Chapitre 6
Point de vue de Louis
Je viens d'arriver au bar où je travaille, il est 15h, l'heure pour moi d'embaucher. Je me dirige vers les vestiaires pour poser mes affaires et enfiler ce charmant tablier rouge. Notez l'ironie. Je déteste ce truc, j'ai l'air d'un idiot. Si mes parents me voyaient en ce moment même, cela confirmerait ce qu'ils pensent de moi. J'entends de là les remarques de mon connard de père : «Regarde ça chérie, notre bon à rien de fils n'a pas été capable de trouver mieux que ce bar miteux pour faire la boniche», «Tu dois regretter maintenant de ne pas avoir écouté ton père» , «Tu avais un avenir si prometteur dans ma boîte et tu as tout gâché, regarde où tu es maintenant imbécile», «J'ai de la peine pour toi mon garçon»...Je serre les dents en terminant de nouer mon tablier. Qu'ils aillent se faire voir! J'ai mis du temps à prendre de la distance avec tout ça, mais à présent, je me fiche pas mal de ce qu'ils peuvent penser. Personnellement, j'aime ce bar. L'équipe est géniale, le patron est cool et les clients sont des perles. J'ai l'impression de me sentir à la maison. Enfin, pas réellement "à la maison", parce que chez moi, l'ambiance n'a jamais été aussi sympa. Loin de là, même! Mais je me sens bien, ici. Pour rien au monde je ne changerais de boulot, peut être que j'avais un avenir prometteur dans la société de mon père mais tout cela ne m'intéressait pas et il était absolument hors de question que je fasse quelque chose de chiant et ennuyant pour lui faire plaisir. Rien que le mot "père" m'écorche la bouche. Il ne l'est plus depuis bien longtemps à mes yeux. Lorsque j'étais enfant, nous étions très proches, je le suivais partout, il m'amenait avec lui au bureau, il m'apprenait tout un tat de choses et j'étais heureux. Mais au fur et à mesure que j'ai grandi, il a changé. Il devenait désagréable, méchant, aigri. Il me hurlait dessus sans arrêt pour que je travaille. «C'est pas comme ça que tu reprendras ma société plus tard, mon garçon. Fini les sorties, fini les pauses, fini internet. Maintenant tu bosses» Je passais mes soirées dans ma chambre à bosser, encore et encore. Je travaillais tellement que je finissais par m'endormir la tête sur mon bureau, et s'il s'en apercevait, il me hurlait dessus tellement fort qu'il ameutait tout le quartier. Ma mère, dans tout ça, ne bronchait pas un mot, elle ne s'occupait pas de moi, trop occupée à prendre soin de Lottie et à l'élever telle une parfaite mère de famille. Cela me rendait fou, non seulement moi j'étais enfermé dans ma chambre tel un prisonnier pour bosser mes cours jusqu'à épuisement mais Charlotte, de son côté, se tapait toutes les corvées ménagère et les repas chaque jour pour soi disant "apprendre à être une parfaite épouse". Elle avait à peine dix ans, merde!
Je suis sorti de mes sombres pensées par Anna, ma collègue, qui me dit que la table du fond attend sa commande. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place mais c'est difficile. Difficile de passer au-dessus de tout ça, c'est ancré en moi et quoi que je fasse ça me revient sans cesse en pleine gueule. Je souffle et prends sur moi. «C'est du passé, C'est fini» : voilà ce que je me répète mentalement tout en récupérant le plateau posé sur le comptoir. Je me dirige finalement vers la table du fond, toujours légèrement perturbé par ce souvenir désagréable, et d'un coup j'aperçois cette touffe bouclée. Merde c'est Harry. Mon regard dévie sur la poussette à ses côtés : Harry et sa fille. Putain. Pas maintenant! J'ai apprécié que Eden s'endorme contre moi le 25, c'était agréable et je dois le reconnaître : elle est plutôt mignonne cette gamine. Mais aujourd'hui ce n'est pas un bon jour et je n'ai pas envie d'être désagréable envers eux s'il dit un truc qui ne me plait pas. Bon, je n'ai pas le choix de toute manière. Il faut bien que je fasse mon boulot. Je prends une grande inspiration pour me donner du courage et je l'appelle. Il relève la tête, l'air totalement ailleurs, et son regard se fige lorsqu'il tombe sur le mien. Surprise. Je fais comme si tout était normal et je lui sers son chocolat chaud. Le supplément chantilly me fait faiblement sourire. Harry est resté un enfant malgré le fait qu'il soit papa. C'est plutôt mignon. Il sort finalement de sa stupeur et me demande si je travail ici. Ben, ça paraît évident, non? Il en a d'autres, des questions idiotes dans ce genre-là? Je lui réponds avec une bonne dose de