection « la plus simple à traiter ». Il lance des tests et obtient des résultats encourageants pour son « cocktail » hydroxychloroquine et azytromicine.

Une belle histoire ! Le Pr Raoult est un virologue reconnu, avec un style bien à lui et l'un des scientifiques possédant le plus de signatures d'articles. Une sommité dans le monde scientifique, et français de surcroît ! Mais voilà, très vite le monde scientifique critique les résultats.

Cette critique est-elle justifiée ?

Le test est mené sur 20 personnes, divisé en un groupe contrôle et un groupe test. La charge virale est testée tous les jours afin de connaître l'évolution de la maladie pour chaque patient.

Premièrement, pas besoin donc d'avoir fait Maths Sup pour se rendre compte que l'échantillon était faible (20 personnes). Pour faire des statistiques, tout le monde sait que plus l'échantillon est grand, plus les résultats sont fins. Si vous voulez savoir combien d'hommes et de femmes vivent dans votre ville, il sera plus concluant de tester 100 personnes que 10.

On a là un exemple de biais statistique.

D'autant que, si l'on continue dans cet exemple, si vous posez la question à 20 personnes en vous rendant au club de bridge des plus de 100 ans... Quelle est la probabilité que votre résultat soit significatif ? Nous savons tous que les hommes vivent moins longtemps que les femmes. Parce que oui, c'est exactement le problème qui s'est posé. En effet, l'étude divisait en deux groupes, l'un recevant le traitement, et un groupe contrôle... Or, le groupe recevant le traitement se trouvait dans le laboratoire du Pr, un lieu équipé et financé. Le groupe contrôle se trouvait...dans les hôpitaux généraux de Marseille, recevant les soins de services de moindre qualité.

Ici, c'est un problème de contexte.

Je pourrais disserter des heures sur la question, les autres biais sont nombreux : le journal dans lequel l'article est publié, certains patients disparaissent durant l'étude (6/20), les patients du groupe témoins sont plus jeunes, les signatures des professionnels, etc.

Au final, nous le savons désormais grâce à l'étude publiée sur le journal Lancet : la « solution Raoult » ne fonctionne pas.

Pourtant, durant les évènements, des voix s'élevaient pour simplifier la méthode scientifique, des gens proposaient de lever les barrières et de « tenter le tout pour le tout ».

Et c'est là-dessus que j'aimerais que vous vous posiez la question : sommes-nous prêts à accepter n'importe quoi dans une situation d'urgence ? Peut-on réellement se passer de la méthode sur le seul instinct de quelqu'un, aussi reconnu soit-il ? Imaginer que l'on en fasse autant lorsqu'un vaccin aura été découvert... Serons-nous prêts à accepter de nous voir administrer un vaccin qui n'a même pas été testé et dont l'efficacité n'a pas été prouvé ?

Si votre réponse est non, alors pourquoi le principe était-il acceptable avec Pr Raoult ? Pourtant, la dangerosité de l'hydroxychloroquine était connue, son principe actif lui-aussi (la molécule était régulièrement efficace In Vivo et pas In Vitro, risque cardiovasculaire).

Malheureusement, ce genre de questions reviendra. La méthode est régulièrement attaquée.

Je ne vous répondrais bien entendu pas à toutes ces questions. Vous avez désormais quelques clefs pour faire un avis.

Je ne peux que vous inviter, si vous voulez continuer à affiner votre point de vue sur ces questions, à chercher les différents biais intellectuels et continuer de vous informer sur ces questions. Pour que la prochaine fois qu'un homme reconnu par le monde scientifique (un prix Nobel par exemple) vous affirme que (au hasard) un virus a été créé en laboratoire, nous puissions tous nous poser calmement, et nous interroger efficacement.

Je suis bien entendu à votre disposition pour répondre à vos questions. Prenez soin de vous et de vos proches, la maladie est en net recul, alors positivons. Et à bientôt.


Étude du Pr Raoult : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924857920300996?via%3Dihub

Hydroxychloroquine or chloroquine with or without a macrolide for treatment of COVID-19: a multinational registry analysis (étude publiée dans la revue The Lancet en anglais)

https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31180-6/fulltext#seccestitle150

Synthèse du site Quoidansmonassiette, des études de la Chloroquine

https://quoidansmonassiette.fr/wp-content/uploads/2020/05/synth%C3%A8se-hydroxychloroquine-Thibault-FIOLET-24-mai-V2-scaled.jpg

Synthèse du blog Curiologie

http://curiologie.fr/2020/03/chloroquine/

Dangerosité de la chloroquine par le laboratoire Sanofi

http://products.sanofi.ca/fr/plaquenil.pdf

L'excellente chaîne YouTube de Mr Sam sur le Pr Raoult

Une première approche des biais et de la méthode scientifique

https://www.youtube.com/user/fauxsceptique

samaythi


Un cocker ?

