Chapitre Un - Numéro 308

Le sol est dur et froid sous ma tête. Mon crâne me fait mal, et j'ai du mal à ouvrir les yeux.

Je n'ai aucune idée d'où je me trouve à cet instant précis. Je suis seule, perdue au beau milieu de nulle part, dans un endroit plongé dans l'obscurité la plus totale.

Mon estomac se sert et j'avale doucement ma salive alors que je tente lentement de me lever. Je tends un bras devant moi pour essayer de percevoir un relief, un indice quelconque qui pourrait m'indiquer le lieu où je me trouve. Mais rien. Rien qui ne puisse m'aider à me situer, rien qui ne puisse m'aider à calmer la panique sourde qui commence à monter.

Un cliquetis métallique résonne derrière moi, presque imperceptible. Je ne l'aurais sûrement pas entendu si l'endroit où je me trouve n'était pas si silencieux et angoissant.

Je me retourne vivement, aux aguets, le souffle court, la bouche pâteuse.

« Sujet 308; groupe dix-huit; essai un»

            La voix est froide et dénuée de sentiments. Une lumière vive apparait et je plisse les paupières pour protéger mes yeux. Ma vision met quelques secondes à s'adapter à la luminosité ambiante et je vois flou pendant encore quelques minutes avant de commencer à distinguer des formes autour de moi.

La pièce est de largeur moyenne, ce qui contraste fortement avec sa longueur qui semble infinie. J'ai l'impression d'être dans une antichambre. L'endroit où je me trouve est bizarrement fait. Le début de la salle est en béton, et je comprends mieux la bosse qui commence à grossir dans ma nuque ; puis la nature reprend son droit et l'herbe qui m'entoure et la nature environnante me font penser que je suis à l'extérieur.  Je ne sais plus trop quoi penser, je suis totalement perdue.

Alors que je commence à essayer de trouver une sortie, ma main se pose sur une paroi lisse, et d'autres lumières s'allument les unes à la suite des autres. Vingt au total. Toutes de même taille, de même forme, avec le même paysage. Je plisse les yeux et aperçois une forme recroquevillée sur elle-même.

Les cheveux sombre, la peau mate.

Elijah.

Je cogne sur la vitre mais il ne semble pas m'entendre. Je tourne sur moi-même pour essayer de comprendre ce qu'il se passe, mais je ne vois rien, aucun indice qui pourrait m'indiquer comment les évènements vont tourner. Alors que je me retourne pour observer Elijah, ce dernier me fait sursauter, le visage collé à la vitre. Ses yeux sont emprunts d'une terreur sans nom, et je vois à son visage crispé qu'il en est au même stade de l'incompréhension que moi. Le souffle qui s'échappe de sa bouche embue la vitre qui nous sépare, et nous nous tournons en même temps pour observer autour de nous.

Je ne reconnais presque personne, hormis Elijah, Dana et David. D'autres gens sont là, autour de nous, mais je n'arrive pas à les identifier. Certains semblent groggy, d'autres complètement paniqués, une fille blonde se jette sur les parois vitrées tandis qu'un autre garçon se tiens la tête dans les mains en se balançant d'avant en arrière, comme un fou.

Tous ont un seul point commun : un regard remplit de frayeur.

Je me retrouve entre Elijah et David, et je leur lance des regards pleins de questions, sans savoir ce qui nous attend vraiment.

J'ai le souffle court tandis que j'essaie vainement de comprendre ce qu'il se passe.

            Je n'arrive pas à me souvenir ; ma tête me fait trop mal et mes pensées sont embrouillées par toutes ces nouvelles informations qui fusent dans mon esprit.

Je me rappelle vaguement de tests, quelques visages flous, un long couloir blanc, un bureau, blanc lui aussi, mais rien d'assez concluant pour comprendre ce que je fais ici.

Une voix résonne à nouveau dans ce que je pense être un haut-parleur ; fixé dans le coin gauche de la pièce ; c'est tout ce qui m'indique que je ne suis pas en extérieur.

« La coupe ou la vie. Faites vos jeux. »

Je ne saisis pas bien ce que la voix me demande, jusqu'à ce que j'entende un bruit de frottement au sol, avec bruissement métallique.

            Vingt vasques sortent alors de terre au fond de chaque pièce, comme poussée par une force extérieure. Elles sont blanches et doivent se trouver à cent mètres de moi tout au plus. Je regarde Elijah. Alors que j'hésite, je ne sais pas quoi faire, lui semble plus que résolut à se diriger vers l'une des coupes.

Je l'imite en courant, mais je comprends vite que la partie ne sera pas aussi facile à jouer que ce que je m'imagine. Cinq hommes tous habillés de noir se dressent devant moi, ils portent une cagoule et un gilet pare-balle. Des couteaux sont accrochés à chacune de leurs cuisses et des armes à feux diverses et variées pendent de leur ceinturon. Je recule alors qu'ils s'avancent au pas vers moi. Je jette des coups d'œil paniqués alentours, je cherche une solution, mais rien ne me vient, mon esprit est trop embrouillé pour pouvoir trouver une solution plus valable que ce qui me vient en tête depuis le début : je vais devoir me battre.

Alors que je vois une fille en train d'essayer de faire du charme aux gardes et une autre leur parler d'une voix tremblante – elle doit surement essayer de les dissuader de lui faire du mal, je m'élance en hurlant pour faire sortir ma peur qui ne fait que grandir.