sarcasme, et sans le voir venir, je l'entends bougonner : «Toujours aussi con, ma parole» Quoi? Est-ce qu'il vient réellement de m'insulter? Comme ça, sans raison? Non mais il est pas bien ce type? Incapable de faire quoi que ce soit, je reste là, devant lui, comme un idiot. Je ne bouge pas, je le regarde seulement, les yeux écarquillés. Mais qu'est-ce qu'il lui prend enfin? C'était une simple blague. Merde! Voyant que je ne bouge toujours pas, il attaque une nouvelle fois et m'envoie chier. Pour qui il se prend putain? J'ai envie de lui faire avaler son sourire en coin et de lui retirer cet air hautain. Ça ne lui va pas du tout. Merde! C'est pas lui ça. Ce n'est pas le Harry que je connais. Quoi qu'en y réfléchissant bien, justement, je ne le connais pas. J'ai juste passé quelques heures avec lui le soir de Noël. Si ça se trouve, je me trompe complètement, et il est vraiment comme ça. Sortant de ma torpeur, je le dévisage à nouveau. Il me défie toujours du regard, avec cet air renfrogné et provocateur à la fois. Mais quel abruti! Je sens que s'il continue à me fixer comme ça, je vais finir par lui mettre mon poing dans la figure au beau milieu du café. Non, je ne dois pas faire ça! Il est hors de question que je provoque un scandale et que je me fasse renvoyer parce qu'Harry Styles est un mec complètement lunatique, capable de parler gentiment avec les gens un jour, et de les insulter sans raison le lendemain. Je serre les poings pour ne pas exploser. Je finis par tout laisser en plan, et par me barrer. J'ai pris sur moi là, et il peut me remercier d'ailleurs, parce que je me suis retenu. J'essaie de me détendre, je continue mon service en souriant comme si tout allait bien. Puis vient le moment où il se lève. J'ai plusieurs fois croisé son regard. A la lueur dans ses yeux et à sa manière de se mordiller la lèvre, je me demande s'il n'est pas en train de regretter son comportement. Il a cet air coupable des gamins qui ont fait une bêtise. Il semble presque triste...enfin je crois. Je n'en sais rien, en fait. Mais de toute façon, c'est trop tard. Le mal est fait. Tant pis pour lui. "Réfléchir avant de parler", il ne connaît pas? Oui bon d'accord, je ne suis peut-être pas le mieux placé pour dire ce genre de choses, sachant que j'ai été le pire des cons la première fois que je l'ai vu. Mais moi, j'avais des raisons d'être énervé. Sa gamine m'avait quand même vomi dessus. Alors que lui, c'était gratuit, son agressivité. Je ne lui avais rien fait! Bref, passons. Soudain, je le vois se diriger droit sur moi. Ce que je prenais pour un air coupable a complètement disparu, et il a de nouveau les sourcils froncés, comme quand il s'est mis à m'insulter. Je crois bien que je me suis fait des idées. Il ne regrette rien du tout. Qu'est-ce qu'il veut encore? En rajouter une couche? Non, merci. J'en ai eu assez pour la journée! Moi qui commençais presque à le trouver sympa, je me suis bien trompé. Dégoûté, je secoue la tête et me tire. Putain j'y crois pas! J'ai une forte envie de lui en foutre une. Je suis énervé. J'ai besoin de me défouler alors sans même écouter ma collègue qui m'appelle au loin, je descends directement au sous-sol ou se trouve un sac de frappe. Mon patron l'a installé ici parce qu'il sait que j'ai besoin de me défouler. J'arrive devant, je ne prends même pas le temps de mettre les protections. On s'en fout. Je frappe, je frappe encore et encore. De plus en plus fort, avec de plus en plus de hargne. Je grogne, je crie, je frappe. Ça fait mal mais je m'en fous. J'en ai besoin. Sa gueule d'ange apparaît dans mon esprit alors je grogne et frappe plus fort. Qu'il sorte de ma tête putain! Sans le voir venir, je suis tiré en arrière d'un seul coup. Je sais directement de qui il s'agit : John, mon patron. John est un gros baraqué qui fait au moins 2m et qui a des muscles en béton. Il a tout d'une grosse brute mais c'est un chamallow. Tout le monde ici l'appelle Nours. C'est quelqu'un de bien, et sans doute l'une des personnes qui me connaît le mieux. L'un des rares membres de mon entourage que je laisse s'approcher de moi. Il me serre fort contre son torse alors que j'essaie de me débattre. Les minutes passent et c'est peine perdue, je sais que je n'y arriverai jamais. Alors je cesse de gesticuler et je me calme en respirant fortement.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive petit? demande-t-il de sa grosse voix impressionnante
- Rien chef, tout va bien.
