Chapitre 25
Point de vue de Louis
Après avoir passé le début d'après-midi avec ma grand-mère, je décide qu'il est temps d'aller retrouver l'homme qui fait battre mon coeur. Je serre fort ma Mamie contre moi et elle en profite pour me murmurer à l'oreille «Sois fort mon chéri, tout se passera bien.» Je resserre notre étreinte tout en plongeant ma tête dans son cou. Nous restons de longues minutes ainsi et cela me fait sentir bien. Je me sépare d'elle et quitte l'appartement tout en lui disant au revoir. Je prends l'ascenseur et descends un étage pour rejoindre Harry. J'ouvre la porte et entre sans faire de bruit, je me faufile discrètement jusqu'au salon où je trouve mon Hazza, le nez plongé dans l'écran de son macbook. Il doit sûrement profiter de la sieste d'Eden pour écrire. J'avance doucement jusqu'à être derrière lui puis voyant qu'il ne m'a toujours pas remarqué, j'approche ma tête de son oreille et hurle :
- Oi Oiiiiiii !
Harry sursaute et pousse un cri aigu. Je ricane et tente de retenir mon fou rire en plaquant mes deux mains sur ma bouche. Il se retourne d'un seul coup vers moi et me foudroie du regard, la main posée sur son coeur. Ne tenant plus, j'explose d'un grand rire en jetant ma tête en arrière. Très vite les larmes ne tardent pas à couler sur mes joues. Sa tête était hilarante, je crois que je ne vais jamais me remettre de ça. Harry me regarde toujours, les sourcils froncés pour me faire croire qu'il est énervé mais le petit air amusé qu'il a sur le visage le trahit. Je me laisse tomber sur le sol et continue de rire tout en me tenant le ventre. Hazza secoue la tête et me regarde, un sourire au coin des lèvres. Il soupire d'un air désespéré avant de me tendre la main pour m'aider à me relever. Je prends sa main et j'atterris d'un seul coup contre son torse. Il me regarde dans les yeux pendant de longues minutes avant de poser tendrement ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux au contact de ce doux baiser puis entoure son cou de mes bras pour approfondir cet échange rempli de douceur. Il se sépare de moi au bout de quelques secondes puis pose son front contre le mien.
- Mon petit idiot, murmure-t-il en souriant.
Je me remets à rire, au souvenir de sa frayeur.
- C'était beaucoup trop tentant. On ne t'a jamais dit de fermer ta porte à clé? N'importe qui peut entrer.
- Tu as raison, j'y penserai, avant qu'un crétin de ton genre ne s'amuse encore à me faire peur, dit-il en me faisant un clin d'oeil.
- Tu aurais dû voir ta tête, c'était hilarant, je réponds en ricanant.
Il secoue la tête en levant et les yeux ciel puis reprend :
- Lou, tu es un vrai enfant.
Je lui tire la langue et souffle en souriant :
- C'est sûrement pour ça que je m'entends si bien avec ta fille...
Pour seule réponse, il m'embrasse chastement puis lie sa main à la mienne pour m'entraîner sur le canapé avec lui. Je me colle immédiatement contre lui et il entoure mes épaules de son bras avant de m'embrasser le front avec toute la douceur du monde.
Harry et moi discutons tout en regardant la télé. Eden ne va pas tarder à se réveiller de sa sieste alors je décide que je parlerai à Harry ce soir, lorsqu'elle sera couchée. Elle n'a pas besoin d'assister à cette conversation, encore moins de me voir mal en point, parce que oui, je sais très bien que je vais être bouleversé lorsque je vais lui parler de mon passé. Je sais aussi que je vais certainement craquer alors non, Eden n'a pas besoin d'assister à ça. Je suis tiré de mes pensées lorsque je sens la douce main de Harry me caresser la joue. Je relève la tête vers lui et je le vois me regarder en fronçant les sourcils.
- Quelque chose ne va pas Lou? me demande-t-il, intrigué.
- Tout va bien Hazza, pourquoi?
- Je sens bien que quelque chose te tracasse, dit-il en me caressant les cheveux. Tu peux tout me dire, tu sais?
Je reste silencieux quelques instants, stupéfait qu'il parvienne à lire en moi avec autant de facilité.
- Je sais. Je...je peux rester ce soir? J'aimerais te parler d'un truc mais je préfère attendre que Eden dorme.
