Cela devait bien faire une heure que je fixais le plafond sans arriver à dormir.

La visite de Jungwoo ce matin m'avait totalement retourné. Il me mettait la pression mais je persistais à croire que j'étais la personne la moins bien placée pour ce genre de mission.

Je grognai contre moi même, contre cette insomnie et contre mon psychopathe de frère et passai mes mains sur mon visage, excédé.

Un type comme Taehyung, par exemple, n'aurait pas eu de mal à gagner la confiance de tous ses camarades, tout le monde l'appréciait ici et il ne le faisait même pas exprès.

Peut être que j'aurais du prendre exemple sur lui... ?

Non, laissons tomber, je refusais de prendre exemple sur un type qui pensait que la malpolite aigüe était une vraie maladie. Sérieusement, d'où il sortait ? Il était bien trop crédule, on aurait dit un gamin. Est-ce que c'était comme ça que finissait tous les gosses de riche maternés par papa et maman?

Un petit bruit sur ma droite me fit immédiatement me redresser.

Depuis le temps que j'étais allongé dans le noir, mes yeux s'étaient habitués à l'obscurité et je vis très distinctement le battant s'entrouvrir légèrement.

Je sautai de mon lit à la vitesse de l'éclair et parcourus ma chambre en silence pour me retrouver derrière la porte qui continua de coulisser.

Le bizutage était chose courante dans ce genre d'établissement, et le fait que j'occupe une chambre à moi tout seul alors que les autres devaient se serrer dans les leurs ne devait pas plaire à tout le monde. Je devais avouer que ça ne m'étonnait pas d'avoir de la visite, je m'étonnais plutôt de ne pas en avoir reçu plus tôt.

Je levai mes poings joints au dessus de moi, prêt à les abattre sur la première tête qui passerait la porte.

Au moment où une première mèche de cheveux apparut, je donnai le premier coup mais sans même s'en rendre compte, l'intrus pivota pile au bon moment, évitant de se faire assommer de justesse et se retrouvant nez à nez avec moi qui venait de taper dans le vide.

Son cri de terreur me vrilla les oreilles et me fit reculer. Lui finit par glisser et tomber contre l'encadrement de la porte, l'ouvrant encore un peu plus d'un coup de genou aléatoire.

Le jeune soldat serrait son coussin contre lui, les yeux fermés, et balbutiait des excuses.

Je soupirai en le reconnaissant. Encore...

- Qu'est ce que tu fiches... ?

- Mon nouveau voisin de lit ronfle trop fort, j'arrive pas à dormir, lâcha-t-il d'une traite sans ouvrir les yeux.

- Et en quoi ça répond à ma question ?

- Je te dérangerai pas, je vais juste prendre le lit vide le plus éloigné du tien, s'il te plaît. Juste pour cette nuit...

Il ouvrit enfin les yeux et regarda la chambre rapidement, comprenant mon soudain mutisme. Les autres lits se limitaient à des planches de bois vides. Il n'y avait même pas de futons installés dessus.

- Tu vois, c'est pas ici que tu vas pouvoir dormir, alors fiche le camp.

- T'as aucune pitié ! Ça se voit que tu l'as pas entendu ronfler !

Et il se mit alors à imiter ce que je supposai être les ronflements de son ami, à moins que ce ne soit les cris d'un porcelet à l'agonie...

- C'est bon, j'ai compris ! Tais-toi !

Il arrêta enfin ses bruits insupportables et se releva à une vitesse surprenante avant de filer vers mon lit.

- Hey ! Tu crois aller où ? m'écriai-je en écarquillant les yeux.

Il sauta sur mon lit avant même que je termine ma phrase et ficha son coussin à côté du mien, côté fenêtre.

C'était ma fenêtre !

- C'est le seul lit de la pièce, expliqua-t-il comme si cela justifiait parfaitement ce qu'il venait de faire.

- Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai la moindre envie de partager mon lit avec toi ?

Il m'observa la bouche ouverte, ne sachant que répondre.

Je n'étais pas sûr d'apprécier ces moments où il me fixait sans rien dire comme ça. C'était aussi une de ses drôles d'habitudes ?

- Sors maintenant avant que je te fasse passer par la fenêtre.

- S'il te plait... ! J'ai nulle part d'autre où aller...

- Alors dors dehors.

- Mais ça fait peur dehors...

- Il fallait pas oublier de fermer ce foutu robinet alors !

