XV


Le lendemain, lorsque Bishop s'était réveillé aux côtés d'Uriel, il mit un certain temps à se souvenir de la veille. Et lorsque tout lui revint en mémoire, il se questionna alors à propos de ce qu'il avait fait, se demandant s'il devait regretter, ne plus jamais recommencer. Mais au fond de lui, quelque part, lorsqu'il contemplait le visage endormi d'Uriel, il se sentait heureux d'avoir gravé dans sa mémoire le souvenir de sa peau.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte et ne tarda pas à l'ouvrir avant même que Bishop n'ait eu le temps de se couvrir.

Aniel apparut dans l'encadrement, et si elle commença par un « c'est Jeliel, il n'a pas l'air d'aller bien,... » elle se figea aussitôt. En voyant la nudité apparente de Bishop et d'Uriel, toujours endormi, elle ouvrit des yeux ronds, puis son expression se fit plus sévère et elle referma la porte.

Bishop poussa un faible « eh merde » pour ne pas réveiller Uriel et sauta hors du lit pour enfiler en toute vitesse quelques vêtements.

Par chance, il la retrouva dans le couloir, et non pas dehors, où il aurait été impossible qu'il la suive avec si peu de couches.

Elle était assise sur un banc de bois, les mains jointes et le visage baissé. Bishop prit place à côté d'elle et ne dit rien, laissant s'installer un pesant silence.

Ce fut finalement elle qui le rompit après de longues minutes.

- C'est Uriel qui m'a sauvée. Je m'étais enfouie avec plusieurs filles du bordel où j'étais prisonnière. Elles sont toutes mortes, sauf moi, lorsqu'il m'a secourue. Est-ce que tu l'aimes ?

Elle venait de poser cette dernière question en plantant son regard tranchant dans celui de Bishop. Elle le sondait, prête à analyser la prochaine réponse, la moindre réaction.

Mais Bishop ne fit rien mis à part soutenir son regard d'un air confus.

- C'est bien ce qu'il me semblait... finit-elle par dire. Si je te demande ça, c'est parce que je pense qu'Uriel mérite d'être aimé.

- Ça, je le sais bien.

Aniel lui jeta à nouveau un regard glacial avant de reporter son attention vers ses poings serrés.

- Écoute, Bishop, il faut que tu comprennes notre méfiance. Nous te trouvons à moitié mort dans le désert et subitement, notre guide se met à être de meilleure humeur, il sourit à nouveau et ne nous parle plus que de toi. Il est évident qu'il s'est beaucoup attaché. Et toi, de ton côté, tu dis vouloir partir et nous abandonner. Je ne comprends pas pourquoi Uriel a agi de façon aussi inconsciente, mais si jamais tu...

Elle s'arrêta de parler un instant pour reprendre une grande inspiration. Bishop ne trouvait pas les mots pour la rassurée, peut-être parce qu'ils n'existaient pas.

- Si jamais tu lui fais du mal... De là où je viens, la pitié n'existe pas, Bishop. Tu sais, un jour, quelqu'un m'a dit qu'il m'aimait. Et lorsque je me suis enfouie du bordel dont j'étais l'esclave, il me croyait morte et s'est suicidé. C'est stupide, n'est-ce pas ? Mais apparemment, il est encore possible d'aimer de cette façon.

Bishop prit le temps de l'observer un instant. Sur son visage, plusieurs petites entailles venaient barrer son visage. Il connaissait des rumeurs de factions lointaines dans le Sud qui kidnappent de jeunes enfants, ceux qu'ils jugent les plus beaux, pour les forcer à servir leurs établissements sordides. Et la seule façon qu'aurait ces jeunes de s'échapper de là, est de ne pas être à leur goût, ou parce qu'ils sont mutilés. Pour beaucoup, certains se blessaient volontairement dans l'espoir d'être libérés. Mais Aniel ne l'avait sans doute pas été assez.

Néanmoins, il ne savait pas s'il devait prendre ses menaces au sérieux. Il ne pensait pas Uriel capable d'aller aussi loin, et pensait qu'Aniel tentait désespérément de le garder à leur côté pour le bien de leur guide. Toutefois, un doute persistait désagréablement dans son esprit.