- Bien sûr que tu peux rester Lou, tu es toujours le bienvenu, tu le sais.
Il me regarde, troublé, avant de demander d'un air hésitant :
- C'est quelque chose de grave? Je dois m'inquiéter?
- Non, non, dis-je en lui attrapant la main pour le rassurer. Non je t'assure, rien qui nous concerne. Je voudrais juste te raconter deux trois trucs sur mon passé mais c'est un sujet un peu sensible pour moi, alors je préfère attendre que l'on soit tous les deux pour t'en parler calmement.
- D'accord, je comprends, je...hmm on parlera calmement ce soir lorsque bébé sera couché.
Je me blottis tout contre lui, et souffle contre son épaule.
- Merci.
- Ne me remercie pas, tu sais que je suis là pour toi Lou, et si tu as besoin de te confier à moi et bien, je ferai de mon mieux pour t'écouter et t'aider! C'est ce que font les petits amis non?
Est-ce qu'il vient de dire que j'étais son petit-ami? Je le dévisage, les yeux écarquillés, et il finit par me sortir de mes pensées en posant sa main sur ma joue.
- Lou? Est-ce que ça va? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas? demande-t-il visiblement inquiet à nouveau.
- Est-ce que tu viens d'insinuer que je suis ton petit ami?
- Et bien...Oui, dit-il incertain. Je sais que tout ça est un peu trop tôt pour nous considérer comme petits-amis et même si cela m'effraie un peu, et bien je t'avoue que je n'embrasse pas quelqu'un si je n'ai pas un minimum de sentiments alors...Oui, Oui je pense qu'on peut dire que tu es mon petit-ami.
Mon coeur se met à battre comme un fou.
- Je, euh..wouah et bien...Je t'avoue que je ne m'y attendais pas vraiment, même si au fond de moi j'en mourais d'envie, je hmmm je ne pensais pas que tu serais prêt à me considérer ainsi. C'est un grand pas en avant.
- Je sais, dit-il. Ça me paraît un peu rapide, je te l'avoue et je ne te cache pas que je suis mort de peur mais Lou, je t'apprécie vraiment et j'ai envie d'aller plus loin avec toi même si cela fait seulement quelques semaines que nous nous fréquentons vraiment et que nous n'avons eu qu'un seul vrai rendez-vous tous les deux.
- Même si nous n'avons pas encore eu l'occasion d'être seuls à nouveau, tant que je passe du temps avec toi, tout me va Hazza. Tu sais que j'aime énormément ta fille et qu'elle ne me gêne absolument pas.
- Merci de si bien l'accepter et merci de prendre autant soin d'elle. Ça compte pour moi...Tu comptes pour moi.
Ses yeux brillent, et je suis sûr que leur éclat reflète celui qui illumine mon regard en cet instant précis. Je murmure, très ému :
- Tu comptes aussi pour moi. Énormément.
Je ne lui laisse pas le temps de parler et l'embrasse pour lui prouver à quel point il fait battre mon coeur. Il pose délicatement ses mains sur ma nuque et approfondit le baiser. Nous sommes coupés quelques secondes plus tard par la douce voix de Eden qui retentit dans le babyphone. Harry se détache à contre-coeur de moi et se lève pour aller chercher sa fille. Je le regarde partir, et je souris en pensant au fait qu'il me considère enfin comme son petit-ami. Je suis son petit-ami et il est le mien...
Le reste de l'après-midi s'est très bien passé, nous sommes sortis nous balader au parc avec Eden puis nous nous sommes arrêtés pour manger un glace pour le goûter. La puce s'est régalée avec sa glace au chocolat, son t-shirt aussi a apprécié puisqu'il était rempli de jolies taches marron. Quant à Harry, il était bizarrement moins ravi. Une fois de retour à la maison, mon petit-ami - Je ne me lasserai jamais de répéter ce mot! - a fait prendre son bain à Eden tandis que je me suis chargé de commander des Pizzas. Nous avons tranquillement mangé devant un dessin animé pour faire plaisir à la puce, qui semblait ravie de regarder Némo pour la première fois. Elle a été fascinée par l'univers marin et elle a adoré Dory. Elle a regardé le dessin animé tout en balbutiant un tas de trucs que Harry et moi avons eu du mal à comprendre mais une chose est sûre : elle a adoré ce Disney.