- Me mets pas à la porte s'il te plait, je veux pas dormir tout seul !

- Rien à battre !

- S'il te plait... !

- OK.

- S'il te... Quoi ?

Il parut un moment étonné par ce qu'il venait d'entendre mais tout à coup son visage s'illumina.

Son sourire retomba cependant bien vite lorsque je lui tournai le dos.

- Tu peux rester ici mais moi je me tire pour cette nuit.

- Non !

- Écoute, t'as un lit, non ? Fiche moi la paix maintenant.

- Je t'ai dis que je voulais pas dormir tout seul...

Il se mit à bouder. Non sérieusement, à bouder ?
J'avais déjà la main sur la porte mais j'avais la drôle d'impression qu'il était capable de se mettre à pleurer si je sortais.

Je posai le front contre le battant en soupirant, réfléchissant un instant.
Je le refermai et finis par faire demi tour, m'asseyant à côté du lit sous son regard surpris.

- Tu restes ?

- Je dors par terre.

- Tu vas avoir mal au dos...

- Tu veux qu'on échange ?

- Non...

Ces conversations ne rimaient à rien, j'avais beau essayer de lui rabattre son caquet, il continuait de parler.

Mais cette fois il parut satisfait et se contenta de me tendre mon coussin.

Il se glissa jusqu'au bord de mon lit pour faire en dépasser sa tête.
L'immense sourire qui étirait ses joues et son regard fixé sur moi n'allaient sûrement pas m'aider à m'endormir...

- Je voulais te dire merci pour tout à l'heure.

- De quoi tu parles ? soufflai-je.

- De m'avoir caché, c'était gentil.

Gentil ? Jungkook, gentil ?
Ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas associé ces deux concepts.
Au mieux, j'étais un gars bien, un bon élément surtout, mais s'il me connaissait, Taehyung n'aurait sûrement pas présenté les choses de cette façon.

Je ne répondis pas et roulai sur le côté pour ne plus voir sa tête.

- Maintenant laisse moi dormir.

- Oui.

C'était presque trop beau, je crus vraiment pendant un instant qu'il allait se taire mais je commençais à comprendre qu'il n'était pas du genre à la fermer si facilement.

- Pourquoi tu ne veux pas qu'on te touche ? demanda-t-il.

- C'est pas tes oignons.

- Ça te dégoute ?

- C'est juste... Pas naturel pour moi. C'est pas une question de dégoût...

- Pourtant, poursuivit-il sans se rendre compte que je commence à perdre patience, ça peut être agréable un câlin.

- Peut être pour quelqu'un d'autre, mais pas pour moi. Je suis pas du genre à trouver ça réconfortant.

Je l'entendis bouger derrière moi et préférai me retourner dans sa direction pour m'assurer qu'il n'allait pas se mettre en tête de me montrer par l'expérience les vertues de la calinothérapie. Mais il était toujours au même endroit et m'observai d'un air ennuyé.

- Quoi ? ralai-je, me demandant pourquoi il me fixait à nouveau.

- Tu... as besoin d'être réconforté ?

- Qu'est ce que t'es en train de me proposer là ?

- Rien du tout, c'est toi qui a mis le réconfort sur le tapis, alors je me demande juste ce qui pourrait rendre triste un garçon comme toi.

Un garçon comme moi ? Qu'est ce qu'il racontait ?
Il sembla remarquer que je ne le suivais pas et tenta de s'expliquer :

- C'est vrai, t'es pratiquement le plus fort de toute l'école, tu dois avoir peur de rien et être vachement intelligent... Moi à côté, je ne suis pas très doué et les gens se moquent souvent de moi parce que je ne comprends pas tout du premier coup et que parfois, il y a des choses qui semblent évidentes mais que je ne sais pas...

Il avait l'air triste tout à coup, et je ne pus m'empêcher de me sentir horriblement mal à l'aise. Je n'avais pas l'option "ami auquel on peut se confier", je ne savais pas comment réagir dans ce genre de situation.

À la caserne, montrer un signe de faiblesse revenait bien souvent à donner l'autorisation implicite aux autres soldats de vous marcher dessus, alors même mes amis avaient appris à éviter.
Les rares fois où des gens s'ouvraient à moi, je me mettais en général à paniquer, et ce que je disais dans ces moments là était bien souvent une formidable démonstration d'absurdité.

Aujourdhui ne faisait pas exception visiblement :

- Fais toi un câlin, ça te réconfortera peut être...