- C'est pour ça que tu étais en train de frapper dans ce sac comme un malade et sans protection en plus, gronde-t-il en attrapant mes poignets. Regarde ça ...
Je baisse les yeux sur ses mains et vois finalement les dégâts. Je grimace. D'accord ce n'est pas très beau à voir. J'ai du sang partout. John m'a arrêté à temps, avant que je ne me blesse plus sérieusement. Je souffle et lui marmonne des excuses.
- C'est pour toi que je dis ça petit, répond-il. Je ne pense pas que ta grand-mère serait ravie de voir l'état de tes poings. Tu connais la règle. «Ne jamais ..»
- Ne jamais frapper sans être protégé, je le coupe en soufflant légèrement
- Tu vois quand tu veux, dit-il en me tapant doucement sur le front. Y'en a là-dedans. Alors, que se passe-t-il ?
- Rien...
- Ça a un rapport avec le bouclé de tout à l'heure? Je vous ai vu discuter et tu avais l'air fou de rage en partant.
Au souvenir de ce qui s'est passé, je ne peux pas m'empêcher de crier.
- Il m'a insulté!
- Voilà. On y arrive. Pourquoi t'a-t-il insulté?
- Mais j'en sais rien! C'est bien ça,le problème!
John me regarde avec un regard qui dit «je ne te crois pas une seule seconde». Je souffle et boude un peu pour la forme, légèrement vexé qu'il ne me croie pas. Puis, je lui raconte finalement toute l'histoire. De notre première rencontre à maintenant, en oubliant aucun détail. Je lui avoue que j'ai été un vrai connard au début avec Harry, que je l'ai insulté et jugé alors que je ne le connaissais pas. Je lui raconte notre repas de Noël et le fait que je me sois senti finalement bien avec sa fille dans les bras. Et finalement je lui parle de ce qu'il s'est passé tout à l'heure, en passant de son comportement bizarre à son agressivité soudaine. John fronce les sourcils et semble réfléchir à tout ça.
- Tu dis qu'il avait l'air plutôt ailleurs et surpris de te voir?
- Ouais. Et qu'est-ce que ça change?
- N'as tu pas pensé qu'il était peut être contrarié par quelque chose? Si ça se trouve, il n'était pas dans un bon jour et les mots ont dépassé sa pensée?
- Ce n'est pas une excuse pour se comporter comme un connard!
- Louis, souffle-t-il en levant les yeux au ciel. Combien de fois t'es-tu comporté comme le plus gros des cons avec tout le monde, rappelle-moi ?
Je baisse la tête. Il a raison. Je le sais. Moi aussi, lorsque je vais mal, il m'arrive d'envoyer balader les gens. Si quelqu'un devrait être capable de comprendre qu'on dit n'importe quoi quand on est triste ou en colère, c'est bien moi. J'aurais sûrement dû écouter Harry, quand il s'est approché de moi. Il venait peut-être pour s'excuser, et m'expliquer les raisons de son comportement? Maintenant que je suis calmé, je réalise que j'ai réagi de manière excessive. Je regarde mes poings en sang et je me sens bête. C'était ridicule de se mettre dans un tel état pour deux-trois mots de travers. Mais je ne sais pas pourquoi, quand il s'agit de lui, j'ai du mal à garder mon calme...C'est absurde, surtout que c'est quelqu'un que je ne connais pas, et qui ne compte pas pour moi. Je regarde John et je grogne.
- Ouais bon ça va ... Tu as raison.
Il me sourit.
- Bien. Penses-y d'accord? Ne laisse pas un simple mot dit sous le coup de la colère gâcher quelque chose.
Je fronce les sourcils, surpris. Qu'est-ce qu'il raconte?
- Gâcher quoi? On n'est rien l'un pour l'autre.
