Chapitre 9

Point de vue de Louis

Je ne sais pas pourquoi j'ai fui. Enfin si, je le sais :  j'ai paniqué. Oui, j'ai paniqué parce que je me suis senti trop bien, trop "chez moi", trop proche d'Harry, dans une vie qui n'était pas la mienne. Lorsque je me suis réveillé en sentant la petite main de Eden me caresser la joue, j'ai souri et je n'ai pas pu m'empêcher de jouer avec elle et de la câliner. J'ai eu l'impression d'être dans une bulle : une bulle de douceur et d'amour qui me faisait me sentir drôlement bien. Nous étions tous les deux au calme : on riait, on jouait, on se câliner et ouais, je me suis senti vraiment apaisé. Puis je me suis finalement levé en emportant avec moi cette petite chose adorable qui était accrochée à mon cou. Mes yeux se sont alors posés sur lui et là, ça a été la révélation : j'étais chez Harry et non chez moi. J'avais passé la nuit chez Harry, dans son lit, avec lui et sa fille. Et si cela ne m'avait aucunement dérangé la veille, lorsque je suis revenu à la réalité, ça m'a gêné. Harry et moi n'étions pas assez proches à mon goût pour partager un tel moment. Et peut-être que pour lui c'était sans arrière-pensée, mais ça m'a dérangé parce que non, dans ce lit avec lui, je n'étais pas à ma place. Harry et moi sommes amis et nous devons rester à nos places, c'est à dire dans nos lits respectifs. Si j'étais réellement honnête avec moi-même, je dirais aussi que je me suis senti un peu trop bien près d'Harry, que j'ai eu cette sensation de faire partie de leur famille et que je n'avais pas envie de partir, mais non tout ça ne pouvait pas arriver, non certainement pas. Harry a sa vie, sa fille, son boulot, son petit train train et moi j'ai la mienne, mon boulot, mes amis et ma grand-mère ainsi que Lottie, bien qu'elle ne m'adresse toujours pas la parole. Je ne peux pas m'incruster dans une vie qui n'est pas la mienne, je ne veux pas d'une vie avec amour et bébé. Tout ça ce n'est pas moi, il faut que je revienne a la réalité et que j'arrête de rêver. Harry et moi sommes amis, point final. Il ne se passera jamais rien entre nous et je n'en ai de toute manière pas envie. C'était seulement un moment d'égarement. Je n'ai pas le droit à tout ça de toute façon, cette vie là n'est pas faite pour moi parce que je serais incapable d'avoir de telles responsabilités. Je serais incapable d'aimer quelqu'un comme Harry aime sa fille. Je suis nul en amour, et l'amour me le rend bien.

Je viens de rentrer chez moi, j'ai un peu honte d'avoir fui comme un lâche mais je ne pouvais pas rester, je me sentais vraiment trop mal à l'aise. Harry, lui, semblait très à l'aise, il a même pris soin de me faire des pancakes et du thé pour mon petit déjeuner et je dois avouer que l'attention m'a beaucoup touché. C'est pour ça que j'en ai tout de même pris un pour la route et merde! Harry est vraiment doué, je n'ai jamais mangé de pancakes aussi bons de ma vie. Ils sont presque aussi délicieux que ceux de Mamie. Il a été déçu que je ne reste pas, je l'ai vu dans son regard mais il m'a tout de même souri pour me faire comprendre que ce n'était pas grave. Je crois qu'il n'a pas cru à mon excuse de "j'ai quelque chose à faire" mais il a eu la gentillesse de ne rien dire et de faire semblant de me croire. Harry est très compréhensif, j'ai pu le remarquer à plusieurs reprises et il m'en a donné la preuve encore aujourd'hui. Il avait l'air d'aller beaucoup mieux qu'hier en tout cas, plus serein et plus calme. Je n'ai pas aimé le voir dans un tel état hier, il semblait perdu, paniqué et il avait vraiment peur pour sa fille. Le pauvre était si désemparé, il ne comprenait pas pourquoi la fièvre ne baissait pas et il était terrifié. Il a finalement craqué lorsqu'il a vu que sa fille était hors de danger et je le comprends. J'avais réellement peur aussi, mais je suis resté calme, Harry paniquait bien assez pour nous deux. Il m'a vraiment fait mal au coeur lorsque j'ai entendu sa voix au téléphone, il pleurait et je voyais bien qu'il ne savait pas quoi faire. C'est pour cela que je n'ai pas hésité une seule seconde à quitter mon travail en avance. Une fois que j'ai raccroché avec Harry, j'ai de suite foncé dans le bureau de John pour lui expliquer la situation et il m'a laissé partir sur-le-champ. Heureusement que j'ai un patron compréhensif. Réflexion faite : qu'il soit d'accord ou pas, je serais quand même parti parce qu'il était hors de question que je laisse Harry dans un tel état, et puis Eden avait besoin de moi et je me suis beaucoup trop attaché à elle. Je suis affalé sur mon canapé, perdu dans mes pensées, lorsque Zayn vient se poser à mes côtés. Il me regarde pendant de longues minutes. Je sens son regard, je sais qu'il m'analyse comme il a l'habitude de le faire et ça m'énerve parce que je sais que quand il est comme ça, ça signifie qu'il ne lâchera pas le morceau jusqu'à ce que j'aie finalement sorti tout ce que j'ai sur le coeur.

