Numéro public Mars 2018

Bienvenue dans le Wattpad Mag du mois de Mars 2018 !

L'égalité des sexes.

Est-ce qu'un jour on y arrivera ? Peut-être, peut-être pas. Un peu comme dans une gigue, c'est un pas en avant et un pas en arrière. Difficile d'imaginer que la société n'évolue pas dans le bon sens, pourtant, partout dans le monde, les injustices liées à cette inégalité se font jour. Si le Wattpad Mag ne veut pas particulièrement entrer dans la polémique à grande échelle, il nous semblait tout de même important de rappeler que le monde de la littérature est également touché par le sexisme, et depuis des siècles !

Mais les choses bougent, ici aussi. Doit-on s'en réjouir ou au contraire déplorer qu'il y ait encore besoin, au XXIème siècle, de se mobiliser pour cela ? À vous de voir. Toujours est-il que bientôt arrive la journée internationale des droits des femmes (qu'on évitera d'appeler journée de la femme). À cette occasion, l'enseigne Waterstones et la maison d'édition Penguin vont créer un magasin éphémère à Londres, du 5 au 9 mars. Le but ? Créer une librairie qui ne vendra que des livres écrits par des femmes. Malorie Blackman, Jacqueline Wilson, Elena Favilli, Francesca Cavallo, Kate Atkinson, Elif Shafak, mais aussi Anne Frank ou encore Mary Wollstonecraft seront donc au rendez-vous.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous n'avons pas connaissance d'événement de ce genre en France, mais il serait fort étonnant qu'il n'y en ait pas. N'hésitez pas à les signaler en commentaire interligne ICI ;)

À présent, nous vous souhaitons une bonne lecture dans ce numéro spécial égalité des sexes. DaRio98 vous parlera d'écriture inclusive, Elkisa116 de son coup de cœur parfaitement dans le thème et Xetrox nous fera un petit rappel sur le principe de la présomption d'innocence.

Bonne lecture !

L'égalité entre les femmes et les hommes a toujours été une préoccupation. Peut-être plus pour les premières que les seconds. Depuis déjà le moyen-âge et régulièrement depuis, les femmes (le fameux sexe faible) tentent de réduire les écarts entre les deux sexes. S'il y a régulièrement des avancées dans le domaine, on est encore loin de l'égalité. À tel point que notre chef de l'État, Emmanuel Macron, en a fait un des sujets principaux de son mandat.

C'est ainsi que le 7 février dernier, un comité ministériel sur la question de l'égalité hommes-femmes s'est tenu. Au cours de cette réunion, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, que vous connaissez tous, n'est-ce pas, a présenté des mesures qui devraient porter leurs fruits « dès 2022 ». Oui, en politique, il ne faut pas être trop pressé non plus ;)

En premier lieu, une enveloppe de 500 000€ va être dédiée à réduire les écarts de salaire entre les deux sexes au Ministère de la Culture. « Les femmes gagnent en moyenne 10 % de moins que les hommes au sein de ce ministère, et près de 20 % moins dans les entreprises culturelles », rappelait la ministre.

Françoise Nyssen veut également instaurer la parité au sein des jurys de sélection et de sortie des écoles du ministère de la Culture et leur engagement dans la lutte contre le harcèlement. Par ailleurs, elle souhaite la parité aux postes de direction exécutives des 75 établissements publics du ministère de la Culture. Et enfin, la progression de la parité au niveau des nominations et des programmations des labels du spectacle vivant et des arts plastiques.

Vous l'aurez compris, au ministère de la culture, on se bouge pour l'égalité. L'avenir nous dira si ça aura servi à quelque chose...

Ce mois-ci, l'équipe de labélisation a validé trois nouveaux textes.

#LeLabel de la Wattpad Academy et du Grand-Grimoire a été attribué à :

AgatheRoulot pour « La dame de l'hiver »
Nymerhia pour « Doublure »
MD_Stories pour « Confrontation »

Félicitations à vous trois pour ces textes de qualités ^^

Vous pouvez retrouver ces histoires et les précédents labélisés dans notre liste de lecture, celle du Grand-Grimoire, ou tout simplement en faisant une recherche avec le mot clé #LeLabel !