- Peut-être que vous pourriez devenir amis? D'après ce que tu m'as raconté sur le repas de Noël, ça a l'air d'être un chouette type et vous vous êtes plutôt bien entendus quand tu as arrêté de te comporter comme un homme des cavernes.
Amis? Avec Harry? Ca a plutôt l'air mal parti... Il faudrait déjà qu'on puisse s'adresser la parole de façon civilisée...Et puis, je ne suis pas certain d'avoir besoin d'un nouvel ami dans ma vie.
- Ouais. On verra ça, dis-je sceptique en haussant les épaules.
Après notre discussion, John m'a forcé à soigner mes poings et nous sommes retournés travailler. Le reste de la journée se passe sans encombre, je ne sais pas si c'est ma discussion avec John qui m'a détendu ou si c'est le fait de ne plus avoir peur de croiser le regard d'Harry, mais je me sens bien. Je suis calme, je rigole avec les clients et prends même le temps de discuter avec les habitués. Je finis même la soirée à boire un verre avec Anna et à rire à propos d'un client qui est tombé du trottoir en sortant du bar. Franchement c'était hilarant, il n'avait même pas bu, c'est ça le pire. Il est descendu et d'un coup...plus personne. Ses amis ne se sont absolument pas gênés pour se moquer de lui, j'ai même vu quelques passants rire doucement en marchant. Quant à moi, j'étais allongé à moitié sur le bar, je pleurais tellement je riais, et ça m'a fait du bien. Cela fait un moment que je n'avais pas autant ri et aujourd'hui j'en avais particulièrement besoin.
Deux semaines sont passées depuis ma dispute avec Harry au bar. Je ne l'ai pas croisé depuis. Anna m'a dit qu'il était revenu à plusieurs reprises mais jamais aux heures où je travaille et je crois que cela m'arrange bien. Je ne suis pas prêt à le revoir tout de suite, parce que je me doute qu'en voyant sa tête triste et en entendant ses excuses, je vais céder et lui pardonner. Et je ne sais pas si j'en ai réellement envie. Je préfère me laisser du temps. De toute manière, il n'est pas quelqu'un d'important dans ma vie, nous n'avons aucune attache alors rien ne m'oblige à être gentil et à lui pardonner ses erreurs. Mais d'un autre côté, je me dis que John a peut-être raison. C'était sympa de discuter avec lui, à Noël. Peut être que nous pourrions devenir amis? Je ne sais pas. Je ne sais plus trop où j'en suis, alors j'évite d'y penser et c'est bien mieux comme ça, autant pour moi que pour lui. De toute façon, il faut être lucide. Je ne lui apporterai rien de bien dans sa vie....
Je suis à l'appartement, aujourd'hui c'est mon jour de repos et même si j'adore ce boulot je dois dire que j'apprécie d'avoir ce jour rien qu'à moi. Il est 11h et je viens à peine d'ouvrir les yeux. Je n'entends aucun bruit dans la maison, signe qu'il n'y a personne. Zayn doit sûrement dormir ou traîner dans son atelier. Z est mon coloc et également mon meilleur ami depuis deux ans maintenant. On s'est rencontrés au bar où je bosse actuellement, mais à l'époque je n'y travaillais pas encore. J'y suis allé un jour pour présenter ma candidature pour le poste de serveur et c'est Zayn que j'ai vu en premier en entrant dans ce bar. Je lui ai demandé où je pouvais trouver le patron des lieux et il m'a bougonné un truc du genre «Dernière porte à droite dans le couloir, bonne chance mec». Puis il m'a tourné le dos pour reprendre son travail. Je me suis tout de suite dit que bosser avec lui allait être plaisant, parce qu'il n'était pas du genre à faire la conversation et à l'époque cela me convenait parfaitement. J'ai donc passé l'entretien et j'ai été pris, je l'appréhendais beaucoup mais John a su me mettre directement à l'aise et m'a dit oui. Il cherchait quelqu'un rapidement et il n'a pas cherché plus loin. Zayn a travaillé un an avec moi pour finalement tout lâcher pour créer son atelier d'arts, un rêve de gosse qu'il a réussi à réaliser. Aujourd'hui, je suis très fier de lui. On est vite devenus amis et puis un jour, il s'est séparé de sa petite amie et s'est donc retrouvé à la rue. Alors je l'ai hébergé. Au bout de deux mois, nous avons décidé de faire une colocation. Cela allait nous revenir bien moins cher pour les frais et le loyer, et puis on s'entendait très bien. Il n'est donc jamais parti et j'en suis plutôt content. Nous nous entendons très bien et j'aime l'idée de vivre avec quelqu'un. Zayn est un super coloc et un super ami, je peux compter sur lui à chaque fois que j'en ai besoin et inversement. Il est comme un frère pour moi.