Il est 20h30 lorsque Harry décide de mettre sa fille au lit, je lui fais un énorme bisou et un gros câlin avant qu'elle ne parte rejoindre le pays des rêves. Mon petit-ami - Oui, vraiment, je pourrais le dire à longueur de journée! Je crois que je suis en train de devenir totalement niais...- part endormir sa fille, pendant que je prends soin de débarrasser la table et de faire la petite vaisselle qui traîne dans l'évier. Le stresse monte bien vite en moi lorsque je vois Harry revenir. Ça y est : c'est le moment, le moment où je vais devoir me dévoiler entièrement, le moment où je vais devoir me mettre à nu. Même si j'ai confiance en lui, et si je crois en la sincérité de ses sentiments, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur que son regard sur moi change, lorsqu'il saura la vérité. Harry me rejoint dans la cuisine et ne tarde pas à entourer ma taille de ses grands bras chauds. Je me recule jusqu'à être parfaitement collé contre lui puis soupire de soulagement. Lorsqu'il me prend dans ses bras, mon stress s'apaise immédiatement et je me sens soulagé d'un poids et bon sang...ça fait du bien. Il m'embrasse tendrement et me murmure «Ne stresse pas Lou, je suis là et tu n'es pas obligé de tout me raconter maintenant». Je souris et me retourne pour poser délicatement mes lèvres sur les siennes. Prenant mon courage à deux mains, j'attrappe délicatement sa main et l'entraîne avec moi pour nous installer confortablement sur le canapé. Une fois assis, Harry m'attire directement contre son torse et je me laisse faire, soulagé qu'il me serre contre lui parce que j'ai l'impression que tout sera plus facile si je reste blotti contre son torse. Je me sens comme dans un cocon lorsqu'il m'entoure de ses bras et cela me fait sentir chez moi. Je réalise qu'il est en train de devenir mon refuge, mon abri, ma maison. Je souffle un bon coup pour me donner du courage, et prends la parole.
- Je sais que je ne t'ai jamais parlé de mes parents et que tu dois te poser des questions, dis-je tout bas. Si je ne t'en ai jamais parlé, c'est parce que cela fait des années que je n'ai plus aucun contact avec eux.
- Ils sont... demande Harry, mal à l'aise.
- Non, non ils vont bien, enfin... je crois. Hmmm en fait, si je ne leur parle plus c'est parce qu'ils m'ont rejeté. Ils...hmm ils n'ont simplement pas accepté le fait que je puisse aimer les filles mais aussi les garçons. Mon père est le plus gros homophobe du monde.
- Oh, souffle Harry en grimaçant. Je suis désolé Lou.
- Ce n'est rien, ne t'excuse pas Hazza, dis-je en lui attrapant la main. Aujourd'hui je vais bien mais c'est vrai que ça n'a pas toujours été le cas. Mon père était chef d'entreprise dans une grande société, il a toujours été le type de personne à se plonger dans le travail jusqu'à en oublier sa propre vie de famille. Quand j'étais petit, je passais énormément de temps avec lui, on avait une relation assez fusionnelle, il était un peu comme un modèle pour moi. Puis j'ai grandi et mon père a commencé à être plus dur et plus sévère, pour lui la seule chose qui comptait c'était mes études. Je devais bosser à l'école, mais en rentrant le soir aussi. Les sorties entre amis et tout le reste c'était inenvisageable pour moi, je devais bosser et encore bosser. La vie était insupportable mais je ne disais rien, n'ayant pas le courage de me rebeller. Je bossais encore et encore jusqu'à épuisement. J'étais parfois tellement fatigué que je m'endormais sur mon bureau le soir et si jamais mon père me voyait, je peux te dire que je passais un sale quart d'heure.
La respiration d'Harry se coupe un instant, il est visiblement choqué par mes propos. Il resserre son emprise sur ma main et murmure :
- Et ta mère?
Un rire sans joie secoue ma poitrine.
- Ma mère? Oh tu sais, elle ne se préoccupait pas de moi, elle laissait mon père faire les choses et approuvait ses choix. De toute façon, elle s'occupait de ma petite soeur qui avait à peine dix ans à l'époque, elle voulait faire d'elle une "épouse parfaite" alors elle lui faisait faire le ménage, le repas et toutes les tâches de la maisons en lui hurlant dessus si Lottie faisait une bêtise. J'ai à plusieurs reprise hurlé sur mes parents en leur demandant de la laisser tranquille mais j'ai toujours parlé dans le vent et c'était horriblement dur pour moi de voir ma petite soeur épuisée et parfois endormie dans le placard de mon armoire pour que mes parents ne la voient pas. Je me sentais tellement impuissant, c'était horrible, dis-je d'une voix tremblante.