Puis je lui tournai le dos, mettant un point final à la discussion, et étrangement, comme si parler avec ce gamin avait apaisé mon insomnie, je sombrai assez rapidement dans le sommeil sans rêve que j'attendais.

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Je me réveillai le lendemain avec un mal de dos tenace mais plutôt mourir que d'avouer que j'avais mal dormi sur le sol devant le visage à moitié réveillée de Taehyung.

Je me relevai et balançai mon coussin sur sa tête pour achever de le faire émerger.

- Lève toi, je te rappelle qu'à cause de toi on doit aller jusqu'à la rivière ce matin.

Il se redressa d'un seul coup sur mon lit, l'air catastrophé. Visiblement, il avait oublié...

Il se prépara plutôt rapidement et il sortit de ma chambre à ma suite.

Nous ne croisâmes pas grand monde. Tant mieux, je n'avais pas vraiment envie que ses petits copains suivent son exemple et viennent s'incruster ce soir. Je voulais bien faire preuve de bonne volonté, mais s'ils étaient tous comme lui, je n'y survivrais sans doute pas.

D'un autre côté, en y réfléchissant bien, ce qui s'était passé cette nuit n'était peut être pas si mal... Bien que l'idée d'utiliser quelqu'un me rebute toujours, le fait que Taehyung me parle de façon normale pouvait m'aider à mieux m'intégrer dans le groupe.

Et puis, avec son talent naturel pour le mensonge et la dissimulation, je pouvais être sûr qu'il n'était pas la taupe que je recherchais, alors de toute manière, je ne risquais pas d'avoir à le poignarder dans le dos.

Ces pensées tournèrent et retournèrent dans ma tête tandis que nous nous lavions avec les autres dans l'eau glacée du torrent qui courait non loin de l'école.

D'ailleurs, en parlant de la température de l'eau, de nombreux élèves jetèrent des regards noirs à Taehyung qui essayait de se faire tout petit à côté de moi.
J'avais dû mal à croire croire que ce garçon était plus âgé que moi, il avait l'air d'un oisillon cherchant la protection d'un aîné...

- Hansoo ?

Je mis quelques secondes avant de reconnaitre mon nom et cessai de me frotter l'épaule pour me retourner vers lui.

- Mmmh ?

- Ça te dérange vraiment que je sois dans ta chambre ? demanda-t-il, l'air gêné. Je veux dire, si tu n'aimes vraiment pas ça, j'essaierai de trouver une solution aujourd'hui.

Est-ce que je devais céder à mon envie de le dégager ou m'arranger pour qu'on se rapproche tous les deux ?

J'aurais peut être écouté la première option, dictée par mon caractère et ma logique, si des vies n'avaient pas été en jeu, et s'il n'avait pas fait cette tête là... On aurait dit qu'il s'excusait d'avoir tué quelqu'un et plus je mettais du temps à répondre, plus son expression s'attristait.

- Si tu demandes à l'instructeur qu'on te prépare un des lits, tu peux rester, finis-je par lâcher.

Maintenant que ses immenses sourires ne me surprennaient plus comme au début, je me rendais compte qu'ils étaient presque drôles. Mon humeur était constamment massacrante en ce moment alors je suppose qu'autant de joie de vivre était presque... apaisant ?

Oui, c'était ça, plutôt que drôle, Taehyung avait un effet apaisant, dans le sens où il m'empêchait de penser à mon frère ou à la situation dans laquelle je me trouvait. Ce qui expliquait sans doute pourquoi je m'étais endormi aussi vite la vieille alors que je n'arrivais pas à fermer l'oeil avant son arrivée.

C'était assez paradoxal quand on savait qu'il avait aussi le pouvoir de me tendre les nerfs en seulement trois mots mais pour tout dire, je n'étais pas si rebuté que ça par le fait de le voir rester dans ma chambre pour quelques jours. Disons que ça ne me faisait pas particulièrement plaisir, mais tant qu'il n'était pas dans mon lit, j'y survivrais.

Le reste de la matinée fut plutôt calme.

Il n'y eut aucun court de combat et nous avions passé tout notre temps à écouter notre professeur de littérature nous parler de grands ouvrages que je ne lirais probablement jamais.

Il fallait bien être mauvais dans quelque chose, et pour moi, il s'agissait des bouquins, je n'étais pas du tout un littéraire, et je n'avais pas l'âme d'un grand philosophe chinois comme ceux que nous étudions depuis un mois...