- Tu vas te décider à parler ou je dois employer la manière forte, Tommo? demande-t-il en haussant un sourcil

- J'ai rien à dire, fous-moi la paix, je bougonne

- Oh si tu en as des choses à dire. Alors tu vas parler et vite, sinon tu sais très bien que je vais pas te lâcher. Plus vite c'est fait, plus vite t'es tranquille, mon pote.

Je ne peux m'empêcher de souffler en levant les yeux au ciel. Putain! Qu'est-ce qu'il peut être chiant, quand il s'y met! Qu'il me foute la paix merde, je ne veux pas parler et je ne  parlerai pas.

- C'est comme tu veux, alors c'est moi qui vais parler. Où étais-tu hier soir? Où as-tu dormi? Et qu'as-tu fait? J'attends!

Je le fusille des yeux, mais il soutient mon regard avec un air de défi. Nous nous observons en silence, attendant de voir lequel de nous deux va craquer en premier. Les secondes passent, et Zayn ne baisse toujours pas les yeux. Un petit sourire provocateur flotte sur son visage. Je comprends que je ne m'en sortirai pas tant que je n'aurai pas répondu. Il est capable de me harceler pendant des heures, jusqu'à ce qu'il obtienne la réponse qu'il attend. Je hausse les épaules en poussant un soupir agacé. C'est bon, il a gagné!

- J'étais chez Harry, je finis par marmonner

- Bon, on y est. Ça ne me surprend bizarrement pas. Et pourquoi étais-tu chez lui?

- Il m'a appelé en catastrophe vers 23h en pleurant, pour que je l'amène aux urgences parce que sa fille était brûlante de fièvre

- Merde! Elle va bien?

Je hoche la tête.

- Oui, elle va bien, Dieu merci. Elle sera sur pied d'ici quelques jours.

- Bon alors ça va. Tu as donc dormi chez lui je suppose?

- Ouais. Après les urgences, je suis resté chez lui, on a parlé et je ne voulais pas le laisser seul cette nuit, au cas où Eden soit encore malade! Tu l'aurais vu, il était terrorisé hier soir. Bref il était 2h du matin donc on est parti se coucher.

- Et tu as dormi où, exactement? interroge Zayn.

- Dans son lit... je murmure d'une petite voix

Zayn ne répond pas, alors je relève la tête et je le vois m'observer avec sa tête qui signifie "j'ai compris ce qui va pas". Je souffle : Merde! Ce gars me connait mieux que moi même. Faut qu'il arrête de lire en moi comme ça, c'est pénible.

- Laisse moi deviner. Ce matin, tu as paniqué et tu as fui, c'est ça?

- Hmm, je grogne. Je me suis réveillé seul avec Eden et quand je me suis levé et que j'ai vu Harry je suis revenu à la réalité.

Il lève les yeux au ciel en soupirant.

- La réalité qui te dit que tu n'as pas le droit au bonheur, pas le droit d'être heureux et que tu dois éviter tout ce qui te rend heureux de près ou de loin, je sais. Mais il faudrait que tu ouvres les yeux un jour, mon pote, et que tu voies enfin que cette réalité n'existe pas et que tu as le droit d'être heureux toi aussi.

- Zayn...