L'écriture inclusive

Tout le monde a déjà, d'une manière ou d'une autre, entendu parler de l'écriture inclusive. Mais si, vous savez ? Cette façon un peu bizarre d'écrire les agriculteur·ice·s que personne ne comprend vraiment. Personne ? Vraiment ? Bon d'accord, c'est plutôt que ça ennuie plein de gens. « Encore un coup médiatique des féministes », entend-on parfois. Faisons, le point (médian) sur la situation. Il se trouve que, finalement, ce n'est pas si simple.

Il·elle était une fois...

Avant de commencer cet article, je tiens à préciser (parce que c'est un sujet polémique) que ce texte ne représente pas l'avis unanime de l'académie mais uniquement celui du rédacteur de cet article, à savoir DaRio98

Alors voilà, depuis déjà quelques années, les personnes sensibles à l'égalité entre les femmes et les hommes se battaient, plutôt gentiment et donc sans grand résultat, pour faire admettre à la population que dire que « 302 femmes et un homme sont morts dans un accident » n'était pas très logique, ou encore que « madame le maire et Viviane, l'auteur de fantasy bien connu » sonnait plutôt étrangement. Pour être tout à fait honnête, c'est vrai. Mais d'un autre côté, depuis tout petits, on nous rabâche que « le masculin l'emporte sur le féminin » et qu'auteur n'a pas de féminin. Que c'est comme ça et que ça a toujours été comme ça. Point (pas médian, pour le coup).

Sauf que ce n'est pas tout à fait vrai, mais nous y reviendrons dans quelques lignes. Du coup, le haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, a décidé de faire appliquer l'écriture inclusive dans les textes officiels. Mais qu'est-ce que ça veut dire exactement « appliquer l'écriture inclusive » ?

On pourrait résumer cela en trois règles :

· Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres

Exemples : "présidente", "directrice", "chroniqueuse", "professeure", "intervenante", etc.

· User du féminin et du masculin, par la double flexion, l'épicène ou le point médian

Exemples : "elles et ils font", "les membres", "les candidat·e·s à la Présidence de la République", etc.

· Ne plus mettre de majuscule de prestige à "Homme"

Exemple : "droits humains" ou "droits de la personne humaine" plutôt que "droits de l'Homme"

Et bien sûr, tout ça est resté relativement discret et prêtait même à sourire. Mais ça, c'était avant le drame. Avant que Hatier décide d'appliquer cette « nouvelle façon d'écrire » dans un de ses manuels scolaires. Et là, ce fut le scandale ! Car on ne touche pas à l'éducation (sauf pour faire baisser le niveau scolaire comme vous le savez...). À ce moment donc, l'écriture inclusive est passé sur le devant de la scène et n'a eu de cesse que d'alimenter des débats pas souvent intéressants.

Alors, pour ou contre ?

Autant que l'écriture inclusive elle-même, la réponse n'est pas si simple. Car si la base et les origines idéologiques de l'écriture inclusive me semblent tout à fait justifiées, son application pourrait l'être un peu moins. Mais avant d'en venir là, un peu d'histoire.

Je le disais plus tôt dans ces lignes : on nous répète que le masculin l'emporte sur le féminin depuis l'école primaire et c'est confirmé par les livres de grammaires et même l'académie française. Jusque-là tout va bien. Mais, comme bien souvent, ce n'est pas si simple. La querelle des femmes commence d'ailleurs au XVème siècle déjà (en France, semble-t-il) ! À cette époque, et jusqu'au XVIIème siècle, on dit une autrice au même titre qu'on utilise toujours actrice. On dit également philosophesse, poétesse, autrice, mairesse, capitainesse, médecine, peintresse, etc... Sauf qu'il semblerait que le pouvoir grandissant des femmes faisait peur. C'est ainsi qu'est créée l'Académie Française qui décide de bannir la plupart de ces féminins pour ne laisser ces métiers qu'à des hommes. En clair, les métiers estimés importants ou intellectuels étaient, de fait, réservés aux hommes. On pouvait être charcutière, mais pas autrice ! Il y a eu, semble-t-il un gros bouleversement dans la langue française à ce moment. De nombreux vocables ont changé de sexe à cette période. Je vous laisserai faire vos propres recherches, mais on disait par exemple « un erreur » et « une aigle »...

Du coup, l'histoire de « c'est comme ça et ça l'a toujours été » ne tient plus trop debout. Alors pourquoi tant de haine envers l'écriture inclusive ?

