XIII
Au sein des Rebelles, tout n'était plus que panique et précipitations. A l'orée de la forêt, le corps avait été retrouvé. Il présentait des marques de morsures, des membres avaient été arrachés. Bellona ne s'était pas encore prononcée sur la nature de l'attaque, mais le long regard soutenu vers Uriel signifiait qu'elle était prête à le croire.
Le camp avait été levé au plus vite, et les Rebelles se tenaient prêts, armes chargées, à faire face au prochain assaut.
Uriel était resté auprès des autres Auxilium. Bishop n'était pas loin d'eux, mais désarmé, il ne se sentait pas très utile.
- Bellona ! cria-t-il. Je sais me battre, je sais tirer, donnez-moi une arme !
L'intéressée se tourna vers lui avec un regard méfiant, mais elle ne répondit rien. Elle ne semblait pas prête à lui faire confiance.
Bishop jura à voix haute. Il voulait être en mesure d'aider les Auxilium.
Très vite, un nouveau cri se fit entendre et avec lui, la panique s'amplifia au sein du clan.
- Bon sang ! fulmina Bellona. Je vous ai pourtant dit de rester groupés ! Si l'un de vous s'éloigne, il fera une proie facile.
Bishop en avait assez de cette situation passive. Il s'avança vers Bellona et repoussa violemment l'un de ses gardes qui tentait de lui barrer la route.
- Ça suffit ! Vous êtes armés, n'est-ce pas ? Partez à leur recherche et tuez-les ! S'il s'agit bien de Charognards, vous savez très bien qu'ils n'attaquent jamais de front, toujours dans l'ombre. N'attendez pas qu'ils s'en prennent encore à d'autres membres de votre clan.
Bellona l'observa avec un air de défi avant de se tourner vers l'un de ses hommes. D'un simple geste de la tête, elle fit avancer les Rebelles vers l'épaisse forêt.
- Ce terrain n'est pas notre terrain de prédilection, confia-t-elle à Bishop. Les Black Steam ne connaissent pas la forêt, seulement les zones dégagées. Nos armes ne sont pas faites pour ça.
- Si Uriel a raison, et que ces Charognards nous traquent depuis une aussi longue distance, il vaut mieux en venir à bout définitivement plutôt que de tenter de les semer. Ils pourraient très bien vous prendre en chasse à vous aussi.
Le leader du clan des Rebelles sembla sonder Bishop l'espace de quelques secondes, avant que son attention ne soit détournée par un nouveau cri au loin.
Ils étaient à présent profondément enfoncés dans la forêt et les faibles lueurs des torches ne suffisaient pas dans la nuit noire.
Bellona hurla quelques ordres, et là, Bishop les vit enfin.
Dans la pénombre, il était difficile d'évaluer leur nombre, mais ils semblaient venir de partout. Dans les arbres ou au sol, des corps nus et décharnés les regardaient de leurs yeux vides et hagards. Il était difficile de croire qu'ils étaient encore humains. Et si c'était le cas, toute humanité avait déserté leur âme depuis longtemps déjà.
Pour la plupart, ils étaient difformes. Et lorsque les Rebelles furent assez près, ils se jetèrent sur eux, la gueule ouverte telles des bêtes.
Dans la confusion qui suivit, Bishop tressaillit. Il venait de perdre de vue Uriel et les autres Auxilium. Il tenta de se frayer un chemin parmi l'agitation, mais fut bousculé et projeté au sol. Là, alors qu'il était vulnérable, plus de cinq Charognards se jetèrent sur lui. Ils opéraient de cette manière, ils attaquaient à plusieurs une même proie jugée plus facile.
Bishop se débattait comme il le pouvait. Autour de lui, les autres Rebelles étaient bien trop occupés pour lui venir en aide.
Il sentait des mâchoires et des griffes lui entailler la peau. Les visages blafards de ses assaillants s'enchaînaient tout autour de lui, et leur odeur putride se mêla bientôt à celle de son sang.
