Chapitre XXI
Je ne savais pas ce qu'il faisait là, je ne savais pas comment il était entré ou comment il m'avait trouvé, mais j'étais heureux de pouvoir le prendre dans mes bras.
Il m'avait fait peur à l'instant. Ma gorge me faisait encore mal et allait probablement piquer pendant quelques jours, il avait bien failli m'étouffer.
Mais je suppose que je l'avais mérité.
Au moins, maintenant que j'étais passé près de rejoindre ma mère sans avoir eu le temps de dire ouf, ma culpabilité s'était un peu allégée.
Non pas que ça me plaisait que Taehyung se soit montré aussi violent, mais je le comprenais. J'avais moi aussi envie de me donner des coups quand je repensais à ce que je lui avais fait alors j'étais mal placé pour lui faire la leçon...
En plus, il avait l'air de se sentir affreusement mal de m'avoir attaqué, raison pour laquelle j'étais venu le serrer contre moi.
J'avais continué de lui murmurer à quel point j'étais désolé et à quel point de l'aimais jusqu'à ce qu'il arrête complètement de pleurer.
- Qu'est ce que tu fais là ? demandai-je une fois sûr que sa respiration se fit plus calme. Où est Nun ?
- J'ai... J'ai pas envie de parler pour le moment, fit-il d'une toute petite voix, à moitié endormie.
- Demain ?
Il acquiesça contre moi et je desserrai enfin mon étreinte pour me redresser. Seulement, il attrapa fermement mes vêtements, refusant de me laisser m'éloigner.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Tu peux rester avec moi ?
Je me penchai pour l'aider à se relever à son tour et déposai un baiser sur le sommet de son crâne, avec précaution, ne voulant pas déclencher une nouvelle crise.
- Oui, les gardes sont ceux de Hyorin alors si je les préviens, ils ne poseront pas de questions.
Je le sentis se tendre en entendant le nom de mon amie et il me lâcha, s'éloignant de moi pour se diriger vers son lit.
- Va leur parler dans ce cas.
Son ton était redevenu triste et il me tournait à nouveau le dos.
Il n'allait pas être facile de surmonter tout ce qui nous était arrivé, cela semblait évident. Mais je savais aussi qu'il en fallait bien plus pour nous séparer.
Je me sentais quand même mal vis à vis de tout ce que j'avais fait, alors je fis profil bas quand je sortis de la chambre.
J'eus juste à dire aux gardes qui attendaient devant les portes de la chambre de Jaehyun et la mienne que je ne dormais pas ici et qu'ils n'avaient pas à me suivre. Ils parurent moyennement satisfaits mais Hyorin leur avait demandé de suivre mes ordres et ceux du chef de village aussi fidèlement que les siens alors ils ne purent pas protester.
Une fois de nouveau devant la porte de Taehyung, une appréhension stupide me serra la poitrine. Et s'il n'était plus là ? Et si ça n'avait été qu'un rêve, provoqué par mon cerveau en manque ? Ou s'il me rejetait cette fois, changeant d'avis et jugeant ce que j'avais fait impardonnable ?
J'hésitai un long instant, me sentant brusquement stupide.
Depuis des semaines, mon vœu le plus cher était d'être auprès de lui, et maintenant que seule une porte de bois nous séparait, j'avais peur, et je perdais du temps.
Je le mordis la lèvre inférieure, un peu plus fort que ce que j'avais prévu peut-être, me donnant un peu de courage.
Je fis coulisser la porte et retins un soupir de soulagement en le voyant allongé sur son lit, dos à l'entrée.
Je refermai derrière moi mais n'osai pas avancer jusqu'au matelas, alors je restai planté au beau milieu de la pièce comme un idiot jusqu'à ce qui daigne de retourner dans ma direction.
- Tu ne l'as vraiment pas touchée ? fit-il en reniflant, me laissant deviner qu'il avait encore pleuré durant mon absence.