J'entends Harry renifler et je relève immédiatement la tête. Il pleure... Le plus délicatement possible, j'essuie ses larmes et embrasse ses lèvres.
- Ne pleure pas, je t'en prie, nous allons bien d'accord?
Je me mordille la lèvre, et je sais que mes yeux doivent briller des larmes que je retiens moi-même.
Harry et moi ne disons plus rien pendant de longues minutes, le temps de nous remettre de nos émotions. Hazza me caresse tendrement les cheveux alors que je serre sa main dans les miennes. Je souffle un peu puis reprends mon histoire :
- Lorsque j'ai eu 15 ans , j'ai commencé à me poser des questions sur mon orientation sexuelle, je savais que j'étais attiré par les filles mais une partie de moi ne pouvait pas s'empêcher de reluquer les garçons dans les vestiaires. Je me suis alors posé énormément de questions, j'ai fait des recherches sur internet, j'ai même regardé quelques porno gay pour voir si l'idée de coucher avec un homme m'attirait ou non et je me suis apperçu que j'avais vraiment une attirance pour les garçons, dis-je tout bas. Ça a été difficile pour moi de m'accepter tel que j'étais. Tu sais, quand tu entends ton père à longueur de journée te dire qu'aimer un garçon n'est pas normal et quand tu l'entends abreuver les homosexuels de toutes les insultes possibles, bah tu commences à te détester toi-même. Je me suis détesté et à cette époque je pensais que j'étais un horrible monstre. Mais heureusement, ma grand-mère était là. Je me souviens l'avoir appelé un soir en larmes pour lui avouer mon attirance pour les garçons. Elle a su me calmer et m'apaiser et elle n'arrêtait pas de me dire que j'étais normal, que je devais m'accepter comme j'étais parce que l'amour c'est merveilleux et qu'il n'y a rien de mal a aimer quelqu'un, peu importe la personne. J'ai commencé à m'assumer un peu plus après ça, même si j'ai toujours eu du mal jusqu'à il y a pas très longtemps...
- Ta grand-mère est formidable, murmure Harry en m'embrassant le front.
- Oui, elle l'est. Si je m'en suis sorti, je peux t'assurer que c'est grâce à elle. Elle m'a toujours soutenu et m'a donné la force de me battre contre mon père et de m'accepter tel que j'étais. Elle m'a poussé à dire non à mon paternel et à faire entendre ma voix. J'avais confiance en elle parce que j'ai toujours su que si les choses tournaient mal, elle serait là, près de moi et j'ai toujours su qu'elle serait prête à se battre pour que ma soeur et moi soyons heureux.
Je m'arrête quelques instants en essayant de calmer ma respiration qui s'accélère alors que je m'apprête à raconter un des plus durs moment de ma vie. Quelques minutes plus tard, je reprends en serrant la main de Harry dans la mienne.
- Un jour, j'ai décidé que tout cela avait trop duré, et qu'il était temps de me battre pour m'en sortir...
Flashback
Nous sommes tous les quatre à table en train de manger notre dessert. L'ambiance est pesante, comme d'habitude. Lottie grignote, les yeux rougis par ses pleurs, la tête plongée dans son assiette, n'osant pas relever le regard de peur de croiser celui de ma mère. Mon père me parle de sa société, il me raconte comment s'est passée sa journée. Il me parle encore et encore de toutes les choses dont je vais devoir me charger lorsque je prendrai le relai. Sauf que je n'ai aucune envie de le prendre, ce satané relai! Ses rêves ne sont pas les miens, même s'il fait semblant de le croire. Seigneur, venez-moi en aide. Je vais craquer, je le sens. S'il continue de me parler de cette foutue entreprise de malheur, je vais exploser. Ma mère le coupe dans son monologue quelques minutes pour lui demander s'il souhaite prendre un café et mon père répond positivement. D'un signe de tête, ma mère envoie Lottie dans la cuisine pour qu'elle prépare le café de notre paternel et mon père reprend son discours. Sa voix résonne dans ma tête «Tu vois mon fils, c'est comme ça que les choses marchent», «Il va falloir que tu sois un patron dur et sans appel», «tu vas devoir te faire respecter et avoir de l'autorité, il est hors de question que mon équipe soit gérée par une mauviette qui ne sait pas se faire respecter» C'en est trop...je vais craquer, je le sens. Je n'en peux plus...Il faut qu'il arrête de parler sinon je vais exploser et je sais que ça ne sera pas bon du tout pour moi.