Il recevait plus de coups qu'il n'en donnait, mais mêmes blessés, ces sans âmes continuant à l'attaquer comme s'ils ne craignaient pas la douleur.
Puis, alors que la souffrance commençait réellement à lui brouiller la vue, il entendit quelqu'un hurler son nom au loin. Là, il vit deux des Charognards prendre feu et pousser de longs hurlements avant de fuir vers les profondeurs de la forêt.
Il eut alors une ouverture pour repousser un autre de ses assaillants. Retrouvant quelque peu sa mobilité, il se releva et c'est alors qu'il aperçut Uriel, une torche à la main.
- Nous ne devons pas rester ici ! Nous sommes bien trop à l'écart !
Bishop voulait reculer, mais il buta sur quelque chose au sol. Il se retourna et vit le cadavre d'un jeune enfant Rebelle, et non loin de lui, son arme gisait toujours au sol. Il s'en empara et d'un geste rapide, il tira sur le reste des Charognards qui en avaient après lui.
Il s'empressa ensuite de rejoindre Uriel et les autres Auxilium. Les Rebelles étaient bien trop dispersés. Beaucoup d'entre eux se faisaient attaquer par une horde de sans âmes alors que cela pouvait être facilement évité s'ils étaient restés plus groupés.
Les Charognards étaient en surnombre, mais les armes de la Rébellion étaient efficaces et avec une bonne stratégie, elle pourrait venir très vite à bout de la menace.
Mais en observant tout autour de lui, Bishop comprit que les Rebelles étaient désorganisés et que la plupart d'entre eux ne savaient pas se battre ou n'étaient plus apte à le faire.
Il décida alors de trouver Bellona au plus vite pour lui demander de donner l'ordre à ses hommes de rester ensemble et d'éviter la dispersion.
Alors qu'il cherchait la chef des Rebelles, Uriel, Aniel, Daniel et Jeliel n'étaient pas bien loin de lui et se frayaient un chemin dans la bataille. Bishop s'assurait qu'ils soient en sécurité et ne les lâchait du regard que pour chercher Bellona.
Lorsqu'il la trouva enfin, il s'avança d'abord à grands pas, avant de se stopper net. Elle venait de tomber, totalement submergée par le nombre de Charognards. Autour d'elle, quelques Rebelles tentaient de la dégager de là, mais ils étaient eux-mêmes plutôt occupés.
A quelques mètres à peine de la scène, Bishop ne savait pas comment agir. De nombreuses idées lui traversèrent l'esprit. Et parmi elles, il y en avait une plus tenace que les autres. C'était sa chance, il pouvait abandonner là Bellona et s'enfuir, ou achever de la tuer alors qu'elle était si vulnérable.
C'est à ce moment que son regard croisa celui du chef des Rebelles. Il était dur, comme si elle comprenait parfaitement ce qui traversait à cet instant l'esprit de Bishop.
Mais en plein cœur du chaos qui régnait, il ne pouvait pas se permettre de rester là sans rien faire.
Rapidement, il mit son arme en joug et chargea vers Bellona. Là, il vit une fugace peur traverser ses yeux.
Autour d'eux, personne n'avait remarqué sa présence. Ce n'est que lorsqu'Uriel cria à nouveau son nom que les hommes proches de Bellona se tournèrent vers lui.
Mais avant qu'ils n'aient eu le temps de faire quoi que ce soit, Bishop bondit sur les Charognards et les décima tous un par un. Lorsqu'il eut tué la plupart d'entre eux, Bellona, blessée, put se relever.
Son expression était confuse et elle observait Bishop décharger son arme sur leurs assaillants, avec des tirs précis et mortels. Mais elle retrouva très vite ses esprits et s'empara elle aussi de son arme pour anéantir les vagues toujours plus importantes de sans âmes qui se déversaient sur eux.