Il resta là encore un long moment, assis à côté de la jeune femme, le regard perdu dans ses mains jointes. Un sentiment étrange de regrets et de peur l'empêchait de rejoindre sa chambre.

Mais il n'eut pas à le faire pour être confronté à son angoisse : Uriel venait d'apparaitre dans le couloir de l'auberge. Il semblait qu'il avait remis en toute hâte ses vêtements.

- Bishop ? Qu'est-ce que vous faites là ?

A cet instant, Aniel releva la tête vers lui avant de jeter un dernier regard noir à Bishop. Puis, elle se leva, ajusta son masque sur son visage et prit la direction de la ville sans prononcer le moindre mot.

Bishop se retrouva seul avec Uriel, dans ce couloir de l'auberge qui ne semblait pas très fréquenté.

Le guide prit la place d'Aniel sur le banc de bois et n'accorda déjà plus un regard à Bishop.

- Il est déjà temps que nous reprenions notre route. Pour l'instant, il n'y a aucune tempête en approche et la route vers l'est semble dégagée. Si les autres sont prêts, nous partons immédiatement.

Dans un premier temps, Bishop fut soulagé qu'il ne mentionne pas les faits de la veille. Il avait eu peur qu'Uriel n'ait envie d'en discuter. Mais en écoutant le ton presque sévère et tranchant d'Uriel, il ne put s'empêcher de jeter un regard vers lui, et se découvrit une inquiétude au fond de lui.

Après quoi, Uriel se releva et reprit la direction de sa chambre pour terminer les préparatifs de départ.

Moins d'une heure plus tard, ils étaient sortis de l'auberge et Aniel venait de les rejoindre.

Bishop le sentait, une tension venait de s'installer au sein du groupe. Il n'avait échangé que des banalités avec Uriel, et ce dernier semblait lui répondre à contrecœur. Il n'avait pas voulu insister.

Désormais, sur la route de glaise devant l'établissement, l'un des chemins les conduisait vers le cœur de la ville, l'autre vers les terres plus à l'est.

Bishop tentait de capter le regard d'Uriel, mais c'était peine perdue. Lui-même était totalement confronté à une indécision.

Il était enfin arrivé à Abrafo, le but qu'il s'était imposé depuis le départ. Depuis qu'il avait rencontré les Auxilium, leur quête lui avait semblé stupide et absurde. Il n'avait aucune raison de les accompagner vers l'est.

Du moins, c'est ce qu'il se répétait inlassablement au fond de lui comme pour s'en convaincre.

Il voyait la mine décomposée de Jeliel et de Daniel, et le regard sombre d'Aniel qui l'évitait tout autant. Et surtout, il y avait Uriel.

Malgré tout, Bishop ne pouvait pas effacer le souvenir de sa peau, la sensation de chaleur qui s'émanait de son corps. Il ne pouvait pas nier que quelque chose l'attirait vers ce guide dont les choix lui avaient semblé douteux depuis le début, douteux, mais discutables et quelque part, terriblement empreints d'humanité. Et cela, il ne l'avait plus connu depuis ce jour, lors du massacre de la ville de Lautern.

- Eh bien, je suppose que c'est ici que nos chemins se séparent, finit enfin par dire Aniel.

Uriel détournait toujours le regard. Son visage était sombre et dur, secret.

Bishop posa ses yeux sur Aniel, puis vers Uriel. Il devait prendre une décision. Puis, il se rappela qu'il l'avait déjà prise bien avant, lorsqu'ils s'étaient baignés dans la rivière.

Il n'avait pas envie qu'Uriel place en lui des espoirs vains. Il ne voulait pas prendre le risque de le décevoir, puisqu'il finirait bien par le décevoir, tôt ou tard. Il n'était pas celui qu'il croyait.

- Oui, je vous souhaite bonne route, réussit-il à dire, la gorge nouée.

A cet instant, Uriel leva enfin son regard vairon vers lui et immédiatement, une violente douleur s'empara de la poitrine de Bishop.

C'est ainsi qu'allait se terminer leur rencontre.

Les adieux furent sommaires, ils avaient tous l'air abattus, mais aucun ne s'attarda plus que nécessaire.

Une nouvelle fois, Uriel avait l'air totalement éteint. Il ressemblait à une coquille vide, ses yeux n'exprimaient plus rien, sa voix sonnait terne et monocorde.

