Numéro de février 2020

Bonjour tout le monde,

Bienvenue en février ! Oui, de temps en temps, il faut changer un peu les habitudes. En plus, cette année, février est un poil plus long que d'habitude, alors pourquoi pas...

Donc bienvenue dans le mois du ski, pour beaucoup en tout cas. Rendez-vous compte, les parisiens repartent déjà en vacances à la fin de la semaine !! Bande de veinards !

Et pour ceux qui ne partent pas en vacances, le mag vous apporte votre petite dose d'infos et de bonheur. Ce mois-ci, on va parler du Fusil de Tchekhov, notre petit nouveau vous présentera son coup de cœur et on retourne au temps jadis, pour parler théâtre...

On y va ?
Allez hop !

On parle BD ?

Savez-vous que la BD, quoi qu'en disent certaines personnes bien pensantes, est un des nombreux domaines du monde du livre ? C'est ainsi à l'initiative du ministre de la Culture, Franck Riester, et grâce à la participation du Centre National du Livre, que l'année 2020 est dédiée, en France, à la Bande dessinée. Le lancement s'est fait le weekend dernier à l'occasion du festival international d'Angoulême. De nombreux autres événements auront lieu tout au long de l'année et pour vous tenir au courant, un site dédié a vu le jour : https://www.bd2020.culture.gouv.fr/

Un des premiers éléments à apparaître sur ce site est d'ailleurs une application sympa pour faire assez facilement ses propres bandes-dessinées

https://youtu.be/PBh-nuGHRWg

Bref, cette année, on va parler BD. L'occasion d'ailleurs de faire un rapide point sur ce média un peu particulier que l'on nomme souvent le 9e art.

Nous le disions, la BD est partie intégrante du monde du livre, cela signifie, entre autres choses, que lorsque l'on donne des chiffres de ventes ou des nombres de tirages, on englobe automatiquement la BD. De la même manière qu'on englobe aussi les livres scolaires, d'ailleurs. Mais du coup, que vaut la BD dans le monde du livre ?

Vous vous en doutez, on vend beaucoup de bandes dessinées globalement. En librairie, par exemple, cela représente 13% des ventes. Soit une croissance de plus de 7% entre 2018 et 2019 selon le syndicat de la libraire française. Au global, on estime le volume de BD (incluant évidemment les mangas et les comics) à 60 millions d'exemplaires, en 2018. D'après GFK, le marché a progressé de 34% en valeur en dix ans. Pas mal, non ?

Le théâtre latin

Le mois dernier, nous parlions de théâtre grec. Pour refermer cette petite parenthèse sur l'Antiquité, pourquoi ne pas parler du théâtre latin ? Même s'il est moins riche et moins étudié que son prédécesseur, il n'en reste pas moins très intéressant.

De nombreux théâtres romains sont encore debout de nos jours, à l'instar de celui d'Orange : construit au Ier siècle avant JC, c'est l'un des mieux conservés au monde. Aujourd'hui, la ville d'Orange y organise les Chorégies, un festival où se jouent des pièces d'autrefois comme celles d'aujourd'hui.

Le théâtre antique d'Orange

Souvent proche de la poésie, le théâtre latin est très différent du théâtre grec. Cherchant à divertir le spectateur, il n'abordait jamais la politique comme le faisaient les auteurs de comédie grecque (Aristophane). S'il existe bien des tragédies et des comédies à Rome (les fabulas), on y retrouve de nombreuses autres formes, comme l'atellane, une courte farce qui devait faire rire le spectateur, ou le mime, qui se rapprochait de la danse.

De plus, il n'y a pas de cœur dans les pièces latines.

Le théâtre apparaît à Rome au IIIème siècle avant Jésus-Christ. On considère que son premier représentant est Livius Andronicus (né en –285 et mort en –204), mais seulement quelques fragments de textes de ce dramaturge nous sont parvenus. Il semblerait qu'Andronicus se consacrait à la traduction d'œuvres grecques.

Naevius, contemporain d'Andronicus, est lui aussi mystérieux, puisque de nos jours il ne subsiste qu'une centaine de vers de ses écrits, qui se rapprochent de l'épopée (registre épique, place importante du héros)

Ensuite, vient Plaute (né vers –254 et mort en –184), auteur de 21 comédies connues qui inspirèrent par exemple Molière : ainsi, L'Avare a comme référence La Marmite de Plaute, et Amphytrion la pièce éponyme.

Pour l'anecdote, Plaute vécut deux des trois guerres puniques, qui opposèrent Rome à Carthage pour conduire à la destruction de cette dernière.