Les Rebelles étaient submergés, mais les attaques des Charognards étaient bien trop lentes, alors que leurs armes les tuaient par dizaines.
Voyant que la Rébellion était surchargée, Bishop s'approcha d'Uriel sans pour autant baisser sa garde.
- Nous devons profiter de la confusion générale pour nous enfuir. Dis-le aux autres.
A cet instant, le visage d'Uriel semblait s'être illuminé. Il était recouvert de sang, mais malgré cela, Bishop pouvait voir la lueur qui brillait dans ses pupilles.
- Alors tu renonces à te faire tuer ?
- Il y a une opportunité, je la saisis.
Bishop lui sourit faiblement. A vrai dire, il n'avait aucune envie de quitter les Auxilium.
Sans plus attendre, Uriel et les autres suivirent Bishop plus loin encore dans la forêt, tentant de s'éloigner le plus vite possible de là où la bataille faisait rage.
- Bishop !
Mais soudain, en entendant son nom, Bishop se figea. Il se tourna lentement et au loin, il vit Bellona, l'arme pointée sur lui.
Il se raidit. Son doigt était posé sur la détente, il se savait. Elle allait tirer, et tuer les Auxilium par la même occasion. Ils ne pourront pas fuir.
Mais tout à coup, la chef des Rebelles baissa son arme et repartit en direction du cœur de la bataille.
Bishop eut du mal à le croire et à reprendre ses esprits. Ce n'est que lorsqu'il sentit une pression sur son bras qu'il se tourna pour croiser le regard d'Uriel.
- Partons le plus vite possible, dit-il.
Sans se faire prier, Bishop tourna définitivement le dos au clan des Rebelles et s'enfonça dans la forêt avec les Auxilium.
Ils coururent à travers la végétation pendant de longues minutes, avant de finalement sortir de l'épaisse forêt. Là, ils retrouvèrent les terres désolées et arides. Ils s'arrêtèrent enfin pour reprendre leur souffle et Uriel observa le terrain tout autour d'eux.
- Je pense savoir où nous sommes. Suivez-moi.
Ils suivirent Uriel sur plusieurs kilomètres à travers la toundra de métal. Et alors qu'ils faisaient aller tant bien que mal leurs pieds endoloris, apparurent devant eux des cheminées noires qui crachaient une vapeur goudronnée.
Daniel s'avança un peu plus et plissa les yeux en direction de ces hautes tours cracheuses de fumée.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.
- C'est la ville d'Abrafo, répondit Uriel. J'ai fini par t'y amener, Bishop.
L'intéressé s'arrêta lui aussi et leva la tête pour observer les longues cheminées. Il avait totalement oublié qu'il avait donné l'ordre à Uriel de le conduire à la ville Black Steam la plus proche.
- Alors comme ça, tu vas vraiment nous quitter ? demanda Aniel avec amertume.
Bishop se tourna vers elle et croisa son regard dur et inquisiteur, puis vers Uriel. Il n'avait pas l'intention de les abandonner. Il s'était dit que peut-être, il pourrait leur venir en aide et les protéger, surtout maintenant qu'il possédait une arme.
- Je ne l'ai pas amené ici pour me débarrasser de lui, répondit Uriel. Seulement, je pense que nous avons tous besoin de repos et la ville d'Abrafo offre des lits sans trop poser de questions. Et puis, peut-être que comme ça, Bishop comprendra enfin qu'il n'a plus rien à espérer d'une faction qui l'a rejeté.
L'expression d'Uriel était toute aussi ferme. Il se remit en route et le reste du groupe suivit.
Bishop n'avait rien dit. Il était soulagé qu'Uriel ne l'ait pas amené ici dans le but de lui faire ses adieux. Marchant juste derrière lui, il leva les yeux vers le dos d'Uriel et un frisson lui parcourut l'échine. Il n'avait absolument aucune envie de se séparer de lui, et cette sensation, démesurément forte, lui faisait peur.