- Non, me coupe-t-il. Je sais très bien ce que tu vas me dire, je connais très bien ton discours d'accord? Mais maintenant c'est moi qui parle alors écoute-moi bien. J'ai beau ne pas connaître toute ton enfance, je sais que tu as beaucoup souffert. Tes parents étaient de gros connards qui ne pensaient qu'à eux et à leur petit confort, ça je l'ai très bien saisi. Mais Louis, tu ne peux pas gâcher ton bonheur pour eux, il faut que tu passes au-dessus de tout ça même si c'est difficile. Tu ne dois plus te préoccuper de ce qu'ils pourraient penser de toi. Ça fait quoi, plus de dix ans, que tu ne les as pas vus? Il est temps pour toi de tourner la page Lou! Tu souffres trop à cause d'eux, alors que tu n'as plus aucun contact avec eux et qu'ils ne se soucient pas de toi. Ils sont une sombre partie de ton passé et tu ne pourras jamais l'oublier, ça je le sais, et c'est normal. Mais il faut que tu passes au-dessus. Tu es fort, bien plus que tu ne le crois, et tu n'es pas tout seul. Tu as une grand-mère adorable qui t'aime de manière inconditionnelle, tu as une soeur qui t'aime aussi malgré tout, et tu le sais. Tu as des amis qui sont là, et Harry en fait partie. Tu ne dois pas avoir peur du bonheur, tu dois faire ce qui te rend heureux à présent. Et si passer du temps avec Eden et Harry te rend heureux, alors fonce, s'il te plait! Fonce et ne te pose pas de questions.

Je suis en train de pleurer comme un bébé, Zayn a su toucher mon point faible, le truc qui fait mal. Putain, moi qui voulais absolument éviter le sujet, il est tombé en plein dedans. Je sais très bien au fond de moi qu'il a raison, que je dois passer au-dessus de tout ça, que je dois les rayer de ma vie une bonne fois pour toutes...Mais je n'y arrive pas. Ils m'ont fait beaucoup trop de mal, ils m'ont détruit. Pendant longtemps, après ça, j'ai juste eu envie de disparaître, de me laisser couler, et grand-mère a mis un temps fou à m'aider à remonter la pente. Depuis, j'ai cette barrière qui me bloque constamment pour avancer. La petite voix dans ma tête qui me dit de ne pas y aller parce que je risque de souffrir une nouvelle fois. Et je ne veux plus, je serais incapable d'endurer cela à nouveau. Alors je l'écoute, cette petite voix, parce que c'est ma barrière de sécurité. Celle qui évite les dangers et qui me permet de ne souffrir qu'un minimum. Certains diront sans doute que c'est la solution de facilité, de se protéger des autres, de ne pas prendre le risque de les aimer. Peut-être. Mais c'est la seule que j'ai trouvée pour ne plus avoir mal.

- La question est : As-tu envie de passer du temps avec Harry? poursuit Zayn. Réponds sincèrement.

Je soupire profondément. Si tout était aussi simple...S'il suffisait de suivre ses envies sans se poser de questions...

- Oui...Oui j'en ai envie

- Alors fonce!

- Mais...

- Louis, fais un pas vers lui, même si pour l'instant il sagit que d'amitié. Je ne te demande pas d'aller le voir et de lui rouler la plus grosse pelle de ta vie, non loin de là! Mais passe du temps avec lui, comme avant la soirée d'hier. Ne laisse pas tes idées noires gâcher ce qui pourrait être une belle amitié s'il te plait.

Je le regarde sans rien dire, pendant plusieurs secondes. Je suis un peu perdu. Mes peurs. Mes envies. Ce que je redoute. Ce qui m'attire. Que dois-je faire?

- Ne laisse pas ce qui s'est passé avec tes parents te couper définitivement des autres, Louis. Si tu fais cela, cela voudra dire que tu les laisses gagner, que tu les laisses continuer de diriger ta vie, même s'ils n'en font plus partie.

Ses mots réveillent une douleur au fond de ma poitrine. Ils appuient sur quelque chose, une vieille blessure mal refermée. Je crois que ce sont les paroles que j'attendais. Celles que j'avais besoin d'entendre. Je prends une grand inspiration et je hoche lentement la tête.

- Tu as sûrement raison, dis-je, vaincu par son dernier argument.

Zayn me sourit et me serre contre lui en me murmurant de foncer et de ne pas avoir peur. Ne pas laisser la peur me freiner. Ok : je vais essayer. Il faut que j'arrête de me poser tant de questions, il faut que je mette au placard tous ces souvenirs désagréables qui sont ancrés en moi. Il est temps que je vive pour moi et non pour eux. Ils ne sont plus rien pour moi alors je ne dois pas gâcher ma vie comme ils ont gâché mon adolescence et la jeunesse de Lottie. Je dois prendre ma vie en main, j'ai longtemps joué au con mais il faut que j'arrête ça. Je dois enfin être le vrai Louis et renoncer au rôle que je me suis trop longtemps donné. Il est temps à présent d'assumer qui je suis réellement et ça commence par assumer ma bisexualité parce que ce n'est certainement pas en couchant avec tout ce qui bouge que je vais assumer. Oh ça non! Je le sais très bien. Je suis bisexuel et j'emmerde mon connard de père homophobe.