- Louis, tu m'écoutes? demande soudain mon père d'une voix grave
Je cligne des yeux, perdu, et tourne le regard vers mon paternel qui me regarde avec ses yeux noirs. Merde! Ce regard n'est pas bon pour moi....
- Pardon papa, je réponds d'une voix douce. J'étais ailleurs
- Tu vois, c'est pour ça que je te dis qu'il va falloir que tu prennes du caractère mon garçon, reprend-t-il en me fusillant du regard. Tu vas en avoir besoin pour gérer mon entreprise.
Cette fois, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase! Ça ne peut plus durer, je dois lui dire. Je dois lui parler et avouer ce que j'ai sur le coeur. Il doit comprendre que ça c'est sa vie et pas la mienne, bon sang. Il doit comprendre que je ne veux pas reprendre cette foutue société dont il est si fier.
Je respire profondément pour me donner du courage, et je me lance, comme on saute du haut d'une falaise. Je tremble. Je sais que l'orage ne va pas tarder à éclater.
- Papa, dis-je aussi calmement que possible. Je ne reprendrai pas ton entreprise
Sans plus attendre, mon père éclate d'un grand rire bruyant en m'ébouriffant les cheveux. Il rigole pendant de longues minutes et ma mère le rejoint bien vite en secouant la tête, l'air de dire que je ne suis qu'un idiot. Mais voyant que je ne ris pas, mon père pose à nouveau son regard sombre sur moi avant de froncer les sourcils.
- Tu n'es pas sérieux Louis? gronde-t-il.
J'ai du mal à respirer. Mais maintenant que j'ai commencé, je me dois d'aller jusqu'au bout...
- Si papa, je suis sérieux. Ecoute je....je sais que tu tiens à cette entreprise plus que tout mais, ce n'est pas ce que j'ai envie de faire.
Il tape violemment du poing sur la table, et se met à hurler.
- ÇA SUFFIT! JE NE VEUX PLUS RIEN ENTENDRE!
Il est rouge de colère, et ses yeux lancent des éclairs furieux. Lottie! Elle ne doit pas assister à cela. Il faut que je la protège!
Sans plus attendre, je me lève et la porte pour l'amener dans sa chambre.
- RESTE ICI! ordonne mon père. Nous avons à parler!
- J'en ai pour deux secondes, papa! Je reviens.
Et sans prêter plus attention à ses protestations, je monte les escaliers, ma soeur dans les bras. La voix de mon père résonne depuis le rez-de-chaussée, et je frissonne à l'idée de ce qui m'attend... Quand nous arrivons dans la chambre de Lottie, je la pose sur son lit, je me baisse pour être à sa hauteur et je la regarde dans les yeux.
- Lottie, Bébé, sois gentille. Je vais avoir une discussion de grand avec papa et si ça crie très fort, mets-toi dans ton lit et chante notre chanson à tue-tête, d'accord? Tu peux faire ça pour moi?
Elle hoche la tête pour simple réponse et je reprends :
- Très bien. Je voudrais que tu fasses une autre chose, encore : Prépare un sac avec plein d'affaires pour toi, d'accord?
- Pourquoi, Lou?
Elle me regarde de ses grands yeux inquiets, et j'ai peur de lui avouer que mon père va peut-être me chasser de la maison...et de sa vie. Mais une chose est certaine : si je dois partir, je ne quitterai pas cette maison sans ma soeur.
- Si jamais papa et moi nous disputons très fort, j'appellerai mamie et on ira dormir chez elle...Juste...quelques jours, le temps que papa ne soit plus fâché. Tu veux?
- Oui, murmure-t-elle d'une petite voix.
J'embrasse tendrement son front, en soufflant :
- A tout à l'heure. Prépare tes affaires, bébé.