— Oh ! Mais quelle chaleur ! se plaignit samaythi en retournant les côtelettes d'agneau sur le barbecue.

— En vrai, il ne fait pas si chaud, répliqua Detico à trois pas de là, mais tu es collé au barbecue depuis une heure.

Aillys gloussa gentiment derrière. Sam, le doc, comme on l'appelait en interne dans l'académie, avait remplacé le doyen lorsqu'il avait compris qu'il pourrait manger plus en restant devant la grille et en se servant au passage. Il avait déjà engouffré deux cuisses de poulet, trois chipolatas aux herbes et autant de merguez. Les différentes salades, disposées un peu plus loin sur la table, ne semblaient guère l'intéresser.

— Bah, laisse-le ! souffla le doyen, on a bien assez pour tout le monde de toute façon.

— Ça fait plaisir de voir tout le monde réuni de nouveau, sourit la directrice adjointe en parcourant la dizaine de professeurs et titulaires présents.

Quelques jours après le confinement, puisque la météo s'était montrée clémente, elle avait souhaité organiser un rassemblement. Le doyen avait accepté à la condition expresse que tout le monde respecte les gestes barrière. La plupart des profs portaient donc un masque pour discuter et s'éloignaient les uns des autres pour manger. Ce n'étaient pas le top, d'un point de vue convivialité, mais compte tenu des deux mois passés chacun chez soi, c'était un excellent début.

— Y en a qui sont plus réunis que d'autres, quand même, soupira le vieux grincheux en tendant le menton vers deux des derniers arrivés.

— Bah, c'est pas bien grave, sourit Aillys en observant DePrincipatibus et Aaron_Roy. On dit qu'ils se sont confinés ensemble, alors ils peuvent bien rester proches maintenant.

Le doyen manqua s'étouffer avec sa propre salive.

— Comment ça « confinés ensemble » ?

— Je sais pas. Demande à Deti. C'est lui la commère de service.

— Hey ! Je t'entends, je te signale !

— Alors profites-en pour répondre, claqua le doyen.

Le responsable aux mille casquettes tourna le regard vers les tourtereaux et sembla hésiter avant de répondre.

— Je ne peux ni confirmer ni infirmer ce que je vais te dire... Mais en effet, apparemment, Aaron n'était pas chez lui pendant le confinement. lolaingrid02 m'a dit qu'elle a causé avec lui sur Skype et a cru reconnaître le salon de Deprincipatibus...

— Il a peut-être juste le même salon ? proposa naïvement le vieux.

— Naaaan, corrigea immédiatement Aillys avec un sourire lourd de sous-entendus. Ils vont fonder une famille avec un cocker et des gamins. Ça peut pas être une coïncidence.

— C'est quoi cette histoire de cocker ?

— Un truc avant le confinement, laisse tomber, chef... De toute façon, ces deux-là sont tellement fusionnels qu'ils ne sont même plus actifs, en fait... Laisse leur amour vivre et quand ils reprendront pieds, on verra. Ils vont pas aller tout de suite à la SPA, de toute façon.

Le doyen jeta un nouveau regard aux deux jeunes sur le banc. Ils portaient leur masque pour faire bonne figure, se dit-il, mais ils n'arrêtaient pas de se frôler. Aillys avait raison, il n'y avait plus rien à tirer d'eux dans cet état.

— Faudrait quand même qu'ils se remettent au boulot, non ?

— Ça, c'est Lola qui gère. Profite donc du barbeuk', on verra tout le reste plus tard. OK, boss ?

— Non. J'ai pas le temps, il faut que j'aille préparer mon cours. Mais c'était cool de voir tout le monde.

Sur ces mots, le doyen prit appui sur sa canne en écaille de dragon et s'éloigna en claudiquant.

— Le voyage du héros boiteux, chuchota Aillys avec un regard pour son chef.

Puis elle se tourna vers les autres académiciens et hurla :

— Ça vous dit un volley ? Les anciens contre les nouveaux !


L'ironie dramatique

Allez, cette fois, on ne répond pas à une demande de notre directrice adjointe préférée et on s'attaque à un sujet de dramaturgie qui aurait presque sa place dans le campus « écrivons une histoire » : l'ironie dramatique.