Quelques heures plus tard, ils avaient trouvé la route qui menait aux portes de la ville. Sans aucun mal, ils purent rentrer dans la cité. Quelques regards curieux se posèrent sur eux, mais la population de la ville semblait assez hétéroclite pour qu'ils se fondent dans la masse.
La ville d'Abrafo était bien plus petite que Zeaur, mais l'odeur y était tout aussi pestilentielle et il y faisait bien plus froid, malgré la chaleur des hauts-fourneaux qui tournaient à plein régime.
Uriel les conduisit jusqu'à une petite auberge au nord de la ville. L'écriteau représentait une pioche, le symbole de la ville. Abrafo était une sorte de mine, aussi bien à ciel ouvert que souterraine. Le sol des alentours possédait encore quelques richesses que les habitants de la cité exploitaient autant qu'ils le pouvaient.
Mais le nord de la ville était le coin le plus reculé des mines, et le bruit de forage était moins présent. C'est là aussi que ce trouvaient de nombreux auberges et hôtels, permettant d'abriter les nombreux voyageurs qui étaient de passage dans la ville.
Une fois à l'intérieur, une femme se tenait derrière le comptoir et elle leur informa qu'il ne restait plus que deux chambres pour cette nuit, et qu'ils avaient de la chance de pouvoir en bénéficier.
La ville d'Abrafo était un vrai carrefour entre les cités possédées par les Black Steam, et ils étaient en pleine saison propice au commerce, c'est pourquoi toutes les auberges de la ville étaient pratiquement pleines.
Uriel accepta les clés données par la tenancière et il confia l'autre trousseau à Aniel.
Une fois à l'étage, Bishop comprit alors qu'il allait partager sa chambre avec Uriel. Mais lorsqu'il pénétra l'intérieur de la pièce, il fut confronté à un mobilier austère, mais surtout, à un seul et unique lit, trônant au beau milieu.
Il déglutit avec peine. Il préférait ne pas y réfléchir davantage, mais il savait que la situation était risquée, et surtout, qu'il n'allait pas tarder à ressentir ces sensations étranges qui prenaient place dans son corps lorsqu'il posait les yeux sur Uriel.
Mais ce dernier ne semblait pas troublé le moins du monde. Il se défit de tous ses bagages, de son masque, et de sa lourde veste sans montrer le moindre signe de gêne.
Bishop resta un instant planté au milieu de la pièce avant de l'imiter, préférant chasser toutes ses pensées qui prenaient bien trop de place.
- Au final, nous n'avons pas vraiment dévié, dit Uriel, brisant le silence qui s'était installé. Écoute, je sais ce que j'ai dit là tantôt, mais si tu ne veux toujours pas nous suivre à l'est, je ne te forcerai pas et nous te laisserons ici.
Dos à lui, Bishop l'observait retirer sa seconde veste, celle qui le protégeait du froid.
- Uriel... Nous verrons cela plus tard, d'accord ?
Il se tourna alors vers Bishop, le regard sévère. Il s'approcha de lui et à quelques centimètres à peine, il se stoppa pour mieux le toiser.
- Plus tard ? Est-ce que ta décision changera d'ici là ? Je n'ai pas vraiment envie d'attendre. Après ce que nous avons traversé tous les deux ces derniers jours, je pensais... je pensais que...
Mais sa voix mourut entre ses lèvres et il baissa la tête.
Bishop sentit tout son corps se crisper. Il avait envie de le toucher, de la rassurer, mais ses bras demeuraient paralysés, et il se contentait, immobile, de regarder le visage accablé d'Uriel.
- Très bien, je suppose que nous en parlerons plus tard, acheva Uriel sur un ton monocorde.
Il se tourna ensuite et déplaça ses affaires dans un coin de la pièce.
- Si tu es dérangé par le fait qu'on partage le même lit, je dormirai sur la chaise, dit-il alors qu'il prenait une couverture sur une étagère en bois.