J'ai passé la journée avec Zayn, il ne m'a pas lâché de l'après-midi. Je crois qu'il ne voulait simplement pas que je sois seul aujourd'hui et je vous avoue que je me suis senti soulagé lorsqu'il m'a demandé ce que je voulais faire de notre journée entre mecs. Zayn est un pote en or, il peut paraître froid à première vue mais il est tout le contraire en réalité. Il sera toujours là pour ses amis et il me l'a prouvé à de nombreuses reprises. Je ne sais pas comment il se débrouille mais il lit en moi avec une tele facilité alors que je suis un garçon plutôt renfermé et difficile à cerner. Nous avons donc passé la journée à jouer aux jeux vidéos et en fin d'après-midi je suis allé courir. Cette fois j'ai évité le parc et j'ai pris un autre chemin pour être sûr de ne pas croiser Harry. Je n'avais pas le courage de l'affronter en sachant que je l'ai fui comme un lâche ce matin. Puis, en fin de soirée, après avoir mangé des pizzas tous les deux, j'ai remarqué que Zayn semblait ailleurs. J'ai senti qu'il avait envie de sortir mais qu'il se retenait parce qu'il ne voulait pas me laisser seul. J'ai bien vu sur son visage que quelque chose l'embêtait et j'ai compris : quelqu'un se cachait derrière tout ça. Alors, je l'ai forcé à sortir et il est parti une demi-heure plus tard. J'ai presque dû le mettre dehors de force! Zayn est comme moi, il est Bi mais la seule différence est qu'il s'assume totalement comme il est. Je ne sais pas si sa conquête du moment est une fille ou un garçon mais en tous cas, il sort beaucoup ces temps-ci. J'ai passé ma fin de soirée devant une série jusqu'à ce que j'aille me coucher vers 2h du matin.

Je n'ai pratiquement pas fermé l'œil de la nuit. Mon cerveau ne m'a pas laissé tranquille une seule seconde. Tout ce que m'a dit Zayn m'a trotté dans la tête. Plus j'y pense et plus je me dis qu'il a raison. Je dois arrêter de faire ma vie en fonction d'eux alors qu'ils ne font même plus partie de mon entourage. Bien sûr, je ne peux pas oublier tout ce que j'ai vécu, bien sûr je ne pourrai jamais oublier toutes les phrases horribles que j'ai pu entendre venant de la bouche de mon père. Oh non, je ne pourrai jamais oublier tout ce qu'il a dit! C'est ancré en moi, dans ma tête, et même si je sais aujourd'hui qu'il avait tord, ça n'en reste pas moins blessant. Mon géniteur - parce que je ne peux clairement pas appelé ça un père - est un homophobe pur et dur. Si vous saviez tout ce que j'ai entendu venant de sa bouche alors que je suis moi même bisexuel. Rien que d'y penser j'en ai froid dans le dos. Je peux encore entendre sa voix dure et froide dire toutes ces choses immondes :  «Les PD ne devraient même pas exister» , « ils sont une honte pour notre monde» , «ils iront brûler en enfer» , «qu'ils fassent ce qu'ils veulent de leurs culs mais ils devraient au moins se cacher au lieu de s'embrasser devant nous» , «heureusement que toi mon fils, tu aimes les femmes, je ne pourrais pas accepter que tu sois comme ces merdes» , «Les seins y'a que ça de vrai mon garçon». À l'époque il ne savait pas que son fils aimait aussi les garçons et tout ça tournait en boucle dans ma tête. A l'adolescence, c'est déjà difficile de s'assumer comme on est, alors lorsque l'on entend ce genre de chose à longueur de journée venant d'une personne que l'on aime, c'est encore pire. Les larmes me montent aux yeux au souvenir de tout ce que j'ai dû endurer.  