Tout le monde sait plus ou moins ce qu'est l'ironie, une façon plus ou moins subtile de se moquer en utilisant des mots à l'opposé de leur définition, par exemple. S'il y a une tempête dehors, vous pourriez dire « Mais quel temps magnifique ! ». C'est de l'ironie.

Eh bien, dans l'ironie dramatique... c'est presque ça :

Le principe de base est de donné à votre lecteur une (ou plusieurs) information(s) que le héros ne connait pas.

L'exemple typique de l'ironie dramatique est le film Titanic. Dès le début du film, le spectateur sait que le bateau va couler. C'est une certitude absolue et rien de ce que pourraient faire ou tenter les personnages ne changera ça. Du coup, le spectateur ne se demande pas tellement ce qu'il va se passer mais plutôt comment les personnages vont gérer la situation.

Cette technique permet d'instiller une tension différente. Votre personnage va vivre une situation avec les informations qu'il a à disposition et prendre des décisions qui lui paraissent sages et réfléchies. Mais le lecteur sait que cette décision, aussi logique et sage soit-elle, le conduira dans un piège, vers une dispute ou à la mort. Et c'est cette frustration qui va donner des sueurs froides à votre lecteur. C'est donc potentiellement un outil très puissant pour générer des sentiments chez votre lecteur ^^

Et cela marche dans différentes situations, qui n'impliquent pas toujours le héros d'ailleurs. Ou du moins pas directement.

Si vous prenez Superman par exemple, nous savons tous très tôt dans le récit que Clark Kent est Superman (désolé si je vous ai spoilé). Mais nous sommes quasiment les seuls malgré la nullité absolue de son déguisement. Et cette ironie dramatique permet à la fois quelques scènes cocasses (lorsque Loïs Lane critique Clark, mais encense Superman, par exemple), ou de l'inquiétude grandissante lorsqu'on se demande comment va réagir Loïs lorsqu'elle découvrira qui est vraiment Superman. C'est un classique du super héros menant une double vie.

On retrouve le même genre de situation, mais inversée, dans le cas des policiers, lorsque le lecteur connait le meurtrier mais pas le héros. L'enquêteur va parfois se lier d'amitié avec le méchant de l'histoire sans savoir que c'est le méchant. Mais nous, on sait et on se demande comment tout ça va pouvoir finir. On s'étonne aussi parfois que le héros ne voit pas ce qui, de notre point de vue, semble évident. Sauf que c'est notre biais de confirmation qui parle et pas notre logique. Ce qui nous fait nous poser des questions existentielles parfois. « Si j'avais été à sa place, est-ce que j'aurais soupçonné Mike ? »

Plus subtil encore : vous pouvez avoir le cas où, restons dans le domaine du policier, dans le chapitre 4, le flic capture le tueur et le met en prison. Pour le héros, l'histoire s'arrête là. Mais pour le lecteur, qui sait qu'il reste encore 200 pages, il n'y a pas moyen que ce soit la fin. Il sait que ce n'est pas fini. Ce qu'il ignore, c'est si le tueur va s'échapper, s'il va avoir eu le temps de former un successeur ou si, tout simplement, ce n'est pas le bon qui a été capturé.

Toutes ces formes n'ont pas les mêmes implications, forcément, mais sont toutes des ironies dramatiques.

Voulez-vous que votre lecteur s'inquiète sur la trajectoire du héros (ironie de type Titanic), ou alors souhaitez-vous jouer avec cette ironie pour générer des quiproquos et des scènes humoristiques (ironie de type Superman) ou encore augmenter le suspens de votre œuvre (ironie de type c'est pas fini) ? À vous de voir. Vous pouvez bien sûr et sans limitation particulière cumuler le tout. Attention tout de même, comme avec tous les outils du dramaturge, ne pas en faire trop.

Pas trop de tropes !!

Into the Deep de Natalhea

Ce mois-ci, rendez-vous dans les abysses.

Je vous l'accorde, après de trop longues semaines enfermés chacun chez nous, l'envie de se retrouver dans les profondeurs, cloîtrés dans un minuscule sous-marin et étouffés sous des milliards de litres d'eau, est plutôt minime. Et pourtant c'est avec plaisir que j'ai plongé dans la fosse des Mariannes aux côtés de Sam et de son équipe de scientifiques.

Alors non, ce n'est pas du tourisme ni une traversée pépère de l'océan Pacifique pour se faire chauffer le dos au soleil. Il n'est pas question de maillot de bain, de parasols ou de licorne gonflable aux couleurs improbables. Natalhea nous emporte dans un endroit que le soleil n'atteint même pas, des fonds marins inexplorés où les créatures à nageoires se côtoient sans se soucier des humains à la surface. Ou du moins, elles ne s'en préoccupent pas jusqu'à ce qu'une bande de scientifiques débarque avec sa panoplie d'instruments d'études.