Eh bien figurez-vous que l'écriture inclusive est en fait bien vue par 3 français sur 4, selon une étude Harris Interactive. Seul bémol, lors de cette enquête, il n'avait pas été fait mention de l'écriture avec les points médians. Car là se situe le véritable nœud du problème. Écrire, comme les canadiens « les droits de la personne » plutôt que « les droits de l'Homme » ne pose pas plus de souci que d'écrire « une autrice » ou « une commandante de corvette ». Même utilisé l'accord de proximité, comme au moyen-âge, ne choque plus grand monde. Dire, ou écrire, « 302 femmes et un homme sont mortes dans un accident » s'envisage sans problème. Par contre « les candidat·e·s », c'en est trop !

C'est d'ailleurs à tel point, que la plupart des gens réduisent l'écriture inclusive au point médian. Pourtant, c'est bien plus que cela. Mais ce point médian de discorde a tiré toute la couverture à lui. L'académie Française en a profité pour faire savoir que l'adoption de cette nouvelle forme d'écriture était un « péril mortel » rien de moins ! Imaginez un peu.

Alors que penser de ce système du point médian et de toutes ses variantes ?

Effectivement, c'est un moyen simple d'inclure les deux sexes de manière égalitaire. Mais c'est également un bon moyen de rendre inintelligible le moindre morceau de texte. Et ça, c'est simplement pour les lecteurs sans difficulté. Nous parlions le mois dernier des DYS, imaginez le calvaire pour eux ! Et les aveugles dont les applications de lecture à haute voix deviennent complètement dingues avec ce système auquel elles ne sont pas prêtes... Pour ces raisons purement pratiques, ce système de point médian est loin d'être extraordinaire et apporte plus de problèmes que de solutions.

Autre sujet, l'éducation. Eh oui, apprendre à lire et écrire est déjà assez compliqué comme ça, si on ajoute cette difficulté supplémentaire, cela pourrait paraître insurmontable. En l'occurrence, et en y réfléchissant à tête reposée, ce n'est peut-être pas si compliqué. Et ça aurait au moins le mérite d'apprendre aux enfants l'égalité des sexes dès le plus jeune âge. Il n'empêche que la langue française reste assez complexe et qu'elle est de plus en plus mal acquise à l'école, alors ajouter des contraintes peut sembler contre-productif, même pour un combat idéologique noble.

Dernier sujet, selon moi, contre l'écriture avec le point médian : la littérature. Je pense que c'est un cas où il est tout simplement impensable d'écrire en respectant cette norme. MAIS ! Et c'est un mais de taille : il existe finalement peu de cas où l'écriture avec le point médian peut s'appliquer en littérature de fiction.

Vous l'aurez donc compris, l'écriture inclusive est bien plus qu'un simple problème d'écrire avec des points médians. C'est un véritable axe de progrès dans la lutte pour l'égalité des sexes. « car le langage structure notre pensée. Expliquer aux enfants que 'le masculin l'emporte sur le féminin' ne peut guère contribuer à forger des consciences égalitaristes » déclarait Eliane Viennot, professeure de littérature à l'université et auteure de "Non le masculin ne l'emporte pas sur le féminin" au journal Sud Ouest.

Pour conclure : non, je ne suis pas contre l'écriture inclusive. En revanche, écrire avec des points médians ou un autre symbole : je ne veux pas ! Et vous ?

Bonjour à toute la communauté wattpadienne !

Lectrice depuis toujours, je dévore tout type de livre depuis toute petite, il suffit que j'accroche à l'histoire.

Aujourd'hui, j'aimerais vous présenter une histoire, sur Wattpad, originale, mature et écrite avec talent. C'est l'une de mes lectures préférées sur cette plateforme.

Elle s'intitule "Tais-toi femme" de the_only_ken 

Le titre en lui-même est entraînant, révélateur, accrocheur, la couverture est très belle, et le résumé incite vraiment à lire cette fiction.

Nina, est une jeune femme, blogueuse très influente, sous le pseudonyme « Equality Defender » elle défend les droits des femmes, et veut l'égalité des sexes.

Mais dans la vie réelle à son travail, elle s'efface, et elle est rabaissée par son patron, un homme dont le charisme est aussi démesuré que le machisme.

Nina se retrouve perdue, sous l'emprise d'un conflit intérieur.

Parviendra-t-elle à concilier ses deux identités sans devoir sacrifier tout ce pourquoi elle se bat ?