Térence, lui, est né en –190 et mort en –159. Les six œuvres qui nous sont parvenues montrent une forte utilisation du comique de caractère (proche de la caricature) et moins de parties chantées. Térence, qui cherchait plus à faire sourire qu'à faire rire, acquit une telle postérité qu'un peu moins d'un siècle après sa mort, Jules César le surnomma

« demi-Ménandre ».

Mais le plus grand dramaturge romain connu aujourd'hui est sans aucun doute Sénèque. Né autour de l'an 0 et mort en 65 après Jésus-Christ, il écrivit plusieurs tragédies, comme Agamemnon (53 après JC), Médée, Oedipe ou encore Phèdre, inspirées de textes grecs, bien qu'elles soient très différentes de ceux-ci. D'ailleurs, la plupart des spécialistes pensent que ces pièces étaient faites pour être lues et non pas jouées.

Faisons ici une petite parenthèse philosophique : Sénèque est aussi un défenseur du stoicïsme (du grec stoa, le portique, la porte). Pour faire simple, aux yeux des stoïciens, il existe un ordre du monde (« la providence ») et les humains sont des éléments de cet ordre : s'ils agissent, ils acceptent la providence. Leurs actions sont donc contraintes et limitées, c'est l'idée de résignation donc de fatalité. L'homme sage doit accepter son malheur pour se renforcer.

Sénèque était un personnage à part. En effet, après son exil en Corse de 41 à 49 pour sa trop grande liberté d'esprit (sa philosophie ne l'empêchant pas de commettre des excès et de jouir d'une importante richesse), il fut conseiller et ministre de l'empereur Néron, à la réputation assez sulfureuse, puisque de nombreux auteurs lui ont imputé, à tort ou à raison, le grand incendie de Rome de 64. Sénèque eut d'ailleurs une fin aussi tragique que ses personnages : il fut condamné au suicide par Néron.

Et voilà, ce focus sur le théâtre latin est terminé, merci de l'avoir lu jusqu'au bout. J'en profite pour remercier Piumuscara pour son aide sur cet article et sur le précédent :)

Si vous avez des questions, si un point n'est pas clair et/ou que vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas ! Pour rappel, vous pouvez trouver gratuitement des pièces latines sur le net. En attendant, en commentaire, on vous a posté le lien vers l'adaptation radiophonique de Phèdre de Sénèque réalisée par France Culture ;)

Detico

https://youtu.be/_g1GlC6Q6kA

— T'as vu le nouveau ? demanda lolaingrid02 à Aillys devant la petite table garnie de cookies fraîchement sortis du four.
— Y a un nouveau ? sursauta la directrice adjointe en crachant quelques pépites de chocolat au passage. Il est mignon ?
— Euh...
— Non ! Oublie ma question.
— C'est déjà fait. Tu sais que le harcèlement, c'est un sujet sérieux ?
— Oui, c'est bon, je t'ai dit d'oublier... Rolala... Bon et ce nouveau...
— Quoi ?
— Bah il arrive quand ?
— Ça y est déjà, il bosse.
— Il quoi ? Mais je lui ai pas fait passer d'entretien !
Lola soupira.
— Tu fais JAMAIS passer les entretiens, c'est mon boulot, je te rappelle.
— Bon, de toute façon, s'il bosse, c'est cool. C'est Detico qui va être content.
— Tu parles, il arrête plus de sourire, c'est fatiguant d'ailleurs.
— Colle-lui un avertissement, sourit Aillys.
— T'es malade, toi ! Tu traînes trop avec le patron dictateur maître du monde. On met pas des averto comme ça. Les collaborateurs ont des droits, quand même. Le harcèlement moral c'est un sujet sérieux !
— Mais dis donc, madame sujet sérieux, tu vas te calmer un peu, je plaisante.
— Salut ! déclara soudain une voix dans le dos d'Aillys.
Elle se retourna et découvrit le fameux nouveau. Costume, cravate et coupe impeccable. Il lui serra la main poliment, fit de même avec la responsable des ressources humaines, se servit un café et lui adressa un sourire.
— Je suis Aaron_Roy, le nouveau.
— Enchanté, déclara Aillys. Ça va, tu te plais ici ?
— Il est encore un peu tôt pour me prononcer, mais j'ai été bien accueilli, c'est encourageant. On se voit plus tard, je dois y aller.
— Déjà ? Mais pour faire quoi ? Il est 8 h 22 !
— J'ai commencé un rapport préliminaire sur la chute d'audience relative à la non récurrence des propositions textuelles sur les différents campus.
Aillys ouvrit de grands yeux ronds.
— Ah... D'accord. Bah, si t'as besoin d'aide, n'hésite pas alors...
Et Aaron s'éloigna après avoir attrapé un cookie à la nougatine.
— Il a rencontré le boss, déjà ? demanda la directrice adjointe.
— Ouais, je crois.
— Et il en pense quoi le doyen maître du monde terreur des enfants ?
— Je crois qu'il l'aime bien. Il m'a pas demandé de le virer après qu'ils ont débattu sur l'avenir de l'académie. C'est plutôt bon signe.
— Un autre cookie ?