Je sors de la chambre en prenant soin de fermer la porte pour éviter que Charlotte ait trop peur. Je sais que lorsque je vais redescendre, ça va hurler dans tous les sens. Je sais que je vais en prendre pour mon grade et je sais que je risque de me prendre deux ou trois claques mais tant pis. Il est tant que j'assume mes choix et que je me fasse entendre une bonne fois pour toutes. Tant pis pour les dégâts. Je ne peux pas le laisser diriger mes choix pour le restant de ma vie. Je souffle et respire calmement, puis descends rejoindre mon père. Il attend, debout dans le salon, les bras croisés sur son torse et le regard fou. Ça va barder...Je cherche ma mère du regard, mais ne la vois pas. Elle a dû quitter la pièce, et s'enfermer dans la cuisine pour ne pas assister à ce qui va suivre. Mon coeur se serre. Elle n'a jamais su être là quand j'avais besoin d'elle, et ce soir ne fera pas exception à la règle.
- Tu t'es calmé? Tu as remis tes idées en place Louis? demande-t-il d'une voix imposante.
Il n'y aura pas de retour en arrière possible. Il doit entendre que les choses ne peuvent plus continuer comme elles se passent depuis des années. Je ne suis pas une marionnette qu'il peut manipuler à sa guise.
- Je n'ai pas besoin de me remettre les idées en place, papa. Je suis sérieux et je ne changerai pas d'avis. Je ne reprendrai pas ton entreprise, point final.
Mon père devient encore plus rouge de rage. Il fait les cents pas dans le salon en marmonnant tout un tas de choses incompréhensibles. Je le regarde faire pendant de longues minutes, avant de soupirer.
- Papa...
- NON TAIS-TOI, crie-t-il. TAIS-TOI, JE NE VEUX PAS T'ENTENDRE. JE VEUX QUE TU TE TAISES ET QUE TU ARRÊTES TON CINÉMA. Tu reprendras cette entreprise que tu le veuilles ou non Louis, c'est tout. Je ne te laisse pas le choix.
Révolté par le ton qu'il prend, je me mets à hurler à mon tour.
- JE SUIS ASSEZ GRAND POUR PRENDRE MES PROPRES DÉCISIONS! Je ne reviendrai pas sur ma décision, et que tu l'acceptes ou non, je m'en fiche papa. Tu ne peux pas décider pour moi...
- TANT QUE TU VIVRAS SOUS MON TOIT, TU FERAS CE QUE JE TE DIS LOUIS WILLIAM TOMLINSON, gronde mon père, rouge de colère.
Voyant que je n'aurai pas le dernier mot avec lui, je soupire et prends ma tête entre les mains. Je suis tellement fou de rage que mes mains tremblent. Il faut que je me calme, et que je m'impose. Peu importe ce qu'il dit, peu importe ce qu'il fait : je dois m'assumer. Et si je dois m'assumer, je dois le faire totalement, dans tous les aspects de ma vie. C'est le moment de lui dire la vérité sur moi...Je dois lui avouer ma bisexualité.
- Très bien autant tout déballer ce soir, dis-je tout bas. Papa, je....
J'hésite un instant. Je sais que les mots que je m'apprête à prononcer vont bouleverser à jamais l'univers de mes parents. Mais je ne peux pas continuer à nier cette partie si importante de moi. Cela m'étouffe. Je finirai par en mourir, si je ne parviens pas à être moi-même.
- Tu quoi? Quelle idiotie vas-tu encore me sortir?
- Je suis bisexuel.
Mon père se fige quelques instants puis tourne brusquement la tête vers moi. Ses yeux sont écarquillés d'horreur et ses poings sont serrés, signe qu'il est hors de lui. Là j'ai atteint le summum de son énervement. Le voyant s'approcher de moi, je recule d'un pas mais il est hélas plus rapide que moi et sans que je ne le vois venir, son poing atterrit contre ma joue. Il y a mis toutes ses forces et je me sens projeté quelques mètres plus loin. J'atterris sur le sol, ma tête cogne fortement contre le mur derrière moi, je suis complètement sonné. Je me relève tant bien que mal et me rattrape au mur pour ne pas m'effondrer. Je le regarde droit dans les yeux, pour le défier, et aussi lui prouver que je n'ai pas peur de lui.
- Ouais, j'aime aussi les garçons papa, et tout ce que tu pourras dire ne changera pas ce que je suis, dis-je d'une voix puissante. Tu peux me frapper, m'éclater la tête contre le mur et me battre à mort si ça te chante, mais moi je suis fier de ce que je suis...