Ne me sentant pas en forme aujourd'hui, j'ai appelé John pour lui dire que je ne viendrai pas travailler. II m'a simplement répondu : «Repose-toi mon garçon» et ça m'a fait sourire. John est aux petits soins pour ses employés et avec moi particulièrement. Je ne sais pas pourquoi il est comme ça avec moi mais j'apprécie. C'est quelqu'un de génial, il est toujours à l'écoute et il fait en sorte que tout aille bien pour nous. Je suis vraiment content de l'avoir rencontré. Il est 10h lorsque je décide de me rendre chez ma grand-mère. Un peu de réconfort me fera du bien et je sais que lorsque quelque chose ne va pas, sa présence m'apaise. J'arrive chez elle un petit quart d'heure plus tard, elle semble surprise de me voir mais je peux également voir qu'elle est contente. Mamie est toute seule, avec Eden qui court presque dans ma direction lorsqu'elle me voit en babillant tout un tat de trucs. Je la prends dans mes bras pour l'entraîner dans un câlin, et elle en profite pour attraper ma mèche qui semble la déranger. Cette petite est une dose de bonheur. Elle a un don pour apaiser tout le monde, c'est fou. Elle semble aller un peu mieux d'ailleurs, je suis content. Je me pose tranquillement sur le canapé, Eden toujours accrochée à mon cou, et Mamie vient s'installer à mes côtés avec du thé et des gâteaux. A son regard curieux, je sais qu'elle va me poser des questions, mais ça ne me dérange pas. Je suis prêt à lui répondre.

- Tu ne travailles pas aujourd'hui mon chéri? me demande-t-elle de sa voix douce

- J'ai pris ma journée, je ne me sentais pas très bien

- Tu es malade?

- Non Mamie, je suis seulement fatigué. J'ai passé une très mauvaise nuit, dis-je en lui prenant la main.

- Qu'est-ce qui te tracasse?  Dis-moi...

- J'ai eu une conversation avec Zayn qui m'a un peu chamboulé.

Elle m'observe, longuement, avant de murmurer :

- Tu as parlé de tes parents, c'est ça?

- En partie, oui.

Mamie serre tendrement ma main.

- Ça t'affecte toujours n'est-ce pas? Tu ne parles jamais, alors parfois je me dis que tu as réussi à passer au-dessus de tout ça, mais j'ai tort hein? Tout ça est encore bien en toi. Raconte-moi tout, mon coeur Pourquoi as-tu pensé à eux subitement?

- Je sais pas si tu es au courant, mais j'ai amené Harry à l'hôpital il y a deux jours

Elle hoche simplement la tête pour me dire qu'elle est au courant. Évidement Harry lui a dit. Je ne lui en veux pas : c'est normal qu'il la tienne au courant de l'état de santé de sa fille. Mamie considère Eden comme sa petite-fille.

- Bien. Donc, le soir même, je suis resté dormir chez Harry, je ne voulais pas le laisser seul dans l'état où il était. Il était réellement paniqué Mamie, tu l'aurais vu...mon Dieu! Il m'a fait beaucoup de peine. Alors, je suis resté et il m'a proposé de dormir dans son lit.

Je lis la surprise dans le regard de ma grand-mère, et je m'empresse d'ajouter.

- En toute amitié, bien sûr! Nous avons passé la nuit tous les trois dans le même lit, et sur le coup cela ne m'a pas posé de problème. Mais le matin c'était autre chose. Je ne me suis pas senti à ma place et j'étais très mal a l'aise alors j'ai en quelques sorte pris la fuite.

Mamie soupire tristement.

- Et donc tu as fui parce que tu penses que tu n'as pas le droit d'être heureux, et que tout ce que ton père a pu dire au sujet des homosexuels reste en toi, n'est-ce pas? Cela te travaille, même si Harry et toi êtes seulement amis. Je me trompe...?

Je secoue la tête pour lui montrer que non, elle ne se trompe pas. Elle me prend dans ses bras en voyant que je suis au bord des larmes et je finis par craquer une fois contre elle. Je savais qu'elle parviendrait elle-aussi lire en moi et que ça allait être douloureux, mais j'en avais besoin. J'avais besoin de ce réconfort que ma mamie m'apporte lorsque je vais mal. Eden, qui est toujours assise sur mes genoux, se blottit contre mon torse  pour un câlin. Je sens sa petite main essuyer une de mes larmes et cela me fait sourire, malgré mon chagrin. Décidément cette petite est un miracle de la nature, elle peut illuminer la vie de quelqu'un en quelques secondes à peine. Je comprends pourquoi Harry a l'air toujours si calme, maintenant.