Bishop avait du mal à le voir dans cet état, il ne pouvait s'empêcher de se sentir terriblement responsable, mais il se dit qu'il pouvait tout de même s'en remettre. Le décevoir en découvrant qu'il ne pouvait rien lui apporter serait bien plus terrible. C'est ce qu'il se répétait.

Lorsque leurs silhouettes ne furent plus qu'un point sombre sur l'horizon, Bishop se tourna enfin et contempla un instant toute la laideur de la ville d'Abrafo, avec ses cheminées crachant de la fumée noire et épaisse, ses usines tournant à plein régime, les gens sales qui déambulaient dans les rues.

Il prit une grande inspiration dans le masque anti-gaz que lui avaient donné les Auxilium. Sans lui, respirer dans la ville d'Abrafo lui aurait été bien difficile.

Pendant de longues minutes, il marcha dans la ville sans vraiment avoir de but précis. Puis, il se rappela ce qu'il s'était dit les premiers jours de son exil. A ce moment-là, il pensait encore avoir une chance de survive dans le désert, avec que les tempêtes et les longues heures de marche n'eurent raison de ses espoirs. Il avait eu l'intention de rejoindre la ville Black Steam la plus proche et de mettre à profit ses anciennes connaissances d'ingénieur. A l'époque, la ville de Stygian était parfaite pour cela. Loin d'être peuplée de gens honnêtes, certains auraient sans nul doute accepté de l'engager et de le cacher, moyennant un misérable salaire. Mais ici, à Abrafo, les choses risquaient bien d'être totalement différentes.

De réputation, il savait que cette ville, la plus éloignée des régions des Black Steam et de la capitale, mettait tout en œuvre pour attirer l'attention de Zeaur et ainsi pouvoir enfin espérer une route reliant les deux cités. Les habitants d'Abrafo se sentaient lésés par rapport aux villes plus proches et tentaient tout pour se faire bien voir de la capitale. Trouver un abri avec l'insigne des Black Steam arraché sur sa veste n'allait pas être chose facile, l'auberge de fortune légèrement à l'extérieur de la ville était une exception, de plus, Bishop se doutait bien que le prix que l'aubergiste leur avait demandé était bien trop cher en comparaison avec les tarifs normaux. Mais au moins, ce n'était pas dans ce genre d'établissement que des questions étaient posées.

Il fouilla dans sa poche et n'en sortit que quelques pièces, une somme bien trop maigre pour pouvoir reprendre une chambre dans l'auberge.

Mais cela ne l'arrêta pas, Bishop avait l'habitude de se débrouiller seul depuis bien longtemps. Peu importe, s'il devait passer les prochaines nuits dans les rues, après tout, il avait connu bien pire.

Et comme prévu, Bishop ne rencontra que des portes closes. Il avait pourtant plus d'une fois donné la preuve qu'il était un ingénieur aguerri, mais lorsque les yeux de ses interlocuteurs se posaient sur la marque de son exil, ils le chassaient immédiatement.

Cela faisait plusieurs jours qu'il passait de porte en porte, dans des usines d'armement, des manufactures, des mines, mais rien n'y faisait. Aucun ne voulait s'attirer les foudres des hauts dirigeants de la junte militaire de Zeaur, là où le tribunal prononçait des sentences irrévocables.

A présent, il se sentait sale et fatigué. Il en venait à se demander si rester dans cette ville était une bonne idée. Respirer les émanations de la ville, même à travers le filtre de son masque, commençait dangereusement à lui brûler les poumons à chaque inspiration.

Il évalua la quantité de vivres dont il avait besoin pour se rendre à Stygian, mais même en volant à la sauvette, il ne survivrait sans doute pas à un nouveau voyage dans le désert, seul. Ou alors, il n'avait pas envie de s'éloigner davantage d'Uriel.

Lorsque cette pensée lui traversa l'esprit, il se ressaisit et se dit que s'il avait réussi à passer plusieurs semaines dans le désert, retrouver Stygian ne serait pas si difficile que ça. Mais même s'il essayait de se convaincre du contraire, il s'était rendu compte que ses yeux ne quittaient pas bien longtemps le chemin qui conduisait hors de la ville, celui qu'avaient emprunté les Auxilium quelques jours auparavant.