En fin d'après midi, je me décide finalement à sortir pour prendre un peu l'air. Je m'habille donc chaudement et sors en direction du parc, j'ai envie de courir un peu. Je préfère courir le matin mais aujourd'hui j'en ai profité pour dormir alors je me motive pour y aller maintenant. J'arrive bien vite au parc, je mets mes écouteurs, lance la musique de mon portable en aléatoire et commence à courir lentement au début, histoire de m'échauffer tranquillement sans forcer pour ne risquer aucune blessure. Je trottine un moment puis commence à accélérer le rythme tranquillement jusqu'à ce qu'un bébé emmitouflé dans une combi rose surgisse devant moi. Je m'arrête net, j'éteins ma musique et je me baisse pour être à sa hauteur. Et là je la reconnais directement, ses grands yeux verts ne trompent personne : c'est Eden, la fille d'Harry. Merde, moi qui croyais avoir un peu plus de temps avant de le croiser à nouveau, on dirait que le destin en a décidé autrement. Je suis tiré de mes pensées en entendant une petite voix fluette : «Lou» Je reste choqué quelques instants... Est-ce qu'elle vient vraiment de m'appeler? Non C'est impossible, j'ai rêvé, mon esprit me joue des tours, elle ne peut pas parler, elle est beaucoup trop petite! Et puis comment connaîtrait-elle mon prénom? Je ris doucement en pensant que je ne suis qu'un idiot mais je l'entends m'appeler une seconde fois : «Lou». Merde alors je ne rêve pas. Les yeux écarquillés, je souris et je lui réponds : «Bonjour, Eden.» Et là, elle éclate d'un rire joyeux en se jettant dans mes bras. Mon dieu, cette gamine est totalement adorable! D'habitude, je n'aime pas spécialement les gosses, mais là, c'est différent....Elle a ce petit truc en plus. Je ne sais pas quoi exactement, mais c'est pratiquement impossible de lui résister. Je crois qu'elle serait capable de faire fondre mon coeur de glace petit à petit. Je me relève, la prends dans mes bras et lève finalement les yeux pour découvrir Harry à quelques mètres de moi. Il semble légèrement mal à l'aise, je crois qu'il ne sait pas s'il doit avancer vers moi où rester où il est. Alors je prends la décision à sa place et j'avance jusqu'à être en face de lui. Je le regarde sans broncher pour voir s'il va finalement trouver le courage de me parler mais il reste là, figé devant moi, la bouche entrouverte. Il a l'air prêt à parler, mais il semble que quelque chose le bloque. Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant dans cet état, et je prends la parole pour lui venir en aide.
- Est-ce que ta fille vient de parler, ou j'ai rêvé?
Un sourire illumine son visage.
- Elle commence à dire quelques mots en effet, me répond-t-il.
Il paraît tellement fier d'elle!
- Elle a dit «Lou» je ... Comment connaît-elle mon prénom?
- Elle l'a déjà dit il y a quelques jours, chez ta grand-mère, elle a vu une photo de toi et s'est mise à dire «Lou» en riant. Je crois que c'est facile à dire pour elle.
Wow je suis plutôt surpris. Le fait qu'elle m'ait reconnu sur une photo et qu'elle ait directement dit mon prénom me touche particulièrement. C'est inattendu, je ne l'ai pas vue depuis un petit bout de temps mais elle ne m'a visiblement pas oublié. Voyant que je suis toujours sous le choc Harry reprend la parole
- Je sais, c'est surprenant. J'ai été à peu près dans le même état que toi lorsqu'elle m'a appelé "papa" pour la première fois. Elle a dit «pa» plusieurs fois jusqu'à ce que le mot "papa" sorte de sa bouche.
Il sourit à nouveau, et des fossettes se dessinent au creux de ses joues. J'avais oublié combien son sourire le rendait beau. Enfin, je veux dire... Il est plutôt pas mal, quand il cesse d'insulter les gens.
- Ah ouais, tu n'en revenais pas?
- Non, et je t'avoue que j'ai même fondu en larmes, ajoute-t-il en riant.