Le fusil de Tchekhov

À la demande générale d'une personne, nous allons aujourd'hui parler d'armement, avec le fusil de Tchekhov. Alors, de quoi ça s'agit ?

Nous devons ce principe, à l'écrivain dramaturge russe Anton Tchekhov. On parle d'un principe et non d'une règle car, même en dramaturgie, cela n'a rien de systématique ni d'obligatoire. Mais voici en substance, ce que disais notre amis Tchekhov :

« Supprimez tout ce qui n'est pas pertinent dans l'histoire. Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. »

Voilà qui peut donner lieu à plusieurs interprétations, en réalité. Et la première est celle que nous avions retenues il y a bien longtemps dans l'Amphi de conseils généraux sur les descriptions. En gros, si on se fie à cette citation, ce que l'on décrit doit servir à un moment ou un autre dans le récit. Si vous décrivez les ustensiles de la cuisine, alors il y a intérêt à ce que vos personnages s'en servent ensuite. C'est un peu simpliste et très premier degré, mais c'est plutôt efficace. Vous pouvez bien sûr dire qu'il y a « tout un tas d'ustensiles divers » dans la cuisine. Mais il est probablement inutile de dire « sur le mur se trouvaient une tringle aimantée avec 12 couteaux dont deux à pain. Dans le premier tiroir, on pouvait encore trouver les cuillers à dessert, les cuillers à soupe et les fourchettes à poisson, celles pour la viande étaient bien alignées dans le second tiroir, juste à côté des spatules en bois... » Vous me suivez ?

À l'origine, c'est un peu ça que sous entendait Tchekhov : inutile de décrire des trucs qui ne servent à rien.

Mais la seconde interprétation de cette citation correspond également à un autre principe de dramaturgie qui est le Foreshadowing, ou encore l'effet d'annonce. Certains parlent aussi de « loi de conservation des détails ». Ce principe-ci propose de mettre en place un élément (objet physique ou autre) d'une manière ou d'une autre, afin de guider le lecteur/spectateur à deviner la suite ou de l'aider à justifier un retournement de situation plus tard dans le récit.

L'exemple du fusil est un classique dans le cinéma. La caméra fait un travelling ou un plan large puis s'arrête deux secondes (voire moins mais suffisamment tout de même) sur une arme et là, vous savez que cette arme va servir bientôt. Ça c'est du foreshadowing de base. Plus tard, vous pourriez dire quelque chose comme : « c'était téléphoné qu'il prendrait l'arme ». Eh oui, ça l'était.

Mais il y a plus subtil, évidemment. Comme dans le Sixième Sens qui est bourré d'indices mais que vous ne comprenez pas vraiment avant qu'on vous les révèle.

Le foreshadowing peut également revêtir une forme très différente lorsqu'il s'agit de la couverture de votre livre, par exemple. Mettons que votre titre de roman soit Flow (c'est le titre du bouquin d'un pote) et que votre 4ème de couverture explique que chacun à une bête en soi et que, parfois, on peut la laisser sortir... Eh bien, le titre devient un foreshadowing car Flow (le nom d'un personnage) est l'anagramme de Wolf et vous savez (ou devriez avoir compris) que le héros est un Loup-Garou.

En fait, le fusil de Tchekhov vous invite à deux comportements distincts, mais tout à fait cumulables. Le premier est de ne pas vous perdre dans des descriptions inutiles. Et le second à tirer profit de vos descriptions pour permettre au lecteur de deviner (ou du moins de se dire que c'était effectivement prévisible) la suite ou un événement important, tel un twist.

Et puis vous avez même un bonus, c'est le contrepied en jouant de cet effet d'annonce pour lancer une fausse piste.

Vous voyez ? On peut en faire des choses avec un simple fusil, en fin de compte.