Affamé et souhaitant se changer les idées, il se rendit dans le quartier le plus malfamé de la ville, là où les taverniers acceptaient de le servir et surtout, là où l'alcool des sables était en vente illégale.

Assis sur une chaise du bar, il dissimulait le plus possible son visage dans sa capuche. Il ne voulait pas risquer d'un militaire ou un quelconque habitant de Zeaur transféré à Abrafo ne le reconnaisse.

Sans se faire remarquer, il buvait l'alcool brûlant au goût atroce dans l'unique but de sentir son esprit s'égarer.

Et il était sur le point de lâcher prise, lorsqu'une troupe de militaires pénétra l'établissement dans un grand vacarme.

Il n'était pas étonnant de les voir ici, dans une taverne clandestine qui pouvait accueillir leur désobéissance envers l'armée.

Un peu inquiet, Bishop tenta de se dissimuler un peu plus dans la pénombre dans laquelle était plongée cette partie du bar et une bonne partie de la pièce, éclairée simplement par une faible lumière verdâtre.

Bishop leur jeta un rapide coup d'œil et s'aperçut qu'ils n'étaient pas de simples soldats, mais bien des officiers, des lieutenants. Il se demanda à quel point l'armée était corrompue et hors des valeurs qu'elle semblait s'efforcer à promouvoir.

Ils s'installèrent au bar également, au grand damne de Bishop dont le regard ne put s'empêcher de contempler les armes qu'il ne connaissait que trop bien, pendre lourdement dans leurs étuis accrochés à leur ceinture.

Il se dit qu'il ferait mieux de partir, et il s'apprêtait à payer sa consommation, lorsque la conversation des militaires prit une tournure intéressante. Ils parlaient de l'est.

- L'escadron gamma est revenu de mission. Ils ont été salement amochés, et certains de nos hommes sont même morts, mais ils sont revenus avec des informations pour le moins... surprenantes.

- Ton capitaine te parle de ce genre de choses ? Lorsque j'ai vu nos gars revenir d'un désert inhabité en charpie, j'ai été étonné, mais je n'ai pas pu poser de questions.

- Seulement quand je l'amène ici et que je lui paye une tournée. Mais quelque chose me dit qu'une fois qu'on aura rayé les Parangons de la carte, l'armée va vite se trouver une nouvelle occupation à l'est.

Les trois autres lieutenants étaient suspendus aux lèvres de celui qui menait la conversation, et Bishop également.

Au moment où il avait entendu parler de l'est, il avait senti sa poitrine se tordre. Quelque chose ne semblait pas aller.

Après quelques verres d'alcool des sables, le lieutenant reprit la conversation sur les nouvelles découvertes faites à l'est, la langue un peu plus déliée.

- Mais je pensais, enfin, nous pensions tous que l'est était inhabité, que c'était la région du monde la plus touchée et qu'il n'y avait absolument rien là-bas. Un clan se serait approprié les terres arides ?

Le lieutenant eut un petit rire et reprit :

- Non, personne n'a jamais vraiment osé s'aventurer là-bas en un peu plus de cinquante ans. Le temps peut-être pour que les corps soient recouverts par le sable. Personne ne voulait voir un tel carnage. Mais c'était sans compter le courage de notre armée ! Je pense que le colonel a bien fait d'y envoyer un escadron, même s'il y a eu des pertes. Au moins maintenant nous savons que tout n'est pas mort par là-bas. Et surtout, que nous avons réveillé quelque chose d'hostile et de dangereux.

Le bruit d'un verre brisé interrompit le discours du lieutenant et plusieurs têtes se tournèrent vers la source du bruit.

Bishop, sous la surprise et l'angoisse soudaine qui venait de le frapper, avait malencontreusement renversé son verre qui s'était brisé en morceaux sur le sol de la taverne.

Il n'en fallut pas plus aux militaires pour s'intéresser à lui, réalisant ce que Bishop craignait le plus.

- Je rêve où tu nous écoutais depuis tout ce temps ?

Le locuteur principal s'était approché de lui d'un pas menaçant et à présent, Bishop pouvait sentir son haleine qui empestait l'alcool des sables.

Il ne répondit rien, il ne voulait pas empirer la situation. Mais il n'eut pas besoin de la faire.

- Eh, regardez son bras gauche. Son insigne lui a été retiré. C'est un exilé.