Un coup s'abat sur mon ventre et me coupe le souffle. Ils ne rigolent pas, maintenant que je le comprends, je peux riposter, peut-être que le fait d'avoir vécu dans les bas-fonds va pouvoir m'aider. Je n'ai jamais été bonne en combat, mais j'ai appris la débrouille là où j'étais.

Je vise les parties les plus protégées par les hommes. Mon coup est bas, je le sais, mais il a le mérite de plier un des gardes en deux. Je retiens mon souffle, évitant de justesse un coup dans la mâchoire. Il faut que je me rappelle ce que c'était de devoir se défendre dans mon quartier, la peur qui s'insinue au creux de mon ventre, la sueur qui coule le long de ma colonne vertébrale, le souffle court, la bouche pâteuse, le regard alerte.

Tout devient sourd autour de moi, flou, et je me concentre sur chaque mouvement que font les soldats. Je sais qu'ils me tiennent en joue, ce que je ne sais pas, c'est s'ils vont tirer. Pourquoi ne le feraient-ils pas ? On ne porte pas une arme juste pour faire joli.

Je déglutis alors que l'un d'entre eux m'assène un coup méchamment placé entre les côtes. A force de réfléchir voilà où j'en suis. Je sers les dents et me jette sur le premier garde venu, l'entrainant dans ma chute. Un mercenaire tire et touche son partenaire au bras, ce qui lui arrache un cri.

J'ai ma porte de sortie.

Je m'empare de son arme et tire au hasard, je n'ai pas besoin de les toucher, juste de leur faire peur. Je jette un œil derrière moi alors que je cours vers la coupe, Elijah s'en sort plutôt bien, David aussi, ils ont tous pris la même option que moi : prendre les choses par la force a toujours mieux marché que rester passivement dans son coin, d'où l'on vient. Je chercher Dana du regard mais n'aperçois qu'une courte tignasse blonde cachée derrière un garde.

Je cours à en perdre haleine. Je n'ai jamais été très forte, que ce soit en endurance, rapidité ou combat, mais le fait de devoir sauver sa peau change souvent beaucoup la donne.

Un coup de feu retenti et je trébuche dans l'herbe, la douleur m'aveugle et mes oreilles ne perçoivent plus qu'un bruit indistinct de pas qui semblent se rapprocher.

Une main forte me saisit par les cheveux et plaque mon visage au sol, un gout de sang monte dans ma bouche alors que l'homme continu de me fracasser la tête par terre, tandis qu'un second me vise avec son arme.

Ils vont m'achever. Ils vont m'achever et je ne sais même pas pourquoi. Tout ça est trop bête. Je vois Elijah et David, ils ont récupéré la coupe et alors que l'un a le visage en sang, l'autre essaie vainement de reprendre ses esprits, mais s'ils réagissent différemment à la situation, tous les deux se mettent à frapper contre les carreaux quand ils croisent mon regard perdu. Ils hurlent mais je n'entends rien, les vitres sont blindées, surement.

Ils ont besoin de moi. Ils ont besoin de moi comme j'ai besoin d'eux. Ce sont mes amis, et je ne me laisserais pas faire par une pauvre bande d'abrutis encapuchonnés qui n'ont même pas le courage de montrer leur visage.

Je sers les dents et décoche un coup de pied bien sentit en repliant ma jambe dans le bas du dos du soldat qui me maintient au sol. Il se tort de douleur et tombe sur moi dans une grimace de rage.

Je me relève en le repoussant et pousse l'autre militaire de toutes mes forces alors que les autres, restés en arrière – je ne dois surement pas valoir la peine qu'ils se donnent tous du mal pour me contenir, arrivent en courant.

La vasque est tout prêt, et dans un effort que je crois presque surhumain, j'arrive à l'attraper, la serrant fort contre moi.

            J'ai fait ce que la voix a demandé. J'ai eu la coupe. Je suis sortie d'affaire. Ce n'est pas le cas pour tout le monde, hélas.

Un garçon aux cheveux roux se fait poignarder quelques blocs plus loin, du sang coule de sa bouche. Il ne se relèvera pas.

Une autre jeune fille, grande et blonde, est étendue par terre, gisant dans le sang qui s'échappe d'une plaie causée par balle. Juste entre les deux yeux.

Ils ne sont pas les seuls à avoir succombé. Je crois percevoir une tête rouler par terre, et un autre corps est étalé à même le sol, tête dans l'eau.

Je retiens un haut le cœur et vais pour me relever quand un coup de crosse fond sur ma mâchoire et me fend la lèvre. Je m'évanouis, je jurerai presque que la vasque est passée du blanc au noir, mais tout est trop flou autour de moi, les couleurs se confondent et je fini par sombrer dans les ombres de mon esprit endoloris après avoir vaguement entendu la voix du micro reprendre.

« Secteur Mercenaire, procédez à la réinitialisation par injection ».

Voilà ! Le premier chapitre publié ! Comme je vous le disais dans l'Avant Propos (qu'évidemment, vous avez lu assidument), je ne suis vraiment pas douée pour tout ce qui est mise en page, montage etc. j'espère néanmoins que cela n'aura pas handicapé votre lecture et que tout ça vous aura plu !

N'hésitez pas à commenter, partager, liker, mais surtout, surtout, donnez moi votre avis. Ça m'intéresse vraiment énormément et j'aimerais savoir ce que vous pensez de cette histoire !

À la prochaine !

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