- Non, ça n'est jamais allé plus loin que sa main sur mon épaule et elle ne m'a jamais regardé de cette façon. Quant à moi je suis toujours le même, il n'y a que toi que je puisse prendre dans mes bras comme je viens de le faire.
Il sembla réfléchir quelques instants puis sa lèvre inférieure se mit à trembler.
Je comblai finalement l'espace entre nous pour me mettre à genoux près du lit.
Je ne le touchai pas, pas encore, pas sans un signe de sa part. J'avais la désagréable impression que je n'en avais pas le droit, que je ne le méritais pas.
- J'avais tellement peur de ne pas te revoir en vie, sanglota-t-il, et alors que je te retrouve enfin, je gâche tout en me laissant emporter, je suis horrible... !
Il baissa les yeux sur ma main posée sur les draps, les doigts légèrement crispés, et la sienne vint la recouvrir dans un geste hésitant.
Il la serra légèrement et je retins ma respiration en menant l'autre vers son visage aux traits tirés par la fatigue, la colère et la peine.
J'essuyai de mon pouce les larmes qui commencaient à perler de ses yeux humides et lui souris doucement.
- Tu es loin d'être horrible Taehyung. Si tu l'es, alors je suis un monstre... Je t'ai menti et je t'ai forcé à m'attendre alors que j'aurais dû te faire confiance et te parler de mes projets... Tu crois que tu pourras me pardonner ?
Il resta un instant silencieux, me laissant sécher ses larmes sans me regarder, fixant toujours mon autre main sous la sienne, puis il releva les yeux.
- Tu n'es pas un monstre mais tu es un sacré crétin Jungkook. Je vais mettre du temps avant de pouvoir oublier tout ce que tu as fait et tout ce que j'ai dû traverser à cause de toi. Tu as mon pardon, parce que je ne peux pas t'en vouloir très longtemps, peu importe combien j'essaie, mais tu devras regagner ma confiance.
Mon sourire s'agrandit malgré moi et contamina légèrement ses lèvres sous ses joues humides.
Je me redressai vers ces dernières presque avec révérence, pris d'un besoin impérieux de les embrasser, mais il posa un doigt sur ma bouche, m'empêchant d'arriver à mon but.
Je l'interrogeai du regard mais il avait l'air plutôt amusé que réticent.
- D'abord, appelle moi à nouveau comme tout à l'heure. S'il te plaît...
Je réfléchis une seconde et me souvins de ce que j'avais doucement répété à son oreille pendant quelques minutes, juste à l'instant.
Il retira son doigt de son visage et je laissai les miens se perdre sur sa joue à nouveau.
- Mon amour...? soufflai-je.
Il frissonna sous ma main et ferma les yeux.
- Je ne sais pas d'où ça sort, mais j'aime bien ce genre de nouveautés.
J'avais bien une petite idée à ce sujet mais lui dire que je m'étais libéré de bons nombre de blocages grâce à mes conversations avec Hyorin n'aurait pas été une bonne idée si je tenais à le garder de bonne humeur.
Pourtant c'était bien elle qui m'avait aidé à être plus à l'aise avec mes sentiments en m'écoutant patiemment les exprimer à voix haute.
Je me rapprocha à nouveau de lui et touchai ses lèvres du bout des miennes, redécouvrant leur douceur et leur goût familier. Mon dieu ce qu'elles m'avaient manquées... Taehyung dans son intégralité m'avait manqué, mais retrouver ses lèvres était une véritable délivrance.
Ces dernières ondulèrent doucement contre les miennes, me faisant soupirer contre son visage et me poussant à approfondir nos retrouvailles.
J'aurais pu l'embrasser jusqu'à la fin de mes jours si nous n'avions pas fini par manquer d'air.
Je le relâchai, haletant au même rythme désordonné que lui et observai son sourire caractéristique avec des yeux brillants.
- Viens te coucher, le lit est assez grand pour deux.
Je hochai la tête et me relevai, m'éloignant à regret de son visage magnifique.
Je soulevai les draps de l'autre côté du lit, constatant que le matelas était même assez grand pour trois ou quatre personnes.