Soudain, Bishop se sentit étouffer. N'en pouvant plus, il prononça un bref « j'ai besoin de prendre un peu l'air » et sortit de leur chambre. Il dévala l'escalier et une fois dehors, il leva les yeux vers le ciel charbonneux.
Il était sûr d'une chose : il ne voulait pas se séparer d'Uriel. Mais il doutait que cette envie, presque irrationnelle, ne soit pas la meilleure solution pour eux. La présence d'Uriel à ses côtés était troublante, il en avait besoin, mais c'était aussi comme si elle le brûlait de l'intérieur. Il ne savait pas s'il était bien raisonnable de céder à une envie aussi étrange qu'il avait du mal à cerner.
Il inspira un grand coup. Quelques curieux le dévisagèrent, il n'était pas courant de voir quelqu'un respirer ainsi alors qu'il n'avait pas de masque pour se protéger les poumons.
Mais Bishop avait besoin, de sentir le faible vent qui se glissait à travers les usines, venir lui refroidir son corps qui se consumait chaque fois qu'il croisait le regard d'Uriel.
Il avait pris sa décision. Et sentant qu'il avait assez attiré l'attention sur lui, il reprit la direction de l'auberge et de sa chambre.
Une fois à l'intérieur, il vit Uriel, assis sur la chaise, les yeux fermés. Il semblait dormir.
Comme mû par une force invisible, il s'approcha de lui en prenant soin de ne pas faire de bruit. Là, il avança sa main, mais l'arrêta avant qu'elle ne frôle son visage. Il ne fallait pas qu'il le réveille, sinon, il ne répondrait certainement plus de rien.
Mais alors qu'il allait tourner les talons, les yeux d'Uriel s'ouvrirent subitement et il sursauta. Soudain, il fronça les sourcils et se leva aussitôt, faisant désormais face à Bishop.
Sans même dire un mot, Uriel avança son bras et Bishop sentit bientôt sa main agripper sa nuque. Il tressaillit, apeuré par la tournure que prenaient les évènements.
Et rien n'allait en s'améliorant, surtout lorsqu'il vit qu'Uriel ne semblait pas vouloir en rester là. Il le vit s'approcher dangereusement de lui, les lèvres entrouvertes.
Une fois de plus, il voulait bouger, mais il était totalement hypnotisé par la bouche d'Uriel. Il se surprit à se demander quel goût auraient ses lèvres, quelle texture.
Et sans qu'il s'en rende compte, il fit lui-même le reste du chemin pour poser sa bouche contre la sienne.
Lorsqu'il sentit les lèvres s'entrouvrirent et la caresse d'une langue, Bishop ferma aussitôt les yeux et se laissa totalement submerger par le tourbillon de sensations nouvelles qu'il ressentait à cet instant.
Il était incapable de réfléchir, de penser de façon rationnelle. Tout ce qu'il souhaitait à ce moment, c'était posséder Uriel autant qu'il le pouvait.
Lorsqu'il buta sur quelque chose, il comprit alors qu'il avait amené Uriel jusqu'au lit, sans même avoir lâché sa bouche.
Une fois allongé sur le matelas, Bishop eut alors un moment de lucidité. En dessous de lui, Uriel était couché, ses yeux étaient encore mi-clos et sa bouche entrouverte.
Bishop posa sa main sur son torse qui ne portait plus ses lourds et épais manteaux. A présent, il pouvait voir distinctement la silhouette d'Uriel, sentir presque sa peau.
- Où est-ce que cela va bien pouvoir nous mener ? demanda Bishop.
- Bishop, je veux te montrer à quel point je veux que tu restes à mes côtés.
Quelque chose de puissant et de brûlant venait d'éclater dans la poitrine de Bishop. Les mots d'Uriel l'avaient à nouveau transporté dans une vague de désir, et lorsqu'il sentit les caresses sur son propre corps, il perdit pied et reprit insatiablement sa bouche.