L'histoire tourne autour de l'inégalité homme/femme, de manière originale. Ce thème n'est pas abordé très souvent sur Wattpad, pourtant, aujourd'hui encore, beaucoup de femmes sont discriminées notamment dans le monde du travail, comme en parle ce livre.

On suit un personnage féminin, on s'attache à cette jeune femme très entière, on ressent de l'empathie, on a envie de la défendre...

Nina paraît presque réelle, on partage ses souffrances, sa vie de femme, et pourtant c'est un homme qui écrit cette histoire. Il arrive à se mettre dans la peau d'une femme avec brio.

Les personnages sont complexes, bien construits, chacun a un caractère propre, et puis surtout, ce sont des personnes ordinaires, on peut facilement s'identifier à certains.

Pour ce qui est du style, l'écriture est soignée, il n'y a aucune faute de syntaxe, d'orthographe, c'est agréable à lire.

Ce qui m'a aussi attiré dans cette histoire, c'est qu'elle est divisée en chapitres courts, ce qui rend la lecture agréable.

Cette histoire est sous contrat d'édition, et la version papier paraîtra en mars.
Malgré qu'une bonne partie des chapitres soient indisponibles, l'auteur a laissé une grosse partie de l'histoire sur son compte Wattpad.

J'ai pris contact avec cet auteur et il a gentiment accepté de répondre à cette interview.

- Que penses-tu de l'inégalité homme/femme au sein du monde du travail ?
Je pense que je parlerais au pluriel, d'inégalités. Je pense que c'est un problème dont on ne parle pas suffisamment et qui pourtant mérite d'être plus traité. Tant pour des questions d'inégalités de salaire mais aussi au niveau des relations hiérarchiques entre hommes et femmes qui engendrent parfois du harcèlement sexuel duquel certaines personnes ne savent se défaire. Elles restent dans le silence et souffrent.

- Comment t'es venue l'idée de cette histoire ?
Ce sujet me touche particulièrement. J'en ai marre de tous ces hommes qui pensent être supérieurs et pensent que les femmes doivent gérer les tâches ménagères à leur place en particulier. C'est ça que je vois au quotidien et qui m'énerve le plus. Je suis partie de cette idée puis je l'ai étendue à une plus large échelle et à un problème plus grand.

- Quelles ont été tes sources d'inspiration tout au long de l'écriture ?
Le monde qui m'entoure, mes amis, les séries que je regarde. La musique que j'écoute aussi.

- Pour le titre de ton histoire, peux-tu nous dire pourquoi tu as choisi « Tais-toi femme » ?
Je voulais un titre choc. Ce titre est entre guillemets et suggèrent énormément de chose. Je veux que les lecteurs qui lisent ces mots soient choqués de voir un truc pareil et se sentent révoltés. C'est de là qu'est parti mon histoire et à mon sens, c'est le moyen de faire ressentir ce que ressente certaines personnes à travers des mots à l'impact violent.

- Pourquoi as-tu décidé d'écrire cette histoire sur ce sujet et pas un autre ?
J'écris sur des sujets qui me parlent, j'écris également d'autres œuvres. Que répondre en dehors de pourquoi un autre et pas celui-là ?

- Pour quelles raisons avoir choisi le milieu professionnel pour raconter ton histoire ?
Je voulais faire évoluer une femme dans tous les aspects de sa vie et montrer que la réussite professionnelle n'a rien à voir avec le sexe d'une personne.

- Comment t'es venue l'inspiration pour le personnage de Nina ?
Pas mal d'aspect sont tirés de ma propre personnalité.

- Quel est le message principal que tu fais passer à travers ton livre ?
En finir avec le sexisme, arrêter de croire qu'un sexe est supérieur à un autre, arrêter de perpétuer les "traditions" patriarcales du passé, arrêter de croire que parce qu'on est une femme on ne peut pas réussir, arrêter de se laisser bouffer par des hommes qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas. Être une femme forte et si on ne l'est pas, le devenir, car toute évolution est possible.

- Qu'est-ce que tu trouves le plus révoltant dans notre société en termes de discrimination sexuelle ?
Tellement de choses. Je vais plutôt parler des petites choses qu'on voit au quotidien et qui me révoltent. Quand une femme est énervée et que quelqu'un lui dit "t'as tes règles ou quoi ?". Quand un homme ne fait ni le ménage, ni la cuisine parce que c'est à la femme de faire ça. Quand un homme attend qu'on débarrasse la table pour lui car ce n'est pas son rôle de le faire (on parle ici de plus de 90% des hommes, dans ma famille il n'y a pas d'exception de ce côté-là et ça m'énerve).