Cela dit, à côté du lit où nous avions dormi chez Vieille Nun, tout paraissait immense.
Pourtant, nous nous retrouvâmes rapidement aussi collés l'un à l'autre que lors de notre séjour au village de pêcheurs.
- Tu m'as manqué... murmurai-je doucement, délivrant les mots les plus sincères que j'avais ou prononcer depuis de nombreuses semaines.
Il ne répondit pas tout de suite, mais quand il le fit, je ne pus empêcher la plupart des muscles de mon corps de se tendre.
- Tu as dit que la prochaine fois que tu me ferais l'amour, nous serions dans un vrai lit... Et celui-ci me paraît tout ce qu'il y a de plus vrai...
Je ne compris pas tout de suite ce qui lui prenait.
Puis il leva le visage vers moi et que je croisai son regard.
Je savais tout à coup ce qu'il ressentait parce que ses yeux venaient de réveiller le même sentiment en moi : c'était peut être notre dernière chance d'être ensemble, privés de toute contrainte.
Ce moment hors du temps et hors des problèmes que nous avions à affronter serait peut-être le seul que nous aurions avant longtemps, ou le seul que nous aurions jamais. Avec tous les ennemis qui se trouvaient autour de nous, personne ne pouvait savoir de quoi demain serait fait, c'était déjà un miracle que nous nous soyions retrouvés.
Alors même s'il était toujours en colère contre moi, même après ce qui venait de se passer, il avait envie de profiter de ce moment, de peur que ce ne soit le dernier.
Je passai la main dans ses cheveux courts et attirai son visage à moi, souriant légèrement en voyant qu'il rougissait.
- Qu'est ce qu'il y a ? C'est toi qui demande et tu es gêné ?
- C'est pas ça... C'est à cause de toi... Mes cheveux...
Il tira une mèche rebelle sur sa tempe, mal à l'aise.
Est-ce qu'il pensait sincèrement qu'il était moins beau sans ses cheveux ?
Je continuai de passer la main sur sa tête, promenant mes doigts dans ses mèches soyeuses.
- Je suis désolé de les avoir coupés, mais rassure toi, pour moi tu es toujours aussi magnifique.
Je tirai légèrement sur ce que j'avais entre les doigts afin de lui faire pencher la tête en arrière et il se laissa faire avec un petit sourire, ses mains retrouvant mon dos dès que je me glissai au dessus de lui.
Je commençai à embrasser doucement la peau de son cou, redécouvrant lentement son odeur, le son de sa voix et les réactions de son corps.
Il était plus tendu que d'habitude, et au vu des circonstances, c'était normal, mais je mis un point d'honneur à le détendre complètement avant de commencer à retirer ses vêtements.
Je frémis lorsque ses mains se glissèrent également sous le tissu des miens.
Dieux ce que cela m'avait manqué.
Je me redressai pour finir de le déshabiller, posant mes yeux absolument partout, sans gêne.
Il était magnifique, peu importait ses cheveux ou même la forme de son corps, son aura à la fois innocente et séduisante m'attirait comme un aimant, toujours.
Encore plus violemment après avoir été loin de lui pendant tout ce temps.
Il retint à peine un gémissement plaintif lorsque je posai la main entre ses cuisses et il cacha immédiatement son visage. Il ne réagissait pas autant d'habitude... Je n'étais donc pas le seul à être légèrement submergé par nos retrouvailles.
- Adorable... soufflai-je avant de débarrasser sa tête des mains qui m'empêchaient de la voir.
Je continuai de le caresser de l'autre main, cette fois-ci sur la peau à l'intérieur de ses cuisses, gardant un oeil sur son visage pour observer ses traits se plisser quand je m'approchais à nouveau d'une zone sensible.
Je finis par enrouler mes doigts autour de sa virilité, étant au moins aussi fébrile et impatient que lui et son soupir de soulagement fit monter une douce chaleur au creux de mes reins.
Je passai lentement ma main de haut en bas et il s'anima rapidement, serrant les draps rouges et or dans ses poings, crispés par le plaisir qui commençait à monter en lui.