- Fier? Comment pourrais-tu être fier d'être...D'être...Tu me dégoûtes!
- Oui, je suis fier de qui je suis et par dessus tout, je suis fier de ne pas être le même connard sans cœur que toi!
Mes mots sont durs, à la hauteur de ma déception. J'aurais tellement voulu qu'il soit capable de m'aimer comme un vrai père, de me soutenir dans mes choix, de comprendre ce que je suis et ce que je veux vraiment. Mais il n'a jamais été un père pour moi. Mon insulte le frappe en plein visage, comme son poing avec ma joue tout à l'heure. Sans plus attendre, il se jette sur moi pour me ruer de coups. Je reçois des coups dans le ventre, dans le dos, dans les jambes, dans la tête, j'essaie de me défendre mais il est assis sur moi et me tient les bras et les jambes pour que je n'aie aucun moyen de me défendre. Je suis en train de me faire frapper par mon père, je me fais tabasser à mort par l'homme que je considérais comme mon héros lorsque je n'étais qu'un gamin innocent. Ça fait mal, physiquement mais surtout mentalement. Je ne le pensais pas capable d'aller jusque-là. Des larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse les contrôler. Il est en train de me détruire, il est en train de me voler le peu d'estime que j'ai pour moi. A force de bouger dans tous les sens, je réussis à libérer une main et j'en profite pour lui donner un énorme coup de poing. Mon père ne s'y attendait pas et il relâche son emprise pour porter sa main à sa joue. J'en profite pour le faire basculer sur le côté et je me relève tant bien que mal, en me tenant les côtes qui sont anormalement douloureuses. Mon géniteur se relève, le regard noir et me crache au visage :
- Tu n'es qu'une honte de la nature Louis, tu ne mérites même pas de vivre. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, dégage de cette maison sale monstre.
Je hurle à travers mes larmes :
- LE SEUL MONSTRE ICI, C'EST TOI!
Je monte à l'étage en boitant. Les escaliers me semblent interminables, je n'arriverai jamais jusqu'au bout mais je dois le faire, je dois monter et appeler ma grand-mère pour que ma petite soeur et moi soyons en sécurité, loin de ce malade mental. J'arrive en haut quelques minutes plus tard non sans mal. Je me dirige directement dans ma chambre, je prends un sac de voyage et j'y mets le maximum d'affaires. J'appelle ensuite ma grand-mère qui décroche au bout de seulement quelques secondes. Je m'effondre en larmes lorsque j'entends sa voix et elle comprend immédiatement que quelque chose ne va pas. Elle ne me laisse pas parler, sachant très bien que je ne suis pas en état et me dit simplement qu'elle arrive. Je raccroche, récupère mon sac et mon téléphone que je glisse dedans puis je rejoins la chambre de ma soeur en essuyant mes larmes. Il faut que je sois fort, pour elle. Je la retrouve sous sa couette, elle sanglote silencieusement alors je pose mon sac sur le sol et m'allonge à ses côtés en la serrant fort contre moi. Nous restons de longues minutes dans les bras l'un de l'autre en attendant que notre grand-mère arrive. Une demi-heure plus tard, j'entends la sonnette, signe que Mamie est là. Je me détache doucement de Lottie et lui murmure qu'il est l'heure de partir. Je récupère nos deux sacs et attrappe la main de ma petite soeur. Encore quelques minutes et nous serons libres, nous pouvons le faire. Nous descendons sans faire de bruit et Lottie soupire de soulagement lorsqu'elle voit notre grand-mère à la porte. Ma mère est devant ma grand-mère, elle semble perdue et ne comprend pas pourquoi Mamie Flo est devant notre maison à une heure aussi tardive. Quand Mamie m'aperçoit, et qu'elle voit les bleus sur mon visage, elle pousse un cri horrifié.
- Louis! Qu'est-ce...Qui t'a fait cela?
Sans répondre, je désigne mon père d'un geste de la tête, et les yeux de mamie se chargent d'éclairs de colère et de tristesse. C'est alors que mon père se tourne vers nous. En voyant nos sacs, il comprend immédiatement qu'elle est ici pour nous, et il se met à hurler à nouveau.
- IL EST HORS DE QUESTION QUE TU T'EN AILLES ET QUE TU EMBARQUES CHARLOTTE DANS TES CONNERIES!