- Un message, pour nos lecteurs et lectrices ?
Merci d'avoir pris le temps de lire cette interview. Si vous avez lu mon histoire, j'espère qu'elle vous a plu. Si ce n'est pas le cas, j'espère vous avoir donné envie de le faire.

En tout cas, merci beaucoup, félicitations pour tout ce qui t'arrive en ce moment !
Elkisa116

Dans ce numéro, qui, vous l'aurez remarqué, a été consacré à l'égalité entre les sexes, je tenais à prendre la plume afin de rappeler un principe fondateur très souvent bafoué ces derniers temps : la présomption d'innocence. Ce terme essentiel dans le droit français signifie qu'un accusé sera considéré comme innocent tant que sa culpabilité n'aura pas été prouvée et jugée.

Or, dans le sillage de l'affaire Weinstein, ce précepte est menacé. Rappelons rapidement que Harvey Weinstein, célèbre producteur de Hollywood, parfois surnommé « God » en raison du pouvoir immense qu'il avait sur cette industrie, a été récemment accusé de viols et d'agressions sexuelles par de nombreuses actrices après des années de silence. Cette révélation, pas si surprenante, a permis de libérer la parole des femmes avec le hashtag #MeToo (#BalanceTonPorc en France). Ainsi des centaines d'agression ont été publiquement dénoncées au point que la société a connu un grand bouleversement — le Time a choisi notamment les « silence breakers » comme personnalités de l'année.

Cependant, si tout cela semble plutôt positif, des abus sont bien évidemment apparus, et la délation sans preuve a fait son apparition. Or, les accusations étant publiques, elles sont immédiatement suivies d'un déferlement de haine. En plus d'ouvrir le débat sur la justice sociale, ces déchaînements bafouent tous les principes de la présomption d'innocence, puisque les esprits chauffés à blanc ne cherchent pas des preuves avant d'attaquer. Ainsi des innocents sont salis et harcelés sans qu'il n'y ait de retour en arrière possible, car les accusations intéressent bien plus que les retours en grâce. Or dans un monde dans lequel le revenge porn est devenu monnaie courante, il est pour le moins inquiétant que de nouvelles armes de destruction sociale fassent leur apparition.

En outre, le débat n'en étant encore qu'à ses prémices, les frontières sont encore floues comme le témoignent les nombreux articles visant à mieux appréhender la « zone grise ». Aussi, si les intentions premières sont louables, il ne faut pas pour autant oublier les piliers de notre droit, de notre société, de la démocratie. Il reste toujours essentiel de se renseigner, de prendre garde aux sources et de conserver un esprit critique avant d'agir. Car une fausse accusation relayée et crue par un grand nombre de personnes sur les réseaux sociaux peut causer des dommages permanents dans la vie de quelqu'un, quand elle ne tue pas tout simplement.

Le lynchage médiatique de Justine Sacco l'illustre à merveille. Le second degré d'un de ses tweets n'ayant pas été compris, pendant qu'elle prenait un vol pour l'Afrique du Sud, ses mots ont été réinterprétés, et ont suscité une tempête de réactions, si bien qu'incapable de se défendre, elle a fini en top tweet. À son arrivé au cap, elle avait perdu sa réputation, son emploi, le soutien de sa famille, importante en Afrique du Sud. Les employés de l'hôtel dans lequel elle devait séjourner voulait même mener une grève afin de la refuser, tandis que ce même hôtel ne se disait plus en mesure d'assurer sa sécurité. Une péripétie qui par son ampleur a détruit sa vie, vie qu'elle a eu bien du mal à reconstruire. Quant à la mort, on pourrait se référer à cette actrice X qui a mis fin à ses jours suite à un harcèlement intensif sur Twitter après des accusations d'homophobie.

Xetrox

Merci d'avoir lu ce nouveau numéro public du Wattpad Mag, rendez-vous tout de suite dans le numéro privé.

Pour rappel, pour lire ce numéro privé (et tous les autres) il vous faut simplement vous abonner au compte WPAcademy, le nôtre quoi...

A tout de suite :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top