- Tu sais trésor, reprend ma grand-mère. Tout ce qu'a pu dire ton père sur les homosexuels, c'est de la connerie. Ton père a beau être le mari de ma fille c'est avant tout un parfait crétin. Je n'hésite pas à le dire, et j'ai vraiment honte de son comportement. De nos jours être homo, bi ou autre, c'est devenu "normal" et ça aurait toujours dû l'être. L'amour, c'est l'amour, et il est temps que tu t'acceptes comme tu es. Tu aimes les femmes et les hommes et alors? Où est le mal, dis-moi? Ça prouve que tu tombes amoureux d'une personne et de son coeur et ça c'est normal. Tu es normal et je t'interdis de penser le contraire, tu m'entends? Ne pense jamais de telles choses à ton propos, jamais!

Je lui souris à travers mes larmes. Ma grand-mère est une personne merveilleuse. J'ai tellement de chance de l'avoir à mes côtés...

- Et pour ce qui est de ton amitié avec Harry, reprend-t-elle, laisse la avancer à votre rythme. Parle-lui, faites des trucs ensemble, des sorties, tout ce dont vous aurez envie... Et tu verras par toi-même que tu te sentiras bien, et que c'est important de faire les choses dont on a envie, et pas ce qu'on croit que les gens veulent que l'on fasse. Fonce, et sois ami avec Harry. C'est une bonne personne, tout comme toi, et je suis sûre qu'il peut beaucoup t'apporter. 

Je serre ma grand-mère une nouvelle fois contre moi pour la remercier. Elle sait trouver les mots qu'il faut et même si Zayn m'avait déjà beaucoup aidé, le fait que ma mamie me dise tout ça me fait du bien. Elle m'accepte comme je suis et il est temps que je le fasse moi aussi. Elle a raison après tout, l'amour c'est l'amour et il n'y a aucune honte à avoir. Je suis le premier à soutenir la communauté LGBT, à manifester dans les rues et à aller à la Gaypride chaque année. Alors, il faut que je m'accepte comme je suis réellement et que j'oublie toutes ces absurdités qu'a pu dire mon paternel à ce sujet.

Je décide de passer la journée avec mamie et Eden, je n'ai pas envie de rester seul à l'appart. J'ai besoin de bruit autour de moi, et être chez mamie avec bébé Eden me fait du bien. L'atmosphère est calme et apaisante, il n'y a aucune mauvaise onde, c'est tout ce dont j'ai besoin pour l'instant. Il est à présent midi, Mamie est en train de faire déjeuner la puce qui mange avec appétit, elle a l'air d'adorer ça. Quant à moi, je nous prépare un bon petit repas. Grand-mère est contente que je lui prépare à manger mais bon j'espère quand même que ça sera mangeable. Une fois notre repas terminé - il n'a finalement pas été si horrible que je le pensais - nous nous installons sur le canapé pour que Eden soit calme avant de faire sa sieste. Mamie met un dessin animé à la télé et Eden vient immédiatement se caler contre moi. Ma grand-mère me regarde en souriant.

- Cette petite semble beaucoup t'aimer, me fait-elle remarquer.

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, et je chuchote :

- Je crois que je commence à beaucoup l'aimer également, tu sais..

Une demi heure plus tard, en voyant que Eden commence à s'endormir contre moi, je décide d'aller la coucher et mamie acquiesce. Je me lève et emporte la princesse avec moi. Je me dirige vers la chambre de ma grand-mère où Eden a l'habitude de faire la sieste. Je la change seul - je m'impressionne encore d'être aussi à l'aise avec ça, à présent! - puis je l'allonge sur le lit en prenant soin de mettre les coussins pour ne pas qu'elle tombe. Je décide de m'allonger cinq minutes avec elle. Elle me sourit en me voyant faire et vient se blottir contre moi en mettant sa tétine à la bouche et son doudou contre ses yeux. Bébé est fatiguée. Je lui caresse tendrement le dos pour l'endormir, tout en lui chantant une berceuse. Puis sans que je m'en aperçoive la fatigue m'emporte lentement, et je m'endors à mon tour, Eden calée contre mon torse.


Hello vous.

Alors comment avez vous trouvé ce chapitre? Aimez-vous être dans la tête de louis ? Parce que moi j'adore !
Vous découvrez un peu plus Zayn et son amitié pour louis et aussi l'amour que forte Florence à son petit fils. Louis n'a pas eu un passé très joyeux comme vous le voyez et c'est à présent dur pour lui de s'accepter tel qu'il est. Il a besoin de travailler sur ça. Eden et Lou sont adorables n'est-ce pas?

Joyeux noël à vous. 🎉🎄🎅🏻

All the love🌈💚💙

#WEYfic

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top