La mission d'exploration lambda prend alors un tournant inédit : quel est cet être humanoïde qui rode près des radars ? Cette créature insaisissable qui n'apparaît pas sur les images des caméras et s'apprête à bouleverser toutes les certitudes scientifiques ?

Sacrée question. Et la réponse pourrait avoir un lien avec la disparition de la population de l'île Blackney, trente ans plus tôt.

Je n'ai pas lâché ce livre avant la dernière page. D'abord en raison du style de l'auteure. Excepté le prologue - très factuel et volontairement rédigé de manière impersonnelle - les images se succèdent. Les phrases sont belles, le vocabulaire est varié et il y a une touche de poésie dans certains paragraphes. Si vous entendez le fracas des vagues alors que vous lisez tranquille dans le canapé, pas de panique : ça m'est arrivé aussi. J'ai même frissonné à la lecture de la description d'une créature dans un aquarium. Et l'auteure m'a captivée en parlant d'insectes et de pression sous-marine alors que je suis une quiche en physique et que je déteste les araignées. Oui, faut le faire.

Mais il faut aussi parler des personnages. Parce qu'ici, ils sont loin d'être survolés. Ce sont eux qui font le charme du livre : ces personnages crédibles qui se démènent au beau milieu du Pacifique et se déchirent sur la valeur de la vie, le poids des secrets et les limites de la science.

Il y a Sam, scientifique brillant fasciné par l'océan, traumatisé par l'abandon de ses proches et qui ressasse inlassablement le suicide de sa mère, dont il se sent coupable. Il y a Adam, un vieux biologiste bougon, un peu paternaliste, mais très attachant. Il y a Ophélie, incorrigible optimiste, idéaliste et défenseure de l'éthique scientifique. Et puis, il y a le Professeur Luzarche. Antipathique, obtus, hautain. Égocentrique et incapable de remords. Oui, j'ai grincé des dents à chacune de ses apparitions. Mais il est l'un de ces antagonistes que je ne peux qu'admirer, parce qu'il a des raisons d'agir et des principes loin d'être aberrants. Et j'ai même pu partager certaines de ses idées, alors que je n'avais qu'une envie : le détester. C'est vous dire comme cette histoire m'a retourné le cerveau !

Vous retrouverez au fil des pages un peu de Vingt mille lieues sous les mers et quelques clins d'œil à Titanic. Pour le reste, à vous d'aller lire le livre. Et si une fois fini vous hésitez à mettre un pied dans l'océan... Ben c'est dommage, parce que les plages réouvrent aujourd'hui, et je fais partie de ceux qui iront en profiter.

Kellroye

Ce mois-ci, la couverture qui a remporté les suffrages au sein de l'académie est réalisée par Azullyn et est celle de l'ouvrage de NeoQueenSerenity28 « La gardienne des Légendes ».

Comme chaque mois, je vous rappelle que le choix de cette couverture ne tient pas compte du contenu de l'histoire mais juste de l'aspect graphique de la couverture :)

Ce qui ne vous empêche pas d'aller lire l'histoire.

Pour ce numéro, on va voir ce que le noir nous réserve en terme d'appels à textes...

On commence fort avec un appel à Polars pour le prix San-Antonio. À la clé, une publication chez Fleuve-noir en 2021. Pas de thème (à part le polar) et vous avez jusqu'au 31 aout.

Plus d'infos : https://www.prixsanantonio.universpoche.fr/

Le magazine la quinzaine littéraire recherche des nouvelles. Vous devrez pondre 3 500 caractères maximum en commençant obligatoirement par « Une fumée épaisse recouvrait le village. »

Plus d'infos : https://www.nouvelle-quinzaine-litteraire.fr/concours-de-nouvelles-2020

Marathon Noir éditions recherche des manuscrits de plus de 350 000 signes à destination des ados et jeunes adultes. Romans noirs, Policiers, Thrillers, faites vous plaisir...

Plus d'infos : https://www.facebook.com/MarathonEditions/posts/2920734724641084



Et voilà encore un numéro de notre magazine préféré sur la plateforme. Rendez-vous en juillet pour le numéro de l'été, déjà.

On espère que ça vous a plu et on souhaite à tous les collégiens et lycéens qui reprennent les cours une bonne rentrée. (Ca fait bizarre de dire ça le 2 juin mais bon...)

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