En somme, c'était un début de journée assez ennuyeux, mais j'en avait profité pour observer les personnes qui entouraient Taehyung, histoire de voir qui je serais le plus à même de supporter.

Même s'il avait la langue bien pendue, le jeune Jimin avait l'air plutôt malin et sensé, quant à celui qui était assis de l'autre côté de l'étourdi, il était pratiquement aussi asocial que moi, ce qui pouvait être un avantage avec ma personnalité pas très rayonnante.

Il s'appelait Yoongi et je me demandais un peu ce qu'il faisait avec une personne comme Taehyung. Il avait plutôt l'air de vouloir s'endormir que de sourire à ses plaisanteries.

La réponse à cette question étant superflue, je me contentai de noter ce que je pouvais dans un coin de ma tête, pour plus tard, tout en continuant de pester intérieurement contre Jungwoo, parce qu'au final, ça me détendait de l'insulter mentalement.

L'après midi fut tout aussi plate, le seul évènement qui vint perturber ma routine se déroula au déjeuner alors que je me retrouvai assis à ma petite table.

Le banc d'en face se tira et je relevai les yeux de mon bol de soupe juste à temps pour apercevoir un petit personnage souriant s'assoir devant moi.

- Qu'est ce que tu fais ? demandai-je en reposant le petit récipient.

- Je viens manger avec toi.

Non, c'est vrai ? Je n'avais pas remarqué.

Je jetai un œil à la table où étaient assis ses amis et, comme je m'y attendais, ils nous fixaient tous.

Si j'envoyais balader Taehyung, je risquais de perdre pas mal de points auprès d'eux, non ? Je me contentai alors de soupirer et de récupérer mes baguettes à côté de mon plateau de riz.

- Tu soupires beaucoup... fit remarquer Taehyung en commençant à manger.

- Si ça te gène, lui lançai-je sans le regarder, tu peux toujours retourner manger avec tes amis.

- Je suis avec un de mes amis.

Je stoppai le mouvement que j'étais en train d'effectuer, remettant à plus tard ma bouchée de viande et haussai un sourcil en relevant les yeux vers lui.

- Quoi ?

- Oui, on est amis maintenant toi et moi !

Il me lança un nouveau sourire éblouissant et leva une main comme s'il voulait taper sur mon épaule, mais il se reprit tout seul et reposa le bras sur la table. Bien, bon garçon.

- Qu'est ce qui te fait penser ça ? demandai-je, sincèrement intéressé pour une fois.

- Mh... On partage notre chambre, tu m'as aidé quand j'allais me faire pincer par l'instructeur et j'aime bien parler avec toi.

- On ne partage pas... Oh, laisse tomber.

Si ça lui faisait plaisir de nous voir comme des camarades de chambre l'espace de quelques jours, pourquoi pas après tout. Mais le dernier point qu'il avait soulevé m'aurait presque arraché un sourire.

- Tu aimes parler avec moi ?

- Oui, tu es quelqu'un de franc et tu dis ce que tu penses, et puis, t'es marrant.

Il avala une énorme portion de nourriture, ne s'apercevant même pas que je le regardais avec des yeux ronds.

On m'avait souvent dit que j'avais l'humour d'une porte de prison alors "marrant" ne faisait pas vraiment partie des mots que les gens utilisaient pour me décrire.

J'aurais bien me voir comme il me voyais, juste l'espace d'une seconde, ça aurait sûrement été une expérience amusante.

Je ne savais pas ce qui se passait dans sa tête mais il était en train de m'idéaliser complètement.

Cette pensée me fit brièvement sourire mais je manquai de sursauter lorsqu'une exclamation retentit en face de moi.

- Quoi... ?

- Tu viens de sourire, je t'ai vu, fit-il remarquer à nouveau, mais cette fois-ci la bouche un peu moins pleine.

Mes lèvres reprirent brusquement leur position initiale comme deux élastiques tandis que les siennes s'étiraient.

Il pointa alors ma tête du doigt.

- Je savais que t'en étais capable !

- Mouais, c'est bon... Mange.

Je suivis mon propre conseil et repris mon repas en essayant d'ignorer sa réaction disproportionnée. Mais décidément, il n'avait pas prévu de me laisser manger tranquille...

Je manquai une nouvelle fois de m'étouffer lorsqu'il lança sur un ton tout à fait naturel :

- Dommage, t'es mignon quand tu souris.