Puis, il sentit qu'Uriel voulait le défaire de ses vêtements. Très vite, il retrouva la sensation étrange de sentir l'air de la pièce frôler sa peau nue.
Et il voulait revoir ce corps qu'il avait entraperçu lorsqu'ils se baignaient dans la rivière. Il voulait à nouveau le contempler, et surtout, le toucher.
Il défit Uriel de ses vêtements, et une fois qu'ils furent tous les deux dévêtus, l'un comme l'autre semblait subjugué par la chair, mû par une irrépressible envie de caresses, de contact.
Bishop ne savait pas à quand remontait la dernière fois qu'il avait été aussi intime avec quelqu'un. Il avait bien été à la ville de Stygian quelques fois, mais seulement durant son adolescence. Et là encore, il se souvient vaguement de sensations désagréables, d'autres qui l'étaient moins, mais jamais il n'avait vécu quelque chose de comparable avec ce qu'il vivait avec Uriel.
Alors qu'il embrassait avidement les lèvres d'Uriel, il sentit une main se poser sur son entrejambe et électriser un peu plus tout son corps. Il ouvrit à nouveau les yeux pour se plonger dans le regard d'Uriel. Chaque étape qu'il franchissait lui semblait risquée, mais aussi, terriblement tentante.
- Uriel...
- S'il te plaît, tais-toi. Réponds seulement à cette question : est-ce que tu sais ce qu'il va se passer ?
Bishop acquiesça faiblement. Comme beaucoup de Black Steam, ses connaissances en la matière n'étaient pas très étendues, mais c'était assez pour ne pas être trop surpris des réactions de son propre corps.
- Très bien, parce que je n'ai pas du tout envie de m'arrêter là...
Sur ces mots, Uriel prit le sexe tendu de Bishop et fit des caresses plus insistantes, lui soutirant quelques râles de plaisir.
A mesure que les caresses d'Uriel augmentaient en cadence, il faisait onduler son corps sous celui de Bishop, faisant se frôler par intermittence leurs intimités.
Bishop fut vite hypnotisé par ses mouvements de bassins, et surtout, par l'entrejambe en érection d'Uriel. Il voulait lui faire ressentir le même plaisir qu'il avait en ce moment, il voulait l'entendre gémir.
Écoutant ses désirs, il s'empara lui aussi du sexe d'Uriel, et ce dernier eut un bref hoquet de surprise.
- Bishop, tu n'es pas obligé...
Pour le faire taire et lui faire comprendre ce qu'il ressentait, Bishop scella sa bouche par la sienne et resserra un peu plus son emprise sur son membre.
Quelques minutes plus tard, totalement enivré par le corps d'Uriel et par le plaisir qu'il lui procurait, il jouit dans sa main en poussant un dernier cri. Il n'attendit pas de reprendre son souffle et continua ses vas-et-viens sur le sexe d'Uriel, désireux de lui faire atteindre la jouissance à lui aussi.
Et une fois qu'elle fut proche, Bishop dévora des yeux la moindre expression de plaisir d'Uriel, captivé par les mouvements que faisait son corps sous ses caresses.
Lorsqu'il jouit, Bishop écarquilla les yeux et eut le souffle coupé. Il ne se souvenait pas avoir un jour ressenti un tel sentiment de chaleur intense au fond de lui.
Uriel détendit alors tous ses muscles sur le matelas et poussa un dernier soupir de soulagement. Un sourire qui déchira à nouveau la poitrine de Bishop apparut sur ses lèvres et il leva une main pour caresser son visage.
Bishop quant à lui, demeurait toujours aussi admiratif à la simple vue du corps nu et satisfait d'Uriel.
- Bishop, est-ce que tu sais ce que sont les Anges ? demanda-t-il.
- Je crois bien, oui...
Et sans même s'en rendre compte, il s'endormit aux côtés d'Uriel, totalement las et apaisé.
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