Il saisit violemment le bras de ma petite soeur, qui fond en larmes et me supplie du regard. Sans plus attendre, j'attrappe Lottie et la serre contre moi avant de prendre la parole.
- Lâche-la! C'est fini, on part vivre chez mamie. Plus jamais on ne vous laissera l'occasion de nous faire du mal. On ne sera plus jamais vos putains d'esclaves. On s'en va.
Il tente à nouveau de lever la main sur moi mais la voix sourde de ma grand-mère le stoppe aussitôt.
- Si tu oses lever la main sur lui à nouveau, je porte plainte pour maltraitance et je t'assure que tu vas prendre cher, dit-elle, énervée. Quant à toi Olivia, reprend-t-elle en regardant ma mère dans les yeux, Tu devrais avoir honte de ce que tu es. Tu n'es clairement pas une mère. Les enfants seront bien mieux avec moi. Ah! Et autant vous prévenir tout de suite, je vais demander la garde exclusive.
Lottie et moi rejoignons notre grand-mère sans plus attendre et nous partons en prenant soin de claquer la porte... Plus jamais je ne remettrai les pieds dans cette maison, je ne veux plus jamais les voir.
Fin du Flashback
Mes joues sont inondées de larmes. Parler de ce souvenir ravive les blessures. J'ai énormément souffert ce jour-là. Se faire battre par son propre père laisse des cicatrices. Des cicatrices qui ne guérissent jamais vraiment, un rien peut raviver la brûlure qu'elles ont causée. J'ai été battu par la personne que je considérais comme mon Héros, j'ai été frappé par mon père. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'a jamais eu le moindre remords, jamais. De gros sanglots sortent de ma bouche sans que je ne puisse les contrôler. J'essaie de rapprocher mes genoux de mon visage pour m'enfermer dans ma bulle mais avant que je n'aie le temps de le faire, je sens les bras d'Harry se resserrer contre mon torse. Il est là, il ne me lâche pas. Il se met à me bercer en me murmurant tout un tas de paroles rassurantes à l'oreille pour que je me calme. Je me blottis plus fort contre lui. J'ai besoin d'être contre son torse, j'ai besoin qu'il ne serre fort entre ses bras, j'ai besoin qu'il soit près de moi, j'ai besoin d'être aimé. Harry semble comprendre tout ça puisque sans que je ne le voies venir, il me porte et m'installe sur lui. Je resserre automatiquement mes bras autour de son cou et il en profite pour m'embrasser le visage en commençant par mon front, mon nez, mes joues. Il finit par poser doucement ses lèvres contre les miennes.
- Je suis là Lou. Je serai toujours là, je te le promets. Tu n'es pas seul, murmure-t-il d'une voix réconfortante
Je respire et tente de calmer ma respiration, encore saccadée par mes pleurs. Au bout de quelques minutes, mes larmes cessent doucement de couler et mes sanglots s'apaisent. Harry a réussi à me calmer.. Parler de tout ça m'a fait autant de mal que de bien, mais grâce à lui, je me sens libéré d'un poids. Mon petit-ami connaît mon histoire et je connais la sienne. Nous sommes prêts, nous pouvons avancer et créer notre histoire.
Hello les petits chats.🌙
Alors, vos impressions sur ce chapitre?
Tout d'abord, on a du Larry très très mignons comme toujours... Harry avoue enfin à Louis qu'il le considère comme son PETIT AMI.
Ensuite instant révélation : Vous savez désormais tout sur le sombre passé de mon Louis. Vous découvrez enfin comment était ses parents.
Et vous découvrez enfin la façon dont mamie Flo a sauvé ses petits enfants en les prenant chez elle. Et oui! D'ailleurs j'espère que vous avez aimé ce flashback qui a été vraiment très dur à écrire émotionnellement parlant.
Désolé d'avance si ce chapitre vous a fait mal au cœur mais il fallait que je vous raconte le sombre passé de Louis... mais ne vous en faite pas, il va bien maintenant et il n'est pas seul. Harry va bien prendre soin de lui, c'est promis!
Ps : Christine ma merveilleuse et talentueuse correctrice m'avait mise au défis de placer un «Oi Oiiiii» dans un chapitre.... MISSION RÉUSSI 💪🏻
All the love. 🌈💚💙
#WEYfic
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