Le lieutenant proche de lui le détailla un peu plus, inspectant sans vergogne là où le tissu avait été arraché.

- Un putain d'exilé...

Sentant que la situation était sur le point de lui échapper, Bishop se leva brusquement et tenta de se diriger vers la sortie. Mais le lieutenant lui agrippa fermement le bras et l'obligea à se tourner vers lui.

- Tu crois aller où comme ça ? On n'a pas encore discuté de ce que tu pouvais bien foutre ici l'exilé.

Dans la taverne, tous les regards s'étaient tournés vers eux. Mais personne, pas même le tavernier, ne se risquerait à lui venir en aide et à s'opposer à l'armée, et il ne le savait que trop bien.

Aussitôt, il se sentit agrippé à l'arrière de sa tête et avant qu'il n'ait pu esquiver, son crâne vint se fracasser contre le bar. Quand le lieutenant le lâcha, il chancela et se rattrapa à une chaise pour s'étaler par terre de tout son long.

Sa vision était brouillée par un filet de sang qui se détachait de son front. Il avait su encaisser le premier coup, mais il lui fallait éviter le deuxième.

Mais il ne fut pas assez rapide. Un poing donné à pleine puissance venait de le percuter dans le ventre, le rendant incapable de bouger pendant quelques secondes. Il se tordait de douleur, mais il devait sortir de cette taverne.

Cependant, il se rendit compte que seul, il était bien trop faible. Les trois autres lieutenants s'étaient rués sur lui et l'avaient assailli de coups eux aussi.

A présent, il gisait au sol, son ventre, son crâne et son dos lui faisaient atrocement souffrir et tout autour de lui, il entendant encore leurs rires.

- Tu n'aurais jamais dû remettre les pieds chez les Black Steam, l'exilé. J'espère que ça t'aura ôté l'envie de recommencer.

Puis, il se sentit soulevé du sol et jeté dehors. Lorsque son visage rencontra le sable du petit sentier devant la taverne, il cracha un mélange de salive et de sang et s'empressa de remettre son masque anti-gaz sur son visage. Ses poumons lui brûlaient déjà bien assez comme ça.

Soudain, il se rendit compte qu'il avait froid, terriblement froid. Les militaires lui avaient retiré sa veste thermique et la nuit commençait doucement à tomber. Il lui fallait absolument trouver un abri ou il ne passerait pas la nuit dans cet état.

Il se releva avec peine et tenta tant bien que mal de marcher sur ses jambes douloureuses. Il ne savait pas où il allait, mais il n'avait aucunement l'intention de rester une minute de plus devant cette taverne.

Mais au détour d'une ruelle, son regard croisa deux véhicules familiers. Il s'agissait de grosses voitures aux vitres épaisses, de couleur sable, avec roues et chenilles. A l'arrière, le logo de l'armée ne fit que confirmer ce qu'il pensait : il s'agissait des véhicules des lieutenants.

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour s'assurer qu'il n'avait pas été suivi et s'approcha prudemment des voitures.

Il connaissait ces modèles pour avoir aidé à leur conception. Et soudain, il eut une idée.

Rapidement, il s'empara d'une tige métallique pouvait faire office de pied de biche. Il se trouvait à l'arrière d'une usine métallurgique, ce genre de débris n'était pas rare.

Le modèle n'était pas tout récent, la ville d'Abrafo ne bénéficiait que plus tard du matériel de pointe en raison de son éloignement avec la capitale. Ce véhicule comportait une faille dans l'une de ses vitres qui avait été immédiatement réparée dans les derniers modèles.

Il ne fallut pas bien longtemps à Bishop pour réussir à ouvrir la portière de l'une des voitures. Une nouvelle fois, il balaya la ruelle du regard pour s'assurer que le bruit qu'il avait causé n'avait alerté personne.

Lorsqu'il s'installa derrière le volant, son cœur battait à tout rompre. Dans le rétroviseur, il remarqua la présence de sacs militaires qui contenaient plusieurs armes et des munitions. Il ne put s'empêcher de sourire.

Sa vengeance avait été sourde et discrète, mais il n'avait obtenue. Et il n'était pas parti non sans rendre inutilisable le deuxième véhicule.

A présent, il fonçait à toute allure, faisant se soulever des bourrasques de sables sur son passage, direction l'est.



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