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- Ton lit est là, lui expliquai-je en entrant dans la chambre et en désignant la couchette près de la porte.

J'avais remarqué tout à l'heure en venant récupérer mon arme qu'il avait préparé celui à côté du mien alors j'avais pris cinq minutes pour tout déplacer.

Vu son air déconfit, ça ne lui faisait pas vraiment plaisir, mais au moins il ne protesta pas et ne se mit pas à faire un caprice. Le fait que je m'attende à ce qu'il le fasse me posa question une seconde. Est-ce que je ne le voyais pas un peu trop comme un enfant ?

Il se dirigea vers son lit avec une mine triste, parvenant presque à me faire pitié. Presque.

Une fois installés, j'éteignis les lumières et fermai les yeux mais une drôle de sensation s'empara de moi, comme s'il manquait quelque chose...

- Dis... Hansoo ?

Ah, trouvé. C'était étrange de le voir aussi silencieux...

- Quoi ? soupirai-je.

- Ils ont dit qu'ils aurait fini de réparer le plancher pour demain soir, m'annonça-t-il d'une petite voix.

- Tu dois être content, tu vas retrouver tes camarades de chambre.

- Oui, mais toi tu vas être tout seul, ça te dérange pas d'être dans une chambre vide ?

J'ouvris la bouche et la refermai immédiatement.

Cela me dérangeait d'être seul dans cette pièce dans la mesure où c'était une directive de mon frère et qu'il m'avait en quelque sorte forcé la main, mais il n'y avait pas que ça...

Les mots "tout seul" me firent prendre conscience d'à quel point j'étais isolé depuis qu'on m'avait fait quitter ma caserne et la présence de Taehyung à côté me parut tout à coup beaucoup plus importante.
Il n'avait rien à voir avec mes camarades de l'armée, et ces derniers me manquaient un peu, mais être complètement seul dans cette chambre m'avait un peu pesé, c'est vrai.

Quand il allait partir, la chambre serait à nouveau vide et j'aurais tout le temps du monde pour ruminer mes pensées toute la nuit.

Mais je replaçai le drap jusque sous mon menton et me contentai de grommeler :

- Je suis comme ça depuis un mois je te rappelle, c'est pas ça qui va me déranger.

- Je te dis ça parce que depuis que je suis né, j'ai jamais été seul et que c'est quelque chose qui me fait peur. J'ai presque toujours eu mon meilleur ami avec moi, et plus tard, tous mes hyungs de l'école.

- Tu ne risques pas d'être seul avant un moment, détend toi.

- Tu voudrais que je reste dans ta chambre ? Après la réparation de l'ancienne je veux dire...

Je n'osai pas me tourner dans sa direction, je savais pertinemment qu'il me fixait de son regard plein d'espoir, peut être même avec un énième sourire.

Mais si lui était destiné à finir sa vie en tant que soldat du roi, ce n'était pas mon cas...

Dans un mois, soit j'aurais trouvé l'espion et je partirais définitivement de cet endroit après son élimination, soit je m'échapperais pour sauver mes amis de la caserne, je n'avais pas d'autre choix. Dans un mois, peu importe la tournure que prendraient les choses, Taehyung et moi nous quitterions pour ne plus jamais nous revoir. Alors était-ce vraiment une bonne idée de le laisser trop s'accrocher à moi ? Gagner sa confiance, d'accord, mais le rendre dépendant de ma présence aurait été bien cruel.
Je pouvais très bien me contenter de le voir la journée. Vu comme il me collait depuis quelques jours, j'allais de toute manière difficilement pouvoir faire autrement.

Laisser qui que ce soit devenir mon camarade de chambre attitré... Le silence le soir aurait été moins assourdissant, et j'aurais pu oublier qu'on m'avait arraché à mes amis, mais cela n'aurait pas été juste pour les jeunes apprentis soldats de cette caserne...

- Non, pas besoin, répondis-je un peu sèchement avant de rouler face à la fenêtre.

- D... D'accord.

Mon cœur se serra légèrement.
C'était une sensation fort désagréable.

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Je me demande si les changements apportés sont flagrants ou non. Vous les remarquez ? Un changement d'ambiance peut être ? :3
Je pense que c'est surtout sur le lemon que vous devriez tiquer x)

Mais j'ai changé en masse les pensées de Jungkook et modifié pas mal de lignes de dialogue déjà ^^

Rendez vous mercredi pour la suite :3