Il se mordait la lèvre inférieure, probablement pour ne pas faire de bruit et risquer d'alerter les voisins, mais de toute manière, ce n'était pas comme s'il les connaissait, non ?
- Tu peux dire mon nom tu sais... Ici ma présence n'est un secret pour personne.
Quand je vous disait qu'il était adorable...
Il secoua la tête comme un enfant avant de se retourner vers moi et de poser une main sur mon poignet.
- Il y a une chose que je veux essayer avant de mourir, déclara-t-il d'une voix tout sauf adorable, outrageusement grave et haletante même, avant de passer la langue sur ses lèvres, les yeux plantés dans les miens.
- Tu ne vas pas mourir, répondis-je en fronçant les sourcils, j'empêcherai que ça arrive, encore une fois...
- Tu n'en sais rien. Pour l'instant nous sommes vivants tous les deux alors laisse moi faire.
Il se redressa et retira mes vêtements sous mon regard toujours aussi attendri avant d'inverser nos position et de me plaquer contre le lit.
Il observa mon corps nu comme j'avais contemplé le sien et je vis son regard s'embraser.
J'étais impatient de voir ce qu'il avait en tête jusqu'à ce qu'il se penche sur moi pour murmurer d'une voix suave à mon oreille :
- Cette fois, laisse moi te faire l'amour...
Mon corps eut une réaction étrange. Je n'aurais pas su dire si c'était encore à mettre sur le compte du manque, mais mon coeur fit une violente embardée.
- Taehyung...
Une certaine tension commença à monter sournoisement en moi mais il s'appliqua à la faire disparaître en embrassant doucement mon cou.
- Je veux t'avoir fait mien... au moins une fois avant de mourir, chuchota-t-il d'une voix hachurée par ses baisers.
L'entendre parler de la mort m'angoissait autant que cela me poussait à vouloir lâcher prise.
Nous pouvions mourir à tout instant, j'en étais plus que jamais conscient. Il suffisait qu'une personne reconnaisse Taehyung ou que Jungwoo en ait assez d'attendre et nous envoie ses assassins... Nos vies ne tenaient qu'à un fil et j'avais la désagréable sensation de manquer de temps.
J'aurais voulu parler pendant des heures avec Tae, lui expliquer tout ce que je ressentais et tout ce que j'avais compris sur moi et sur nous ces dernières semaines, mais nous manquions de temps... Nous n'aurions peut être qu'une nuit.
Alors le meilleur moyen de lui montrer tout cela n'était il pas d'accéder à sa demande ?
Je ne l'aurais fait pour personne d'autre, jamais, même forcé, j'aurais préféré me donner la mort. Du moins c'est ce que je croyais, c'était ce que j'aurais dit et fait un an plus tôt, à n'en pas douter.
Aujourd'hui, c'était différent. Je voulais bien lui donner mon corps, lui montrer que je lui appartenais entièrement. L'idée ne semblait pas insurmontable, elle était même séduisante présentée ainsi, avec sa bouche caressant mon épaule.
Je n'étais pas rassuré pour autant mais ses mouvements plein de douceur m'aidaient. Je lui faisais confiance.
- Jungkook... ? Je peux... ?
- Tu... Tu peux faire ce que tu veux de moi... Mais fais attention.
Il m'adressa un sourire rectangulaire qui fit se gonfler mon coeur à la limite de l'explosion et se recolla à moi pour capturer mes lèvres.
Tu as déjà tout le reste, c'est la dernière chose qu'il me reste à t'offrir, alors prends le mon amour. Demain nous mourrons peut être mais nous n'aurons aucun regret, car nous mourrons ensemble.
Voilà tout ce que nous nous étions dit cette nuit. Pas avec des mots comme avec Hyorin, il n'y en avait pas besoin entre lui et moi. Avec le coeur.
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Sont mignons non ?
Z'avez peur pour la suite avouez ?
Hein, quoi ? Moi, j'ai coupé le lemon ?
Je ne vois pas de quoi vous parlez...
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