L'Ombrelle de Mme Ariem de Luma_az

Il y a des genres que l'on rencontre plus que d'autres sur Wattpad. Mais rassurez-vous, je ne parlerai pas des fanfics érotico-SM, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, c'est devenu une blague qui a dépassé les frontières de la plateforme et ensuite, cela occulte les autres genres : fantasy à la pelle et thriller fantastique sans compter l'éternel éveil de l'adolescence dont la présence est presque aussi importante que notre première proposition.

Ainsi, quand je lis un texte court de SF, j'avoue être pris d'une crainte irrésistible. Celle de voir un auteur se voulant malin en présentant grossièrement un problème sociétal faisant l'actualité, et dont l'efficacité narrative se rapprochera insensiblement d'un épisode de Black Mirror : plus préoccupé par son high-concept que par ses personnages, la force s'en retrouvera inexorablement affaiblie.
Cette longue introduction ne sert qu'à vous préciser que non, je n'étais pas forcément séduit quand j'ai commencé la lecture de l'Ombrelle de Mme Ariem. Et après l'avoir relu 2-3 fois, je suis désormais persuadé que l'auteur partageait les mêmes craintes que moi, puisqu'elle s'est empressée de les désamorcer au fur et à mesure d'un récit redoutablement efficace.

Mais avant toute chose, il va falloir que j'ajoute une nouvelle donnée à l'équation : il s'agit d'une pièce de théâtre, soit le plus beau faux ami du jeune écrivain. On pourrait croire que c'est facile – après tout, les longues descriptions qui nous ont bien fait souffrir durant les rédactions de collège #toimemetusais #onatousunamiquisniffedelacolle #danslacacestdetico – mais en fait, il s'agit d'un autre langage. Trouver un équilibre entre le verbe et l'action scénique n'est pas chose aisée. Pourtant, Luma_az maîtrise son sujet, se permettant même le luxe de s'imposer une temporalité très réduite (quelques heures) et une quasi-unicité de lieu (le même décor est vu de trois manières différentes selon les actes).

Ensuite vient le fond, décor post-apocalyptique, maladie inconnue : les thèmes que brasse l'Ombrelle sont parmi les plus traités de la SF, et l'auteur en est conscient. Cela installe même une connivence manifeste avec le lecteur dans cette intrigue à tiroir où le récit se joue de nos attentes. Chaque couche du discours est ainsi requestionnée au fur et à mesure, son côté factice mis à nu. C'est amusant et ça fait réfléchir à nos propres manières de résumer une histoire : de fait, chaque contre cliché devient cliché lui-même, comme dans un tour du magicien où un choix le ramène à son point de départ.

Mais ce qui emporte le morceau, c'est ces personnages, instantanément attachants, menés par une charismatique Madame Arriem, dame excentrique dont l'accoutrement et les manières jurent dans les décombres. À la fin, quand le dernier rebondissement finira de détruire l'intrigue, il ne reste que cette galerie de figures horriblement tragiques, terriblement humaines.

Aaron_Roy

Ce mois-ci, la couv qui a attiré notre attention à l'académie est celle de blnchae pour son texte "être vivant"

Comme chaque fois, je le rappelle, notre choix n'est pas lié au contenu mais uniquement au côté graphique de la couverture. Regardez par vous-même :


Ce mois-ci, février oblige et même s'il possède un jour de plus que d'habitude, nous allons vous présenter des appel à textes courts. C'est parti !

Nutty Sheeps, recherche des textes jeunesse (à partir de 7 ans) dans son nouvel appel à textes. Vous avez jusqu'au 30 avril pour fournir moins de 15 000 signes, espaces comprises, sur le thème de la forêt enchantée.
Plus d'infos : http://nutty-sheep.com/index.php/appel-a-textes/nouvelles

La biennale, BienVenus sur Mars propose un concours de nouvelles (à tendance SF mais non limité à ce seul style) avec pour thème Réversible/Irréversible. Vous avez jusqu'au 29 février pour 10 000 caractères maximum.
Plus d'infos : http://www.bienvenus-sur-mars.fr/wp-content/uploads/2020/01/Appel-%C3%A0-nouvelles-2020.pdf

En ces temps troublés, la magazine Reticule recherche entre 1 000 et 4 000 mots sur le thème du soulèvement. Ils précisent même la définition qui les intéresse plus précisément : mouvement collectif de contestation, de révolte, d'insurrection. Vous avez jusqu'au 20 mars !
Plus d'infos : https://reticule.fr/appel-a-textes/


Et voilà pour le mag du mois de février. On espère que ça vous a plu. N'oubliez pas de fêter vos amoureuses et vos amoureux tous les jours, pas seulement le 14 février ;)

On se retrouve le mois prochain !

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