Je pouffe en levant les yeux au ciel. Pourquoi ne suis-je pas étonné? Après tout, c'est tout à fait le style de Harry de pleurer d'émotion lorsque sa fille fait un nouveau truc. Bon d'accord, j'en suis tout autant retourné, je l'avoue, mais quand même... Je souris doucement en posant ma main sur la joue de la petite, toujours dans mes bras, et je sens le regard d'Harry sur moi, il m'observe en souriant. Ouais je sais, c'est surprenant de me voir tendre avec quelqu'un mais Eden me rend faible, ce n'est pas de ma faute. Cette gamine a un don pour apaiser les gens.
- Tu sais, me dit-il en me sortant de mes pensées, je voulais te dire, je... Je suis vraiment désolé pour l'autre fois au bar, c'était un très mauvais jour pour moi et le fait que tu te moques de moi m'a deux fois plus énervé. Alors que je sais bien que ce n'était pas méchant. Enfin, sur le coup ba... j'ai agi comme le plus gros des cons.
- Harry...
- Non, laisse-moi finir s'il te plaît, je suis sincèrement désolé. Ce n'est pas moi d'agir de cette façon et je m'en suis vraiment voulu, surtout lorsque j'ai vu que je t'avais blessé. J'aurai pas dû t'insulter de cette manière. Ce jour là j'étais contrarié à cause d'un truc et bref je me suis comporté comme le plus gros des cons alors je te présente sincèrement mes excuses. Et...
Il s'arrête pour reprendre son souffle, et poursuit, mal à l'aise :
- Et tu n'es pas un con.
En entendant ces mots, j'ai l'impression qu'on m'ôte un poid qui pesait sur mes épaules depuis notre dispute au bar.
- Harry, on oublie d'accord? J'ai pas non plus été très cool avec toi lorsque l'on s'est rencontrés au début. J'ai même été pire que toi, je t'ai critiqué et jugé alors que je ne te connaissais pas. Alors oui j'ai été vexé et surtout énervé mais j'ai eu le temps de réfléchir à tout ça et...Je comprends. Parfois on se laisse emporter et on regrette juste après. Je sais que j'ai l'air un gros con égoïste à première vue mais je suis capable de comprendre les gens.
- Tu n'es pas un gros con égoïste Louis, proteste-t-il.
- Ose me dire que tu n'as pas pensé que j'étais qu'un con au début? dis-je en riant
Il rougit directement en baissant la tête et je comprends que j'ai visé juste, alors je ris et il se joint à moi quelques minutes plus tard. C'est bien la première fois qu'on rit ensemble pour un truc et c'est plutôt bizarre mais j'apprécie ce moment. Harry m'a présenté des excuses sincères et j'ai bien vu dans son regard qu'il était mal et qu'il tenait vraiment à s'excuser parce qu'il ne voulait pas me blesser. J'ai donc écouté les conseils de John. Harry mérite une seconde chance. Après tout, il m'en a bien donné une.
Je croise son regard et je lui souris.
- Qu'est-ce que tu en penses, Harry? On pourrait faire en sorte de ne pas s'entretuer et essayer de devenir amis, non?
Il me rend mon sourire, et je lis dans ses yeux qu'il est aussi heureux que moi que nous ayons pu nous parler pour ne pas rester bloqués sur cette dispute absurde.
- Ça me semble être une bonne idée.
- Alors, c'est d'accord? Amis?
- Amis, dit-il en prenant la main que je lui tends.
Je finis par dire au revoir à Harry et Eden qui me fait un gros câlin, puis je reprends ma course pour évacuer et penser à tout ce qui vient de se passer. Je souris. Finalement je suis content d'avoir croisé Harry et heureux que cette histoire soit derrière nous. Laissons le passé derrière et avançons. Harry et moi ne serons peut être pas les meilleurs amis du monde mais on peut toujours essayer de trouver un terrain d'entente. Il n'est pas si idiot que ça après tout, il semble être une bonne personne alors je vais faire des efforts et être un peu plus aimable avec lui. J'ai envie d'apprendre à le connaître.
Hello
Alors comment trouvez vous ce chapitre? Point de vue de Louis à nouveau. Vous apprenez doucement à le connaître et à connaître son entourage et des bouts de son passé. Que pensez-vous de son comportement? Comment trouvez-vous John? Il est cool hein? Et enfin alors cette réconciliation Larry ? Enfin amis! A voir dans le futur s'ils vont réussir à le rester haha.
All the love. 🌈💚💙
#WEYfic
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